04.05.2015
Du pinard sur le tapis
Vous allez croire qu’avec ma sobriété légendaire (à peine 2 doigts de champ. dans les vernissages) j’ai passé aux oubliettes la question pinard. Avec Giraud c’est fatal le sujet revient vite sur le tapis.
Le catalogue du Sandre évoqué précédemment contient d’ailleurs en postface un sympathique texte de souvenirs de Pierre (?) un ami de Bob qui traite des divers bistrots qu’ils fréquentaient de concert.
Un verre de Chinon aux Négociants à qui sera capable de me dire qui est Pierre!
En attendant contentez vous de cet incroyable papillon rouge épinglé dans le catalogue sandrique.
Et puisque je suis dans la publicité, je résiste pas au plaisir pervers de vous mettre sous les yeux ce buvard issu d’un autre très remarquable catalogue.
Celui du londonien Sims Reed consacré à Jean Dubuffet. Une merveille d’impression.
11:20 Publié dans De vous zamoi, Glanures | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : robert giraud, jean dubuffet, sims reed | | Imprimer | | |
17.10.2014
Kopac & Cie, un catalogue d’anthologie
Slavko Kopac est de retour. A supposer qu’il soit jamais parti. Le veston pied de poule sur la photo historique de l’inauguration de la Collection de Lausanne c’est lui.
Dans notre quotidien amnésique qui voudrait nous faire croire que l’art brut est né avec le marché émergent aux alentours de 2005, elle témoigne du rôle essentiel de cet excellent artiste croate dès la constitution de la collection de l’Art brut dont il fut le conservateur jusqu’au transfert de celle-ci en Suisse en 1976.
C’est pourquoi, il est positif de constater qu’au moment où deux expositions d’envergure reviennent sur le sujet de l’art brut, L’Autre de l’Art au LaM et collection abcd/bruno decharme à la maison rouge,
il se trouve une Librairie-Galerie parisienne pour consacrer un catalogue à Kopac & Cie.
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Entendre par là : Kopac et ses amis, au premier rang desquels Jean Dubuffet, Kopac et ses livres, Kopac et ses œuvres (du moins quelques unes), Kopac et l’art brut.
Ceci pour reprendre les grandes divisions d’Emmanuel Hutin, le libraire dont on peut saluer le sens de la trouvaille et la capacité à la mise en valeur, par le commentaire et par l’image, des 71 numéros rassemblés.
Le show commence par un remarquable portrait de Slavko Kopac dû à Miguel Hernandez tout en formes sinueuses comme à son habitude.
Il est émouvant de voir ainsi réunis par un même tableau une des grandes figures d’origine de l’art brut (Hernandez) et un artiste qui, «parallèlement à ses activités à l’Art Brut» n’a cessé «de poursuivre son travail de peinture, sculpture et céramique» (Kopac). Qui possèdera cette toile de 1949 (n°43 du catalogue) prouvera son flair historique.
Le show se termine en beauté par des œuvres kopaciennes dont deux chouettes très chouettes (n°68)
et une encre et collage de 1959 (n°66)
Entre temps j’ai noté tellement de choses que c’est impossible de tout vous raconter. Des affiches, des paperolles hyper rares, des invitations, un ex-libris du collectionneur Edmond Bomsel par Alberto Giacometti (n°35)
des lettres de Gaston Chaissac, un Crabe sur la plage, gouache et collage d’épluchures de Philippe Dereux, un zinc clouté de Fernand Michel intitulé Bergeries (n°42). Ler dla canpane de Dubuffet avec une impression supplémentaire (n°11)
un exemplaire d’Evolucion d’Hernandez (n°12)
un exemplaire de La sourieuse rose de Jean L’Anselme avec des poèmes autographes (n°46)
Petits bouquins adorables parce que palpitants de la ferveur des débuts. Toutes ces merveilles sont proposées rue d’Argenson, au 5, dans le 8e arrondissement de Paris, près de l’église Saint Augustin.
A deux pas de cet Hôtel Le A où se tiendra du 23 au 26 octobre 2014, l’Outsider Art Fair.
16:07 Publié dans art brut, Ecrits, In memoriam, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : slavko kopac, jean dubuffet, michel thévoz, miguel hernandez, jean l'anselme, collection de l'art brut, lam, maison rouge, abcd, emmanuel hutin, oaf 2014 | | Imprimer | | |
10.04.2014
Préempter l’art brut
Dans la jungle de nos villes, le lion de l’État n’est jamais mort ce soir.
