13.12.2005
Le triomphe d'un choqué
Alors, pour son seul plaisir et celui de quelques uns et unes j’espère, je me suis décarcassée pour dénicher la citation de Jeanne Tripier extraite du premier livre de Gérard Macé
et un poème d’Edmund Mach, le type de Gugging édité par Harpo &.Les voici l’un après l’autre :
« Dis-moi donc quelle est la production de Zèbre antique. – Il est fait du pur destin anatomique. C’est un joli cheval zébré, et qui ressent parfois sa femelle, sans qu’ils soient rapprochés l’un de l’autre. Mais en réalité cet animal est constitué de manière à ressentir ce qui se passe au loin, dans les régions polaires. Il s’habitue mal aux scènes scandaleuses des Terriens » Jeanne Tripier la Planétaire.
dans les usines et travaillent
parfois ils vivent désespérement
des brioches qu’ils mangent eux-mêmes.
Ils sont parfois un peu justes
car les inutiles
prédominent
Par diverses déterminations
ils attendent le devoir,
devoir sur devoir.
00:15 Publié dans Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : jeanne tripier, edmund mach, art brut |
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29.11.2005
Re-Voynich
Chers commenteurs et commenteuses,
le Code Voynich vous incite à l’exigence à l’égard de votre petite âme errante, on dirait ! Tant mieux. Je conseille à Anya de se rendre sur le site de la Beinecke Rare Book Library (digital images on line). Au réactif J.S., ce petit mot pour lui dire que je suis d’accord avec lui sur La Règle de 4. Bravo à lui de porter un jugement littéraire à ce propos. Dire qu’on aime pas (ou qu’on aime) un livre, ça veut pas dire qu’on méprise ses lecteurs. Au contraire, c’est une invitation à remuer ensemble nos petites cellules grises dans nos petits cerveaux (lents, en ce qui me concerne). Je me méfie des lectures dirigées, des audio-guides, des mêmes produits que tout le monde consomme au même moment parce que le marché en a décidé ainsi. Pour y parvenir, celui-ci voudrait nous convaincre que le moindre avis de notre part est aussi choquant que de roter à table. Ravage de la "political correctness" ! «Sans liberté de penser, il n’est pas d’éloge flatteur» dit très bien la manchette du Figaro. Cette liberté là est trop importante pour être laissée aux spécialistes. Voilà pourquoi, cher ou chère Lyso, Animula est ravie d’avoir coiffé au poteau le Père Ruquier, ravie surtout de votre conclusion qu’elle fait sienne : «à méditer…».
09:05 Publié dans De vous zamoi, Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) |
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19.11.2005
Burnat-Provins, La revenante
La Suisse est pleine de villages assoupis où flotte une odeur de foin sec et où de vieux hommes sages boivent sans se presser un verre de vin blanc frais à l’auberge.
A Gingins, l’un de ces villages, je me souviens d’avoir vu, il y a 2 ans, une belle expo sur Marguerite Burnat-Provins : De l’Art nouveau à l’art hallucinatoire. Burnat-Provins, c’est cette artiste dont Dubuffet a failli mettre les dessins dans sa collec d’art brut avant de s’apercevoir que leur auteur était une pro de l’art, appartenant au cercle des peintres valaisans. Deux coups de tonnerre dans sa vie.
L’un à 34 ans, en 1906, quand elle tombe raide amoureuse d’un jeune homme, sans souci de sa réputation, ni de son mari, un notable de Vevey. L’autre le 2 août 1914, dans l’Ariège, où au premier coup de tocsin de la mobilisation débutent ses hallucinations.
De ses visions fantastiques, qu’elle transpose rapidement à l’aquarelle, naîtra un cycle de portraits plutôt zarbis qui fichent la trouille mais qui sont plutôt beaux.
Marguerite Burnat-Provins nous revient aujourd’hui grâce aux Editions Zoé à Carrouge-Genève. Ces Zoé-là ont la bonne idée de publier un joli bouquin réunissant une nouvelle et un récit de voyage de M.B.-P. qui était aussi écrivain.
C’est mince, élégant, pas cher, bien imprimé sous couverture avec autoportrait de la Marguerite. Dans le format des Editions Mille et une nuits mais sur meilleur papier. Le volume s’intitule : Une nuit chez les Aïssaouas, mais je vous recommande surtout la nouvelle La Revenante. Catherine Dubuis, dans sa postface, souligne le charme de l’écriture décadente. On y sent affleurer, derrière les éléments autobiographiques, une étrangeté qui prouve combien les deux facettes de la personnalité artistique de M. B.-P. communiquent. Démenti à ceux qui pensent qu’il est facile de trier dans son œuvre ce qui appartient à la culture de l’Art nouveau et ce qui tend irrésistiblement vers l’art brut.
