05.03.2010
Tajan brut cuvée 2010
Le tableau merveilleux n°34 de Fleury-Joseph Crépin occupe la couverture entière du catalogue de la vente Tajan qui aura lieu mardi 9 mars 2010 à Paris. Ce fait en apparence anodin a toute de même sa petite signification puisque c'est une vente d'art moderne, d'art brut et d'art naïf. Qui aurait dit il y a dix ans que l'art brut, alors relégué dans les ventes publiques dans les coins obscurs du théâtre des enchères, volerait la vedette au respectable art moderne?
Et bien c'est fait, nous en sommes là et Yves Brayer et Max Papart et Bernard Buffet peuvent aller se rhabiller. Même Fautrier doit marcher sous la houlette de la locomotive Crépin. L'art brut fait vendre, il n'y a plus à se poser la question. Faut-il s'en étonner ou s'en réjouir, l'avenir le dira. Pour le moment, voilà un beau train d'œuvres de Wölfli, Scottie, Koczy, Zinelli,
Gabritchevsky, Rifi, Nimczervski, Godi ... qui passe et on se serait bien bête de pas le regarder passer. Rassurez-vous, ils ne finissent pas tous en i et il y a aussi des Aloïse, Soutter, Garber, Madge Gill,
Grünenwaldt,
Tritschner, Lonné, Pépé (Vignes), Théo, Louden, Lesage, Nedjar, Bonnelalbay, Boix-Vives,
Bonjour, en voulez-vous, en voilà.
Plusieurs collections ou morceaux de collections, celles de Monsieur B., Monsieur et madame G. et Monsieur R. se sont rassemblées pour former cet ensemble qui n'a pas l'allure d'un tortillard. Le catalogue n'est pas cher (15 €) pour ce qu'il y a comme repros sur papier glacé juste ce qu'il faut. Je me casse pas la nénette à faire la jeune fille de la maison, le site Tajan déclinant plutôt généreusement le menu. Reportez-y vous ou vous-y, Koczy, Zinelli etc.
Moi, je déteste pas (et c'est un euphémisme) un pâteux Ozenda de la plus belle eau puisé au puits de Soutine ou d'un Vlaminck qui serait tourné furieux.
J'aime le Gaston Teuscher sans titre 84
et les buissons desséchés de Thérèse Bonnelalbay sont émouvants.
Le Wölfli 143, c'est incroyable comme il est lové sur lui-même
mais je dédierai plutôt aux amies de Palerme, l'image de ce Nogers-Kapelle bei Palermo de 1928
22:22 Publié dans Encans, Gazettes, Images | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, fleury-joseph crépin, carlo zinelli, madge gill, martha grünenwaldt, anselme boix-vives, benjamin bonjour, françois ozenda, gaston teuscher, thérèse bonnelalbay, adolf wölfli | | Imprimer | | |
28.02.2010
Cudowny sen Jean’a Smilowskiego
Mon cher Smilowski, je hais février, le plus court des mois et de tous le pire à la fois, parce qu'il fait baisser mes statistiques et que si ça continue, mars étant déjà là, je vais pas avoir le temps de parler de votre expo qui se tient à Villeneuve d'Ascq à La Ferme d'en haut jusqu'au 14. J'aurais tellement voulu la voir seulement, avec le boulot que j'ai au bureau, j'arrive pas à me libérer et je préfère assurer au cas où.
Jean Smilovski, ça fait un moment que je marche sur vos traces. J'aurais voulu vous connaître quand vous habitiez dans votre cabane du Vieux-Lille, près des fortifs de Vauban, une zone où les jardins ouvriers tournaient à la jungle. Vous l'aviez transformée en «ranch» personnel où vous abritiez vos souvenirs franco-polonais d'ouvrier malmené par l'histoire et par le travail ainsi que vos peintures, vos meubles et coffres décorés, vos jouets et vos pantins militaires.
J'aurais voulu voir in situ votre fresque sur Sitting Bull et partager votre fascination pour les Indiens d'Amérique. J'aurais aimé vous rencontrer, circulant à bicyclette, les jours où ça allait bien, vêtu de vagues uniformes de la guerre qui vous avait fait souffrir.
