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18.04.2015

Dragées, Idéal et Frénousie

Envie d’un selfie? Souvenir d’excursion? Séance de pose en habit un jour de cérémonie?

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Faites comme eux.

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Photographiez vous ou demandez qu’on vous tire le portrait devant les monuments de l’art brut!

En compagnie de vos amis, de vos groupies, de vos zombies.

Avec votre binôme, votre colocataire ou votre copain de régiment.

Avec votre petite sœur ou votre tonton Pomme-de-terre si ça vous chante.

Animula publiera les meilleurs clichés. En attendant voici, sorti tout chaud de son album perso, un mémorable tirage la représentant frénousant de concert avec son daddy dans le jardin de Robert Tatin.

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Et si d’aventure vous décidiez de déposer, sur la langue du dragon de ce petit dieu de la Mayenne à l’ouvrage, une de ces dragées au poivre bénit qui datent de votre dernière communion, ne vous gênez surtout pas! La tendance est à la dévotion.

ferdinand cheval,bruno decharme,antoine de galbert

Bientôt l’Ascension!

15:41 Publié dans art brut, Expos, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ferdinand cheval, bruno decharme, antoine de galbert | |  Imprimer | | Pin it! |

15.12.2014

Pour Noël, un défilé d'art brut

Peintes avec les pieds ou avec la bouche, je déteste recevoir des cartes de vœux à l’avance.

simpsons_noel.pngA cette époque de l’année, je pense qu’à Petit Papa Noël. Pas le chien des Simpson. Le vrai. Celui qui dépose dans la cheminée où vous n’avez plus le droit de faire du feu des K-DO venus du ciel. Tombés des paniers des officines virtuelles ou des rayons des vraies libraires qui peuvent encore payer un loyer dans le centre ville.

Sans pitié du dos du Père No, mon chéri et mon daddy m’ont commandé des kilos de coffee table books pour avoir l’air intelligents et actualiser leurs connaissances sur l’art brut à un moment où le premier blaireau venu n’a plus que ce mot à la bouche.blaireau.jpg

Le plus lourd mais le plus souple est un bel objet de couture japonisante, dans une couverture façon smoking déstructuré sous cape-étui au palladium avec titre gaufré (Art Brut, Collection abcd/Bruno Decharme).

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Programme de la soirée cousu de fil rouge au dos. La doublure à fond noir et impressions sismographiques énumère les noms des stylistes ayant contribué à la confection.

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Prix : 49,90. Lavage en machine non recommandé.

Le plus léger, dans une veste sable mandalesque avec discret logo de la marque et pantalon cerise à petit revers, est le complément parfait du premier car il traite du même sujet : l’actuelle exposition à la maison rouge.

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livre noir abcd.jpgLa version pour la ville en quelque sorte puisque le précédent, qui actualise un modèle de 2000 ayant largement fait ses preuves, ne saurait être consulté dans le métro du fait de son ampleur.

Bruno Decharme, son inspirateur, qui affiche volontiers une formation philosophico-cinématographique des temps structuralistes, a en effet la religion de la pluridisciplinarité. Et le souci de l’exhaustivité poussé un peu loin. Était-il nécessaire, par exemple, de nous gratifier d’une ènième contribution sur l’art des fous avant l’art brut, je me le demande.

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Surtout avec l’adjectif brut entre guillements comme si il fallait prendre cette notion avec des pincettes.

pincettes 2.jpg Moins enveloppant mais plus pratique, l’ensemble sable-cerise Antoine de Galbert a toutes les qualités qui ont fait la réputation des catalogues maison rouge. Bilinguisme, présentation claire des thèmes de l’expo notamment. Ceci pour 24 €.

Les deux books puisent à une iconographie commune, version luxe pour l’un, plus prêt-à-porter pour l’autre. Chacun contient des entretiens avec le collectionneur où celui-ci chouchoute son image. Il serait passionnant de les comparer avec des déclarations antérieures.

Là je n’ai pas le temps car je m’en voudrais de ne pas signaler, dans des prix intermédiaires (35€), le multifilaire catalogue de l’exposition L’Autre de l’art au LaM de Villeneuve d’Ascq.

