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30.11.2008

La Tombe à la Fille

couv bretagne insolite.jpgLa Tombe à la Fille sort de l’ombre à l’occasion du Guide Bretagne insolite et mystérieuse édité par Christine Bonneton. Ce haut lieu d’un culte pour ainsi dire «vaudou à nous» -parce que très peu contaminé par le formatage monothéiste européen en dépit de son vernis catho de surface- votre petite âme errante aurait pu vous en parler depuis longtemps déjà. Et attirer votre attention sur l’installation populaire qui va de pair.

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une copine.jpgJ’aurais pu vous raconter comment, après la lecture de l’article de Joël Bigorgne dans Ouest France des 18-19 août 2007, je me suis aventurée bravement, en compagnie de mon couteau suisse et de deux copines qui n’en menaient pas large, dans la forêt épaisse et humide (l’été était pourri) de Teillay à la recherche de l’arbre où fut pendue, il y a 200 ans et des, une victime des guerres civiles révolutionnaires.

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La jeune Marie Martin,18 ans, torturée par les Chouans pour n’avoir pas balancé les bleus, selon la légende qui court à la limite de l’Ille-et-Vilaine et de la Loire-Atlantique.

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Si j’ai préféré me taire, si je n’ai pas pissé de la copie sur les sentiers hasardeux qui mènent au sanctuaire de Sainte-Pataude (autre nom de la martyre), où on n’est guidée que par des chiffons accrochés aux branches par les fidèles, c’est que cet endroit saturé d’ex-votos ready-made m’est apparu d’une authenticité à tomber.

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Et chacun sait que la médiatisation peut nuire gravement à la santé de tels lieux «magiques» où la ferveur se combine si bien au fétichisme des déchets qu’elle se transforme sans peine en art collectif.

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Il y a donc des cas où il vaut mieux pas se vanter d’être la première sur un sujet. La Tombe à la Fille pouvait prétendre à un répit, je m’en serais voulu de ne pas le respecter. Mais permettez maintenant que j’ouvre ma goule.

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A la différence de Joël Bigorgne qui prenait soin de citer les propos d’Yvon Mellet le maire de Teillay : «Les gens du coin entretiennent le lieu. Ils ont peur que, si l’endroit se dégrade, un malheur s’abatte sur eux», le commentaire inodore et sans saveur de Béatrice Magon, auteur du sus-nommé guide, n’a pas un mot de mise en garde pour ses lecteurs.

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Il est vrai que cette dame voit de l’insolite dans une librairie-salon de thé et du mystère dans une saint-sulpiciarde statue de Jean-Paul II ! Quant à ses titres, il vont des comparaisons éculées : «Une BD de pierre» (Les rochers sculptés de Rothéneuf), aux calembours beauf : «Ici on fait l’andouille de père en fils» (Guéméné).

Le moyen d’éviter après cela que les touristes aillent saucissonner sur les lieux de culte sauvages où se pratique un art d’autant plus art qu’il ignore son nom !

20:40 Publié dans Gazettes, Glanures, In memoriam, Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, dévotion populaire, ex-voto | |  Imprimer | | Pin it! |

24.11.2008

Des minous et des livres

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Sorbonne 15 mai1968.jpgVialatte, Lévi-Strauss, Caradec et les autres : week-end-lecture pour votre petite âme errante. J’étais partie errer dans les rues glacées du côté de la Sorbonne qui est devenue un lieu de pèlerinage pour les cousins de province («mais voui, c’est là que ça se passait…») lorsque j’ai bifurqué vers les thermes de Cluny où se tient l’expo Celtes et scandinaves, rencontres artistiques VIIe-XIIe siècle que je voulais voir.

Hélas, le Musée National du Moyen-âge m’est apparu un peu rébarbatif avec sa porte défendue par un gardien qui n’a rien de Georges Clooney.

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Et puis, j’en ai eu vite marre de faire le poireau devant des chiottes, installées dans un module de chantier qui défigure une cour vénérable, alors je suis allée photographier un minou du Poitou qui fait un tabac dans une librairie de la rue Saint-Jacques, voisine du Vieux Campeur.

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dilettante logo2.jpgDe minou en minou, je suis allée lécher la vitrine du Dilettante où j’ai repéré les Chroniques de l’année 1968 d’Alexandre Vialatte qui viennent de sortir chez Julliard avec une préface de Philippe Meyer. Pour celles qui, comme moi, ont fait depuis longtemps des papiers du grand Alexandre leur livre de chevet, il n’y a peut-être rien à apprendre.

