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Vendita all'asta a Montecarlo
Monaco captive le monde brut!
«L’eusses-tu cru (comme dirait Don Camillo), ma p’tite Ani ? Dis merci à M. Gérard Nicollet pour avoir remarqué ta note du 17 janvier 2007».
C’est ma super-nounou qui parle, elle a raison. Je sais que vous me suivez depuis longtemps, cher Chercheur de sons, et moi aussi je me prive pas de faire des descentes sur votre blogue qui me laisse pantoise étant donné mon ignorance musicale crasse.
Pour répondre à vos questions je vous dirai que j’ai parlé de l’expo Zürn ici et là, de l’expo Australian outsiders le 21 septembre 2006 et de celle d’Artaud dans Qui a gagné le quizz de Noël ? Quant à l’expo Beauté insensée (sans s) de 1995, je vous ai filé l’image de la couverture du catalogue le 29 octobre dernier (Bettina à la Fiac…). Vous voyez comment je suis ! I-rré-pro-cha-ble.
Sauf que j’ai oublié de vous conseiller d’aller dans Toutes les archives en bas de ma colonne archives puis dans Archives par tags, c’est très commode pour rechercher un nom ou un thème traité sur mon blogounet.
A moins que vous ne préfériez le Blogbar, qu’il ne faut pas confondre avec le dog-bar, vu qu’il n’est pas fait pour les chiens.
Carte des œuvres mises en vente
Mais je piapiate, je piapiate et pour un peu j’oublierais de vous remettre une couche de Monaco. Vous savez que ce rocher a tendance à attirer les ventes publiques.
Il s’en prépare une belle consacrée à l’art dit outsider (auction sale oblige !).
Je vous répercute le communiqué tout droit venu d’Italie à ce sujet :
In questa occasione, una quarantina di opere dell'Atelier Adriano e Michele andranno all'incanto.
26.01.2007 | Lien permanent | Commentaires (1)
New York fait la Foire
Et pendant ce temps, la teuf bat son plein à New York ! Je dis «pendant c’temps» parce que, clouée sur mon lit de douleur par le docteur Tarzan, mon dentiste, j’ai passé mon ouik sous la couette, abrutie par les calmants, au lieu d’aller goûter à la Grosse pomme. J’ai donc loupé l’Outsider Art fair, l’Expo Ramirez que je vous annonçais à grand fracas dans mon post du 2 janvier et l’«opening reception» de l’Andrew Edlin Gallery pour son nouveau show : Albert Hoffman, sculptor of wood.
Loupé en live, bien entendu, car une équipe de reporters animuliens, déléguée sur place par votre petite âme in-errante, m’a ramené images et impressions chaudes dont je vous fais profiter. Le cœur du truc c’était la foire, voici donc quelques échos de l’ouverture officielle.
«Le stand de Henry Boxer (Angleterre) a retenu mon attention» nous dit l’une de mes envoyées spéciales. «Je lui ai demandé de poser devant son œuvre favorite et il a choisi celle de George Widener».
Je passe parce que ce Widener, il y a un film qui va sortir dessus, j’aurai l’occasion d’en reparler.
Grande quantité d’œuvres sur le stand de Jennifer Pinto Safian. «Normal, c’est une Française!», poursuit mon informatrice. «Elle a connu Dubuffet étant jeune, alors qu’il venait visiter ses parents à la maison. Elle a même fait une thèse sur Dubuffet et l’art brut… à suivre».
Le best of de l’O.A.F. 2007 contiendrait encore, selon ce témoignage, «Charles Steffen, le nouvel artiste de Chicago qu’Andrew Edlin présente sur son stand. Des dessins à la mine de plomb et crayons de couleurs sur papier kraft : des personnages tout plissés, genre amphibiens, larvaires parfois, avec des attributs féminins, seins proéminents, ongles vernis, regards de grenouille».
Quant au «coup de cœur» de la soirée, c’est «le stand du charmant, attachant et sympathique Randall Morris» qui l’a procuré à une autre de mes mamarazzi. Ce stand «se démarque pour la qualité des pièces choisies (Chris Hipkiss, Emery Blagdon, Sandra Sheehy) mais aussi pour l’esthétique de la présentation, très raffinée, parmi le brouhaha des présentations des stands, touffues en général. R. Morris pose lui aussi devant son œuvre préférée : un bateau de Kevin Sampson, artiste outsider du New Jersey. Imbrication de matériaux qui fait penser un peu à A.C.M.»
