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30.09.2008

Les nuages d’Andrea Mantegna

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Le Louvre, c’est pas votre truc. Mantegna, vous n’en avez rien à battre, je sais bien. Vous, c’est l’art brut, rien que l’art brut pur et dur. Pas la Renaissance ou la Pré-Renaissance. C’est pas demain la veille qu’on vous verra bronzer sous les 666 vitres de la pyramide de leoh Ming Peï.
Pourtant, cette fois, vous pourriez faire une exception. Ne serait-ce que pour les nuages, les merveilleux nuages où Andrea Mantegna dissimule des trucs.

Des visages, dans un tableau commandé par Isabelle d’Este pour son petit studiolo.

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Un cavalier sur son cheval dans le Saint-Sébastien du Kunsthistorisches Museum de Vienne.

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Car on dira ce qu’on voudra, mais un peintre, même officiel comme l’était ce virtuose de la contre-plongée du Quatrocentto, lorsqu’il est capable de nous ouvrir ainsi des lucarnes sur l’inconscient, et bien  ce n’est pas un blaireau.

 


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22.06.2008

Lesage, Trenkwalder : confrontation à la Maison rouge

«L’œil du collectionneur» est dans la Gazette de l’Hôtel Drouot n°24 (20 juin 2008) et il nous regarde par le biais d’un portrait de Bruno Decharme accompagné de ses «propos recueillis» par Geneviève Nevejan. Un long métrage est sur le gaz, le marché de l’art brut U.S. est florissant, «George Widener (…) mémorise les dates des catastrophes aériennes depuis quatre cents ans (…)». Rien de vraiment neuf dans cet entretien, si ce n’est qu’il marque l’émergence d’un concept tout droit sorti du chapeau de l’article, celui de collectionneur-conseil : «le cinéaste est depuis vingt-cinq ans l’observateur des artistes mais aussi le conseiller du marché de l’art brut».

Des œuvres d’Augustin Lesage appartenant à Monsieur Decharme  figurent dans l’exposition qui commence à la Maison rouge à Paris.

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Et là, votre petite âme errante pousse son cri primate : «iiiiiiiiiiiiiiiiii». Elle y est allée et elle en est toute retournée. Des accrochages de cette qualité, vous êtes pas prêts d’en voir souvent. J’étais partie boulevard de la Bastille avec mes préjugés en bandoulière, bougonnante contre la détestable mode qui consiste à fourrer les pépites de l’art brut et l’orfèvrerie chichiteuse de l’art contemporain dans le même sac. Je croyais me farcir encore le mariage de la carpe et du lapin, du bouquetin Van Dongen et d’Hélène Smith, la gazelle de l’au delà et puis je suis tombée sur le troublant binôme Augustin Lesage/Elmar Trenkwalder. andrea blum birdhouse café.jpgJe suis restée scotchée. Un orage pouvait tomber sur la cage des tourterelles (Birdhouse café) près de la salle principale, j’ai du me rendre à l’évidence. Là il se passe quelque chose. La confrontation des deux univers produit, mieux que du dialogue, des questions au spectateur.

Comme je connais mieux les œuvres de Lesage que celles de Trenkwalder qui s’exprime par des assemblages de céramiques émaillées, serpentines, fluides, torsadées et colorées, c’est d’abord les tableaux du mineur que je me suis mise à looker avec un max d’intensité.

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La présence perturbante des stèles de guimauve, des totems phalliques épluchés de l’artiste autrichien me conduisant à redécouvrir les larves blanches qui roulent en vague dans certaines des toiles de Lesage.

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Inversement la contemplation de ses vertigineuses symétries est comme stabilisée par les structures architecturales de Trenkwalder, moitié mobilier d’église baroque, moitié palais martien. Dans une salle en bas un petit format de Lesage avec 2 rosaces multicolores répond (ou interpelle) une cathédrale trenkwalderienne qui tient du poële germanique.

