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31.12.2007
Bonne année aux tangata maori
Comme des rois-mages vers la paille de l’étable, les Animuliens et Animuliennes (il y a aussi des reines-fées) arrivent du monde entier sur le blogounet de votre petite âme errante en cette extrême fin d’année.
Merci donc à Los Angeles, à Givors, à Overijse, Moisdon-la-Rivière, Walcourt, Bulle, Sherbrooke, Laval, Québec.
Merci à Ivry-sur-Seine, Cavaillon, Jaipur au Rajastan, Uppsala, Gavidia au Venezuela, Villiers-sur Marne, Taipei, Saint-Florent-sur-Cher, Bibbiena en Emilie-Romagne, Annecy-le-vieux, Toronto, Piotrkow Trybunalski, Sofia, Bully-les-mines, Malters, Chambly au Québec.
Et à Abbotsford en Colombie britannique, Tunis, Lisbonne, Zwanenburg, Marche-en-Famenne au Luxembourg, Memphis (Tennessee), Seattle, Vienna (Virginia), Haarlem, New York, Worb, Montréal, Bouzigues, Lyon, Paris, Bruxelles, Bordeaux, Zürich.
Dernièrement la bonne parole animulienne a été consultée à Claye-Souilly, à la Réunion (merci Violette !) et franchissant l’Océan indien, elle est parvenue jusqu’à Melbourne (Australie).
Pour le moment la Nouvelle-Zélande se fait un peu tirer l’oreille mais j’ai bon espoir. Comment des gens qui, lorsqu’ils entrèrent en contact avec les Européens se désignaient par l’expression tangata maori (homme ordinaire), ne seraient pas curieux de «l’homme du commun à l’ouvrage» ?
Et puisqu’en tahitien maori signifierait «en confiance» ou «comme des bienvenus», sans vouloir me prendre pour la Sainte Vierge, je dis «welcome» au monde entier en ces dernières heures de 2007.
21:50 Publié dans De vous zamoi | Lien permanent | Commentaires (3) | | Imprimer | | |
30.12.2007
Une voix d’en bas : Leonora Carrington
L’année se termine mal. J’ai un bouton sur le nez et une plaque rouge sous le poignet pour cause de tapis de souris gratteur.
Heureusement qu’en cherchant consolation sur la toile, je suis tombée sur Les Nouvelles dermatologiques, un «english-french international journal».
Dans le supplément 1 du n° 25 de 2006, j’ai dévoré l’article du Docteur (es lettres) Marie-Hélène Inglin-Routisseau intitulé La peau retournée : une métaphore surréaliste de la persécution du Moi?
Spécialement le passage qui concerne Leonora Carrington parce qu’il ramène aux fantômes dont je vous causais dans ma précédente note.
De Leonora C, je ne possédais en effet que L’Histoire de l’heureux fantôme publiée par L’Impatiente.
C’est, avec Unica Zürn et Leona Delcourt (alias Nadja), une de ces inspirées/inspiratrices qui croisèrent -à tous risques- leur destin avec celui de grands ténors surréalistes Hans Bellmer, André Breton et Max Ernst dans le cas de Leonora.
On pourrait leur joindre Colette Peignot (alias Laure) si Georges Bataille avait été boire l’apéro à la Brasserie Cyrano.
Leonora Carrington apprit notre langue avec une nounou française. Elle l’écrit avec un entrain insoucieux de l’orthographe. Elle n’est plus aujourd’hui la brune glamour dont les 20 berges conquirent le cœur de Ernst.
C’est une madame d’âge vénérable qui, dans une Lettre à Henri Parisot publiée par X poètes au féminin (aux Editions L’Arachnoïde), s’exprime ainsi : «Comme une vieille taupe qui nages sous les cimitières je me rends compte que j’ai toujours étais aveugle – le cherche à connaître le Mort pour avoire moins peur, je cherche de vider les images qui m’ont rendus aveugle».