Bon, j’arrête là parce que vous allez trouver que ce reportage est trop gentil mais tout le monde ne peut pas, comme votre Animula, avoir la dent dure.
28.01.2007 | Lien permanent
Arbrutiser la vie
On va croire encore que j’exagère, que j’ai tendance à artbrutiser la vie. Est-ce ma faute à moi si on rencontre l’art brut partout ?
Je m’étais installée devant ma nouvelle téloche spéciale écran plat pour regarder un feuilleton made in U.S.A. au lieu de me casser la nénette à vous confectionner une petite note. Quand, patatras ! En plein milieu de l’épisode 4 de la saison 3 de Six feet under (humour noir et sociologie garantis) j’ai été brutalement rappelée à mes devoirs en voyant apparaître les tours de Watts en arrière plan de deux teenagers en train de tchatcher la nuit. «J’arriverai jamais à faire un truc pareil» dit la fille qui suit des cours de dessin. «On connaît même pas le nom du gars qui a fait ça» ajoute-t-elle (je cite de mémoire). «Si, c’est Simon Rodia» répond son copain. Voilà, c’est peu mais quand même.
C’est Alan Ball et Rick Cleveland, auteurs du scénario, qui ont glissé ce clin d’œil positif à cette icône de la création brute dans leur feuilleton culte. Cela valait la peine que votre petite âme errante le fasse remarquer.
21.01.2007 | Lien permanent | Commentaires (6)
Les enfants du Traouc del calel
On se serait cru dans les 36 vues de la Tour FL de Henri Rivière.
Je dis ça pour vous prouver que je crache pas sur la culture, mais comme je n’avais ni le temps ni l’envie de me refarcir la collection permanente, je me suis aventurée, après un beau sourire au monsieur de la sécurité, dans les dédales qui s’offraient à moi. Le MQB est un escargot qui mérite qu’on explore les circonvolutions de sa coquille. Suivant une flèche indiquant «Cinéma», j’ai tournicoté au fil d’un escalier.
J’espérais me faire une toile, le temps que la pluie cesse mais c’était comme dans un rêve, je ne rencontrais que des salles vides à l’exception des chaises et des micros.
Au bout du bout il y en avait une, plongée dans une obscurité relative, où l’on devinait pourtant une assistance studieuse.
Je me suis glissée au premier rang des étudiants et j’ai regardé le diaporama que commentait à ce moment un conférencier aux accents occitans.
Et alors là, le choc, mes petits animuliens!
Ce que je voyais, c’était du brut et je le connaissais pas : des dessins au charbon laissés par des enfants-travailleurs dans une mine d’argile bouchée dès le début du XIIIe siècle. C’est à Sorèze, au sud de Castres, nous a dit Daniel Fabre, le prof qui ressuscite ces trésors.
Je n’ai qu’une petite image à vous offrir mais j’espère faire mieux si je réussis à me procurer le bouquin de Lucien Gratté qui parle de ce «Traouc del calel» : Chronique d’une caverne en Languedoc (1988). En attendant, laissez-moi vous dire que j’ai eu plaisir à me retrouver dans la peau d’une étudiante. J’ai pu vérifier la chose suivante
MÊME LE PASSÉ A DE L'AVENIR
20.11.2006 | Lien permanent | Commentaires (3)
Visitez l’atelier d’Adriano e Michele
Vous allez dire que je souffre de manie ambulatoire. C’est vrai qu’à force de godailler de droite et de gauche sur la toile, j’ai la tête qui tourne comme si j’avais bu une demi douzaine de bières à la tequila.
Le résultat cependant en vaut la peine. On se fait de nouveaux amis. Aujourd’hui, Adriano et Michele m’ont invitée (moi et tous mes petits Animuliens) dans leur atelier situé près de Milan.
Dans le prolongement de mes récentes notes à propos de Jules Leclercq et de Katharina Detzel, je cherchais frénétiquement des sites offrant aussi des comparaisons entre art brut et arts homologués dans le champ culturel, spécialement si ces derniers avaient l’air d’avoir servi de tremplin au premier.