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Ce concept nordique rappelle bien sûr Un art autre, le légendaire ouvrage de Michel Tapié qui date de 1952 et qui traitait de «nouveaux dévidages du réel». Le sous-titre du catalogue du LaM, sous une couverture classe grise et rose genre tailleur Chanel, est plus ambitieux : Art involontaire, art intentionnel en Europe, 1850-1974.

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On dirait que le LaM plante son drapeau partout : sur le temps, sur l’espace, sur un corpus des plus large donc des plus vague. Le résultat est aguichant. C’est un vrai feu d’artifice qui part dans tous les sens. Les productions asilaires, l’art naïf, les graffiti, Dada, les dessins d’enfants, l’espace acoustique, Mary Barnes, la poésie naturelle, le graphzine, que sais-je encore? Avec ça, on est paré pour l’hiver.

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Chacun dans cet ensemble tout terrain choisira sa partie amovible. Pas d’erreur, ça plaira à tout le monde! Même à moi qui me suis drapée illico dans La grande muraille d’Adrien Martias (styliste : Béatrice Steiner) et dans l’Hôpital brut par Corinne Barbant.

08.12.2014

Baptiste Brun et les brutes attitudes

Je partirai de la maison rouge. On va dire que j’y suis toujours fourrée. Mais je voulais pas rater la conférence de Baptiste Brun qui planchait le 4 décembre dernier sur le conditionnement du regard et l’art brut aujourd’hui.

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Assistance fournie. Fallu brancher la clim.

J’ai pas tout noté. Il fut question de Podesta «performer», des polaroïds de Horst Ademeit dont on n’est pas sûr «qu’il voulait que ça soit exposé de cette manière là»

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du Berger merveilleux qui chatouilla Max Ernst dans le sens du cadavre exquis (voir ma note du 13/06/2007).

Tout un tas de gros mots savants furent prononcés : «critériologie, démon de l’analogie, outil d’ébranlement épistémologique» et, le coolisme du conférencier aidant, tout le monde les dégustait à la petite cuiller.

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Même moi, je comprenais! En me tortillant sur mon banc. «Pauvre tache!», je me disais, «tu aurais pu avoir une chaise si tu t’étais inscrite!». J’interrompis mon monologue intérieur pour faire passer le micro à un auditeur. Il regrettait qu’il n’y ait qu’un seul Giovanni Bosco dans l’actuelle expo de la maison.

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Il aurait voulu en voir un mur. Le collectionneur, présent dans la salle, le consola en lui disant qu’il aurait aimé avoir de quoi le satisfaire.

«Vous me corrigerez …» répète modestement Baptiste Brun quand il s’aventure dans des analyses. On voudrait bien mais il ne se trompe guère. Et son topo repose sur des exemples précis.

J’aime pour ma part qu’il souligne combien le concept d’art brut «garde une efficacité opératoire malgré le phénomène de mode qui s’en empare». J’ai un peu plus de mal à le suivre quand il parle de «plasticité de la notion».

Mais j’ai trouvé passionnant qu’à propos d’Anarqâq, Baptiste Brun évoque ces cas-limites que Jean Dubuffet, après examen, a écarté de son corpus fondateur : les masques valaisans (voir ma note du 07/01/2007), Somük, artiste mélanésien occasionnel

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les bambous gravés kanak (voir ma note du 06/07/2008). Malgré la singularité qui s’y attache pour des amateurs d’art occidentaux un peu tradi, ces productions relèvent en effet de pratiques collectives plutôt que de conduites farouchement individuelles. Anarqâq dont les déroutants dessins ont été récemment montrés dans l’exposition L’Art Brut dans le monde ayant transcrit par exemple ses visions chamaniques pour des ethnologues.

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Notons à ce propos qu’un même esprit de commande aurait présidé aux crayons de couleurs anonymes de l’Angola qui sont montrés dans l’exposition Art brut, Collection abcd-Bruno Decharme. La plupart d’entre eux figuraient déjà l’année dernière dans l’expo Charles Ratton, l’invention des arts primitifs au Musée du quai Branly (voir ma note du 11/08/2013).

