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25.09.2005

Imagens do Inconsciente

Vous pouvez être fiers de votre petite âme errante. Elle a résisté aux petits fours de la Halle Saint-Pierre qui se sont envolés pendant le vernissage de l’exposition Images de l’inconscient, le 20 septembre. Perchée sur l’escalier menant à la salle des Dessins pointus, présentés conjointement, je regardais la foule des grand soirs qui tchatchait dans le hall, avec ma copine Lucette. La pauvre chérie s’éreinte à la pige pour un magazine radin. Toujours bien informée, elle m’a passé le numéro de la revue Surr… qui vient de sortir sous une couverture de pur style « cadavre exquis ».
Je me suis jetée sur la rubrique de l’infatigable Bruno Montpied dont je venais déjà de lire le papier consacré à Maurice Lellouche (Momo le cannibale) et son Petit musée à Champigny-sur Marne dans le numéro d’été du Monde Libertaire.
B.M. a le chic pour dégoter des créateurs inclassables et talentueux que personne connaît. Ici, dans le N°5 de Surr… (Le corps, la volupté), il nous révèle Serge Paillard et sa Patatonie. Ce mot lui fait penser à la Patagonie et à son roi Orélie 1er (Antoine de Tounens), pittoresque aventurier-rêveur du XIXe siècle, dont j’ai pu lire l’histoire dans Rois sans couronne, de Villiers du Terrage, disponible chez l’éditeur Plein Chant. Serge Paillard est postier dans la région de Laval. Sûr qu’il plairait à Agnès Varda qui a réhabilité la pomme de terre dans son film Les Glaneurs et la glaneuse. C’est en effet dans la chair de ces aimables tubercules qu’il découvre les images de ses dessins, minutieux comme des gravures de Fred Deux.


Mais revenons à nos moutons qui paissent à la Halle St-P au pied de Montmartre. Le carton d’invitation ne joue pas la facilité. Un pantin à béquille très zarbi semble s’y défendre contre une tête d’oiseau alvéolaire venue de nulle part. C’est un dessin d’Octavio Ignacio, medium_octavio.2.jpgun des principaux créateurs représentés au Musée des images de l’inconscient de Rio de Janeiro d’où nous viennent ces fortes images de l’Art brut brésilien.medium_pertuis.2.jpg
Le gros catalogue pistache-mangue recense six de ces créateurs parmi lesquels Carlos Pertuis dont les visages fondus dans des paysages sont bouleversants. Les souvenirs de Nise da Silveira, sa psychiatre, évoquent la personnalité de ce cordonnier que la présence secourable de son chien Sertanejo aidait à se faire comprendre.
Les idées philosophiques de ce bon docteur, je les aime moins. Elle nous fatigue un brin avec ses archétypiques et ses mandalas hyper jungiens et je n’ai pas acheté son bouquin qui voisine à la librairie de la HStP en compagnie de ceux de cette vieille lune de Carl-Gustav. Quand on retourne le catalogue, on a droit en prime à une belle doc sur Arthur Bispo do Rosario avec beaucoup de repros et des portraits photo (jamais vus) de cet artiste majeur dans ses costumes d’enfermedium_manto_bispo.jpg et au milieu des ses œuvres invraisemblablement contemporaines. Il semble que sa présence était prévue dans l’expo de la HStP mais que la chose n’ait pu se faire. Les distraits qui ont manqué il y a 2 ans la grande expo Bispo à la Galerie Nationale du Jeu de Paume, en provenance du Museu Bispo do Rosario, feront donc tintin cette fois-ci. Raison de + pour acheter le catalogue de la HstP, sans rouspéter pour le prix, svp, il vaut le coup.

21:45 Publié dans Ecrans, Expos, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Imagens do inconsciente, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

15.09.2005

Cocos plats

medium_couv_greaves.jpg
J’étais en train d’éplucher les cocos plats en me disant que je n’avais rien à vous mettre sous la dent quand le facteur a sonné 2 fois. Il m’apportait un paquet avec le livre sur Richard Greaves que j’attendais.
Dans ma joie, je n’ai pas pu m’empêcher d’ouvrir une boîte de fourrés aux framboises.
S’il y en a qui ne savent pas encore qui est Greaves, ce discret créateur de la profonde campagne québécoise qui s’est bâti tout seul un petit village idéal à base de constructions disloquées et labyrinthiques, accueillantes et inhabitables, qu’ils se procurent vite fait ce bouquin là.
Réalisé par Sarah Lombardi, collaboratrice scientifique de la Collection de l’art brut à Lausanne et par Valérie Rousseau, directrice de la Société des arts indisciplinés à Montréal, ce Richard Greaves anarchitecte va servir de catalogue à une expo qui se baladera pendant 2 ans à Montréal, New York, Lausanne et Chicoutimi.
C’est d’abord un chouette album de photos qu’on offre à son chéri ou qu’on garde jalousement dans sa collec. Le photographe Mario del Curto se montre ici à la hauteur de sa réputation.
S’il n’était pas si tard, je vous en ferais des tonnes sur ces clichés épurés de la présence humaine, si révélateurs du désordre créatif des structures de Greaves. La qualité de l’impression donne aux noirs et aux blancs une profondeur et un velouté superbes. On dirait qu’on a utilisé cette bonne vieille héliogravure.
Dans une seconde partie, autour de l’érudite postface de Lombardi et Rousseau, une pléiade de plumes européennes est réunie. Les textes de Roger Cardinal, Lucienne Peiry, Jean-Louis Lanoux, en français puis en anglais, sont judicieusement entrelardés de rapides pensées de Richard Greaves, style : « Tout ce que je fais ici, c’est pour mieux dormir / Everything I make here is so I can sleep better ».

Richard Greaves Anarchitecte / Anarchitect
5 Continents Editions et Société des Arts Indisciplinés
Distribution : Editions du Seuil

00:40 Publié dans Expos, Images, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : richard greaves, mario del curto, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

11.09.2005

Points rouges

Ce n’est pas parce que la rue du Perche est introuvable et que le sourire du maître des lieux est plutôt glagla qu’il faut bouder la Galerie Alain Margaron et vous priver du plaisir de vous promener au Paradis terrestre d’Anselme Boix-Vives. Cette expo de l’ex-berger catalan, marchand de primeurs en Savoie avant de tomber dans la peinture sur le tard (1962-1969), coïncide avec la sortie du deuxième volume (environ 4 kg) du Catalogue raisonné de l’œuvre de ce créateur qui n’en demandait sans doute pas tant.
C’est que Boix-Vives n’a plus rien du petit naïf qu’on se plaisait à voir en lui à ses débuts. Il est devenu un peintre à part entière après sa mort et même un grand peintre, ayant la chance d’avoir une famille qui s’occupe de lui et un vrai talent.
Deux jours après le vernissage de l’expo Margaron, on le mesure au nombre de points rouges. Maman ! une vraie varicelle. Parmi ces déjà-vendus –qui sont naturellement les mieux- un Gardien d’oiseau bleu de 67 et un drôle de Drapeau au chien de la même année m’ont sauté aux yeux. Ainsi qu’une gouache de 62 intitulée Garde national, au verso d’une facture.

medium_oiseau_bleu_boix_vives.jpg

Feuilletant le Catalogue raisonné bourré de repros de documents rares, je me suis souvenu que Boix-Vives était aussi l’auteur de brochures électoralo-utopistes. Je ne résiste pas à vous en offrir un échantillon : « Donc la paix doit exister quelque part dans le monde. Qu’elle soit cachée dans le fond des océans, dans les sommets de la Sibérie, dans les villes ou villages, dans les grottes inexplorées, quelque part on doit trouver la paix puisque tout le monde en parle sans savoir de quelle couleur elle est. Je ne crois pas me tromper si je vous dis Voilà, la paix est cachée à Moûtiers, mais personne ne le savait. » (La Paix par le Travail, Plan d’Organisation Mondiale sans Politique).


Jusqu’au 29 octobre
Anselme Boix-Vives, Paradis terrestre 1962-1969
Galerie Alain Margaron , 5 rue du Perche, 75003 Paris

00:05 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Anselme Boix-Vives, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

08.09.2005

Uberzeichnungen

Je mets en stand by l’histoire de mes congés payés pour vous susurrer que vous feriez mieux de vous propulser vite fait à la maison rouge plutôt que de peigner la girafe.
Pas de panique cependant. Vous avez jusqu’au 9 octobre pour vous gaver de l’exposition Arnulf Rainer et sa collection d’art brut.
Arnulf (à vos souhaits !) c’est cet artiste autrichien iconoclaste trop connu pour que je le présente. Iconoclaste, il ne l’est pas, bien sûr, à la manière de cette radicale créature qui vient de fendre en 2 un tableau de Roy Lichtenstein au Kunsthaus de Bregenz en Autriche, sous prétexte qu’elle lui trouvait l’air faux.
Rainer, heureusement pour lui, est plus timide. Il se contente de se « réapproprier » les œuvres d’autres artistes en intervenant directement dessus. Uberzeichnungen, qu’il appelle le résultat de ces travaux.
A côté de ça il collectionne l’art brut depuis 40 ans et ce qui devait arriver est arrivé. Arnulf Rainer n’a pas pu s’empêcher de griffonner sur les œuvres de ses copains de Gugging, Johann Hauser, Franz Kernbeis, Johann Fischer, tous créateurs d’art brut pur jus. Plus fort encore, il a demandé à ceux-ci d’en faire autant sur ses propres dessins.
J’avoue que je ne sais pas trop quoi en penser mais, rien que pour éprouver cette perplexité, ça vaut la peine de voir la collection d’art brut d’Arnulf Rainer.

Crédit photo : Marc Domage - Arnulf Reiner et Franz Kernbeis, sans titre, 1994

Arnulf Rainer et sa collection d’art brut
la Maison Rouge
Fondation Antoine de Galbert
10 bd de la Bastille 75012 Paris

00:25 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut | |  Imprimer | | Pin it! |