Une asso Max Ernst à Saint-Martin d’Ardèche garde le souvenir de la maison qu’elle décora avec Max lors de leur halte avant l’orage d’acier nazi en 1937-1939. «En 1940», nous dit M.-H. Routisseau, «après l’internement de Max Ernst dans un camp (…) Leonora Carrington connaît un épisode psychotique délirant qu’elle relate dans En Bas».
Ce petit livre est précieux pour les amateurs d’art brut. Il leur permet de piger – pour ainsi dire de l’intérieur - quelque chose de ce qu’un créateur plus ou moins schizo peut ressentir. Aussi tirerai-je un feu d’artifice car je viens – bingo ! – de le trouver. C’est pas évident en français.
En anglais, il semble que Black Swan Press à Chicago en propose une édition de 2004 dont voilou le petit chapeau : «Down below recounts Carrington’s adventures in Spain on the other side of the mirror after being pronounced incurabily insane».
«La folie lui permet (…) de découvrir une secrète affinité avec les bêtes» remarque Mme Routisseau à propos de Leonora. Celle-ci s’approchait «des animaux en liberté, là ou d’autres humains provoquaient une fuite immédiate». Ceci, «par la peau, par un langage d’attouchement» qu’il lui était «fort difficile de décrire».
Animuliens, vous qui n’êtes pas des bêtes, vous comprendrez bien ce que ça démangeait votre petite âme errante de vous parler de cette voix «d’en bas».
21:00 Publié dans Ecrits | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Leonora Carrington | | Imprimer | | |
26.12.2007
Des fantômes et des anges au Grand-Hornu
Je comptais m’en tenir là, concernant celle du MAC’s au Grand-Hornu en Belgique (jusqu’au 13 janvier 2008), tant il est vrai qu’un meeting avec Mac Collum, Aloïse, Buren, Madge Gill, Robert Barry et Henry Darger, c’est kif-kif pour moi la rencontre «sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie».
Cependant le catalogue évoque le temple d’Hadrien (son cabinet logologique à lui) alors je me sens concernée par cette confrontation d’«extraits des collections du Musée d’Art Moderne Lille Métropole».
Le problème du MAM, c’est pas qu’il soit actuellement fermé pour modernisation, c’est qu’il est trop riche. C’est un berger qui veille sur un cheptel bigarré. D’un côté les brebis de l’art moderne et contemporain, de l’autre ce loup dans la bergerie : l’art brut.
Comment rassembler ce troupeau sans limer les dents d’Ysengrin, sans affubler les agneaux de crocs? Problème pas simple.
Des L’Aracine et des ailes, pardon, je voulais dire : Des fantômes et des anges -le vrai titre de l’expo du Grand-Hornu- se donne un mal de chien pour le résoudre.
Sans faire la bête, j’avoue que je suis pas baba devant la juxtaposition d’une Femme lipue de Van Dongen, datant pourtant d’un temps où l’artiste n’était pas encore un portraitiste people, avec un St Adolf de Wölfli, au prétexte formel de la coïncidence d’un œil charbonneux et d’un masque noir du style «loup».
Boules de gomme d’un côté, mystère de l’autre.
Moule à gaufres
Les rédacteurs du catalogue ont beau s’y mettre à 5, on peine à saisir le concept de l’expo, surtout si comme moi on a le ciboulot trop moulagaufre pour cerner les «points hypnogènes et psychicônes» dont nous entretient Nicolas Surlapierre page 34.
«Comment mettre en place (…) un dispositif où le regard peut s’accrocher de la même manière, à ceci, à cela et encore à cela -art brut, art moderne, art contemporain- (…) ?» demande, page 114, Laurent Busine.
On peut pas. Sauf au moyen de tours de passe-passe.
«Cette (…) ascension spirituelle est peut-être (C moi qui souligne) à rapprocher des recherches contemporaines d’Augustin Lesage» nous dit, p. 44, Savine Faupin qui vient de parler des «Peintures de rêves» de Miró.
«Pourquoi est-ce que je regarde ce jeune homme de Modigliani aussi bien (C moi qui…) que cette femme colorée d’Aloïse ?», tente de nous persuader Laurent Busine p. 70.
