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27.02.2006

Solstices accueille Jacqueline B.

medium_jacqueline_1.jpgPiquée au vif par certaines allusions au «fantôme de monsieur Joseph» (Staline), votre petite âme errante a coiffé sa chapka en castor junior pour affronter «le frigo sibérien» de la bonne ville de Roubaix ensoleillée à cœur. Elle en a rapporté un cliché du monument à Jules Guesde, élevé par le «prolétariat reconnaissant». Il n’est plus si terrible depuis qu’on l’a nettoyé, alors mieux vaut aller à La Piscine voir les messieurs en grès d’Aimé Jules Dalou, déguisés en paysans body-buildés et les hordes de Huns coulés dans le bronze par Théodore Rivière. Ce musée est un endroit idéal pour jouer à cache-cache dans les anciennes cabines de bain. Parmi les tableaux fin de siècle de Léonard Sarluis, Emile Bernard et Simon Bussy, on tombe nez à nez avec le monument aux 80 masques d’Armand Bloch, totem-racine où le spiritisme a l’air d’être passé par là. En sortant, rien de tel pour se remettre d’humeur anticulturelle que les os à moëlle au bouillon hivernal, gros sel et pain grillé de la Brasserie de l’Impératrice Eugénie. Vous voilà mûrs, après une petite balade en tromé qui vous ramène vite fait sur Lille pour une visite à Jacqueline B. dont la Galerie Solstices expose les dessins bruts, au 56, rue de Gand du mercredi au samedi de 15 à 21 heures.

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Jacqueline, c’est très rare qu’on rencontre ses œuvres. On peut en voir à Lausanne et puis basta. Peu de choses sur elle : la notice dans le Fascicule 4 de L’Art Brut en 1965 (cf images ci-dessus), une trace dans le catalogue des Singuliers de l’Art en 1978. Aussi faut-il se précipiter pour admirer la trentaine de dessins inédits en couleurs et à la plume disséminés ici sur les divers niveaux d’une labyrinthique maison du XVIIIe avec une façade Art Nouveau. Si vous avez un peu de thune offrez vous ce visage lunaire, une dépression ouverte dans le crâne qui se confond avec le nez, ou cette créature improbable dressée, tel un mollusque gigoteur, près d’une tête de géant aux yeux asymétriques. Le texte de Gérard Durozoi, malheureusement pas illustré, qui accompagne l’expo vous dira mieux que moi l’étrangeté bouleversante des dessins de cette femme qui, selon Dubuffet, se plaisait dans la compagnie d’enfants et se complaisait à être traitée en enfant. C’est jusqu’au 12 mars 2006 et vous ne pouvez pas vivre sans.

23:55 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : jacqueline b., art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

26.02.2006

Larus vue par Lecomte

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C’est fou ce qu’on fait comme rencontres sur Animula Vagula. Votre petite âme errante a eu la curiosité d’aller visiter le site de ce monsieur Lecomte qui lui a pondu un commentaire récemment et elle a eu la bonne surprise de découvrir un poète. Il faut l’être en effet pour écrire un vers du genre de cestuy-là : «Ils ont l’air con avec leur couteau à éplucher la lune». La lecture du poème qui se termine par : «C’est l’enfant Jésus qui porte sa locomotive» (cliquez sur Par la fenêtre ouverte) n’est pas sans faire penser à Jean Follain, c’est vous dire!
Vous avez bien de la chance, madame Eliane Larus, d’avoir un thuriféraire (j’adore les mots tordus) comme Michael Lecomte. Son site nous donne un échantillon des textes «
courts et précis, sans jargon savant» où il a analysé une trentaine de vos œuvres picturales. J’avoue que j’ai regardé d’un autre œil certains aspects de votre production dont je me croyais pourtant informée. Plutôt que des repros de peintures, je ne résiste pas au plaisir d’emprunter 2 ou 3 dessins pour lesquels j’ai une préférence. L’un d’eux, intitulé Le Peintre est une étude de timbre-poste pour une expo à L’œil de Bœuf en 1980. Je m’aperçois que chez Cerès Franco, la directrice de cette galerie, vous avez exposé en compagnie de Michel Macréau. Coïncidence, Art Transit, le bouquin de Michael Lecomte, d’où sont tirés ces commentaires sagaces sur votre travail, a été publié en 1994 chez Fus-Art, éditeur, l’année suivante, d’un ouvrage consacré à Michel Macréau. Mais je piapiate, je piapiate, comme dirait monsieur Decharme, et j’oublie l’essentiel.

