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Les inventeurs bientôt inventoriés ?

4 octobre 2012. Vous avez jusque là pour vous procurer en kiosque le n°375 du bimensuel Le Journal des Arts. Article d’une page sur 6 colonnes d’Eric Tariant. Dans la rubrique Patrimoine et musées, une enquête documentée sur le thème des Chefs-d’œuvre d’art brut en péril.

patrimoines irréguliers,art brut,marcel landreau,eric tariant,pierre de lagarde,chefs d'oeuvre en périlApprécions au passage le petit parfum ORTF. «Chefs d’œuvres en péril» rappelle l’émission culte de Pierre de Lagarde et les années 60/70 du siècle dernier que certains, m’a dit mon daddy, ont vécues.

Ce n’est pas le cas des «fondus d’art singulier» qui «tirent la sonnette d’alarme» à propos de ces «œuvres monumentales réalisées par les inspirés du bord des routes ou bâtisseurs de l’imaginaire» qui «disparaissent avec leurs inventeurs». Du moins trop souvent.

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Eric Tariant nous parle d’un «jeune couple italien» qui s’emploie à fédérer «les bonnes volontés» pour sauver «ces sites en péril». Chiara Scordato, une Romaine de Paris «et son compagnon Danilo Proietti» (quelques autres aussi que le journaliste ne cite pas) ont créé une association. Son titre : Patrimoines irréguliers, me paraît heureusement inspiré par Irregolari le livre d’Eva di Stefano dont je vous parlais encore hier. Le site Internet de l’asso est en construction mais il devrait accueillir en 2013 l’inventaire d’une cinquantaine de «sites du patrimoine artistique français». Sites bien réels de notre terroir ceux-là.

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Une cinquantaine sur «environ 200» qu’«on recense» en France, nous dit le journaliste sans préciser davantage. Faut-il chercher ce «on», «pronom malhonnête» comme le prétendaient nos grands-mères, parmi la «brochette de spécialistes de l’art brut emmenée par le critique d’art et écrivain Laurent Danchin» (dixit Tariant) qui en appela (je parle de la brochette) récemment à un ministre de la Culture sur le départ pour le classement d’une cathédrale plus new-ageuse que brute?

patrimoines irréguliers,art brut,marcel landreau,eric tariant,pierre de lagarde,chefs d'oeuvre en péril

L’article de Eric Tariant ne le précise pas. Il n’en énumère pas moins certains de ces 200 «environnements d’art populaire» : le Palais idéal d’Hauterives, le jardin de sculptures d’Emile Taugourdeau, la Maison aux coquillages de Bodan Litnianski («à vendre au prix de 80.000 euros»), Le Petit Paris à Saint-Dizier et le site de Marcel Landreau à Mantes-la-Jolie.

A propos de celui-ci, précisons à monsieur Tariant qu’il est un tantinet défaitiste d’écrire que cet «environnement fait de sculptures de cailloux» n’aurait pas «résisté au passage du bulldozer commandité par (ses) nouveaux propriétaires». N’en déplaise à ceux -amateurs ou «spécialistes»- qui propagent cette romantique légende à partir de données anciennes, Marcel Landreau avait su sauver de la destruction un nombre non négligeable de ses œuvres.

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Comme les découvertes récentes d’un antiquaire dont le nom (Freddy Tavard) a été révélé ici même sur mon blogounet à moi, Marcel Landreau avait même su transporter et scénographier ses œuvres rescapées dans un autre environnement : celui de la résidence poitevine où il passa sa retraite, poursuivant son travail créatif à petit bruit. Il n’est pour s’en convaincre qu’à faire un tour sur mes notes spéciales Landreau.

Et puis voilà.

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27.09.2012 | Lien permanent

Madge Gill entre au couvent

bob et pantacourts.jpgLes yeux se tournant vers Londres, je vois pas pourquoi votre petite âme errante en ferait pas de même. Moi aussi j’enfile mon bob, mon pantacourt et mes basquettes.