J'aurais adoré vous entendre chanter Ramona cette valse-symbole de la femme inaccessible à laquelle vous aviez voué un culte qui voisinait sans problème avec votre dévotion pour Sainte-Thérèse de l'Enfant-Jésus et Sainte Rita.
Cette exposition actuelle, qui reconstitue l'intérieur de votre chez vous, succède à l'expo-parcours qui s'est tenu dans le Vieux-Lille en octobre 2009. Elle est organisée avec le concours de La Poterne, une association qui veille sans relâche depuis plus de 20 ans sur votre œuvre dont elle a sauvé l'essentiel. Je possède dans mon fouillis une jolie pochette de cartes postales éditées par cette asso.
Et un classeur où j'ai glissé divers souvenirs des passages que vous avez fait sur cette terre depuis votre disparition en 1989. Je crois bien avoir loupé Art et bricolage, l'expo de L'Aracine qui vous faisait prendre l'air pour la première fois avec André Robillard. Mais je possède l'invitation de l'expo à la Bibliothèque annexe du Vieux-Lille qui reproduisait deux pages d'un de vos somptueux livres uniques.
Et encore :
le catalogue de l'expo de la collection Bert Berglund où figurait une de vos œuvres,
un article paru sur vous dans Polonika (n°2), un canard franco-polonais disparu.
Tout cela c'était en 1993. Plus récemment, j'ai mis dans du coton le carton de votre rétrospective de 2002 au Musée d'Art Moderne Lille Métropole. Pour le régal de nos Animuliens, permettez-moi de montrer encore votre portrait photo par François Dumas pour le carton de votre apparition à la Médiathèque Marguerite Yourcenar en 1997.
Et plus émouvant encore - car de votre vivant - le tract d'une asso (avec un dessin de vous) qui, en 1986, réagissait contre la rénovation urbaine qui devait emporter votre univers.
20:20 Publié dans De vous zamoi, Expos, In memoriam, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, jean smilowski | | Imprimer | | |
24.02.2010
Vie et œuvre de Charles Lanert
Charles Lanert : pour quelqu'un dont on ne savait rien, ce créateur dont 2 œuvres vibrionnaires figurent sur le site (dévolu à l'art brut) de la Collection abcd nous réserve aujourd'hui des surprises. Enfin, quand je dis «aujourd'hui» ... c'est depuis le printemps 2009 qu'un site internet a été ouvert à son propos mais comme on me dit jamais rien c'est seulement maintenant, tonnerre de Brest, que je m'en rends compte. Je m'abstiens de jurer, d'une part parce que mon daddy n'aime pas ça, d'autre part parce que Jacques Benoist, l'auteur du site Charles Lanert, sa vie, son œuvre, est un curé et un historien de la construction du Sacré-Cœur de Montmartre (une belle mocheté soit-dit en passant).
Aussi faut-il pas s'étonner si le père Benoist tire (sans exagération cependant) la couverture du côté de la religion. Il y a d'ailleurs quelque droit. Apparemment, la vie de Lanert, natif de la Drôme (et non de Suisse comme on l'a écrit) a croisé plusieurs fois les enfants du bon dieu. Jusqu'à sa mort dans une maison de retraite des Petites Sœurs des Pauvres en 1995. Une partie des 200 œuvres de Charles Lanert dont Jacques Benoist a hérité relève d'ailleurs d'un art sacré franchement cul cul-la-sacristie.
D'autres semblent le résultat de recherches dans le domaine abstrait (clins d'œil à Klee, à Kupka) ou dans le paysagisme maritime. Peu, finalement appartiennent à ce style «radiographique» à base d'entrelas grouillants qui l'ont fait classer (peut-être un peu rapidement ?) dans l'art brut.
Allez donc ici (cliquer dans le visuel)
une bande d'images déroulantes vous en dira plus.
00:34 Publié dans Blogosphère, Images, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, charles lanert | | Imprimer | | |
23.02.2010
Ancienne collection Jacovsky sur catalogue
La collec de Jakovsky, nom d'une pipe, c'était kékchose! Il collectionnait pas seulement les pipes, l'Anatole, et les toiles naïves à en bourrer tous ses appartements. Il s'entourait de beaucoup de livres dont on voit passer certains de ci de là au fil des catalogues.