Non content de rugir des taux de TVA intimidants, il arrive qu’il ôte carrément de la bouche du collectionneur sa pauvre proie capturée en vente publique.
C’est ce qui est arrivé récemment lors de la Saison 3 d’une vacation Beaux-Arts à la Galerie rue Visconti.
Un de ces effrontés guépards qui courent derrière la moindre feuille volante qui passe, avait réussi à mettre la patte sur les Cinq petits inventeurs de la peinture.
Sans trop s’essoufler car les guépards, s’ils ont de l’appétit, manquent de thune sur la fin, c’est bien connu. Pour ce modeste papier plié en deux, notre infortuné enchérisseur avait pourtant de la réserve. C’est que ce tract-présentation d’une exposition lilloise de 1951 à la Librairie Marcel Evrard promettait la substantifique moëlle de Paul End (Paul Engrand),
Photo : Collection de l'art brut
Alcide, Liber, Gasduf (Gaston Duf),
Photo : Collection de l'art brut
Sylvocq (Sylvain Lecocq),
Photo : Collection de l'art brut
figures de l’art brut des origines, issus de l’Hosto Psy de Lommelet. De quoi saliver quand on a la fièvre acheteuse! Hélas, le coup de marteau fut suivi d’une claironnante «préemption» et notre guépard dut rentrer à la niche en maugréant.
Pour ceux qui l’ignorerait encore, la préemption est un droit régalien permettant à une collectivité publique, musée, archives (ou comme ici bibliothèque) d’acquérir en priorité un bien acquis aux enchères par un particulier. Rien à redire à ça puisque c’est la loi. Dura lex sed lex.
N’empêche qu’il n’est de loi qui ne s’applique avec doigté. Comme le dit Fabien Bouglé dans sa note sur Le Bon usage de la préemption parus dans Les Lois du marché sur le site de La Gazette de l’Hôtel Drouot : «En principe, la préemption, procédure exceptionnelle, n’est possible que pour les biens représentant pour la collectivité un intérêt majeur. (…). Si le bien est plus commun, l’État ou les collectivités publiques réaliseront leur achat comme un acheteur ordinaire, en entrant dans le jeu naturel des enchères».
Les amoureux de l’art brut seront ravis de constater que les Cinq petits inventeurs qui montèrent le samedi 5 avril 2014 jusqu’à la somme astronomique de 110 € (cent dix malheureux euros, vous avez bien lu !) furent considérés par la Bibliothèque Kandinsky, le préempteur, comme un bien d’un intérêt majeur. Même si le texte de Jean Dubuffet qui y figure est parfaitement accessible dans le tome 1 (pages 509-511) de Prospectus et tous écrits suivants publié à grand nombre par Gallimard.
La morale de cette histoire, je l’emprunte à cet écrit : «On appelle sain et raisonnable l’homme qui adhère totalement au mythe collectif». Et je la dédie à ceux qui, parmi les marchands d’art, seraient tentés de multiplier les clins d’œil aux institutions pour qu’elles affectent leurs maigres crédits à cet art brut dont elles ne voulaient pas hier et qu’elles vont enterrer aujourd’hui.
20:24 Publié dans art brut, De vous zamoi, Encans | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paul engrand, gaston duf, sylvain lecocq, jean dubuffet | | Imprimer | | |
10.10.2013
Chaissac et Dubuffet se retrouvent sur Les Sables
Y’a plus marqué la poste.
C’est au jeune quinquagénaire Musée de l’Abbaye de Sainte-Croix des Sables d’Olonne que l’on trouvera du 12 octobre 2013 au 26 janvier 2014 la belle expo Entre plume et pinceau. Après Paris, la Vendée : normal pour Chaissac/Dub.
La Correspondance de l’un et de l’autre sera passée au peigne fin le 30 novembre à 15h. C’est une Bible qu’on peut l’ouvrir au hasard. J’ai essayé.
Je suis tombée sur : «J’ai eu une petite passe anti porteplumiste mais tu es un très indulgent papa et tu ne m’en feras sûrement pas un grief. La patronne a été dans le ravissement avec la farine et tu es un très bon pape farine».
Ejusdem farinae pour le reste.
