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17.04.2006

Berlin : Von Mäusen und Menschen

Curieuses comme je vous connais, vous vous demandez ce que votre petite âme errante est allée faire à Berlin, mes chères petites animuliennes. Pas me goinfrer de bière au sirop de framboise, figurez-vous, ni avaler des mètres de saucisses. J’en ai profité pour rattraper l’expo Mélancolie que j’avais loupé le 11 janvier à Paris (il pleuvait trop). Je voulais voir La fillette à l’oiseau mort, cette icône de l’ambivalence, dont vous auriez pu entendre le commentaire sonore de Vincent Gille chez Lunettes Rouges si vous étiez allées de temps en temps sur ce blogue artistique comme je me tue à vous le conseiller. A part ça, c’est à la Biennale , intitulée cette année Von Mäusen und Menschen que j’étais invitée par mon ami Andreas et je suis restée sage devant les Apfelstrudel de la rue August où elle se tient. Principalement au KW Institute for Contemporary Art (immense salle placardée de photos avec un groupe de 3 personnages au centre) et, en face, dans une école délabrée de la R.D.A. qui, avant 1933, était un établissement pour jeunes filles juives. Plusieurs vidéos là, parmi lesquelles celle de Nathalie Djurberg avec ses figurines en pâte à modeler où un tigre naïvement lubrique lèche le derrière d’une petite poupée.
Rien de bien brut, comme vous pouvez le constater.
Tout de même en fouinant un peu dans ce quartier de squatts et de galeries alternatives, j’ai découvert dans une suite de cours intérieures (Hechmann Höfe) qui débouche sur la rue Oranienburger, à côté de la grande synagogue au dôme doré (Centrum judaïcum), une construction éphémère, sauvage et fragile. Elle témoigne de cette architecture spontanée qui tend à se superposer à une architecture contemporaine aux prétentions hégémoniques et à la modifier.

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Souvenir ou dérision du passé, c’est une sorte de belvédère-mirador sur piliers de gros bambous et tubes d’échafaudage.

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Incrusté dans le coin formé par un petit mur de séparation, il invite au repos-perché derrière un sale mais délicat voile transparent, genre moustiquaire ou dentelle de mariée.

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20:50 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (4) | |  Imprimer | | Pin it! |

08.04.2006

Actualité de l’Aracine

Malgré son carton d’invit assez craignos, faut pas que j’oublie de vous signaler aussi l’expo Martha Grünenwaldt qui durera jusqu’au 11 juin 2006 à la Création Franche de Bègles, sinon le troll Remords (voir son commentaire jeteur d’huile sur le plancher de Jeannot) va encore prétendre que je parle jamais de certains. Votre petite âme errante, vous le savez, ne roule pour personne et elle ne suit que ce que sa tête elle lui dit de suivre. Non seulement elle n’a pas peur de paraître partiale mais l’épidermique érigé en système, voilà son truc. Ceci dit elle n’a rien contre les vénérables racines. Aussi salue-t-elle avec respect l’arrivée sur ses ondes de madame Madeleine Lommel in personae.
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Se faire engueuler par cette éminente personnalité de l’art brut –même si c’est injuste parce qu’après tout, j’ai parlé à plusieurs reprises de Villeneuve d’Ascq– est évidemment pour moi un titre de gloire. Et pour dissiper ici tout malentendu trollesque, j’en profite pour proclamer bien nettement, devant l’aréopage des animuliens et animuliennes que, malgré (ou à cause de) son côté «Louise Michel de la libre création», Madame Lommel a fait beaucoup, je le sais, pour la promotion d’un art brut non frelaté. Je dis : «beaucoup», je dis : «non frelaté». Je ne peux pas mieux dire mais ce n’est pas de la faute de votre petite âme errante si l’actualité, ces temps-ci, s’est détournée de l’Aracine.

