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29.04.2007
Montreuil, California
Inhumain. C’est inhumain à vous mes chers animuliens, de me forcer à prendre le clavier en ces temps de grand soleil républicain où on ne pense qu’à une chose : gros miko pomelo, maous ventilo, sea, sex and fun.
Heureusement le bon Docteur Decharme (Doc of the Bay) et sa fine équipe abécédienne veillent sur nous et ils nous ont concocté quelque chose qui promet d’être rafraîchissant.
Je cherchais désespérément un petit vernissage à la campagne mais pas trop loin quand même de notre étouffant Paname quand je suis tombée sur cette annonce alléchante laissée sur ma messagerie : Montreuil California! «Dreaming en perspective» a dit mon daddy qui a la sale manie de lire par dessus ma coupe en pétard.
J’ai dû lui expliquer que ça n’avait rien à voir avec sa jeunesse hippie et que Montreuil California c’était pour dire : Les 5 d’Oakland. Bon, j’en vois déjà qui s’imaginent que je les invite à un western.
Daniel Miller
Pas du tout. On nous promet bien du cinéma : un docu consacré à Dan Miller, un gars très sympa qui serre la main à tout le monde et qui se balade avec un casque de cycliste sur la tête. Il enchevêtre avec une grande autorité des lignes et des lettres qui s’organisent en fascinants dessins palimpsestes.
Aurie Ramirez
Mais il y aura aussi la très flamboyante Aurie Ramirez, autre découverte, rien à voir avec Martin
Donald Mitchell
Donald Mitchell qui organise l’apparition de visages fantômes dans une nuit de hachures superbement discordantes,
Dwight Mackintosh
Dwight Mackintosh (ha, ha, ça commence à vous dire quelque chose!)
Judith Scott
et la très fameuse et très émouvante Judith Scott et ses emmaillotage d’objets en mystérieux cocons extra-terrestes.
4 vedettes et une star de l’art brut américain, quoi! Les œuvres proviennent de l’imprononçable mais très fertile Creative Growth Art Center dirigé par Tom di Maria dont on apprécie le sourire sur la publication –très chiadée- que l’abcd diffuse à l’occasion, avé interview du dit Maria par Barbara Safarova, plat de résistance par Jean-Louis Lanoux et notices digestes comme cerises sur gâteau.
Inauguration le jeudi 3 mai à 18 heures, à deux doigts du périph et de la porte de Montreuil, Métro Robespierre, 12 rue Voltaire. Montreuil, California.
14:50 Publié dans Expos, Zizique | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : art brut, Judith Scott, Dwight Mackintosh, Donald Mitchell, Daniel Miller, Aurie Ramirez, abcd | | Imprimer | | |
22.04.2007
Gironella pousse le bouchon
Je vous dis pas la lumière sur Lyon, vendredi dernier ! On se serait cru dans le tableau d’un paysagiste italien. J’ai pas eu le temps de voir le jardin de Rosa Mir mais celui d’attraper un coup de soleil entre Saône et Rhône en me rendant place Gailleton à la Galerie Dettinger-Mayer pour les derniers feux de l’expo Nuvish, un dessinateur pas brut mais tout de même bien troublant.
Dans le tégévé de retour, je lis ce poème de Joaquim Vicens Gironella et comme je suis très snobe, je le lis dans sa langue, vous en faisant profiter illico :
cantaba la libertad,
cantaba los finos amores,
las fiestas, todo lo que da »
in Le Génie du liège
(Les Friches de l’Art, 1994)
Gironella, vous vous souvenez, c’est cet ouvrier bouchonnier catalan que Dubuffet a repéré quand il était encore marchand de pinard. A l’époque les bouteilles de jaja n’étaient pas closes par une saloperie de morceau de résine synthétique qui refuse de rentrer dans le goulot une fois ôté. Les flacons où l’on puisait l’ivresse étaient agrémentés d’honnêtes bouchons de vrai liège.
A force de se servir de ce matériau, Gironella s’était mis à réaliser des sculptures et des tableaux en liège que Dubuffet exposa et préfaça en 1948. L’anguille sous la roche –car vous vous doutez bien qu’il y en a une et que je vous parle pas de Giro pour des prunes– c’est qu’Objet Trouvé consacre sa prochaine expo à ce créateur des aurores brutes.
Plutôt que de vous répéter ce que vous trouverez tous seuls sur le site de cette galerie et puisque Gironella est aussi l’auteur de gravures, je préfère vous abreuver de quelques images provenant de publications pas courantes du tout parce qu’à tirages très limités.
