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26.03.2013

Jacqueline Vizcaïno suit les Itinéraires Singuliers

C’est toujours pareil, on me prévient trop tard. Pourtant vous savez bien que j’adore les vernissages en province. Prenez Dijon, par exemple. Ce joli chef-lieu de la Bourgogne abrite un Festival Itinéraires Singuliers qui en est arrivé cette année à sa huitième édition. Bon, je singularise pas beaucoup d’ordinaire. Chacun a pu le constater. Mais jusqu’au 19 avril 2013, une exposition Jacqueline Vizcaïno occupera la Galerie François Mitterrand en l’Hôtel de région sis boulevard de La Trémouille à 3 mn de la Place de la République.

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Et il n’est pas trop tard pour en annoncer le vernissage puisque celui-ci aura lieu jeudi 28 mars sur le coup de 18h. C’est que cette dame de Livron (c’est là, dans la Drôme, que vit madame Vizcaïno) m’intrigue depuis 2006 : voir mon post du 6 novembre de cette année-là, intitulé (ou presque) Jules et Diego. Il fallait sans doute de la confiance en l’avenir à des parents espagnols pour faire un enfant en 1937. Pourtant c’est alors que Jacqueline naquit et c’est seulement en 1962 qu’elle vint en France avec sa famille. Je ne sais pas pourquoi, du moins avec le peu de détails biographiques qui traînent par ci par là sur ce peintre de vertiges optiques.

23:53 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : jacqueline vizcaïno, itinéraires singuliers | |  Imprimer | | Pin it! |

25.03.2013

Art brut : la réalité dépasse les fictions

Maintenant que j’ai mis le nez dedans, impossible d’en sortir. Dans quoi? Mais dans la collection des «Cahiers» de l’Art Brut, badame. Elle tabasse tout cette collection! On y revient toujours au hasard des méandres de l’actualité.

Samedi prochain (30 mars 2013), par exemple, l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA) ouvrira de 9h30 à 13h sa salle Walter Benjamin au séminaire du CrAB consacré à Des fictions d’art brut parmi lesquelles il y a Juva.

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L’occasion de se replonger corps et âme, pour réviser un peu avant, dans le n°21 des «Cahiers» évoqués plus haut. Cahier qui nous dit tout sur le cas de ce prince austro-russe, collectionneur de camées et de vases en cristal de roche, converti au silex dont il aime la matière au point de la sublimer en sculptures retouchées, peintes et soclées par ses soins.

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Jean Dubuffet consacra très tôt (en 1948) à cette œuvre née d’un cache-cache avec la science préhistorique, à cette œuvre révélatrice du pur langage des formes, un texte qu’André Breton compara à «un tube d’escalier en vis sans fin». Et une exposition au sous-sol de la Galerie René Drouin.

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A propos de «sous-sol», notons que Les Statues de silex de M. Juva, le texte de Dubuffet, se termine en boîtant sur ce mot. «Peu de gens», prophétise Dub, prendront garde aux statues de Juva mais «si quelques-uns pourtant se sentent ici touchés (…) par ce vent venant pour une fois non des points indiqués par la rose [des vents] mais de sous les pieds et de sous-sol (sic) – alors tant mieux».

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cahiers de la pleiade 1948.jpgC’est naturellement «de dessous le sol» qu’il faut lire. Dubuffet, dans l’édition originale ronéotée, a rectifié l’erreur à la main.

Celle-ci a été corrigée dans la version imprimée parue à l’été 1948 dans Les Cahiers de la Pléiade, revue dirigée par Jean Paulhan mais non -curieusement- dans le tome 1 de Prospectus et tous écrits suivants (1967) formaté par Hubert Damish.

Boucher_de_Perthes.jpgPinaillage, me direz-vous, mais c’est en pinaillant sur le sol et aux bords des rivières qu’Antonin Juritzky découvrait ses «pierres-à-figures» pour emprunter un terme à Boucher de Perthes (1788-1868), le père de la Préhistoire dont les théories, mélangeant vérités et divagations, donnèrent tant à rêver aux autodidactes.

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portrait de Juva.jpgAntonin Juritzky adopta le pseudo de Juva lorsque la science officielle l’expulsa de son délire pseudo-scientifique. Lui qui créait des «faux» qui ne dérivaient pas d’originaux fut convaincu de faire, en quelque sorte, des ready-made aidés et non des ready-made tout court! C’est arrivé à d’autres, à Robert Garcet notamment.