Avec des «aussi bien» et des «peut-être», on mettrait Paris en bouteille et l’art brut au placard. Car il deviendrait encombrant, l’animal !
Raison pour laquelle peut-être, le directeur du MAC’s qui a pourtant dû potasser Dubuffet et Thévoz, soutient que «le statut» de l’art brut «n’est toujours pas défini de manière précise».
Comme dirait Scully «la vérité est ailleurs».
Elle perce dans le texte de Jérôme André, le dernier du catalogue fantômique et angélique.
«A la lumière du musée, l’objet est (…) naturalisé en œuvre d’art» remarque-t-il p. 162.
De «naturalisation» à «artification», son vilain petit avatar, il n’y a qu’un pas.
Le pas de ceux qui s’étonnent toujours que Dubuffet les ait dépossédés à jamais de leur monopole d’instances légitimantes.
Le pas de ceux qui admettent mal qu’un créateur puisse ne s’autoriser que de lui-même.
00:05 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : art brut, Adolf Wölfli | | Imprimer | | |
25.12.2007
Noëlinks
00:10 Publié dans Blogosphère, Jeux et ris | Lien permanent | Commentaires (2) | | Imprimer | | |
24.12.2007
Des œufs de Pâques à Noël
Les petits fûtés et les grosses malignes étant bien entendu majoritaires dans le peuple animulien, il y a gros à parier que certains ou taines d’entre eux ont déjà découvert le secret des mains qui se baladent ces temps-ci sur certaines de mes images.
Cela fait deux mois en effet que je vous glisse en douce et en prévision de Noël des œufs de Pâques dans l’icono.
Pour vous mettre sur la voie, je vous balance le plus récent d’entre eux sous le nez. Dans Les Musées de la drague, cliquez sur les bons points et vous verrez, et vous entendrez. Fun garanti.
Au premier ou à la première d’entre vous qui trouvera les 5 autres œufs de cette demi-douzaine planquée par les soins de votre Petite Ame Errante dans ses notes de novembre et de décembre 2007, il sera adressé (pour peu qu’on me communique des coordonnées sur mon adresse électronique) un Père Noël en chocolat.
00:10 Publié dans Jeux et ris | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | | |
23.12.2007
Les musées de la drague
N O Sii A M I E S iiL E S iiB Ê T E S
«On drague beaucoup dans les musées, le saviez-vous ?»
Vous pensez si une question pareille, lue par hasard sur le net, a pas manqué de faire tilt dans la cervelle de votre petite âme errante encombrée par les soucis du réveillon qui s’avance.
Elle s’est souvenue que c’est devant l’Annunciata au voile bleu d’Antonello de Messine qu’elle a rencontré -mais oui- son chéri dans la Galleria Regionale della Sicilia à Palerme. Il paraît que je lui ressemblais m’a dit ce beau parleur.
Beau parleur et bon apôtre du clavier aussi, l’art-psy blogueur auteur de cette cruciale interrogation ! J’ai d’abord cru que son post du 14 décembre 2007, intitulé bien sûr : La Drague était du gibier pour ma rubrique comique : Nos Amies les Bêtes.
Il faut dire que la question était suivie par une épouvantable provocation à l’encontre des supporteurs (et teuses) du noble sport de l’art brut. Jugez-en plutôt : «Si à votre tour, vous désirez tenter votre chance dans une expo, évitez l’art brut, ce n’est pas là que vous risquez de faire la rencontre du siècle».
A la seconde lecture pourtant j’ai décidé d’attribuer un Bon Point d’Honneur spécial Animula de fin d’année à Mr Artpsy en raison du second degré dissimulé dans sa prose.
C’est à s’éclater à donf en effet de le voir prétendre que ceux qui s’intéressent à l’art brut sont tous (ou presque) des «riches collectionneurs» crèchant dans le 7e arrondissement «avec vue sur de magnifiques jardins intérieurs».
15:30 Publié dans Nos amies les bêtes | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | | |
16.12.2007
L'art brut saisi par l'esthétique
C’est comme dans la chanson de Berthe Sylva, on devrait m’appeler «la dénicheuse». Je débusque les revues confidentielles, plus camouflées que des oisillons dans une haie.
