« 2012-05 | Page d'accueil
| 2012-07 »
22.06.2012
Des festivals de fil et d'aiguilles
Ani vous l’avait bien dit : Nicole Bayle irait loin. Son grand tricot sur lequel j’avais attiré vos respectables attentions animuliennes il y a 3 ans déjà (voir ma note du 3 août 2009 intitulée : Dieppe au tapis) est arrivé à Lausanne.
C’est Nicole elle-même qui me l’écrit : cette œuvre de 35 m de long est «depuis 2010 à la Collection de l’Art Brut» (Neuve invention). On peut dire que j’ai du flair! Mes bonnes idées ne restent pas lettre morte. Tant mieux! Illico presto, Nicole Bayle, armée d’une patience digne de Pénélope, s’est remise au travail.
Son nouveau petit tricot (7 mètres de long tout de même) a été exposé récemment au festival Art et Déchirure à la Halle aux toiles de Rouen.
«Si cela vous intéresse», me dit Nicole, «il sera visible au festival du lin et de l’aiguille à La Chapelle-sur-Dun le 8 juillet 2012 avec l’alphabet Mon lapin et mes poupées».
C’était mon trou normand.
«Tire, tire, tire l’aiguille, ma fille…».
15:40 Publié dans De vous zamoi | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicole bayle, neuve invention, tricot | | Imprimer | | |
18.06.2012
Drôles d’Histoires à la Fondation Cartier
Dans mon petit collimateur, j’ai toujours en vue la Fondation Cartier.
On m’avait dit qu’il s’y préparait une exposition d’art naïf.
Elle arrive et c’est pas du tout ça.
Ce qui s’y donne, sous le titre lisse mais un peu vague d’Histoires de Voir (sous-titré, concession au véhiculaire anglo-saxon dominant : Show and tell), jusqu’au 21 octobre 2012, c’est plutôt un patchwork bigarré de créations du monde entier, axé cependant surtout sur un Tiers-Monde sud-américain, indien et africain.
Je ne sais pas si les auteurs de ces peintures, sculptures, broderies, dessins, où percent tout à la fois des identités culturelles fortes et des composantes autodidactes, populaires, natives avérées, sont, comme le dit le leporello de présentation : «des femmes et des hommes pour qui l’art est en lien étroit avec l’hypersenbilité du cœur» mais ce dont je suis sûre c’est que, du point de vue qui est le leur, les Animuliens y feront des découvertes nourrissantes.
Passons sur l’autosatisfaction un peu agaçante du p’tit topo de rigueur sur la «scénographie» d’Alessandro Mendini «pensée comme un écrin, simple mais précieux, conçu pour contenir, protéger et montrer un art tout particulier» car on pourrait dire ça de n’importe quel accrochage réussi et celui-ci l’est.
Munissons nous de notre caddie et faisons sans complexe notre marché brut parmi les 400 œuvres présentées accompagnées de films ethnographiques un brin longuets et déprimants.
Et là vous aurez le choix du sol au plafond, sur la tête à mon daddy!
Dans la grande salle du rez de chaussée des drapeaux vaudou vous claquent à la goule mais on peut goûter aussi aux couleurs éteintes d’Aurelino dos Santos, un monsieur brésilien touché par la grande aile de la schizophrénie.
En RDC toujours mais dans la petite salle, l’alcool fort des bois sculptés savamment à la serpe par un Serbe au nom imprononçable : Dragisa Stanisavljevic.
Au sous-sol grande salle, si vous survivez au terrible escalier de chez Cartier, jetez vous comme des bêtes sur les villes imaginaires, vertigineuses et d’une densité colorée du Sénégalais Mamadou Cissé.
Cela vous facilitera la plongée vers les dessins d’avant le monde de Joseca, shaman Yanomami ou les 3 aquarelles d’Albert Lubaki, peintre congolais dont je vous ai déjà parlé le 20 mars 2010 (Art Paris invite au Grand Pal). Il est ici en compagnie d’un compatriote également précurseur dont j’ignorais tout et dont j'ai trouvé une image sur le Net : Djilatendo.
Le catalogue coûtant bonbon, je me suis contenté du livret à 6€. Si vous faites comme moi, attention, cette brochure a tendance à choisir des illustrations consensuelles. On aurait pu y faire une part plus large aux images plus radicales et elle existent foi d’Ani! J’en passe et des meilleures et on pourra me le reprocher mais j’arrive au bout de votre patience. Donc bougez-vous, éteignez votre écran et descendez à Raspail. Surprises, beautés, curiosités garanties!
En abondance. Même si vous vous fichez comme de l’an 40 de «revisiter», comme le dit le blabla introductif de l’expo HDV, «les relations entre art contemporain et art populaire, entre art et artisanat».
00:33 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fondation cartier, histoires de voir, alessandro mendini, aurelino dos santos, dragisa stanisavljevic, mamadou cissé, djilatendo | | Imprimer | | |
11.06.2012
Ursula aux Yeux Fertiles
Après Rosemarie, Ursula. Je promenais mon perfecto rouge, emprunté à une copine bikeuse, dans les vernissages Juin d’art de la rue de Seine quand je suis tombée sur Ursula. J’étais un peu pompette rapport aux quelques coupes avalées ici et là mais la Galerie Les Yeux Fertiles m’a dégrisée. Ce n’est pas souvent qu’on a l’occasion de rencontrer Ursula et là, une exposition lui est consacrée.