20:26 Publié dans Ecrits, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gaston chaissac, jean dubuffet | | Imprimer | | |
05.10.2013
Jean Dubuffet en excursion à New York
La Légion saute sur New York. La Légion d’honneur s’entend. Où saute-t-elle? Mais à la boutonnière de la veste de Arne Glimcher, Président de la Pace Gallery. Chevalier depuis 2003, il accède au grade d’officier pour engagement exemplaire en faveur de la vitalité de l’art dans le monde et généreuses contributions à des institutions artistiques françaises.
Parallèlement et jusqu’au 26 octobre 2013 on pourra suivre Jean Dubuffet dans ses excursions au milieu de nulle part (Excursions en no man’s space) à la Pace of NYC. 52 œuvres sur papier de la dernière décade de l’artiste.
«From figurative to abstract», du noir, du blanc et des couleurs primaires par un homme qui cherche lucidement la sortie. Mondes improbables et figures de passants apportées parfois par collage.
C’est pas d’hier que la Pace s’intéresse à notre Dubuffet national puisque c’est dès 1968 qu’elle a représenté celui «who coined the term Art Brut». Pas mal de publications à l’actif de Glimcher.
Cette fois-ci encore c’est lui qui s’y colle pour le catalogue. Un catalogue en robe de pomme de terre et titre à la diable de traviole dans la droite ligne des conceptions maquetteuses du tonton Jeannot.
20:30 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean dubuffet | | Imprimer | | |
11.08.2013
Quai Branly, ne ratez pas Ratton
Ne visitez pas l’Exposition Coloniale disaient les surréalistes en 1931.
Visitez plutôt en 2013 l’exposition Charles Ratton, L'invention des arts primitifs, au Musée du Quai Branly.
C’est l’occasion de découvrir la vie et la carrière d’un grand acteur du marché de l’Art Nègre qui est aussi une éminence grise de l’art brut.
Petit rondouillard à lunettes, toujours bien sapé, Charles Ratton mouilla toute sa vie sa chemise pour gagner sa thune en rêvant de faire entrer ses chers arts primitifs au Louvre. Ce marchand de chez marchand possèdait l’art d’accrocher son wagon aux locomotives médiatiques.
En 1931, sous prétexte que «ça aiderait», il persuade Paul Eluard d’organiser la vente publique de sa collection (et de la collec André Breton), pendant cette fameuse Expo Colo sur laquelle les surréalistes gerbaient pourtant avec quelques raisons.
Ceux-ci feront toujours confiance à Ratton même quand des rumeurs courront à son propos parce qu’il avait continué son business avec ardeur pendant l’Occupation.
A ses copains de la Brasserie Cyrano, Charles Ratton, en 1936, passe les clés de sa galerie pour une mémorable Exposition surréaliste d’objets où Breton se livre à une nomenclature subtile : «objets naturels, interprétés, incorporés, trouvés etc.».
Des «objets perturbés» par l’éruption d’un volcan en 1902 sont visibles dans l’expo du MQB.
Quantité d’expos et de ventes publiques sont encore à l’actif de Charles Ratton. Bien que tout ça soit hors de mon sujet, j’avoue mon faible pour La Mode au Congo de 1937 à cause de ces petits bibis.
Chacune de ces initiatives rattoniennes a donné lieu à des affiches, catalogues et flyers dont beaucoup sont rassemblés dans l’expo du Quai Branly à côtés des pièces provenant de la Collection et du Bureau (reconstitué) de Charles Ratton.
Pièces d’exception autour desquelles «on ne peut pas tourner» comme dit un râleur dans le Livre d’or. La plupart de ces œuvres d’art et de ces passionnants documents sont reproduits dans le catalogue de l’expo qu’il vaut mieux feuilleter avant la visite pour mieux déguster celle-ci.
La plupart sauf … quatre compactes et «grandiloquentes compositions» d’Hodinos (comme dit Jean Dubuffet auquel Charles Ratton les avait montrées)
et une «broderie» d’un «fou», dessin de fils blancs sur tissu noir dont on retrouve la trace dans le bouquin de Marcel Réja, L’Art chez les Fous(1907).
Mais ceci est une autre histoire que je continuerai la prochaine fois.