Et fatalement, je suis tombée sur les très déconcertants et admirables travaux de Curzio Di Giovanni qui dessine des portraits un peu comme Richard Greaves (dé)construit des maisons. Allez donc dans la section Collection du site de l’Atelier di pittura Adriano e Michele pour vous rendre compte. Si vous êtes des petits francaouis pure laine, soyez sans crainte : ce site transalpin nous fait l’honneur d’être rédigé dans la langue de Molière.
Les œuvres de Curzio Di Giovanni, qui fréquente l’Atelier depuis 2001, sont juxtaposées aux autoportraits de Dürer et de Cézanne ainsi qu’à la Schiava turca (l’esclave turque) du Parmigianino ayant servis d’amorces plutôt que de «modèles» à proprement parler.
On pourrait écrire une thèse, mais rassurez-vous je vous l’épargnerai, sur les opérations de transmutations qui ont conduit des unes aux autres.
L’Atelier di pittura A e M a été créé «pour le défi d’installer une expérience artistique dans un lieu habité par le malaise psychique». C’est le Centre Fatebenefratelli de San Colombana al Lambo qui l’abrite depuis 1996. Il dispose d’un espace expo créé en 2003 pour valoriser et conserver les œuvres les plus significatives.
Mais l’historienne d’art Tereza Maranzano (elle participe à la réalisation du prochain Cahier de l'Art brut avec un article sur Di Giovanni) et l’éducatrice Gabriella Vicenti qui s’occupent de l’Atelier vous expliqueront très bien ça elles-même quand vous leur rendrez visite.
21.11.2006 | Lien permanent | Commentaires (7)
Fanzines à l’appel
J’ai beau dire, arrive toujours le moment où je prends un coup de dico sur la patate. Récemment, sur la foi de ses innocents calembours (même pas des vannes) votre petite âme errante a été accusée de «vouer aux gémonies» la race maudite des fanzines. Quelle erreur! J’aime les fanzines.
Jamais je les pousserai dans «l’escalier des gémissements » (c’est ça les gémonies dans la Rome antique), jamais je les étranglerai pour les jeter dans le Tibre.
Hier encore l’un d’eux, Les Carnets de la Maison bleue et autres lieux hors d’ici (O.K. c’est un peu long) édité par l’asso Entrée Visité Merci (La Renardière 14130 Les Authieux sur Calonne) a trouvé refuge dans mon 3 pièces cuisine.
Surtout consacré à l’œuvre d’Euclides Da Costa, il contient aussi des infos sur d’autres «habitants-paysagistes», Fernand Chatelain par exemple dans le n°2 (déc. 2005). A lire en gardant un œil sur mon album photo consacré à ce créateur et à la controversée «restauration» de son site!
Non, sans déc, j’adore les fanzines, spécialement ceux dont on parle jamais dans les ouikènes hors-normes réunissant le gratin et l’arrière-gratin de «l’art brut ET singulier» : La Chambre rouge (4 numéros entre mars 1982 et novembre 1985) dont le titre m’a l’air copié/collé chez Auguste Strindberg, L’Art immédiat (2 numéros entre l’hiver 1994 et le printemps 1995) dont le concept me paraît redevable à une préface de Patrick Waldberg pour Séraphine (1968), publication d’une galerie d’art de tradition populaire du même nom (ou «éponyme» si vous préférez ce mot qui fait fureur du côté de la Bastoche).
«Je propose», c’est Waldberg qui parle, «de nommer art immédiat, toute une production d’une diversité infinie, relevant de l’enchantement, incluant à la fois peinture, sculpture, arts décoratifs et graphiques, articles et bibelots-souvenirs, objets cérémoniaux ou usuels, fleurs d’innocence, de délire ou de bagne : en résumé, un monde, que l’on peut opposer à l’art muséal tant par l’élan et la spontanéité de son inspiration, que par le caractère tout à fait empirique -souvent même rudimentaire- de ses moyens d’exécution.»
02.12.2006 | Lien permanent | Commentaires (1)
Zoom sur Air Loom
C’est pas mauvais des fois d’écouter ses lecteurs, aussi votre petite âme errante se fait-elle parfois l’écho des suggestions alléchantes qui lui parviennent par voies diverses. J’aurais déjà dû attirer votre attention sur l’expo Air Loom à la Collection Prinzhorn de Heidelberg qui durera juqu’au 15 avril 2007.