Après-demain, mercredi, le 24 de février, un joli choix de ceux-ci (et d'autres documents jakovskyens) défileront chez Pierre Cardin, Rémy Le Fur et associés, sous l'enseigne d'AuctionArt, dans une vente publique à Drouot-Richelieu.
Les repros ont de quoi mettre l'eau à la bouche. Je flashe pour mon compte sur un recueil de poèmes mi figue espagnole, mi raisin français, enluminé tout autour de la typo par Miguel Hernandez, un des géants de l'art brut du début. Coplas de la peine et de l'amour que ça s'appelle. La déco de M.H. n'est pas sans faire penser -c'est drôle- à des illustrations de Joan Miró.
Je louche aussi sur le super manuscrit d'André Breton, signé et fort raturé (indice d'un premier jet), relatif à Joseph Crépin. Et naturellement sur une photo représentant ce peintre, prise vers 1950 par Anatole Jakovsky.
Claude Oterello, le monsieur qui expertise, peut pas tout décortiquer, tellement certains lots de la vente sont copieux. Dans l'un d'eux, il y a une photo de Jean Dubuffet avec des cheveux.
On y trouve aussi des lettres de celui-ci dont une de 1964 où il informe Jaco que les œuvres de Camille Renault lui paraissent «relever davantage de l'art naïf que de l'art brut». saignant, non? Autre chose qui mérite l'achat de ce numéro 179 du catalogue, une liste dactylographiée donnant la liste des «ouvrages concernant les écrits des aliénés et que possède Paul Eluard» avec l'indication précieuse : «vendredi 18 mai 1945». Nettement avant le fameux voyage en Suisse de juillet 1945 qui passe trop souvent pour le début des recherches de Dubuffet en matière d'art brut. Dans le même ensemble, une lettre préconisant de demander à Nush Eluard d'écrire «au médecin-chef pour qu'il envoie une note sur le sculpteur en question». Il y a gros à parier qu'il s'agit bien sûr d'Auguste Forestier.
Pour terminer, je vous dirai que j'ai aimé le café que Maître le Fur offre courtoisement aux visiteurs et visiteuses de l'expo préalable à la vente. Et le slogan de la bande annonce imprimée du n°163 (Prospectus aux amateurs de tout genre de Dubuffet) soigneusement conservée par Jakovsky, il est pas mal non plus :
....Contre le roi, pour la bergère....
00:04 Publié dans Encans, Expos, Gazettes, Musées autodidactes disparus | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, art naïf, anatole jakovsky, jean dubuffet, joseph crépin, miguel hernandez | | Imprimer | | |
15.02.2010
Идеальный дворец Почтальона Шеваля
Quel dommage que je comprenne pas le russe! Je suis même infoutue de vous traduire le titre du film ni de savoir qui qui l'a fait. Mais voilà que Cheval nous parle en cette langue et ça se laisse regarder. Tout de même si quelqu'un peut décoder, qu'il n'hésite pas...
23:15 Publié dans Ecrans, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : ferdinand cheval, art brut | | Imprimer | | |
01.02.2010
Raw-visionne Rouge Ciel
On va dire que j'exagère. Que c'est de l'acharnement. Que je crie Haro sur Raw Vision. Négatif. S'il faut encore que je vous en fasse une tartine sur cet indispensable magazine de l'art «beyond the mainstream», c'est parce qu'il a le mérite de me fournir mon sujet suivant. A savoir Rouge Ciel, le film de Bruno Decharme. Je vous en ai déjà touché deux mots lors de sa projection privée (cliquer sur ma note Annivernissages d'octobre le 2. 10. 2009) et même plus, dès le 3 novembre 2008 (Rouge Ciel 100 mn pour l'art brut). Et depuis plus rien parce que si j'avais bien aperçu que cet «essai sur l'art brut» s'était retrouvé dans un tas de festivals américains, sud-africains, égyptiens, irlandais et united-kindomiens (voir rubrique abcd actualité dans le site de l'Asso du même nom), j'ignorais s'il faisait l'objet de projections publiques ou s'il était déjà distribué en version visionnable à la maison.
Raw Vision à ce sujet lève le voile puisqu'il reproduit la boîte du DVD en anglais sur laquelle on peut lire : «A film that shatters some generally acknoledged ideas about art and creation». Ceux qui voudront se faire une idée de la chose pourront aller consulter les deux extraits de Rouge Ciel qui figurent sur www.systemeb.eu.
