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28.11.2007

« L’art brut … enfant gâté de la saison »

Difficile d’en savoir plus sur le peintre Pierre Giraud dont je vous ai parlé le 15 mars dernier dans ma note : Un enchanteur limousin ecdf6f8decc7db16eeda8a2bb2a3b838.jpgOn croirait le furet, le furet de la chanson : «Il est passé par ici, il repassera pas là».

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Par ici, cette fois c’est Sotheby’s of Paris et en vous remuant fissa vous aurez peut-être la chance d’apercevoir ou même d’acheter le joli petit lot 160 de la vente de livre et de manuscrits de demain jeudi 29 novembre 2007 en la Galerie Charpentier, rue du Faubourg St-Honoré, au 76. C’est une double page d’écolier à l’encre violette, une lettre de Chaissac Gaston, pas datée mais adressée, devinez à qui, à Pierre Giraud badame ! «enchanteur en cave à Limoges». Reportez-vous au catalogue de la vente pour looker les deux dessins du Gastounet qui agrémentent la missive : un escargot, un serpent, du genre allusif.

3ef8d1a996bd1e6a8617922dad0513df.jpgSotheby’s leur a préféré un Petit Prince de l’aviateur (St-Ex), plus commercial, pour la première de couv.
Je vous reproduis quand même cet enrhumé chronique et son cache-nez, rien que pour que vous n’ayez pas trop à chercher le dit-catalogue.

Celui ou celle qui a rédigé la notice de la lettre est bien sympa. Il nous en recopie un beau morceau et en plus, avec une loupe, on arrive à en lire plus sur la reproduction. Je choisis là-dedans ce morceau de grand frère où Chaissac a l’air d’engueuler Pierre Giraud : «On ne peut atteindre à la maîtrise sans avoir été apprentis et compagnon. Je vous vois en bonne voie pour devenir un jour un vieux Monsieur démodé et ridicule et je prends mon courage à deux mains pour vous crier casse-cou».

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Auparavant, il mettait P.G. en garde contre certaines facilités attachées à de commodes prétextes : «L’art brut tout enfant gâté de la saison qu’il est ne saurait indéfiniment emplir votre vie et faire résonner votre renommée et vous aurez beau garnir de moignons vos toiles c’est pas ça qui vous fera mériter de la patrie».

Je n’ai pas trouvé trace de cette lettre dans le volume Hippobosque au bocage mais vous pensez bien que je n’ai pas pu fouiller dans toute la correspondance publiée de Gaston Chaissac. Peut-être quelqu’un saura ? Chaissac quitte son poteau Giraud en lui « laissant deviner si tout cela est une boutade ou pas une boutade ». Pour ma part, j’emprunte ma conclusion à un dessin de Pierre Giraud.

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23:55 Publié dans Ecrits, Expos, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Pierre Giraud, Gaston Chaissac, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

27.11.2007

Match Burland-Pons pour la St Saturnin

Il y aurait beaucoup à dire sur le «goût viscéral» de Jean Dubuffet «pour le désert». On pourrait aussi bien prétendre qu’il s’y est enquiquiné à 100 sous de l’heure après son overdose de chameaux de la fin des années 40.f7cf60580ca83df153924a2d8142f5de.jpg
Mais on va pas chipoter le carton d’invitation de la Maison Objet Trouvé qui utilise ces termes, puisque cette méritante galerie voit dans le désert une occasion d’apparenter François Burland au «grand ancien» fondateur de l’art brut.

A-t-il besoin de ce rapprochement, ce peintre né à Lausanne et enrôlé sous la bannière de la Neuve Invention ? Pas vraiment, Burland ayant acquis -O.T. nous le proclame- «renommée à travers le monde».

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L’expo s’intitule Desert blues. Comment ne pas être intimidée, après ça? Votre petite âme errante confesse son ignorance crasse. Burland, elle le connaît surtout par repros interposées. Aussi est-elle plutôt jouasse, c’est clair, de cette rétrospective Burland, «la première en France» bien sûr. Espèrons qu’elle apportera sa petite pierre. Le vernissage c’est le 29 novembre.
Ce sera ce soir là un match Burland-Pons car ce jeudi, également à partir de 18 heures, la Galerie  Béatrice Soulié vernit les dessins récents de Louis Pons qui n’est ni brut ni «neuvinve» mais qui se laisse voir parce que c’est un grand de chez grand, un des rares qui accède par des moyens d’artiste pur jus à des régions où n’accèdent généralement que les créateurs qui ne peuvent faire autrement de l’être.

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Une expo Pons c’est toujours un événement à Paris. Je croyais, tiens, tiens, qu’il était celui «qui ne dessinait plus». On verra bien. Du moins, si on arrive à se propulser de la Bastille au Quartier (latin), de la Charenton street à la pictorialiste rue Guénégaud.
Ceux à qui ce grand écart ferait pas peur, ne craindront pas non plus d’aller 2 jours plus tard (c’est ouvert les samedis, dimanches et jours fériés seulement) à la Galerie Capazza. C’est à 90 mn de notre vieille pollution parisienne, dans le grenier de Villâtre qui est un château. Entre Vierzon et Bourges, à Nançay dans le Cher (18330).

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Ils y verront les Paysages habités d’Eliane Larus, une expo que Lydia Harambourg enrobe en ces termes dans le n°41 de La Gazette de l’Hôtel Drouot (23 nov. 2007) : «Si les ex-voto, l’art brut, la céramique sud-américaine, les jeux en bois ne sont pas étrangers au monde d’Eliane Larus, ils servent de tremplin à une verve intuitive qui détecte dans chaque objet des éléments formels, des couleurs dont elle transpose les richesses originelles». Le site de la Galerie Capazza est un peu emberlificoté mais vous trouverez sans doute le diaporama d’Eliane Larus. Une occasion pour vous mettre une bonne vingtaine de ses tableaux dans l’œil avec les prix en plus.

Bon, maintenant je retourne dans mon nid douillet.

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23:55 Publié dans Expos, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : françois burland, louis pons, eliane larus, jean dubuffet | |  Imprimer | | Pin it! |

25.11.2007

Plancher de Jeannot : Chronique d’une capture

e16d1b87139a98fd2cca7955e452e29e.jpg«Le computer ça peut tout faire» comme dit Bill Murray dans le dernier film de Jim Jarmusch, Broken Flowers.

45eb8527799a81af9fd8b39017d7db73.jpgHormis trouver un autobus pour aller au Quartier Latin. Et comme j’avais la cosse de tricoter des gambettes, j’ai attendu la suspension (provisoire ?) de la grève cuvée Beaujolais 2007 pour me procurer le n°71 de la revue Cassandre à L’Ecume des Pages, 174 boulevard Saint-Germain.

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Sous une couverture feu et une citation de Gramsci, Cassandre dont vous m’aviez signalé l’existence, chers Animulien(ne)s (cf. vos commentaires à ma note Exposition réquisitoire du 20 sept. 2007) est une vitrine de «l’art principe actif» illustrée en noir et blanc. Mais attention, rien qu’avec des clichés hyper-class et avec une mise en page et une typo qui jouent la lisibilité plutôt que les effets olé-olé!

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C’est une photo de la série photographique de Martin d’Orgeval qui accompagne l’article de Céline Delavaux consacré au plancher de Jeannot.

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Réquisitoire - Photo Martin d'Orgeval 

Chronique d’une capture -c’est le titre de l’article- annonce la couleur dès son chapô.
Cette «
pièce majeure, la plus tragique et la plus émouvante» de l’Exposition Ecriture en délire de 2004 à la Collection de l’art brut de Lausanne «se trouve aujourd’hui morcelée, encastrée dans des panneaux d’acier installés sur le trottoir devant l’hôpital Sainte-Anne à Paris. Un parcours qui soulève d’inquiétantes questions». Les intertitres de ce papier de 2 pages (78 et 79) sur 2 colonnes relancent sans polémique inutile la réflexion du lecteur : Objet de fait divers et œuvre d’art, Le symptôme du mécénat.

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Bien documentée, la rédactrice, au lieu d’en rester aux habituels constats anodins, ne s’interdit pas les «naïves questions». Par exemple : «le docteur Roux analyse le «cas Jeannot» avec une application scolaire, mais ne dit rien des motivations qui l’ont conduit à vendre l’objet à une entreprise de médicaments… S’il considérait ce plancher gravé comme «une œuvre singulière» comme il le dit, pourquoi ne pas avoir favorisé son exposition en le cédant à une structure adéquate muséale ou non?».
Céline Delavaux décortique le processus de légitimitation qui transforme en œuvre «
un objet unique, réalisé par un jeune inconnu défunt (…)» pour le présenter ensuite «comme un symptôme dans un lieu d’exposition acquis».
Bon résumé comme ça, je vois bien que vous restez sur votre faim, alors crachez vite vos 8€ pour vous offrir Cassandre sur un plateau de petit-déj.

