04.05.2015
Du pinard sur le tapis
Vous allez croire qu’avec ma sobriété légendaire (à peine 2 doigts de champ. dans les vernissages) j’ai passé aux oubliettes la question pinard. Avec Giraud c’est fatal le sujet revient vite sur le tapis.
Le catalogue du Sandre évoqué précédemment contient d’ailleurs en postface un sympathique texte de souvenirs de Pierre (?) un ami de Bob qui traite des divers bistrots qu’ils fréquentaient de concert.
Un verre de Chinon aux Négociants à qui sera capable de me dire qui est Pierre!
En attendant contentez vous de cet incroyable papillon rouge épinglé dans le catalogue sandrique.
Et puisque je suis dans la publicité, je résiste pas au plaisir pervers de vous mettre sous les yeux ce buvard issu d’un autre très remarquable catalogue.
Celui du londonien Sims Reed consacré à Jean Dubuffet. Une merveille d’impression.
11:20 Publié dans De vous zamoi, Glanures | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : robert giraud, jean dubuffet, sims reed | | Imprimer | | |
27.04.2015
Richardo fait le gros dos pour Giraud
Richardo a bon dos.
65 ans après la sortie de Les Tatouages du «Milieu», le livre qui fit connaître «l’homme le plus tatoué du monde», celui-ci prête encore ce dos pour faire la couverture d’un catalogue de libraire.
«Je ne sais pas de lecture plus facile, plus attrayante, plus douce que celle d’un catalogue» disait Anatole France, une vieille barbe chahuté par la caillera surréaliste.
Si celle-ci n’avait pas tort, France l’amoureux des beaux livres avait raison sur ce point. Je suis comme lui. Dans les Salons du livre, je remplis mon baise-en-ville.
S’ensuit une semaine de délices à parcourir, dans l’autobus ou en attendant que mijote mon beurre blanc, des centaines de pages où se pavanent des bouquins pas possible que je pourrais jamais me payer. C’est super les catalogues! On saute d’une notice à l’autre et on se cultive tout de traviole. Le pied! Et puis de temps en temps on en sort un du lot et on se gargarise avec.
C’est le cas avec cette quatrième mouture de la Librairie du Sandre consacrée -heureuse surprise- à Monsieur Bob et à ses copains d’avant : Jean-Paul Clébert, Michel Ragon, Jacques Yonnet, Albert Vidalie…
J’en passe et des Richardo puisque Guillaume Zorgbibe, le jeune papa du Sandre (un poiscaille de choix pour les pêcheurs en eaux littéraires) nous propose des photos-promo et des lettres pas piquetées des hannetons du personnage immortalisé par Robert Doisneau. Non content d’avoir un nom épatant qui dans un alphabet ferait bouquet final, Zorgbibe Guillaume ressemble un peu à Paul-Jean Toulet.
Circonstance aggravante, il sourit tout le temps et il reçoit courtoisement, ce qui n’est pas banal pour un éditeur. Car G.Z. cumule les activités de libraire pointu et celles d’éditeur d’auteurs choisis, avec élégance et raffinement, dans les jardins peu fréquentés du 19e siècle surtout.
Mais je m’égare, je me noie. Revenons à la rive et à mes dérives favorites qui sont celles de l’art brut. Parmi de goûteux titres classiques : Enchanteur limousin de Michel Tapié, Les Inspirés et leurs demeures de Gilles Ehrmann, L’Enfant chandelier par Bob, le catalogue Giraud du Sandre brasse des perles rares et des pépites inconnues. Au rang des premières, il fo ranger 5 encres originales de Pierre Giraud, le frangin de l’autre. Sur cet artiste voir mon post du 15 mars 2007.
Au rang des secondes, j’ai choisi ce numéro de la revue Osmose où sont réunis R.G. et Gabriel Pomerand qui copinèrent pour La Peau du Milieu, le film avec lequel je vous pris la tête le 31 mars dernier.
Mais ce que j’adore, ce que je préfère c’est un méchant papier «imprimé à l’encre marine sur papier couleur chair». Le carton d’invit à la Nuit du tatouage organisée en 1950 pour la parution du livre de Jacques Delarue et Robert Giraud cité dans la première ligne de cette chronique qui n’a que trop duré.
23:09 Publié dans art brut, De vous zamoi, Ecrits, Images, Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : richardo, anatole france, robert giraud, pierre giraud, jacques delarue, guillaume zorgbibe, editions du sandre, paul-jean toulet, tatouages | | Imprimer | | |
31.03.2015
La Peau du Milieu passe au quai Branly
La Peau du Milieu, le film de Gabriel Pomerand passe en boucle au Quai Branly et on dirait que ça laisse tout le monde froid! Mais sacré nom d’un petit bonhomme, ce docu de 13 mn 43 s est pourtant le cœur palpitant de l’expo Tatoueurs tatoués que je vous ai signalée dès le 13 mai de l’année dernière dans mon inoubliable zoom sur Zoummeroff intitulé Crimes et châtiments.
Heureusement que l’expo branlyeuse dure jusqu’au 18 octobre 2015. Vous avez le temps d’aller visionner ce petit chef d’œuvre qui date d’un temps où les tatouages n’étaient pas des «tattoos» indolores et qualibrés aux normes d’un monotone et lucratif phénomène de mode.
La Peau du Milieu, sorti en 1957 mais tourné avant 1953, se situe à la charnière d’un temps de «classes dangereuses». Un temps de marginalité dramatique où les porteurs de tatouages arboraient ceux-ci comme les stigmates d’un destin social douloureux et implacable. Non pour faire joli ou pour se fondre dans un collectif faussement rebelle.
Même si les tatoués d’alors étaient sensibles au beau dans sa version sauvage. Même s’ils étaient dans le besoin de marqueurs identitaires propres à leur communauté délinquante qui se faisait drapeau de l’opprobe de la société ordinaire.
Depuis qu’Olivier Bailly nous a mis sur la piste de ce précurseur témoignage cinématographique sur les tatouages du milieu (voir ma note du 31 mai 2007, Fleurs de bitume à Paname), il n’aura fallu que 8 ans pour qu’il soit accessible au public.
Plutôt que le très cher catalogue (45 €) de l’expo, j’aurais aimé trouver, à la librairie du musée, le DVD du film de Pomerand mais il ne s’est trouvé personne pour commercialiser la chose. Dommage. J’ai peur que l’expo terminée, l’œuvre de Pomerand retombe dans l’oubli.
Jacques Delarue - Robert Giraud
Photo : Robert Doisneau.
Ecrit et réalisé avec le conseil artistique de Robert Giraud, incontournable connaisseur de l’humanité souterraine de la Mouffe, La Peau du Milieu a été tourné à La Rose rouge.
Un article comme je les aime (bien informé et pas pesant) existe à son sujet. Son auteur est Nicolas Villodre. Je ne saurais trop vous inviter à le lire sur le site Objectif Cinéma.
J’ajouterai seulement une remarque. En août 1953, Gabriel Pomerand écrivit aussi, pour le réalisateur Jacques Baratier, le scenario et le texte d’un film sur l’Histoire du Palais Idéal mais le projet n’aboutit pas. Cf. François Letaillieur, Gabriel Pomerand, galerie 1900-2000.
Selon Pomerand, «Cheval espérait un hommage de sa patrie reconnaissante. Mais sa patrie ne l’a pas compris, car l’art où il a excellé, l’architecture en l’occurrence, n’est pas encore arrivé au niveau de son ingénuité».
21:22 Publié dans Ecrans, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : gabriel pomerand, robert giraud, robert doisneau, la peau du milieu, tatoueurs tatoués, tatouages | | Imprimer | | |
08.05.2013
Le peuple des berges
La Seine monte. C’est le moment de lire Le Peuple des berges. Le moment d’acheter à pleines péniches ce récent titre de Robert Giraud pour en inonder vos amis.
On y assiste avec trouble et attendrissement au «carnaval perpétuel» de Nénette. A cette époque (dans les années cinquante du siècle de l’auteur), on n’avait pas peur du mot «clocharde».
«La cloche en argot c’est le ciel» nous dit la quatrième de couverture de ce recueil de neuf articles parus jadis dans Qui ? Détective.
A cette époque (8 octobre – 3 décembre 1956), les Nénette élisaient domicile sous les ponts de Paris. Cette âme errante abritait donc sa coquetterie guenilleuse «dans une alvéole du Pont-Neuf, au milieu de ses richesses» de carton. «Eté comme hiver, Nénette porte toute sa garde-robe sur elle» nous dit Robert Giraud. Et «sa toilette se complète obligatoirement d’un chapeau extrait, il y a une dizaine d’années, du plus profond d’une poubelle».
Image tirée de "La cloche et les clochards". Film réalisé en 1972 par Robert Bober pour l'émission d'Eliane Victor : "Les femmes aussi"
Cliquer sur l'image pour voir un extrait
Rien de bien original jusque là. Aujourd’hui que sont revenus les temps mauvais, il suffit de faire un tour sous le périphérique au marché aux puces de Saint-Ouen pour avoir une idée de ce que Bob évoque.
Plus captivantes en revanche, les lignes que Giraud consacre à la pulsion de parure corporelle de ladite Nénette. Pulsion qui en fait presque la prêtresse d’un body art avant la lettre. «Les heures que [Nénette] ne consacre pas à la recherche et au tri de nouveaux haillons (…), elle les passe à faire et à refaire son maquillage». (…) «Un affreux plâtrage dont le fond de teint est constitué par du Mercurochrome. Pour ses autres fards, Dieu seul sait dans quelles décharges publiques Nénette va en recueillir les ingrédients!».
Pouvoir de ce style ému mais précis du grand reporter littéraire! Giraud sait comme personne communiquer au lecteur sa fascination. Atteindre comme une balle le nœud du problème. Sans lui ôter de son mystère. «Nénette garde le secret du drame qui a dérangé sa cervelle».
Citons encore la relation de son jeu d’esquive facial: «De ce paquet de loques émerge le visage de Nénette, une face de gargouille peinturlurée où l’on ne remarque rien de ce que l’on regarde ordinairement : la couleur des yeux, la forme du nez, les dessins des lèvres…».
Les amoureux du vieux Paris, les amateurs de petits métiers insolites, ceux qui apprécient combien l’humanité et la créativité des gens du très-commun se dégagent du pittoresque, voudront lire ce recueil de chroniques nouvelles et néanmoins ressuscitées.
Personne ne s’étonnera qu’il soit préfacé par Olivier Bailly. Ni qu’il soit édité par Le Dilettante qui ne cesse d’inscrire à son catalogue les Bob-sellers de l’«envoyé spécial au royaume de la nuit».
20:26 Publié dans Ecrans, Ecrits, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : robert giraud, robert bober, robert doisneau, eliane victor, nénette | | Imprimer | | |
23.04.2009
Monsieur Bob est sorti !
Bob en stock ou Giraud c'est pas trop tôt. Mon usine à titraille fonctionne à pleins poumons. Je cherche la formule. La bonne formule pour me positionner comme il faut sur le netvibes. C'est que je voudrais pas que vous la loupiez, mes animulecteurs et lectrices préféré(e)s. Quoi donc ? Mais la sortie du livre d'Olivier Bailly, badame ! Monsieur Bob, c'est son titre (le vrai), dans la Collection Ecrivins, chez Stock justement. 14,50 €, c'est donné pour une très classe brique plate de 190 pages qui déformera pas vos poches de costard, messieurs, ni vos sacs à malice, mesdames, quoique dépassant tout de même vers le haut.
A force d'en entendre parler sur Le copain de Doisneau, le blogue de l'auteur (que j'appelle moi : Robert Giraud et ses copains), j'avais fini par m'en faire une idée qui ne correspond pas à la réalité. Je m'attendais à une bio un poil roborative, positiviste à l'américaine, avec tout le tremblement de notes, index et biblio en veux-tu, en voilà.
Suis-je bêtasse ! C'est aéré, fruité, sensible et informé. D'une information jamais lourdingue même quand l'enthousiasme d'Olivier Bailly pour son sujet l'amène à répéter un détail pittoresque : les 40.000 cartes postales de Robert Giraud, par exemple.
Mais une conversation de bistrot s'accommode de ces retours et le bouquin d'O.B. en a la saveur un peu nostalgique. Pas de pédagogie, une capacité à développer les arômes. Monsieur Bob se déguste comme une gaufrette au fromage au rythme d'un nectar de la Loire.
Croustillant comme une évocation, suave comme une célébration, astringent comme une vieille tristesse qu'on caresse sur la langue.
Olivier Bailly n'est pas un sauvage. Ne comptez pas sur lui pour appuyer sur les plaies. Mais la fêlure, présente chez un écrivain comme Robert Giraud depuis sa libération en août 1944 de la zonzon nazie pourrie où il attendait la mort à 22 ans, O. B. nous la fait sentir en douceur.
On a traité Robert Giraud de cossard. Lui, ce documentaliste hors pair ! Lui, cet auteur d'un chef d'œuvre (Le Vin des rues), de plusieurs romans et d'une tripotée d'articles sur l'argot, les clodos et les tatoués !
C'est vrai qu'il donne le sentiment parfois de ne pas s'acharner à terminer les choses. I prefer not to ..., diraient certains. C'est ce qui fait son charme.
Je ferai bien d'en prendre de la graine.
09:10 Publié dans Ecrits, In memoriam, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : robert giraud, olivier bailly, le vin des rues, stock | | Imprimer | | |
16.05.2008
Arts pathogènes, arts contaminés
Expédition des affaires courantes. Les vacances c’est joli mais si tu crois, ma pauvre Ani, que ça va durer ! Ta boîtolettres a profité de ton absence pour engraisser et tu croules sous les i-mêles de ta copine Sophie. Heureux tout de même qu’il y a les messages animuliens mais que de news à traiter alors que t’as pas déballé ta valise !
D’abord, pour les fidèles de ma note du 21 octobre 2007 relative à Pierre Della Giustina, un petit tour en Auvergne pour vous animuler de source sûre que cet artiste trop rare sera présent le mardi 20 mai 2008 à la Galerie Arkos de Gérard Gubbiotti (25, rue du Port à Clermont-Ferrand) pour le vernissage de son expo qui sera visible jusqu’au 21 juin.
Côté Genève, c’est déjà samedi 17 mai, de 14 à 18 h, la conférence : Relations et contaminations entre art contemporain et art outsider à la salle Ajuriaguerra du Domaine de Belle Idée, 2 chemin du Petit Bel Air (1225 Chêne Bourg). C’est dans le cadre de Follie Italiane, une expo dont je vous ai dit du bien le 23 janvier 2008.
Parmi les conférenciers Teresa Maranzano, Elisa Fulco, Rhomas Röske et Bénedicte Merland du MAD de Liège. «Contaminations» me paraît pas le mot idéal en ces temps d’OGM mais pourquoi pas jouer avec l’idée de maladie.
Qui est l’agent pathogène de «l’art contemporain» et de «l’art outsider»? On serait tenté de s’en tamponner le coquillard puisque l’un n’est qu’une variété de l’autre mais je sens mes griffes pousser quand je lis dans la présentation de la conférence que «L’art brut est resté longtemps enfermé dans l’enceinte rassurante des définitions établies par Jean Dubuffet et Michel Thévoz».
«Rassurante», mon œil ! L’art brut, puisqu’il est finalement question de lui, c’est comme l’inconscient, il a apporté la peste et il a pas fini.
Alors, pour ma part, je préférerais parler de «capillarité», surtout parce que l’art con (j’abrège pour aller vite) et son compère l’art out (ou ce qui se donne pour tel) se gênent pas pour jouer les éponges avec le sang neuf de l’art brut. La réciproque étant infiniment moins vraie.
Enfin, c’est égal, ça fait plaisir de voir des gens réfléchir sur le statut de l’art brut dans un contexte bien différent de celui de sa création. Même si la notion de «décloisonnement» autour de laquelle rôdent ces hardis explorateurs me paraît bien mince pour la complexité du problème et, pour tout dire, un retour à la case-départ.
A Paris, Chaissac a droit à la couverture d’un luxueux catalogue de vente publique. Livres, dessins et autographes de deux collectionneurs : François Jolivet et Ivan Bonnefoy, expertisés par Claude Oterelo. Beaucoup de choses par ci par là pour les Animuliens parmi lesquelles128 lettres du Gastounet à Dubuffet.
Une phrase parmi d’autres : «Ce matin j’ai confectionné deux statuettes avec les souches que Pierre Giraud et moi avions rapportées» m’amène, par capillarité sans doute, à vous inciter à l’achat de Paris, mon pote, le nouveau livre de Robert Giraud paru chez Le Dilettante même si Le Copain de Doisneau vous en a déjà parlé.
23:55 Publié dans Expos, Lectures, Parlotes, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, robert giraud, gaston chaissac | | Imprimer | | |
08.11.2007
Soirée photos au Vin des rues
On me demande à moi, Animula l’incollable, si je connais «les graffiti marins de Saint-Simon (Charente)» (voir commentaires récents sur ma calavéreuse note précédente).
Bien sûr que oui, cher lecteur ! Si vous cliquiez de temps à autres sur "toutes les archives " (pratique pour retrouver quelque chose) vous verriez s’afficher la liste de mes tags avec le mot-clé graffiti. Encore un p’tit clic sur ce mot magique et toutes les fois que j’ai causé de ces fleurs de murs s’afficheraient devant vos yeux.
C’est dès mes débuts, le 6 septembre 2005 précisément, que j’ai allusionné à propos des gabariers des bords de la Charente. Je vous ai même gratifiés d’une image de voilier qui naviguait sur un mur chouettement moussu. Si j’ai pas osé vous en donner plus, c’est que je trouvais mes photos à chier. Cependant, puisque vous insistez, je vous colle du rabiot.
