02.05.2010
Mirsky appelle Tromelin
Le comte de Tromelin est «appelé» par Eugen Mirsky. C'est bizarre comme les choses se font sur mon blogue! Voilà-t-il pas qu'à l'occasion de ma note précédente, Tromelin, mathématicien et lauréat de l'Institut, montre le bout de son nez comme s'il n'attendait que votre petite âme errante pour se manifester.
Renseignement pris, il a peut-être trouvé qu'il était victime d'une injustice. J'avais encore jamais parlé de cet auteur de dessins «semi-médianiques» (comme il dit) qui sont connus parce que certains figuraient dans la Collection du Dr Marie, laquelle a trouvé refuge à la Collection de l'Art brut à Lausanne.
Collection de l'art brut
Tromelin nous ramène à la préhistoire de l'art brut puisque né à l'époque romantique (1850). Il disparaît en 1920 de mort naturelle (bien que souvent incité au suicide par des esprits auxquels il résiste quand ils lui murmurent : «Que fais-tu dans cette vie de misères? Tu végètes et tu mènes une vie misérable. Tu n'a qu'à te tuer, pour trancher le fil de ton destin fatal».
En fait de «vie misérable», Tromelin a découvert le spiritisme en 1903 alors qu'il a déjà 53 balais (de sorcières, bien sûr). Comme Fernand Desmoulin, il dessine dans le noir, la nuit, sur un tableau qu'il garde près de son plumard pour y faire des calculs en cas d'insomnie.
C'est aussi parce que le sommeil la fuyait qu'une de mes infatigables petites fourmis animuliennes m'a envoyé un courriel pour me dire : «je me suis rappelé à propos de Mirsky (anagramme Rimsky ?) cette nuit un vieil article de revue Aesculape et j'ai retrouvé des reproductions (la revue doit être à Sainte-Anne), c'est un supplément de novembre 1913 où je pense qu'il y avait un article de Jean Vinchon sur le Comte de Tromelin et un de (sic) Dr Ch. Guilbert sur la voyance».
Merci à vous, Béatrice Steiner, puisque c'est vous l'industrieuse informatrice (avec tout le respect qu'Ani réserve au savant docteur que vous êtes) à laquelle mes lecteurs vont devoir ces troublantes images de
Démons et démones
Marchande de plaisirs
Princesse des enfers et de la luxure (Asmodée)
Culte de la beauté
Rites magiques
C'est aux pages 64-65 et 66 du numéro de la revue que vous citez qu'on les trouve. J'en ajoute quelques-unes dont la place n'est pas précisée et d'autres tirées en bleu qui proviennent sans doute de l'article du Dr Guilbert.
Ceux et celles qui veulent en savoir + n'ont qu'à lire la contribution de Michèle Edelmann sur les dessins tromelinesques dans la section Collection du Docteur A. Marie paru en 1973 dans le fascicule 9 des Publications de l'Art brut.
Un sacré numéro où voisinent Fulmen Cotton, Hodinos, Tromelin, le Voyageur français et d'autre vedettes. On y apprend que le Dr Papus, dans sa revue spirite L'Initiation a donné un texte de Tromelin où celui-ci explique comment il faisait naître les formes d'une feuille de papier vue en transparence.
A ce propos si quelqu'un pouvait me montrer l'ex-libris de Papus, je serais aux anges car il est dessiné par Tromelin à ce qu'il paraît. Là-dessus, bonsoir car vous croyez pas des fois qu'on va faire toutes les nuits office de médiums, Béatrice et moi, Ani!
