29.08.2014
Miracle à l’italienne : Giovanni Bosco est dans Libération
Le boucher est là. Mon boulanger rouvre demain. La rentrée s’accélère. Même pour moi qui serait bien restée les pieds dans les tongs.
Mais voilà que, par la grâce d’une couverture médiatique qui s’emballe (sic), mon mois d’août finissant se place sous le signe d’une audience accrue. Depuis que Libération, dans son édition du 28 août 2014, a consacré une double page au créateur sicilien Giovanni Bosco dont je vous claironne les mérites depuis plus de six ans, je constate une intense activité sur mes lignes.
De Nancy, Montpellier ou Paris, de Basse-Normandie, Rhônes-Alpes ou Poitou-Charentes, de nouveaux Animuliens se précipitent sur mes notes relatives à ce peintre originaire de Castellammare del Golfo. Spécialement sur les plus anciennes. Celles du 25 mai 2008 (Murs à la Sicilienne) et du 16 juin 2008 (Art brut : découverte d’un nouveau créateur en Sicile) qui ont révélé au landerneau de l’Internet les premières images et les premiers renseignements sur le regretté Giovanni Bosco.
Merci qui ? Merci madame Peiry.
C’est vous qui avez nourri de vos infos ce papier, dense et plaisant, dû à Brigitte Ollier «envoyée spéciale à Lausanne» où vous avez monté une expo d’été : L’Art Brut dans le monde.
Moi qui croyais que, comme l’indiquait le 29 avril 2014 La Tribune de Genève, vous aviez quitté «définitivement l’Art Brut», je vois que vous continuez à guider cette Collection.
Collection historique où, pour reprendre le propos de Boris Senff dans 24h du 6 juin 2014, «le stockage et donc la conservation deviennent des questions urgentes face à cette masse d’œuvres, parfois fragiles» acquises ou entrées récemment.
Sans oublier le problème des toilettes qui a son importance aussi, selon madame Lombardi.
Mais trêve de détails! Je souhaite que madame Peiry continue à mouiller sa blouse en faveur de Giovanni Bosco. Ça me permet de profiter de son plan media et de son rézotage XXXL. Avec un peu de chance, il se trouvera encore des journalistes pour choisir l’angle Giovanni Bosco.
Dans La Repubblica du 14 août 2014, en illustration d’un article de Paola Nicita, j’ai déjà pu repérer deux visuels empruntés au carton d’invitation d’une exposition Bosco dont je fus partenaire (cf. mon post du 21 mars 2009 : Giovanni Bosco, l’Irrégulier du Bd Haussmann). Et que la journaliste italienne ne cite pas.
Soyons raisonnable cependant. Madame Peiry ne saurait veiller à tout. On ne peut lui demander de rappeler sans cesse que Giovanni Bosco est un cas d’art brut pur apparu dans un moment où ce concept était déclaré bon à diluer dans l’art contemporain.
Que sa découverte est due à un regard extérieur à son pays d’origine.
Que l’instance qui l’a légitimé dans l’ordre de l’art brut n’appartient pas à la catégorie de ces «informateurs qui se manifestent pour (…) signaler (…) des productions hors du commun» (dixit l’introduction du catalogue L’art Brut dans le monde) à une direction de la Collection de l’art brut qui a cessé depuis longtemps d’être intronisée par Jean Dubuffet.
On peut par contre répéter à sa place que les blogues et leurs équipes sont des francs-tireurs capables d’initiatives dont les institutions font ensuite leur miel. Sans toujours le dire de peur sans doute de s’écorcher la bouche.
19:50 Publié dans art brut, De vous zamoi, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, giovanni bosco, libération, brigitte ollier, boris senff, paola nicita, lucienne peiry | | Imprimer | | |
16.03.2014
Allô, quoi, allô, répondez Armand Schulthess !