14:10 Publié dans Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marguerite burnat-provins, art brut |
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13.11.2005
Les "auras" de Boris Bojnev
Rien comme le hasard pour collaborer avec votre Animula. J’étais sortie pour acheter Votez Field !, la traduction par Sylvain Goudemare, parue aux Editions Cartouche, du programme électoral pour la présidentielle U.S., publié en 1940 par l’acteur comique W.C. Fields, quand je suis tombé sur B.B. (Boris Bojnev). Bien qu’il écrive des trucs du genre : «Mon cousin Haverstraw a épousé une femme tatouée pour le seul amour de l’art», le grand W.C. n’a rien à voir avec l’art brut.
Boris Bojnev un peu plus. Son œuvre a été défendue par de bons connaisseurs du genre : Frédéric Altmann, dans les années 70, à Flayosc, Lucien Henry à Forcalquier, dans les années 80, la Galerie Chave à Vence depuis toujours. C’est justement dans un catalogue d’une expo récente (avril-juin 2005) de cette galerie que je l’ai retrouvée. Où ? Mais aux Autodidactes, la bien-nommée librairie parisienne du 53 rue du Cardinal Lemoine dans le 5e.
Il y a un petit rayon sur l’art brut et c’est là que j’ai déniché pour vous ce catalogue avec les reproductions de 52 tableaux photographiés par Michel Graniou. Intitulé Les Auras de Boris Bojnev, c’est à ma connaissance la plus riche publication sur ce créateur (mes images n'en donnent qu'une petite idée, mon scan m'ayant lâchée). Exilé russe qui vivait dans le Midi de la France, peintre, poète et inlassable chineur de petites peintures naïves, Boris Bojnev (1898-1969) a construit une œuvre très originale à partir de cette collection.
Ne se contentant pas de nettoyer et de restaurer ses trouvailles, B.B. intervenait sur elles, les rectifiait, les détournait, y ajoutant souvent (le p’tit coquin) des femmes nues esquissées à pleine pâte. Mais l’essentiel n’est pas là. L’essentiel réside dans ses «auras», ces encadrements très personnels qu’il concevait pour chaque tableau afin d’en prolonger l’atmosphère.
Dédaignant, comme il le dit dans son autobiographie, «l’ancien quadrilatère doré et plus ou moins baroque d’un cadre classique», Bojnev, qui était pauvre, a élaboré pour chacun de ses naïfs ready-made améliorés un encadrement dont le luxe et la justesse décorative sont empruntés aux matériaux les plus dérisoires : morceaux de dentelle, écorces, bois brûlés, plumes, ferrailles, vieux tissus, papiers lacérés que l’on dirait empruntés au Nouveau-Réalisme. Bref, tout ce qu’on aime.
20:20 Publié dans Expos, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : boris bojnev, art brut, lucien henry |
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02.11.2005
Le code Voynich
Je sais pas si vous êtes comme elle mais votre petite âme errante en a ras les frisettes du Dada Vinci Code. Impossible de sauter dans un bus sans croiser une pouffe ou un lascar plongé d’un air intelligent dans ce pavé. Quand on pense que ce best-seller s’inspire des histoires du trésor templier de Gisors et du trésor de l’Abbé Bérenger Saunière (en fait un pittoresque traficoteur de messes) on se prend à regretter que Gérard de Sède, qui s’occupa de ces cas, ne soit plus là pour toucher les bénéfs de cette planétaire opération marketing. Pour ma part, je préfère le Code Voynich qui vient d’être publié chez Jean-Claude Gawsewitch avec une préface de Pierre Barthélémy. Les p’tits curieux et les grosses malignes dont je suis avaient déjà repéré son article paru dans Le Monde du 20 décembre 2000 à propos de cet indéchiffrable manuscrit enluminé du XVIe siècle, rédigé dans un alphabet et une langue inconnus. Sans titre ni auteur, le Manuscrit Voynich doit son nom à l’antiquaire qui l’a découvert en Italie en 1912 chez des jésuites. 
Il est conservé à la Beinecke Rare Book and Manuscript Library de l’Université de Yale aux USA. Talentueux canular d’époque, recueil de cosmologie crypté, traité de gynécologie ou œuvre d’un fou, le fameux manuscrit représente des plantes imaginaires, des astres entourés de nymphes étoilées,
des grappes de femmes nues barbotant dans des piscines vertes reliées par des tuyaux. Là où ça nous intéresse, chers amis animuliens, c’est qu’il n’est pas exclu que cet extraordinaire document, sur lequel les spécialistes du chiffrement se sont cassés les dents, soit en fait -on peut rêver- un véritable témoignage d’art brut du passé. A supposer, bien entendu, qu’aucune supercherie moderne ne s’y mêle, auquel cas ce ne serait plus qu’un témoignage d’art brut d’aujourd’hui. Ce qui ne serait déjà pas si mal.
00:05 Publié dans Ecrits, Lectures | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : art brut |
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27.10.2005
Petit Pierre et son manège
Il raconte la vie de Pierre Avezard, l’auteur du manège qui a été remonté à la fin des années 80 à la Fabuloserie, avec le concours du peintre Pierre Della Giustina. Les mots sont de Michel Piquemal, les images de Merlin (l’enchanteur, sans doute ?), les photos de Jean-François Hamon. La poésie, les couleurs, le rythme et la respiration de la mise en page transmettent le message d’espoir de cette «biographie» d’un petit gars «né mal fichu, tout bancal, tout tordu, le visage de travers, sans même un trou pour les oreilles». Un être disgracié qui est parvenu à désamorcer la curiosité malsaine et la méchanceté craintive de ses semblables en construisant, lui le petit vacher, un chef d’œuvre de métal découpé, de rouages grinçants et de petits moteurs qui n’a rien à envier aux machines de Jean Tinguely.
Sans jamais faire dans le misérabilisme, ce livre plein de vie évoque en douceur des sujets graves, tels que l’injustice de la nature, la discrimination et même les solutions finales préconisées par «certains» à l’égard des handicapés pendant la guerre. Tout ça -c’est là le miracle- sans faire la leçon. A aucun moment, on a l’impression d’être à l’école. Surtout, le (jeune) lecteur n’est pas convié à l’imitation. Jamais les auteurs ne le prennent par la main pour lui dire : «toi aussi, tu devrais faire comme Pierre Avezard». Ce que c’est reposant !
01:05 Publié dans Lectures, Sites et jardins, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre avezard, art brut |
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22.10.2005
La lettre-mélancolie
Elisabeth Roudinesco a raconté tout ça dans un bouquin en 1989 : Théroigne de Méricourt. Une femme mélancolique sous la Révolution (Seuil, Fiction et Cie). Dernièrement, un autre livre, paru à Lagrasse (11220) chez Verdier/L’Ether vague, remet sous le projecteur cette aventurière d’exception qui restera internée jusqu’à la fin de sa vie en 1817. Intitulé La Lettre-mélancolie, il transcrit un extraordinaire document écrit par Théroigne de Méricourt en mars 1801. Cette lettre, adressée à Danton, pourtant mort 7 ans auparavant, est un chef d’œuvre d’écrit brut. Non seulement parce qu’elle trahit l’expression grandiose d’un délire mais parce qu’elle frappe par la singularité radicale de la forme. Un fac simile nous présente ce torrent d’éloquence révolutionnaire où deux, voire trois messages sont constamment superposés ne laissant plus deviner que des bribes fulgurantes. Il faut saluer le travail de romain que leur décodage total constitue. Il est l’œuvre de Jean-Pierre Ghersenzon. Un texte de Jackie Pigeaud, qui signe l’ouvrage, l’accompagne.
18:25 Publié dans Ecrits, Jadis et naguère, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : théroigne de méricourt, art brut |
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03.10.2005
Chaissac d'attaque

23:10 Publié dans Expos, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gaston chaissac, art brut |
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02.10.2005
Les histoires de Teulé
Vous aimerez celle d’Edwige qui se confectionne des habits de fée pour aller faire ses cours à l’université de Paris VIII à Saint-Denis. Vous vous attendrirez sur celle de Dolly qui propose ses charmes et montre ses tableaux à la fenêtre d’une maison du quartier Schaerbeek, près de la gare du nord à Bruxelles. Vous resterez scotchés devant la soucoupe volante que Jean-Claude Ladrat, menuisier et paysan à Germignac en Charente maritime, a construit dans son jardin afin d’offrir à sa mère une retraite heureuse sur l’étoile Altaïr où la vie est trop belle.
Les éditions ego comme x ont eu la bonne idée de rééditer Gens de France et d’ailleurs de Jean Teulé qui regroupe 40 de ces histoires décalées de gens hors du commun, dont 18 nouvelles. Un beau bouquin qui mélange gaiement bandes dessinées, textes et photos aquarellées dans une mise en page avec des tas de flèches en rappel, histoire de se mettre un peu en travers de la lecture sans vous faire décrocher pour autant. 
22:55 Publié dans Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut |
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27.09.2005
La fée a ri
L’infatigable Cheval me ramène à cet autre fieffé marcheur qu’était Jacques Lacarrière. Votre petite âme errante, qui est feignante comme une couleuvre et qui n’aime rien tant que son fauteuil, a fait cependant une tentative pour ranger sa bibliothèque. Je suis tombée sur le livre de Jacques Verroust Les Inspirés du bord des routes. J’ai relu et je vous invite à relire la sensible préface de Lacarrière : L’Off art ou la fée a ri pour tous. J’en suis sorti rêveuse et plutôt attendrie en me demandant si on peut toujours écrire comme ça en nos temps hyper-informés de l’art brut pour tous. Ensuite je me suis disputée avec ma copine Reinette qui m’avait apporté la notice nécro de l’écrivain-voyageur. Elle m’énerve avec sa façon de découper les articles en oubliant d’indiquer la date et le nom du journal. Là, j’ai retrouvé; c’était Le Monde du 19 et ça disait que Lacarrière, « sur ses cartes de visite, n’indiquait qu’une seule qualité : Homo sapiens ».
23:45 Publié dans Gazettes, Glanures, Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Richard Greaves, Jacques Lacarrière, Aloïse Corbaz, art brut |
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