17.10.2014
Kopac & Cie, un catalogue d’anthologie
Slavko Kopac est de retour. A supposer qu’il soit jamais parti. Le veston pied de poule sur la photo historique de l’inauguration de la Collection de Lausanne c’est lui.
Dans notre quotidien amnésique qui voudrait nous faire croire que l’art brut est né avec le marché émergent aux alentours de 2005, elle témoigne du rôle essentiel de cet excellent artiste croate dès la constitution de la collection de l’Art brut dont il fut le conservateur jusqu’au transfert de celle-ci en Suisse en 1976.
C’est pourquoi, il est positif de constater qu’au moment où deux expositions d’envergure reviennent sur le sujet de l’art brut, L’Autre de l’Art au LaM et collection abcd/bruno decharme à la maison rouge,
il se trouve une Librairie-Galerie parisienne pour consacrer un catalogue à Kopac & Cie.
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Entendre par là : Kopac et ses amis, au premier rang desquels Jean Dubuffet, Kopac et ses livres, Kopac et ses œuvres (du moins quelques unes), Kopac et l’art brut.
Ceci pour reprendre les grandes divisions d’Emmanuel Hutin, le libraire dont on peut saluer le sens de la trouvaille et la capacité à la mise en valeur, par le commentaire et par l’image, des 71 numéros rassemblés.
Le show commence par un remarquable portrait de Slavko Kopac dû à Miguel Hernandez tout en formes sinueuses comme à son habitude.
Il est émouvant de voir ainsi réunis par un même tableau une des grandes figures d’origine de l’art brut (Hernandez) et un artiste qui, «parallèlement à ses activités à l’Art Brut» n’a cessé «de poursuivre son travail de peinture, sculpture et céramique» (Kopac). Qui possèdera cette toile de 1949 (n°43 du catalogue) prouvera son flair historique.
Le show se termine en beauté par des œuvres kopaciennes dont deux chouettes très chouettes (n°68)
et une encre et collage de 1959 (n°66)
Entre temps j’ai noté tellement de choses que c’est impossible de tout vous raconter. Des affiches, des paperolles hyper rares, des invitations, un ex-libris du collectionneur Edmond Bomsel par Alberto Giacometti (n°35)
des lettres de Gaston Chaissac, un Crabe sur la plage, gouache et collage d’épluchures de Philippe Dereux, un zinc clouté de Fernand Michel intitulé Bergeries (n°42). Ler dla canpane de Dubuffet avec une impression supplémentaire (n°11)
un exemplaire d’Evolucion d’Hernandez (n°12)
un exemplaire de La sourieuse rose de Jean L’Anselme avec des poèmes autographes (n°46)
Petits bouquins adorables parce que palpitants de la ferveur des débuts. Toutes ces merveilles sont proposées rue d’Argenson, au 5, dans le 8e arrondissement de Paris, près de l’église Saint Augustin.
A deux pas de cet Hôtel Le A où se tiendra du 23 au 26 octobre 2014, l’Outsider Art Fair.
16:07 Publié dans art brut, Ecrits, In memoriam, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : slavko kopac, jean dubuffet, michel thévoz, miguel hernandez, jean l'anselme, collection de l'art brut, lam, maison rouge, abcd, emmanuel hutin, oaf 2014 | | Imprimer | | |
25.11.2013
James Edward Deeds : une BEAUTÉ électroCONVULSIVE
Encore une bonne nouvelle. Passage des Gravilliers, on va enfin cacher ce sein que l’on ne saurait voir trop longtemps sans en concevoir une verlainienne lassitude. Même mon daddy, pourtant amateur de la chose, en avait assez de se heurter à ces timides œufs au plat sortis tout droit des lits de l’Outsider Art Fair où l’art ne vient pas toujours coucher faute de soutif taille 80 bonnet A à se mettre.
La Galerie Berst passe de la pin-up maison au Crayon électrique par une petite transition juxtapositoire qui voudrait nous faire croire que c’est du pareil au même.
L’ennui c’est que du papier peint kitschounet d’Eugène von Bruenchenhein à la plume céphalique du portrait dessiné par ECT, il y a un abîme. Un abîme de regard. Naïvement tourné vers l’objectif pour le premier. Néantisant le monde alentour pour le second.
ECT ne signifie pas et cetera mais, plus dramatiquement, électroconvulsivothérapie.
L’auteur de ce troublant dessin qui apposait parfois cette abréviation sur ses œuvres, ayant eu à subir bon nombre d’électrochocs. Raison pour laquelle on surnomma The Electric Pencil ce créateur qui passa la majeure partie de sa vie dans une institution psychiatrique d’une petite ville du Missouri.
Comme l’avait fait au printemps dernier la Collection de l’Art Brut à Lausanne, l’exposition berstoise des dessins d’Electric Pencil lui restitue son véritable nom retrouvé récemment : James Edward Deeds.
Il faut l’en féliciter car il est digne de rentrer dans toutes les cervelles, même une cervelle de piaf comme la mienne. Je m’y prends d’avance pour que vous puissiez sauver la date. C’est seulement du 29 novembre 2013 au 11 janvier 2014 que vous pourrez faire connaissance ou retrouver Deeds à la Galerie Christian Berst. Si l’on déduit le temps imparti aux festivités de fin d’année, ça fait short. Donc : fissa! Rendez-vous compte un p’tit peu que c’est «pour la première fois en France» que cette occasion vous est donnée! En mars-juin à Lausanne c’était seulement «la première exposition européenne».
Aussi n’attendez pas la première à Trifouillis-les-Oies pour vous offrir ce cadeau de fin d’année. En bonus il existe un bouquin qui ferait bien l’affaire.
Sorti en 2010, The Drawings of the Electric Pencil de Lyle Rexer, reproduit pour une quarantaine d’euros les 283 dessins qui constituent l’œuvre de James Edward Deeds. Publié à New York, aux Electric Pencil Press (tiens, tiens…), il doit être encore dispo sur le marché.
A signaler que les deux cent huitante-trois (comme disent les Suisses) dessins originaux correspondant à ces reproductions avaient été réunis et cousus dans un album confectionnés par le créateur lui-même.
Les propriétaires de l’ensemble ne se sont pas gênés pour le démembrer. Les nécessités de la circulation et de l’échange sans doute… Après tout l’album Deeds avait été sauvé de la poubelle, n’est-ce pas ?
17:06 Publié dans art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, the electric pencil, james edward deeds, beauté électroconvulsive, ect, collection de l'art brut, galerie christian berst | | Imprimer | | |
25.03.2013
Art brut : la réalité dépasse les fictions
Maintenant que j’ai mis le nez dedans, impossible d’en sortir. Dans quoi? Mais dans la collection des «Cahiers» de l’Art Brut, badame. Elle tabasse tout cette collection! On y revient toujours au hasard des méandres de l’actualité.
Samedi prochain (30 mars 2013), par exemple, l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA) ouvrira de 9h30 à 13h sa salle Walter Benjamin au séminaire du CrAB consacré à Des fictions d’art brut parmi lesquelles il y a Juva.
L’occasion de se replonger corps et âme, pour réviser un peu avant, dans le n°21 des «Cahiers» évoqués plus haut. Cahier qui nous dit tout sur le cas de ce prince austro-russe, collectionneur de camées et de vases en cristal de roche, converti au silex dont il aime la matière au point de la sublimer en sculptures retouchées, peintes et soclées par ses soins.
Jean Dubuffet consacra très tôt (en 1948) à cette œuvre née d’un cache-cache avec la science préhistorique, à cette œuvre révélatrice du pur langage des formes, un texte qu’André Breton compara à «un tube d’escalier en vis sans fin». Et une exposition au sous-sol de la Galerie René Drouin.
A propos de «sous-sol», notons que Les Statues de silex de M. Juva, le texte de Dubuffet, se termine en boîtant sur ce mot. «Peu de gens», prophétise Dub, prendront garde aux statues de Juva mais «si quelques-uns pourtant se sentent ici touchés (…) par ce vent venant pour une fois non des points indiqués par la rose [des vents] mais de sous les pieds et de sous-sol (sic) – alors tant mieux».