18:36 Publié dans art brut, Ecrits, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, arts primitifs, art nègre, charles ratton, jean dubuffet, andré breton, paul eluard, emile josome hodinos, exposition coloniale 1931, musée du quai branly | | Imprimer | | |
11.05.2013
L’Asphyxiante culture passe la nuit à Bègles
«La culture procure à qui en est doté l’illusion de savoir, qui est très pernicieuse, car un qui ne sait pas cherche et débat mais un qui croit savoir dort satisfait».
Cela fait un moment que j’avais pas lu ça. Je me replonge pas tous les jours dans Asphyxiante culture. J’ai tort. Si j’étais pas aussi cossarde j’apprendrais par cœur certaines des vérités finement paradoxales qui jalonnent ce petit livre de «libertés nouvelles» publié par Jean Dubuffet en juillet 1968 chez Pauvert (merci Jean-Jacques!).
Par exemple celle-ci qui sonne comme un avertissement aux «intellectuels prétendus révolutionnaires» de l’époque et qui conserve tout son sel aujourd’hui :
«La position de subversion cesse bien sûr s’il advient qu’elle se généralise pour devenir à la fin la norme. Elle s’inverse à ce moment de subversive en statutaire».
Bien jeté, non ? De nos jours où c’est la mode de discréditer Dubuffet tout en lui faisant les poches, où bon nombre de ceux qui ont l’art brut à la bouche se croient fondés (au nom dont ne sait quelle modernité) à «promouvoir» celui-ci en imposant une régression théorique «visant à nier la coupure épistémologique de son inventeur», il est réconfortant de savoir qu’une Nuit des musées va être consacrée à Bègles à une lecture publique de larges extraits d’Asphyxiante culture.
Réconfortant aussi de lire dans le dossier de presse de la Création Franche -puisque c’est dans cet établissement qu’aura lieu le 18 mai la performance- que «c’est un texte facile à lire, un manifeste dans lequel Dubuffet affirme que la culture (…) n’est plus au service des œuvres» et que «ce constat est encore terriblement d’actualité».
Qui c’est qui dit ça? Frédéric Maragnani. La voix qui portera ce soir là une pensée toujours novatrice qui ne demande qu’à s’envoler vers les âmes errantes de bonne volonté dont vous êtes (ou vous serez) chers Animuliens et Animuliennes de choc. Que vous ayez lu, mal lu ou pas lu du tout encore ce philosophe qu’était Jean Dubuffet.
23:05 Publié dans art brut, De vous zamoi, Lectures, Ogni pensiero vola, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, jean dubuffet, frédéric maragnani, création franche | | Imprimer | | |
25.03.2013
Art brut : la réalité dépasse les fictions
Maintenant que j’ai mis le nez dedans, impossible d’en sortir. Dans quoi? Mais dans la collection des «Cahiers» de l’Art Brut, badame. Elle tabasse tout cette collection! On y revient toujours au hasard des méandres de l’actualité.
Samedi prochain (30 mars 2013), par exemple, l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA) ouvrira de 9h30 à 13h sa salle Walter Benjamin au séminaire du CrAB consacré à Des fictions d’art brut parmi lesquelles il y a Juva.
L’occasion de se replonger corps et âme, pour réviser un peu avant, dans le n°21 des «Cahiers» évoqués plus haut. Cahier qui nous dit tout sur le cas de ce prince austro-russe, collectionneur de camées et de vases en cristal de roche, converti au silex dont il aime la matière au point de la sublimer en sculptures retouchées, peintes et soclées par ses soins.
Jean Dubuffet consacra très tôt (en 1948) à cette œuvre née d’un cache-cache avec la science préhistorique, à cette œuvre révélatrice du pur langage des formes, un texte qu’André Breton compara à «un tube d’escalier en vis sans fin». Et une exposition au sous-sol de la Galerie René Drouin.
A propos de «sous-sol», notons que Les Statues de silex de M. Juva, le texte de Dubuffet, se termine en boîtant sur ce mot. «Peu de gens», prophétise Dub, prendront garde aux statues de Juva mais «si quelques-uns pourtant se sentent ici touchés (…) par ce vent venant pour une fois non des points indiqués par la rose [des vents] mais de sous les pieds et de sous-sol (sic) – alors tant mieux».
C’est naturellement «de dessous le sol» qu’il faut lire. Dubuffet, dans l’édition originale ronéotée, a rectifié l’erreur à la main.