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Parmi ces Morceaux divers dont M. Lecomte nous gratifie, y’en a un où il évoque un certain Gilbert qui m’a tout l’air d’avoir un profil assez brut.
Je cite
: «Gilbert a existé. Il était (…) portier de nuit. (…) Il avait installé dans son grenier un minuscule autel où il célébrait des messes insolites et naïves.» Alors, je vous prie, Michael Lecomte, puisque vous surfez de temps à autre sur mon petit bloggy, dîtes-nous en plus.

21:25 Publié dans De vous zamoi, Glanures | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Eliane Larus | |  Imprimer | | Pin it! |

22.02.2006

Figures de l'art brut russe

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Moi qui venait d’enfiler de ravissantes chaussettes tibétaines, vous m’avez coupé l’herbe sous les pieds, M. Decharme. Je me promettais de parler demain de l’expo Figures de l’art brut russe qui va commencer à l’Objet Trouvé quand j’ai découvert votre pseudo-commentaire (en réalité un véritable post) sur celle-ci. Permettez-moi de vous dire que ça n’a rien à voir avec Notre histoire, Quelle histoire auquel vous l’avez accroché. Un grand boula-matari de l’art brut comme vous devrait avoir honte de jouer à ça. C’est bon pour les trolls et les trollesses, c’est pourquoi je vous l’ai sucré. Seulement, comme je suis cossarde et que vos propos manifestent une surprenante évolution d’un débat amorcé sur mon blogounet (voir la note Fabuloserie or not Fabuloseries), je ne résiste pas au plaisir de vous laisser la parole avec images à l’appui, malgré votre ton un tantinet sérieux :
«N’ayant pas le goût des piapias et des mondanités, j’aime plutôt pousser la porte des galeries quand leurs animateurs, forcément un peu stressés la veille du vernissage, sont en train de se donner des coups de marteau sur les doigts. Cet après-midi, mes déambulations m’ont conduit à la Galerie Objet Trouvé. L’exposition (…) Figures de l’art brut russe me replonge avec délectation quelques années en arrière quand, avec la Galerie Messine, Thomas Le Guillou, abcd avaient organisé l’exposition Alexandre Lobanov et l'art brut en Russie. 3 ans plus tard, pour notre grand bonheur, Christian Berst et son équipe nous proposent une belle sélection de Lobanov, une série de gouaches d’Almazov dont l’accrochage dense donne à cette œuvre une force qu’elle n’a peut-être pas lorsqu’on dissocie chaque pièce de son ensemble. (…) Romanenkov avait échappé à notre sélection. Il me souvient que nous trouvions ses travaux trop empreints de clichés naïfs. Au cours des années, le style de cet artiste a beaucoup évolué et certaines œuvres exposées ici sont vraiment très fortes. Depuis notre exposition de 2003 et d’autres manifestations qui montraient des travaux de l’art brut russe (Pavillon des Arts à Paris, Folk Art Museum à New York, Art Fair à Cologne, Contemporary Folk Art Museum à Kaustinen, Shiseido Foudation à Tokyo), de nombreux amateurs exprimaient leur désir d’acquérir des pièces. Grâce à la Galerie Objet Trouvé voilà qu’aujourd’hui il est possible à toutes et à tous de satisfaire enfin leurs souhaits (…)».
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Si après cela, vous n’invitez pas, cher Bruno Decharme, votre petite âme errante à squatter votre site quand elle en aura envie ou si Monsieur Berst s’avise de lui remonter les bretelles, que nos lecteurs sachent que c’est à désespérer de l’humanité singulière.

