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27.04.2015

Richardo fait le gros dos pour Giraud

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Richardo a bon dos.

65 ans après la sortie de Les Tatouages du «Milieu», le livre qui fit connaître «l’homme le plus tatoué du monde», celui-ci prête encore ce dos pour faire la couverture d’un catalogue de libraire.

 

«Je ne sais pas de lecture plus facile, plus attrayante, plus douce que celle d’un catalogue» disait Anatole France, une vieille barbe chahuté par la caillera surréaliste.

Si celle-ci n’avait pas tort, France l’amoureux des beaux livres avait raison sur ce point. Je suis comme lui. Dans les Salons du livre, je remplis mon baise-en-ville.

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S’ensuit une semaine de délices à parcourir, dans l’autobus ou en attendant que mijote mon beurre blanc, des centaines de pages où se pavanent des bouquins pas possible que je pourrais jamais me payer. C’est super les catalogues! On saute d’une notice à l’autre et on se cultive tout de traviole. Le pied! Et puis de temps en temps on en sort un du lot et on se gargarise avec.

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C’est le cas avec cette quatrième mouture de la Librairie du Sandre consacrée -heureuse surprise- à Monsieur Bob et à ses copains d’avant : Jean-Paul Clébert, Michel Ragon, Jacques Yonnet, Albert Vidalie

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J’en passe et des Richardo puisque Guillaume Zorgbibe, le jeune papa du Sandre (un poiscaille de choix pour les pêcheurs en eaux littéraires) nous propose des photos-promo et des lettres pas piquetées des hannetons du personnage immortalisé par Robert Doisneau. Non content d’avoir un nom épatant qui dans un alphabet ferait bouquet final, Zorgbibe Guillaume ressemble un peu à Paul-Jean Toulet.

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Circonstance aggravante, il sourit tout le temps et il reçoit courtoisement, ce qui n’est pas banal pour un éditeur. Car G.Z. cumule les activités de libraire pointu et celles d’éditeur d’auteurs choisis, avec élégance et raffinement, dans les jardins peu fréquentés du 19e siècle surtout.

Mais je m’égare, je me noie. Revenons à la rive et à mes dérives favorites qui sont celles de l’art brut. Parmi de goûteux titres classiques : Enchanteur limousin de Michel Tapié, Les Inspirés et leurs demeures de Gilles Ehrmann, L’Enfant chandelier par Bob, le catalogue Giraud du Sandre brasse des perles rares et des pépites inconnues. Au rang des premières, il fo ranger 5 encres originales de Pierre Giraud, le frangin de l’autre. Sur cet artiste voir mon post du 15 mars 2007.

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Au rang des secondes, j’ai choisi ce numéro de la revue Osmose où sont réunis R.G. et Gabriel Pomerand qui copinèrent pour La Peau du Milieu, le film avec lequel je vous pris la tête le 31 mars dernier.

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Mais ce que j’adore, ce que je préfère c’est un méchant papier «imprimé à l’encre marine sur papier couleur chair». Le carton d’invit à la Nuit du tatouage organisée en 1950 pour la parution du livre de Jacques Delarue et Robert Giraud cité dans la première ligne de cette chronique qui n’a que trop duré.

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31.03.2015

La Peau du Milieu passe au quai Branly

La Peau du Milieu, le film de Gabriel Pomerand passe en boucle au Quai Branly et on dirait que ça laisse tout le monde froid! Mais sacré nom d’un petit bonhomme, ce docu de 13 mn 43 s  est pourtant le cœur palpitant de l’expo Tatoueurs tatoués que je vous ai signalée dès le 13 mai de l’année dernière dans mon inoubliable zoom sur Zoummeroff intitulé Crimes et châtiments.

Heureusement que l’expo branlyeuse dure jusqu’au 18 octobre 2015. Vous avez le temps d’aller visionner ce petit chef d’œuvre qui date d’un temps où les tatouages n’étaient pas des «tattoos» indolores et qualibrés aux normes d’un monotone et lucratif phénomène de mode.

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La Peau du Milieu, sorti en 1957 mais tourné avant 1953, se situe à la charnière d’un temps de «classes dangereuses». Un temps de marginalité dramatique où les porteurs de tatouages arboraient ceux-ci comme les stigmates d’un destin social douloureux et implacable. Non pour faire joli ou pour se fondre dans un collectif faussement rebelle.

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 Même si les tatoués d’alors étaient sensibles au beau dans sa version sauvage. Même s’ils étaient dans le besoin de marqueurs identitaires propres à leur communauté délinquante qui se faisait drapeau de l’opprobe de la société ordinaire.