Cette fois, c’est une savante publication que je ramène dans ma gibecière de braconnière de chez Tati (pas le cinéaste dont je salue le centenaire).
Recherches en Esthétique - c’est son nom - est l’organe du C.E.R.E.A.P. Ce que signifie ce sigle, j’en sais que couic. Ce que je peux vous dire c’est que REE est publiée avé des concours martiniquais et guadeloupéen : IFUM et DRAC. Cela vous fait une belle jambe ? D’ac mais le truc c’est que le n°13 de Recherches en Esthétique est placé sous l’enseigne de La Relation au lieu, ce qui nous vaut deux papiers sur des créateurs d’art brut.
L’un hyper-connu : Arthur Bispo do Rosario et l’autre pas étranger aux Animuliens : Adrien Martias.
Les articles en français sur Bispo sont trop peu nombreux pour que je signale pas celui de Anne Dallier-Popper bien qu’il soit pas illustré. Il s’intitule : A l’écart de la vie et du monde de l’art : A.B. do R. Ce titre reprend celui d’une expo de 1982 organisée à Rio de Janeiro, par le critique brésilien Frederico Morais : A Margem da vida.
Disons, pour simplifier, que l’article de Mme Popper s’emploie à mettre en évidence les motivations différentes qui singularisent les œuvres de Bispo (accumulations, installations ou «psycho-objets», étendards, vêtements) lorsqu’on les compare à celles des courants artistiques contemporains dont on les rapproche souvent : duchampisme, Nouveau-Réalisme, Arte Povera.
Adrien Martias, pour sa part, fait l’objet d’un traitement attentif par Béatrice Steiner. Celle-ci, sous le titre un peu chinois de La Grande muraille d’Adrien Martias y développe la notice dont elle nous avait offert la primeur le 9 février 2007.
Faute de données biographiques bien certaines, B.S. est amenée à se poser des questions, sur l’ancrage de Martias dans «les mythes de sa culture», voire dans le «culte Vaudou». Plus décisives me paraissent ses envolées sur le thème de l’enfermement : «L’enfermement met en scène un fantasme très archaïque, celui d’un risque de fusion avec un corps Autre. Menace immatérielle réveillant la crainte, bien réelle, d’un magma engluant, semblable à ce que l’on ressent dans les cauchemars.» Bien jeté, non ?
Aussi bien que Mme Popper qui nous dit que le «travail acharné» de Bispo «peut se définir comme une sorte de reconstruction de la vie dont il est éloigné, voire (…) un sanctuaire de vie à préserver».
Arthur Bispo do Rosario statufié dans sa région
Bravo les filles ! Ceux et celles que branchent cette popperisation et/ou steinerisation feront bien de noter que Recherches en Esthétique est diffusée par Jean-Michel Place et qu’on la trouverait chez Tschann à Paris, chez A Plus d’un titre à Lyon, chez Le Chercheur d’art à Rennes.
Ciao, ciao !
01:05 Publié dans Ecrits, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, arthur bispo do rosario, adrien martias | | Imprimer | | |
13.12.2007
Pierre Honoré, artiste-paysan
Pierre Honoré. Avec un pareil nom, allez donc chercher sur l’ami Gougueule ! Il vous en sert des tonnes avec généalogies en pagaille. Et quand ce patronyme est suivi de la mention «artiste-paysan», c’est pas mieux. Comment ? Un sculpteur autodidacte dans le bocage ?
On a beau savoir que la Mayenne cultive l’anticonformisme, on soupçonnerait presque une supercherie.
Pourtant, il faut se rendre à l’évidence, de très sérieuses institutions comme le conseil de la Mayenne (grade : général), mademoiselle l’Europe et le C.C.V. (Communauté de Communes de Villaines-la-Juhel) ont uni leurs efforts pour que naisse aux Editions Siloé, une maison créée à Laval en 1982, un bouquin blanc comme un morceau de sucre dont l’auteur est un certain Jacques Dubois (pas pratique non plus les investigations gougeuliennes avec un blaze si françois) et le photographe Bertrand Bouflet qui a travaillé (tiens, tiens…) avec le sculpteur Louis Derbré, bien connu à Ernée et dans le monde entier. Le bouquin s’intitule, vous avez compris, fines mouches animuliennes, Pierre Honoré, artiste-paysan et ça vient de sortir en novembre 2007.
Cela fait des dizaines d’années que Pierre Honoré sculpte et modèle son domaine «oriental» et sa maison situés dans le creux d’un vallon dominé par le mont des Avaloirs aux confins de la Mayenne et de l’Orne. Et on ne le savait pas. Son œuvre, constituée de statues en grès ou en granit, de pièces en bois de madriers, de mosaïques à belles alanguies accuse un fort (trop fort parfois) penchant pour les divinités khmères.
C’est que son goût de la lecture l’a entrainé, lui qui, à 13 ans, a dit bye bye à l’école, vers les récits d’explorations, le journal L’Illustration et les images de l’ex-colonisation. Il s’égare parfois dans des Egyptomanies assez fades puis se reprend de belle façon dans des bustes et des têtes que l’on dirait du meilleur style «grotesque» façon 18e siècle. Il ferait presque penser alors à une espèce de Barbu Müller par sa capacité à s’accommoder de l’ingratitude du matériau.
Ce qui le sauve, c’est les grosses poitrines de ses femmes sculptées manifestant un tranquille érotisme. Je sais pas si le papier couché de l’édition y est pour quelque chose mais la repro des photos est pas formidable et même carrément sombre sur celle offrant le portrait du créateur sous un grand chapeau de paille qui lui mange la figure. On se prend à se demander (tiens, tiens …) si c’est pas fait exprès. La crainte d’une mise en scène nous effleure à nouveau mais il y les logos de l’Europe, du C.G., du C.C.V. etc. Pour vous faire votre idée, HT le livre et consultez la plaquette Prisme.
Dans les temps (juin-août 1997, le n°13 de la Revue Maine Découvertes a parlé aussi de Pierre Honoré, Le paysan orientaliste, né en 1925, qui a conservé tout ce qu’il a fait depuis qu’il s’est mis à l’art dans les années 50 du siècle 20. Ancien conseiller municipal, il a créé une asso d’artistes amateurs : le Club des Artistes de l’Ouest.
23:55 Publié dans Images, Lectures, Sites et jardins, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, pierre honoré | | Imprimer | | |
09.12.2007
Art en marge reçoit Richard Greaves
Flotte, flotte, flotte et reflotte. Vous pensez qu’avec un temps pareil votre PAM (petite ame errante) est restée devant son Lady Grey ?
Et bien non. Prête à se mouiller pour aller chercher l’information, elle n’a pas hésité, droite dans ses bottes lacées, à affronter les pavés glissants de la capitale belge.
C’est que l’événement vendredi soir était rue Haute, au 312, puisque la tournée européenne de Richard Greaves y faisait escale chez Art en Marge pour y mouiller jusqu’au 16 février.
Bruxelles est une ville formidable où l’influence de la Sécession viennoise se fait sentir, pas seulement dans les expos du Musée d’Architecture / Museum voor Architectur et ce que j’ai admiré d’abord en arrivant dans la galerie AEM, c’est les jeux de damiers sur le sol.
Faut dire que c’est pile poil ce qu’il faut pour une expo de photos, ça fait penser à de la pelloche perforée sur les bords. Au lieu de nous faire lécher des murs blancs en suivant un morne défilé d’images posées les unes à côté des autres, l’accrochage a privilégié le léger, le mouvant, le labyrinthique, le bifaçadisme. De simples câbles d’acier tombés du plafond supportent des panneaux dont les photos de Mario del Curto occupent recto et verso.
Le visiteur peut ainsi circuler au milieu de ces captivantes images, passer d’un gros plan à une vue d’ensemble, apercevoir les yeux de Richard Greaves (ou tout autre détail) qui se profile dans les entre deux.