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Sans abuser de ces parentés de formes et de couleurs, l’expo favorise l’écho entre les deux œuvres. Façon de nous dire que chacun des artistes (on peut employer le terme pour Lesage qui a fait carrière) s’abreuve à une même source souterraine. Une source à laquelle Augustin accède par les voies d’un automatisme souverain et ingénu tandis qu’Elmar y touche par le recours à des stratégies patiemment calculées.

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Si cette trop belle expo nous apprend une chose, c’est que l’art brut génère sa propre compatibilité avec un certain art contemporain. Le confronter avec n’importe quelle production platement ordinaire sous prétexte qu’elle est d’aujourd’hui (ou hier) n’a d’autre intérêt que de faciliter sa consommation sur un marché international.

Se creuser le ciboulot pour découvrir les bons compagnonnages (il y en a), c’est ça le truc. Même si on triche un peu. Car, si j’ai bien compris, non seulement Trenkwalder connaissait Lesage avant de participer à ce pacsage mais son travail semble payer tribut au médiumnisme. Voir par exemple ci-dessous WVZ87, tumultueux dessin inclus dans un cadre meringué façon pâtisserie viennoise exaspérée.

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Toutes les photos sont tirées du catalogue et/ou du dossier de presse

01:02 Publié dans Expos, Oniric Rubric | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : art brut, augustin lesage, elmar trenkwalder | |  Imprimer | | Pin it! |

11.06.2008

Souvenirs de Franc Barret

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Avec le retour des chaleurs, plutôt que du giron de son chéri qui colle, on rêve aux bras glacés de l’abominable homme des neiges. Pas le grand escogriffe de Tintin au Tibet qu’un éclair de flash intimide mais le sauvage, le fier et même le tout à fait farouche Yéti de la ferme Barret à Pineuilh dans la Gironde, près de Sainte-Foy-la-Grande. Ce monstre au corps couvert de barbe de maïs était sorti, avec ses crocs carnassiers, non de l’imagination, mais bien des rêves affreux de Franc Barret.

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Agriculteur le jour, Franc (ou Franck comme on le voit écrit maintenant) occupait ses nuits à pétrir l’argile et à modeler des sujets qu’il décorait selon ses conceptions d’autodidacte en matière d’histoire, de zoologie, d’art et de science-fiction de série B. Cela a l’air marrant et pourtant c’était loin de l’être. Franc Barret n’était pas le genre de gars à se couler dans les pantoufles d’une singularité pépère. Il aimait le poil, les vampires ensanglantés et les chaînes. Sa création le consumait. Il maigrissait à vue d’œil.

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Le musée bizarre qu’il avait installé chez lui pour mettre en scène, pêle-mêle, son Vercingétorix, sa sainte Blandine, son panorama de Lourdes, son homme de Néanderthal ou son Martien, tenait tout à la fois du jardin des plantes, du museum d’histoire naturelle, d’un cabinet de fétichiste et d’une réserve de maquettes. Il faisait peur, même aux gendarmes.

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On y respirait un parfum d’inconscient chaud bouillant, distillé à partir des moyens les plus simples : insomnie, petit maillet en bois, aiguille, vieux rayon de bicyclette. Cocktail de bricolage et  d’inspiration impérieuse !
«Une force irrésistible le jette au bas de son lit, les rêves se transforment chez lui en réalité. Il voit son œuvre s’ébaucher et ses mains opérer».

Je pique ces lignes à un article du journaliste Geo Sandry, auteur de livres sur l’argot. On peut pas dire qu’elles courent les rues les couv info art 55.jpgpublications où il est question de Franc Barret! Cet article introuvable m’a été signalé par un Animulien collectionneur fatal. Il est paru vers 1957 dans une petite revue conservatrice (on y flingue la jeune action-painting américaine) : L’Information artistique, n°55.