D’ailleurs, c’est tout ce que je peux faire parce que je me remets à peine du vernissage Bob Giraud en noir et blanc au Vin des rues. (Bon anniversaire, Olivier!). C’est pas si fréquent d’aller boire dans un livre qu’on aime, du moins dans un bistrot qui porte le titre d’un livre etc. J’ai donc eu léger mal aux cheveux pour avoir abusé de l’aimable blanc pétillant – un plus qu’honnête Vouvray je crois – que l’on m’a offert.
Autour de moi, c’était la joyeuse presse des lichetronneurs de vin rouge, si bien que je craignais pour le gentil sweat blanc que j’avais traîné dans ce haut lieu de la commémoration giraudienne. Epinglé sur les murs, le héros du jour nous souriait en compagnie de l’écrivain Robert Sabatier, du commissaire Jacques Delarue et du photographe Robert Doisneau mais il fallait être fortiche pour voir ces clichés étant donné le monde autour du zinc du 21 rue Boulard (14e).
J’avais pas mon Kodak. Heureusement car j’aurais rien pu prendre. Malheureusement parce que l’image de la fine canne sculptée d’un des buveurs aurait fait bien sur mon blogounet.
J’ai eu un mal de chien pour m’approcher du photographe Colagrossi (Daniel, il me semble) et l’arracher à une interlocutrice aux boucles rousses. Il m’a signé son livret avec le portrait photo (vintage) de Robert Giraud que vous pourrez peut-être vous procurer encore mais dépêchez-vous, chers collectionneuses car il n’en a tiré que 20 exemplaires qu’il garde dans les poches de sa veste.
Tant pis pour ceux qu’étaient pas là. L’ambiance contribuait si bien à faire revivre Robert Giraud que je suis pas sûre de ne pas l’avoir croisé parmi tous les inconnus du Vin des rues. Pour ceux qui doutent que j’y sois allée, je parlerai de ces merveilles : les verrines au jambon rustique et le boudin tiède aux pommes sur tranche de pain grillé.
01:33 Publié dans Expos, Images, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Robert Giraud, Graffiti | | Imprimer | | |
15.03.2007
Un enchanteur limousin, Pierre Giraud
Animula, c’est bien connu, est un puits de science. Un petit puits à côté des profondeurs de ses lecteurs. Comment une petite âme errante serait pas larguée devant le savoir giraudien d’Olivier Bailly, son récent commentateur ?
Allez-y voir son site si je mens !
Sa note du 11 février 2007 : Chaissac, Giraud et les épluchures m’a rappelé que Robert Giraud avait un frère Pierre qui était peintre.
C’est lui l’Enchanteur limousin exposé au sous-sol de la Galerie Drouin en 1947. Il reste le triptyque sur papier pain d’épices édité à l’occasion avec un texte de Michel Tapié qui nous ramène une sœur dans la famille Gi :
«J’ai rencontré dernièrement, dans une mansarde de la rue Visconti, trois spécimens passionnants de ce pays inouï : Pierre Giraud, son frère et sa sœur, m’ont bouleversé par le fanatisme aussi enflammé que farouche avec lequel ils m’ont décrit leur Haut-Limousin».
Pierre Giraud en ce temps-là faisait des dessins madréporiques qui n’étaient pas sans évoquer quelque chose de Chaissac avec leurs formes aléatoires, leur petits poils de minéraux, végétaux sur les bords, leurs points criblants.
Il semble que des deux frères ce soit Pierre au début le personnage clé, encore que très jeune, 22 piges en 47. C’est lui qui connaissait Chaissac first. J’ai entre les mains l’invitation pour une expo qu’il a faite ensuite en 1950 à la Galerie Louise. Elle est adressée (le monde est petit) au journaliste et collectionneur Jean Selz.
Chez papa Rougerie, le vaillant éditeur des poètes (à Limoges bien sûr) les deux frangins ont pondu ensemble en 1958 L’Enfant chandelier
«J’ai planté mon royaume de pierre calcinées
Lanternes sourdes flèches de braises».
Plus tard, il semble que Pierre est revenu à des sentiments plus naïfs comme nous l’indique un dépliant San Francisconien de vers 1961 : «Despite this recognition, Giraud in 1950 decides to forego the rigors of the Art Brut movement, and to return to what he really was, a naive, autodidactic painter».
Vous noterez qu’on employait déjà le mot «Art brut» aux U.S.A. à l’époque et vous n’oublierez pas d’aller vous rincer la dalle «Au Rêve», rue Caulaincourt, sympathique troquet devenu très tendance mais où la patronne se souvient toujours de «Bob»
21:30 Publié dans Ecrits, Expos, Glanures, Jadis et naguère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Pierre Giraud, Robert Giraud | | Imprimer | | |