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paulhan par dubuffet.jpegMais ça fait jamais de mal de relire Vialatte et j’ai revisité avec plaisir certaines allusions au Facteur Cheval, certaines petites phrases sur Dubuffet et Jean Paulhan : «Dubuffet se grise de trottoirs, de bitumes et de macadams. Il a fait un portrait de Jean Paulhan en bitume. Les trente-deux dents (…) sont faites en vrai gravier de trottoir (…)».
Après ce joyau rouge, mon choix s’est porté sur un bijou noir, imprimé en bleu et édité par L’Herne. Ce petit bouquin de Claude Imbert s’intitule Lévi-Strauss, Le passage du Nord-Ouest.

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Pour celles qui prennent soin de leur beauté, il a l’avantage de contenir la traduction en français (par Mark R. Anspach) d’un article de C. L.-S. parut en anglais dans dans le 1er n° de V.V.V. créée par André Breton, alors réfugié aux U.S.A, en 1941. Il s’agit de Indian Cosmetics, cette troublante cosmétique des indiens Caduvéo du Brésil que les habituées du chapitre XX de Tristes Tropiques connaissent bien. «Les femmes caduvéo ont une réputation érotique qui est solidement établie sur les deux rives du Rio Paraguay», nous dit Lévi-Strauss qui fête ses 100 ans vendredi. Avis à mes lectrices ! Comment les messieurs, emplumés ou non, ne craqueraient-ils pas devant ces parures de lèvres dessinées au jus bleu-noir d’un fruit du nom de genipapo.

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C’est d’un sourire pareil que je souhaiterais saluer la sortie discrète de François Caradec, auteur (entre autres) de la désopilante et érudite Encyclopédie des Farces et attrapes et des mystifications, parue en 1964 chez le malicieux Jean-Jacques Pauvert. Des Arts incohérents aux fausses peintures du Tassili, de la Vierge à surprises de Notre-Dame du Mur de Morlaix à Glozel, on y serpente sur maints chemins de traverse qui croisent les sentiers de l’art brut.

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Que toutes ces voies mènent au paradis des Christophe et des Allais, ça me paraît évident. Pas vous ?

23.11.2008

Télérama visite Montreuil

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A plusieurs reprises, ces temps-ci, votre P.A.E. vous a parlé de la bonne ville de Montreuil. Et bien voilà-t-il pas qu’elle est rattrapée par la grande presse écrite.

 

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Le magazine Télérama consacre cette semaine (19-25 novembre 2008) son supplément SORTIR à la cité qui abrite l’asso abcd (Art brut, Connaissance et Diffusion). Dans la rubrique «à la carte» et sous un titre qui fait jurer ensemble le mot «culture» et l’adjectif «brute», B.P. (Bénédicte Philippe) nous apprend que B.D. (le collectionneur Bruno Decharme «à l’allure décontractée») a été l’assistant de J.T. (Jacques Tati), ce que nous savions déjà et qu’il «a été l’élève de monstres sacrés comme Deleuze ou Foucault», ce dont nous ne nous étions pas encore aperçu.

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Dans les limites imparties à ce court article, la place a manqué à la journaliste pour énumérer les «divers intellectuels» qui, par le canal des publications d’abcd, ont «nourri» les expos de cette industrieuse asso depuis qu’en 1999, «l’entreprise» a pris aussi «une dimension de recherche».

Ne reculant devant aucun sacrifice pour aller toujours plus loin dans l’information, je n’hésite pas, pour ma part, à vous citer les principaux noms de ces discrètes chevilles ouvrières qui, depuis 8 ans, ont figuré régulièrement aux divers génériques des diverses productions of abcd of Montreuil : Christian Delacampagne, Régis Gayraud, Vincent Gille, Jean-Louis Lanoux, Barbara Šafářová, Béatrice Steiner. Et si j’oublie un raton laveur, qu’il me le pardonne, nom d’un p’tit pré vert !