Il est bon parfois d’en remettre une couche comme il est bon de relire des livres qui nous ont fait rêver. Et puisque l’occasion m’est donnée de revenir rôder dans Le Labyrinthe poétique d’Armand Schulthess je ne m’en prive pas. Même si je vous en ai parlé pas plus tard qu’à Noël. Je pointais à l’époque vers le futur d’une exposition à Neuchâtel, la patrie de ce bouleversant créateur. Et le futur nous y sommes.
L’expo Schulthess, «la plus grande jamais consacrée» à son œuvre, aura bien lieu du 30 mars au 3 août 2014 au centre Dürrenmatt. Avec le concours de la Collection de l’Art Brut de Lausanne. Lucienne Peiry, l’une des têtes dirigeantes de la Maison mère, étant commissaire. Les chanceux qui naviguent au bord du lac (de Neuchâtel) pourront sans doute lui demander un autographe dès le samedi 29 mars à 17 h, jour du vernissage.
Ils s’y feront peut-être rôtir un poulet ou ils dégusteront sur le pouce un de ces plats bernois en boîte acheté à la Migros.
Comme Armand Schulthess, de son vivant, le conseillait aux visiteurs de son île-jardin utopique. On peut rêver.
J’emprunte ces détails croustillants à l’article de Hans-Ulrich Schlump (La Seconde vie d’Armand Schulthess) paru, sous couverture bleu Klein, dans le fascicule 14 des Publications de la Collec de L’art Brut. Ce texte raconte une histoire qui a tout pour plaire à la petite âme romantique que je suis restée malgré tout.
Pour une femme inconnue qu’il appelait de ses vœux mais qui ne vînt jamais Armand Schulthess avait aménagé un pavillon sur le terrain de sa résidence de campagne près de Locarno dans le Tessin.
Dès la cinquantaine, il s’était retiré là. Vivant de petits pains et de lait. Distribuant sa science encyclopédique aux arbres du jardin.
Il couvrait ceux-ci de messages philosophoco-scientifiques calligraphiés en cinq langues sur des rondelles de métal ligaturées avec du fil de fer.
Mais il se cachait quand il venait du monde. Il aurait préféré qu’on le joigne au téléphone.
Sur l’un de ces appareils qu’il disposait le long de son réseau compliqué de chemins, d’escaliers, de passerelles aménagé au fil du temps dans son domaine.
Mais les sonneries étaient en panne. Les fils avaient beau courir, les téléphones ne fonctionnaient que dans sa pensée. Et combien riche était sa pensée! Elle abritait des volumes et des volumes réalisés à la main. Ils venaient surcharger sa bibliothèque.
Près de milliers d’objets et de papiers chinés dans les décharges car ils pourraient servir. Une sédimentation d’albums remplis de photos naturistes. Écologiques pin-up, vous partîtes en fumée quand son site magique et chaotique fut détruit après sa mort accidentelle.
A 72 ans, même un pionnier ne résiste pas à deux nuits dans le froid après une chute. Et sans doute est-ce bien ainsi. Mais le monde parallèle de ce doux original (ou schizophrène qui sait ?) comme il manque au nôtre ! Et comme inconsolable, je serais de lui s’il n’y avait l’expo de Neuchâtel pour nous en restituer quelque chose.
BONUS
Paru à Cologne en 1972, l’année de la disparition d’Armand Schulthess.
Le livre d’Ingeborg Lüscher (dont l’époux est Harald Szeeman).
15:11 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos, Lectures | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, armand schulthess, hans-ulrich schlump, lucienne peiry, ingeborg lüscher, centre dürrenmatt de neuchatel | | Imprimer | | |
12.03.2012
Le printemps vient, l’art brut pousse
C’est trop la mauvaise période pour un blogounet comme le mien ce printemps des musées d’art brut qui s’annonce! A Lille, à Lausanne, à Paris, voilà que ça crépite en expos, en conférences, en séances de ciné diverses et variées.