 
Je sais pas qui est ce Maurice Doriant qui a donné 8 de ses photos (abominablement reproduites hélas !) pour accompagner le texte de Sandry mais ce Géo «Trouvetout» a visiblement Franc Barret à la bonne. Il décrit bien le «climat permanent de souffrance» où vivait le sculpteur et «les cinq minutes de joie explosive» qu’il ressentait quand il avait terminé une œuvre.

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Le grand mérite de Géo Sandry est de nous restituer les propos du paysan-créateur : «Je marche au radar. Une voix qui est en moi, me commande et j’agis (…). Et c’est ainsi que, par une sorte d’automatisme, en obéissant à cette voix, j’arrive à reproduire les formes et à donner l’expression».
C’est sans doute en raison de ce caractère vivant que son reportage a servi de source aux 3 pages (illustrées d’une photo de Ch. Stroh) qu’Anatole Jakovsky a consacré à Franc Barret dans son livre en allemand Damönen und Wunder.

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17.05.2007

Pulperie fiction

medium_logo_pulperie.jpgEnvie de changer d’horizon ? Offrez-vous un petit Chicoutimi vite fait sur le gaz. Non, ce n’est pas une nouvelle variété de câlin. C’est un joli nom amérindien pour une «ville vivante et sympathique» (dixit mon vieux guide bleu) de la région du Saguenay/Lac Saint-Jean qui se trouve dans le Québec, belle province du Canada où l’on trouve des «pulperies» un mot qui chatouille gentiment les oreilles de votre petite âme errante. Pas les vôtres ? Si bien sûr.
medium_la_pulperie.jpgAlors sachez que la Pulperie de Chicoutimi, une splendide usine de pâte à papier du début du XXe siècle qui abrite la maison d’Arthur Villeneuve, le Douanier Rousseau de là-bas (pour aller vite),

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servira bientôt d’étape à la caravane Richard Greaves/Anarchitecte.
Je blague mais c’est vrai que Sarah Lombardi et Valérie Rousseau, les commissaires de cette expo-itinérante devraient bien prévoir une navette pour le transfert des photos de Mario del Curto, du film de Bruno Decharme, de celui de Philippe Lespinasse, sans oublier l’environnement sonore conçu par Stéphane Mercier à partir de sons captés sur le site de Richard Greaves, ce bâtisseur de l’impossible.
Après Montréal, New York, Lausanne et aujourd’hui Chicoutimi, on nous promet un détour par Bruxelles à la fin de l’année. Donc une navette s’impose. Je verrai bien
medium_navette.jpgune grosse limousine amphibie pour toutes ces traversées de l’Atlantique, relookée façon beluga pour impressionner les requins terrestres et sous-marins. medium_belugas.2.jpg

De temps à autres elle stationnerait au fond de la mer et Richard Greaves, en grand scaphandre de cuivre astiqué par ses amis, en sortirait pour aller y construire une de ses bâtisses improbables avec pour matériaux les trésors et les épaves abandonnés par tous le conquistadors, tous les pirates, tous les naufragés de l’histoire avec un grand H.

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Je rêve, je rêve et j’oublie de vous dire l’essentiel. C’est qu’à Chicoutimi, justement, Richard Greaves se déplacera pour investir l’espace du jardin de la Pulperie avec une installation réalisée in situ dans l’esprit des assemblages qui parsèment son propre domaine.

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medium_depliant_pulperie.jpgL’exposition grâce à lui ne saurait jamais être la même et il faudrait en suivre toutes les étapes. Celle de la Pulperie de Chicoutimi se tiendra du 19 mai au 14 octobre 2007.

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Merci à Line Gagnon, présidente de la Corporation du Site de la Pulperie et à Jacques Fortin, directeur général de m’avoir envoyé l’invitation au vernissage. C’est vendredi 18 mai 2007. Rendez-vous (j’aimerais bien !) à 17 heures dans le hall de la Pulperie, 300 rue Dubuc.

Un gros Chicoutimimi à tous et toutes en attendant.