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Maureen Murphy, l’auteur de la notice consacrée à ces dessins dans le catalogue du musée, indique qu’ils furent réalisés par «les garçons du village de Lubani (…) sans doute à l’intention des Européens (…)». Raison pour laquelle, elle est loin d’être catégorique à leur propos : «s’agit-il d’art naïf, d’art primitif ou d’art brut ?».

La question que j’aurais aimé poser -mais la conférence touchait à sa fin- c’est comment ces dessins d’enfant dont l’un (du même genre) fut offert par Ratton à Dubuffet, ont pu en un an devenir BRUTS pure laine en passant du bord de Seine au Port de l’Arsenal?

24.11.2014

abcd : adn de l’art brut

Si je pouvais je mettrais Paris en bouteille et la maison rouge dans la poche de mon sac à dos. Pourquoi? Parce que la Collection Decharme qui y est exposée se déplie de l’entrée à la sortie comme un éventail japonais et que je me dis qu’elle pourrait se replier aussi. Ce serait pratique. Chaque fois que j’en aurais envie, je l’ouvrirais pour moi toute seule au lieu de la partager avec quantité de gens.

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Mais je suis pas accapareuse. Je vous invite donc à la visiter sans craindre les heures d’affluence. Après un long couloir qui nous désintoxique des sirops artificiels du monde extérieur, on progresse d’enchantements en sortilèges, sous l’empire de sentiments forts, d’impressions rétiniennes durables et d’idées qui se mettent à vous pétiller sous la chevelure.

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Au gré des méandres engendrés par les alvéoles inégales et biscornues qui s’offrent successivement à nous, dans un désordre contrôlé qui communique son rythme syncopé à l’expo. Sur le plan ça ressemble à une clé à molette en kit.

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En vrai ça imite le fonctionnement chaotique de la pensée vivante. D’aucuns s’en inquiètent. «T’as fait des dessins?» questionne une mère, soucieuse de retenir sa fille qui court comme une balle de flipper. Liberté de photographier. Certains croient capturer l’inneffable dont ils sentent ici la présence.

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Pour scander le parcours des visiteurs moins électriques, les organisateurs de cette exposition entièrement dévolue à l’art brut l’ont segmentée en 12 parties plus ou moins évidentes. L’une d’elle aurait gagné à être désignée par un terme moins lourdement philosophique que : Hétérotopies scientifiques. Une autre a des faux airs d’une chanson de Bashung : Vertiges de la chair.

Mais dans l’ensemble c’est cohérent quoiqu’un peu arbitraire. En voici le déroulé, emprunté au sommaire du book abécédien sorti pour l'expo:

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Pourquoi 12 stations comme autant d’apôtres? On peut se le demander. On dirait qu’un refoulé biblique fait retour. Le voyage au pays de l’art brut decharmovien situe d’ailleurs très classiquement le chaos «à l’origine» alors que c’est plutôt tout au long du processus des œuvres qu’il se situe.


Un chaos délibérément organisé dans sa répétition même. Comme tel, ni commencement ni fin. Décalage structurel permanent. Ceux qui n’aiment pas qu’on les guide pourront tout aussi bien partir de ce cœur rouge palpitant : la petite pièce où le livre de Dellschau est présenté.

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Et rayonner autour. Ou bien s’inventer des circuits personnels comme ces visiteurs qui pistent les pièces dispersées d’un créateur. Car cette exposition permet tout.

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Son grand mérite c’est de n’avoir pas cédé à la facilité de nous promener dans une succession de salles dont chacune aurait été réservé à un créateur. La présence des nombreux anonymes et des pièces orphelines ne le permettant d’ailleurs pas.

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L’exposition de la Collec Bruno Decharme à la maison rouge s’attaque de ce point de vue à une tâche impossible : une confrontation d’ensemble sur le mode thématique.

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Elle n’en sort pas toujours gagnante. Exemple : les photos de Tichy paraissent soudain pâlotes dans le voisinage des Aloïse. Mais elle témoigne avec brio de la féconde hétérogénéité de l’art brut (autant d’art brut que de créateurs!).