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Musée des ostensions - Esse (Charente limousine) 

Chronique d’une capture, c’est idéal pour commencer la journée. C’est du bon travail de journaliste. De journaliste moderne qui n’a pas peur de citer les blogues. C’est encore assez rare pour que votre petite âme errante le signale à grands renforts de porte-voix.

19:10 Publié dans Ecrits, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, Plancher de Jeannot | |  Imprimer | | Pin it! |

24.11.2007

Une vie pleine de viennoiseries

275f5ba1562f84fdf1e5881906d1848e.jpgVous sortez de la grève avec des mollets de maillot jaune ? Super, ça tombe au poil. Enfourchez votre petite reine, je vous emmène à Retraite-World. C’est pas loin. Au coin de la rue. Pédalez jusqu’au kiosque et demandez le n° 258 de Pleine Vie, «nouvelle vie, nouvelles envies» (whoa, le programme !).
C’est ouf le nombre de jolies mamies nudistes qui ont testé pour nous la crème anti-âge dans ce mensuel. Et de papis musclés à dos argentés et soupçon de ventres ronds, pêchant la truite dans des torrents glacés.

Il y a même des «sexagénaires» de la dernière pluie qui s’amusent à porter des fourmis sur leur tête.

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Aussi neige pas été trop ébabahie d’y trouver l’ethnologue Michel Valière pointant son doigt ciceronique vers des villages du genre de Chez Bernardeau (oui, comme le muet valet de Zorro) près de Champniers dans la Vienne.6dde45a91e28d73687b6bbb6d6b26161.gif4df79d6bdbee1cec24abd7b072dd051e.jpg

 

 

 

 

 

 Il fait découvrir sa région à des Parisiens stressés. Rien que pour le fun et dans la décontraction. «Je ne fais jamais de circuits de fil jaune, rouge ou bleu», dit-il, «Plutôt des moments d’opportunités, en mettant l’accent sur un point d’histoire, un élément ethnographique comme un lieu de dévotion sur une tombe de saint avec ses graffiti (…)».


« Graffiti », un de mes dadas. Cela me rappelle que dans un de ses malicieux commentaires déposés sur ma note Calaveras, le pilote du Jardin de Belvert osa me demander si je connaissais le trop mimi musée des graffiti anciens de Marsilly en Charente-Maritime.
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Mais vouiii, bien sûr, voyons. C’est près de la Rochelle. J’y ai même fait provision d’un bouquet de brochures savantes réalisées par les Amis dudit musée sous des couvertures acidulées comme des bonbecs.

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Je me suis fait aussi l’ascension du clocher avec mon chéri qui peinait derrière parce qu’il avait mangé trop de moules arrosées au vin blanc.9494fc39e9d17deb03ef516c88a49e95.jpg9bc2344eb179c786090576498af63b1b.jpg

 

 

La preuve : mon billet d’entrée rose.

 

 

 C’est pas fastoche à photographier mais j’ai pourtant ramené un tas d’images dont je vous donne un échantillon puisque vous insistez.

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D’ailleurs, si vous aviez été attentif, cher professeur, vous auriez remarqué que dès mes débuts, quand je n’étais pas la star blogouilleuse que je suis devenue, j’avais déjà réussi à glisser, le 6 septembre 2005 pour être précise, un cliché de l’un des moulages que ce vaillant musée (non, le mot n’est pas trop grand) expose du mieux qu’il peut.

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Donc une révision s’impose. Pour la prochaine fois, vous me ferez le plaisir, cher Seigneur de Belvert et vous aussi chers Animuliens, de feuilleter d’un clic distrait toute l’année 2005 de votre Animula Vagula préférée.

Je suis vache ? Non : cette année là n’a que 4 mois.

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17:45 Publié dans Gazettes, Glanures, Jadis et naguère, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : graffiti, michel valière | |  Imprimer | | Pin it! |

18.11.2007

Aladin dans la Chine pop

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Je m’attendais à ce que les supporteurs de l’art populaire fassent leur boulot mais puisqu’ils ne bronchent pas, il faut bien qu’il y ait quelqu’une qui s’y colle, alors pourquoi pas une Jeanne d’Arc de l’art brut comme votre petite âme errante ?