 

01:25 Publié dans Ailleurs, Expos, Oniric Rubric, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : richard greaves, arthur villeneuve, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

08.04.2007

Cheval à tous crins

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Coucou, mes p’tits loups, votre âme errante est de retour après avoir sacrifié aux rites  pascaliens. medium_palais_ideal_monument_historique.JPGComme je n’ai plus rien à me mettre, je suis allée chez Cheval m’acheter un Ticheurte. «Obstinément le rêve» qu’il proclame ! Ma copine Isa me l’a taxé au retour.

Pour ceux qui en seraient restés à l’épisode précédent, il faut rappeler que Neck Chand mène à tout. En témoigne cette inscription de 1996 laissée par deux Bruxellois sur le Livre d’or dudit Palais : «Nous avons entendu vanter ce merveilleux palais du facteur Cheval à Chandigar (Penjab, Inde) où il est très connu et sert de référence à un monument analogue : Le stone garden».

J’extrais cette citation d’un bouquin de Lucien Riband bradé pour 1 € à la boutique du site d’Hauterives. Les Visiteurs célèbres ou moins célèbres du Palais idéal que ça s’intitule. L’auteur a eu la bonne idée de relever des commentaires sur le livre d’or du Palais idéal de 1905 à 2000 et la moins bonne idée de les assortir de précisions historiques qui éloignent du vif du sujet.

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Malgré cette vision wikipédienne des choses et un classement très personnel (aristocrates, gens du pays, sportifs, militaires etc.), il faut commander par douzaines cet ouvrage qui garde trace du passage d’un Prince (de Saint-Ouen), d’un Poilu d’Orient, de l’équipe de France de foot, de Choupette et Bibiche de Mostaganem (1956), d’Aline et Dédé (2000) aussi bien que du Dr Pangon qui signa le premier le 1er janvier 1905.

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A côté des cons (dont un ministre), des agressifs («Crachouillis de sorcière»), des enfants («On dirait le palais de la petite sirène»), des poètes («Une cabane à outils de rêves»), on note avec émotion le passage de Jacques Brunius (30 mars 1939), de Niki de Saint-Phalle et Jean Tinguely (30 janvier 1963). On apprend que c’est l’écrivain Jean Dutourd (visite du 29 mai 1965) qui aurait, par l’intermédiaire de son gendre, alors ministre des Postes, alerté André Malraux au sujet du Palais.

23:55 Publié dans Ecrits, In memoriam, Oniric Rubric, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ferdinand Cheval | |  Imprimer | | Pin it! |

23.10.2006

Le cahier de rêve d’un journalier


medium_Oniric_rubric.jpgPuisque j’en suis aux trouvailles, faut que je vous parle du CAHIER de rêve d’Alphonse Henri Bardou, journalier à Cornery sur la Straize.
La Vedette solognote
, journal de Romorantin, a relaté  le 28 juillet 1898 son suicide par noyade dans l’étang du Cordelet. Solitaire, secret, mélancolique, bizarre, cet homme du commun toujours à l’ouvrage bien que chétif, n’était pas très populaire parmi les fermiers, menuisiers, braconniers, rouliers, du caboulot de la Croix verte qu’il fréquentait parce que, pour son malheur, il était amoureux de la veuve Corcuff, la trop allumeuse patronne de cet établissement. Médiocre buveur, il n’était porté ni sur la teuf ni sur la «politiquerie» de droite comme de gauche.
Insomniaque, il préférait passer ses nuits à découper dans des vieux journaux des mots qu’il collait pour en faire le récit de sa vie besogneuse, sans doute parce qu’écrire ne lui était pas facile.

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Considéré comme bâtard, on prétendait que son père était un artiste ou un «écrivassier» venu pour des vacances en Sologne. Retiré trop vite de l’école, il s’ennuyait avec les gens de sa condition sociale parce qu’ils ne comprenaient pas «les belles affères».