Celle-ci a été corrigée dans la version imprimée parue à l’été 1948 dans Les Cahiers de la Pléiade, revue dirigée par Jean Paulhan mais non -curieusement- dans le tome 1 de Prospectus et tous écrits suivants (1967) formaté par Hubert Damish.
Pinaillage, me direz-vous, mais c’est en pinaillant sur le sol et aux bords des rivières qu’Antonin Juritzky découvrait ses «pierres-à-figures» pour emprunter un terme à Boucher de Perthes (1788-1868), le père de la Préhistoire dont les théories, mélangeant vérités et divagations, donnèrent tant à rêver aux autodidactes.
Antonin Juritzky adopta le pseudo de Juva lorsque la science officielle l’expulsa de son délire pseudo-scientifique. Lui qui créait des «faux» qui ne dérivaient pas d’originaux fut convaincu de faire, en quelque sorte, des ready-made aidés et non des ready-made tout court! C’est arrivé à d’autres, à Robert Garcet notamment.
Le CrAB serait bien inspiré de se tourner vers ces exemples significatifs plutôt que de nous en faire des «schizomètres» avec une blague pataphysicienne déguisée en calembour lacanien qui, au fur et mesure qu’elle dure, perd tout son sel.
Bonus : Antonin Juritzky est l’auteur d’un ouvrage publié en anglais par un musée hollandais qui, contrairement à ce qu’avance Jacqueline Roche-Meredith dans le N°21 (p. 70) des Publications de l’Art Brut, existe bien (depuis 1939) et ne relève donc pas d’un soi-disant «délire mythomane» de Juva.
J’emprunte à cet ouvrage quelques photos et une introduction qui suggère une piste enfantine à la base des observations de Juva : «Walking in the spring of 1946 along a group of allotment gardens I was struck by a most charming scene. Playing children has marked off a kind of enclosure on the border of the field with little sticks, and inside this square they had laid a stone which was to represent an ox. Indeed, the stone -a flint- had the shape of a buffalo’s head (fig.1)».
19:15 Publié dans art brut, Parlotes, Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, crab, collection de l'art brut, jean dubuffet, juva, antonin juritzky, jacques boucher de perthes, robert garcet, emile fradinjacqueline roche-meredith, schizomètre | | Imprimer | | |
23.03.2013
Collection Pailhas : encore un effort
N’était leur fichue tendance à pâlir au soleil (au contraire de nous) I positively adore les couvertures multicolores des fascicules formant la collection des Publications de la Compagnie de L’Art Brut qui semble s’être définitivement arrêtée en 2007 avec le numéro 22. Elles me font penser à des bonbons acidulés et, quand vient le printemps, à l’étal d’un marchand de glaces.
Aussi ai-je récemment soulevé celle du n°3 pour déguster à nouveau Les Télégrammes de Charles Jaufret, le peintre d’enseignes de Revel. Cette étude a été rédigée par Jean Dubuffet il y a environ 50 ans. Heureux temps où l’art brut ne se trouvait pas sous le marteau des commissaires-priseurs ou sous la main des galeristes américains!
Dubuffet tenait d’un ami le cahier d’écolier «tout rempli d’une minuscule écriture au crayon» dont il transcrivit plusieurs pages et illustrations dans ce fascicule 3 habillé de jaune-citron.
Ce cahier d’écritures et de dessins avait été réalisé par un pensionnaire d’hôpital originaire du chef-lieu de canton de la Haute-Garonne : Revel. Il avait été «trouvé dans des papiers de rebut de provenance inconnue».
Quel ami? Quel rebut? Quelle provenance? On aimerait le savoir. Et ben, figurez-vous, mes p’tits curieux, qu’une piste vient de se dessiner à ce sujet.
La Fondation du Bon Sauveur d’Alby qui abrite le Musée Benjamin Pailhas a mis en ligne un document de visite virtuelle relatif à sa collection de sculptures,
cahiers et dessins
réalisés, du début du vingtième siècle à 1936, par des patients internés dans un établissement pour malades mentaux créé par des bonnes sœurs en 1835.
On y apprend que le cahier de Charles Jaufret conservé à Lausanne présente de grandes similitudes avec un cahier de la Collection Pailhas.
«Ces œuvres auraient été produites lors d’un séjour à l’hôpital» d’Albi par le même auteur.