En attendant ils peuvent lire la présentation du film dans le numéro 68 de Raw Vision : «This beautifully crafted film by film maker and collector Bruno Decharme must be one of the best ever made on the overall subject of Art Brut. Combining animation, interviews and archive film, it gives a comprehensive, informative and historical background to the stages of Art Brut's acceptance and development».
Je m'arrête là pour ne pas excéder le droit de citation. Achetez Raw Vision (Winter 2009/10) pour connaître la suite.
00:05 Publié dans Ecrans, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, abcd | | Imprimer | | |
20.01.2010
De HLM en USSR
N O Sii A M I E S iiL E S iiB Ê T E S
Pouf, pouf. Faut que j'marque une pause. Votre petite âme errante peut pas toujours faire dans le lourd.
Par conséquent je vous rappellerai pas que c'est demain, jeudi 21 janvier 2010, le vernissage des nouvelles œuvres du centre Creative Growth à la Galerie Impaire : PROJECTS
ni que au même moment (ils pourraient pas se mettre d'accord pour éviter ce genre d'embouteillages ?) la Galerie Christian Berst nous en mettra une nouvelle couche russe avec Back in the U.S.S.R., un titre qui y'a plus qu'à mon daddy-pop que ça dit quelque chose.
Votre servante (comme dirait l'autre) s'abstiendra aussi de vous informer que la dernière expo H.L.M. (hors les murs) du Musée d'Art moderne de Villeneuve d'Ascq vient de commencer à la Galerie des 3 Lacs de Lille Université.
Quoique ça la démange un max d'attribuer son label «nos amies les bêtes» à M. Jean-Marie Guichard qui n'a pas peur d'écrire dans La Voix de ch'Nord : «Cela dit, l'art brut, encore appelé art naïf (gloup !), art des fous, des autodidactes, nous fait découvrir des mondes et des personnages fascinants, surtout quand on fait le voyage en compagnie de Savine Maupin (regloup !), la commissaire de l'exposition».
22:35 Publié dans Expos, Gazettes, Nos amies les bêtes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, kathleen henderson, mikhaël kaliakine, galerie impaire, galerie christian berst | | Imprimer | | |
15.01.2010
Jeannot à l’Institut
Le plancher de Jeannot n’en finit pas de nous questionner. Les questions c’est comme tout, il en est dont on ne sait que faire et d’autres dont on aperçoit tout de suite la résolution. Si je vous dis : le thon rouge mérite-t-il de disparaître? Tout le monde se lève pour la protection de l’espèce!
Car il y a des questions qui ont le don de sécréter leur réponse comme un pin sa résine. C’est à une interrogation de cette sorte que nous confronte Guy Roux dans un article paru en 2009 dans le n°3 des Cahiers de l’Institut (International de Recherches et d’Explorations sur les Fous Littéraires).
«Fallait-il sauver le plancher de Jeannot?» demande-t-il dès le titre à son lecteur. Et pour être certain qu’on ne va pas échapper au dilemme, il conclut de même. Entre cette introduction et cette conclusion jumelles, l’auteur rappelle opportunément l’histoire terrible de ce document-choc qui fait œuvre d’art brut aussi bien que le lambris de Clément.
Je vous en ai déjà parlé, alors je fais court. Un paysan béarnais pas commode. Il s’isole de plus en plus. Patrouillant sur son tracteur la pétoire à la main. Quand sa mère meurt, il l’enterre dans la ferme et sur le plancher sous lequel elle repose il grave un texte vengeur, furibond, accusateur et auto-défensif.
Il faudrait avoir un cœur de pierre pour ne pas comprendre qu’après la disparition de Jeannot il se soit trouvé des gens convaincus de la valeur de cette œuvre pour le «débarbouiller» de la terre, de la paille et du plâtre qui le recouvraient. Pour «l’épouiller» des insectes «qui le squattaient».
Ainsi devenu présentable, cet enfant sauvage de l’expression intime, a pu être montré dans le monde à Biarritz, à Bordeaux, à Toulouse, à Paris avant d’être adopté par Bristol-Myers Squibb, labos pharmaceutiques de leur état, qui l’ont envoyé parfaire son éducation dans une boîte de la rue Cabanis à Paris, en face de l’Hôpital Sainte-Anne où il attend, depuis, la semaine des quatre jeudis.