Il refusait d’aller à l’église parce qu’elle était meublée de «saints malement peinturlurés».
Il aimait les feuilletons du Petit Parisien parce que
«ça cause de chevaliers qui emportent des demoiselles qui montent très bien à chual».
Il montrait de réels talents de jardinier-paysagiste spontané. Le cahier qui contient ses «mémoires», cahier d’écolier avec la bataille de Bouvines sur la couverture, est rédigé dans une langue approximative dont voici un exemple
: «Jai net toyé la maison é Lacour et jé fé in peut le gare dain ouque i a ancor que que égum» (J’ai nettoyé la maison et la cour et j’ai fait un peu le jardin où il y a encore quelques légumes).

medium_Paul_Besnard_portrait.2.jpgC’est à l’écrivain Paul Besnard  que nous devons l’invention de ce cas d’art brut fictif dans son recueil de poésies, de chansons et de nouvelles de Sologne (en patois solognot) intitulé En gardant les vaches. medium_en_gardant_les_v.2.jpgIl a été publié en 1913 chez E. Cornély mais le Musée de Sologne de Romorantin Lanthenay, où je l’ai trouvé, en a encore en stock.

00:10 Publié dans Glanures, Jadis et naguère, Oniric Rubric | Lien permanent | Commentaires (3) | |  Imprimer | | Pin it! |

18.04.2006

Robert Walser, les ours et moi

medium_ours_karl_marx.jpgQue vous dire d’autre avant de retourner à nos moutons parisiens ?
Que Berlin est une ville de gros nounours en résine, évocateurs de son blason.
On va de l’ours bleu d’Unter den Linden à l’ours multicolore de Karl Marx Allee en passant par le brun de Friedrich Strasse. Quand arrive le plantigrade de la rue Leipzig, on sait qu’on va pouvoir ôter son collant dont la couture vous fait des ampoules parce que Checkpoint Charlie n’est pas loin et l’hôtel non plus. C’est le moment de se reposer dans la chambre siebenhundertachtzehn avec son chéri. Celui-ci ne tarde pas à ronfler, épuisé par la visite des 4 musées ethnographiques de Dahlen où il a rencontré force «épouvantails» de Nouvelle-Guinée.

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Le nez dans son guide de voyage, il rêve qu’il ascensionne la Kastanienallee dont les habitants ont les cheveux rouges et du percing plein leurs sourires. L’onirisme aidant, il se trouve au 12, dans la galerie Kurt im Hirsch. Il y feuillette Nuevo Rodeo, l’album de Léo Quièvreux publié par Le Dernier Cri.
Il y découvre le petit cow-boy emprunté à Martin Ramirez.
Votre petite âme errante, quant à elle, se plonge dans la lecture des proses brèves de Robert Walser, ce Suisse errant qui vécut un temps à Berlin. Dans le recueil intitulé Retour dans la neige publié aux Editions Zoé en 1999, émotion de lire ce Château Sutz étrangement prémonitoire. On sait que Walzer fut interné en 1929 à la Waldau de Berne où il croisa Adolf Wölfli. Château Sutz passe pour une fiction à caractère utopique. Ce texte décrit l’existence de prisonniers d’une institution maternante qui, sous le couvert d’une pseudo-liberté, les décharge et les prive de toute véritable initiative. Métaphore de nos contemporaines démocraties, il anticipe aussi véritablement sur le destin personnel de Robert Walser. Parmi les pensionnaires de ce château aussi implacable dans son genre que celui de Kafka, «
un communiste (…) qui ne se préoccupait plus d’améliorer le monde, il écrivait des vers et avait le bon goût de le faire comme quelqu’un qui établit des factures, c’est à dire très simplement

00:05 Publié dans Ailleurs, Lectures, Oniric Rubric, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : robert walser | |  Imprimer | | Pin it! |

26.03.2006

Les rêves de "Carmen Concept"