Par exemple : Lièges et poésies, recueil de Gironella préfacé par Patrick Stefanetto (Alain Sanchez, 1976) et le somptueux recueil de poèmes en catalan : Exaltacio del Suro I dels Tapers imprimé sur feuilles de liège (!) en 1990 à Perpignan pour Llibres del Trabucaire.
23:55 Publié dans Ecrits, Expos, Images, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Joaquim Vicens Gironella, Jardin de Rosa Mir, art brut | | Imprimer | | |
19.04.2007
Votez fou !
Filez tout de suite au fond avant le couloir aux CD, c’est là que j’ai dégotté le bouquin de Bruno Fuligni, indispensable en ces temps de prise de chou électorale.
Votez fou ! qu’il s’appelle et il ne s’agit (quel repos!) ni de Spirou, ni de Chabichette, ni du Neuneu, ni du Bouffon, encore moins de la Peste et du Choléraciste.
Non, l’auteur a eu la bonne idée de réunir tous les «candidats bizarres, utopistes, mystiques, marginaux, farceurs et farfelus» qui se sont illustrés de 1848 à nos jours. C’est aux Editions Horay et c’est paru en février 2007.
Je vous en parlerais pas si ça se contentait de traiter de Coluche, de Mouna, de Maurice Mercante ou même du trop fameux Ferdinand Lop mais c’est plein de repros d’introuvables documents franchements croquignolets : bulletins de vote excentriques, professions de foi exaltées ou farfelues, programmes malicieux, déclarations en vers et contre tout.
Et puis il est question (page 27) de Xavier Cotton dit Fulmen-Cotton, «curé défroqué, clochard schismatique, fou à lier» dont le Dr Rogues de Fursac, en 1905, dans un des premiers bouquins scientifiques traitant de l’art des aliénés, Les Ecrits et les dessins dans les maladies mentales et nerveuses, reproduisait les dessins-affiches plébiscitaires et pontificaux.
01:55 Publié dans Ecrits, Jadis et naguère, Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Fulmen Cotton, Rogues de Fursac, art brut | | Imprimer | | |
16.04.2007
Des expos à la pelle
Si vous en avez plein le dos de Cheval, votre petite âme errante, qui est une mère pour vous, peut vous driver sur une foultitude de nouvelles expos dont elle n’aura jamais le temps de parler sérieusement mais qui méritent mention.
En ces périodes électorâles la Fâme se porte bien. A la Galerie Brissot et Linz, dans les bô quartiers (48, rue de Verneuil Paris 7e) et jusqu’au 21 avril 2007, on nous promet «trois femmes pour ouvrir un point de vue singulier sur le monde…».
Je connais le travail de l’une d’elle, Sandra Martagex, qui il y a une dizaine d’années s’était fait remarquer comme un(e) jeune peintre prometteur avant de se faire plus discrète après la naissance d’un bébé. Elle travaille toujours «ce qui se fluidifie, ce qui coule dans le corps» (je cite le carton) et c’est une bonne surprise de la retrouver.
Au Musée de Sérignan (34410), j’aurais bien aimé voir Dado rencontrer Dubuffet. Tu parles d’un match ! Hélas, il s’est terminé le 15 avril. Vérifiez, y’a peut-être un catalogue.
Pour ceux qui ont des RTT de rab, la foire de Bruxelles est tout indiquée (20-23 avril 2007, vernissage le 19).
Vous y retrouverez par exemple, sur le stand de la Galerie Andrew Edlin (of New York) de vieilles connaissances (Henry Darger) et des découvertes comme Charles Steffen qui dessine d’étranges créatures reptiliennes sur de longs papiers bruns. «His highly original figures are characterized by curiously caricatured features including large, bulbous eyeballs, thick, gnarled fingers, and skin scored with deep creases and squared off with reptilian-like scales».
Puisqu’on vous le dit !
Propulsez-vous encore, si le cœur vous en dit, au MIAM de Sète pour 1000 pavois ? Pas de panique, c’est jusqu’au 3 juin.
Puis mes penchants aristocritiques vous enverront voir si j’y suis au Château du Tremblay à Fontenoy en Bourgogne (89520) pour Créateurs singuliers (je sais, le Centre Régional d’Art Contemporain aurait pu trouver mieux comme titre) si vous aimez (entre autres) Jean Linard, Pascal Verbena et Simone Le Carré-Galimard.
01:00 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Charles Steffen, Simone Le Carré Galimard, art brut | | Imprimer | | |
15.04.2007
Cheval et ses poulains au musée
Les facteurs sont sympas. Même ceux qui ressemblent pas à Spirou. Question bonne bouille, Ferdinand Cheval était plutôt du genre émacié mais y’en a que ça inspire. La preuve cette invitation de Rancillac pour l’actuelle expo du Musée de la poste à Paris (6 avril/1er septembre 2007). Vous pouvez dire qu’il s’est pas foulé le Bernard à superposer le portrait du facteur à une image de canasson, vous verrez qu’elle fera son petit effet.
Votre petite âme errante a traîné dans cette expo une copine de bureau qui a trouvé «kitschissimes» les objets de Paul Amar.
Parce que, j’ai oublié de vous signaler, que ladite expo s’intitule Avec le Facteur Cheval et qu’on y voit non seulement Cheval mais aussi «ses poulains» comme le remarque Edouard Launet dans Libé du 11 avril.
Si j’avais pas à éplucher mes pommes, mes poires et mes scoubidous pour faire la compote du dimanche je vous énumérerais toutes les autres autres vedettes «cavalant» autour du Palais imaginaire : Etienne-Martin et son Escalier, Niki, Tinguely et le Cyclop,
l’excentrique milliardaire Edward James et son Jardin d’Eden surréaliste construit en pleine jungle mexicaine,
Jacques Warminski et son Hélice terrestre que vous pourrez voir en live un de ces 4 ouikènes en vous rendant, si vous avez pas peur des troglos, à l’Orbière dans le Maine-et-Loire.
Retrouvez tout ce beau monde dans le catalogue attrayant et qui sent bon l’imprimerie.
Dans une première partie d’Hommages, vous aurez pour le prix (20 €) les clichés des grands photographes qui se sont succédés sur le monument : Denise Bellon, Robert Doisneau, Gilles Ehrmann, Lucien Hervé, Clovis Prévost. Et puis, moi ce que j’aime bien c’est que les textes de Josette, Eric, Christophe, Claude et Clovis (Rasle, Le Roy, Bonin, Prévost) sont poivrés de chouettes documents rares : souvenirs des visites de Matta, de Breton, d’Ernst, photo de D. Bellon montrant Colette Brunius sous les regards bienveillants ou amoureux du rondouillard André Delons et du svelte Jacques Brunius.
To whom who do not read french, please note that all the texts of With Facteur Cheval are translated in english.
See you later, animulators !
17:55 Publié dans Expos, Images, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, Ferdinand Cheval, Paul Amar, Jacques Warminski, Edward James, Jacques B Brunius | | Imprimer | | |
13.04.2007
Art brut : le réveil des marteaux
Le bidonville se porte bien. Gaston Chaissac de Bidonville. Son Locataire du premier, un tableau de 1956, vient de battre un record mondial. Un record phynancier bien sûr. Ce sont les seuls qui intéressent la Gazette de l’Hôtel Drouot où j’ai trouvé cette info qui en vaut bien une autre. 250.000 €.
Dans une vente Arcu du 3 avril 2007.
Faut remonter au 27 octobre 1990 (vous étiez minotte encore !) pour le précédent crevage de plafond avec un Autoportrait au perroquet : 198.600 € réactualisés. Une misère ! Avec des actions pareillement à la hausse, vous vous étonnerez pas que les commissaires-priseurs fassent dans le Chaissac en-veux-tu, en-voilà.
C’est que les œufs de Pâques a peine digérés, c’est le réveil des marteaux dans l’hexagone.
A Louviers, la patrie du gentil mosaïste Robert Vasseur (profitez-en pour aller voir sa maison),
dimanche prochain, le 15 avril à 14h15, une vente publique des photographies de Gilles Ehrmann (Jean Emmanuel Prunier E.U.R.L.) se pare d’une pub reproduisant le fameux Chaissac masqué au bouquet.
A Paname, la fameuse vente Tajan Art brut/Art naïf se profile pour le mercredi 18 avril 2007. Sans vouloir vous mettre la pression, bougez-vous les fesses si vous voulez aller voir l’expo. Reste plus que lundi 16 et mardi 17, c’est dans l’immense «cathédrale» du 37 rue des Mathurins dans le 8e. A l’heure du déjeuner vous serez tranquille comme Baptiste, la dame de l’accueil passe ses coups de fil et dans la salle un clerc somnole un peu devant son écran.
Vous y verrez un Chaissac évidemment (son «unique totem noir»), un petit crobart inachevé de Monsiel, deux Domsic, une poupée de Simone Le Carré-Galimard (avec 2 «L» dans le catalogue comme de juste), deux curieux totems de Michel Macréau, trois Schröder-Sonnenstern, deux Lesage, deux Crépin.
Rien de très bouleversant mais de quoi s’exercer l’œil. Dans la partie naïve, le n° 95 est un drôle de Van Der Steen qui se prend pour un Boix-Vives.
23:40 Publié dans Encans, Gazettes, Images, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, gaston chaissac, robert vasseur, gilles ehrmann, germain van der steen | | Imprimer | | |
12.04.2007
Pop médecine au Museon Arlaten
C’est la honte en short ! J’étais partie pour vous faire un topo complet sur le Museon Arlaten ousque je suis allée le vendredi saint mais Belvert au regard subtil m’a coupé le pissenlit sous la racine. Depuis plusieurs jours les langues s’activent à propos du musée d’Arles sur cet ethnoblogue que vous connaissez comme votre poche et votre petite âme errante n’est pas la dernière à y mêler son grain de sel.
Je me contenterai donc, pour éviter de me répéter, de vous offrir quelques images des objets de magie (ou de médecine si on préfère) populaire collectés par le Dr Emile Marignan (1847-1937), un pote à Mistral (Frédéric), le papa du musée de cette ville «où sont les Alyscamps».
Et zoom sur les pattes de taupes pour le mal de dents des bébés, zoom sur les talismans contre le mauvais œil, les salamandres porte-bonheur, les œufs de l’éclipse.
J’aurais aimé vous montrer le sachet d’os de mort, le garde-lait pour les nourrices, les pierres à mettre sous les paupières, les fleurs d’étain fondu pour la divination mais les photos sont pas autorisées dans le musée et on ne trouve pas tout dans les publications que l’on vend à l’accueil.
Pour faire bon poids et pour contrecarrer un peu ceux qui vont dire que je m’éloigne encore de mon sujet, j’attire votre bienveillante attention sur de jolis graffiti pastoraux et autres travaux de bergers, tel ce «mirù de pochi» (miroir de poche) de 1828 dont je suis tombée raide dingue.
Je veux le même pour mon anniversaire avec son couvercle coulissant orné de cœurs, de pentacles, de croix, de lauriers et feuilles de cannabis (ou de palmiers) autour du profil d’un gus qu’on m’assure être Napoléon.
Bonjour chez vous et surtout prenez garde «à la douceur des choses».
00:51 Publié dans Expos, Jadis et naguère, Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (4) | | Imprimer | | |
10.04.2007
Unica et Louise
Une chance que mon daddy s’est occupé de mon courrier pendant mon absence ! La boîte aux lettres aurait explosé. Parmi tous les papiers, la revue Création Franche dont le n°27 contient un article de Bernard Chevassu consacré à Louise Fisher.
Ses voisins de Mulhouse la considéraient comme une sorcière. Son environnement d’art a été transporté tel quel à la Collection de Lausanne. L’article qui complète celui que Bernard Chevassu a donné en 1977 dans le fascicule 10 de L’Art brut (publication créée par Jean Dubuffet) apporte des précisions sur les conditions de ce transfert.
30 ans après, l’auteur reste baba devant le respect qui fut témoigné d’emblée à l’œuvre de cette grand-mère indomptable dont l’élan artistique avait été stoppé par une attaque de paralysie.
Un point cependant reste obscur. On comprend mal si c’est après avoir sauvé les sculptures de Louise Fischer (menacées alors d’imminente destruction) que Bernard Chevassu a rencontré celle-ci sur son lit d’hôpital ou si elle a pu donner son accord au sauvetage.
Ce qui expliquerait qu’elle ait mis son visiteur en garde contre la dangerosité du contact avec son "Tempus Edax Rerum", personnage à la faux et au sablier.
Autre temps fort de la revue de Bègles, un long article de Bruno Montpied consacré à Unica Zürn, poétiquement (mais bizarrement) rapprochée de Peter Pan. L’auteur, avec l’entrain que les Animuliens connaissent, réagit à l’exposition récente de la Halle Saint-Pierre. Il égratigne au passage Jean-Louis Lanoux, l’un des auteurs du catalogue, soupçonné de penser qu’il n’est de bons surréalistes que suicidés. Il s’emploie à nous présenter les rapports Zürn-Bellmer à la façon d’«un ballet de voyants étroitement enlacés», ce qui est peut-être un peu idéal.
00:35 Publié dans Gazettes, In memoriam, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Louise Fisher, Unica Zürn, art brut | | Imprimer | | |
09.04.2007
D'Hauterives à Lens-Lestang
Une chose en entraînant une autre, faut pas j’oublie de vous conseiller de vous grouiller pour rendre visite au Palais du bon Cheval. Dans 5 ans d’ici il aura sans doute fondu comme un bonbon sous la langue d’un galopin de cours élémentaire.
Usé par le passage de millions de claquettes et de basquettes, érodé par le frottage de tant de mains et de derrières baladeurs.
Si les créations d’art brut sont menacées par l’indifférence, elles le sont aussi par le succès touristique à son stade industriel-ravageur. On ne piétine plus le Parthénon, on ne tourne plus autour des pierres de Carnac.
Je me demande pourquoi on ne laisserait pas le Palais idéal respirer tranquille. Avec un peu de recul, il n’en est pas moins extra et on pourrait exploiter mieux les moyens de médiatisation modernes. Pour une fois ça se justifierait. Heureusement, la création d’art c’est comme le chiendent. Arrachée ici, elle repousse à côté.
Pas plus loin que dans le village voisin de Lens-Lestang, sur la D 538, en direction d’Hauterives, l’œil de l’automobiliste est attiré par la touchante et modeste installation d’un monsieur surnommé « le marin » en raison de son passé de matelot et des beaux tatouages (un aigle, un Christ, un indien coiffé de plumes) qui ornent ses bras et ses épaules.
Faut voir comment ça chante sous le soleil d’avril toutes ces pierres, ces objets que cet homme affable et spontané a trempé dans la couleur bleue, orange ou vert d’eau et disposés en savant désordre devant l’entrée de son petit domaine et sur la façade de sa maison séparée de la route par un fossé profond.
Amateur de machines à coudre,
de moules à gaufres, de serpes, de cafetières, monsieur G. le marin (qui a touché aussi à la brocante) s’est plu à donner à ces vestiges une seconde chance.
En dehors de tout mobile artistique, ça va de soi, son truc à lui étant plutôt les moutons qu’il abrite dans des cabanes malicieusement pourvues par ses soins de pancartes récupérées du genre : LIBRAIRIE
21:50 Publié dans Glanures, Sites et jardins, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ferdinand cheval, art brut | | Imprimer | | |
08.04.2007
Cheval à tous crins
Coucou, mes p’tits loups, votre âme errante est de retour après avoir sacrifié aux rites pascaliens. Comme je n’ai plus rien à me mettre, je suis allée chez Cheval m’acheter un Ticheurte. «Obstinément le rêve» qu’il proclame ! Ma copine Isa me l’a taxé au retour.
Pour ceux qui en seraient restés à l’épisode précédent, il faut rappeler que Neck Chand mène à tout. En témoigne cette inscription de 1996 laissée par deux Bruxellois sur le Livre d’or dudit Palais : «Nous avons entendu vanter ce merveilleux palais du facteur Cheval à Chandigar (Penjab, Inde) où il est très connu et sert de référence à un monument analogue : Le stone garden».
J’extrais cette citation d’un bouquin de Lucien Riband bradé pour 1 € à la boutique du site d’Hauterives. Les Visiteurs célèbres ou moins célèbres du Palais idéal que ça s’intitule. L’auteur a eu la bonne idée de relever des commentaires sur le livre d’or du Palais idéal de 1905 à 2000 et la moins bonne idée de les assortir de précisions historiques qui éloignent du vif du sujet.
Malgré cette vision wikipédienne des choses et un classement très personnel (aristocrates, gens du pays, sportifs, militaires etc.), il faut commander par douzaines cet ouvrage qui garde trace du passage d’un Prince (de Saint-Ouen), d’un Poilu d’Orient, de l’équipe de France de foot, de Choupette et Bibiche de Mostaganem (1956), d’Aline et Dédé (2000) aussi bien que du Dr Pangon qui signa le premier le 1er janvier 1905.
A côté des cons (dont un ministre), des agressifs («Crachouillis de sorcière»), des enfants («On dirait le palais de la petite sirène»), des poètes («Une cabane à outils de rêves»), on note avec émotion le passage de Jacques Brunius (30 mars 1939), de Niki de Saint-Phalle et Jean Tinguely (30 janvier 1963). On apprend que c’est l’écrivain Jean Dutourd (visite du 29 mai 1965) qui aurait, par l’intermédiaire de son gendre, alors ministre des Postes, alerté André Malraux au sujet du Palais.
23:55 Publié dans Ecrits, In memoriam, Oniric Rubric, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ferdinand Cheval | | Imprimer | | |