Du moins en partie, étant donné que son chéri Bernhard Schultze -plus célèbre- occupe la moitié des cimaises. Avec tout le respect que je dois à celui-ci, j’ai moins d’élan pour son «art informel abstrait» que pour les «confins de l’Art Brut» d’Ursula, artiste inclassable que l’art naïf pourrait aussi revendiquer, au risque toutefois d’un contresens.
Rentrée chez moi, quelques verrines et rondelles de saucisson plus tard, j’étais presque sûre de posséder quelque part d’anciennes paperolles au sujet du cas d’Ursula Bluhm. Dans mon souvenir, c’était mince : style invitations, flyers ou mini-catalogues. Mais macache bono, j’ai eu beau crever deux ou trois cartons de bagatelles de cette sorte, je n’ai pas pu remettre la main sur quoi que ce soit.
J’ai donc dû me contenter de la notice Wikipedia en allemand interprétée en charabia fransoze par Gougueule-translate. C’est mieux que rien. Cela m’a permis de constater que, un an avant son mariage avec Herr Schultze, cette autodidacte de la poésie et de la peinture avait déjà été remarquée pour son travail par l’œil sagace de Jean Dubuffet, toujours lui.
L’Animulien moyen qui s’intéresse à l’œuvre d’Ursula aura intérêt à se reporter à la notice d’Harry Bellet qui figure dans le gros bouquin jaune des Donations Daniel Cordier (Le regard d’un collectionneur) publié par le Centre Pompon en 1989.
Ledit Harry n’hésite pas à rapprocher les toiles d’Ursula de celles d’Augustin Lesage : «comme le peintre-mineur, Ursula (…) raconte ses histoires selon des procédés proches de la transe médiumnique sur laquelle la deuxième génération surréaliste a pu se pencher, non sans réticences (…)».
Et Bellet de souligner combien les rêves colorés d’Ursula avaient par contre «de quoi ravir le fondateur de la compagnie de l’art brut».
Plus modestement, moi j’avoue avoir été attirée, dans les vitrines des Yeux fertiles, par les fourrures d’Ursula. Car cette dame, qui ne répugne pas aux «techniques mixtes», n’hésite pas à coller des bouts de vison sur ces compositions. Cela m’a fait penser à Meret Oppenheim. Surtout, le petit coffre peint, fourré et emplumé par Ursula dont je n’ai pas l’image mais dont j’ai trouvé un petit frère sur le net.
«La douceur apparente des matériaux contrastant avec une agressivité latente» comme le dit si bien Elisabeth Paoli-Lafaye dans la notice Ursula du Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs de Biro et Passeron.
16:15 Publié dans art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ursula, neuve invention | | Imprimer | | |
07.06.2012
Rosemarie Koczÿ à corps et à cri
Quelques images avant la route? Commençons par les plus dures. Celles de Rosemarie Koczÿ qui entament l’âme (errante ou pas). Le Musée de la Création Franche consacre à cette artiste, certes «trop cultivée et trop communicative pour être classée parmi les auteurs d’art brut» (Michel Thévoz) mais hyper-émouvante tout de même, une publication qui accompagne l’exposition A corps et à cri.
Vous avez jusqu’au 19 août pour la visiter. Le début de la vie de R K est si dramatique qu’on a peine à en lire les péripéties passées au crible de sa mémoire. D’ascendance hongroise, née en Allemagne, déportée avec sa mère, elle a survécu à deux camps de concentration avant de subir les rigueurs d’un orphelinat catho où l’on s’employa à lui faire oublier son identité de petite fille juive. J’ignore si ses récits correspondent en tous points à la réalité ou s’ils procèdent d’une sorte d’enkystement perpétuel de la douleur comme on en a parfois l’impression.
Toujours est-il qu’à regarder (non sans difficulté pour moi) la série de ses dessins à l’encre de Chine intitulée Je vous tisse un linceul, dessins dont elle disait : «c’est un enterrement que j’offre à ceux que j’ai vu mourir dans les camps», on ne peut qu’approuver Pascal Rigeade, le directeur du MCF de Bègles d’avoir entendu à la lettre la conclusion de l’article de Michel Thévoz dans le n° 31 de la revue Création Franche (voir ma note du 1er oct. 2009).
«A notre tour», écrivait Thévoz, «il nous incombe de tisser un linceul à Rosemarie Koczÿ».
14:10 Publié dans Expos, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rosemarie koczÿ, création franche | | Imprimer | | |
03.06.2012
Germain Van der Steen est passé à Drouot
A l’intention de l’Animulien fidèle (il se reconnaîtra) qui ne rate pas une occasion de me passer un savon quand j’oublie de parler de Germain Van der Steen, faux-naïf et vrai représentant de la Neuve Invention, pur Parisien bien que né à Versailles sous un patronyme flamand, marchand de couleurs insomniaque, créateur de félins fous et bouffons, je dédie ce minou-tigre sur isorel.
Il vient de figurer dans la vente publique de l’ancienne Collection Anatole Jakovsky (2e partie) qui s’est tenue à l’Hôtel Drouot, amputé de sa fontaine, le 1er juin 2012.
A noter que les contours de l’animal sont dessinés au moyen de ficelles collées sur le support, ce qui ne se voit pas très bien sur la photo.
20:18 Publié dans art brut, Encans, Images | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : germain van der steen, anatole jakovsky | | Imprimer | | |