Décidément, on vit une époque formidable. L‘innovation bat son plein et l’art brut tourne à plein régime du côté des boîtes de communication. Une intense activité de recyclage des titres qui ont popularisé les nouvelles Babylone des architectes spontanés s’observe en effet chez les professionnels du «montage d’événements fondateurs au croisement des arts et de l’entreprise». J’emprunte ces lignes à l’un de ces fervents titrailleurs, Carmen Concept qui, pour inviter «votre entreprise» à «façonner son image» et à «lancer un nouveau produit auprès d’une clientèle spécifique», a eu la bonne idée de tirer de l’oubli l’expression Les Bâtisseurs du rêve en la détournant sous forme de : Les Bâtisseurs de rêves.
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Il faut admettre que ce titre moisissait un peu dans la poussière de nos bibliothèques. Il aurait été dommage de l’abandonner plus longtemps à «la critique rongeuse des souris». Aussi Carmen as-tu bien fait de t’en servir de cette manière si si(face à son destin)tuationiste. Je te félicite, Carmencita (ou Carmensitu!) de t’adresser à des interlocuteurs tellement cultivés qu’ils n’ignorent ni Georges Bizet ni le bel album de Michael Schuyt, Joost Elffers et Georges R. Collins, publié par Chêne/Hachette en 1980, consacré à l’architecture fantastique.
Et puisque tu ne crois pas nécessaire de le citer, permets moi de rappeler encore une fois son titre pour mes lecteurs
Les Bâtisseurs du rêve
Ils y trouveront Robert Tatin et Niki de Saint-Phalle, Simon Rodia et Robert Garcet, Grandma Prisbrey et Karl Junker, Gaston G. et Raymond Isidore, Chief Rolling Thunder et Camille Vidal.
Et puis avant de te quitter, au cas où tu aurais besoin d’autres idées je te signale que Les Palais du rêve, Les Bâtisseurs de l’imaginaire, Les Jardiniers du quotidien, Les Inspirés et leurs demeures, Les Indomptés de l’art pourraient, sans exténuant brainstorming, faire partie de ta panoplie carmenconceptuelle et que L’Art inventif des génies ordinaires vient d’être abandonné par son propriétaire.

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08.03.2006

Jean Follain pas si lointain

 

 

Puisque sur le tapis Jean Follain est venu, voici l’un de ses poèmes, choisi pour son écho, lointain mais réel, avec le sujet qui doit occuper en permanence tout(e) animulien(ne) qui se respecte. Il est extrait de : Comme jamais, recueil publié aux E.F.R. en 1976, dans la collection "Petite sirène".

 

 

EXPLIQUER
L’homme à vêture pourrissante
tente d’expliquer l’univers
de son bâton il trace en l’air
un cercle
au dessus de l’abîme
On s’esclaffe et sonnent les heures
sur une terre immobile à plaines ouvertes
à murs porteurs de tessons verts
et graffiti pris dans la ronce
à longueur de siècles.


Et puis pour la gourmandise et parce que Follain était une fine gueule même si ça se voit pas sur sa bobine, ce petit dernier pour la route :
a
FRUSTES REPAS
Saucisson comme un marbre rouge
que le manœuvre mange
d’un couteau affilé
dans une rue sans ciel
alors qu’un enfant pleure
près d’un comptoir d’étain !
Nourriture d’émeute
comme ces durs poissons saurs
qu’avec du vin bleu
on distribuait
aux pâles soldats de la Commune
assemblés sous les troupeaux d’étoiles.


C’est dans Usage du temps de la série Poésie Gallimard. Sur ce, bonsoir, votre petite âme errante s’en va rêver à la cuisine brute.
a
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00:45 Publié dans Oniric Rubric | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Jean Follain | |  Imprimer | | Pin it! |

07.12.2005

Rêve de sphinx

Youpi ! mon appel d’offres de l’oniric rubric a été entendu. Je vous offre donc cette image de Serge Sauphar que m’a choisi (allez savoir pourquoi) /la précieuse Lucette/dans sa photothèque/ (sur un air de rap)
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21:55 Publié dans Oniric Rubric | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Serge Sauphar | |  Imprimer | | Pin it! |