C’est naturellement «de dessous le sol» qu’il faut lire. Dubuffet, dans l’édition originale ronéotée, a rectifié l’erreur à la main.
Celle-ci a été corrigée dans la version imprimée parue à l’été 1948 dans Les Cahiers de la Pléiade, revue dirigée par Jean Paulhan mais non -curieusement- dans le tome 1 de Prospectus et tous écrits suivants (1967) formaté par Hubert Damish.
Pinaillage, me direz-vous, mais c’est en pinaillant sur le sol et aux bords des rivières qu’Antonin Juritzky découvrait ses «pierres-à-figures» pour emprunter un terme à Boucher de Perthes (1788-1868), le père de la Préhistoire dont les théories, mélangeant vérités et divagations, donnèrent tant à rêver aux autodidactes.
Antonin Juritzky adopta le pseudo de Juva lorsque la science officielle l’expulsa de son délire pseudo-scientifique. Lui qui créait des «faux» qui ne dérivaient pas d’originaux fut convaincu de faire, en quelque sorte, des ready-made aidés et non des ready-made tout court! C’est arrivé à d’autres, à Robert Garcet notamment.
Le CrAB serait bien inspiré de se tourner vers ces exemples significatifs plutôt que de nous en faire des «schizomètres» avec une blague pataphysicienne déguisée en calembour lacanien qui, au fur et mesure qu’elle dure, perd tout son sel.
Bonus : Antonin Juritzky est l’auteur d’un ouvrage publié en anglais par un musée hollandais qui, contrairement à ce qu’avance Jacqueline Roche-Meredith dans le N°21 (p. 70) des Publications de l’Art Brut, existe bien (depuis 1939) et ne relève donc pas d’un soi-disant «délire mythomane» de Juva.
J’emprunte à cet ouvrage quelques photos et une introduction qui suggère une piste enfantine à la base des observations de Juva : «Walking in the spring of 1946 along a group of allotment gardens I was struck by a most charming scene. Playing children has marked off a kind of enclosure on the border of the field with little sticks, and inside this square they had laid a stone which was to represent an ox. Indeed, the stone -a flint- had the shape of a buffalo’s head (fig.1)».
19:15 Publié dans art brut, Parlotes, Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, crab, collection de l'art brut, jean dubuffet, juva, antonin juritzky, jacques boucher de perthes, robert garcet, emile fradinjacqueline roche-meredith, schizomètre | | Imprimer | | |
24.03.2013
Le vingt quatrième cahier sort en mai
Où j’ai la tête des fois je vous jure! Seule la décence m’interdit de le dire. Hier encore, je vous disais un peu vite que la série des «Cahiers» de l’Art Brut en était arrivée au numéro 22 et voilà qu’on annonce pour le mois de mai 2013 la sortie du numéro 24.
Beaucoup de noms italiens ou d’origine italienne parmi les contributeurs de cette nouvelle livraison consacrée à des «artistes» également italiens mais aussi suisses, américains, russes, français et ivoiriens.
Les plaisantins diront que moi aussi j’y vois rien mais ce n’est pas ma faute si j’ai raté l’épisode du Fascicule 23 : une erreur d’aiguillage sur les étagères surpeuplées de ma bibliothèque.
Voilà ce qui arrive quand on oublie de vérifier dans les archives électroniques animuliennes!
Car votre petite âme errante n’avait pas oublié de célébrer en son temps la naissance du vingt-troisième. Je m’en aperçois un peu tard en retrouvant ma chronique du 15 octobre 2011 : L’Art Brut se met au vert. Et comme il est bon de suivre ses propres conseils, je me mets subito presto aux épinards comme Popeye.
16:30 Publié dans art brut, De vous zamoi, Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, collection de l'art brut | | Imprimer | | |
23.03.2013
Collection Pailhas : encore un effort
N’était leur fichue tendance à pâlir au soleil (au contraire de nous) I positively adore les couvertures multicolores des fascicules formant la collection des Publications de la Compagnie de L’Art Brut qui semble s’être définitivement arrêtée en 2007 avec le numéro 22. Elles me font penser à des bonbons acidulés et, quand vient le printemps, à l’étal d’un marchand de glaces.