Je ne sais plus qui -il y a fort longtemps- m’avait parlé du Dr Pailhas qui dès 1908 avait proposé (sans résultat à l’époque) la création d’un musée consacré à ce que l’on appelait «l’art des aliénés». Mais ce dont je suis sûre c’est que je m’étais permis, en 2008 déjà, d’attirer votre honorable attention sur l’inauguration du Musée de la Fondation du BS. Je déplorais alors que cette ouverture ne soit qu’un entrebaillement et que le discours d’accompagnement de l’événement tire plus la couverture du côté «psy» que du côté «art».
Il semble que, concernant ce dernier inconvénient, l’on y ait mis un bémol aujourd’hui. Une association a été créée. Elle s’intitule L’A.P.A.P.A. (Association Psychiatrie, Art et Patrimoine Albigeois). Elle vise à promouvoir et valoriser la Collection de Benjamin Pailhas qui compte rien moins que 26 auteurs. Celle-ci prend donc progressivement sa vraie place auprès des collections plus anciennement reconnues du Dr Marie ou du Professeur Ladame. Consultez donc le docu-visite d’Albi pour vous en rendre compte et parce que c’est votre petite âme errante qui vous le dit.
20:32 Publié dans art brut, De vous zamoi | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, charles jaufret, jean dubuffet, collection de l'art brut, collection benjamin pailhas | | Imprimer | | |
29.09.2012
Gaston Chaissac : « LA SOUPE EST À CUIRE »
De loin, j’ai cru que c’était un livre de cuisine. Posé à plat sur la table d’une librairie de mon quartier où je contemplais d’un œil maussade les piles de madame Angot. Des livres de cuisine, j’en ai 243 au moins. Un plein placard de cuisine. Mais je m’en lasse jamais.
Alors quand j’ai lu sur la couverture couleur lentille claire : LA SOUPE EST À CUIRE en gros caractères, je me suis dit que ça tombait à pic vu la saison qui se rafraîchissait. Et puis il y avait cette petite tête de poireau triste dessinée dans le coin à droite.
En m’approchant, je compris mon erreur. «Mamma mia! mais c’est un nouveau Chaissac que j’ai devant moi», me dis-je. Il vient de paraître et on m’avait rien dit.
La Soupe est à cuire reprend les premiers mots de l’ouvrage qui n’est pas, comme on pourrait s’y attendre un recueil de lettres du grand soupier qu’était Gaston Chaissac. Des recueils de lettre du Gastounet, il y en a déjà des masses de parus. Mais là, c’est plus que ça, c’est mieux que ça.
Les Editions Finitude qui ont publié 100 livres en 10 ans, émanant d’un tas d’auteurs au poil tels que Georges Darien, Eugène Dabit, Georges Perros, Henry Miller, Raymond Guérin, Henry David Thoreau, Robert-Louis Stevenson et Raphaël Sorin (voir ma note Produits d’entretien du 16.01.2006) ont eu la bonne idée de reproduire un livre unique fait à la main par le peintre de Sainte-Florence de l’Oie le 26 mais (sic) 1950.
Jean Dubuffet à qui il avait été adressé avait eu tout de suite envie d’en faire tirer 50 exemplaires mais en définitive le livre était resté inédit. Dubuffet, engagé lui-même, peu de temps avant, dans la réalisation de petits livres à la saveur rustique, ne marchande pas son admiration à Chaissac à propos de La Soupe est à cuire.
«Je mets cet ouvrage sur le plan des œuvres les plus précieuses que je connaisse au monde. Je trouve que cette œuvre de toi est ton œuvre maîtresse, une espèce de somme où tous les thèmes qui t’habitent se trouvent tous ensemble et d’un seul bloc projetés avec une force extrême.»
Collectionneurs, attention! Finitude n’a pas prévu, comme parfois, de tirage de luxe spécial. Cette édition qui restitue le manuscrit dessiné et calligraphié à la plume sur papier kraft ne s’éternisera cependant pas sur les rayons des libraires.
Toute basique qu’elle soit, elle est soignée et assortie d’une transcription typographique sur papier blanc ainsi que d’une préface de Dominique Brunet. Elle mérite donc de voisiner, pour ceux qui ont la chance de les posséder, avec Ler dla campane ou l’Histoire de l’aveugle.
15:38 Publié dans De vous zamoi, Ecrits, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gaston chaissac, jean dubuffet, editions finitude | | Imprimer | | |