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Elle révèle paradoxalement, en s’en accommodant, la capacité de résistance à l’exhibition collective qui fait partie de l’ADN de l’art brut.

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Bonus. Pas de panique pour la deadline. L'expo abcd à la mr se termine le 18 janvier 2015.

En revanche ça urgeotte pour la carte blanche qui lui fait écho chez Christian Berst : 29 novembre 2014.

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20.11.2014

maison rouge : suivez le guide

Pas plus grand qu’un smartphone, le livret qu’on distribue à l’entrée de l’exposition des deux chevaliers de la maison rouge! Il mériterait pourtant d’être oscarisé. Antoine de Galbert, la puissance invitante, Bruno Decharme, le collectionneur on the air et le staff de la programmation culturelle ont soutenu là une gageure : faire une présentation de la collection abcd (et des notions complexes qui tournent autour) qui ne soit ni bête ni prétentieuse. La clarté est chose trop rare pour qu’on ne la salue pas au passage.

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Le petit journal de cette expo d’art brut, qui est un must en la matière, s’adresse aussi bien à ceux qui ne connaissent rien au sujet qu’aux afficions chevronnés. Les premiers n’y sont pas pris pour des billes.

billes-et-calots.jpgLes seconds y trouveront un billet pour un voyage au pays de leurs connaissances.

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Personnellement, j’ai apprécié que ce «livret de visite» constitué d’un plan et d’un glossaire aborde la question de l’éthique. Souligner que «l’exposition et la circulation des œuvres» doivent se faire «dans le respect de leurs auteurs» et dans l’assurance «qu’ils profitent, d’une manière ou d’une autre, des bénéfices générés par le commerce de leurs œuvres» est indispensable par principe et juste dans les termes.

Ceci posé ça peut pas faire de mal de chercher la petite bête dans le langage documenté et précis employé par les rédacteurs des notices du glossaire.

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Comme tonton Niezstche le dit dans Humain trop humain : «les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereux que les mensonges».

C’est donc du côté des certitudes qu’il faut chercher dans le petit journal de l’exposition art brut de la maison rouge les endroits où ça coince. La notice art contemporain / art brut démarre ainsi par une pétition de principe : «Les temps sont au décloisonnement (…)». Une fois que vous avez reçu cet uppercut dans le plexus scolaire, votre petite cervelle de piaf vacille dans ses Converse.

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Vous voilà mûrs pour l’enchaînement suivant : l’art brut s’était constitué «à travers une opposition à un art dit culturel (sic)» mais «actuellement» (sous entendu : c’est fini) «de nombreuses expositions tendent à le confronter à des réalisations intégrées au monde de l’art contemporain» (tout court)».

Et patapoum, admirez le travail! Si vous n’y prenez garde, cette voltige démonstrative vous envoie au tapis, prêts à admettre que l’art brut c’est kif kif le soi-disant art soi-disant contemporain (en fait vieux comme mes robes duchampomyennes).

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La méthode pour parer c’est d’abord de prendre conscience que l’argument des «temps» (autant dire la dictature de la mode ou du marché) ne vaut pas un clou. L’Histoire est pleine de ces moments où une époque se crut à tort au bord de quelque chose qui s’ouvrait devant elle (que ce soit le communisme, le royaume de Dieu ou l’abstraction lyrique).

La méthode c’est ensuite de  reconnaître que ce qu’on nous présente comme du décloisonnement n’est en fait que du confinement au sein d’une catégorie unique (l’art contemporain) où le ferment corrosif de l’art brut serait enfin édulcoré par ses célébrateurs mêmes.

18.11.2014

Difficulté des locutions

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Dans la désopilante série animulionne de Nos amies les bêtes, la palme de l’art brut revient aujourd’hui au Figaroscope pour ce hardi constat du «Grand reporter, Arts» Valérie Duponchelle dans son article du 12 novembre 2014 sur l’actuelle exposition de la maison rouge :

«Bruno Decharme a trouvé son alma mater (sic) en Antoine de Galbert (…)».