Le sous-titre en allemand est un peu dur à avaler avec ces grands mots composés :
mais la tradoche en anglais nous éclaircit un peu la chose :
The Air Loom and other dangerous influencing machines
Si j’ai bien compris le site internet et le dépliant de la Collection, avec ses toutes petites photos que j’emprunte quand même, ce serait la première fois que ces machines d’influence se trouveraient au centre d’une exposition.
«Machines d’influence» ou «machines à influencer», ça dépend du côté où on se place mais vous aurez compris qu’il s’agit de ces dispositifs inspirés par des technologies variées (télégraphe, rayons X, ondes radio) à des inventeurs hallucinés désireux de rendre compte, au moyens de croquis précis, des influences diverses dont ils se sentent l’objet.
Le clou de l’expo semble être une machine de 7 mètres de haut réalisée en 2002 par Rod Dickinson, artiste anglais, d’après les dessins d’un pensionnaire de l’asile de Bethlam (Bedlam) du nom de James Tilly Matthews (1770-1815).
«Cela me fait penser», m’écrit mon informatrice, «à un dessin de la SFPE (Sté Fr de Psychopatho de l’expression) qui a été exposé à Athènes en 2004 dans l’expo internationale L’Autre rive/The Other side».
Bonne fille, elle me joint le verso du dessin en question avec le texte explicatif du dessinateur. Et ça c’est un scoop parce qu’on l’a pas vu à Athènes, selon elle.
04.12.2006 | Lien permanent | Commentaires (4)
Du côté du Salon d’automne
Telle que vous me voyez, je viens de me faire le salon d’automne !
Vous allez me dire que je suis maso mais ça vaut le coup parfois d’aller enquêter «du côté d’ailleurs» (comme dirait Pierre Dac dont mon chéri vient de m’offrir l’intégrale en 8 CD). C’est vrai qu’à force de consommer de l’art brut, on en oublierait presque que ça existe l’honnête peinture, tout ce qu’il y a de plus dépourvu d’invention.
Je me suis donc gavée de kilomètres de pseudos Picasso, de clones de Mondrian, de Paul Klee, de Klasen ou de Christophorou, sans oublier les émules de De Stijl, du cubisme et de l’abstraction géométrique. Tous ces tableaux, bien peints à-la-manière-de, bien éclairés et parfaitement présentés dans un Palais des Congrès Est de Montreuil hyper clean (métro Robespierre, jusqu’au 17 décembre).
Avec toute cette diversité, je plains le gars qui a fait l’accrochage. J’ai admiré l’humour avec lequel il a installé une hyper-réaliste scène de nudisme devant la vitrine des sandwiches.
Qu’allait faire Animula dans cette galère?, vous direz-vous. Accompagner des cousins de province très gentils, pardi. Comme elle s’ennuyait un peu, elle a fureté un peu partout et découvert 2 ou 3 choses dignes d’intérêt quand même, sur les bords.
Une vidéo un peu dure sur le peintre Rustin réalisée par Charles Bedu, Sainte-Anne la folie qui confronte le spectateur avec une personne au destin tragique ayant servi de «modèle» à l’artiste.
Une installation de «bébés domestiques» en résine (mâtinés bouledogues mélancoliques) due à une certaine Prune, réflexion efficace sur l’hybridité et la frontière entre l’homme et l’animal.
Enfin pour en revenir ou s’approcher, de ma monomanie de prédilection, les photos de Romuald Abel (Report Art Photographiste) qui révèle une série d’abris de fortune et témoigne de la créativité populaire sans cesse résurgente des deshérités de notre temps, nomades par force parce toujours poussés loin des yeux des gens ordinaires par les maîtres-chiens.
11.12.2006 | Lien permanent | Commentaires (11)
Art brut 2007 : 2 rétrospectives et 1 vente
Meilleurs vœux mes petits (animu)loups ! J’espère que vous serez contents de la nouvelle année car elle nous en promet de belles. J’ai noté quelques réjouissances en perspective pour vous faire saliver. Tout d’abord, ça va faire mal, l’expo Martin Ramirez à l’American Folk Art Museum de New York. «The first major retrospective of the self-taught master in more than 20 years» comme ils disent sur le site de l’AFAM.