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17.11.2008

A la poursuite du facteur Cheval

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A la poursuite du facteur Cheval, j’ai rencontré Gérard Manset. Manset, vous le connaissez pour avoir entendu -et sans doute fredonné les jours de blues- Il voyage en solitaire, sa chanson mélancolo, désaccordée du piano. Manset il montre pas sa tronche, il réédite pas ses anciens morceaux, ce qui fait qu’on le connaît sans le connaître. Auteur, compositeur et interprète, Manset est aussi peintre, photographe et … écrivain. Et là, surprise ! Le 6 novembre 2008, il a sorti un roman au cœur duquel on trouve l’époustouflant Ferdinand. Son titre? A la poursuite du facteur Cheval.

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Si! Sans déc. Avec mon repassage en retard, les carottes à éplucher, Dominique et Léa qui vont arriver pour le thé, vous pensez si j’ai le temps de me vautrer dans la critique littéraire! En plus Manset, je comprends pas tout ce qu’il dit et faut pas compter sur lui pour vous expliquer. Amateurs de romans traditionnels, passez votre chemin! Et vous les groupies des intrigues bien menées qui progressent sagement au rythme de la chronologie et de la logique, allez voir ailleurs!

Ecrivain-voyageur, Gérard Manset bouscule le temps, ses fantasmes et ses souvenirs asiatiques ou colombiens. Avec des morceaux de bravoure dans des Thaïlandes de rêve où l’on exhibe une pathétique créature qui fait penser à l’hermaphrodite-albinos du Satyricon de Federico Fellini. Impossible de suivre  son récit de A jusqu’à Z. Il faut accepter de tomber dans des trous, admettre de s’y reprendre à plusieurs fois, chercher son passage du nord-est perso. Bref, errer dans un labyrinthe où vous retombez toujours (mais pour le perdre aussitôt) sur ce «prédateur des styles», sur ce «propagateur de la fièvre hindo-bouddhiste» : le facteur Cheval himself.

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Acte de naissance de Ferdinand Cheval

C’est pas la première fois, bien sûr, que Cheval fait irruption dans la littérature. Sans remonter au Revolver à cheveux blancs d’André Breton (1932) : «Nous les oiseaux que tu charmes toujours du haut de ces belvédères», on se souvient d’Alexandre Vialatte   (Dernières nouvelles de l’homme) : «Chez l’homme, la tête pense, la main suit. Le reste y passe. Parfois pendant une vie entière. Le facteur Cheval en est un exemple éclatant».

Et de Robert Morel éditant en 1969 un beau texte d’Alain Borne et témoignant : «C’est à Lyon, en 1942, dans les rues vides où nous rodions après le couvre-feu, qu’Alain Borne me parla du Facteur Cheval pour la première fois».

Mais c’est pas une raison pour pas vous laisser porter par la musique très particulière et plus contemporaine de Gérard Manset : «L’avez-vous vu, ce palais? L’avez-vous déjà vue, cette basilique tout aplatie comme serait un morne coléoptère sur du sable tamisé ? Criquet dont la famille aurait volé plus loin (…). Un être avait commis cette équipée de la taille, tout juste, d’une goélette dont les cheminées seraient ces danseuses sémaforologiques (…) tournant leurs bras dans une gestuelle d’alphabet morse et incitant d’emblée à consulter les courts poèmes de grès marqués à la truelle mettant en scène ce qu’un Apollinaire lui-même aurait pu inspirer (…)».

00:22 Publié dans Ecrits, VU SUR ANIMULA, Zizique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, ferdinand cheval | |  Imprimer | | Pin it! |

15.11.2008

Un arc-en-ciel au C.A.T

canards.jpgToujours à la recherche du diamant brut, votre P.A.E. explore la P.Q.R. Elle découvre des arcs-en-ciel dans les canards de nos provinces. Il y a une douzaine de jours, le 3 novembre 2008 exactement, je suis tombée sur une feuille du Courrier de l’Ouest. Moules.jpgNon, c’était pas celle dans laquelle M. Yvon, mon poissonnier, enveloppe mon litre d’animoules !
C’est une de mes informatrices qui m’a refilé cet article relatif au 38e Salon des Arts de Cholet qui s’est tenu en octobre dernier dans la ville du Petit mouchoir. Près de 200 artistes, «pros et amateurs», exposaient là, à la salle des fêtes. Rien de glamour, à première vue, même si parmi les 200, il y avait des personnes accueillies dans un centre d’Aide par le travail.
Ce qui m’a fait dresser l’oreille, c’est que l’article est intitulé : L’Art brut aux couleurs de l’Arc-en-Ciel. J’ai failli dégainer mon joker Nos amies les bêtes, en lisant que les toiles de ces personnes «sont des petits chefs-d’œuvre d’art brut qui éclosent sous la houlette du peintre Jean Boccacino».

courrier de l'ouest 3.jpg

Non, monsieur Alain Tissot (je m’adresse là au journaliste qui a recueilli les propos du dit peintre en charge de l’Atelier), il y a contradiction dans les termes.


la pensée du jour.jpgL’art brut est tout

sauf un mouton

jamais on ne l’a vu

se courber

sous une houlette.

