23.03.2012
DRAWING NOW, Dan Miller à Paris
On m’écrit de New York. Les magnolias sont en fleurs.
Ici, le printemps fait ce qu’il peut mais il a du sang sur la tête et cela plombe l’atmosphère. Je me réfugie dans le rêve. Dans un paysage vert et vallonné qui fait penser à une Suisse normande quelque peu américaine, je roule en dormant derrière un cycliste coiffé d’un casque tout blanc. «Dan Miller!» me dis-je, en ouvrant les yeux parce que suis pas en avance vu qu’il est déjà 8h.
Dan Miller, vous savez, c’est ce peintre-dessinateur qui tresse les lettres de l’alphabet et superpose les lignes de mots en échappement libre pour aboutir à des sortes de mille-feuilles graphico-insignificatoire.
Il fait partie des 5 d’Oakland dont je vous ai parlé, il y a 5 ans, dans ma note Montreuil California. Dan Miller, dont la tête est toujours protégée parce que l’épilepsie dont il souffre risque de le faire chuter, fréquente le Creative Growth Art Center.
Celui-ci exposera pour la première fois au salon du dessin contemporain qui se tiendra au Carrousel du Louvre du 28 mars au 1er avril (ce n’est pas une blague!). Trois de ses vedettes au programme : Donald Mitchell, Dwight Macintosh et… Dan Mimi himself.
On conçoit que pour le creative Growth la semaine prochaine sera très excitante puisqu’un autre événement majeur se profile pour lui, relativement à Dan Miller encore. Il s’agit de l’expo à la galerie parisienne Christian Berst qui sera vernissée samedi 24 mars 2012 de 16 à 20 h, entre le goûter et l’apéritif.
Le message-annonce du CGAC ne dit pas si les viennoiseries et les cacahuettes seront au rendez-vous. Cependant je le cite : «Dan Miller’s first solo show in France, Graphein, wild be held at the prestigious art brut gallery, Galerie Christian Berst. The title of the show is greek for «mark-making» or writing/painting and perfectly depicts Miller’s tireless creativity-superimposing considerable layers of writing to the point abstraction».
Quasi dans les mêmes heures, au fond de la cour et au 2e étage du 50 rue d’Hauteville dans le 75010, on fêtera la sortie du nouveau numéro de la revue Area : Artiste, un métier ?
La revue d’Alin Avila s’interroge «sur le statut de l’artiste et son rôle dans la société».
Cela a son charme aussi.
En se démerdant bien on peut facilement se faire les deux vernissages, pas si éloignés sur Google maps.
23:48 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos, Miscellanées | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, galerie christian berst, daniel miller, creative growth art center, salon du dessin contemporain, revue area, alin avila | | Imprimer | | |
26.03.2011
Area, folie et alentours
Jeudi soir c’était le lancement de la fusée Area 24. Votre petite âme errante était sur le pas de tir : la librairie L’Atelier, rue du Jourdain. Un nom idéal pour le baptême du numéro Art, folie et alentours auquel je souhaite une carrière d’enfer.
Pas mal de gens, attirés là par la photo du flyer invitatoire qui reprenait la couverture de cette livraison printanière d’une luxueuse -mais pas chichiteuse- publication dont je kiffe le programme : «l’art pense le monde».
I positively adore ce portrait d’une mamie souriante (Melina Riccio), coiffée d’une marotte dont les grelots sont des fleurs. Aux antipodes de cette caricature du schizo dangereux dont la propagande sécuritaire nous gave depuis 2007 en France!
Mais je m’énerve et pour me calmer, je me suis offert en zakouski le petit dernier de Jean-Pierre Verheggen : Poète bin qu’oui, poète bin qu’non?
D’où j’étais placée, j’avais un œil sur le chandail chiné d’Alin Avila, dirlo de la revue et modérator de la soirée et l’autre sur le profil d’Hélène Giannecchini, première main de son équipe sur ce chantier «de l’art et de l’Art brut».
Les art-thé-rapeuses étaient venues en force, les CrABichettes aussi. Parmi ces dernières, Pauline Goutain pétillait d’entrain. On la retrouvera le 31 mars au séminaire Art et folie à l’INHA. Un grand collectionneur fit une apparition mais les keums étaient minoritaires. Michel Nedjar heureusement était en verve. «Chacun détrônait la théorie qu’on avait sur l’art brut» dit-il en évoquant les créateurs successivement rencontrés par L’Aracine Canal historique.
Et j’ai applaudi ça. Bref, ça partait dans les tous les sens et on risquait de perdre de vue le fret embarqué dans la fusée sous diverses étiquettes : art à l’hosto, valeurs du brut, surréalisme, expos fondatrices, collections, perspectives lameuses, rôle de la Halle St-Pierre, jardins d’art brut, fanzines, marché etc.
Perdre de vue aussi la diversité de l’équipage de ladite fusée : scientifiques, psys, grosses têtes musclées sur le sujet, artistes et/ou créateurs parmi lesquels Oreste Fernando Nannetti, André Robillard, Charles AA Dellschau,
Richard Greaves, André Pailloux, Alain Ruault, Unica Zürn, Giovanni Bosco
Franchement c’est si riche que j’aurais pas aimé être à la place de Mr Avila ce soir-là. Mais c’est le genre de pilote aussi capable de recentrer un débat (quand il part en sucette) qu’il est habile à dompter une matière rédactionnelle emballée. Il n’a pas son pareil pour débusquer candidement la langue de bois. Aussi a-t-il obtenu, avec un plaisir visible, la substantifique moëlle des oratrices de la tribune : Céline Delavaux et Anne-Marie Dubois. Un tel regard, bienveillant mais pas complaisant, c’est fou comme le petit monde de l’art brut en avait besoin sans s’en rendre compte. Il lui fallait pour cela un témoin extérieur. C’est pourquoi le n°24 de la revue Area fera date.
Rassemblant des «voix autorisées» qui se crêpent parfois le chignon en famille, il aura un impact fédérateur. Il est lancé à un moment où le public cherche à faire le point sur «plein de territoires un peu compliqués» constituant l’espace brut. Un vade mecum sur papier lilas avec des dates et un lexique l’y aidera.
Pour le reste c’est la méthode Avila qui fait son office. Des contributions informées mais légères. Pas de casse-croûte. Sont privilégiés les entretiens qui laissent la parole aux acteurs.
Et des fois, c’est pas triste. Une interview inédite de Madeleine Lommel (Rouspéter dedans!) contient par exemple ce jugement vachard mais juste: «ce qui était la force de l’Art Brut c’était son intimisme. C’est devenu branché».
18:35 Publié dans art brut, Ecrits, Gazettes, Lectures, Parlotes, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : revue aera n°24, art folie et alentours, alin avila, art brut, melina riccio, jean-pierre verheggen, hélène giannecchini, pauline goutain, michel nedjar, madeleine lommel, claire teller, l'aracine, oreste nannetti, charles aa dellschau, giovanni bosco, céline delavaux, anne-marie dubois, eva di stefano, roberta trapani, crab | | Imprimer | | |