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25.01.2007

Home-made in Russie

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Des patenteux, je croyais qu’il n’en existait qu’au Québec. Je me souviens d’une nuit passée dans une école de rang à Saint-Joseph Lepage près Montjoli (gîte de la Vieille école).

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Le soleil ce soir-là prenait un bain de pieds dans le Saint-Laurent. La dame qui louait le gîte d’étape -elle s’appelait Jeanine si voulez savoir- était une grande bricoleuse devant l’Eternel. D’une antique baignoire elle avait fait un divan profond et de vieux agitateurs de machine à laver, des lampadaires.

Et bien des patenteux, il y en a aussi en Russie. medium_couv_home-made.2.jpgC’est ce que j’ai compris en feuilletant Home-made (Contemporary russian folk artifacts), le bouquin de Vladimir Arkhipov paru récemment chez Fuel, cet éditeur anglais dont je vous ai déjà présenté l’excellente Russian criminal tattoo encyclopaedia. Arkhipov est un artiste autodidacte né en 1961. Depuis le début des années 90, il s’est intéressé aux objets utilitaires faits-à-la-maison  pendant la pénurique période de la perestroika. C’est pour lui un phénomène fascinant de culture contemporaine. La collection qu’il a constituée comprend plus d’un millier d’objets régulièrement exposés en Europe. Son livre en reproduit 220 avec portraits-photos des auteurs et notices les concernant. J’ai noté pour ma part une demi-douzaine d’antennes radio ou télé à rendre des points à Marcel Duchamp. L’une d’elle, époustouflante, utilisant des fourchettes, figure sur la couverture. J’aime aussi la locomotive de d'Aleksandr Chebotaryor (page 231)

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le navire de guerre d’Evgenii Skrynnikor

(page 270)

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medium_home_made_revolver.2.jpgle revolver d’Aleksandr Sigutin (page 12).

En dehors des jouets pour les enfants, ça crépite d’inventions toutes plus astucieuses les unes que les autres dans le genre moyens du bord : brosses, stylos, cartes à jouer, outils pour la pêche, forme à suspendre les bottes d’un exquis minimalisme. Conçus par des «vrais gens» (comme dirait l’autre), contraints par la nécessité à mobiliser des ressources créatives insoupçonnées, ces objets n’ont pas été réalisés dans une intention artistique. Ils n’en sont que plus beaux.

 

00:05 Publié dans Ailleurs, Glanures, Images, Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vladimir arkhipov, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

07.01.2007

De la nuit des fous aux Silvesterklaüse

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Photo : Archives Bouvier-Creux 

Relisez mon A propos. Je vous l’avais dit. Je suis méchante, mauvaise langue, poison. En plus je lis dans mon bain parfumé au Rêve de miel. Comme je n’ai pas de marque-page dans ma baignoire, je corne les parties qui m’intéressent pour les retrouver.

medium_couv_allemagne_un_voyage.jpgC’est ainsi que j’ai bousillé, au grand dam de mon chéri qui a la religion des livres, le bouquin de Wolfgang Büscher intitulé Allemagne, un voyage. Dommage. Ce Wolfgang est un écrivain-voyageur très estimable. Du genre qui pense avec sa tête mais aussi avec ses pieds qui l’ont porté autour de l’Allemagne pendant 3500 kms. Son récit est à mettre à côté de Chemin faisant de Jacques Lacarrière, même si Büscher s’accorde de courts répits en bus. medium_au_fil_du_temps.jpgLa relation de son périple effectué en 2004 fait penser à de l’Hermann Hesse revu par le Wim Wenders d’Au fil du temps. Funambule sur les frontières géographiques et historiques de son pays, Büscher commence au bord du Rhin, longe les côtes de la Mer du nord et de la Baltique, descend vers le sud en longeant la Pologne, la République tchèque, l’Autriche et la Suisse. medium_Nuit_a_Oberstdorf.JPGC’est à Oberstdorf en Bavière qu’il tombe dans la nuit des fous, «un genre de chasse païenne» qui m’a rappelé ma note du 7 avril 2006 (Esprit de la forêt), sur les silvesterklaüse, ces «masques» ruraux de la Suisse voisine.

