09.07.2014
Pierre Darcel poursuit son rêve
Radio Bonheur de l’atelier s’échappe. Une voix chante : «mon cœur est en émoi».
Quand on arrive sur le territoire de Mon rêve, Pierre Darcel, le maître et l’artisan des lieux, baigne dans l’accordéon.
Comme il y a 5 ans. Lors de ma première visite qui vous a fait connaître ce créateur au cœur pur et aux mains d’or. Le volume de la radio est assez fort. Pierre n’a plus l’ouïe très fine. Peut-être aussi qu’en l’isolant du monde, la musique facilite sa concentration.
Pas au point de ne pas remarquer les visiteurs. Quand on franchit sa porte, un détecteur de mouvements l’avertit de son chant d’oiseau modulé en ultra-trilles. Du coin de l’œil, Pierre Darcel nous reconnaît. Il sait qu’on est du genre patient. Il continue donc placidement son travail.
La chance me sourit puisque le voilà qui s’attaque à un sujet grand comme un homme. Grand comme le chasseur (Pierre prononce presque «casseur») qu’il vient de terminer et qui sera bientôt installé dehors avec ses deux chiens d’arrêt.
A l’extérieur un vrai chien veille tranquillement au grain. Cette mini-meute porte les couleurs de Pierre Darcel : blanc et roux pour les statues, noir et blanc pour l’animal vivant.
Laissons Darcel œuvrer tranquille. Il n’est pas 6 heures du soir, signe de la fin de sa journée laborieuse car cet «artiste» a conservé les habitudes de l’ouvrier et du paysan qu’il fut.
En attendant je me régale à photographier les nouvelles pièces que cet animalier, de plus en plus sûr de lui, a parsemé sur son parterre : zèbre, girafe, sanglier, chèvre, vache et cochon (c’est bien le moins, lui qui se consacrait jadis à l’élevage de cette succulente bestiole).
Rien d’une ménagerie fermée cependant. Chaque sujet étant mis en scène avec un souci évident de l’espace, l’ensemble dégage une impression de liberté.
«Un jour ça va être plein!» ne puis-je m’empêcher de dire à Pierre et Yvette Darcel avant de repartir. M’est avis qu’ils ont leur idée sur la question… Ce n’est pas pour demain car les sujets décorés en coquillages sont long à faire.
«Au revoir Pierre, meilleure santé Yvette, vous qui avez été patraque ce printemps!». Bonne continuation dans tous les sens du terme.
16:34 Publié dans art brut, Images, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, pierre darcel, environnements populaires spontanés, habitants-paysagistes, bretagne | | Imprimer | | |
25.12.2010
Noël au coin coin du feu
Noël au coin du feu. Du feu animulien s’entend. Re-Noël et re-coin puisque celui-ci est le sixième que votre petite âme errante passe en compagnie des petits jésus que vous êtes, mes chers visiteurs.
Aiguillettes de canard accompagnées d’une poêlée d’abricots et de marrons au menu du réveillon.
Avec pour invités-surprise (mais une narratrice imaginaire de mon espèce peut bien s’autoriser ce genre de fantaisie) Pierre et Yvette Darcel qui doivent avoir illuminé leur parterre de rêve comme ils le font chaque fin d’année dans leur Bretagne mystérieuse et jolie.
J’écris ceci alors qu’un nouvel article de fond vient d’être consacré à leur fragile, rustique et raffiné palais en coquillages. Son auteur n’a rien d’imaginaire puisqu’il s’agit d’un enragé partisan des folies environnementistes populaires.
J’ai nommé : Bruno Montpied. Procurez vous le numéro 4 de la revue Recoins où figure son papier, ne serait-ce que pour découvrir presque terminée la vache de Pierre dont je vous avais montré ici même en son temps (le 24 mai 2009) les débuts prometteurs.
Photo Bruno Montpied in Recoins n°4
Et comme dit la pub Orange : «Merci Ani ! Bon Noël Ani !».
01:00 Publié dans art brut, De vous zamoi, Gazettes, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, pierre darcel, bruno montpied, recoins | | Imprimer | | |
01.10.2009
CF 31
On a envie de lécher Création Franche.
J'ai reçu le n°31 dans mon petit chez-moi et mon regard a fait du patin à glace sur les parties brillantes de la couverture rose et bleue décorée par Yvonne Robert. Une lumière saintongeaise baigne la façade de la maison reproduite. Porte et fenêtres ont l'air de bonbons jaunes. Contournons-les puisqu'elles sont fermées pour tomber sur le sommaire chapeauté d'un nom qui revigore : celui de Michel Thévoz.
Rose-Marie Koczy
Il tisse une manière d'hommage à Rose-Marie Koczy, récemment disparue non sans tirer quelques bastos contre la nouvelle horreur concentrationnaire de Guantanamo qui, par je ne sais quelle ironie de l'histoire, aurait quelque chose à voir avec la scie cubaine de Nana Mouskouri : Guantanamera.
Ensuite, rien que du beau linge : Bernard Chevassu et son «vagabondage en pays cathare», Carine Fol et son musée Art & Marges
Paul Duhem
Alain Bouillet qui s'interroge sur l'art brut en Pologne et sur «les gratifications narcissiques» qui vont en prime avec notre «pulsion de découverte»
Adam Debinski
Paul Duchein dont l'œil exercé a mis la main sur un Cobra «sans le vouloir», un vrai peintre de haute tension : François Werlen
Gérard Sendrey avec son peintre inconnu (de moi) qui s'appelle Fredo parce qu'«il ne se prend pour personne» (titre de l'article). J'en passe et des meilleures : Art des enfants, art spontané par la grâce de la plume de Bruno Montpied, plus convaincant dans ses découvertes entrelardées de chouettes petites images que dans sa copieuse partie théorique. Evidemment, je n'ai pas eu le temps de lire à fond. J'ai mis de côté pour plus tard le papier d'un auteur italien : Dino Menozzi qui nous apporte son expertise sur Les Turbulences du pouvoir, une expo qui s'est tenu à Capri, ce qui prouve que ce n'est pas fini.
J'ai sauté la contribution de Jean-Louis Lanoux : Pierre Darcel, un rêve de nacre parce que j'ai déjà eu l'occasion de tresser des lauriers au créateur breton Pierre Darcel, (voir mon album photo).
Quelqu'un que j'ai retrouvé avec plaisir c'est Richard Greaves (BIENVENUE RICHARD SI TU ME LIS) que Création Franche avait déjà invité en avril 2000 dans son n°18 grâce à Valérie Rousseau. Votre petite âme errante a souventes fois causé de ce grand dé-bâtisseur québécois, par exemple dans Cocos plats, une note du 15 sept. 2005. Reportez-y vous pour complément d'infos. Ici c'est Philippe Lespinasse qui s'y colle avec un texte touffu où se mêlent histoire de Greaves (BEAU BONSOIR RICHARD), descriptions, relations de visites et propos recueillis sur «la mémoire de l'eau» (le plus intéressant). Pour finir, une citation bien torchée (et bien choisie) de La Nuit remue, recueil poétique du Michaux (Henri) de service.
Un regret toutefois : le metteur en pages a manqué de place pour les photos de Mario del Curto qui accompagnent la prose lespinassienne. Elles font parfois un peu timbres-poste.
En même temps que le CF 31 paraît le catalogue de l'Expo Visions et créations dissidentes (du 26 septembre au 29 novembre 2009). Catalogue et revue sont préfacés par Pascal Rigeade (Museum trustee and project manager, in english) qui nous éclaire sur le tournant qui se négocie à Bègles avec le recul pris par Gérard Sendrey.
00:48 Publié dans Gazettes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, création franche, michel thévoz, yvonne robert, rose-marie koczy, paul duhem, adam debinski, françois werlen, bruno montpied, curzio di giovanni, jean-louis lanoux, pierre darcel, richard greaves | | Imprimer | | |
24.05.2009
Les coquilles du rêve : Pierre et Yvette Darcel
Si je vous dis : «Mon rêve», c'est à celui de Pierre et Yvette Darcel que je pense, pas au mien. Au cœur d'une Bretagne, toujours belle et mystérieuse comme une toile de Paul Gauguin, ces deux vaillants septuagénaires se consacrent à la création artistique avec l'entrain et la patience dont ils faisaient naguère preuve pour élever leurs 700 porcs.
Toutes leurs forces vont aujourd'hui à la beauté qu'ils se sont mis spontanément à produire dans leur coin de campagne, déjà super joli au printemps avec la réserve d'or de ses ajoncs.
«On est pas mal connus », dit madame Darcel. Pas étonnant que les voitures et parfois même un car d'Italiens dont la commune est jumelée avec la leur s'arrêtent pour photographier leur parterre agrémenté de groupes de statues en ciment armé décorées avec des coquillages.
«Y'a Pierre qui fait sa vache !» s'exclame une petite voisine, en gambadant comme une gazelle autour de monsieur Darcel qui, mégot aux lèvres, joue de la truelle sur sa dernière réalisation, en écoutant l'accordéon à la radio.
«L'été, il travaille dehors, l'hiver à l'intérieur» me glisse Yvette en m'invitant dans l'ancienne porcherie transformée en atelier et en réserve de matières premières. Les coquilles Saint-Jacques viennent de St-Quay-Portrieux. Ils vont aux «moules-frites» récupérer les coquilles. «Beaucoup de bonnes gens leur en donnent»...
Moi qui fait dans la coquille depuis ma récente balade dans le bassin de Marennes-Oléon, vous pensez si j'ai flipé quand j'ai vu pour la première fois les merveilles d'élégance et d'évocation (rurale, rêveuse et populaire) concoctées par Pierre Darcel. Malgré une épaule qui «ne suit plus».
C'était sur les photos, prises un jour de pluie, que m'avait aimablement fait parvenir une familière de ce petit paradis. Promesse d'enchantements : sur les clichés de Michèle Merlin, mon informatrice, la laine moutonnait sur le dos d'une des premières créatures réalisées par Pierre Darcel.
Photo : Michèle Merlin
Dame Merlin -on peut le dire- avait eu l'œil. La statue de Bretonne à son lavoir valait 10.
Photo : Michèle Merlin
Ils étaient vraiment trop les danseurs en costume folklorique!
Photo : Michèle Merlin
Excitée comme une puce, je profitais du premier week-end pour aller me rendre compte par moi-même.
Maintenant que j'ai vu la fileuse de Pierre Darcel : «ma maman l'hiver, elle filait la laine pour mettre du beurre sur le pain»,
maintenant que j'ai admiré l'extraordinaire mur décoré qui sert de toile de fond à son «show-room» en plein air,
je sais comment la lumière est magiquement attirée par les motifs solaires
et les scènes d'une poésie toute naturelle qu'il y a inscrits.
Axé autour d'une liberté totemique, le jardin de Pierre et Yvette Darcel est encore un «work in progress».
D'ores et déjà, pourtant, il se hisse au niveau des meilleures réussites du genre : les sites de Fernand Chatelain, Emile Taugourdeau, Gabriel Albert, Lucien Favreau.
23:55 Publié dans Glanures, Oniric Rubric, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : art brut, pierre darcel, bretagne, habitants paysagistes | | Imprimer | | |