Aussi ai-je récemment soulevé celle du n°3 pour déguster à nouveau Les Télégrammes de Charles Jaufret, le peintre d’enseignes de Revel. Cette étude a été rédigée par Jean Dubuffet il y a environ 50 ans. Heureux temps où l’art brut ne se trouvait pas sous le marteau des commissaires-priseurs ou sous la main des galeristes américains!
Dubuffet tenait d’un ami le cahier d’écolier «tout rempli d’une minuscule écriture au crayon» dont il transcrivit plusieurs pages et illustrations dans ce fascicule 3 habillé de jaune-citron.
Ce cahier d’écritures et de dessins avait été réalisé par un pensionnaire d’hôpital originaire du chef-lieu de canton de la Haute-Garonne : Revel. Il avait été «trouvé dans des papiers de rebut de provenance inconnue».
Quel ami? Quel rebut? Quelle provenance? On aimerait le savoir. Et ben, figurez-vous, mes p’tits curieux, qu’une piste vient de se dessiner à ce sujet.
La Fondation du Bon Sauveur d’Alby qui abrite le Musée Benjamin Pailhas a mis en ligne un document de visite virtuelle relatif à sa collection de sculptures,
cahiers et dessins
réalisés, du début du vingtième siècle à 1936, par des patients internés dans un établissement pour malades mentaux créé par des bonnes sœurs en 1835.
On y apprend que le cahier de Charles Jaufret conservé à Lausanne présente de grandes similitudes avec un cahier de la Collection Pailhas.
«Ces œuvres auraient été produites lors d’un séjour à l’hôpital» d’Albi par le même auteur.
Je ne sais plus qui -il y a fort longtemps- m’avait parlé du Dr Pailhas qui dès 1908 avait proposé (sans résultat à l’époque) la création d’un musée consacré à ce que l’on appelait «l’art des aliénés». Mais ce dont je suis sûre c’est que je m’étais permis, en 2008 déjà, d’attirer votre honorable attention sur l’inauguration du Musée de la Fondation du BS. Je déplorais alors que cette ouverture ne soit qu’un entrebaillement et que le discours d’accompagnement de l’événement tire plus la couverture du côté «psy» que du côté «art».
Il semble que, concernant ce dernier inconvénient, l’on y ait mis un bémol aujourd’hui. Une association a été créée. Elle s’intitule L’A.P.A.P.A. (Association Psychiatrie, Art et Patrimoine Albigeois). Elle vise à promouvoir et valoriser la Collection de Benjamin Pailhas qui compte rien moins que 26 auteurs. Celle-ci prend donc progressivement sa vraie place auprès des collections plus anciennement reconnues du Dr Marie ou du Professeur Ladame. Consultez donc le docu-visite d’Albi pour vous en rendre compte et parce que c’est votre petite âme errante qui vous le dit.
20:32 Publié dans art brut, De vous zamoi | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, charles jaufret, jean dubuffet, collection de l'art brut, collection benjamin pailhas | | Imprimer | | |
21.12.2012
Ne vous montez pas la tête avec l'art brut
On s’amuse comme on peut. En Suisse comme dans les Corbières. Même si on n’a pas toujours un pic de Bugarach sous la main.
Même si le calendrier maya s’est fourré le doigt dans l’œil. Car il faut bien le reconnaître, on s’est monté la tête avec l’Apocalypse promise et nous voilà de retour dans le même train train animulien.
On s’est monté la tête c’est aussi le titre d’un blogue partenaire de La Tribune de Genève.
Dans sa note du 18 décembre 2012, l’auteur de ce blogue sous-titré «mais on va pas rester perché-e-s (…)» donne ses impressions sur la collection de l’Art Brut de Lausanne. Avec une sincérité évidente dans l’expression de l’ambivalence.