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Depuis qu’Olivier Bailly nous a mis sur la piste de ce précurseur témoignage cinématographique sur les tatouages du milieu (voir ma note du 31 mai 2007, Fleurs de bitume à Paname), il n’aura fallu que 8 ans pour qu’il soit accessible au public.

Plutôt que le très cher catalogue (45 €) de l’expo, j’aurais aimé trouver, à la librairie du musée, le DVD du film de Pomerand mais il ne s’est trouvé personne pour commercialiser la chose. Dommage. J’ai peur que l’expo terminée, l’œuvre de Pomerand retombe dans l’oubli.

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Jacques Delarue - Robert Giraud

Photo : Robert Doisneau.

Ecrit et réalisé avec le conseil artistique de Robert Giraud, incontournable connaisseur de l’humanité souterraine de la Mouffe, La Peau du Milieu a été tourné à La Rose rouge.

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Un article comme je les aime (bien informé et pas pesant) existe à son sujet. Son auteur est Nicolas Villodre. Je ne saurais trop vous inviter à le lire sur le site Objectif Cinéma.

 portrait gabrielpomerand.jpgJ’ajouterai seulement une remarque. En août 1953, Gabriel Pomerand écrivit aussi, pour le réalisateur Jacques Baratier, le scenario et le texte d’un film sur l’Histoire du Palais Idéal mais le projet n’aboutit pas. Cf. François Letaillieur, Gabriel Pomerand, galerie 1900-2000.

Selon Pomerand, «Cheval espérait un hommage de sa patrie reconnaissante. Mais sa patrie ne l’a pas compris, car l’art où il a excellé, l’architecture en l’occurrence, n’est pas encore arrivé au niveau de son ingénuité».

16.03.2015

Tatouages sur le tapis

Le tatouage dans les médias. Puisque le sujet vient sur le tapis, voilà deux nouvelles pistes supplémentaires pour les têtes chercheuses. Confidences des muscles, tout d’abord.

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Une pleine page de photos provenant des collections du Professeur Locard, fondateur du labo de police scientifique à Lyon. On la trouve dans : Traite des blanches et prostitution, n° 4 d’une publication trimestrielle intitulée Témoignages de notre temps.

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10 belles héliogravures juxtaposées. Témoignages d’amour : «Margot aime P’tit Louis P.L.V.»

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Et ce commentaire révélateur du temps : «Les tatouages de femmes sont extrêmement rares». On est en 1933.

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Le n°8-9 (deuxième année) du mensuel Aristote. Portrait gravé sur bois du philosophe de l’antiquité : on peut pas le manquer.

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Sur 4 pages, un article de Victor Forbin (1864-1947), auteur de nombreux papiers scientifiques pour le grand public. Avec 9 photos dont le dos de John Sullivan, champion de boxe anglais tatoué sur les épaules d’un sujet religieux (la Cène).

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A signaler aussi une prise de vue dans l’atelier d’un tatoueur. Pas banal : on est quand même qu’en 1927.

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15:10 Publié dans Gazettes, Glanures, Images, Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tatouages, tattoo, tatoueurs tatoués | |  Imprimer | | Pin it! |

13.05.2014

Crimes et châtiments : Zoom sur Zoummeroff

couv sub et vér.jpgLe hasard veut qu’au moment où paraît Subjectivité et vérité, le cours de Michel Foucault au Collège de France en 1980-1981, la Bibliothèque Philippe Zoummeroff passe en vente à l’Hôtel Drouot. Du moins sa partie consacrée aux Crimes et châtiments. couv cata.jpg

Un fort documenté catalogue dostoïevskien, décrivant 423 numéros, accompagnera cette vacation du vendredi 16 mai. Des bouquins, des manuscrits, des photos, des dessins, et même des objets curieux, tel un meuble à système contenant un trombinoscope criminel.

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Ils méritent tous d’être estampillés «Surveiller et punir»! A la réserve peut-être du Capital de Karl Marx (n°353) dont on se demande ce qu’il fait là. Ce n’est pourtant pas l’œuvre de ce philosophe barbu qui fera problème. La Maison d’enchères Pierre Bergé & Associés a préféré en revanche retirer deux lots de la vente. L’un était une reliure à insertions de peau humaine (n°237). Celle de Louis-Marius Rambert (1903-1934).

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Cet assassin repenti avait légué ses superbes tatouages à son médecin, le lyonnais Jean Lacassagne, auteur en 1934 d’un Album du Crocodile sur les Tatouages du «Milieu».

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De semblables «prélèvements» seront montrés dans l’Exposition Tatoueurs, tatoués qui commence au Quai Branly mais la dimension commerciale change -on en conviendra- la donne. 

Aussi Benoît Forgeot, l’un des experts de la vente, aurait-il tort de se désoler. C’est avec raison qu’il rappelle dans Le Monde du 9 mai 2014 que «cette collection n’a rien de fétichiste, elle est au contraire militante». Clarisse Fabre, auteur de l’article qui cite ces propos, précise : «Industriel à la retraite, Philippe Zoummeroff est un collectionneur engagé. Militant contre la surpopulation carcérale, il a créé une bourse pour la réinsertion des détenus».

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Ceci dit, c’est étonnant que dans un corpus qui brasse les méfaits d’autant de grands sacripants (Landru, Dillinger, Bonnot, Marie Besnard, Dominici, Petiot, etc.), un corpus qui traite d’un tas d’horreurs historiques (tortures, massacres, sorcelleries, injustices), on n’enregistre pas de véritables dérapages.

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Cela tient sans doute au choix rigoureux de l’iconographie du catalogue, toujours curieux, jamais complaisant. Vous m’avez comprise : il faut vous procurer cet ouvrage avant que l’étude soit en rupture de stock. Il deviendra vite collector.

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Outre des infos sur des incunables du tatouage (les 12 photos de Robert Doisneau du n°245), il contient en effet bien des choses dignes de passionner des Animuliens addict aux dérivés de l’art brut.

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Par exemple une flamboyante section de Dessins de prisonniers dont ceux d’Emile Simonet, dit Fanfan, chef d’une bande d’apaches dont le talent fut remarqué aussi par Jean Lacassagne.

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Toutes ces merveilles, y compris la dernière (?) lettre et le dernier (?) dessin de Jean-Baptiste Troppmann (1849-1870) l’assassin de Pantin, sont visibles le jeudi 15 mai  (11-18 h), salle 7.

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Après, faudra sortir votre thune pour les avoir et les revoir. Mais ça, ce n’est pas interdit.

BONUS couv revue.jpgLa photo de Rambert torse nu figurant dans la vente a été publiée en novembre 1932 dans le n°15 de la revue Paris Magazine. Elle illustrait un article de Roger Frédéric sur les Tatouages. Elle y est attribuée aux services du Docteur Locard, Directeur du Laboratoire de Police de Lyon.

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07.06.2009

Unica Zürn au Marché de la Poésie

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Mon marché, la poésie, Unica Zürn et Soho. Voilà c'qui y a dans mon caddy aujourd'hui.
compote poires peches.jpgMarre des surgelés ! Je me plonge dans la cuisine jusqu'au cou. Mon caddy et mon daddy sur les talons, je suis allée au marché. J'en ai rapporté du basilic altier de mille feux brillants, des haricots verts, des pommes Tentation, 2 kgs de Beurré Hardy et des pêches jaunes. Et maintenant je touille ma compote, en surveillant du coin de l'œil mon chéri qui en profite lâchement pour piocher dans mon lapin à la moutarde en train de cuire.

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De marché en marché, je songe à celui de la Poésie dont la 27e édition va se tenir place Saint-Sulpice à Paris du jeudi 18 au dimanche 21 juin. J'ai lu quelque part qu'Ypsilon, un éditeur dont je vous ai déjà parlé le 16 février 2009 déballera son attrayant petit stock sur le stand G3 de ce susdit marché. Pour Unica Zürn.jpgL'occasion pour moi de me goinfrer avec une correspondance inédite qui donne un coup de projo sur la relation Unica Zürn-Henri Michaux. Comme je suis pas très intelligente et que mon esprit tortueux ne fait que progresser de proche en proche, faut pas que j'oublie de vous dire que ce bouquin intitulé Pour Unica Zürn (Lettres de Hans Bellmer à Henri Michaux et autres documents) me fait penser à une exposition qui a lieu en ce moment à New York.
C'est au Drawing Center qu'elle se tient. Unica Zürn : Dark Spring, c'est son nom. On peut y voir jusqu'au 23 juillet 2009 une cinquantaine d'encres et d'aquarelles sur papier de la période 1950/1970.

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© Brinkmann & Bose Publisher, Berlin

Mercredi 10 juin 2009 une Table ronde (Panel discussion) organisée par Ad Hoc Vox réunira divers orateurs pour examiner la question de ce qui se passe quand l'histoire personnelle d'un artiste devient une partie de son œuvre.

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© Brinkmann & Bose Publisher, Berlin

La présentation de Through biography -c'est l'intitulé de la Table ronde- sur le site du Drawing Center précise : «The exhibition Unica Zürn : Dark Spring will serve as stage to a discussion of the various ways an artist'life is presented alongside their work and how that contexte can influence our relationship to their art».

C'est clair, non ?

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Pour les durs de la feuille (de chou) qui n'auraient pas compris, que ce soit dans la Grosse Pomme ou à Panameu, vous y couperez pas à l'Unica. Et c'est très bien.