medium_klausen_Oberstdorf.jpgBüscher nous décrit les jeunes gens d’Oberstdorf déguisés en démons incontrôlables: «Ce n’était pas de la plaisanterie (…). Les têtes étaient parfois d’une grosseur surnaturelle (…) Ils portaient des bois ou des cornes qui sortaient (…) et formaient un étrange mélange
 

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W Ecoutez les zäuerli des Silvesterklaüse X

Merci Mr Hasard qui m’a fait tomber ensuite, au cours de mes explorations chez les bouquinistes sur 2 catalogues suisses oubliés relatifs à ces productions paysannes, voisines de l’art brut, du fait de leur sauvagerie.

De ce Masques de la Suisse primitive (Auvernier,1963)

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et de Masques, traditions populaires (Martigny, 1965), voici quelques images.

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Ceux que ce sujet intéressent consulteront aussi le chapitre Les Masques dans L’Art populaire en Suisse de Nicolas Bouvier (juste après le chapitre Ex-voto).

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21:20 Publié dans Ailleurs, Images, Lectures, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : silvesterklaüse, jacques lacarrière | |  Imprimer | | Pin it! |

23.12.2006

Blogounet : 200, Père Noël : 2

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Bon Noël, monsieur Montpied qui êtes coton à suivre des fois. Tantôt il faudrait d’après vous  qu’Ani parle d’un livre qui n’existe pas encore, tantôt il faudrait qu’elle évoque un recueil paru il y a 18 ans et des... (l’âge de certaines de nos lectrices). Mais gare à elle si elle a le malheur de donner un aperçu sur un bouquin qui vient de sortir !

Vous devriez fréquenter aussi les coiffeurs de temps en temps ou les salles d’attente des dentistes. Vous auriez lu que l’achevé d’imprimer de l’autobiographie (dans un chou farci) d’Allen S. Weiss est d’octobre 2006 et surtout qu’elle n’est pas du tout rédigée dans le style des «petites compils» qui semblent vous fasciner. Il n’y a que sur l’honnêteté que je vous emboîte le pied. Avec le chou, ça nous fait 2 motifs de convergence.

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Vous devriez prendre exemple sur notre sœur Teresa (Buon Natale T!). Elle m’asticote un brin avec mes tirades contre les maladies mystiquement transmissibles qui guettent l’art brut quand il louche vers «l’esthétique tranquille» (Malraux André, pour ne pas le nommer) mais elle «renifle», elle cherche, elle se documente, elle joue le jeu sans remonter à Mathusalem. Elle a repéré un autre livre de notre auteur (je parle de Weiss). Titre en français : Comment cuisiner un phénix, publié par le Mercure de France en 2004.

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A ce propos elle ne se croit pas obligée de nous parler de Paul Léautaud, de Rachilde et de la rue de l’Echaudé. C’est reposant. Cela donne envie de partager avec elle cette bouteille de champagne que je suis en train de siffler avec mon chéri que j’ai, pour fêter la 200e note de mon blogounet.

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01:50 Publié dans De vous zamoi, Lectures | Lien permanent | Commentaires (13) | |  Imprimer | | Pin it! |

02.12.2006

Fanzines à l’appel

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J’ai beau dire, arrive toujours le moment où je prends un coup de dico sur la patate. Récemment, sur la foi de ses innocents calembours (même pas des vannes) votre petite âme errante a été accusée de «vouer aux gémonies» la race maudite des fanzines. Quelle erreur! J’aime les fanzines.

Jamais je les pousserai dans «l’escalier des gémissements » (c’est ça les gémonies dans la Rome antique), jamais je les étranglerai pour les jeter dans le Tibre.

Hier encore l’un d’eux, Les Carnets de la Maison bleue et autres lieux hors d’ici (O.K. c’est un peu long) édité par l’asso Entrée Visité Merci (La Renardière 14130 Les Authieux sur Calonne) a trouvé refuge dans mon 3 pièces cuisine.

Surtout consacré à l’œuvre d’Euclides Da Costa, il contient aussi des infos sur d’autres «habitants-paysagistes», Fernand Chatelain par exemple dans le n°2 (déc. 2005). A lire en gardant un œil sur mon album photo consacré à ce créateur et à la controversée «restauration» de son site!

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Non, sans déc, j’adore les fanzines, spécialement ceux dont on parle jamais dans les ouikènes hors-normes réunissant le gratin et l’arrière-gratin de «l’art brut ET singulier» : La Chambre rouge (4 numéros entre mars 1982 et novembre 1985) dont le titre m’a l’air copié/collé chez Auguste Strindberg, medium_art_immed_n_2.jpgL’Art immédiat (2 numéros entre l’hiver 1994 et le printemps 1995) dont le concept me paraît redevable à une préface de Patrick Waldberg pour Séraphine (1968), publication d’une galerie d’art de tradition populaire du même nom (ou «éponyme» si vous préférez ce mot qui fait fureur du côté de la Bastoche).

medium_Seraphine.2.jpg«Je propose», c’est Waldberg qui parle, «de nommer art immédiat, toute une production d’une diversité infinie, relevant de l’enchantement, incluant à la fois peinture, sculpture, arts décoratifs et graphiques, articles et bibelots-souvenirs, objets cérémoniaux ou usuels, fleurs d’innocence, de délire ou de bagne : en résumé, un monde, que l’on peut opposer à l’art muséal tant par l’élan et la spontanéité de son inspiration, que par le caractère tout à fait empirique -souvent même rudimentaire- de ses moyens d’exécution.»

18:55 Publié dans Gazettes, Jadis et naguère, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

10.07.2006

François Augièras, le dernier primitif

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Y’a pas si longtemps, je parlais de Bissière. Cela m’a fait penser à Augièras qui ponçait les pierres lithographiques de Bibi quand celui-ci fabriquait le Cantique à notre frère soleil à Boissierette, sa maison du Lot, au début des années 50. medium_couv_dernier_primitif.jpgComme les choses sont bien faites, votre petit âme errante est tombée ensuite sur la biographie de François Augièras par Serge Sanchez, publié en février 2006 chez Grasset. J’aime pas trop le sous-titre : Le dernier primitif mais 455 pages, un index, un dossier avec des photos qu’on connaissait pas toutes, ça se refuse pas quand il s’agit d’un écrivain (et d’un artiste) aussi émouvant que François Augièras.

medium_Portrait_d_Augieras.jpgAugièras construisait des radeaux sur la Vézère, apprenait l’art des icônes auprès des moines du Mont Athos, bivouaquait à la belle étoile ou au fond des grottes, mourait trop tôt du cœur.

Son âme était trop grande pour rester dans les limites d’une religiosité convenue, son corps trop épris de liberté pour se contenter d’une sexualité ordinaire. Autodidacte de l’écriture et de la peinture, il vaut mieux que l’étiquette  «new-age» qu’on colle parfois à ses livres : Le Vieillard et l’enfant, Une adolescence au temps du Maréchal, Domme ou l’essai d’occupation etc. C’est un poète, accomplissant sans faillir son destin maudit, un Rimbaud qui aurait commencé par le désert.

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Ses rapports ambigus et conflictuels avec ceux qui lui rappelaient la figure paternelle dont il manqua dans son enfance se révèlent à chaque instant dans son œuvre. A cet égard, son oncle Marcel, colonel de méhariste retiré dans le sud de l’Algérie, demeure un personnage central. medium_musee_Augieras.jpgCe tonton, vieil original autoritaire, avait installé dans son bordj d’El Goléa un petit musée (tiens, tiens) consacré à la chasse, à la préhistoire, à l’ethnographie saharienne et soudanaise et à des curiosités scabreuses. Dans sa correspondance, il mentionne la visite du «peintre X… et sa femme qui aiment beaucoup El Goléa (et ses distractions !...)».

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Le peintre X «n’était autre que Jean Dubuffet», nous apprend Serge Sanchez. «Ce dernier aimait El Goléa. Il y fit de longs séjours (…) entre février 1947 et mai 1949 (…) Jean Paulhan, qui vint le voir du 20 au 23 mars 1948, était peut-être présent durant cette visite au musée local…». Malheureusement François Augièras n’était pas chez son oncle à ce moment-là mais on ne peut s’empêcher de rêver à ce qu’aurait pu être sa rencontre avec les deux Jean.

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23:50 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : François Augièras | |  Imprimer | | Pin it! |

26.06.2006

Hors la vie, les graffiti d'Issoudun

medium_porte_beffroi.jpgVous pas comprendre anglais ? Cinglez toutes voiles dehors vers le Musée de l’Hospice Saint Roch à Issoudun. A l’occasion d’une expo que votre petite âme errante enrage d’avoir loupée (encore une), ce musée publie 100 pages en bon français sous couverture prune imprimée en bleu et blanc.

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Hors la vie, Artistes et prisons que ça s’intitule, comme l’expo elle-même (terminée le 5 juin dernier) dont la première partie traitait des graffiti, ceux notamment des prisonniers allemands du beffroi d’Issoudun, enfermés là pendant la Première Guerre mondiale. C’est coton à scanner et le résultat est pas garanti mais faites-moi confiance, ça vaut le détour.
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Les auteurs de ce catalogue passé inaperçu : Patrice Moreau et Jean-Louis Laubry, le premier «attaché de conservation», le second,  «prof agrégé», sont chapeautés, de façon un peu superfétatoire, par des textes de Michel Onfray qu’on est allé chercher dans son Archipel des comètes paru en 2001. 

23:55 Publié dans Expos, Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Graffiti | |  Imprimer | | Pin it! |

25.06.2006

Des fourmis et des livres

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medium_ma_pile_de_jour.jpgAvec les chaleurs, les fourmis volantes se croient tout permis et leurs escadrilles ont tenté de prendre possession du trois pièces-cuisine de votre petite âme errante, victime par ailleurs d’une autre invasion, celle des livres. Rien que cette semaine j’en ai tant acheté que je me demande comment je vais finir le mois, surtout avec les soldes qui pointent leur museau. Tout ça pour vous, voraces animuliens, car il faut bien vous tenir au courant des nouveautés. Comme vous vous doutez que j’ai pas eu le temps de lire tout ça, je me contenterai de vous signaler quelques incontournables en essayant de feuilleter quelques pages devant vos écrans insomniaques.

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Parallel worlds - George Widener 

Tout d’abord, en direct de chez les Tchécos, j’ai réussi à me procurer avant tout le monde le récent bébé praguois d’abcd. C’est écœurant ce qu’ils sont bosseurs dans cette asso! Cette fois, c’est le tandem féminin et bohémien, Barbara Šafářová et Terezie Zemánková qui s’y est collé avec la bénédiction de Bruno Decharme, le pape de la collec. Ce bô catalogue d’exposition, aux pages blanches, noires et grises, réussit l’exploit de n’être pas obèse tout en étant copieux (abcd aime le copieux).

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 Metamorphis of the body - Lubos Plny

A côté de Marie Rakušanová, "curator" de la City Gallery Prague, et de plumes confirmées, souvent associées aux réalisations abécédiennes (Vincent Gille et Jean-Louis Lanoux), Barbara Šafářová et Terezie Zemánková (qui signent aussi des textes) se sont assuré des collaborations nouvelles : Manuel Anceau et Patricia Allio que vous connaissez comme le loup blanc, du moins si vous avez lu ma note du 5 février 2006. Y’a une introduction, une chronologie, des bios, une biblio et bien sûr beaucoup d’images. Ouf !

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 Inner Voices - Anna Zemankova

Pour rythmer tout ça, Barbara et Terezie ont organisé les choses selon 3 thèmes : PARALLEL WORLDS, METAMORPHOSIS OF THE BODY, INNER VOICES. La maquette, par un système de repères noirs verticaux permet de s’y retrouver vite et bien. Si vous êtes capables de consommer ces 300 pages en tchèque, dites-le moi. Sinon, tardez pas trop à vous procurer la version en anglais (pour le français vous repasserez !) car il n’en a été édité que 700 exemplaires et mon petit doigt me dit que ça va trouver preneur de l’autre côté de l’Atlantique. Excusez ma «langue trop bien pendue» comme dit Lili, une bavarde qui trouve que je lui coupe trop souvent le sifflet. Je continuerai la prochaine fois. Si d’ici là le grand Cric me croque pas.

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23:55 Publié dans Expos, Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lubos plny, george widener, art brut, anna zemankova | |  Imprimer | | Pin it! |

26.05.2006

Aliénation créatrice

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C’est tout plié, imprimé sur du papier blanc sale, ça n'a que 16 pages et les agrafes commencent à rouiller mais ça fait partie des vieilles choses dont raffole votre petite collectionneuse d’âme errante.
Vu que l’été arrive et que je crains les bibites (comidizo Québec) j’étais partie faire ma provision d'anti-moustiques au Vieux Campeur, rue Saint-Jacques mais j’ai pas pu m’empêcher de jeter d’abord un œil sur la librairie toute proche.
La librairie Henri Vignes, c’est le genre d’établissement où les écrans de la modernité se combinent très bien avec les charmes de l’anticaille. Le libraire a tout dans la tête avant d’avoir tout dans le disque dur. Pas son pareil pour se souvenir des p’tits dadas de ses clientes. Il m’a tout de suite mis entre les mains son sourire charmant et cette conférence du docteur Ferdière prononcée à la séance inaugurale du congrès Folia Psychiatrica, Neurologia et Neurochirugica Neerlandica (à vos souhaits !).
J’ai acheté très vite cette Aliénation créatrice parce que j’ai aperçu ce passage (qui prouve qu’en 1948 certaines idées étaient dans l’air) en me disant que ça intéressera peut-être l’archiviste qui sommeille en vous :
«(…) je voudrais renouveler ici un appel que j’ai lancé en 1938 avec Jacques Vié en faveur d’un musée-laboratoire psychopathologique; je peux d’ailleurs dire ici que ce musée peut fort bien se concevoir international. Il comprendrait des collections d’œuvres de toutes sortes : peintures, sculptures, broderies, décorations, poupées, instruments de musique, les observations, les dossiers -rendus bien sûr anonymes- des auteurs morbides, des ouvrages traitant de la question, des jeux de fiches accessibles aux médecins mais aussi aux psychologues, aux sociologues, aux ethnologues et folkloristes, aux critiques et aux artistes. Ainsi se trouveraient possibles tous les indispensables contacts et toutes les confrontations».
Evidemment en sortant, j’ai plus pensé aux maringouins.
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21:00 Publié dans Lectures, Zizique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Gaston Ferdière | |  Imprimer | | Pin it! |

30.04.2006

…Vialatte qui se dilate

De temps à autres une tendance s’observe, parmi nos commentatrices, à rappeler Animula à ses devoirs. Elle devrait, si je comprends bien, mettre de l’eau dans son sel attique. Son ironie serait blamâble, sa tendance à la rigolade insupportable. Se barber royalement rendrait la vie plus digne d’être vécue. Pour avoir une chance d’intéresser ses lecteurs, une chroniqueuse devrait être ennuyeuse comme la pluie. Surtout, surtout, elle ne pourrait prétendre faire voisiner estime véritable et innocente taquinerie dès qu’il s’agit des stars. Cet argument, il faut le reconnaître, est fort et votre petite âme errante n’était pas loin de capituler devant lui lorsqu’elle est tombée le nez dans ce portrait de Jean Dubuffet brossé par Alexandre Vialatte dans la revue Arts le 27 octobre 1954
«
On me demande pourquoi j’aime Dubuffet. J’aime Dubuffet parce qu’il est charmant! D’abord il a des petits cheveux tondus ras, bien frottés à la toile émeri, qui lui font un crâne de légionnaire, des yeux bleus en toile de Vichy, bien lavés de frais, qui se souviennent d’on ne sait quels fjords».
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J’arrête là pour ne abuser du droit de citation mais tout le monde aura compris. Le plus fort, c’est que la victime a l’air d’apprécier. Dans sa préface à Jean Dubuffet et le Grand Magma, le voilà qui déclare tout de go : «La chronique cocasse de mes travaux d’Alexandre Vialatte en restitue peut-être le lieu propre de manière plus frappante que tous les écrits d’autre commentateurs. J’ai toujours eu la cocasserie en haute estime».
Tout ça m’inspire donc ma pensée du jour :

L’ART BRUT EST UNE CHOSE TROP SÉRIEUSE POUR ÊTRE LAISSÉ AUX BONNETS DE NUIT.

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11:10 Publié dans Lectures, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Alexandre Vialatte, Jean Dubuffet, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

26.04.2006

T’as le bonjour de Gaston (Chaissac)

Vous avez le bonjour de Chaissac. Bonjour à tout le monde y compris le maire et ses conseillers : c’est un recueil de lettres du peintre qui vient de sortir aux Editions du Murmure. Des lettres aux habitants de Ste Florence de l’Oie. Je viens de l’HT à la librairie du Musée de la Poste. Comme c’était le vernissage on m’a donné en prime la super affiche de l’expo Gaston Chaissac, homme de lettres dont je vous parlais il y a peu. Vous pourrez pas dire que je vous l’avais pas dit, mes chers animulectes, ça va être le grand bal du printemps cette expo. Si vous ne faites pas la queue sur le boulevard de Vaugirard, c’est que vous méritez de bouffer du Bonnard.

J’ai dû faire l’itinéraire à l’envers sans tenir compte des petits pieds noirs qui figurent sur le plan distribué à l’entrée et qu’on doit suivre en principe. Comme il y avait trop de monde, je suis passée de la salle Lefranc-Mougin, à la salle Paulhan en passant par la salle Ragon, en zigzaguant ensuite de traviole entre Gilles Ehrmann et André Bloc, Ghérasim Luca et Chave. Lorsqu’un petit trou se formait dans la foule piétinant l’une des 11 alvéoles que compte l’expo, votre petite âme errante s’empressait de zieuter par ruse quelques pépites que vous pourrez retrouver en vous procurant, pour 22 zorros seulement, le catalogue plein de repros en couleurs, un peu infidèles parfois.
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Beaucoup de choses viennent de collections particulières, ce qui fait que je poussais des petits «oups» et des petits «hé-hé» qui eurent le don d’agacer ma copine Lucette, grâce aux relations de laquelle j’étais là. Des exemples ? Et bien ce petit dessin feuillu-écailleux noir et rouge réalisé dans l’atelier de Jeanne Kosnick-Kloss en 1937, ce collage de 1955 où le nom de Paul Morand est associé à «Assemblée Générale à Cavaillon», Notre-Dame de la Sainte Racaille, plume noire sur papier de 58. J’en passe et des meilleures. Les vitrines regorgent de documents tel ce vieux numéro de Détective (12 août 1967) qui titre sur L’original de Sainte-Florence. Les murs sont habillés de peintures pour le printemps. M. et Mme Thomas Le Guillou y font prendre l’air au fameux Samouraï.

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23:55 Publié dans Expos, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : gaston chaissac | |  Imprimer | | Pin it! |