Ce blogueur suisse «aime osciller» mais il «aime mieux être ravi». C’est son droit. Et il ne nous cache pas que le ravissement manque pour lui à l’appel lorsqu’il arpente «les sombres allées» du musée d’art brut. Lisez son texte pour voir si j’exagère mais le fait est que celui-ci ne manque pas de termes paradoxalement péjoratifs : «Fascination et pesanteur», «Eclat (…) si souvent sans beauté», «œuvres affolantes (…) comme pâteuses». «Ni élégance, ni légèreté, ni équilibre, ni maîtrise. Un déversement».
Des œuvres «tirées in extremis d’un néant» où l’on sent que l’auteur du blogue les laisserait volontiers. «Univers géniaux sortis des tiroirs» où l’on pourrait les «renfermer». rappelons qu’il s’agit de rien moins que des œuvres d’Aloïse, de Wölfli, de Madge Gill, de Scottie Wilson, de Clément, de Lesage, de Crépin et tutti quanti. Toutes les vedettes de l’art brut piedestalisées par Jean Dubuffet. Inélégantes, lourdes, déséquilibrées, sans maîtrise on vous dit!
En revanche divine «surprise» : les poupées de Bartlett, ce petit piment d’une perversion passée au crible de la culture bellmerienne! On s’est monté la tête «adore». «Gracieuses» et «magnifiquement exécutées» s’exclame-t-il. Normal : on est en terrain connu. «Inquiétantes» ajoute-t-il mais tout le monde peut se tromper. Je vous laisse juges.
Mais pour aider à votre réflexion je vous quitte sur plusieurs images de quelques petits mannequins de présentation croisés sur les comptoirs d’un grand marché de tissus bien de chez nous.
16:21 Publié dans Blogosphère, De vous zamoi | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : collection de l'art brut, poupées mannequins, morton bartlett | | Imprimer | | |
03.11.2012
Les Bartlett’s girls en tournée à Lausanne
Je me demande pourquoi, mon Dieu!, la Collection de l’Art Brut à Lausanne expose ça :
Et pourquoi elle n’a jamais encore consacré une exposition personnelle à ça :
L’exposition des poupées Bartlett commencera le 23 novembre 2012 et se terminera le 14 avril 2013. Aux dernières nouvelles, la nouvelle directrice ou le nouveau directeur de la CAB entrerait en fonction le 1er mars 2013.
20:45 Publié dans Ailleurs, art brut, De vous zamoi, Expos, Zizique | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : collection de l'art brut, morton bartlett, giovanni bosco, art brut, aqua, barbie girl | | Imprimer | | |
11.09.2012
100 bougies pour le Palais Idéal
Toutes proportions gardées, les anniversaires se suivent. Et bien sûr, ils ne se ressemblent pas. J’ai eu beau faire «un travail opiniâtre», je ne peux prétendre, même si c’est «mon rêve», aux 34 ans, 9000 jours, 65000 heures du champion d’Hauterives! C’est un boulot de Titan pour ne pas dire de Cheval.
De facteur Cheval s’entend, en l’honneur des 100 ans duquel la Collection de l’Art Brut consacre une nuit et une exposition. Lausanne, ne faisant rien comme les autres villes, s’offre en effet, le samedi 22 septembre, une nuit des musées au cours de laquelle sera projeté Violons d’Ingres, le fameux court-métrage de Jacques-Bernard Brunius dont je vous avais rappelé l’intérêt pionnier dès mes débuts en septembre 2005. La projection de ce film de 1939 où figure le Palais Idéal sera suivie de celle du «premier film de fiction dédié à Cheval» (y’en a-t-il eu d’autres?) de 15 mn chrono, intitulé, pour faire simple, Palais Idéal.
L’auteur, Ado Kyrou, écrivain et critique porté sur le cinéma surréaliste, est aussi un admirateur de Brunius. Sa contribution à la cinématographie chevaline, n’ayant pas eu la chance d’être enrôlée dans le DVD des frères Prévert, me fait l’effet aujourd’hui d’être plus à découvrir que celui de Brunius. Bien que Palais Idéal ait été tourné en 1958, soit près de 20 ans après Violons d’Ingres.
