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08.03.2015

Art brut : la collection du Dr Lafora

On a retrouvé le «schizophrène espagnol inculte». Son nom c’est Pedro. Pedro Alonso Ruiz et devant ses «sujets de compositions orientaux» on chanterait bien comme Marie Dubas: «Pedro, Pedro, Je t’ai dans le sang, je t’ai dans la chair, je t’ai dans la peau, Pedro!». Tant ces aquarelles nous ravissent au sens fort du terme.

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Pedro n’était peut-être pas tout à fait schizo. Plutôt bipolaire on dirait aujourd’hui. Et pas sans culture non plus à vrai dire. Doté plutôt d’un genre de culture populaire que le Dr Lafora -révélateur pourtant de son œuvre- semble étrangement avoir compté pour du beurre. Forgeron et musicien pour le fun avant son entrée dans un hosto psy de Tolède où il passa les années 1916 à 1941 avec un court retour à la case maison du fait de la guerre civile.

De Tarragone à Cadix, y en a pas dix, pas neuf, pas huit, pas sept, même pas six. Et jusqu’à San Sebastian pas cinq, pas quatre, pas trois comme toi Pedro.

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Aussi ai-je chaussé mes nouvelles lunettes Anne et Valentin pour aller voir l’exposition rouge et verte de tes bouquets, de tes oiseaux, de tes chevaux à la Galerie Berst qui les montre jusqu’au 11 avril 2015 en compagnie d’autres pièces d’autres auteurs provenant de deux collections de psychiatres espagnols.

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Le commissaire associé pour l’occasion n’est autre que Graciela Garcia, bien connue des Animuliens pour ses activités de blogueuse à l’enseigne de l’Homme Jasmin (El Hombre Jazmin). Lisez son intro dans le catalogue (p.16). G.G. nous ramène à l’expo internationale historique d’art psychopathologique de Sainte-Anne en 1950. Voir à ce sujet ma note du 27 mars 2011 :  Art pychopatho 60 ans après. Et tant que vous y êtes, remontez le temps jusqu’à mon post du 6 déc. 2009 : Espagne 70 ans d’art en hosto psy.

C’est la collection Lafora qui fournit le plus gros de l’expo berstienne. A la «pathographie» de celui-ci, Béatrice Steiner consacre un article détaillé dans le  catalogue (p.30).

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Si l’hombre Pedro est le principal attrait du passage des Gravilliers (attention au petit trou dans le pavage devant la porte!), l’autre morceau de bravoure de la Collec Lafora ce sont les photos de dessins muraux d’un patient de l’hôpital de Murcie présentées dans une vitrine.

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Elles auraient mérité d’être reproduites et agrandies pour être affichées sur les cimaises. Ce genre de document attestant de productions asilaires disparues est des plus rares et des plus choucardes. Un pan d’art brut véritable nous est soudain révélé.

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Merci qui ? Merci Christian. Mais si! Mais si ! Tout m’a pas passionné par ailleurs dans cette exposition mais il y a suffisamment de choses dont j’enrage de ne pouvoir glosouiller faute de place. Les écritures «martiennes» d’un anonyme

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Les dessins compartimentés d’un autre

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La tortue kaléidoscopique de Cano Adolfo

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La Sirena de la mar d’Adrian Campo

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Par exemple. Rendez vous compte par vous-mêmes!

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Avant que ce «berst of» de début 2015 ne rejoigne les «désastres» d’autres collectionneurs.

06.12.2009

Espagne : 70 ans d’art en hôpital psychiatrique

Viva España ! Peinture et Psychiatrie à Valence ! C'est le programme de l'Exposition du Centre Culturel de La Nau de l'Université de cette ville. Pinacoteca psiquiàtrica a Espanya, c'est le titre exact et vous avez jusqu'au 24 janvier 2010 pour la voir si vous passez par chez nos ibériques voisins.

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Cette expo couvre la période 1917-1990, c'est dire s'il y a de quoi même si certaines choses ont disparu pendant la guerre civile. Une large sélection d'œuvres de patients espagnols psychiatrisés est proposée aux visiteurs.

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Plus de 300 œuvres provenant de collections privées et publiques avec des documents originaux, des photos et 2 documentaires.

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Comme la dame qui fait le ménage chez moi a eu la bonne idée de coincer la porte de ma commode, je dois garder du temps pour le bricolage. Aussi je me contente de vous éclabousser de quelques images.

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Vu que vous êtes grandes filles et grands garçons, vous pourrez toujours aller ici pour en savoir plus, notamment sur les 8 sections qui composent l'expo. Cela vous fera réviser votre espagnol.

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Tant que j'y suis, faut que je vous dise aussi que j'ai copié sur ma petite camarade d'El Hombre Jazmin. Elle focalise à juste titre sur le cas de Pedro Alonso Ruiz (1887-1941) un forgeron né à Bargas dans la Province de Tolède. Ses dessins pour lesquels il fabriquait lui-même encres et pinceaux sont fichtrement orientalisants dans le genre décoratif.

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«Ils rappellent un peu les tapis persans, byzantins et gothiques» nous dit Gonzalo R. Lafora, dans un texte sur ce «schizophrène espagnol inculte» paru en 1965 dans le volume 7 de la Collection Psychopathologie de l'Expression publiée par Sandoz. Ces fascicules Sandoz sont aux petits malins qui se rencardent sur l'art brut ce qu'un fromage est à une souris. Une mine iconographique.

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J'emprunte à celui-là quelques significatives images de ce créateur dont le talent artistique se révéla à l'asile d'aliénés de Tolède où il séjourna de 1916 à sa mort (avec un intermède en 1936-1939 où il rentra dans ses foyers pour cause d'évacuation de la clinique). La dernière représente l'hôtel de ville de son village entouré d'hallucinants oiseaux de sinistre augure.

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Sur El hombre Jazmin vous en verrez 3 autres qui valent le détour. L'auteur de ce blogue pense que monsieur Ruiz a fort bien pu se souvenir des tapisseries qu'il voyait dans les rues de Tolède lors de la procession de Corpus Christi. Hypothèse plausible : comme il n'était jamais agressif (jusque un peu trop excité parfois), P. A. Ruiz, qui aimait à chanter, sortait de temps à autres avec les infirmiers et les aidait même dans leur travail. Un catalogue accompagne l'expo de Valence. Je ne sais trop comment on se le procure.

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Maintenant si quelqu'un possède un marteau et un bon tournevis  pour que j'explose la serrure de cette saleté de commode qui me résiste depuis 2 jours qu'il me les prête et vite !