23:25 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : alexandre lobanov, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

16.02.2006

L’art brut déplacé

Comptez pas sur moi pour vous en faire une tartine ce soir. D’abord parce que Darry Cowl est mort et ensuite parce que je sais très bien que vous êtes tous sur les pistes enneigées sauf un bouffon de troll qui a tenté une intrusion dans mon petit royaume brutal et que j’ai envoyé illico se faire voir dans d’autres zones. Art oblige, n’est-ce pas? A propos d’art (brut) et de Grard (Jean), je voulais vous dire que si j’ai pas pu encore rendre visite à l’expo consacrée à ce créateur breton à Bruz (bougez vous la molette jusqu’à ma note du 5 février), j’ai réussi à me procurer le bouquin de Patricia Allio qui vient de sortir aux Editions Apogée à Rennes. Les textes sont d’elle et de Juliette Dieudonné qui signe aussi les nombreuses photos couleurs représentant les sujets de Grard au milieu des fleurs du jardin, leur déplacement, l’atelier avec des pièces inachevées et les outils du créateur.

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En ce qui concerne ces derniers, je ne peux pas m’empêcher de vous citer un petit morceau de l’entretien réalisé chez Jean Grard par Patricia Allio et publié dans le périodique Zon’Art en 2002 :

P.A.: vous vous servez de quels outils ?
J. G. :
pour les manèges, la scie sauteuse; autrement mon couteau et aussi la meuleuse à bois. Question outils, j’en ai pas tellement. Les 3/4 des choses que j’utilise c’est de la récupération de ma ferme.
P. A. :
ça vous plaît de les voir transformées ?
J.G. :
naturellement, sinon ça serait foutu à la gadoue depuis longtemps; ça s’en irait à la poubelle, le machin à semer les patates, les roues de la charrette, tout ça c’était pour la poubelle.


Cerise sur le gâteau, je vous ajoute pour faire bon poids deux ou trois images nouvelles empruntées aux clichés de Juliette Dieudonné.

 

00:30 Publié dans Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean grard, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

12.02.2006

«Les alentours de l’art brut» chez Serpentine

J’ai eu du mal à trouver la galerie Serpentine. Il faut dire qu’elle s’enfonce dans le sous-sol parisien sans crier gare. Imaginez une large voie en tire-bouchon, glissante comme une honnête rampe de parking qu’elle est. Ce côté Guggenheim du pauvre, à deux pas de la gare Montparnasse, a de quoi amuser. Surtout avec ses machines à sous automatiques dans l’entrée du 155 bis, en haut de la surpeuplée rue de Rennes. S’il faut payer pour récupérer sa bagnole, l’entrée de l’expo est gratuite.
C’est monsieur Montpied (ex-aequo avec monsieur Pariscope) qui m’a signalé, fin janvier dernier, cette rétrospective Jacques Soisson (1969-1993). Sa description des lieux vous dira, mieux que votre petite âme errante, l’originalité de ces lieux momentanément voués aux Alentours de l’art brut : «
Couloir lumineux, serpentin (d’où le nom), peint en blanc pour les murs, et vert pistache pour le sol où l’on imaginerait bien des moutards se lancer dans des courses de caisses à savon
Les œuvres sont accrochées de telle manière qu’on puisse voir les unes à la descente et les autres à la montée. Sans que cela soit trop dur à avaler ni cause de régurgitation, le spectacle à vrai dire ne provoque ni surprise ni émotion chez le visiteur.
«
Les peintures de Jacques Soisson ne me paraissent pas relever d’un quelconque art brut mais plutôt d’une solide culture ancrée dans une observation serrée de ses contemporains en art» poursuit Bruno Montpied. On ne peut guère lui donner tort quand il écrit que «l’on assiste en quelques mètres de parcours de l’exposition à des citations éclatées de divers artistes admirés par l’auteur, Dubuffet, Léger, Miro, etc., tous plus ou moins démarqués ou déconstruits dans une facture sage et presque décorative». Le plus marrant c’est que cette expo reprend le titre d’un article de Jacques Soisson paru il y a des éternités (1973) dans le gros pavé consacré par L’Herne à Dubuffet. C’est encore Montpied qui met le doigt dessus. Il lui semblait se souvenir que Soisson était de la visite que Françoise Dolto avait faite à la Collection de l’art brut, rue de Sèvres, en 1970. Teigneuse comme je suis, j’ai fait 3 bibliothèques pour vérifier.
Et ben, c’est vrai.


22:05 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (5) | |  Imprimer | | Pin it! |

10.02.2006

Charlotte Salomon, Vie ? ou Théâtre ?

Je suis comme vous, mister Curieux. Aux «nanards» folklo-outsaïdeuriens je préfère des productions sans réel rapport avec l’art brut mais qui nous invitent à nous interroger à son propos ou à propos de ses limites.