Les légers chocs (inévitables les soirs de vernissage) qu’il leur imprime au passage les fait osciller comme sous l’effet d’une brise. Tout est fait pour offrir une transposition abstraite des impressions que l’on éprouve réellement lorsqu’on se promène sur le territoire de Greaves, dans cette Beauce à cent mille lieux du Jeu de Balle.
En sourdine, sous la rumeur des langues qui vont de bon cœur, des bruits de la forêt québécoise viennent accentuer subtilement cette transposition.
Le vent qui souffle à nos oreilles semble provenir des photos de MDC qui possèdent leur respiration propre, large, profonde et sereine.
Quand on sort de là-dedans, on est mûre pour tremper son manteau à fronces de cuir et col emmitouflant acheté à New York dans la tempête qui secoue l’Europe.
Rien ne pourrait nous empêcher de prendre à travers les vitrines quelques clichés d’ambiance artenmargesque pour tous les Animuliens, muliennes resté(e)s au chaud dans leurs sweet homes. Avant de filer au CIVA, 55 rue de l’Ermitage (à une encablure du Musée d’Architecture) où R.G. (non, pas Hergé !) a tissé, sur une terrasse plantée d’un mini-bois, une nouvelle toile. Sont venus s’y prendre des tas de vieux jouets colorés, ce qui va plaire à vos enfants quand vous les emmènerez voir ça. Et à moi si j’ai le temps de revenir car mon Thalys, hélas, m’attendait déjà à la Gare du Midi.
23:55 Publié dans Ailleurs, Expos, Images, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, richard greaves, mario del curto | | Imprimer | | |
01.12.2007
Les yeux ouverts de Christine Sefolosha
Vous vous souvenez de la rétrospective «Séfolo» à la Sainte Halle Pierre de Montmartre (cf. ma note Lip, Lapp, Lop du 26 juillet 2007) ? Alors filez les yeux fermés mercredi 5 décembre à 18 h à la galerie Polad-Hardouin, 86 rue Quincampoix à Paris 3e. Comment pourquoi ?
Mais pour le vernissage de l’expo Christine Sefolosha, Les yeux ouverts, nom d’un p’tit bonhomme !
On nous promet «une mise en regard» de ses œuvres «avec quelques pièces d’art primitif». Avouez que c’est le genre de confrontation qui est toujours une prise de risque assumée pour l’artiste.
La gouache sur le carton d’invitation est comme un métal en fusion. Un alliage téméraire entre des forces obscures émergentes et un fond de couleurs savantes très travaillé, épais comme une lave mais mouvante aussi.
Son titre : L’Appenzelloise ne nous aide pas vraiment. Jusqu’à présent, l’Appenzell, ce canton du nordest de la Suisse, c’était plutôt pour nous du bon fromage, du yodel et de jolis costumes traditionnels.
Il se pourrait bien que la vaguelette blanche sur le front bombé du personnage (qui a l’air de nous reprocher quelque chose) dans la gouache de Sefolosha soit un souvenir des chapeaux à bords de dentelle en usage chez les dames folkloriques de ce ch’tiot morceau de notre voisine helvète. Et que les contours serpentins, l’empilement d’inquiétantes entités à crocs pointus qui servent de couvre-chef à cette figure hermétique soient frères et sœurs de ces masques «Silvesterklaüsen» qui se baladent là-bas dans la coutume hivernale.
Mais que dire de l’effrayant roquet à 6 pattes qui semble prêt à bouffer un œil du résigné comme un escargot au beurre? Que Christine Sefolo est habile à construire ces compositions qui procèdent par hybridation plutôt que par simple juxtaposition de morceaux plus ou bien venus dont se contentent trop d’autres peintres. Chaque élément conserve sa petite personnalité mais si on souhaite isoler celle-ci, pour se défendre un peu de l’étrangeté de l’ensemble, on est quand même tétard parce que ces composants du tableau cachent à leur tour des abîmes de peur et de mystères captivants.
Mais je mousse, je mousse et si ça continue vous allez voir ma petite âme errante à nu.
14:45 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Christine Sefolosha | | Imprimer | | |