Le carton d’invitation de la CAB nous vante par ailleurs la musique jazz du film dont le «côté improvisé et l’esprit de liberté correspond bien au Palais Idéal» à ce qu’il paraît. Cette musique est de André Hodeir.
Il n’est pas indifférent de souligner également que, dans le film d’Ado (comme Adonis : il était grec), les textes du facteur Cheval sont dits par Gaston Modot. Cela vous laisse froids? Et bien revoyez L’Âge d’or, le brûlot surréaliste de don Luis (Bunuel) qui date de 1930. Le personnage de «L’Homme», prototype de l’amoureux fou et bien c’est Gaston Modot!
Ces deux films de la nuit lausannoise apporteront le soutien de leurs projecteurs à l’expo de photographies en couleurs de Michel Guillemot que vous pourrez voir à la CAB jusqu’au 30 septembre 2012. Un petit détour à la librairie de la Collection vous permettra de vous offrir le livre Palais Idéal du Facteur Chevalparu aux Nouvelles Editions Scala en 2011. Les photos de Guillemot y accompagnent (ou y sont accompagnées par) un texte de Gérard Denizeau.
Les petits malins parisiens qui voudraient maintenant pousser un grand hennissement à la Bobby Lapointe pour saluer à leur tour le centenaire de l’achèvement du Palais d’Hauterives pourront le faire bientôt aussi : exposition-hommage au Musée de la Poste en perspective.
Montage en cours!
00:49 Publié dans art brut, Ecrans, Expos, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, ferdinand cheval, palais idéal, jacques b brunius, ado kyrou, andré hodeir, gaston modot, michel guillemot, collection de l'art brut, musée de la poste | | Imprimer | | |
05.09.2012
A table à la Collection de l’Art Brut
Dommage que je l’ai pas su! C’est que ça m’aurait plu, à moi aussi, de m’envoyer un «filet de cannette (sic) farci à l’ail des ours»! Je ne sais pas si la «cannette» (resic) c’est la femme du canard gavée à la bière mais ça doit être bon. Cela mérite bien qu’on prenne des libertés avec la langue française, heu, je veux dire suisse puisque c’est à Lausanne que pareil délice s’est consommé le 28 août 2012. A Lausanne élue «ville du goût», de mai à septembre.
A Lausanne et à la Collection de l’Art Brut qui servait de cadre ce jour-là à un repas de Gabriel Serero pour 80 CHF (66,56 €) seulement par tête de pipe. Les têtes de pipes en question étant une personne triée sur le volet du Château Beaulieu parmi 1500 inscrites à l’opération «tables éphémères» et ses 3 invités choisis pour savourer la cuisine à l’azote liquide d’un chef renommé de la ville «en contemplant des œuvres percutantes d’artistes réfractaires».
Au cas où vous penseriez que j’exagère, qu’il faut toujours que je ri-cane, je vous ai apporté le menu.
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Et au cas où vous douteriez encore, au cas où vous penseriez que j’essaie de vous refiler en douce une de mes chroniques de la série Nos amies les bêtes, je vous conseillerais simplement de visionner le diaporama qui garde le souvenir de cet événement gastronomico-artistique qui vit le mariage du Ricochet solaire avec les «œufs de poisson volant au wasabi».
Détail qui a son importance : la Collection de l’Art Brut n’était que la 14e étape de cette opération gustative. L’art culinaire lausannois était précédemment venu s’attabler dans d’autres restaurants «qu’on a faits pour lui» : le D! Club (hip-hop!), la cathédrale (apéro avant de se taper la cloche), le stade de la Pontaise, le bateau L’Etoile du Léman et le Beau Rivage Palace (suite présidentielle).
Jean Dubuffet et Ferran Adrià n’ont plus qu’à bien se tenir!
11:19 Publié dans Ailleurs, art brut, Nos amies les bêtes | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : collection de l'art brut, lausanne | | Imprimer | | |
22.07.2012
Aloïse ricoche à Lausanne
Une belle endormie c’est la Riponne. Les Bergières assoupies c’est pas mal aussi.