A tout seigneur, tout honneur, je commence par la Maison mère : la CAB de l’Avenue des Bergières, située à 10 mn chrono de La Riponne. L’institution (entre guillemets) lausannoise donne la parole à celui qui 25 ans durant (1975-2001) fut son conservateur. J’ai nommmmmmé (comme on dit au catch) Michel Thévoz. Ce sera le 29 mars à 19 h. Attention, on manquera de chaises! Le titre de sa causerie : Le Miroir onaniste ne laisse guère de doute sur l’angle d’attaque. Il s’agit bien sûr de l’œuvre de Josef Hofer dont le côté zizi-panpan gêne aux entournures de distingués commentateurs soucieux de la rendre présentable aux amateurs d’art dit-contemporain (voir mon post du 2/12/2011)
Le carton de l’expo Josef Hofer et le miroir (qui se terminera le 13 mai 2012) enfonce le clou : «la sexualité est au cœur de la représentation et constitue l’unique thème, central et obsessionnel de l’œuvre». Point barre.
Du côté de Villeneuve d’Ascq, les Animuliens feraient pas mal d’orienter leur GPS en direction du LaM et de son expo «Théma Art Brut» Collectionneur de mondes . Date de mort : 13 mai 2012, ça laisse de la marge. Cette expo présente 250 œuvres sur les 5000 rassemblées par les collectionneurs suisses Korine et Max E. Anmann. On nous promet de l’art brut, de l’art naïf, du folk art, des singuliers. Le tout enrôlé sous la bannière de l’«art différencié». Du moins si j’en crois le gros livre qui accompagne cette expo déjà montrée en 2011 à la Chartreuse d’Ittingen en Suisse.
Merci à l’Animulien sympa qui me l’a rapporté de là-bas. Ce bouquin pèse son poids avec ses nombreuses repros en couleurs! Selon lui, l’art différencié serait un terme «relativement neutre» permettant de parler, en plus des catégories citées plus haut, «d’art populaire, d’images réalisées par des personnes handicapées mentales et d’autres phénomènes marginaux de la production artistique (…)».
Ce qui nous vaut des rencontres surprenantes avec une tonalité brute en fond de sauce. Allez-y voir, la place me manque. Les «mondes» du titre font référence à 7 divisions (Hommes et émotions, progrès et machine, enchevêtrement de lignes et ivresse de couleurs etc.) rendant compte de la «richesse prolifique» de la collection qu’on aurait souhaitée cependant plus concentrée.
Il semble qu’on se donne un mal de chien en ce moment pour éviter d’employer le mot «art brut».
Aussi l’expo de la Halle Saint-Pierre qui commence le 22 mars 2012 (vernissage avec invit) s’appellera Banditi dell’arte et non «L’Art brut italien» bien qu’il y soit question de ça et que son emblème soit ce «Nouveau monde» de Francesco Tosi dont je vous ai déjà touché deux mots dans mes Notes d’art brut du 7 juillet 2010.
Le ouikène du 24-25 mars, des films seront projetés dans l’auditorium de la HSP, sur Podesta, Ghizzardi, Buffo, Barbiero, Bosco notamment. Cerise sur le gâteau : la présence de Lucienne Peiry est promise dans ce fief de Martine Lusardy.
23:55 Publié dans art brut, Expos, Miscellanées | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, art brut italien, michel thévoz, josef hofer, collection de l'art brut, lam, korine et max e. anmann, halle saint pierre, francesco tosi, lucienne peiry, martine lusardy | | Imprimer | | |
30.11.2011
Une nouvelle mission pour Lucienne Peiry
Le hasard veut qu’au moment où je reçois le 23e numéro des fascicules de l’Art Brut, la nouvelle du départ de Lucienne Peiry tombe sur mon téléscripteur. Merci à la généreuse Animulienne qui a propulsé ce diamant vert dans ma boîte aux lettres même si j’ai dû prendre un ouvre-boîte pour l’extraire (cher facteur, évitez à l’avenir de coincer mon courrier). Vous êtes une mère pour moi, madame la donatrice de si précieux cadeau! D’autant que votre lettre d’accompagnement se terminait par un «bien à vous ma chère»!. Evidemment, on m’avait menti. La couverture du 23 n’est pas vert pomme comme je le croyais (voir ma note du 15 octobre) mais sous sa robe émeraude qui a l’air de sortir de chez La Fée Maraboutée, il est très bien quand même.
Avec tous les téléphones portables qui vous couinent dans les tuyaux, je n’ai pas pu le lire dans le métro. Aussi suis-je incapable de vous livrer mes réactions que «vous seriez ravie de connaître». Je n’ai pu que le feuilleter et admirer les beaux portraits de créateurs qui «entent» (comme dirait André Breton) chacun des articles. C’est une innovation qui n’a l’air de rien mais qui nous entraîne sur une pente de personnalisation bien propre à l’époque.
J’ai choisi de vous parachuter Guo Fengyi dont la Collection de l’Art Brut montre depuis le 18 novembre dernier et jusqu’au 29 avril 2012 plusieurs dizaines d’étendards poétiques.
Est-elle pas mimi? On dirait une framboise des bois. On croirait pas que si petite dame puisse être l’auteur de si amples compositions.
Le texte que ce portrait chapeaute est de Lucienne Peiry. Nous y revoilà car je vous sens bouillir d’impatience. Sachez donc que les aventures de Lucienne Peiry s’enrichissent d’un épisode supplémentaire.
Lucienne s’en va, Lucienne nous abandonne, Lucienne Peiry «quitte la direction du musée de l’art brut» comme nous l’apprend 24heures.ch, journal numérique. Occultation momentanée en fait, rassurez vous, puisqu’elle se voit confier par la municipalité lausannoise un poste d’ambassadrice de la Collection.
Je n’ai pas tout bien compris mais d’après la presse, madame Peiry accèdera au poste d’attachée culturelle, dans un contexte de concurrence accru avec les nouvelles institutions (?) qui s’occupent du même sujet en Europe et celui d’une extension du marché de l’art brut.
Elle «sera ainsi la porte-voix de la collection, chargée d’enrichir son catalogue, de concert avec la direction et de stimuler la recherche scientifique» nous dit Marco Danesi dans Le Temps du 29 novembre 2011.
Cela nous promet de l’animation et à Lucienne Peiry du pain sur la planche. Elle va devoir retrousser ses manches et je lui souhaite de ne pas les tremper dans le café!
Le poste de direction de la Collection de l’Art Brut sera mis au concours. En attendant que quelqu’un soit recruté c’est Sarah Lombardi qui assurera l’intérim. Bon courage Sarah! Au boulot, madame Peiry! On vous en souhaite tant et tant.
00:37 Publié dans art brut, De vous zamoi, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, lucienne peiry, sarah lombardi, collection de l'art brut | | Imprimer | | |
15.10.2011
L’art brut se met au vert
Semaine granny en perspective. Elle commencera bien, dans une tonalité vert pomme. Car tout d’abord, qu’est-ce-que j’apprends? Le 23e Cahier de l’Art brut pointe son museau. A force j’y croyais plus. Le dernier en date remontait à perpète (2007). «Cahier» bien sûr est un abus de langage. C’est «Publications de la Collection de l’Art brut» qu’il faut dire, bien que maintenant -innovation- ce numéro vert soit publié par InFolio, éditeur suisse spécialisé dans l’archéo, l’archi, l’hist-art ou la photo.
On avait eu toute la palette de la tranche napolitaine avec ces cahiers depuis leur début, du temps où mon daddy était minot (1964). On a eu le bon goût de ne pas changer la maquette de la couverture avec le titre en écriture à la Dubuffet. La seule excentricité est dans la couleur qui change à chaque fois. Et cette fois-ci, elle est d’un vert «granny Smith» appétissant.
Le contenu est mondialiste et transchronique. Les œuvres abordées sont celles de créateurs européens, américains et asiatiques découverts il y a longtemps (Guillaume Pujolle, Laure Pigeon) ou plus récemment (Alexandre Lobanov, George Widener, Guo Fengyi), etc. Allons-y voir. Pour 48 Francs suisses, on va se régaler!
Il y a aussi, ça va de soi, Gregory Blackstock qui n’en finit pas d’inventorier les fouets
les oiseaux
les cafards du monde
Je vous avais parlé de ce gaillard là, il y a des lustres (voir mon post du 3 novembre 2006, Art brut ami, partout, toujours)
La Maison mère de Lausanne lui consacre une expo.
La «première en Europe».
Ce n’est pas parce qu’elle dure juqu’au 19 février 2012 qu’il ne faut pas prendre votre billet pour y aller. Les grands ouikènes approchent et les pauvres morts de la guerre de 14-18 ne vous en voudront pas si vous préférez la visite du Château Beaulieu à la dépose de chrysanthèmes sur la tombe de poilus inconnus.
Toujours côté vert mais avec des reflets roses cette fois, vous trouverez bien, dans votre garde robe un petit haut et un petit bas pour faire bonne figure au vernissage de la rue Haute (312-314) pour la nouvelle expo d’art & marges (économisons les parenthèses) à Bruxelles le jeudi 20 octobre 2011.
C’est qu’il ne faut pas plaisanter avec ça, les filles! ARTHUR BISPO DO ROSARIO c’est du lourd question ART BRUT.
Même si le leporello d’invitation en trois langues se croit obligé de nous prendre pour des pommes en nous assénant que ABDR «est une figure incontournable de l’art contemporain brésilien» («is een sleutelfiguur voor de hedendaagse Braziliaanse kunst»).
Saluons à ce propos l’effort soutenu de Carine Fol, co-commissaire de cette expo qui promet et promettra juqu’au 15 janvier 2012. En quelques années, elle aura réussi à se débarrasser de ce vilain petit concept d’art brut qui faisait tache dans les soirées mondaines bruxelloises ;-) . On n’est pas obligés de suivre son exemple mais réjouissons nous en, mes sœurs et mes frères : l’art brut n’est jamais plus lui-même que quand on ignore son nom.
17:51 Publié dans Ailleurs, art brut, De vous zamoi, Ecrans, Expos, Miscellanées, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, gregory blackstock, arthur bispo do rosario, art & marge musée, carine fol, collection de l'art brut, lucienne peiry | | Imprimer | | |
28.11.2010
Palermo : l’observatoire de «la creazione differente» présente son nouveau site
Je ne sais pas si je vais me la faire monter en bague ou me la suspendre autour du cou mais je vais sûrement faire quelque chose avec la «mappa murali Bosco a Castellammare».
Elle est trop belle avec ses tons de bleu et ses touches de rouge qui indiquent les murs peints par mon peintre sicilien favori. On peut la télécharger sur le nouveau site de l’Osservatorio Outsiderart de l’Universita di Palermo dirigé par Eva di Stefano.
Il suffit pour ça de cliquer «Sicilia» puis «I Luoghi» dans la colonne de gauche du tableau de bord de ce bel engin avec lequel il faudra compter maintenant dans l’espace brut européen.
Avec ce bolide palermitain, l’Italie rattrape définitivement son retard dans la compétition outsider et trouve sa place dans la nébuleuse des relations internationales.
Bravo au comité scientifique où l’on note la présence de Domenico Amoroso dont je vous ai déjà parlé.
L’O.O.U.P. ne va pas tarder à devenir un gisement d’informations et d’idées sur l’art brut et consorts. Du moins si on en croit son contenu inaugural qui recèle des découvertes : Salvatore Bentivegna (1923-2002), sculpteur de pierres de Sciacca (comme son homonyme Filippo)
ou Attilio Penzo, veneto et accumulateur-coloriste de l’ère du plastique totalitaire.