00:05 Publié dans De vous zamoi, Expos | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

07.04.2006

Esprit de la forêt

Ne lisez pas cette note si vous trouvez que je vous prends la tête avec Greaves mais si vous loupez l'occasion d'aller voir en live les photos de Mario Del Curto à la Halle St-Pierre de Paris 18, votre petite âme errante vous raye de la map pour au moins 24h. C'est pas seulement les constructions déjantées du (dé)bâtisseur québécois que vous pourrez admirer au pied de la Butte, vous découvrirez aussi les cabanes inouïes que de rustiques Finlandais, aux noms imprononçables (Elis Sinistö, Veijo Rönkkönen, Alpo Koivumäki), se sont aménagés au creux de leurs forêts où il fait jour à minuit.
L'Esprit de la Forêt, c'est le thème de l'expo et peu importe que son concept hésite entre exhibition sylvestre et show Mario DC. Cela nous permet d'étendre notre champ de conscience de l'art brut et de voir dans les vitrines les petits animaux ébouriffés (cerfs, oiseaux, sangliers) d'Ulrich Bleiker ou de Jakob Müller (je sais plus), le Museum suisse im Lagerhaus ayant été mis aussi à contribution.
Dans la salle noire en bas, on est bluffée par le cochon en pommes de pin d'Anne Kinnunen de Finlande mais on est surtout frappée par l'installation des «silvesterklaüse», mannequins ruraux suisses (carnavaleux) dénommés «Beaux-Hideux».

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On touche là à une communication mystérieuse et terrible avec la nature. Ce ne sont que harnais à grelots, masques à dents de boeuf, vêtements de foin, de branches, mousse et lichens. De l'Arcimboldo en 3 D. Du "Papou dans la tête" version Helvètes. Parole, ça fait peur. Et n'allez pas croire que j'ai fumé la moquette!

00:05 Publié dans Expos, Jeux et ris, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Silvesterklaüse, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

05.04.2006

Une semaine d'enfer

Je vous préviens, la semaine va être dure. Accrochez-vous bien, mes petits animulators si vous voulez avoir l’air au parfum. Comme il est tard, je vais au plus pressé mais il va de soi que le moins que vous puissiez faire c’est
d’aller au vernissage Gugging, un foyer pour l’art brut le jeudi 6 avril à la Galerie Objet Trouvé près de la Bastille entre 18 heures (après votre séance chez le dentiste) et 21 heures (avant de retrouver le chemin de votre dodo).

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2° de vous propulser le vendredi 7 avril (à partir de 6 p.m. aussi) à Ménilmontant chez Le Monte-en-l’air, Librairie-Galerie (6, rue des Panoyaux dans le XXe) pour y «boire des coups» (dixit l’invitation) avec Caroline Sury, co-animatrice du Dernier Cri, qui présente son Bébé 2000, le nouvel album qu’elle vient de publier à L’Association. Sûr que ça promet !
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3° de faire un crochet le même soir à la galerie abcd de Montreuil où Patricia Allio fait une perf(ormance) à partir des écrits bruts sous le titre très tendance de : Ingénieurs de l’univers.

De Ménilmuche, changement à Nation puis la ligne 9 et ne me dites pas que vous êtes restés en Charente-Maritime, s’il vous plaît.

01:20 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : caroline sury, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

19.03.2006

Jungles à Paris

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N O S iiA M I E S iiL E S iiB Ê T E S
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Si vous voulez savoir, gentils animulots et mulotes, comment on dit «l’art des fous» en trois langues, propulsez vous dare dare devant le didactique panneau n°9 de l’exposition Le Douanier Rousseau, jungles à Paris.
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Vous pouvez pas vous tromper, c’est juste en face du portrait de Pierre Loti à la chéchia rouge. Vous y lirez cette révélation véritablement superqualifragilistiespialdélilicieuse
(et véritablement faite pour Nos amies les bêtes)
«Le Douanier va devenir peu à peu l’archétype du peintre naïf, l’ancêtre de l’Art brut légitimant à la fois peinture d’enfants et peinture de fous».
C’est un tel chef d’œuvre d’embrouillardise que je n’hésite pas à vous le transcrire en espagnol : «El Aduanero se va a transformar poco a poco en el arquetipo del pinto «naïf», el antepasado del «Art brut» y va a legitimar a la vez la pintura de ninos y la pintura de locos»
et dans la langue du grand Will (Shakespeare) «As an heir apparent for child art and the art of the insane, for many Rousseau appeared as a precursor to «Art Brut»
A noter qu’en anglais art brut prend deux majuscules au Grand Palais.

23:55 Publié dans Expos, Nos amies les bêtes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Douanier Rousseau | |  Imprimer | | Pin it! |

27.02.2006

Solstices accueille Jacqueline B.

medium_jacqueline_1.jpgPiquée au vif par certaines allusions au «fantôme de monsieur Joseph» (Staline), votre petite âme errante a coiffé sa chapka en castor junior pour affronter «le frigo sibérien» de la bonne ville de Roubaix ensoleillée à cœur. Elle en a rapporté un cliché du monument à Jules Guesde, élevé par le «prolétariat reconnaissant». Il n’est plus si terrible depuis qu’on l’a nettoyé, alors mieux vaut aller à La Piscine voir les messieurs en grès d’Aimé Jules Dalou, déguisés en paysans body-buildés et les hordes de Huns coulés dans le bronze par Théodore Rivière. Ce musée est un endroit idéal pour jouer à cache-cache dans les anciennes cabines de bain. Parmi les tableaux fin de siècle de Léonard Sarluis, Emile Bernard et Simon Bussy, on tombe nez à nez avec le monument aux 80 masques d’Armand Bloch, totem-racine où le spiritisme a l’air d’être passé par là. En sortant, rien de tel pour se remettre d’humeur anticulturelle que les os à moëlle au bouillon hivernal, gros sel et pain grillé de la Brasserie de l’Impératrice Eugénie. Vous voilà mûrs, après une petite balade en tromé qui vous ramène vite fait sur Lille pour une visite à Jacqueline B. dont la Galerie Solstices expose les dessins bruts, au 56, rue de Gand du mercredi au samedi de 15 à 21 heures.

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Jacqueline, c’est très rare qu’on rencontre ses œuvres. On peut en voir à Lausanne et puis basta. Peu de choses sur elle : la notice dans le Fascicule 4 de L’Art Brut en 1965 (cf images ci-dessus), une trace dans le catalogue des Singuliers de l’Art en 1978. Aussi faut-il se précipiter pour admirer la trentaine de dessins inédits en couleurs et à la plume disséminés ici sur les divers niveaux d’une labyrinthique maison du XVIIIe avec une façade Art Nouveau. Si vous avez un peu de thune offrez vous ce visage lunaire, une dépression ouverte dans le crâne qui se confond avec le nez, ou cette créature improbable dressée, tel un mollusque gigoteur, près d’une tête de géant aux yeux asymétriques. Le texte de Gérard Durozoi, malheureusement pas illustré, qui accompagne l’expo vous dira mieux que moi l’étrangeté bouleversante des dessins de cette femme qui, selon Dubuffet, se plaisait dans la compagnie d’enfants et se complaisait à être traitée en enfant. C’est jusqu’au 12 mars 2006 et vous ne pouvez pas vivre sans.

23:55 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : jacqueline b., art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

22.02.2006

Figures de l'art brut russe

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Moi qui venait d’enfiler de ravissantes chaussettes tibétaines, vous m’avez coupé l’herbe sous les pieds, M. Decharme. Je me promettais de parler demain de l’expo Figures de l’art brut russe qui va commencer à l’Objet Trouvé quand j’ai découvert votre pseudo-commentaire (en réalité un véritable post) sur celle-ci. Permettez-moi de vous dire que ça n’a rien à voir avec Notre histoire, Quelle histoire auquel vous l’avez accroché. Un grand boula-matari de l’art brut comme vous devrait avoir honte de jouer à ça. C’est bon pour les trolls et les trollesses, c’est pourquoi je vous l’ai sucré. Seulement, comme je suis cossarde et que vos propos manifestent une surprenante évolution d’un débat amorcé sur mon blogounet (voir la note Fabuloserie or not Fabuloseries), je ne résiste pas au plaisir de vous laisser la parole avec images à l’appui, malgré votre ton un tantinet sérieux :
«N’ayant pas le goût des piapias et des mondanités, j’aime plutôt pousser la porte des galeries quand leurs animateurs, forcément un peu stressés la veille du vernissage, sont en train de se donner des coups de marteau sur les doigts. Cet après-midi, mes déambulations m’ont conduit à la Galerie Objet Trouvé. L’exposition (…) Figures de l’art brut russe me replonge avec délectation quelques années en arrière quand, avec la Galerie Messine, Thomas Le Guillou, abcd avaient organisé l’exposition Alexandre Lobanov et l'art brut en Russie. 3 ans plus tard, pour notre grand bonheur, Christian Berst et son équipe nous proposent une belle sélection de Lobanov, une série de gouaches d’Almazov dont l’accrochage dense donne à cette œuvre une force qu’elle n’a peut-être pas lorsqu’on dissocie chaque pièce de son ensemble. (…) Romanenkov avait échappé à notre sélection. Il me souvient que nous trouvions ses travaux trop empreints de clichés naïfs. Au cours des années, le style de cet artiste a beaucoup évolué et certaines œuvres exposées ici sont vraiment très fortes. Depuis notre exposition de 2003 et d’autres manifestations qui montraient des travaux de l’art brut russe (Pavillon des Arts à Paris, Folk Art Museum à New York, Art Fair à Cologne, Contemporary Folk Art Museum à Kaustinen, Shiseido Foudation à Tokyo), de nombreux amateurs exprimaient leur désir d’acquérir des pièces. Grâce à la Galerie Objet Trouvé voilà qu’aujourd’hui il est possible à toutes et à tous de satisfaire enfin leurs souhaits (…)».
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Si après cela, vous n’invitez pas, cher Bruno Decharme, votre petite âme errante à squatter votre site quand elle en aura envie ou si Monsieur Berst s’avise de lui remonter les bretelles, que nos lecteurs sachent que c’est à désespérer de l’humanité singulière.

23:25 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : alexandre lobanov, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

12.02.2006

«Les alentours de l’art brut» chez Serpentine

J’ai eu du mal à trouver la galerie Serpentine. Il faut dire qu’elle s’enfonce dans le sous-sol parisien sans crier gare. Imaginez une large voie en tire-bouchon, glissante comme une honnête rampe de parking qu’elle est. Ce côté Guggenheim du pauvre, à deux pas de la gare Montparnasse, a de quoi amuser. Surtout avec ses machines à sous automatiques dans l’entrée du 155 bis, en haut de la surpeuplée rue de Rennes. S’il faut payer pour récupérer sa bagnole, l’entrée de l’expo est gratuite.
C’est monsieur Montpied (ex-aequo avec monsieur Pariscope) qui m’a signalé, fin janvier dernier, cette rétrospective Jacques Soisson (1969-1993). Sa description des lieux vous dira, mieux que votre petite âme errante, l’originalité de ces lieux momentanément voués aux Alentours de l’art brut : «
Couloir lumineux, serpentin (d’où le nom), peint en blanc pour les murs, et vert pistache pour le sol où l’on imaginerait bien des moutards se lancer dans des courses de caisses à savon
Les œuvres sont accrochées de telle manière qu’on puisse voir les unes à la descente et les autres à la montée. Sans que cela soit trop dur à avaler ni cause de régurgitation, le spectacle à vrai dire ne provoque ni surprise ni émotion chez le visiteur.
«
Les peintures de Jacques Soisson ne me paraissent pas relever d’un quelconque art brut mais plutôt d’une solide culture ancrée dans une observation serrée de ses contemporains en art» poursuit Bruno Montpied. On ne peut guère lui donner tort quand il écrit que «l’on assiste en quelques mètres de parcours de l’exposition à des citations éclatées de divers artistes admirés par l’auteur, Dubuffet, Léger, Miro, etc., tous plus ou moins démarqués ou déconstruits dans une facture sage et presque décorative». Le plus marrant c’est que cette expo reprend le titre d’un article de Jacques Soisson paru il y a des éternités (1973) dans le gros pavé consacré par L’Herne à Dubuffet. C’est encore Montpied qui met le doigt dessus. Il lui semblait se souvenir que Soisson était de la visite que Françoise Dolto avait faite à la Collection de l’art brut, rue de Sèvres, en 1970. Teigneuse comme je suis, j’ai fait 3 bibliothèques pour vérifier.
Et ben, c’est vrai.


22:05 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (5) | |  Imprimer | | Pin it! |

10.02.2006

Charlotte Salomon, Vie ? ou Théâtre ?

Je suis comme vous, mister Curieux. Aux «nanards» folklo-outsaïdeuriens je préfère des productions sans réel rapport avec l’art brut mais qui nous invitent à nous interroger à son propos ou à propos de ses limites.

Peut-être parce qu’elles se situent elles-mêmes dans ces territoires mouvants (presque des limbes) qui n’appartiennent ni tout-à-fait à l’art «culturel» ni tout-à fait à l’art des autodidactes.

Dans cet esprit, je voudrais m’approcher avec respect (et inciter nos fidèles amis muliens à faire de même) de l’exposition Charlotte Salomon, Vie ? ou Théâtre ? (Leben ? oder Theater ?).

Elle vient de commencer dans le Marais, à l’Hôtel Saint-Aignan abritant le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme.

Leben ? oder Theater ? ce n’est pas seulement une œuvre d’art inclassable composée de centaines de gouaches où les meilleures influences du début du XXe siècle (l’expressionnisme allemand, le primitivisme de Die Brücke, la typo de la Secession viennoise) se combinent à une candeur intacte, presque philosophique.

C’est aussi, sous une forme narrative utilisant des pseudos, une sorte de journal intime écrit directement sur les peintures ou sur des calques s’y superposant. Les 1325 pages constituant le manuscrit sont conservées au Musée historique juif d'Amsterdam. Les mémoires d’une jeune femme allemande, interdite d’études, chassée de son pays par les persécutions contre les Juifs.

L’histoire de sa famille, marquée dès avant la naissance de Charlotte en 1917 par une épidémie de suicides féminins (sa tante dont elle héritera son prénom, sa mère, sa grand-mère) à laquelle elle n’échappera elle-même que pour être assassinée (et l’enfant qu’elle portait) dès son arrivée à Auschwitz en 1943.

L’histoire de son amour aussi pour un homme complexe qui se partage entre Charlotte Salomon (Kann dans le récit) et sa belle-mère cantatrice.

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La mise en scène d’une vie bouleversée sous la forme d’une pièce de théâtre chantée (Singspiel) selon un rituel qu’elle a elle-même décrit : «La personne est assise au bord de la mer. Elle peint. Soudain une mélodie lui vient à l’esprit. Alors qu’elle commence à la fredonner, elle remarque que la mélodie va exactement avec ce qu’elle veut coucher sur le papier».

La mer était celle des environs de Nice où Charlotte était réfugiée et où elle fut vraisemblablement dénoncée. Parfois, son pinceau semble s’affoler presque bégayer, des éléments (corps allongés, bustes) se répètent en glissant vers l’abstrait. Elle, qui a peut-être connu l’expo Entartete Kunst, ne paraît alors jamais si proche de l’art brut.

C’est peut-être parce que dans cet art prétendu «dégénéré» où les Hitlériens réunissaient les grands artistes contemporains et les meilleurs créateurs de la Collection Prinzhorn, Charlotte Salomon avait sa place. Une place secrète sans doute, une place de trait d’union.

 

09:50 Publié dans Expos, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : charlotte salomon, leben ? oder theater ? | |  Imprimer | | Pin it! |

06.02.2006

Welcome to the Outsider Art Fair

medium_carton_art_fair.jpgTime-Art, le Pariscope de Manhattan, eut beau parler du vent québécois sur les architectures de Richard Greaves, pas de Greaves sur le stand 28 (celui de l’Andrew Edlin Gallery) à l’Outsider Art Fair de NYC. Mario Del Curto est un photographe professionnel et seuls les autodidactes de l’art sont exposés ici.
Le jeudi 26 janvier c’était la preview, soirée au bénéfice de l’A.F.A.M. (American Folk Art Museum) et votre petite âme errante y était avec ses nouvelles boucles d’oreille de princesse orientale de 2000 ans avant J.C. Rassembleur, velouté et englobant, le vernissage. Tout le monde friendly et relax. Le coquetèle? Les fraises? les petites tranches de thon? Ma copine Martine qui avait fait aussi le voyage, gentille comme tout. Un tam-tam brut retentissait grâce à un groupe de musiciens assez tribaux (cuillères et planche à laver). Le champagne californien coulait à flot. On croisait John Maizels, l’animateur de Raw Vision et Mme Brooke Davis Anderson qui préside au nouvel essor de l’A.F.A.M. dont l’exposition actuelle (jusqu’au 19 mars), Obsessive drawing, contient des œuvres de Chris Hipkiss, créateur représenté chez Cavin-Morris (stand 11).
Le plan de la salle ressemble à une fourchette à escargot. Dans le manche (booth 24), Tom di Maria et son Creative Growth Art Center qui a mis en valeur le travail de Judith Scott, la Galerie Bourbon-Laly de Montréal et son stand (31) d’art haïtien très coloré. Dans la dent de gauche, le Français Ritsch-Fisch. Dans la dent de droite, la Carl Hammer Gallery de Chicago (stand 5) et sa cape de Simon Sparrow, œuvre en bouchons. Et puis le stand 9 de Jennifer Pinto Safian (NYC) et son Wölfli Cordilleerens.

Sans oublier Yukiko Koide Presents de Tokyo qui montrait les idéogrammes de Kunizo Matsumoto et les feutrines de Junko Yamamoto.

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A la sortie du Puck Building, un bonbon rose de Soho, on nous a distribué un sac contenant un magazine et un gâteau au chocolat fourré de beurre de cacahuètes.
Je l’ai donné à la biche du Musée national d’histoire naturelle.
Elle n’en a pas voulu parce qu’elle est empaillée.

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23:20 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : kunizo matsumoto, junko yamamoto, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |