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23.09.2009
Arts de l’enfance, enfances de l’art
Arts de l'enfance, enfances de l'art : le nouveau Gradhiva est arrivé. J'ai traversé «la jungle» pour aller le chercher. Non celle de Calais où l'on bouscule le pauvre Tiers Monde mais celle du Musée du Quai Branly «là où dialoguent les cultures». La jungle du Quai Branly est un jardin touffu où l'on entend feuler, barrir et cui-cuiter.
Elle mène directo à la librairie du musée où pour la somme de 22 € TTC, je me suis offert le n°9 de chez Gradhiva (avec une H), revue créée par Jean Jamin et Michel Leiris. C'est dire si c'est du sérieux! Un peu trop pour moi peut-être. Mais c'est une belle bête, cette revue. Textes trapus mais typo lisible. Des biblios, et des images super. Et puis ça faisait un moment que je l'attendais ce 9.
Exactement depuis que j'avais été parachutée dans le séminaire de Daniel Fabre (voir ma note du 20 novembre 2006, Les enfants du Traouc del Calel). D.F. c'est lui qui est aux manettes de ce Gradhi là. Dans sa présentation, il se creuse les méninges à propos de l'art moderne qui n'a cessé de faire bouger ses limites en incluant «l'autre de l'art» dans son espace. Il se demande comment on est en venu à étudier les productions des enfants. Le reste du menu comprend une entrée (Les enfants de l'art), un plat de résistance (Œuvre de l'art et objet de science : le dessin d'enfant), un dessert (Ethnologues sur le terrain de l'enfance). Aux fourneaux, divers chefs de cuisine : Emmanuel Pernoud, Pierre Georget, Michèle Coquet, Franck Beuvier, Earl Barnes, René Baldy, Eric Jolly.
J'ai déjà parlé en nov. 2006 des dessins des petits mineurs du Moyen-âge. Mais il est passionnant aussi de constater que les libres dessins de nos chers moutards avaient fait l'objet de centaines d'expos à travers le monde entre 1890 et 1915.
Suivre le travail de Corrado Ricci en Californie sur des milliers de dessins d'enfants n'est pas mal non plus. Le bouquin (car c'en est un) reproduit une tapée de crobarts, graffiti et peintures de nos chères têtes blondes.
Il les mélange avec des repros de tableaux divers où les artistes ont fait figurer des dessins d'enfants. Cette recherche icono commande le respect et il y a vraiment des trucs à découvrir.
Gravure de Trichon d'après Evariste Carpentier (vers 1890) - détail - Musée national de l'Education, Rouen
Rubrique ethno, on reste scotchée devant les dessins «indigènes» glanés par Thérèse Rivière chez les Ath Abderrahman Kebèche de l'Aurès lors d'une mission en 1935-1936.
Comme il y a des résumés en bilingue français/anglais, je vous le fais dans la langue de Lady Di : «Drawn in ink by boys and adult men, they reproduce scenes from daily and ceremonial life or derived from the religious graphic repertoire intented to illustrate the Koran and for therapeutic formulae».
Toutes les illustrations sont extraites de l'ouvrage
23:55 Publié dans Images, Lectures, Poésie naturelle, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art des enfants, revue gradhiva, anthropologie des arts, daniel fabre, musée du quai branly | | Imprimer | | |
19.09.2009
Ricordo di Sciacca
Si vous voulez des nouvelles du Castello incantato de Filippo Bentivegna à Sciacca, chaussez vos escarpins italiens et allez faire un tour sur Amateur d'Art, le blogue de Lunettes Rouges.
Il vient de consacrer une rafale de notes à la Sicile de ses vacances et celle du 10 septembre 2009 qui s'intitule Le château enchanté de l'amoureux éconduit nous ramène sur cette extraordinaire colline de têtes sculptées.
Les choses ont un peu changé depuis mon passage en mai 2008. Il y avait de la rénovation dans l'air et maintenant c'est fait : «le tout est un peu propre» nous dit L.R. Il fallait s'y attendre. Cela m'a donné un coup de nostalgie derrière les nattes. J'ai eu envie soudain de voir l'horreur en terre cuite que j'avais achetée là-bas sur le terrain de Bentivegna.
Un petit souvenir kitsch que vendaient quelques euros les gens qui gardaient le lieu et qui n'avaient pas l'air de rouler sur l'or. Je ne l'avais pas déballé depuis de son morceau de journal. Une feuille d'annonces de La Sicilia pour être précise. Aujourd'hui c'est chose faite. La petite horreur est censée représenter un bloc de têtes de Filippo Bentivegna. Je sens que vais l'aimer beaucoup parce qu'elle symbolise une bonne journée d'art brut en compagnie de chouettes copines qui ne me traitent pas à tous bouts de champs.
15:13 Publié dans Blogosphère, Glanures, Jeux et ris, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : philippo bentivegna, sciacca, kitsch, castello incantato, art brut, souvenir | | Imprimer | | |
16.09.2009
Glozel : Emile Fradin a fêté ses 103 ans
Emile Fradin a 103 ans. Si je vous parle de lui c'est pas seulement que j'adore les centenaires. C'est que j'ai toujours cru que cet indomptable paysan de la montagne bourbonnaise aurait pu être considéré comme un créateur d'art brut. Si l'archéologie, la justice et l'opinion publique de sa jeunesse avaient montré plus de bienveillance et d'humour à son égard.
Il n'aurait pas fallu beaucoup en effet pour que les surprenantes et controversées découvertes qu'il fit en labourant son champ à Glozel (petit patelin de l'Allier) soient envisagées sous l'angle artistique d'une bouffée inventive d'autodidacte plutôt que comme des artefacts préhistoriques à étiqueter, classer, dater, décortiquer, analyser, carbone-quatorziser.
On lira dans Le Dictionnaire des trucs de Jean-Louis Chardans (Pauvert, 1960) le pourquoi du comment de cette aventure merveilleuse et emberlificotée qui eut un retentissement national dans les années vingt.
Les médias, les savants (Salomon Reinach, Seymour de Ricci, l'Abbé Breuil), les avocats dont le fameux Maurice Garçon se sont crêpé le chignon pour ou contre Glozel jusque dans les années 30. Même la publicité Hotchkiss s'en est mêlé.
Au milieu de ce pastis, Emile Fradin qu'on accuse d'être un faussaire alors qu'il est surtout un poète et un rêveur de la meilleure veine, navigue avec intelligence, ruse, courage et opiniâtreté. A lui seul il fait figure d'allégorie des croyances populaires dressée contre les pieds d'argile de la science officielle.
Il appartient à ce peuple des campagnes qui sort depuis toujours des haches taillées de la terre pour les transformer en pierres à venin sans se soucier des ricanements des grandes têtes molles plus ou moins foutraques de la ville.
Moins sérieux, moins catégoriques dans le oui ou le non, les experts du néolithique de l'époque n'auraient sans doute pas conduit Emile Fradin à s'entêter dans sa version : le come-back d'une civilisation et d'une écriture inconnues.
Seulement voilà, ils avaient le verbe haut et Fradin toute sa vie dut allumer des contre-feux qui aujourd'hui encore couvent sous la cendre.
En attendant, je suis pas loin d'être d'accord avec l'Encyclopédie des farces et attrapes et des mystifications de François Caradec & Noël Arnaud (Pauvert 1964) : les 3000 objets de Glozel «forment encore aujourd'hui un des musées les plus étranges existant au monde».
Bonne continuation, monsieur Fradin !
23:42 Publié dans Archéologie brute, Images, Jadis et naguère | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : emile fradin, glozel, centenaire | | Imprimer | | |
13.09.2009
CHOMO. Dix ans après.
Débarquement spirituel de CHOMO sur la planète Saint-Pierre le mardi 15 septembre 2009.
!!! ATANSION !!!
Ça va saigner à la Halle. CHOMO revient avec des images de lumière dans les poches de son chandail. CHOMO en avait marre de manger des étoiles. CHOMO détonne. CHOMO crépite.
LÉ VIOLANSE du vernissage commenceront à 18 h 30 rue Ronsard dans le 18e arrondissement de Paris.
Montez de la station Anvers si vous venez par le métro ou descendez par le funiculaire si vous abordez les choses du côté de la Butte Montmartre. Venez à cheval si vous êtes un mousquetaire (ou une moustiquaire). Laissez les bourrins dehors. Les chapeaux à plumes au vestiaire. Plus besoin de taper sur le gong avec la garde de l'épée, montrez votre invit à l'entrée.
Quelque chose me dit que vous allez vous sentir comme des chatons dans les mains du Cardinal.
!!! ATANSION !!!
L'expo CHOMO n'est pas un festival pleurnichard pour vieux nostalgiques du village d'art préludien.
L'église des pauvres - Photo Clovis Prévost
Martine Lusardy nous sert ici sa botte secrète. Son accrochage a du panache et elle s'escrime avec clarté. Elle témoigne de l'actualité, toujours explosive dans sa diversité même, de cette œuvre qu'on ne peut classer ni dans l'art brut, ni dans l'art contemporain.
!!! ATANSION !!!
Pour ceux qui douterait de cet « ailleurs » si particulier, je conseille la lecture de ces quelques lignes de Michel Thévoz à propos de CHOMO: « Bien loin d'être indemne de culture, il en était un adversaire rusé, lucide, vigilant, offensif sur tous les fronts artistique, philosophique, politique, écologique. (...) Chomo (...) était foncièrement allergique à l'orthogonalité, et dans tous les registres, géométrique, mental, politique, esthétique etc. Déviant irréductible mais en toute connaissance de cause. Conscient avant les autres, hyperconscient même, de la régression obscurantiste et du formatage mondialisé que, par une double et crapuleuse dénégation, on appelle néo-libéralisme ».
23:28 Publié dans Expos, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : chomo, art préludien, halle st pierre, michel thévoz, débarquement spirituel | | Imprimer | | |
10.09.2009
René Escaffre au pays de Cocagne
Et maintenant un jardin imaginaire qui se porte bien. C'est trop d'la balle, non?
Le jardin de monsieur René Escaffre à Roumens en Haute-Garonne (France).
Son agora plutôt car cet ancien maçon a peuplé l'espace devant chez lui d'animaux, de ruraux et d'artisans d'un autrefois bourdonnant d'activités. Pas si vieux que ça mais déjà forcément un peu mythique.
Une châtelaine de mes amies, en visitant ses terres du Lauragais, a glané quelques images de ce pur jus de poésie roumensoise avec son petit Kodak des familles.
Je me grouille pour vous dire (avant que quelqu'un d'autre ne le fasse) qu'elles ont été prises en août 2009. Il faisait très soleil et la maison du créateur était engourdie par la chaleur. Mon amie a respecté son repos. Elle a bien fait.
Ces statues existent depuis belle lurette et elles sont encore comme neuves, bien entretenues. Le village s'en fait parure. J'en suis fort aise. La nostalgie c'est pas mon truc et j'aime pas me complaire dans l'inventaire des destructions.
Alors ça me fait plaisir de constater que les habitants-paysagistes sont toujours debout !
00:05 Publié dans Jadis et naguère, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : art brut, rené escaffre, habitants-paysagistes, environnements spontanés, roumens, lauragais, pays de cocagne | | Imprimer | | |
08.09.2009
L’art brut sur les chemins
Après le Hors-Les-Normes, le Hors-Les-Murs. Et une nouvelle expo du MAM ou du LaM (on ne sait toujours pas bien) Lille-Métropole. C'est la dernière expo H.-L.-M. avant la réouverture du musée de Villeneuve d'Ascq prévue maintenant pour septembre 2010. Elle s'intitule Chemins de l'art brut 8 et se tiendra du 24 septembre au 15 décembre à l'Institut National d'Histoire de l'Art, 6 rue des Petits-Champs dans le deuxième arrondissement de Paris.
Elle «retrace l'histoire de la Collection depuis ses prémices dans les années 1970 jusqu'à sa donation en 1999».
Je pique cette phrase qui date du 1er septembre 2009 au site internet de La Voix du Nord qui veut absolument recueillir l'avis de ses lecteurs par le truchement d'une fenêtre surgissante (pop-up pour les anglos) qui joue avec leurs nerfs.
Alors puisque je vous tiens, Madame Lavoix Dunord, permettez-moi de vous dire qu'au lieu de vous laisser refiler des salades, vous feriez mieux de vérifier vos informations au petit poil. Bon, allez, je vous pardonne mais je vous signale que votre Petite Ame Errante a déjà eu l'occasion de signaler ce que peuvent avoir de carrément à côté de la plaque des remarques du genre de celles que vous émettez.
«Depuis 1999, le Musée d'Art Moderne à Villeneuve d'Ascq possède la plus importante collection française d'art brut (...)» écrivez-vous. Dans vos rêves, ma petite Lavoix, dans vos rêves! Ce sera peut-être vrai un jour mais pour le moment cette affirmation est fausse comme une vache. Je sais bien que vous êtes une grande publication pleine de jolies nouvelles et que vous avez sans doute d'autres chats à fouetter mais vous devriez enquêter de temps en temps en région parisienne. Vous verriez, Mame Dunord, qu'à Montreuil-sous-Bois gîte la véritable «plus importante» comme vous dîtes. Et qu'elle est en mains privées.
C'est comme ça et pis c'est tout!
00:05 Publié dans Expos, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut | | Imprimer | | |
06.09.2009
Une rentrée hors-les normes pour Christian Berst
Christian Berst indésirable? Non mais des fois, ça va pas la tête? Oui, c'est à toi que je m'adresse, sale petit Mac. Qu'est-ce qui te prend de me classer les messages de sa Galerie dans la rubrique maudite «courrier indésirable»? Il t'a fait quoi ce Christian là que tu lui fasses la tronche, empaffé d'ordinateur? D'accord, il a largué l'appellation «Objet Trouvé» pendant les vacances mais ce n'est pas une raison! D'abord il a bien fait, Berst, de passer à la vitesse supérieure et puis O.T. c'était pas le pied. J'ai toujours trouvé que ça faisait un peu «rue des Morillons». Alors tu vas me faire le plaisir, petit Macounet et vous aussi mes fidèles Animulecteurs d'enregistrer dans vos tablettes que maintenant la Galerie Christian Berst c'est Christian Berst de chez Christian Berst. Et pis c'est tout!
21:09 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, art hors-les-normes, rentrée 2009, galerie christian berst | | Imprimer | | |
05.09.2009
ANI DANS LE RETRO
18:35 Publié dans Blogosphère, De vous zamoi | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : animula vagula, anniversaire, retrospective | | Imprimer | | |
02.09.2009
Cavalleria rusticana
C'est le cavalier brut de L'Isle-sur-la-Sorgue. Je l'avais un peu oublié mais ce soir il trotte dans ma tête. Faut dire que j'ai du mal à me refaire à l'autobus. Je pense encore aux vacances. A cette super brocante du 15 août dans la ville citée plus haut. Par un soleil digne d'un western. Le genre : «je mourrai de soif mais je ne cannerai pas !». J'étais cependant prête à filer me mettre à l'ombre quand soudain -clipi, clop, clipi, clop- il est apparu.
Mon petit Blau Reiter à moi. Enfin «blau», il serait plutôt rouge et vert avec un peu de blanc. Du moins pour ce qu'il en reste de couleurs. L'antiquaire qui avait ce bel objet en extérieur sur son stand a eu l'intelligence de ne pas lui nettoyer la patine. Ce qui accentue le côté brut de la chose.
Admirez la mousse verte sur le front du cheval, le travail des lichens sur le visage du jockey.
Il faisait trop chaud pour demander des explications et puis malheureusement j'ai pas la place pour une telle petite merveille dans mon 3 pièces-kitchenette.
Mais tout dans le style et la facture signe un travail artistique autodidacte et rustique. Mais où peut-il bien courir comme ça?
22:44 Publié dans Glanures, Musées autodidactes disparus, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, art populaire, création autodidacte, l'isle-sur-la-sorgue, brocante | | Imprimer | | |