Durant les expositions où il avait figuré entre 1997 et 2005, le plancher de Jeannot avait, selon Guy Roux, suscité des cavalcades d’imaginations et des emportements de jugements définitifs «c’est-à-dire sommaires». Ce sont choses qui ne risquent pas d’arriver à M. Roux. Il est pondéré, circonspect, objectif. Il s’interroge beaucoup et nous laisse libre de conclure. Exemple : «où se situerait la vraie place du spectateur éventuel, puisque cet écrit ne concernait personne d’autre que Jeannot?».
Il n’y a que sur les parquets que l’auteur soit catégorique. «Tout parquet» selon lui «doit périodiquement» être encaustiqué comme le plancher de Jeannot le fut lors de sa restauration. Etonnez vous après cela que lorsqu’il fut exposé à plat (dans sa position naturelle donc) des gens aient eu envie de sauter dessus «à pieds joints»!
Même s’il l’exprime avec discrétion, la préférence de Guy Roux va -on le sent- à l’actuelle façadisme blindé auquel le plancher de Jeannot est soumis. Pour des raisons religieuses sans doute : «Disposé verticalement, il a provoqué l’apparition d’attitudes extatiques de visiteurs qui le caressaient de la main, comme ils l’auraient fait de statues ou de reliques de saints, tandis que d’autres se frottaient langoureusement contre sa paroi».
Libre penseuse invétérée comme je suis, on me permettra d’être d’un autre avis. Et si la question était :
FALLAIT-IL METTRE EN BOÎTE LE PLANCHER DE JEANNOT?
23:46 Publié dans De vous zamoi, Lectures | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : plancher de jeannot, art brut, thon rouge, lambris de clément, irefl | | Imprimer | | |
09.01.2010
Attraction de l’Abstraction
Abstraction, abstraction! Mon daddy chéri ça lui rappelle sa jeunesse l'expo de l'American Folk Art museum. Quand il criait dans la salle du Marcadet-Palace le jeudi après-midi avec ses potes pour réclamer des «attractions, attractions!». En ce temps-là les cinés de quartier proposaient encore des intermèdes style music-hall qui s'appelaient des abstractions - pardon : des attractions.
Tout ça pour dire qu'elle est bien attrayante l'expo de New York et que son concept sonne comme un cri de joie dans la bouche d'un gosse (mon daddy est resté très jeune).
Votre petite âme errante a ouï dire en effet - car elle ouï pas mal - que cette «exhibition» baptisée Approaching Abstraction est la «first exploration into nonobjective expression».
Connaissez-vous la Nono ? La Nonobjective expression of course. Rien à voir avec votre cousin Arnaud, vos tontons Bruno, votre voisin Albino ou même le petit robot. La Nono c'est la méthode qui consiste à aborder la question de la création brute autodidacte par un autre biais que celui du biographique, du sociologique ou du n'importe-quoi-isme habituels.
C'est Madame Brooke Davis Anderson, le curator qui en a eu l'idée. Et une exposition bâtie sur une idée, forcément ça se remarque, dans la forêt de toutes celles qui sont fondées sur du vent, sur du flan ou sur le dernier truc à la mode.
Mrs B.D.A. a le mérite de chercher à élargir le discours ronronnant autour des «self-taught artists» sans pour autant avoir recours à des comparaisons vaseuses avec le grand art cultivé. Elle a sélectionné une soixantaine de peintures, dessins, sculptures et ovnis-mixtes groupées, si j'ai bien compris, en 3 parties, ancrées chacune sur une vedette particulière :
Judith Scott
John J.B. Murry
Thornton Dial Senior
Son expo éclaire le travail d'une quarantaine de créateurs jumelés de façon surprenante et inattendue.
De grands européens : Aloïse
Raphaël Lonné
Adolf Wölfli
des «autodidactes américains» du sud :
Bessie Harvey
Purvis Young
et d'autres moins connus :
James Castle
Hiroyuki Doi
Melvin Way
Approching Abstraction nous donne, à côté de ça, l'occase de nous pencher sur des rapprochements de techniques : contours fracturés, manœuvres d'enveloppement, messages cachés, communication perso auto-référentielle, codes, symboles, gribouillis, éclaboussures, coulées de peinture. Rien que du bonheur on dirait! Vous pouvez y goûter pour 9US$ jusqu'au 6 septembre 2010. C'est au 45 ouest, 53e rue, NY 10019.