 

D’ailleurs, Mr Boccacino le sait bien. Lui qui a l’air de se décarcasser honnêtement, malgré sa tendance au perfectionnisme, il reconnaît volontiers ce que ces «artistes», qui «ont besoin» de lui «pour aller plus loin dans leur démarche», ont apporté à sa propre expression artistique. animaux boccacino.jpgEn conclusion de son entretien qui illustre à merveille le sac de noeuds dans lesquels s’enferme la pauvre art-thérapie quand elle veut expliquer sa pratique, Jean Boccacino nous confie que le travail de l’Atelier de l’Arc-en-ciel l’a «remis en cause».«J’ai modifié mon expression dans le contenu et dans la forme. Leur travail m’a rassuré (…)». Vous trouverez sur Gougueule-images, une série de tableaux de Jean Boccacino.

L’article du Courrier de l’Ouest est accompagné de photos des œuvres des créateurs dont il s’occupe. L’une d’elle reproduit un dessin très volubile : un couple sous un porche à fronton décoré. Dommage qu’il n’y a pas le nom du créateur qui l’a fait. On aimerait savoir si c’est une scène de mariage, son dessin.

béatrice barbarit les mariés.jpg

Avec tous les petits personnages qu’il y a autour et toutes les petites têtes, légères comme des ballons, qui ont l’air d’acclamer, ça se pourrait. Comme ça se pourrait autre chose ou tout simplement le plaisir de remplir la feuille de papier, plaisir qui se communique très fort au spectateur. Alors, merci madame la dessinatrice, car si j’ai bien compris c’est une certaine Béatrice l’auteur de ce dessin.

béatrice barbarit à l'atelier.jpg

Et même je crois que c’est Béatrice Babarit. Une créatrice drôlement champion dont le travail a été remarqué au Festival Art et Déchirure de Rouen en 2008. Vous trouverez plein d’images à elle sur le site d’Artelier.

beatrice babarit mai 2006.jpg

Et merci aussi aux autres familiers de l’Arc-en-ciel. Ceux qu’on voit sur les photos et ceux qu’on voit pas.

11:37 Publié dans Gazettes, Images, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, béatrice barbarit | |  Imprimer | | Pin it! |

10.11.2008

Shigabcd catalogue art brut

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lobby museum.jpgPuisque Japon il y a, faut pas que j’oublie de pointer Shiga sur la carte. Le dessin n’a pas été copié dans Gala. Il est de ma pomme. Mais c’est là que, grosso modo, se trouve le Museum of Modern Art qui prête ses cimaises jusqu’au 30 novembre 2008 à la Collection abcd, une nouvelle fois en vadrouille. alveoles.jpgLe catalogue que je viens de recevoir est une petite merveille.

Grouillez-vous, mes abeilles, si vous aimez garnir vos rayons, de le réclamer à Montreuil, siège de l’asso présidée par Bruno Decharme.

Sous son étui-préservateur rouge, c’est un bijou noir et argent, relié à la jap avec des fils apparents. Consultation souple, ouverture grand angle et légéreté. Pas du tout le genre «bourgeoise-qui-s’encanaille» chère à votre petite âme errante.

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souris_grise_014.gifCette publication en jette plutôt par ce côté zen un peu glacé qui caractérise les productions abécédiennes. Cet art est ici poussé si loin que les textes, imprimés sur papier souris, sont presqu’illisibles.une page.jpg Vous me direz que je pige que couic au nippon. Okay, mais même la version française, tirée en gris sur fond noir, je vous défie de la déchiffrer, y compris avec les lunettes de votre mamie.
Abcd qui, en matière de typographie, a toujours montré un amour immodéré pour les petits corps, s’est abandonnée ici à son vice. Tant pis pour les auteurs et tant pis pour les lecteurs. Les textes, pourtant copieux, ne sont là que pour apporter le contrepoint formel d’un bloc impeccable comme la tablette de chocolat de L’Odyssée de l’Espace.

