23.11.2010
La Collection particulière de Gérard Farasse
Comment résister à un livre quand sa couverture est ornée d’une photo prise dans le jardin de sculptures de Gabriel Albert à Nantillé?
J’ai donc acheté chez Tschann, où je venais pour autre chose, le bouquin de Gérard Farasse tout frais pondu par le Temps Qu’il Fait, éditeur à Cognac. Collection particulière, c’est le titre de ce volume de textes littéraires en diable mais de langue limpide. Il administre la preuve par l’image que les Charentes ont bel et bien ouvert un œil sur l’œuvre de ce rêveur de campagne qui n’en finit pas d’attendre l’autobus de la patrimonialisation au carrefour de Chez Audebert.
Georges Monti, le photographe, s’est mis à genoux devant pour prendre en contre-plongée la galerie circulaire de bustes souriants. C’est avec le même respect et le même sens du témoignage que l’écrivain s’est approché, de biais, des tapisseries de Jules Leclercq qui, elles, sont à l’abri.
Le premier texte de son recueil (qui traite de tableaux, de photos de famille, de cartes postales jaunies, de vieilles pubs, de baba au rhum, de souvenirs, de mots rares et de correspondances naïves) leur est consacré.
Avec une sorte d’humilité poétique qui magnifie vachement ses sujets sans se départir d’un sens aigü de l’observation, Gérard Farasse touche au cœur de la question hautement paradoxale de la conservation de l’art brut.
Selon lui, Jules Leclercq, avec ses tapisseries, avait su se ménager «une chambre secète» dans l’hôpital de briques où il résidait. Farasse en conclut que Leclercq «n’aurait pas aimé, on le suppose, que n’importe qui puisse y pénétrer et qu’on expose à tous les yeux, comme aujourd’hui, ces œuvres de survie».
Cette pertinente remarque, quand on l’a lu, trotte dans le ciboulot. Raison de plus pour lire Collection particulière.
00:20 Publié dans art brut, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, gabriel albert, jules leclercq, gérard farasse, georges monti, editions le temps qu'il fait | | Imprimer | | |
16.02.2007
Leclercq au séminaire
Après tous vos crêpages de chignons ramireziens, je ne sais plus très bien si vous voulez aimer ou connaître, vous creuser le ciboulot ou vous laver le cerveau, vous shooter à l’Angelico ou au Panamarenko, souffler dans les bronches à Jeannot (Dubuffetto) ou pisser dans le violon d’Ingres.
La démocratie participative, c’est pas d’la tarte sur notre planète brute, je vous prie de me croire. Mais tant pis pour les intellophobiques je ne peux pas laisser passer le séminaire du GREC (rien à voir avec les vases à figures rouges) du samedi 24 février 2007 sans vous en avertir.
Si vous avez 5 euros qu’on vous demandera pour «participation aux frais», allez-y, c’est 83 boulevard Arago à Paname et c’est Lise Maurer et Geneviève Piot-Mayol qui s’y collent.
Bon, le titre craint un peu : De la trinité en déroute au sinthome (glop, glop, glop !) mais sachez qu’il s’agira tout simplement de Jules_Leclercq.. C’est pourquoi Savine et Christophe (Faupin et Boulanger) seront aussi de la partie, de 14 à 16 heures 30.
00:20 Publié dans Parlotes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Jules Leclercq, Panamarenko | | Imprimer | | |
04.02.2007
Brut, Con et Naïf
Je m’apprêtais à vous signaler que c’était reparti comme en 14 pour Jules Leclercq et que ce prométhéen brodeur était descendu dans mon Auvergne jolie, où le Musée Mandet de Riom accueille jusqu’au 1er avril 2007 l’expo Donneur de feu quand, tombant de Charybde en Scylla, je me suis chopée la première crève de l’année qui m’a laissé le nez dans mon mouchoir jetable. Je ne dis pas ça pour ceux que ma petite santé intéresse mais ravagée par les atchoums, le monde m’est apparu sous un jour plus vain.