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Le CrAB serait bien inspiré de se tourner vers ces exemples significatifs plutôt que de nous en faire des «schizomètres» avec une blague pataphysicienne déguisée en calembour lacanien qui, au fur et mesure qu’elle dure, perd tout son sel.

BonusAntonin Juritzky est l’auteur d’un ouvrage publié en anglais par un musée hollandais qui, contrairement à ce qu’avance Jacqueline Roche-Meredith dans le N°21 (p. 70) des Publications de l’Art Brut, existe bien (depuis 1939) et ne relève donc pas d’un soi-disant «délire mythomane» de Juva.

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J’emprunte à cet ouvrage quelques photos et une introduction qui suggère une piste enfantine à la base des observations de Juva : «Walking in the spring of 1946 along a group of allotment gardens I was struck by a most charming scene. Playing children has marked off a kind of enclosure on the border of the field with little sticks, and inside this square they had laid a stone which was to represent an ox. Indeed, the stone -a flint- had the shape of a buffalo’s head (fig.1)».

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24.03.2013

Le vingt quatrième cahier sort en mai

Où j’ai la tête des fois je vous jure! Seule la décence m’interdit de le dire. Hier encore, je vous disais un peu vite que la série des «Cahiers» de l’Art Brut en était arrivée au numéro 22 et voilà qu’on annonce pour le mois de mai 2013 la sortie du numéro 24.

l’art-brut-24.jpgBeaucoup de noms italiens ou d’origine italienne parmi les contributeurs de cette nouvelle livraison consacrée à des «artistes» également italiens mais aussi suisses, américains, russes, français et ivoiriens.

Les plaisantins diront que moi aussi j’y vois rien mais ce n’est pas ma faute si j’ai raté l’épisode du Fascicule 23 : une erreur d’aiguillage sur les étagères surpeuplées de ma bibliothèque.

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Voilà ce qui arrive quand on oublie de vérifier dans les archives électroniques animuliennes!

cd-rom.gifCar votre petite âme errante n’avait pas oublié de célébrer en son temps la naissance du vingt-troisième. Je m’en aperçois un peu tard en retrouvant ma chronique du 15 octobre 2011 : L’Art Brut se met au vert. Et comme il est bon de suivre ses propres conseils, je me mets subito presto aux épinards comme Popeye.

epinards boites.jpgC’est bon pour la mémoire. Et pour l’italien.

16:30 Publié dans art brut, De vous zamoi, Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, collection de l'art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

23.03.2013

Collection Pailhas : encore un effort

N’était leur fichue tendance à pâlir au soleil (au contraire de nous) I positively adore les couvertures multicolores des fascicules formant la collection des Publications de la Compagnie de L’Art Brut qui semble s’être définitivement arrêtée en 2007 avec le numéro 22. Elles me font penser à des bonbons acidulés et, quand vient le printemps, à l’étal d’un marchand de glaces.

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Aussi ai-je récemment soulevé celle du n°3 pour déguster à nouveau Les Télégrammes de Charles Jaufret, le peintre d’enseignes de Revel. Cette étude a été rédigée par Jean Dubuffet il y a environ 50 ans. Heureux temps où l’art brut ne se trouvait pas sous le marteau des commissaires-priseurs ou sous la main des galeristes américains!

Dubuffet tenait d’un ami le cahier d’écolier «tout rempli d’une minuscule écriture au crayon» dont il transcrivit plusieurs pages et illustrations dans ce fascicule 3 habillé de jaune-citron.

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Ce cahier d’écritures et de dessins avait été réalisé par un pensionnaire d’hôpital originaire du chef-lieu de canton de la Haute-Garonne : Revel. Il avait été «trouvé dans des papiers de rebut de provenance inconnue».

charles jaufret ab 2.jpgQuel ami? Quel rebut? Quelle provenance? On aimerait le savoir. Et ben, figurez-vous, mes p’tits curieux, qu’une piste vient de se dessiner à ce sujet.

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La Fondation du Bon Sauveur d’Alby qui abrite le Musée Benjamin Pailhas a mis en ligne un document de visite virtuelle relatif à sa collection de sculptures,

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cahiers et dessins

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réalisés, du début du vingtième siècle à 1936, par des patients internés dans un établissement pour malades mentaux créé par des bonnes sœurs en 1835.