8526df96791a554466663e04b5eab47f.jpgLe mois de novembre en a déjà prix un vieux coup dans les gencives alors, avant qu’il disparaisse des kiosques, offrez-vous donc, chers sinophiles, le 233 d’Aladin. Ce numéro de l’incontournable magazine des fondu(e)s des brocantes contient un dossier sur les Arts populaires, le meilleur de la Chine avec coups de projos sur des collectionneurs comme Claude R. ou Alain Le Berre, entrelardés de leurs propos : «la canne de bagnard que je porte est faite dans un bois de Guyane. Le cuivre représente l’or. Il y a ensuite de la Galalithe, matière plastique des années 1900 qui simule l’ivoire… dans le bas peuple, il faut paraître riche!» (Claude R.), «Mon guide a toujours été les arts populaires parce que c’est une forme d’art des plus émouvantes» (Alain Le B.).
Il y a aussi un entretien avec Martine Houze «une pionnière de l’expertise en France dans les arts pop.» avec un beau portrait de celle-ci en gilet brodé de pionnière. Martine H. ne trouve pas qu’il y ait trop de musées de l’outil en France. Comme elle est dotée, concernant ce sujet, d’un grand appétit, elle n’hésite pas à dire qu’on sort du Musée de l’outil et de la pensée ouvrière à Troyes, «
avec une grande émotion» mais non sans qu’ «on reste sur sa faim».

a57480ed71388678a11cdb2b5a431628.jpgAladin, en encadré, nous aiguillonne sur quelques autres établissements dont l’Ecomusée de la Bresse bourguignonne, le Musée des Sociétés rurales du Massif central (mâtin, quel programme !) et le Musée des Arts populaires de Laduz dont je vous rebats les oreilles en vous invitant autant que possible à aller caresser celles (les oreilles) de ses ânes.
Cela grouille tellement d’intéressantes reproductions dans ce magazine que c’est difficile de savoir où donner de la coiffe.

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J’emprunte pour la bonne cause un cliché de H.M. avec «une fabuleuse enseigne de sabotier faite dans une seule pièce de bois» et un doc. D.R. représentant un épouvantail animé (auvergnat) «à deux bras articulés, en forme de pales» parce que ces pièces flirtent d’assez près avec mon sujet chouchou.

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00:20 Publié dans Gazettes, Jadis et naguère | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Imprimer | | Pin it! |

14.11.2007

L’inuksuk de Marnay

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Faudrait pas croire que vot’ p’tite âme errante ne jure que par le lait de la treille. Elle n’a rien contre le jus de pommes et, pour vous le prouver, elle vous en offre une pleine bassine d’un joli bleu remplie directement au sortir du pressoir d’un sympathique Viennois des environs de Civray (86).

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Avec un nom comme ça, vous comprendrez que je ne vous mens pas.
C’est pourquoi vous me suivrez, j’espère, si je vous dis que sur la route de Vivonne, j’ai rencontré l’inuksuk de Marnay.

93a0d0c8d3862a9dabdcbd709a243d84.jpgBon, j’exagère un peu, les inuksuit ce sont des accumulations de pierres utilisées par les Inuits pour effrayer les caribous et ici c’est des bottes de paille, de la bâche en plastic et de la peinture couleur cobra qui ont été joyeusement combinées ensemble par des agriculteurs soucieux que les automobilistes ne loupent pas leur foire locale.

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Mais ça se voit de loin aussi, c’est situé sur une éminence (pas un évêque, une petite butte) aussi et ça produit de loin son petit effet d’évocation sommaire d’une silhouette humaine. Aussi. 

00:55 Publié dans Glanures, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Inuksuk | |  Imprimer | | Pin it! |

08.11.2007

Soirée photos au Vin des rues

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On me demande à moi, Animula l’incollable, si je connais «les graffiti marins de Saint-Simon (Charente)» (voir commentaires récents sur ma calavéreuse note précédente).

Bien sûr que oui, cher lecteur ! Si vous cliquiez de temps à autres sur "toutes les archives " (pratique pour retrouver quelque chose) vous verriez s’afficher la liste de mes tags avec le mot-clé graffiti. Encore un p’tit clic sur ce mot magique et toutes les fois que j’ai causé de ces fleurs de murs s’afficheraient devant vos yeux.

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C’est dès mes débuts, le 6 septembre 2005 précisément, que j’ai allusionné à propos des gabariers des bords de la Charente. Je vous ai même gratifiés d’une image de voilier qui naviguait sur un mur chouettement moussu. Si j’ai pas osé vous en donner plus, c’est que je trouvais mes photos à chier. Cependant, puisque vous insistez, je vous colle du rabiot.

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D’ailleurs, c’est tout ce que je peux faire parce que je me remets à peine du vernissage Bob Giraud en noir et blanc au Vin des rues. (Bon anniversaire, Olivier!). C’est pas si fréquent d’aller boire dans un livre qu’on aime, du moins dans un bistrot qui porte le titre d’un livre etc. J’ai donc eu léger mal aux cheveux pour avoir abusé de l’aimable blanc pétillant – un plus qu’honnête Vouvray je crois – que l’on m’a offert.

0d7e9d4f1628484a8dbcd8898edd5bc7.jpgAutour de moi, c’était la joyeuse presse des lichetronneurs de vin rouge, si bien que je craignais pour le gentil sweat blanc que j’avais traîné dans ce haut lieu de la commémoration giraudienne. Epinglé sur les murs, le héros du jour nous souriait en compagnie de l’écrivain Robert Sabatier, du commissaire Jacques Delarue et du photographe Robert Doisneau mais il fallait être fortiche pour voir ces clichés étant donné le monde autour du zinc du 21 rue Boulard (14e).
e6b4688d554fa6879712023eff1e9c9b.jpg J’avais pas mon Kodak. Heureusement car j’aurais rien pu prendre. Malheureusement parce que l’image de la fine canne sculptée d’un des buveurs aurait fait bien sur mon blogounet.
J’ai eu un mal de chien pour m’approcher du photographe Colagrossi (Daniel, il me semble) et l’arracher à une interlocutrice aux boucles rousses. Il m’a signé son livret avec le portrait photo (vintage) de  Robert Giraud que vous pourrez peut-être vous procurer encore mais dépêchez-vous, chers collectionneuses car il n’en a tiré que 20 exemplaires qu’il garde dans les poches de sa veste.

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Tant pis pour ceux qu’étaient pas là. L’ambiance contribuait si bien à faire revivre Robert Giraud que je suis pas sûre de ne pas l’avoir croisé parmi tous les inconnus du Vin des rues. Pour ceux qui doutent que j’y sois allée, je parlerai de ces merveilles : les verrines au jambon rustique et le boudin tiède aux pommes sur tranche de pain grillé.

01:33 Publié dans Expos, Images, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Robert Giraud, Graffiti | |  Imprimer | | Pin it! |

04.11.2007

Calaveras rue des Cascades

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Martin Ramirez par Mary Altaffer/AP Photo 

J’étais partie pour vous parler de cette nouvelle qui doit mettre en ébullition tous les collectionneurs d’art brut : on vient de retrouver un paquet de dessins inconnus de Martin Ramirez, quand la rue des Cascades s’est jetée en travers de ma route.

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Gravure par Kristin Meller 

En cette fin de journée à lumière parisienne propice je me dirigeais, bras dessus bras dessous avec mon petit kodak, en direction d’une galerie du 20e arrondissement où Le jour des mort au Mexique était évoqué par un autel à offrandes et par des calaveras dans l’atelier de l’Association pour l’estampe et l’art populaire.9186ed72ae9fc6a877f33c0f3eb8bca8.jpg

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a27cca4bd9f5eafec48d874b98021769.jpg La rue des Cascades est une drôle de voie serpentine ainsi nommée -j’imagine- parce qu’on y captait des sources et qu’on y croise encore des «regards», édifiés pour surveiller icelles.

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J’allais atteindre le 49 bis où ce que crèche l’asso en question lorsque, non loin de la maison utilisée par Jacques Becker comme décor pour son Casque d’Or, je suis tombée sur une cascade de graffiti sculptés comme on n’en fait plus.

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C’est à l’exact coin de la dégringolante rue des Savies et de sa cascadeuse voisine. Un morceau aux allures furieusement provinciales qui fait tout son possible pour oublier les rénovations à prétentions modérées ambiantes sans pour autant tomber dans le musée à touristes.

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Vous mordez le truc ? Là, sur un mur de jardin de curé couronné de plantes mal peignées, comme une page de croquis griffonnés sans fignolage, de drôles de têtes se bousculent, pas de la même main on dirait.