Peut-être parce qu’elles se situent elles-mêmes dans ces territoires mouvants (presque des limbes) qui n’appartiennent ni tout-à-fait à l’art «culturel» ni tout-à fait à l’art des autodidactes.

Dans cet esprit, je voudrais m’approcher avec respect (et inciter nos fidèles amis muliens à faire de même) de l’exposition Charlotte Salomon, Vie ? ou Théâtre ? (Leben ? oder Theater ?).

Elle vient de commencer dans le Marais, à l’Hôtel Saint-Aignan abritant le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme.

Leben ? oder Theater ? ce n’est pas seulement une œuvre d’art inclassable composée de centaines de gouaches où les meilleures influences du début du XXe siècle (l’expressionnisme allemand, le primitivisme de Die Brücke, la typo de la Secession viennoise) se combinent à une candeur intacte, presque philosophique.

C’est aussi, sous une forme narrative utilisant des pseudos, une sorte de journal intime écrit directement sur les peintures ou sur des calques s’y superposant. Les 1325 pages constituant le manuscrit sont conservées au Musée historique juif d'Amsterdam. Les mémoires d’une jeune femme allemande, interdite d’études, chassée de son pays par les persécutions contre les Juifs.

L’histoire de sa famille, marquée dès avant la naissance de Charlotte en 1917 par une épidémie de suicides féminins (sa tante dont elle héritera son prénom, sa mère, sa grand-mère) à laquelle elle n’échappera elle-même que pour être assassinée (et l’enfant qu’elle portait) dès son arrivée à Auschwitz en 1943.

L’histoire de son amour aussi pour un homme complexe qui se partage entre Charlotte Salomon (Kann dans le récit) et sa belle-mère cantatrice.

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La mise en scène d’une vie bouleversée sous la forme d’une pièce de théâtre chantée (Singspiel) selon un rituel qu’elle a elle-même décrit : «La personne est assise au bord de la mer. Elle peint. Soudain une mélodie lui vient à l’esprit. Alors qu’elle commence à la fredonner, elle remarque que la mélodie va exactement avec ce qu’elle veut coucher sur le papier».

La mer était celle des environs de Nice où Charlotte était réfugiée et où elle fut vraisemblablement dénoncée. Parfois, son pinceau semble s’affoler presque bégayer, des éléments (corps allongés, bustes) se répètent en glissant vers l’abstrait. Elle, qui a peut-être connu l’expo Entartete Kunst, ne paraît alors jamais si proche de l’art brut.

C’est peut-être parce que dans cet art prétendu «dégénéré» où les Hitlériens réunissaient les grands artistes contemporains et les meilleurs créateurs de la Collection Prinzhorn, Charlotte Salomon avait sa place. Une place secrète sans doute, une place de trait d’union.

 

09:50 Publié dans Expos, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : charlotte salomon, leben ? oder theater ? | |  Imprimer | | Pin it! |

06.02.2006

Welcome to the Outsider Art Fair

medium_carton_art_fair.jpgTime-Art, le Pariscope de Manhattan, eut beau parler du vent québécois sur les architectures de Richard Greaves, pas de Greaves sur le stand 28 (celui de l’Andrew Edlin Gallery) à l’Outsider Art Fair de NYC. Mario Del Curto est un photographe professionnel et seuls les autodidactes de l’art sont exposés ici.
Le jeudi 26 janvier c’était la preview, soirée au bénéfice de l’A.F.A.M. (American Folk Art Museum) et votre petite âme errante y était avec ses nouvelles boucles d’oreille de princesse orientale de 2000 ans avant J.C. Rassembleur, velouté et englobant, le vernissage. Tout le monde friendly et relax. Le coquetèle? Les fraises? les petites tranches de thon? Ma copine Martine qui avait fait aussi le voyage, gentille comme tout. Un tam-tam brut retentissait grâce à un groupe de musiciens assez tribaux (cuillères et planche à laver). Le champagne californien coulait à flot. On croisait John Maizels, l’animateur de Raw Vision et Mme Brooke Davis Anderson qui préside au nouvel essor de l’A.F.A.M. dont l’exposition actuelle (jusqu’au 19 mars), Obsessive drawing, contient des œuvres de Chris Hipkiss, créateur représenté chez Cavin-Morris (stand 11).
Le plan de la salle ressemble à une fourchette à escargot. Dans le manche (booth 24), Tom di Maria et son Creative Growth Art Center qui a mis en valeur le travail de Judith Scott, la Galerie Bourbon-Laly de Montréal et son stand (31) d’art haïtien très coloré. Dans la dent de gauche, le Français Ritsch-Fisch. Dans la dent de droite, la Carl Hammer Gallery de Chicago (stand 5) et sa cape de Simon Sparrow, œuvre en bouchons. Et puis le stand 9 de Jennifer Pinto Safian (NYC) et son Wölfli Cordilleerens.

Sans oublier Yukiko Koide Presents de Tokyo qui montrait les idéogrammes de Kunizo Matsumoto et les feutrines de Junko Yamamoto.

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A la sortie du Puck Building, un bonbon rose de Soho, on nous a distribué un sac contenant un magazine et un gâteau au chocolat fourré de beurre de cacahuètes.
Je l’ai donné à la biche du Musée national d’histoire naturelle.
Elle n’en a pas voulu parce qu’elle est empaillée.

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23:20 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : kunizo matsumoto, junko yamamoto, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

05.02.2006

Richard Greaves chez Andrew Edlin

Je baille encore à cause du décalage mais ça valait le coup, mon escapade nouillorcaise. Ayant loupé Richard Greaves à Montréal en octobre dernier, j’ai tenu à le retrouver à la Galerie d’Andrew Edlin (529 west 20th st) qui expose jusqu’au 4 mars une douzaine de photos grand format de Mario del Curto superbement tirées par Laurent Cochet. L’expo reprend le titre du bouquin dont j’ai déjà eu l’occasion de vous causer : Richard Greaves, Anachitect. Le carton montrant La Cathédrale (silver gelatint print) donne envie de la visiter : «Revelling in the principles of assymetrie and the absence of right angles, always seemongly on the point of imminent collapse, these anarchitectures stand in open defiance of the laws of gravity and physics». Il faisait bon, vendredi 27 janvier, le soir du vernissage et bien que Richard Greaves ait décidé de jouer l’homme invisible (snif) on baignait dans sa présence à cause de l’environnement sonore de Stéphane Mercier qui a enregistré les bruits de la forêt greavesienne. Deux films sont projetés dans l’expo, l’un de Bruno Decharme, l’autre de Philippe Lespinasse. Quand je suis arrivée, des gens étaient massés devant un grand écran plat, avides d’en savoir plus sur l’œuvre et le cadre de vie du (dé)bâtisseur québécois. Il faut dire que l’accrochage d’Andrew Edlin, pour sage qu’il soit (ce qui devrait plaire à monsieur Barras, cf. son commentaire du 4 novembre 2005) chatouille la curiosité tout en apportant des infos. Une carte du Québec, à l’entrée, indique la position du site de R.G. dans sa Beauce profonde. Puis c’est la confrontation avec la première photo de Del Curto, choisie parmi les plus "punchy", l’intérieur d’une des maisons de Greaves. A droite une porte inclinée avec un corridor. L’impression d’entrer chez le créateur. Un air de piano (celui de Jocelyne, la compagne de Greaves), un vieux jeune homme au look d’ancien rocker (un photographe ?) remarqué dans l’assistance, le sourire d’Andrew Edlin éclaboussant sa chemise noire à boutons blancs et vous aurez une idée de l’ambiance.
Européennes et même Françaises m’ont paru être les bienvenues. Valérie Rousseau et Sarah Lombardi, les deux complices francophones, «curators» associées à cette entreprise y étaient, bien sûr, aussi pour quelque chose.