On y apprend que le cahier de Charles Jaufret conservé à Lausanne présente de grandes similitudes avec un cahier de la Collection Pailhas.

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«Ces œuvres auraient été produites lors d’un séjour à l’hôpital» d’Albi par le même auteur.

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Je ne sais plus qui -il y a fort longtemps- m’avait parlé du Dr Pailhas qui dès 1908 avait proposé (sans résultat à l’époque) la création d’un musée consacré à ce que l’on appelait «l’art des aliénés». Mais ce dont je suis sûre c’est que je m’étais permis, en 2008 déjà, d’attirer votre honorable attention sur l’inauguration du Musée de la Fondation du BS. Je déplorais alors que cette ouverture ne soit qu’un entrebaillement et que le discours d’accompagnement de l’événement tire plus la couverture du côté «psy» que du côté «art».

Il semble que, concernant ce dernier inconvénient, l’on y ait mis un bémol aujourd’hui. Une association a été créée. Elle s’intitule L’A.P.A.P.A. (Association Psychiatrie, Art et Patrimoine Albigeois). Elle vise à promouvoir et valoriser la Collection de Benjamin Pailhas qui compte rien moins que 26 auteurs. Celle-ci prend donc progressivement sa vraie place auprès des collections plus anciennement reconnues du Dr Marie ou du Professeur Ladame. Consultez donc le docu-visite d’Albi pour vous en rendre compte et parce que c’est votre petite âme errante qui vous le dit.

13.03.2013

Ravenna Borderline

C’est un secret pour personne que quand on en a marre, faut se tourner vers l’Italie. Aussi me suis-je tournée en baillant vers le MAR, le MAR de Ravenne ouskil ya pas que des mosaïques. Il avait raison le vieux Goethe, le «Sehnsucht», il n’y a que ça de vrai, surtout quand on vient comme moi de déblayer la neige avec une pelle à gâteau!

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Pas mieux que de Youtuber sur cette Mostra «poetica» qu’un de mes Animuliens suissounets vient de me jeter en pâture pour me faire sortir de ma léthargie oursonnesque.

Cette exposition, divisée en plusieurs sections, rythmées par l’omniprésence d’œuvres d’art brut, a pour cadre sublime (le cadre est toujours sublime en Italie) la loggetta lombardesca du cloître renaissant de l’Abbaye de Santa Maria in Porto qui abrite le Museo d’arte della Città (MAR, je vous dis!).

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Son titre, Borderline, allusionne à ce terme de psychiatrie qui désigne de drôles d’états mentaux situés à la frontière du névrotique et du psychotique. Elle prétend explorer des frontières incertaines de l’expérience artistique, celles où se rencontrent (ou font semblant de se rencontrer) des gaillards et des bougresses du genre Goya, Madge Gill,

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Corneille

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Santoro

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Zinelli

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André Masson

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Chaissac

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Lorenzo Viani, Dubuffet, Ligabue

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Aloïse

art brut,Madge Gill,Corneille,Eugenio Santoro,carlo zinelli,

et j’en passe.

Pas sûr que cela mette en évidence, comme elle le voudrait, un espace de créativité spécifique mais l’accrochage en lumière mystérieuse a du moins l’avantage d’interroger le visiteur sur les affinités et les différences entre des créateurs que la critique et le marché ont traités comme des artistes plus ou moins patentés et d’autres plus marginalisés de leur temps.

Comparaison n’est pas raison et les limites du concept apparaissent dès l’affiche. On aurait pu choisir mieux en effet que ce Doux monstre angélique de Dali qui sert de porte-drapeau à l’expo.

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Dans le genre débandade lamentable d’un glandeur paysagiste, on ne saurait faire mieux en effet! Aussi, n’écoutez pas Claudio Spadani, le directeur du MAR, qui trouve ce faible tablo «bellissimo». Regardez plutôt sa belle cravate jaune qui se chamaille dans l’ombre avec sa barbe et son écharpe.

Ecoutez aussi, l’autre commissaire de l’exposition, Giorgio Bedoni, un psy qui, même en italien, dit des choses très claires. Et puis, quand même, offrez vous le plaisir d’une visite virtuelle, les pieds au chaud dans vos charentaises comme votre petite âme errante.

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En attendant celui d’un parcours en live peut-être.