Moi aussi je bouffe des vitamines et du brumisateur.

Laura-Flessel.jpgMoi aussi j’adore Laura Flessel, grande judokate devant l’éternel coubertinesque, comme un drôlissime lapsus ministériel vient de nous la présenter.

Et ce n’est pas pour ça que je tire la gueule à mon petit dada habituel, loin de là! C’est que, à un jet de pierre (a stone’s throw) du grand machin olympique-circus, se déroule en ce moment et jusqu’au 16 août 2012 une jolie rétrospective Madge Gill, autre star avec Aloïse de cet art brut des origines, du temps où c’était Jean Dubuffet le sélectionneur.

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«Madge Gill au couvent» pourrait-on dire puisque c’est The Nunnery («at the heart of London’s artist quarter»), la puissance invitante de cette expo.

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Espace d’art contemporain situé dans le Bow, à l’est de la ville, pas très loin du Vicky Park et à 10 mn à pinces de Bow Road Station, le Nunnery (181 Bow Road) est plutôt chiche en repros.

Madge Gill

Son site ne nous donne qu’une image en couleurs alors que Madge Gill (qui dessinait quasi dans la noirceur) est une grande magicienne du black and white, façon damiers vertigineux.

Mais bon, vous pourrez pas dire que vous étiez pas prévenus si vous passez par là en allant jouer les pom-pom girls de nos porte-drapeau cocorico.

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31.07.2012 | Lien permanent

Pascal Verbena : ça déménage !

L’été m’a rattrapée à Aix-en-Provence où l’on travaille malgré la chaleur comme le montre cette photo prise dans la rue du Puits Neuf. En dépit des apparences, ce ne sont pas des déménageurs qui livrent ici un frigo à la Galerie Paire. Alain Paire possède déjà un réfrigérateur dont il tire, pour ses visiteurs, des verres d’eau fraîche. Il est aussi le propriétaire d’un diable qu’il prête à Pascal Verbena quand celui-ci vient chercher un de ses enfants confiés, le temps d’une exposition, à la maison Paire.

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C’était le cas ce jour-là où je suis tombée en plein décrochage de l’exposition Ex-voto. Votre petite âme errante en a profité pour cuisiner Alain Paire au sujet d’Odette Ducarre. A.P. m’a parlé de Cioran, de Mandelstam, de Philippe Jacottet que je ne connais guère, du fait de mes œillères brutes.

Heureusement Pascal Verbena est arrivé avec sa casquette violette et sa chemise-kimono africaine. Avec une simplicité communicative, il a réconcilié, s’il en était besoin, le monde de la culture littéraire la plus raffinée et celui de l’art moins dans les normes. C’est que Pascal Verbena navigue entre des courants qui s’ignorent comme un poisson dans l’eau du Vieux-Port de Marseille.

Pascal Verbena

De ses débuts d’autodidacte, du temps de l’Atelier Jacob, à ceux de sa maturité d’artiste fort estimé des collectionneurs, du temps a passé mais Verbena n’a pas noyé la sardine pour autant. Pascal VerbenaS’il n’a plus ce look de christ hippie qu’on lui voyait sur les catalogues d’Alain Bourbonnais, il abrite toujours son sourire dans un soleil de barbe.

Sans se faire prier, il a posé, pour les lecteurs d’Animula, près d’une armoire à secret dont je désespère de vous évoquer la finesse d’exécution règlant la juxtaposition des bandes de bois de diverses nuances.

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Dark_Vador.jpgElle appartient à Alain Paire et il faudrait avoir une armure de Dark Vador pour ne pas saisir ce qu’elle recèle de pudeur, d’exhibition furtive et de sentiment caché avec son petit personnage protégé par des volets.

Pascal Verbena

C’est peut-être plus vrai encore avec ce reliquaire dont Verbena ne se sépare pas parce qu’il espère «ne plus jamais refaire» une pièce pareille. Quand je vous aurai dit que les yeux de Sainte-Lucie, dans le bas de la composition, ont été triés comme des lentilles sur une plage, que la forme de bois qui flotte au dessus de ces porte-bonheur a servi de matrice pour des dessins, que la pierre de volcan au centre a été ramassée près du Vésuve, je ne vous aurai dit que peu de ce qui fait la charge de cette œuvre émouvante qui s’intitule Je suis venu te dire…

Pascal verbena

Les premiers mots peut-être d’une lettre de rupture reçue par l’artiste. Lettre qu’il a déchirée avant de la clore pour jamais avec sa souffrance, sa nostalgie et tout l’amour du monde dans sa composition sous de petites fenêtres à claire-voie.

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Plaisirs du Roure

A Avignon, le Palais du Roure se fait désirer. J’aurais bien mis trois ans à le voir. D’abord parce qu’il n’est ouvert que le mardi et puis parce je ne suis pas assez souvent en vacances. Et quand j’arrive en août devant sa porte noire le jour voulu, il est quand même fermé… pour les vacances.

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Pensez donc si votre petite âme errante était joyeuse de le coincer, ces jours derniers où il était miraculeusement accessible au public. Certes, il a fallu se farcir la visite guidée avec doublage en anglais pidgin, traverser des kilomètres de salles aux vitrines vides avec des meubles provençaux qui ne sont pas ceux d’origine mais enfin…

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Cette ancienne demeure d’une huile de la Renaissance, squattée plus tard par les Félibres, a beau être assez austère, elle n’en recèle pas moins une amande dans sa coquille de traditions provençales éternelles. Je ne parle pas des grandes toiles wagnériennes d’Henri de Groux qui a créché là, ni de la Bibliothèque à moitié tombée en poussière du poète Louis Le Cardonnel.

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La patache où Frédéric Mistral a posé ses augustes fesses me laisse froide même s’il a fallu ouvrir le toit pour installer cette diligence (Maillane-Graveson) dans le grenier.

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J’ai peu de goût aussi pour les portraits de Jeanne de Flandreisy, la madame Verdurin de l’endroit ni pour les éperons et la selle de Fosco de Baroncelli qui se déguisait des fois en indien. Mais on est récompensé par une petite pièce qu’on ne visite qu’en dernier (pas très longtemps hélas) et où en en prend plein la vue question ex-votos, paperolles et reliquaires.

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Y aller rien que pour ça ne peut pas nuire à votre réputation d’Animulien de choc.

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. LE . SPORT. PUTAIN .

Finale de l’Euro par ci, Tour de France par là… Comment ça me fait trop gerber tout ce bourrage de crâne! On peut pas ouvrir la radio de bord sans en avoir raz la casquette de ces sempiternels jeux de baballes, de ces solitudes toujours renouvelées de l’éternel coureur suant à la poursuite d’un même chiffon jaune.

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Heureusement, il y a la route qui pousse son cri! Et ce cri, des fois, est populaire, spontané, naïf et cru. Délicieusement ambigü. A Mazan, près de Carpentras, il claque comme un drapeau sur la D70.

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« Terra incognita » em Lisboa

Madge Gill n’est pas seulement à Londres, Jean Perdrizet à Digne, Pascal Verbena  à Aix-en-Provence.

Retrouvez-les aussi à Lisbonne jusqu’au 23 septembre 2012 à la Fondation Arpad Szenes/Vieira da Silva en compagnie de plus de 70 créateurs et artistes triés sur deux volets : arte bruta et periferia.

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Même si vous ne comprenez pas le portugalais, ça parle tout seul, n’est-ce-pas? cette expo Terra incognita. Et quand je vous aurais dit que sont estivalement montrées là les œuvres de la Collection Treger-Saint Silvestre et que le comissariado a été confié à Christian Berst vous aurez mordu le truc. Pour les relous, les distraits, les noyés dans le perroquet ou la tomate, j’ajouterai quand même que Richard Treger, jadis pianiste, a été un bout de temps galeriste rue Mazarine. En collaboration avec le sculpteur Antonio Saint Silvestre, d’origine portugaise aussi.