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L’alter égotisme n’est plus qu’un souvenir!

art brut,maison rouge,bruno decharme,antoine de galbert,Valérie Duponchelle

01.02.2013

L’art brut en revues

Decharme dans la Gazette, Danchin dans l’Œuf, Duchein dans la CF. Dech-Danch-Duch, si vous avez besoin d’un moyen mnémotechnique. Le papier se défend bien!

La Gazette Drouot cette semaine rencontre Bruno Decharme pour un entretien sur L’Art brut américain avec le très professionnel concours de Stéphanie Pioda.

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L’Œuf sauvage de Claude Roffat confirme sa nouvelle ponte. Il renoue avec la tradition des grandes couvertures de sa jeunesse dans les années 90 du 20e siècle. Spectaculaire Marcel Storr en vitrine. Le morceau de bravoure de ce n°11 : une contribution de Laurent Danchin. La première dans ce support, il faut le remarquer.

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Sous estampille de Paul Duhem, la revue Création Franche est de nouveau de sortie. On y explore avec Paul Duchein, autre collectionneur, Les Cartographies martiennes de Labelle.

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Ce n° 37 contient aussi un article de Bernard Chevassu sur La Maison arc-en-ciel de Christian Guillaud. Six ans déjà que mon blogounet vous avait signalé cet  « habitant-paysagiste » d’une localité voisine du bled du Facteur Cheval (D’Hauterives à Lens-Lestang). A l’époque le créateur ignorait ce qu’il faisait, alors qu’il affiche aujourd’hui «ART BRUT» sur une pancarte. (via La précarité du sage)

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Ce qui en dit long sur la marche malencontreuse des choses.

L’Œuf sauvage n° 11 donne aussi la parole à Jano Pesset. Celui-ci présente l’œuvre de Jean de Ritou qu’il fit entrer jadis à la Fabuloserie.

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Derrière ce surnom qu’on ignorait, il s’agit de Jean Bordes, créateur apparu en janvier 1991 dans le n°2 de cette bonne vieille Création Franche.


Lire l’interview du fondateur d’abcd dans la Gazette du 1er février 2013 est obligatoire pour tout Animulien qui se respecte.

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Elle met un coup de projo sur Voodoo Child, l’actuelle expo abécédienne à Montreuil-sous-bois, «la deuxième ville du Mali» comme l’appellent les medias ces temps-ci.

Au programme : John Bunnion Murray dont Jésus tenait le stylo

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et Marie Tillman Smith, «une dame très tonique, plus revendicative» qui peignait «de grands messages à Dieu» sur des tôles ondulées.

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L’un en Géorgie, l’autre au Mississipi ont connu la période ségrégationniste : «C’était un post-esclavagisme». Pour Bruno Decharme, ils «rejoignent ce que nous qualifions ici d’art brut». Noter à ce sujet les méritoires efforts de BD pour renouveler la définition de l’art brut : «Il est du domaine de ce qui nous échappe et s’exprime sous une forme automatique».

Toute aussi claire mais plus sujette à discussion, la réponse de BD à la question : «Y a-t-il une raison à un tel engouement pour l’art d’outre Atlantique?». Très franchement, il reconnaît que «c’est presque une question de marché». En bref : le marché s’est développé aux Etats-Unis vers 1985, «mais très peu en Europe».

Mais est-il écrit quelque part que l’art brut ne doive dépendre que du marché dominant? Faut-il ne s’en remettre qu’aux galeries qui récupèrent «des fonds» constitués de milliers d’œuvres, à condition qu’elles soient exploitables? Faut-il cesser de s’intéresser à ces créations encombrantes, trop fragiles, anonymes, orphelines, solitaires, ingérables, qui constituent, en dépit des apparences, le véritable peuple caché de l’art brut? Questions que je me pose et qu’abcd, me semble-t-il, se posait davantage à ses débuts vers l’an 2000.