Avec le site, on nous propose la Rivista, une newsletter semestrielle.
Pour celle-ci, Teresa Maranzano renforce l’équipe dirigeante et puisque cette Sicilienne de Genève est aussi francophone, cela permet peut-être de voir se dessiner un axe sicilo-franco-suisse prometteur. A ce numéro un, Roberta Trapani, autre sicilienne bilingue (de l’espèce parisienne) contribue d’ailleurs avec une relation de la dernière Biennale d’Aubagne.
Les autres contributeurs pilotent des musées ou sont de dignes universitaires tendance «psy».
Lucienne Peiry nous fait le plaisir d’affirmer que, si on l’interroge sur l’existence ou non de l’art brut, elle n’a pas de meilleure réponse à faire que de préconiser une visite à la Collection de l’Art brut de Lausanne. «Oppure rispondo che un viaggo a Castellammare s’impone» ajoute-t-elle, pour inciter au voyage dans la patrie de Giovanni Bosco.
Cette première rivista de l’Osservatorio de Palermo regroupe certaines des interventions à un colloque organisé dans cette ville au printemps 2010. Voir ma note du 9 mars L’Echo des colloques. Cela donne à la chose un ton un peu trop sérieux qui conviendrait mieux à une publication savante sur papier. Mais la mise en page aérée qui ménage plusieurs niveaux de lecture, la lisibilité, l’importance donnée aux illustrations compense cet inconvénient relatif. Et puis j’adore le double filet bleu d’une élégance toute transalpine en encadrement.
Souhaitons cependant qu’à l’avenir les textes s’adaptent mieux encore aux contraintes du support. Et au public, nécessairement plus large sur la toile. Pensez aussi, signore e signori de l’O.O.U.P. que des gens qui comprennent mal l’italien vous lisent. Continuez à nous écrire dans votre belle langue mais n’oubliez pas, s’il vous plait, de nous offrir quelques phrases simples ou de courts résumés en tête de vos articles. Personnellement, je pourrai ainsi en parler mieux et plus vite!
16:11 Publié dans Ailleurs, art brut, Ecrits, Gazettes, Images | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : osservatorio outsiderart, palerm so, eva di stefano, lucienne peiry, teresa maranzano, roberta trapani, art brut, giovanni bosco, salvatore bentivegna, attilio penzo | | Imprimer | | |
20.04.2010
L’Art brut, un fantasme de peintre
Retour aux fondamentaux. Art brut, Art brut et encore Art brut. «L'Art brut c'est l'art brut et tout le monde...» n'a peut-être pas très bien compris. C'est pour ça qu'on n'arrête pas d'écrire des livres sur le sujet. Le dernier en date c'est celui de Céline Delavaux paru à la Palette. Non, pas le bistrot de la rue de Seine. Palette l'éditeur. L'Art brut, un fantasme de peintre que ça s'intitule. Et ça se sous-titre : Jean Dubuffet et les enjeux d'un discours, vu que cet assez gros bouquin (350 pages) «est issu de la thèse de doctorat» de l'auteur «sur les écrits de Jean Dubuffet».
Je guillemette parce que j'emprunte ces lignes à la 4e de couv qui nous signale aussi : «Révéler la force poétique du concept d'art brut et l'évidence de la valeur littéraire de l'écrit de peintre : tel est l'enjeu de cet essai». «Concept», «valeur littéraire», moi ça me va. Même si, en l'absence d'illustrations c'est forcément un peu austère. Si les volcans ne s'étaient pas mis en travers, j'aurais certainement dépassé la page 63 marquée par ma carte d'embarquement. Mais la lecture n'est pas vraiment permise aux pauvres rescapées de l'espace. Allez donc vous concentrer en attendant que la poussière retombe et que votre avion décolle!