20:05 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : richard greaves, mario del curto, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

Jean Grard à l'abri

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En voilà un qui n’avait pas besoin de fréquenter les ateliers de créativité du 3e âge. Personne ne lui avait dit : «sois spontané !». Jean Grard s’était mis à la création d’art comme il s’était mis jadis à la terre. Tout naturellement, la retraite venue, parce que les bricolages en retard terminés, il n’y avait rien d’autre à faire. Vous me direz : «mais la pêche ?, la star’ac ? les excursions en car climatisé?».
Jean Grard, à toutes ces distractions de notre tragique condition humaine contemporaine, préférait l’art, son art qu’il n’appelait pas ainsi bien sûr. Quel besoin de parler de ces grappes de petits sujets taillés dans le bois qui naissaient sous ses doigts ? Il lui suffisait que leurs couleurs vives, leur carnaval un peu grimaçant, la rude facture de leurs formes presque exotiques attirent les curieux autour du parterre où il avait mis en scène ses créatures, devant sa maison située dans un hameau breton. Le premier surpris c’était Jean Grard lui-même et il continuait pour son plaisir quand je lui ai rendu visite un ouikène d’avril 2004 (voir l’album photos), peu de temps avant que la force ne quitte ses bras et qu’il s’absente de la vie.

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Je n’oublie pas que c’est une expo de l’asso labri à Dol-de-Bretagne qui a fait connaître ce créateur en 2001. Sur le site d'abcd, consultez donc la bio que Patricia Allio, la pionnière qui est à l’origine de cette exposition inaugurale, a consacré à Jean Grard. Elle poursuit son travail aujourd’hui en organisant le mercredi 8 février 2006 une journée d’hommage à Jean Grard au Grand Logis, lieu artistique de la ville de Bruz.
Comment «où c’est ?» mais près de Rennes, mes petits animuliens-muliennes. Il faut tout vous dire ! Pas beaucoup + que 2 plombes de TGV et après, le métro direction La poterie, descendre à Fréville puis bus 59 jusqu’au terminus Bruz-centre. Le vernissage c’est à 19h et c’est suivi de «performances vocales et sonores». Arrivez de bonne heure, sur les 14h, vous aurez une chance d’assister à la Table ronde «en présence d’acteurs du monde de l’art brut». Le thème : Décloisonner l’art brut. Si j’en crois certains commentaires envahissants, il en a besoin.

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02.02.2006

Les Phrabènes, dessin de fou

Oui, chère Ellise, les mots m’attirent. Pas seulement ceux, un peu vieillots et oubliés tel que Gravelotte mais aussi les totalement inconnus, les carrément inventés comme «phrabène» qui a l’air bien sérieux comme ça mais qui n’a existé que dans le vocabulaire d’un seul homme. C’était un monsieur qui, peu de temps avant la première guerre mondiale, abreuvait de plaintes et de réclamations une Compagnie financière où il avait placé sa thune. Ce qui le faisait râler surtout, c’étaient des entités mystérieuses, des êtres fabuleux qu’il appelaient les «Phrabènes». Jusqu’à peu, j’ignorais tout des phrabènes, lorsque samedi dernier j’ai fait leur connaissance à Beaune où j’étais en ouikène par un froid de K nard. Où ça ? Mais chez monsieur Alphonse Chavroche à la librairie des 1000 et une feuilles, un lieu vénérable comme seul mon daddy sait en dégoter. J’en avais assez de l’attendre pendant qu’il apprenait par cœur de pleines étagères de grimoires sur le vin de Bourgogne, alors je me suis mise à tripoter un tas de brochures poussièreuses abandonnées dans un coin.
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Et là, parmi toutes ces petites pièces d’intérêt strictement régional, me saute aux nez en criant «maman» une méchante couverte grise avec le mot «phrabènes» et le sous-titre «dessin de fou». Pour un peu, mon sang tournait en boudin. Ce n’était rien : 4 malheureuses pages extraites de La Provence médico-chirurgicale en 1936, mais c’était visiblement un cas d’art brut inconnu au bataillon. Les auteurs, un certain Jean Baltus (je vous jure que c’est vrai) et Edgar Leroy, toubib à Saint-Rémy ont eu la bonne idée de reproduire dans cet opuscule un dessin énigmatique accompagné d’une phrase sténographique et d’une inscription inintelligible. Il s’agit selon eux d’une représentation du dessinateur poursuivi par la Compagnie financière, gros serpent à plusieurs têtes dont l’estomac semble avoir avalé bien des économies. Ayant lu Prinzhorn, ils classent ce dessin parmi ceux que le psychiatre allemand qualifie de «symboliques et allégoriques».

00:20 Publié dans De vous zamoi, Jadis et naguère, Lectures | Lien permanent | Commentaires (7) | |  Imprimer | | Pin it! |