Bon là-dessus, je vais me préparer un double chocolat viennois parce que se turlupiner ça creuse

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15.09.2012

De la couette à l’assiette

vide grenier st sulpice 2012.jpgCe matin, brocante place Saint-Sulpice. Réussi à tirer le chéri que j’ai de sous sa couette aux aurores.

Cette drôle de vieille assiette craquelée qui me cligne tout de suite de l’œil avec son petit air lamentable.

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Je craque pour ce conglomérat de formes vagues et cernées censées représenter des parties du corps qui n’ont pas l’air de bien tenir ensemble.

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N’étaient les orteils qui s’échappent du bord, le bas du corps semble se terminer en sirène… Un travail enfantin ? Ou une maladresse obstinée à envisager l’organique sur un mode annelé, protubérant, emboîté ?

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J’en ai pour mes 2 € et me voilà confrontée à cette figure mal centrée. Ceci dit pour le fun : elle n’a pas l’air dans son assiette.


PS du 16 septembre 2012 :

Voici l'image d'Aloïse dont parle Béatrice Steiner dans son commentaire ci-dessous.

Elle provient d'un carnet appartenant à la collection d'art brut de Bruno Decharme.

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28.05.2012

Crème de CrAB

Que se mettre sous la dent en ce mois de juin 2012 qui s’avance?

crème de crabe.jpgLa crème du CrAB évidemment. Je vous l’avais dit depuis le début que ce collectif de jeunes chercheurs constitué pour gratter autour de l’art brut avait du pied (ou de la patte) dans la chaussure.

Ceux de mes lecteurs qui auraient manqué une étape n’ont qu’à, pour s’en convaincre, jeter un œil sur ma note baptismale du 18 décembre 2010 : le CrAb en pince pour l’art brut. De l’eau a coulé depuis dans l’océan d’informations qui nous parvient tous les jours au sujet de cet art brut où j’ai du mal à reconnaître mes petits.

Mais la crème du CrAB a porté ses fruits. Au fur et à mesure que ses membres mûrissaient, ce collectif de sympathiques crustacés s’est imposé comme le principal pôle de production de matière grise française, suisse et savoyarde sur l’art brut. Déjà on les envie, déjà on les imite, déjà on les courtise.

Mais les têtes chercheuses du CrAB, si elles se sont dépouillées de leurs enveloppes juvéniles, n’en continuent pas moins leur petit bonhomme de chemin savant en déblayant, sans en avoir l’air, une quantité de plages impressionnante.

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Aussi ont-elles bien fait d’accepter l’invitation de la galerie abcd à venir jouer dans son bac à sable de Montreuil-les-Pins, rue CrABoltaire, métro CrABespierre (Monteuil-sous-bois, 12 rue Voltaire, métro Robespierre, vous aurez rectifié vous-mêmes ).

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Faut-il que la crème de CrAB ait des vertus revigorantes pour qu’une collection de l’importance de celle de Bruno Decharme lui ouvre ainsi la possibilité de jouer avec ses jouets! Car -et c’est à ma connaissance là que réside l’inédit- ce sont les membres du CrAB eux-mêmes qui se chargeront de la conception et de l’accrochage de l’exposition qui se déroulera chez abcd du 2 juin au premier juillet 2012. Pourvu qu’ils ne deviennent pas CrABêcheurs après ça!

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Le vernissage aura lieu le samedi 2 juin à 17h 30 mais comme le CrAB a le don d’ubiquité vous aurez pu avant aller écouter Fanny Rojat qui planchera sur les missives d’Henri Bessaud Narboux (un «écrituriste» brut révélé par Michel Thévoz) à l’Institut de Théologie Protestante (77 bd Arago) dans le cadre du séminaire de Lise Maurer.

Il est tentant aussi d’aller se goinfrer au brunch abécédien en accès libre qui suivra le 16 juin la huitième session du séminaire CrAbique à l’INHA.

Les accros à la crème de CrAB pourront aussi venir à Montreuil chaque week-end du mois de juin où des membres du collectif les chouchouteront et les pinceront gentiment s’ils s’assoupissent pendant que Pauline Goutain leur interprétera sa chanson du grand Wölfli

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que Vincent Capt leur fera la lecture ou que Baptiste Brun les initiera à la broderie bigoudenne qui vient de Mandchourie.