Abstraction ! Abstraction !
19:22 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, brooke davis anderson, judith scott, john j.b. murry, thornton dial senior, aloïse corbaz, raphaël lonné, adolf wölfli, bessie harvey, purvis young, james castle, hiroyuki doi, melvin way | | Imprimer | | |
03.01.2010
Meilleurs vire-vœux pour 2010
Pour commencer l'année sous le vent de l'art brut ou du moins sous le signe d'un art de plein air qui nous passionne tous, permettez que je dégaine mon joker de Noël sous la forme de girouettes poitevines dégotées grâce à l'ami Freddy, le roi des fureteurs. Faut vous dire que votre petite âme errante, fuyant les avalanches de foie gras et de bûches à la crème, est allée faire un p'tit tour dans les Deux Sèvres pour explorer les ressources d'une gastronomie locale supposée plus proche de la nature. A Parthenay où Bijou, la grosse 308 de location, nous débarqua le 25 décembre, mon chéri et moi, seul un resto auvergnat était ouvert. Délicieux La Truffade et idéal pour se caler les joues.
Après ça, on était fin prêts pour brûler des calories sur les routes blanches de givre du département.
Dans une ville voisine, on a cueilli au vol Monsieur Freddy qui nous a fait tourner et virer dans tous les sens jusqu'à faire halte devant une petite maison, un peu basque avec son pan de toit très long et son crépi sang de bœuf-vanille. C'est là qu'un monsieur poitevin du coin a installé son show-room en plein ciel de vire-vent inventifs, populaires et plaisants, rutilant comme des malades sous la lumière de l'ouest.
Maman ! ça faisait longtemps que j'en avais pas vu de pareils! La dernière fois c'était au Québec, il y a 10 ans. A Saint-Léon de Standon, sur la route 277 vers Saint-Joseph de Beauce.
Une de mes photos était parue à l'époque dans le petit Bulletin de la Société des Arts Indisciplinés.
De ce côté ci de l'océan, l'épouse du créateur de girouettes tînt à préciser pour Freddy que «l'ont venu, la télévision» et que «y'a pas grand chose dans le quartier, ça distrait un peu les gens». Ce jour là, son mari n'était pas visible. Il était là mais il souffre de son arthrite. Depuis 2 ans, «il n'en fait plus mais si le bon dieu veut il recommencera». S'il y a un bon dieu quelque part, qu'il se démène pour cette dame et que son girouetteur inspiré retrouve assez de forces pour continuer ces avions qui lui demandent trois mois de travail,
ces bonshommes au nez rouge si vivaces,
ces promeneurs avec leurs chiens qui hissent très haut le numéro du département (79)
Voilà toute la grâce que je vous souhaite, Cathy, Freddy, Jeanne, Alain, Sophie, Batolo, JB, Ana, ArtVisceral, Cécile, Fred, Le Palantin, Guy, L'Etonné, Michel, Orange, CoLudoM, Le Sciapode, Sco, Le Truffier, Béatrice, Georges, Bruno, Cosmo, Pierre, Stef, S, Baptiste, Daddy, Lise, Rappoport, John, Laurent, N.B., Phil, Jérôme, Brunet, V., J.P.N., Jean-Louis, Jeannine, Nadau, Sun, M.V., Henk, Christian, Teresa, BB, Rémi, Letrangère, Tiger, Romuald, Lespignan, Père Cheron, Louis, Dominique, Gérard, M. G.-V., Pindalep, Valérie, Armelle, Pierrick, Céline, Jolly, André, Eglantine, Bill, Pas à pas, Bertrand, Le Garçon Mutant anachronique, Vito, Magali, Caroline, Dd, Pascal, Anne, Colette, Jenni, SpiRitus... Et à vous aussi, Animuliens trop timides pour me laisser des commentaires ou des messages perso mais très fidèles quand même.
A tous, de belles découvertes en 2010 dans le monde magique de l'art sans fil-à-la-patte!
19:13 Publié dans De vous zamoi, Sites et jardins, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, art populaire, vire-vent, girouettes, 2010, voeux | | Imprimer | | |