A quoi bon vous recommander Con comme la lune, le spectacle-lecture de Jean L’Anselme et Denis Parmain le dimanche 11 février 2007 à la Halle Saint-Pierre ? Ne vous ai-je pas parlé déjà de ces «poésies au ris de veau, au ris au laid, pleine de ris aux mots», de ce poète à part, compagnon de route de Dubuffet et de Chaissac ?
Allez donc rabâcher d’ailleurs avec une quinte de toux toutes les trois phrases !
Votre petite âme errante a beau se bourrer d’aspirine, sa petite tête n’arrive à se concentrer sur rien. Tout juste si elle a pu parcourir d’un œil fièvreux le bébé-article sur les Naïves sirènes paru dans le dernier numéro d’Aladin, le magazine des chineurs. Il annonce l’exposition de la partie de la collection d’Anatole Jakovsky (et non : «Jadovsky», comme l’estropie le journaliste anonyme) consacrée aux sirènes.
J’avoue que je suis pas folle des sucreries de peintures représentées dans le dossier de presse de Sirènes en scène mais il y a là-dedans «une vingtaine d’objets décoratifs d’art populaire» qui pourraient peut-être valoir le déplacement jusqu’au Musée maritime, fluvial et portuaire, espace des Marégraphes. On signale aussi, raison de plus!, la sirène en cire à cheveux humains qui appartînt à Robert Desnos.
Les p’tits malins ont déjà vu ce troublant simulacre en 2003 dans l’expo du Pavillon des arts Trajectoires du rêve dont l’excellentissime catalogue se vend en ce moment pour une bouchée de pain chez les bons soldeurs, du genre Mona lisait.
23:25 Publié dans Expos, Lectures | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, jules leclercq, jean l'anselme, anatole jakovsky | | Imprimer | | |
05.12.2006
Art brut, art culturel : des relations contre-nature ?
Ce que ça vole haut, ces temps-ci, je vous dis pas ! Un récent et sagace commentaire de S.H. à propos de mon post du 6 brumaire 2006 : Jules (Leclercq) et Diego (Velasquez) s’interroge sur la nécessité de peser l’un et l’autre sur la même balance. Faudrait pas la pousser beaucoup pour que votre petite âme errante trouve comme lui «saugrenue» cette insistance du dossier d'aide de l’expo de Lille à trouver des origines velasquézoises à la tapisserie de l’homme du commun d’Armentières.
Pour tordues qu’elles soient, les relations entre l’art brut et l’art culturel n’existeraient-elles cependant pas ?
On peut en douter depuis que Wölfli a fait une pub à la soupe Campbell, depuis qu’Aloïse a fourré des papiers de chocolat et collé des images de Vierge à l'enfant dans ses œuvres.
Il est certes plus confortable de nier ces relations contre-nature en se crispant sur une position dubuffetienne pure et dure que de chercher à les élucider. Mais c’est fermer les yeux sur les gueules pleines de crocs d’Auguste Forestier où il est difficile de ne pas entendre l’écho de la Bête du Gévaudan qui continuait à gronder du côté de l’asile de Saint-Alban.
De telles rencontres du 3e type existent bien. La théorie du fossé infranchissable entre art brut et art cul est bien gentille mais elle est un peu ravageuse dans le genre manichéenne.
Il reste à penser la distance qui existe entre l’autoportrait de Dürer et le dessin de Curzio di Giovanni (voir ma note du 21 novembre : Visitez l’atelier d’Adriano e Michele), il reste à élucider les processus de transformation qui métamorphosent l’un en l’autre et c’est ça qu’est passionnant, mes p’tits Animuliens, pas de savoir si l’art brut est né en Suisse ou en Lozère.
Ceci dit, quitus à Mr S.H. : cela devient en effet furieusement tendance de comparer les images brutes et les images cultu au petit bonheur la chance.
J’ai peur que l’exposition 20 œuvres dans 20 musées (1er déc. 2006-30 janv. 2007) de nos amis d’Art en marge ne cède un tantinet à cette mode.
20:30 Publié dans De vous zamoi, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : art brut, Jules leclercq, Auguste Forestier, Adolf Wölfli, Aloïse Corbaz, Art en marge | | Imprimer | | |
15.11.2006
Demis naïfs et quarts de brut
Les choses bougent à une vitesse! Le temps de la clandestinité pour l’art brut est révolu. L’art brut et toute une création jadis souterraine qui explose à la surface comme une taupe, chauffée par la canicule (ça recommence, j’ai failli crever dans mon nouveau duffle-coat). On peut plus ouvrir un canard sans qu’une info singulière vous saute à la goule.
La semaine dernière, La Gazette de l’Hôtel Drouot délaissait un peu le livre des records pour nous offrir une balade en Limousin. Et là qu’est ce que je vois? Un petit visage moustachu coiffé à la gallo-romaine, à l’intérieur d’une sorte de chapeau de Napoléon.
J’ai reconnu Masgot, le village de François Michaud, paysan et tailleur de pierres de la Creuse et une de ses sculptures en granit local dont cet autodidacte de l’art orna le portail d’entrée d’un potager du 19e siècle.
Un peu plus tard, triant de vieux papiers à mon daddy qui garde tout, la chance a voulu que je tombe sur un vieux numéro tout noir de Canal datant de mars-avril 1978.
J’étais minote en ce temps-là et j’ignorais qu’un monsieur Durozoi (Gérard) avait écrit déjà un article sur Jules Leclercq : Délire et création. Par exemple : J.L.
Je le signale pour verser un peu d’huile sur un récent débat qui risquerait de s’enliser dans des questions de dosage : brut de brut / brut naïf / naïf de chez brut / naïvement brut / brutalement naïf ? J’avoue que je suis trop brûlée ce soir pour trancher la question.
Avec mes petits yeux qui se ferment tout seuls, j’aurais tendance à vous dire, en étouffant un bâillement, que j’ai pris un pied égal -quoique différent- à fréquenter les œuvres de Michaud et de Leclercq. Et ça, ça compte aussi, n’est-ce-pas?
00:40 Publié dans art brut, art naïf, Gazettes, Glanures, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : françois michaud, jules leclercq, art brut | | Imprimer | | |
06.11.2006
Jules (Leclercq) et Diego (Velasquez)
Dans la série Je voudrais savoir, j’aimerais aussi qu’on me dise (au secours, chers lecteurs) qui est exactement cette Jacqueline Vizcaïno dont les œuvres kaléidoscopiques figurent en ce moment dans une expo collective qui se tient jusqu’au 26 novembre à Bègles près de Bordeaux, au Musée de la Création franche
Son pointillisme, ses entrelacs où viennent se pièger des oiseaux, des visages et des fleurs, me font penser à certaines productions de médiums ou de radiesthésistes, genre Crépin ou Godi mais peut-être que je me trompe (d’éléphant lillois, bien sûr).
Tant que vous y êtes, si l’un ou l’une d’entre vous, étaient capables de m’administrer la preuve qu’une reproduction du tableau de Diego Velasquez, La Toilette de Vénus, figurait bien dans les affaires de Jules Leclercq à sa mort, je lui ferais la bise au Jour de l’an.
Le dossier d'aide à la visite de l’exposition Jules Leclercq (Les Chemins de l’art brut 5) à la Catho (je n’ai pas pu m’empêcher d’y retourner) a l’air de tenir pour avéré que l’image du peintre espagnol «a fait une forte impression sur J. L.».
20:40 Publié dans Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : Jules Leclercq, art brut | | Imprimer | | |
06.10.2006
Jules Leclercq en colloque
Brodeurs de tous les asiles, unissez-vous!