Non que le livre de Céline Delavaux soit difficile à lire. Il est écrit dans une langue limpide et pourvu de belles marges que j'ai commencé à couvrir de repères au crayon. Mais retrouvez donc votre crayon quand vous revenez de Chateauroux dans un train plein comme un œuf! C'est de ma faute aussi, j'ai trop eu la bougeotte ces temps-ci. Pourtant j'avais bien commencé puisque Céline m'avait dédicacé son travail (Pour Ani «dont je trouve la verve ...») quand nous nous sommes rencontrées le 25 mars 2010 à la journée d'étude de Dijon sur laquelle Aurelie Linxe, jeune et efficace doctorante en muséologie saupoudrait sa bonne volonté et sa bonne humeur réunies. Et oui, j'y étais en chair et en os à ce colloque, aux côtés de Mr Baptiste Brun qui roule si finement sa cigarette d'après le repas et de Mr Bruno Decharme dans la collection duquel l'éditeur de C.D. a emprunté son image inaugurale.
Et puis, je suis partie sur les routes de Corse et je me suis contentée de rôder autour des 1000 petits accès ménagés par Céline pour entrer dans son livre : index des auteurs et des notions (le rêve!), bibliographie (15 pages!), tables des matières super-chiadée, préface de Gérard Dessons, notes en bas de pages (et pas au diable vauvert).
Dans les limites qui sont celles d'un blogounet comme le mien, il est exclu que je vous décortique en détail un aussi scientifique bouquin qui va s'imposer comme un instrument de travail incontournable pour les initiés.
Et comme un état de la réflexion actuelle qui va prendre le relais 13 ans après le L'Art brut de la citoyenne Lucienne Peiry.
Il faut donc que je me pose pour lire à fond le Céline Delavaux nouveau.
Vous aussi, naturellement.
23:52 Publié dans Ecrits, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, céline delavaux, lucienne peiry | | Imprimer | | |
28.04.2009
L’art brut sauvé des eaux
Sinistre à Lausanne. Des champignons sur la Collection de l’art brut ?
Avec mon petit air de me foutre du monde, je me croyais à l’abri de la communication de crise. Et bien niet ! J’ai d’abord cru à une blague et j’ai laissé du temps au temps. Mais au fur et à mesure que tombent les dépêches : il y a 10h, il y a 5h, il y a 58mn etc., la sale nouvelle se confirme : la Collection de l’art brut, notre Collection de l’art brut bien aimée, votre Collection de l’art brut, celle de notre petit père Dub à tous vient d’être victime des défaillances conjuguées de la sorcière Electricité et de sa sœur Climatisation. Un incident technique dû à une panne de courant, la clim qui part en rideau et l’humidité qui s’installe dans l’une des réserves du musée.
Vous êtes priés de me croire, je déconne pas. Le Temps Culture, sous la plume de Marco Danesi, Télévision Suisse Romande, Romandie News vous le confirmeront.
C’est le branle-bas de combat rue des Bergières. Toute la vaillante équipe de la Collec est sur le pont pour sauver les œuvres en péril.
Entre 800 et 900 qui seraient malades ou sous surveillance. Tableaux et collages ont été décadrés et mis à plat. Les autres musées communaux ont volés au secours de leur petite sœur brute pour intervenir d’urgence. A l’heure qu’il est, il semble que les «dégâts irrémédiables» sont écartés mais on ignore encore toutes les conséquences.
La Collection de l’art brut souffre mais ne se rend pas. Musée et expo restent ouverts même si deux salles sont fermées. Si vous vouliez profiter des ponts de mai pour voir L’art brut fribourgeois, c’est toujours possible.
Selon Lucienne Peiry, le capitaine du vaisseau éprouvé, «le pire a été évité».
Bon allez, tous ensemble, émettez des petites cellules d’amour (comme disait Chomo) avec votre petite âme errante en direction de la Maison mère pour qu’elle surmonte, sans trop de douleurs, ce moment difficile.
11:36 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : collection de l'art brut, lausanne, lucienne peiry | | Imprimer | | |