23:55 Publié dans Images | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : comte de tromelin, papus, collection de l'art brut, art médiumnique, art occulte, art brut | | Imprimer | | |
14.07.2009
Marguerite Burnat-Provins au festival de Montreux
Burnat-Provins jazzyfiée! Je vous ai déjà effeuillé (le 19 novembre 2005 pour être précise) cette vénérable Marguerite. Un peu d'assoupissement lui va pas mal au teint mais il est bon de temps à autre que l'on réveille cette Belle au bois dormant. Cet été, c'est le Festival de Montreux qui s'y est collé avec une création musicale au Petit Palais le samedi 11 juillet 2009. Dominique Reymond a lu des textes du Livre pour toi, le chant d'amour fou de M. B.-P. sur des musiques du percussionniste Jean Rochat.
Le quatuor à cordes Barbouze de chez Fior (l'after-shave du tonton à Zazie!) les accompagnait. La fiche-artiste de ces Barbouzettes conviait les auditeurs «à la rencontre entre des mots bruts et essentiels» et un «univers de cordes et de percussions». Ouais.
Sauf que, manque de bol, pour remarquable qu'il soit, le poème en prose intitulé Le Livre pour toi n'a rien de précisément brut. Il valut certes à son auteur la réprobation suisse générale parce qu'il exposait le désir féminin sur la place publique, en des termes qui nous paraissent bien sages aujourd'hui que nous sommes gavés de Vie sexuelle de Catherine Machin.
Mais, il n'est rien dans sa syntaxe, dans son vocabulaire ou dans sa logique qui puisse se comparer avec ce que Michel Thévoz appelle un «écrit brut». Simplement une femme libre a un trébomec dans la peau et elle nous le fait savoir avec une pudeur poétique plus excitante pour le «qu'en-dira-t-on?» que la plus provocatrice obscénité.
Cette création musicale sera reprise le 26 et 27 août 2009 à Savièse, qui en 1907 trouvait Burnat-Provins plutôt encombrante. Une expo à la Maison de la Culture de cette ville retracera, du 20 août au 27 septembre 2009 les différentes périodes de sa peinture.
L'autre Marguerite Burnat-Provins (car cette artiste exceptionnelle possède deux facettes à son talent), la créatrice d'une galerie de portraits sublimes et inquiétants tout droits sortis d'un monde hallucinatoire, fera parallèlement un petit tour sur la scène de la Collection de l'Art brut à Lausanne du 3 juillet au 21 septembre 2009.
Le flyer distribué à l'occasion de ces diverses manifestations choisit évidemment son camp sur le plan iconographique. Le camp de l'art brut dont Marguerite Burnat-Provins, du fait des hésitations de Jean Dubuffet à son propos, reste cependant un électron périphérique. Il faut dire qu'il est rare de voir passer aussi nettement à l'intérieur d'un même artiste la ligne de clivage entre l'art culturel et l'art brut. C'est en quoi le cas Burnat-Provins est si intéressant.
17:11 Publié dans Expos, Zizique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marguerite burnat-provins, art brut, festival de montreux, barbouze de chez fior, le livre pour toi, collection de l'art brut | | Imprimer | | |
28.04.2009
L’art brut sauvé des eaux
Sinistre à Lausanne. Des champignons sur la Collection de l’art brut ?
Avec mon petit air de me foutre du monde, je me croyais à l’abri de la communication de crise. Et bien niet ! J’ai d’abord cru à une blague et j’ai laissé du temps au temps. Mais au fur et à mesure que tombent les dépêches : il y a 10h, il y a 5h, il y a 58mn etc., la sale nouvelle se confirme : la Collection de l’art brut, notre Collection de l’art brut bien aimée, votre Collection de l’art brut, celle de notre petit père Dub à tous vient d’être victime des défaillances conjuguées de la sorcière Electricité et de sa sœur Climatisation. Un incident technique dû à une panne de courant, la clim qui part en rideau et l’humidité qui s’installe dans l’une des réserves du musée.
Vous êtes priés de me croire, je déconne pas. Le Temps Culture, sous la plume de Marco Danesi, Télévision Suisse Romande, Romandie News vous le confirmeront.
C’est le branle-bas de combat rue des Bergières. Toute la vaillante équipe de la Collec est sur le pont pour sauver les œuvres en péril.
Entre 800 et 900 qui seraient malades ou sous surveillance. Tableaux et collages ont été décadrés et mis à plat. Les autres musées communaux ont volés au secours de leur petite sœur brute pour intervenir d’urgence. A l’heure qu’il est, il semble que les «dégâts irrémédiables» sont écartés mais on ignore encore toutes les conséquences.
La Collection de l’art brut souffre mais ne se rend pas. Musée et expo restent ouverts même si deux salles sont fermées. Si vous vouliez profiter des ponts de mai pour voir L’art brut fribourgeois, c’est toujours possible.
Selon Lucienne Peiry, le capitaine du vaisseau éprouvé, «le pire a été évité».
Bon allez, tous ensemble, émettez des petites cellules d’amour (comme disait Chomo) avec votre petite âme errante en direction de la Maison mère pour qu’elle surmonte, sans trop de douleurs, ce moment difficile.
11:36 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : collection de l'art brut, lausanne, lucienne peiry | | Imprimer | | |
16.06.2007
A l'envers et à l'endroit
Quels bastons, mes Animulions! Une fois de plus le débat était chez Animula et pas ailleurs. Aucun barbecue d’été n’était programmé sur mon blogounet mais grosse montée de potes quand même. Je ne sais si le mérite en revient à messieurs Ernst et Neter ou aux gesticulations d’anguille auxquelles votre petite âme errante a dû se livrer pour se soustraire au harcèlement soit-disant subtil d’un canif bien trempé quoiqu’un peu jeunet. Toujours est-il que vous avez fait exploser l’audimat et je vous en remercie. Cela valait bien 2 ou 3 nuits blanches et tant pis si on se croirait dans la Famille Adams avec mes poches sous les yeux.
Enfin tout ça c’est bien beau mais ma «mission» consiste pas à enculer les mouches («Ani, tu d’viens vulgaire») en compagnie d’un second (puis d’un troisième) couteau mal luné. On en oublierait presque les choses importantes et celles-ci, comme les perches, viennent du Léman. De Lausanne pour ne pas la nommer. C’est à l’Envers et à l’Endroit que cette Mecque de l’Art brut consacre son exposition d’été. L’Envers et l’Endroit ne désigne pas seulement les deux versants de l’existence, elle fait référence aux travaux d’aiguille puisque cette expo regroupe jusqu’au 27 janvier 2008 (l’été se prolonge en Suisse) les œuvres d’une trentaine de créateurs issus de 13 pays situés dans 4 continents (ne manque que l’Océanie).
La figure de proue en est la robe de mariée de Marguerite Sirvins, réalisée au crochet dans un établissement psy, à partir des fils tirés de ses draps. L’impeccable carton d’invitation dépliant évoque à ce propos un «Jour de noces improbable». Son texte semble le résultat d’un compromis, comme si il était écrit d’une main qui dit juste : «Les auteurs d’Art Brut, quant à eux, gagnent le large, tissent toiles et réseaux pour atteindre des territoires oniriques et mentaux vertigineux» et d’une autre main moins inspirée quand elle évoque -sur le modèle de la névrose alors qu’on nage dans la psychose- le dévidement des «fantasmes» pendant la cousette.
Si l’art brut n’est que révélateur à fantasmes ou à «rêveries», je m’explique mieux que le dossier de presse de cette expo ne craigne pas de coller le mot «artistes» à côté de celui de Collection de l’Art Brut.
La prochaine fois, je suggère à ses rédacteurs, de se fondre enfin dans la respectabilité du mainstream et de se débarrasser un fois pour toutes du concept forgé par tonton Dubuffet.
Comme il est des couteaux sans lame auquel il manque le manche, il est des coupures que s’emploient absurdemment à refermer ceux-là même qui les avaient ouvertes.
12:30 Publié dans De vous zamoi, Expos, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, Marguerite Sirvins, Jeanne Tripier, Collection de l'Art Brut | | Imprimer | | |