Feuilleter jusqu’à la moelle le catalogue de cette expo au titre latinisant est chose facile sur le site de la Galerie Berst, pourvu que vous soyez encore capable de vous infliger quelques clics après une nuit de pogo au Deleriumula, le club de la plage.

Mes lecteurs attentifs y retrouveront de vieilles connaissances comme ce Giovanni Bosco que j’ai eu l’honneur et la chance de révéler au monde de l’art brut sur mon blogue les 25 mai et 16 juin 2008. C’est un réel plaisir et une fierté perso de voir qu’il est entré aussi dans cette collection.

Giovanni Bosco

Même si l’angélique Simone Le Carré-Galimard n’a rien à voir avec l’éditeur de la rue Gaston-Gallimard, même si son nom ne prend ne prend pas deux L, même si elle n’est pas morte en 1966 comme l’indique à tort la notice du catalogue Terra incognita, je suis contente de la rencontrer là entre Carlo Zinelli et Fleury-Joseph Crépin. Je la voyais plutôt dans la partie périphérique mais, qu’il porte ou non le dossard de l’art brut, son assemblage au héron vert en plastique vaut le détour par Lisbonne.

Simone Le Carré-Galimard

Beaucoup de créateurs et d’artistes bien connus dans le landerneau brut figurent encore dans l’exposition lusitanienne. Et quelques uns moins souvent sur le devant de ma scène comme Joao Pé-Leve, Pavel Leonov, l’étonnant collagiste Jacques Deal (periferia)

Jacques Deal

Roy Wenzel, Karl Vondal, Oskar Voll, Henry Speller, Royal Robertson, Ergasto Monichon, Dusan Kusmic (arte bruta)

Dusan Kusmic

Dans l’ensemble, un très bon moment à passer par conséquent.

Un regret toutefois. Richard, Antonio, Arpad, Maria Elena et Christian étant plutôt du genre parisien de chez parisien, on aurait pu glisser un peu de français dans le catalogue, entre la version originale en portugais et l’inévitable traduction en anglais.

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Coup d’œil américain à Belaye

On ne saurait suffire à tout. On ne saurait être partout. Et comme ma barque, ces temps derniers, ne s’est point échouée sur les jolies terres du sud-ouest, j’avais oublié (car étourdie je suis) Belaye, village médiéval du Quercy. Là pourtant, dans la salle du couvent, vous pouvez, jusqu’au 31 août 2012, aller vous rincer l’œil (fatigué de festivals, de visites de châteaux et de spectacles lyriques divers) avec une exposition d’art brut américain.

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L’affiche a du chien et je l’avais remarquée en son temps mais le moins qu’on puisse dire est que l’information n’abonde pas sur les sites touristiques et régionaux du coin. En plus, la visite a l’air assez confidentielle. Il faut impérativement bigophoner au 05.65.35.61.68 pour prendre RDV. Difficile dans ces conditions de se faire une idée. Heureusement le collectionneur qui, si j’ai bien compris, a fourni la matière de cette expo, Jean-Michel Chesné -pour ne pas le nommer- vient de poster sur son blogue une série d’images tout à fait convaincantes.

Qu’est-ce que vous attendez pour y aller, chers Animuliens vacanciers ?

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05.08.2012 | Lien permanent

Léopold Truc, un paradis non truqué

Le Luberon, «ce taureau qui fait la sieste au pied de son berger le Ventoux» (dixit Yvan Audouard), je suis allée le prendre par les cornes.

bigarreaux.jpgAprès le marché paysan de Coustellet dont je vous recommande les bigarreaux Napoléon, je suis montée chez monsieur Truc, le créateur d’un jardin conçu à grand renfort de ciment, de mosaïques et de tessons de poterie.

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© Ani (2012)

Pour le seul agrément des chanceux qui le trouvent sur un chemin caillouteux réfractaire aux bagnoles. Ni visites guidées, ni spectacles, ni concerts chez monsieur Truc. Ni conférenciers post-millénaristes non plus. Rien que les cigales.

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© Mon daddy (1989)

Aucun ministre de la culture en campagne électorale n’est jamais venu sur son terrain. Terrain oublié à l’écart d’un village escarpé qui sent bon le cèdre. Tout au plus Pierre Bonte l’a-t-il jadis interwievé pour FR3. Léopold Truc ne bâtissait pas des cathédrales.

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 © Ani (2012)

Le Paradis, il y était déjà puisque c'est comme ça qu'il appelait son espace ludique, cette pure excentricité qu'il avait su en douceur faire accepter à son paysage provençal et à ses contemporains.

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© Mon daddy (1989)

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© Ani (2012)

Un Paradis où ne flotte aucun relent de bondieuserie plus ou moins fumeuse mais le parfum d’un tranquille bonheur créatif.

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 © Ani (2012)

A son isolement naturel, le Paradis de monsieur Truc doit encore aujourd’hui d’être présentable à des Animuliens qui ne détestent pas le travail du temps sur la floraison brute.

mur décoré 1989.jpg

© Mon daddy (1989)

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© Ani (2012)

Tout au plus a-t-il perdu des couleurs ce Paradis. Tout au plus est-il un peu mangé par le lierre.

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© Ani (2012)

Même s’il a viré au pain d’épice trop cuit , il a grosso modo conservé son allure ordonnée en pente douce et ses 6 allées de circulation parallèles. La borie de pierres sèches décorée

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© Ani (2012)

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© Mon daddy (1989)

le «bordj» pour la chasse,

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© Ani (2012)

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© Mon daddy (1989)

la chapelle grande comme une cabine d’essayage,

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© Mon daddy (1989)

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© Ani (2012)

la tour au sommet de laquelle Léopold Truc aimait faire grimper les visiteurs, sont toujours là.

tour 1989 avec M Truc.jpg© Mon daddy (1989)

On le doit à la famille de monsieu Truc qui veille toujours sur ce patrimoine d’un genre particulier.

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© Ani (2012)

La fontaine est muette mais son auteur, de son vivant, ne la mettait guère en route, l’eau de la commune étant «plus chère que le pinard» selon lui.

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© Mon daddy (1989)

De son tombeau-mémorial qui voisine sans complexe avec des toilettes en forme de guérite, monsieur Truc disait malicieusement : «quand ça sera fermé, vous saurez pas si j’y suis ou si j’y suis pas».

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© Ani (2012)

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© Ani (2012)

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© Mon daddy (1989)

Un homme a vécu là, c’est à dire qu’il s’y est diverti au plus noble sens du terme. Sans qu’il soit nécessaire pour autant d’évoquer je ne sais quel «sacré» devant lequel il faudrait s’agenouiller, il a marqué de sa présence cette parcelle.

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© Mon daddy (1989)

Du moins c’est ce que j’ai ressenti. Du moins c’est ce que m’a dit mon daddy qui, le veinard, a croisé Léopold Truc en 1989, trois ans avant que celui-ci ne disparaisse.

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© Mon daddy (1989)

J’ai fait des pieds et des mains pour que mon daddy retrouve dans ses tiroirs les photos de vacances qu’il avait prises alors. Parce qu’il est toujours bon de comparer.

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© Mon daddy (1989)

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© Ani (2012)

Parce qu’il est toujours bon de témoigner. Parce qu’il est légitime de documenter même si avec l’art brut ou avec ce type de «truc» populaire et superbement individuel, on ne puisse qu’être incomplètement satisfaits.

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© Ani (2012)

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Face à faces avec Michel Macréau

Besoin d’un Face à faces avec un peintre majeur de la fin du XXe siècle? Vous serez gâtés si vous allez vous percher à la Galerie Margaron en bons petits oiseaux revenus de leurs migrations estivales.

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Comptez pas trop sur le tam-tam médiatique, n’attendez pas les affiches sur les mâts de la mairie de Paris ou les bandes défilantes sur les écrans de rue qui vous diraient : «Macréau, Macréau, Macréau». Il n’y aura ni pixels, ni fanfares ni happenings, le galeriste préférant jouer dans la catégorie discret-feutré.

Mais cette exposition de «petites têtes» de la bonne cuvée 1963-1968 mérite le label VU SUR ANIMULA parce qu’elle sera un événement marquant de cette nouvelle saison automnale 2012.

iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii

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Lors du vernissage du 6 septembre, elle a suscité déjà l’émulation des collectionneurs qui n’étaient pas venus pour les bretzels, je vous prie de le croire!

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C’est que 30 peintures de Michel Macréau récemment rappelées au jour, 30 peintures formant série où se révèle le grandiose et courageux travail de recherche propre à l’artiste, c’est de l’orpaillage, où je ne m’y connais pas! Ne vous laissez pas démonter par le dossier de presse qui parle de «portraits de très petit format». D’abord parce que les volumes emboîtés de la galerie sont un écrin propice à la chose.

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Et surtout parce que ce diable de Macréau étant capable de saturer une toile de 20 sur 25 cm comme s’il s’agissait d’un tableau de 2 m sur 3, on oublie vite qu’on joue dans le registre mini. Le peintre s’accommode ici en virtuose de la contrainte du format et s’il ne dispose que d’une lucarne, celle-ci s’ouvre sur le réel de la peinture.

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Avec ces visages qu’il dévisage, ces physionomies qu’il décline et qu’il incline à tous les risques de la figuration-défiguration, Michel Macréau administre la preuve de sa capacité à partir des postulats picassiens de l’art de sa jeunesse pour aboutir, par le truchement de torsions plastiques variées, à une malléabilité proche d’une destructuration troublante et sibylline que seules les œuvres de grands créateurs schizophrènes atteignent généralement.

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A la réserve près que, chez Macréau, la déstructuration n’est pas sans être contrôlée et qu’il en revient toujours (avec quelques cicatrices) pour reprendre son combat avec l’ange évanescent de l’inspiration. Pour Manuel Jover, dans le catalogue de l’expo margarienne, la place de cet artiste si peu ordinaire ne saurait être située «dans les parages marginaux de l’Art Brut, où l’on veut parfois le confiner».

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outsiders 2012.jpgEncore moins, sans doute, du côté de ces «outsiders» auxquels il n’a jamais appartenu, contrairement à ce qu’une récente manifestation cantalo-estivale tendait à nous le faire croire.

Michel Macréau s’est toujours considéré comme un professionnel, vivant de son art, parfois très mal et plutôt bien à la fin de sa vie. Même si sa carrière, du fait de sa santé précaire, fut chaotique.

S’il est vrai, qu’il s’inscrit «dans la continuité de la longue tradition artistique, à laquelle il répond en la réfutant» (dixit Jover), il ne saurait cependant y être réduit non plus.

Michel Macréau

Photo Jean-François Parent (1989)

Michel Macréau appartient plutôt à cette rare famille de représentants d’un art borderline qui ne se satisfait d’aucune unilatéralité commode pour l’esprit comme pour le marché. 17 ans après sa disparition Macréau ne cède en rien sur ce point. Organisateur de croisements complexes par les moyens les plus classiques, son activité plastique menée à ses confins, le place sur des terrains familiers, quoi qu’on en dise, à l’art brut.

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Aloïse ricoche à Lausanne

couloir rhodanien.jpgUne belle endormie c’est la Riponne. Les Bergières assoupies c’est pas mal aussi.

Donc, si la dame du GPS vous dit : «montez le couloir rhodanien, tournez à droite, longez le lac!», obéissez. Lausanne cet été est repeinte aux couleurs d’Aloïse. Du moins sur le trajet qui mène du palais de Rumine au Château Beaulieu (3 mn chrono).

Comment je le sais ? Parce que j’ai de gentilles informatrices : Sarah Lombardi, la directrice de la CAB et Céline Muzelle qui a rédigé avec Jacqueline Porret-Forel le catalogue raisonné électronique de l’œuvre de notre Aloïse vénérée. 

Aloïse Corbaz

Céline Muzelle, avant mon départ en vacances, me le disait : «Je pense que les Animuliens vont apprécier ce rendez-vous sans précédent que nous offrent le Musée cantonal des Beaux-Arts et la Collection de l’Art Brut (…)».

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Elle voulait parler des deux expos Aloïse Le ricochet solaire qui se tiendront jusqu’au 26 août 2012 au MCB-A et jusqu’au 28 octobre à la CAB de Lausanne. L’une «propose un parcours chronologique inédit dans l’œuvre de l’artiste (sic) vaudoise». Dans l’autre «une salle entière est destinée aux cahiers de dessins, qui sont comme la colonne vertébrale de son œuvre (…)».

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 Photo © NB.ARCH

art brut,aloïse corbaz,collection de l'art brut,musée cantonal des beaux arts,sarah lombardi,céline muzelle,jacqueline porret-forel,béatrice steinerVautrée comme je suis à la terrasse de La Récré, sirotant le rosé frais de ce restaurant de Lourmarin, je peine un peu à comprendre le «ricochétisme» que JP-F définit ainsi : 

«Le ricochet représente l’un des aspects fondamentaux de l’organisation mentale d’Aloïse. On peut le considérer comme l’un des fondements de son œuvre, siège de ses conceptions cosmogoniques, de son pacifisme, de sa religiosité, de ses amours fantasmées (…). Il traduit aussi le ressenti des phénomènes hallucinatoires liés à la psychose».

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art brut,aloïse corbaz,collection de l'art brut,musée cantonal des beaux arts,sarah lombardi,céline muzelle,jacqueline porret-forel,béatrice steinerMalgré la sieste, je ne suis pas ramollie du bulbe au point de ne pouvoir tourner les pages des deux chouettes bouquins qui accompagnent les expos lausannoises.

Merci à la grande âme qui me les a fait parvenir dans mon gîte rural. Fidèle à une tradition d’élégante austérité, la publication de la CAB, sous une couverture de carton-bure et une reliure à la japonaise, contient pas mal de repros des dessins mais aussi des écrits d’Aloïse.
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Les textes sont de Pascale Marini, commissaire de l’expo et de S. Lombardi qui nous apprend (ô hasard objectif !) que «c’est suite à une erreur dans la distribution d’un courrier que Jean Dubuffet entre en contact avec Aloïse».

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Diffusé par Le Seuil, l’ouvrage-catalogue du MCB-A est un peu plus cher mais c’est du lourd ! Sans être pesant ! Rien d’un casse-croûte. Tout est découpé en petites bouchées ou en plats digestes qui s’intercalent parmi les nombreuses images en couleurs.

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Les contributions écrites sont dues aux dames citées précédemment dans ma chronique et à Catherine Lepdor, conservatrice du MCB-A. Le contenu est trop riche pour que je vous en fasse des tonnes. Lisez ce livre indispensable aux fans d’Aloïse ! J’apprécie son côté précis : la biographie de CM, la biblio sélective qui n’oublie pas Aloïse ou l’infirmament du regard, un titre de Béatrice Chemama Steiner que je voudrais avoir trouvé, la liste des légendes des tableaux, les points de repère chronologiques.

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Photo © NB.ARCH

Les souvenirs de JP-F sont agrémentés du fac simile de la fameuse lettre que Dubuffet lui adressa le 11 avril 1964. Ce roi du paradoxe y prétend qu’Aloïse «n’était pas du tout folle». Elle avait été reproduite dans le tome 4 des Prospectus et tous écrits suivants (Gallimard 1995). Mais sans le PS à la main qui éclaire sur la hiérarchie des valeurs de l’inventeur du concept d’art brut :

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