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La crème du CrAB, comme la manne, sera par ailleurs distribuée à droite et à gauche en ce printemps. A Fontainebleau, à Annecy, à Bruxelles, à Cergy-Pontoise. Pour plus de détails, voir la newsletter du CrAB de mai 2012. Vous verrez que, outre les crabes déjà cités, Emilie Champenois, Céline Delavaux, Déborah Couette, Roberta Trapani n’auront pas volé leurs vacances d’été. Ils auront bien mérité de Gaston Dufour et des autres.

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22.01.2012

L’OAF de NYC fête ses 20 ans

Des fois la vie vaut d’être vécue. Par exemple quand je reçois dans ma boîte aux lettres le catalogue de la prochaine vente de Martine Houze qui aura lieu à l’Hôtel Drouot le mardi 7 février 2012 (salle 1).

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Je passe un bon moment à le feuilleter en rêvassant sur les milliers d’objets petits et grands qu’il contient, rassemblés en séries dont la simple énumération est un poème   bachelardien : «la poterie de terre … le feu et la lumière… couture, parure et écriture etc». Peu de choses pour moi cette fois-ci. Cette page peut-être avec une statuette d’homme nu en fer oxydé du XVIe ou XVIIe siècle.

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lionceaux sepia.jpgMais ça fait rien, l’art populaire ça me repose. J’ai l’impression –peut-être à tort– que c’est un domaine bien peinard sur lequel les vieux renards de l’art contemporain, autruche.jpgles jeunes loups de l’art-thérapie ou les lionceaux de l’art singulier (sans parler des autruches du grand n’importe quoi) ne se donnent pas rendez-vous pour se faire les dents.

Mais ne crachons pas dans la soupe à Dubuffet. Tout tiraillé qu’il soit dans tous les sens et sommé de rendre gorge à tous les coins de colloques, l’art brut conserve son charme. Celui de s’inviter chaque année à l’Outsider Art Fair de New York qui aura lieu cette fois-ci du 27 au 29 janvier.

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Trente deux galeries au menu de cette version 2012. Impossible de les énumérer toutes. Allez donc sur le site officiel de l’OAF et cliquez, cliquez, cliquez de vos petits doigts animuliens sur celles qui vous branchent.

J’ai noté pour ma part, en vitesse, la présence du Creative Growth Art Center, celle de l’Outsider Folk Art Gallery de Philadelphie (parce que ma copine Boistine expose dedans) et celle –côté France– d’une galerie du boulevard Haussmann à Paris (Les Singuliers) qui va de l’avant sous le drapeau d’une «ruée vers l’art débridée» des années 80 dont «les principaux mentors» sont Bazooka et les artistes de la Figuration libre sétoise. Ce qui nous emmène un peu loin!

Je me suis laissé dire d’ailleurs que, en ce 20eanniversaire de l’OAF, les débats ne manquaient pas outre-atlantique sur la spécificité du champ d’application de la Foire et sur sa «marchandisation» un peu trop voyante. On en aura sans doute un reflet dans la quantité de parlotes qui accompagneront cette OAF 2012 et dont vous trouverez la liste ci-dessous.

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Nos petites voix européennes y seront bien représentées. Le 28 janvier notamment, Sarah Lombardi, la nouvelle directrice ad interim de la CAB panellisera avec Barbara Safarova d’abcd tandis que Bruno Decharme et James Brett, leader du Museum of Everything converseront sur l’obsession collectionneuse.

martine houze,art populaire,art brut,outsider art fair,sarah lombardi,collection de l'art brut,barbara safarova,bruno decharme,abcd,james brett,museum of everything,valérie rousseauPour terminer sur une note encourageante cette chronique commencée de même, je signalerai le retour, dans le rôle de modératrice des principaux échanges, de Valérie Rousseau dont les activités «indisciplinées» subissaient une éclipse depuis quelque temps. Valérie avec un accent sur le é comme il sied à une Québécoise, même quand elle est newyorkisée.