Photo Phyllis Kind Gallery
Cela commence le 23 janvier 2007, autant dire sur les chapeaux de roues. Faudra vous procurer absolument le catalogue, surtout si vous lisez l’anglais ou l’espagnol. Sinon, vous aurez encore 137 illustrations en couleurs à vous mettre sous le verre progressif. L’expo déclinera 70 œuvres sur papier, ce qui est beaucoup pour ce créateur. Elle durera jusqu’au 29 avril. Le catalogue, sous la direction de Brooke Davis Anderson, commissaire de l’expo, coûte 45 dollars mais le change est favorable en ce moment.
Février, le plus court des mois verra le retour de Lobanov, «le plus important auteur d’art brut russe» selon le site de la Collection de l’Art brut à Lausanne qui lui consacrera à partir du 16 février une rétrospective, «la première grande» of course. Pour l’occasion, Lobanov a russifié l’orthographe de son prénom. Il a troqué son «Alexandre», trop occidental pour un «Aleksander» plus kremliniquement correct. Ne vous laissez pas désorienter pour autant. Il s’agit bien de ce créateur fasciné par les armes à feu dont la Galerie Messine avait, en 2003, largement contribué à révéler l’œuvre : Alexandre Lobanov pour ne pas le nommer. Le catalogue de cette galerie comportait 3 auteurs à son générique. Celui que nous promet Lausanne en alignera 19 sous les houlettes de Dominique de Miscault et Alain Escudier, responsables de la publication.
Augustin Lesage
Préparation de la vente d'art brut du 20 avril 2007
Je vous dirai encore que l’étude Tajan prépare sa grande vente d’art brut de printemps et puis j’éteindrai ma bécane pour me jeter dans les bras de Morphée.
02.01.2007 | Lien permanent | Commentaires (4)
Art brut : la clé du mystère
Elle est retrouvée. Quoi ? La clé du mystère.
Le mystère de l’art brut. Elle était dans l’armoire de Wölfli et personne ne s’en était rendu compte. Heureusement mes lecteurs veillent. Les commentateurs de ma précédente note (De la nuit des fous aux silversterklaüse) ont su la dénicher pour bibi, pauvre petite sœur ignorantine qu’elle est. Ignorantine mais pas têtue. Je suis prête à sous-titrer mon blogue : Rives et dérives de l’armoire suisse (ou de la moissonneuse batteuse lotoise si l’on est plutôt fan d’Emile Ratier) pourvu qu’on m’administre la preuve que tous les possesseurs de meubles peints alsaciens, de fixés sous-verre bohémiens ou de faïences de Quimper font de l’art brut.
Comme toutes les grandes idées simples cette hypothèse de la source culturiste-populeuse est séduisante. Séduisante comme l’était en littérature la critique biographique avant que Roland Barthes ne vienne y semer sa chienlit structuraliste. C’était tout de même reposant pour l’esprit de se dire que tel chef d’œuvre romanesque avait été écrit parce que son auteur souffrait dans sa jeunesse des oreillons. La Recherche du temps perdu était dans la madeleine et basta. Pourquoi donc, l’essence de l’art de Wölfli ne serait pas dans son armoire ?
Photo Andrew Edlin
Evidemment, il se trouvera toujours des grincheux pour nous dire que, si source il y a, c’est plutôt dans un faisceau d’influences qu’il faut la chercher. Ou –pire encore– que cette recherche des antécédents ne nous mène pas à grand chose, qu’elle dispense même de penser la vraie spécifité de l’art incomparable de Wölfli. Ils ajouteront même, ces empêcheurs de culturiser en rond, que la seule chose intéressante à comprendre c’est le travail de transmutation subi par les éléments reconnaissables lors de leur passage dans le feu intérieur qui couve chez n’importe quel créateur véritable, specialement les bruts.
Girouette comme elle est votre petite âme errante se sent prête à rallier ces thèses grincheuses, sans doute parce qu’elles ont le mérite de la faire passer pour plus intelligente qu’elle n’est. Libre à vous après ça de vous confiner dans l’armoire de la tradition bernoise si vous préférez.
13.01.2007 | Lien permanent | Commentaires (5)