Monolith-Earth-Moon.jpg

A côté de cette symphonie en anthracite majeur, la partie centrale, réservée à la reproduction en couleurs des œuvres, a l’air d’un rayon de soleil levant. C’est voulu par le designer et c’est réussi. Nos amis japonais auront sans doute le choc.

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Les Européens auront peut-être une impression de déjà-vu. Depuis plusieurs années que ces images circulent de L’Isle-sur-la-Sorgue à Paris, de Prague à Kaustinen (Finlande) en passant par Athènes, leur œil a eu le temps de s’habituer.
Pour le vérifier : un petit jeu. Le catalogue Shigabcd scande ses différentes parties au moyen de négatifs agrandis.

J’en livre 5 ci-dessous à votre sagacité. A vous de deviner à quels créateurs ils correspondent.

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Fig. 1
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Fig. 2
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Fig. 3
pantin.jpg
Fig. 4
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Fig. 5

13:11 Publié dans Ailleurs, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, abcd | |  Imprimer | | Pin it! |

09.11.2008

Jet Set Tour Brut

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Pirosmani, Waldau, Miyawaki, Art en marge… Vézelay, Kyoto, Genève, Bruxelles.Y’a des fois, j’aimerais faire partie de la jet set. Je prendrais des avions et je brûlerais du kérozène mais je passerais mon temps à voir les expositions qui m’attirent. Pas vous ?

Affiche expo_Pirosmani .jpg

Sachant qu’il ne me reste plus que jusqu’au 10 novembre 2008, je me propulserais au Musée Zervos de Vézelay où sont montrées 17 toiles de Niko Pirosmanachvili (autrement dit : Pirosmani), le grand peintre autodidacte géorgien, qui avait commencé par peindre des enseignes avant de fasciner les membres de l’asso d’avant-garde La Queue d’âne (Le Dentu, Malevitch, Tatline).

pirosmani bank note.gif

Billet de banque à l'effigie de Pirosmani

De là, je m’envolerais vers Odessa où l’on signale à la Gare Maritime la présence d’Yvon Taillandier.

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Non sans faire un détour d’abord par la Maison des Arts de Châtillon pour une expo de cet artiste prolixe, qui fut critique d’art avant de passer à la peinture pour y élaborer, avant la Figuration Libre, un monde sinueux et luxuriant, narratif et bigarré que certains (notamment la galeriste Ceres Franco) ont senti comme fraternel à cet art brut qui avait déjà pris sa vitesse de croisière.

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Ensuite, je filerais vers le Japon, en faisant un crochet par Bruxelles/Brussels pour une étape, rue Treurenberg, au Centre Culturel Hongrois où se tient Meetings on the margin, une expo dont je sais pas plus que ça mais montée avec le concours d’Art en marge, c’est tout dire.

 

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A Kyoto, j’aurais jusqu’au 14 décembre 2008 pour me rendre à la Galerie Miyawaki faire un tour dans l’expo perso de Gene Mann (Tendres humains), un peintre qui n’est pas à enrégimenter dans l’art brut mais dont j’ai déjà eu l’occasion de signaler le livre en accordéon dans ma note du 27 juillet 2008 intitulée L’Art outsider à la pompe. Gene Mann, qui vient de découvrir mon blogounet, pense à ses frères et sœurs de création «hors bords» dans l’invitation qu’elle m’adresse. Le mot est joli. Il mérite d’être relevé pour sa tentative de sortir des ornières terminologiques.

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L’intention ne l’est pas moins (jolie) car c’est rare de voir les zartisses s’occuper du nombril des autres. Celle-ci, dans son atelier ou dans la nature où elle dessine sur la mousse, ne craint pas de se colleter avec la matière et que voulez-vous, moi j’aime ça. Il n’y a que ses cheveux qu’elle rassemble en touffe sur sa tête (ce qui la fait ressembler toute entière à un pinceau) qui restent à l’abri des couleurs. Gene Mann qui est d’origine française mais qui vit en Suisse me ramène à Genève où Une Sardine collée au mur montre les travaux de 5 créateurs de l’Atelier artistique de l’hôpital de la Waldau.

invit expo waldau.jpg«Loin d’être insensées, ce sont des œuvres qui parlent de la délicate condition de l’être humain» nous dit délicatement le carton d’invit.