2bbede426defe55fba45dd85a7d01587.jpgLa proximité d’un Espace Louise Michel (où les glandeurs du dimanche étaient invités, par voie d’ affichette rétro, à une expo sur L’Espagne et ses républicains pour témoins) explique sans doute qu’à des têtes de mort, l’un des sculpteurs anonymes du mur des Cascades ait cru bon d’ajouter des messages adaptés à l’histoire du quartier :

cb084fb3301778f384e9a252172a2ff7.jpg«Anarchie»,

«Vive la Commune»b07778bf72ad0e09634b1f8d13f9582d.jpg

 

 

 

 

 

Une rapide enquête de votre petite âme errante lui a permis de savoir que cette œuvre lapidaire, urbaine en diable, avait été attribuée à un «artiste-ouvrier» qui a nié en être l’auteur.

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C’est vrai, qu’à côté de figurations sauvages, on croit discerner dans ces graffiti une certaine élégance de trait qui pourrait  être la marque d’un artiste pure laine.

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Un gus en tous cas qui serait au parfum de Brassaï et qui n’aurait pas craint, à cause de ça, de recourir au grattage, une technique plutôt négligée en nos jolis temps pressés comme lavement.

calaveras,graffiti,martin ramirez,art brut

C’est en songeant à tout ça, qu’au bout de la rue des Cascades, j’ai rencontré, près d’un kébab, la Sirène de Ménilmontant .

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01.11.2007

Le tribun de la Toussaint

5f7ba47a28bbe693f481d88812801152.jpegMédaille en chocolanimula à la Tribune Libre de la revue bèglaise Création Franche dont le n°28 vient d’arriver dans les bacs!
Gérard Sendrey, son rédac-chef y tacle, non sans frileuses circonvolutions autour du pot, un mystérieux «
intervenant des plus qualifiés dans ce domaine
». Le domaine en question n’est pas celui d’un cru du Bordelais, c’est le domaine de l’art dit singulier. Ce qui le vénère G.S., ce sont ce qu’il appelle les «surprenantes affirmations» (votre petite âme errante les trouverait plutôt sensées) d’un article qu’il cite «littéralement» : «Lieux associatifs, revues, salons, festivals se multiplient, abusant parfois du terme «singulier» qui finit par ne plus vouloir rien dire ou par désigner les productions les plus médiocres.

«Art singulier», «hors-les-normes», «neuve invention», «création franche», tous ces labels en fait sont équivalents et appartiennent au même moment conceptuel trahissant l’influence de l’art brut des origines sur la création autodidacte correspondante (…)».

Le voisinage de l’adjectif «médiocre» avec «Création franche» étant considéré par G.S. comme une «provocation», on ne s’étonne pas qu’ il rectifie le tir.
d6509e489100dff75d712c436b372bd5.jpg Afin de pas passer pour le pyromane moyen, indifférent aux conséquences de l’incendie qu’il allume, il nous prévient cependant qu’il ne citera «ni le nom de l’auteur, ni les caractéristiques de l’ouvrage» incriminé. La méthode a du bon. Elle rend captif le lecteur en lui ôtant la possibilité de vérifier. Elle prive l’auteur mis en cause de son droit de réponse. Tout cela sous le prétexte d’éviter le conflit.
L’inconvénient est qu’elle excite la curiosité des petites fouinardes dans mon genre qui ne craignent pas de mettre leur nez dans le cambouis d’Internet. Il m’a pas fallu 5 mn pour comprendre que c’est Laurent Danchin, l’auteur visé par Gérard Sendrey.

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Pas sorcier en effet de retrouver les propos cités par G.S. dans un texte de L.D. publié, «avec l’autorisation de l’auteur», sur le site Univers Singuliers. A une petite exception près toutefois. Dans ce texte, qui a figuré d’abord dans le catalogue In Another World/Omissa Maalmoissa (honni soit qui mal y pense!) du Musée Klasma à Helsinki en 2005, le petit os dur à avaler pour le franc créationniste : «ou par désigner les productions les plus médiocres» n’existe pas ! 858a24d0bad5284243f2e94be4afda1e.jpgEt ce sacré petit morceau de phrase joue aussi les fantômes dans la traduction que Kate van den Boogert a donné de l’article dans le n°50 (spring 2005) de la revue Raw Vision.

Alors, comme je ne suis pas une danchinologue émérite et que je ne vais pas attendre le prochain numéro de Création franche qui paraîtra peut-être dans 6 mois, j’espère que quelqu’un (e) éclairera ma citrouille.

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Et pour celles et ceux qui ont eu la patience de me suivre jusqu’ici, ce petit film pris sans le vouloir avec mon téléphone portable au musée du cauchemar.

18:05 Publié dans De vous zamoi, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : création franche | |  Imprimer | | Pin it! |