A propos de Jules Leclercq, j’ai reçu un nouveau texte de Madeleine Lommel car nulle n’ignore que ce carabiné créateur est un petit chouchou à elle. Je vous communique d’autant mieux ce morceau_de_bravoure qu’il diffère du texte que la Présidente de L’Aracine a publié dans le catalogue de l’exposition Jules Leclercq (Les Chemins de l’art brut, force 5) dont je vous ai déjà causé. Si ce n’est pas déjà fait, grouillez-vous de vous procurer ce catalogue. Il n’est tiré qu’à 1000 exemplaires, aïe, aïe, aïe, il va s’épuiser très vite. Il répertorie et documente 39 œuvres de Leclercq dont 30 figurent dans l’expo avec des repères chronologiques et une biblio. Vous pouvez jouer à saute-mouton avec les préfaces qui nous présentent la catho (on s’en fiche), l’extension du MAM Lille-Métro (on est fatiguées d’en entendre parler), foncez sur les souvenirs du Dr Jacqueline Serret-Defrance qui a connu Leclercq à la fin de sa vie (1963), sans négliger ceux de l’incontournable Dr Claude Nespor. Réservez pour plus tard les Proscopomènes (?) de Michel Fontan qui ne sont pas inédites et s’il vous reste du temps de libre, sachez que vous avez encore 2 articles et pleins d’images en couleurs pour vous gaver l’esprit et la rétine.
23:55 Publié dans Parlotes | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Jules Leclercq, art brut | | Imprimer | | |
31.08.2006
Jules Leclercq à la Catho
Même fermé le MAM bouge encore.
En association avec l’Université catholique de Lille, il arpente pour la 5e fois ce qu’il a convenu d’appeler ses Chemins de l’art brut. Pour cette première escapade hors les murs de Villeneuve d’Ascq, reconnaissons qu’il fait fort. C’est une exposition sur un ténor mal connu de l’art brut que le Musée d’Art moderne Lille Métropole nous annonce en effet en cette rentrée des classes.
Bon, allez je vous fais pas languir, il s’agit de Jules Leclercq, grand brodeur devant l’Eternel. Jules Leclercq (1894-1966), comme Pénélope, appartient à la race des détricoteurs. S’occupant du tri du linge à l’hosto psy d’Armentières où l’ont conduit dès 1940 ses hallucinations, il récupère et effiloche tissus et vieilles chaussettes (de l’archiduchesse) qu’il commence à broder en tapisseries à partir de 1949.
Auparavant, créateur d’une autre mode pour un autre monde, il détestait pas se confectionner, selon le témoignage du Dr J. Serret, des vêtements assez personnels, parmi lesquels une casquette brodée de l’inscription Mort à Benoit, gentillesse spéciale destinée à pourrir la vie du surveillant-chef qui avait signé son admission.
Pour ses broderies, Leclercq délaissa les cahiers où il rédigeait de longues suites de conjurations contre les menaces dont il se croyait l’objet. Cet ex-chiffonnier, qui se proclamait médium et «donneur de feu», bâtira une œuvre originale avec ses tapisseries.
Comme ses écrits, elles «regorgent de sexe» pour s’exprimer poliment, à la façon de Michel Fontan, auteur d’une préface sur lui. Madeleine Lommel qui a beaucoup bossé dans le passé pour faire connaître les créations de J.L. a bien voulu gratifier sa petite âme errante d'un texte et d’images. Question doc sur le sujet, à part un petit dépliant que l’Aracine pondit aux temps héroïques du Château Guérin de Neuilly sur Marne pour une expo Leclercq de fin 1988 à début 1989 (j’avais encore mes couettes), il n’existe, à ma connaissance, que le fascicule Sandoz de Claude Nespor paru dans la série Psychopathologie de l’expression en 1970 mais c’est duraille à trouver chez les bouquinistes. Alors j’attends beaucoup du catalogue qui, je l’espère, accompagnera l’expo de la Catho de Lille (60, bd Vauban).
Le vernissage est le vendredi 15 septembre à 18h30 et ça dure jusqu’au 16 décembre 2006, sauf le jour du Seigneur et les jours fériés. Quant à la messe de rentrée, c’est le 27 septembre à 18 h 30 et, pour celles et ceusses que ça intéressent, y’a un colloque pluri (hi,hi) disciplinaire de prévu en plus le samedi 7 octobre.
12:10 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Jules Leclercq, art brut | | Imprimer | | |