18:13 Publié dans Expos, Images, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, pirosmani, yvon taillandier, gene mann | |  Imprimer | | Pin it! |

05.11.2008

Jean Dubuffet au séminaire

 

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Vous savez pas quoi faire samedi ? Hello, ça vous dirait un p’tit séminaire ? D’ici là, l’Amérique sera barackée. A moins qu’elle n’en pince pour le playmobil. En tous cas, vous serez à New York pour l’événement et on peut dire que ça tombe pile poil parce que c’est au Folk Art Museum que, juste avant le lunch (entre 11 Am et 1 PM), vous aurez la chance (pour peu que vous ayez 20 $ dans la poche de votre doudoune) d’assister le 8 novembre 2008 au Saturday Seminar dans le cadre des Folk Art Studies.afam studies.jpg C’est très sérieux, ne rigolez pas. Qui a dit que les Américains, démocrates et républicains (il me semble qu’on peut être les 2 à la fois) ne comprenaient rien au mot «art brut» ? Sans doute ceux qui croient branchouille de jargonner pidgin à tire-larigot dans leurs papiers ou sur leurs sites : outsiders par ci, self-taught par là. A ceux-là le séminaire de l'AFAM apporte – lon, lon, laire – un démenti puisqu’il s’intitule : Jean Dubuffet’s «Discovery» of l’art brut and les ecrits bruts : The European Context.

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Bon, O.K., il y a ces guillemets qui festonnent la Découverte mais cette titraille est quand même prometteuse puisqu’elle montre à l’évidence que nos amis Uessiens ne craignent pas de se coltiner l’art brut, à la fois le mot (pas la peine donc de lui chercher des équivalents anglais plus ou moins vaseux) et la notion elle-même. Et même d’avaler au passage, quoique sans accentuation, un autre syntagme françois, j’ai nommé les «écrits bruts».
Je persiste en vous refilant le très clair laïus qui présente le Seminar : «
This seminar will examine the historical specificity of Dubuffet’s “discovery” of l’art brut and les ecrits bruts in France in the immediate post–World War II period in light of the artist’s political affiliations and literary and curatorial aspirations. We will review the artistic and literary genealogy of art brut and discuss the extent to which Dubuffet’s postwar definition of art brut differs from the surrealists’ celebration of l’art des fous. Concomitantly, we will look at Dubuffet’s extensive writingson specific artistes brutes, including, but not limited to, Aloïse, Gaston Chaissac, Le Comte du Bon Sauveur, Charles Jaufret, Alfonso Ossorio and Francis Palanc.»

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Collection of Audrey B. Heckler © Estate of Martin Ramirez

Comme je sais pas trop avec quoi vous illustrer cette note, j’emprunte à la shop du musée une image ramirezienne trouvée dans un portefeuille de cartes. C’est une repro de l’une de ces fameuses œuvres redécouvertes en 2007 exposées à l'AFAM jusqu'en avril 2009 sous l'intitulé : Martin Ramirez, the last works.

00:05 Publié dans Expos, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, jean dubuffet, martin ramirez | |  Imprimer | | Pin it! |

03.11.2008

Rouge ciel, 100 minutes pour l’art brut

C’est comme dans les bonnes séries télé, on ne change pas un concept qui gagne. Alors, abcd présente, jusqu’au 20 décembre 2008, la saison 2 de l’expo si astucieusement baptisée : brut alors !

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Et, comme c’est encore dans les vieux projets, mûris pendant des années avec détermination qu’on fait la meilleure soupe, Bruno Decharme, réalisateur et collectionneur émérite que l’on sait, nous annonce parallèlement la sortie de son long métrage qui se veut un «essai» cinématographique sur l’art brut, et non un simple docu de plus. Portraits de créateurs et témoignages de gens divers allant des marchands aux amateurs passionnés en passant par les psychanalystes, les historiens d’art et, et, et … les collectionneurs, sont au rendez-vous de cet événement promis-juré pour ce mois de novembre. 100 minutes à se mettre dans les mirettes, dans les oreillettes, dans les gencivettes ! Youpi !