Donc, si la dame du GPS vous dit : «montez le couloir rhodanien, tournez à droite, longez le lac!», obéissez. Lausanne cet été est repeinte aux couleurs d’Aloïse. Du moins sur le trajet qui mène du palais de Rumine au Château Beaulieu (3 mn chrono).
Comment je le sais ? Parce que j’ai de gentilles informatrices : Sarah Lombardi, la directrice de la CAB et Céline Muzelle qui a rédigé avec Jacqueline Porret-Forel le catalogue raisonné électronique de l’œuvre de notre Aloïse vénérée.
Céline Muzelle, avant mon départ en vacances, me le disait : «Je pense que les Animuliens vont apprécier ce rendez-vous sans précédent que nous offrent le Musée cantonal des Beaux-Arts et la Collection de l’Art Brut (…)».
Elle voulait parler des deux expos Aloïse Le ricochet solaire qui se tiendront jusqu’au 26 août 2012 au MCB-A et jusqu’au 28 octobre à la CAB de Lausanne. L’une «propose un parcours chronologique inédit dans l’œuvre de l’artiste (sic) vaudoise». Dans l’autre «une salle entière est destinée aux cahiers de dessins, qui sont comme la colonne vertébrale de son œuvre (…)».
Vautrée comme je suis à la terrasse de La Récré, sirotant le rosé frais de ce restaurant de Lourmarin, je peine un peu à comprendre le «ricochétisme» que JP-F définit ainsi :
«Le ricochet représente l’un des aspects fondamentaux de l’organisation mentale d’Aloïse. On peut le considérer comme l’un des fondements de son œuvre, siège de ses conceptions cosmogoniques, de son pacifisme, de sa religiosité, de ses amours fantasmées (…). Il traduit aussi le ressenti des phénomènes hallucinatoires liés à la psychose».
Malgré la sieste, je ne suis pas ramollie du bulbe au point de ne pouvoir tourner les pages des deux chouettes bouquins qui accompagnent les expos lausannoises.
Merci à la grande âme qui me les a fait parvenir dans mon gîte rural. Fidèle à une tradition d’élégante austérité, la publication de la CAB, sous une couverture de carton-bure et une reliure à la japonaise, contient pas mal de repros des dessins mais aussi des écrits d’Aloïse.
Les textes sont de Pascale Marini, commissaire de l’expo et de S. Lombardi qui nous apprend (ô hasard objectif !) que «c’est suite à une erreur dans la distribution d’un courrier que Jean Dubuffet entre en contact avec Aloïse».
Diffusé par Le Seuil, l’ouvrage-catalogue du MCB-A est un peu plus cher mais c’est du lourd ! Sans être pesant ! Rien d’un casse-croûte. Tout est découpé en petites bouchées ou en plats digestes qui s’intercalent parmi les nombreuses images en couleurs.
Les contributions écrites sont dues aux dames citées précédemment dans ma chronique et à Catherine Lepdor, conservatrice du MCB-A. Le contenu est trop riche pour que je vous en fasse des tonnes. Lisez ce livre indispensable aux fans d’Aloïse ! J’apprécie son côté précis : la biographie de CM, la biblio sélective qui n’oublie pas Aloïse ou l’infirmament du regard, un titre de Béatrice Chemama Steiner que je voudrais avoir trouvé, la liste des légendes des tableaux, les points de repère chronologiques.
Photo © NB.ARCH
Les souvenirs de JP-F sont agrémentés du fac simile de la fameuse lettre que Dubuffet lui adressa le 11 avril 1964. Ce roi du paradoxe y prétend qu’Aloïse «n’était pas du tout folle». Elle avait été reproduite dans le tome 4 des Prospectus et tous écrits suivants (Gallimard 1995). Mais sans le PS à la main qui éclaire sur la hiérarchie des valeurs de l’inventeur du concept d’art brut :
Cliquer sur l'image pour l'agrandir
21:25 Publié dans art brut, Ecrits, Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, aloïse corbaz, collection de l'art brut, musée cantonal des beaux arts, sarah lombardi, céline muzelle, jacqueline porret-forel, béatrice steiner | | Imprimer | | |