23.04.2012
Beauté pliée à Haarlem
Vous reprendrez bien un p’tit coup de Hollande? Mille marmites (comme dirait le Père Peinard), cela s’impose, en ces temps républicains! Aussi ma chronique sera-t-elle batave en ce soir de grande lessive électorale.
Et puisque la batavia est au menu, quelques mots en néerlandais d’abord : «Museum Het Dolhuys in Haarlem presenteert Verborgen schoonheid uit Japan, een tentoonstelling met bijna 1000 kunstwerken van 50 verschillende kunstenaars».
Même si vous êtes un francophone endurci, vous avez compris que mon néerlandais avait les yeux bridés.
Et fûtés comme le sont les Animuliens fidèles, vous avez deviné de quoi il retourne. Je vous parle d’une exposition. Elle a lieu dans un musée de Haarlem (jusqu’au 2 septembre 2012). Elle présente environ 1000 pièces d’environ 50 créateurs japonais de l’espèce «outsider art».
Pour citer la version en idiome international : «Het Dolhuys museum located in Haarlem, presents Outsider Art from Japan, an exhibition of nearly 1000 artworks by 50 different artists».
Pour ceux qui comme moi, l’ignoraient encore ce matin, Het Dolhuys est un jeune musée de psychiatrie fondé en 2005. Il vise à interroger les conceptions de la folie en invitant ses visiteurs à réfléchir au lien entre normal et pas normal. Dans le but de concourir à préserver les personnes rencontrant des problèmes psychiatriques de certains préjugés tenaces (du genre : «rien de beau ne peut sortir de la folie» comme a osé le prétendre notre calife sortant, un jour où il venait de traiter de zinzin un de ses rivaux du même camp que lui).
Hans Looijen, le directeur du Het Dolhuys ne craint pas, lui, de se coltiner cette verbrogen schoonheid. «Beauté pliée» si j’en crois l’équivalent tordu que j’ai obtenu avec Gougueule-Traduction. Avouons que les approximations de celui-ci ont du bon quand elle dérapent comme ici dans le poétique.
Marie Suzuki
Cette beauté pliée, il l’a rencontré tout d’abord à Paris en 2010 en visitant l’expo Art brut japonais (en ce temps là, on n’avait pas peur du mot à la Halle Saint-Pierre) qui fit un score de 120.000 entrées, selon H.L. Il aurait pu la croiser auparavant à Lausanne en 2008 dans l’expo Art brut du Japon.
Sawada Shinichi
Curieux des destins respectifs des différents auteurs, Hans Looijen a poursuivi la beauté pliéejusqu’au Japon et l’a assise sur ses genoux. En collaboration avec l’Aiseikai Organization et le No-Ma bordeless art museum in Japan, et après avoir rencontré les créateurs dans les institutions qui les protègent et les encouragent, il a sélectionné le riche matos de son expo haarlemienne actuelle.
Takashi Shuji
Car, attention, l’expo du Museum Het Dolhuys n’est pas une simple réplique du précédent tsunami parisien! 25 des créateurs japonais présentés à Haarlem exposeront pour la première fois en Europe. In english : «around 25 artists will exhibit for the first time in Europe».
Yukiko Yamada
00:28 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut japonais, marie suzuki, sawada shinichi, takashi shuji, yukiko yamada, museum het dolhuys, hans looijen | | Imprimer | | |
28.05.2010
Le Japon hors norme sort dans Télérama
Un Japon hors norme, c'est à vous faire sortir de votre petit for intérieur, non? Donc, même si vous n'êtes pas une grande télérameuse devant l'Eternel, même si vous ne regardez jamais la télévision ou que vous avez bousillé votre écran plat depuis un certain soir de mai 2007, n'attendez pas la grève des Maisons de la presse pour aller vous procurer le dernier en date des numéros de Télérama. Le n°3150 couvrant la période du 29 mai au 4 juin 2010, pour être exacte. The Télérama et surtout son supplément Sortir qui «ne peut être vendu séparément». Sur la couv de ce sup vous reconnaîtrez une des œuvres présentées en ce moment à la Halle Saint-Pierre dans le cadre de l'expo Art brut japonais.
A l'intérieur, un article de Bénédicte Philippe à propos de cette expo. Le Japon sort des règles de l'art, tel est son titre. Et cet article vaut le détour. D'abord parce qu'il est bien documenté, B. P. s'étant donné la peine de s'abreuver à plusieurs sources parmi lesquelles celles de Jean-Pierre Klein qui touche sa bille en art-thérapie, Yves le Fur, Directeur du Patrimoine et des Collections au musée du Quai Branly, Céline Muzelle qui a contribué au catalogue de l'expo à la Sainte-Halle. Ensuite parce que cet article sur 4 colonnes point trop longues se donne les gants de ne jamais oublier de parler des œuvres et des créateurs tout en éclairant le grand public (sans avoir l'air d'y toucher) sur la notion d'art brut, son passé et son nouveau visage.
Surtout, surtout, l'article de Bénédicte Philippe ne cède jamais à la facilité des présentations déficitaires, genre : dansons avec la poussière puisque l'art brut ne fait jamais le ménage. Elle n'a certes pas peur d'employer les mots vrais : «autistes, trisomiques ou psychotiques» mais c'est toujours pour rappeler que les créateurs japonais concernés par ces mots sont simplement «mentalement différents» et qu'ils tirent de cette différence des avantages certains : «Employant des moyens détournés pour s'exprimer, ils nous forcent à sortir des a priori, des connaissances figées en nous-mêmes. (...) ils nous rendent justes plus vivants». Cela s'appelle le tact, une vertu indispensable quand on prétend parler d'art brut. Le tact, c'est pas si répandu dans le grand (et le petit) journalisme. Sans doute parce qu'il demande un travail d'écriture supplémentaire. Cela mérite donc d'être salué au passage.
23:55 Publié dans Expos, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, art brut japonais, halle st pierre, télérama, bénédicte philippe | | Imprimer | | |
25.03.2010
L'art brut japonais à la Halle St Pierre
Je rentre à pas d'heure, je me fais des réceptions chez les ambassadeurs, enfin celui du Japon en France, Son Excellence Yasuo Saito. Il a eu la bonne idée d'inviter au cocktail qu'il donnait à Paris, mardi 23 mars 2010, pour les VIP parties prenantes de l'exposition Art brut Japonais qui débute à la Halle Saint-Pierre, des créateurs y figurant.
C'est ainsi que j'ai pu boire une orangeade en compagnie du toujours souriant (et si élégant dans son costume à rayures) Takahiro Shimoda qui décore ses pyjamas de motifs colorés parce qu'il veut dormir dans ce qu'il aime le plus : les œufs de saumon, les gâteaux et bien d'autres choses encore.
J'ai eu l'immense plaisir de rencontrer Mlle Shiho Ueda venue directement de sa montagne située au nord du Japon. Shido Ueda, en plus d'un chromosome, a un avantage sur nous. Elle est capable de remplir des pages entières de petits personnages à la queu leu leu ondulante qu'elle appelle "Koyubito-san" (Monsieur et Madame Auriculaire). Sa maman que je connaissais déjà parce que j'ai vu un petit film pris dans le petit restaurant dont elle s'occupe, m'a fait cadeau d'une petite carte avec un vrai dessin de sa fille.
Tout le monde a été sage pendant les discours, moi y compris. Madame Lusardy a dit qu'elle avait le trac mais ça se voyait pas, ni en français ni en japonais. Un qui manquait malheureusement c'est M. Masao Obata qui a eu la mauvaise idée de disparaître avant le voyage vers Paris. Il se taille la part du lion dans l'expo de la salle Saint-Pierre avec ses couples rouges qu'il dessinait sur des cartons jaunes récupérés (et arrondis aux angles) dans les cuisines de l'institution où il vivait.
C'est, avec Shinichi Sawada, un jeune homme aux longs doigts fuselés dont une sculpture en céramique orne le catalogue, une des vedettes de cette expo hyper-collective puisqu'elle rassemble 63 créateurs.
C'est dire s'il faudra s'y reprendre à plusieurs fois. En attendant, voici quelques photos du vernissage.
Et le lendemain ...
23:27 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, art brut japonais, halle st pierre, takahiro shimoda, shiho ueda, masao obata, shinichi sawada | | Imprimer | | |