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Bon, avec ses modestes capacités intellectuelles, votre petite âme errante n’a pas trop compris le titre : Rouge Ciel. Elle savait déjà que «la terre est bleue comme une orange» mais là, elle préfère attendre qu’on lui décortique cette image surréalistiquement percutante. En attendant, va pour Rouge Ciel ! Car il faut dire que je me suis régalée (et je vous invite à en faire de même) avec l’extrait hyper-tonique que nous distille avec le sens du rythme qui le caractérise, l’auteur du film, sur Système B (comme Bruno?).

J’ai spécialement pris mon pied avec la partie qui présente des repères historiques dubuffetiens. Il faut dire qu’elle nous apporte sur un plateau un résumé de faits, par définition un peu arides, sous la forme d’un dessin animé où mon daddy chéri a immédiatement reconnu un pastiche des réalisations de Jean-Christophe Averty. Ceci à grand renfort de miousic kusturiquienne et d’un commentaire, décapant en diable et gentiment iconoclaste, tout à fait dans l’esprit animulien.

08:14 Publié dans Ecrans, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, abcd | |  Imprimer | | Pin it! |

01.11.2008

Janko Domsic, le mécanicien céleste

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Domsic, ça m’donne faim, voilà le hic. Rien comme l’art brut pour creuser des trous dans l’appétit ! Surtout après une chevauchée en vélib. C’est pas parce qu’on est une âme qu’on n’aurait pas le droit de se caler les joues avant une expo.

bai thong.jpgAussi, errant dans les territoires venteux du XIIe arrondissement, en attendant de rendre visite à l’ami Janko, me suis-je offert un p’tit resto de la Charenton’s street qui lèche si gentiment le derrière de l’Opéra-Bastille. Vous n’avez rien contre les thaïs ? poisson banane.jpgAlors je vous recommande le Bai Thong, au 47. Salade de bœuf, céleri, concombre, poisson à la vapeur dans sa feuille de bananier, riz parfumé.

Et vue imprenable sur le trottoir d’en face et sur la Galerie Objet Trouvé qui vous ouvre sa porte à l’heure du dessert. Vous avez jusqu’au 22 novembre 2008 pour répéter ce scénario, déposer votre K-way mouillé sur le canapé blanc, dire bonjour à la dame au joli collier tordu qui vous sourit la bienvenue et assister au défilé triomphal du rayonnant Janko Domsic.

couv catalogue domsic.jpgHeureusement qu’il y a un chouette catalogue à vous mettre sous la dent. Il vous expliquera tout.

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Exposition de 1978
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Si je m’écoutais, je vous en ferais pourtant des tonnes à propos des pas de l’oie et des bras raides brandis des automates impudiques et fulminiques, aux calots oustachiens et chapeaux pointus de derviches tourneurs, de ce créateur d’origine croate que Christian Berst, le capitaine d’Objet Trouvé appelle «le mécanicien céleste».

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On pourrait aussi bien dire : «la bielle de Dieu» car répare-t-il quelque chose au ciel ou n’est-il que l’instrument d’une force transcendante qui le tyrannise, ce progieux emberlificoteur de lignes de stylo à bille vert et/ou rouge ? La complexité des connexions, que trahit l’écheveau des courroies que Domsic représente, en dit long sur son assujettissement, tandis que les croix gammées, faucilles, marteaux, fourchettes, étoiles éructés par ses pantins ubuesques en disent long sur sa révolte. Révolte à l’égard de cette douche de langage qui ne cesse de tomber sur le râble de ses protagonistes.

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Il faut souligner, à ce propos, l’un des mérites de cette expo. A aucun moment, elle ne cherche à faire oublier au profit des images, les textes sous-jacents ou parallèles à celles-ci. Cette fonction de palimpseste, de discours bourdonnant, bourgeonnant et parasite, elle la souligne même par l’accrochage d’un grand format carrément dense que d’autres auraient peut-être trouvé trop bavard, c’est-à-dire moins évidemment pictural.

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Dans la version avec option du catalogue, le très valeureux Christian n’a pas hésité à se farcir la diabolique transcription de ce vertigineux morceau de délire : «dessine cigare Havana reuni inter sovietique tota yanco E electronique smokin ustacha schisme solidaire contre Humanitaire inter social mondial evangelique ya ya Gott Mit Uns dieu jean yann BOG MARIE SP CHRIST (…)».

 

Toutes les photos sont extraites du catalogue

Photos : Elisabeth Berst ©Galerie Objet Trouvé

14:35 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : janko domsic, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |