15.11.2008
Un arc-en-ciel au C.A.T
Toujours à la recherche du diamant brut, votre P.A.E. explore la P.Q.R. Elle découvre des arcs-en-ciel dans les canards de nos provinces. Il y a une douzaine de jours, le 3 novembre 2008 exactement, je suis tombée sur une feuille du Courrier de l’Ouest. Non, c’était pas celle dans laquelle M. Yvon, mon poissonnier, enveloppe mon litre d’animoules !
C’est une de mes informatrices qui m’a refilé cet article relatif au 38e Salon des Arts de Cholet qui s’est tenu en octobre dernier dans la ville du Petit mouchoir. Près de 200 artistes, «pros et amateurs», exposaient là, à la salle des fêtes. Rien de glamour, à première vue, même si parmi les 200, il y avait des personnes accueillies dans un centre d’Aide par le travail.
Ce qui m’a fait dresser l’oreille, c’est que l’article est intitulé : L’Art brut aux couleurs de l’Arc-en-Ciel. J’ai failli dégainer mon joker Nos amies les bêtes, en lisant que les toiles de ces personnes «sont des petits chefs-d’œuvre d’art brut qui éclosent sous la houlette du peintre Jean Boccacino».
Non, monsieur Alain Tissot (je m’adresse là au journaliste qui a recueilli les propos du dit peintre en charge de l’Atelier), il y a contradiction dans les termes.
L’art brut est tout
sauf un mouton
jamais on ne l’a vu
se courber
sous une houlette.
D’ailleurs, Mr Boccacino le sait bien. Lui qui a l’air de se décarcasser honnêtement, malgré sa tendance au perfectionnisme, il reconnaît volontiers ce que ces «artistes», qui «ont besoin» de lui «pour aller plus loin dans leur démarche», ont apporté à sa propre expression artistique. En conclusion de son entretien qui illustre à merveille le sac de noeuds dans lesquels s’enferme la pauvre art-thérapie quand elle veut expliquer sa pratique, Jean Boccacino nous confie que le travail de l’Atelier de l’Arc-en-ciel l’a «remis en cause».«J’ai modifié mon expression dans le contenu et dans la forme. Leur travail m’a rassuré (…)». Vous trouverez sur Gougueule-images, une série de tableaux de Jean Boccacino.
L’article du Courrier de l’Ouest est accompagné de photos des œuvres des créateurs dont il s’occupe. L’une d’elle reproduit un dessin très volubile : un couple sous un porche à fronton décoré. Dommage qu’il n’y a pas le nom du créateur qui l’a fait. On aimerait savoir si c’est une scène de mariage, son dessin.
Avec tous les petits personnages qu’il y a autour et toutes les petites têtes, légères comme des ballons, qui ont l’air d’acclamer, ça se pourrait. Comme ça se pourrait autre chose ou tout simplement le plaisir de remplir la feuille de papier, plaisir qui se communique très fort au spectateur. Alors, merci madame la dessinatrice, car si j’ai bien compris c’est une certaine Béatrice l’auteur de ce dessin.
Et même je crois que c’est Béatrice Babarit. Une créatrice drôlement champion dont le travail a été remarqué au Festival Art et Déchirure de Rouen en 2008. Vous trouverez plein d’images à elle sur le site d’Artelier.
Et merci aussi aux autres familiers de l’Arc-en-ciel. Ceux qu’on voit sur les photos et ceux qu’on voit pas.
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15.10.2008
Mangez brut !
C’est fou ce que Mantegna peut me ramener à la cuisine. Si j’en crois, du moins, les commentaires à ma note nuageuse du 30 septembre dernier. C’est Teresa qui s’est «régalée» avec le Trionfo della Virtu ! C’est Mamina, une inventeuse de recettes, qui m’invite à aller sur son blogue voir Si c’était bon.
Vous me croirez si vous voulez mais il ne sont pas rares ceux qui arrivent sur Animula Vagula en tapant «Choux farcis». Tout ça parce qu’un jour de décembre 2006 (le 20 exactement), j’ai mitonné un petit ragoût autour d’un livre d’Allen S. Weiss.
C’est sûr que je devrais vous la jouer gastronomie plus souvent. C’est un bon sujet, tout ce qu’il y a de people. Idéal pour l’audience. Hélas, il cadre mal avec mon thème mental. Rien de plus culturé en effet que la cuisine, rien de plus savant, de plus raffiné, de moins hors l’hénaurme.
La française, particulièrement, qui a tendance à se prendre pour le sel de la terre et de la mer réunies.
Pourtant je ne désespère pas d’accrocher mon petit fait-tout brut à la queue de cette vénérable casserole. Quelque chose me dit en effet que dans la république de la gourmandise, il y a, comme partout, deux thèses qui s’affrontent. L’une, vivifiante et gueuse, porteuse de saveurs sauvages. L’autre majestueuse et chichiteuse qui s’épanouit dans les délices de Mantoue (Pardon : de Capoue). Il est bien sûr dans la nature des choses que la seconde méprise la première mais lui emprunte sans vergogne.
La cuisine en toque blanche ignore la cuisine en sabots (ou en crocs) mais elle lui fait les poches et bien des choses dégueulasses venues des fournaux médiévaux, péquenauds et/ou exotiques, une fois domestiqués et anonymisés, se retrouvent dans nos assiettes intelligentes, contemporaines et syncrétiques.
Tout ça pour dire qu’il en est de l’art culinaire comme des autres : on peut y faire des découvertes, au moins rustiques et modernes, sinon brutes.
Mangez brut, vous penserez de même !
Les images ci-dessous représentent une chose comestible.
Un bouquin de Mamina à la première (ou au premier) qui me dira ce que c’est et comment on l’assaisonne.
01:16 Publié dans De vous zamoi, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : art brut | | Imprimer | | |
03.05.2008
Animula et les Animos
Oyez, oyez ! Animoyez !
Une méga-nimo rétrospective Michel Nedjar se concocte à Wien en Animautruche (pardon, Autriche) au Gugging Art Brut Center ainsi dénommé depuis qu’on parle anglais dans la patrie de L’homme sans qualités et de Robert Musil réunis. On ne sait plus très bien ce qu’est devenu le «Klosterneuburg» qui faisait vraiment trop germanique mais l’adresse de Gugging est la même qu’avant : Haupstrasse (Main street), 2 . C’est du 31 mai 2008 au 22 février 2009, donc vous avez tout le temps d’y anim-aller ou de vous procurer le catalogue de Johann Feilacher faute de mieux.
Tant pis pour vous si l’english et le deutsch sont du chinois pour vous et si vous ne lisez que le français, la langue de l’artiste. Il faudra vous contenter des 290 images en couleurs ou apprendre en 3 mois les animu-langues étrangères grâce à la méthode à Mimile rectifiée Internet.
De toutes façons, c’est un «rendez-vous à ne pas manquer» comme nous le certifie la Galerie parisienne Polad-Hardouin (86, rue Quincampoix dans le 3e) qui -comme ça se trouve- expose simultanément Marcel Katuchevski et… Nedjar Michel du 24 avril au 31 mai 2008.
C’est qu’au Gugging, il y aura «poupées et dessins de toutes les époques». Par «toutes les époques», il faut entendre aussi celle -maintenant lointaine- où Michel Nedjar était un créateur d’art brut pur laine et non cet estimable artiste expérimenté que l’on croise dans les vernissages et sur lequel le marché américain louche. En ce temps-là, il ne serait venu à personne de traiter les bouleversantes, bitumeuses et torturées créatures nedjariennes de «poupées».
Le mot qui venait à la bouche c’était plutôt «momies» et ceux qui avaient voyagé, ça les faisait penser à ces Danois étranglés, retrouvés intacts dans les tourbières où on les avait jetés au Moyen-âge.
Aujourd’hui encore, il n’y a qu’à jeter un coup d’œil sur la couvrante du catalogue de l’expo Nedjar à Gugging pour que ce vocabulaire de nursery rhymes nous vénère un brin. Le travail de Nedjar reste trop chargé pour être enterré sous les sucreries, quoi! Mais admettons, il faut vivre avec son temps, c’est à dire avec son langage. Donc, en avant pour les poupées! Ambiance Barbie à tous les étages! Avec tout de même un palier où ça coince. Celui où le site de Gugging nous virgule sans vergogne sa petite phrase qui tue : «Michel Nedjar is undisputedly one of the most important living artists of the French Art Brut movement». Je t’en ficherai, moi, des mouvements!
Neuilly-sur-Marne, 1984-1997
Michel Nedjar, qui fut un des fondateurs de L’Aracine aux côtés de Claire Teller et de Madeleine Lommel, doit bien savoir qu’il n’y a pas de «mouvement Art Brut», fransoze ou non. Les mouvements c’est bon pour les ismes : outsiderisme, singulièrisme, dissidentisme. Les créateurs d’art brut sont d’enragés individualistes, indifférents au collectif, fût-il créatif.
Les créateurs d’art brut sont seuls au monde dans leur coquille
Et Gugging pour l’avoir oublié mérite un bref passage par la case Nos amies les bêtes.
N O S iiA M I E S iiL E S iiB Ê T E S
14:47 Publié dans Expos, Nos amies les bêtes, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : michel nedjar, marcel katuchevski | | Imprimer | | |
03.01.2008
Jours tranquilles à Bruxelles
Poursuivons le compte à rebours avec Art en marge puisque c’est à son programme que j’ai emprunté la nouvelle de l’exposition PLNY à l’horizon Montreuil 2009.
Auparavant, ce Lubos P..Y (mais qui nous dira comment ça se prononce ?) figurera dans l’expo collective et art-en-margesque Corps accords en compagnie, entre autres, de Marilena Pelosi.
Marilena Pelosi
Ce sera (Inch’allah !) du 12 septembre au 15 novembre 2008. Hoparavant, l’industrieux Centre de recherche et de diffusion de la Rue Haute butinera encore 3 outsiders dont Carol Bailly en juin-juillet 2008. L’expo s’appellera Overvloed/Foisonnements. Vous en saurez plus le moment venu ou tout de suite en allant sur le site d’AEM.
Bon j’en passe pour nous rapprocher vite fait de nos jours tranquilles. A Bruxelles toujours mais conçue par Lucienne Peiry et Anic Zanzi, dirlo et conservatrice de la Collec de l’Art brut à Lausanne, «une exposition à découvrir en famille» ou si ce mot vous rappelle trop Sheila et les petits soucis quotidiens: «Een tentoonstelling om te ondekken met hele gezin», ça vous a une autre gueule en néerlandais!
Ted Gordon
Attention, ça viendra vite ces Bestioles d’art brut et d’art en marge car le vernissage c’est déjà le 6 mars 2008. La porte à côté. Ceux qui suivent un peu l’actualité brute se doutent déjà qu’il s’agit d’un bestiaire qu’on les invite à visiter : «kom en ontdek het grote dierenboek -soms vreeemd, soms grappig- van de Art brut». C’est-à-dire «-un bestiaire, étrange ou espiègle-».
Gaston Duf
Etrange, d’accord mais, j’ai beau aimer Till, «espiègle» m’en bouche un coin.
Espiègles les rhino féroces de Gaston Duf ?
Espiègles les félins/fêlés de Ted Gordon ?
«Espiègle» est cool, «espiègle» ne fait pas peur aux foules, «espiègle» est recommandé pour les petits n’enfants de 7 à 77 ans.
«Espiègle» colle à l’art brut comme le tablier colle à la vache.
00:10 Publié dans Ailleurs, Expos, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, ted gordon, gaston duf, marilena pelosi, carol bailly, art en marge | | Imprimer | | |
28.10.2007
Tiercé gagnant rue de Fleurus
En sortant de l’expo Arcimboldo où j’ai dû ruser («c’est pour ma p’tite nièce!») pour me procurer le livret-jeux distribué uniquement aux «nains» sur présentation de leur bonne mine de petits «pervers polymorphes» de moins de 14 ans, je suis tombée dans la boutique du Musée du Luxembourg où ce qu’on vend des tas de légumes en carton permettant de se faire une tronche potagère.
Au rayon livres, une affaire à suivre : un nouveau livre sur Le Jardin de Bomarzo avec un texte de Jessie Sheeler (traduit de l’anglais par Christine Piot) et des photos de Mark Edward Smith. Malheureusement, y’avait trop de monde. Est-ce que votre petite âme errante a une tête à faire la queue? C’est paru chez Actes Sud, je tâcherai de le choper ailleurs.
A travers le parc, j’ai rejoint la rue de Fleurus en direction de l’arrêt du 83. Là, au 1 précisément, il y a une petite vitrine dont le propriétaire, pour la pure et simple distraction des passants, monte des installations d’objets divers, réunis avec un sens certain de l’insolite et sans délivrance de message évident.
C’est un lieu modestement magique bien connu des vieux Parisiens et c’était fatal que mon daddy me le fasse découvrir. Ce jour-là, au milieu d’un tas de jolies cartes avec des dessins abstraits et/ou primitivesques, qu’est-ce que j’avise pas? Une photo de groupe avec Michel Thévoz. Si, si, je vous jure! M.T. himself! Au milieu d’une bande de copains dont un jovial moustachu qui pourrait bien être l’auteur de l’installation.
Comprenant que Vagamay, le petit dieu de l’art brut veillait sur son Ani en cette froide et soleilleuse après-midi, j’ai musardé dans les librairies du coin juqu’à ce que je trouve une occase. A l’intérieur d’une Histoire illustrée de la psychiatrie et la psychanalyse (10 € au lieu de 275 F à sa parution en 2000) publiée par Hazan sous le titre Au delà du conscient, il y avait cette photo d’un monsieur, vêtu de dignité candide et chapeauté de feuillages artistiques, qui m’attendait et vous aussi, chers lecteurs, par conséquent. Je sais pas qui c’est, ni d’où il sort, ce dandy.
La pancarte qu’il tient à la main proclame en belle calligraphie : «Le Sauveur, fils adoptif du Divin Créateur qui est sur la Terre pour protéger tous les peuples de l’univers et délivrer tous ces peuples du joug des oppresseurs».
Le trio de psys auteurs du livre : Pierre Morel, Jean-Pierre Bourgeron, Elisabeth Roudinesco pourraient peut-être nous en dire plus, le cliché provenant de leurs collections.
17:45 Publié dans Expos, Glanures, Images, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Giuseppe Arcimboldo, Michel Thévoz | | Imprimer | | |
14.08.2007
Trait d’union, le catalogue
Plus de place dans votre sac ? Sacrifiez le ventilo de poche mais munissez-vous du Trait d’Union (500 grammes). C’est le catalogue de l’expo de St-Alban dont je vous ai déjà entretenu les 6 et 7 juin derniers. Trait d’Union c’était aussi le nom du journal de l’hosto psy dans les années 50 du siècle 20. Tosquelles y chroniquait et on y parlait avec respect des hommes-oiseaux de Forestier.
Le catalogue contient d’autres documents anciens : photos de la fête annuelle, vues d’ateliers, décor pour le club, portraits de Paul Eluard en 1943.
Parmi les créateurs gratifiés d’une notice, foncez à vitesse supersonique sur le cas de Daniel Casanova d’York qui choisit de quitter cette terre l’année de la lune (1969) dont il prenait des photographies.
Bricoleur de télescopes, il s’était fabriqué une photocopieuse et tirait des images qu’il adressait un peu partout pour mettre en garde contre le danger nucléaire et les risques dus à l’équilibre des pôles (!)
Centré surtout sur l’Auguste Forestier, un instructif article de Savine Faupin à propos de la folie ambulatoire, intitulé Le Voyageur immobile. Occasion de relire Les Fous voyageurs, le bouquin d’Ian Hacking paru en 2002 aux Empêcheurs de penser en rond.
Gratouillez encore avec profit la contribution du latiniste Alain Bouillet : Olim fuit… malgré des accents un peu pessimistes qu’il partage avec Madeleine Lommel, la préfacière.
Ce garçon là supporte pas que les rochers de Rothéneuf s’effacent et que les touristes piétinent les sculptures de l’abbé Fouré. On le comprend mais n’est-il pas contradictoire de s’insurger contre le caractère éphémère inscrit dans les gènes de l’art brut ?
Tout fuit, oui et plus que tout l’art brut nous le répète.
15:25 Publié dans Expos, Lectures, Ogni pensiero vola, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut | | Imprimer | | |
16.06.2007
A l'envers et à l'endroit
Quels bastons, mes Animulions! Une fois de plus le débat était chez Animula et pas ailleurs. Aucun barbecue d’été n’était programmé sur mon blogounet mais grosse montée de potes quand même. Je ne sais si le mérite en revient à messieurs Ernst et Neter ou aux gesticulations d’anguille auxquelles votre petite âme errante a dû se livrer pour se soustraire au harcèlement soit-disant subtil d’un canif bien trempé quoiqu’un peu jeunet. Toujours est-il que vous avez fait exploser l’audimat et je vous en remercie. Cela valait bien 2 ou 3 nuits blanches et tant pis si on se croirait dans la Famille Adams avec mes poches sous les yeux.
Enfin tout ça c’est bien beau mais ma «mission» consiste pas à enculer les mouches («Ani, tu d’viens vulgaire») en compagnie d’un second (puis d’un troisième) couteau mal luné. On en oublierait presque les choses importantes et celles-ci, comme les perches, viennent du Léman. De Lausanne pour ne pas la nommer. C’est à l’Envers et à l’Endroit que cette Mecque de l’Art brut consacre son exposition d’été. L’Envers et l’Endroit ne désigne pas seulement les deux versants de l’existence, elle fait référence aux travaux d’aiguille puisque cette expo regroupe jusqu’au 27 janvier 2008 (l’été se prolonge en Suisse) les œuvres d’une trentaine de créateurs issus de 13 pays situés dans 4 continents (ne manque que l’Océanie).
La figure de proue en est la robe de mariée de Marguerite Sirvins, réalisée au crochet dans un établissement psy, à partir des fils tirés de ses draps. L’impeccable carton d’invitation dépliant évoque à ce propos un «Jour de noces improbable». Son texte semble le résultat d’un compromis, comme si il était écrit d’une main qui dit juste : «Les auteurs d’Art Brut, quant à eux, gagnent le large, tissent toiles et réseaux pour atteindre des territoires oniriques et mentaux vertigineux» et d’une autre main moins inspirée quand elle évoque -sur le modèle de la névrose alors qu’on nage dans la psychose- le dévidement des «fantasmes» pendant la cousette.
Si l’art brut n’est que révélateur à fantasmes ou à «rêveries», je m’explique mieux que le dossier de presse de cette expo ne craigne pas de coller le mot «artistes» à côté de celui de Collection de l’Art Brut.
La prochaine fois, je suggère à ses rédacteurs, de se fondre enfin dans la respectabilité du mainstream et de se débarrasser un fois pour toutes du concept forgé par tonton Dubuffet.
Comme il est des couteaux sans lame auquel il manque le manche, il est des coupures que s’emploient absurdemment à refermer ceux-là même qui les avaient ouvertes.
12:30 Publié dans De vous zamoi, Expos, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, Marguerite Sirvins, Jeanne Tripier, Collection de l'Art Brut | | Imprimer | | |
06.06.2007
Francesc Tosquelles, le psychiatre aux pieds nus
Vous allez dire que j’arrive après la bataille, que cette photo de Romain Vigouroux représentant une sorte de professeur Nimbus hissant à bout de bras une nef des fous, a déjà des heures de vol sur le net.
Comment voulez-vous, cependant que je vous l’épargne ? Non seulement elle sert à signaler l’expo Trait d’Union qui se tient au Château de Saint-Alban en Lozère jusqu’au 1er septembre 2007 mais «c’est certes la plus belle photo jamais prise en psychiatrie», affirme tout de go Madeleine Lommel qui me l’a fait parvenir. Même si on trouve qu’elle n’y va pas de main morte, on ne peut pas lui donner tort.
Il y a dans cette ostension d’une icône de l’art brut (un bateau d’Auguste Forestier) par un psychiatre aux pieds nus (le Dr François Tosquelles) quelque chose d’amusant et d’instructif à la fois. C’est une allégorie du thérapeute reconnaissant, dans une emphase à la Groucho Marx, qu’il tient son savoir de la folie et que celle-ci mérite mieux que les culs de basse fosse.
Il y aurait tant à dire sur ce Tosquelles qui a l’air d’un bonhomme effroyablement sympathique ! Non seulement comme toubib : c’est un pionnier de la psychothérapie institutionnelle. Mais aussi comme citoyen : psychiatre catalan condamné à mort par les franquistes pendant la Guerre civile espagnole, Tosquelles se réfugie à l’hosto psy de Saint Alban où il doit recommencer à la base.
Comptez pas sur moi pour vous donner des cours du soir. Allez donc plutôt ici ou là.
Deux choses quand même pour vous camper le personnage. Un de ses propos :
«La qualité essentielle de l’Homme c’est d’être fou (…). Tout le problème c’est de savoir comment il soigne sa folie».
Et puis, pour compléter l’ordonnance, cette malicieuse observation de Gaston Ferdière dans Les Mauvaises fréquentations : «Tosquelles parle le tosquellan – une langue privée faite de castillan, de catalan et de français».
23:30 Publié dans Expos, Images, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, auguste forestier, françois tosquelles, gaston ferdière | | Imprimer | | |
31.05.2007
Fleurs de bitume à Paname
Ce n’est pas parce nos amis Belvertois profitent de leur jardin pour nous narguer avec leurs brassées de roses qu’il faudrait vous imaginer que votre petite âme errante se trouve fort dépourvue du côté de la floraison.
En prévision de la fête des mères qui s’approche, je vous prie donc, mes Animuliennes à projénitures, de trouver ci-joint la photo d’une ronsardelette fleur de bitume apparue par je ne sais quel miracle dans le lopin de poussière au pied de mon immeuble, arrosé de bière tiède le samedi soir.
Une autre chose qui me fait crever de jalousie c’est quand le Bob Giraud’s blog (en vrai : le copain de Doisneau) m’apprend que Gabriel Pomerand aurait réalisé vers 1951-1953 un court-métrage sur les tatouages du milieu, Robert Giraud fournissant les tatoués. Pour une info, ça c’est une info que j’aurais aimé sortir !
Si ce film existe quelque part et que vous savez où, faites-le savoir subito presto au copain des Robert. Ce Pomerand était un drôle de pistolet lettriste aux temps légendaires de Saint Germain des prés et un des meilleurs écrivains du groupe.
C’est pas étonnant qu’il se soit penché sur les tatoués, il a bien fait des conférences ravageuses sur la prostitution et ce qu’il appelait par provocation la « pédérastie ».
Ceux qui ont croisé cette figure du quartier, tel ce libraire qui officiait naguère rue de Seine à l’enseigne de L’Envers du miroir, se souviennent de ses excentricités.
De Gabriel Pomerand, je ferais bien mienne cette pensée extraite d’une conférence qui fut interdite par le Préfet de police (Conférences, Cahiers de l’Externité, 1998, p. 78)
«Les préjugés sont si puissants, qu’aucune chose sérieuse ne peut plus être dite autrement que sous un aspect comique.»
23:55 Publié dans Ecrans, Images, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : Gabriel Pomerand | | Imprimer | | |
04.01.2007
Un mariage à la mode
Le placard à nouvelles c’est comme mon armoire à pharmacie.
Je l’ouvre et les sticks anti-shine, le makeup base et le lifting contour lèvres me sautent à la figure.
Pour mettre de l’ordre dans tous ça après, je vous dis pas.
Et les news, c’est pareil, je sais jamais quoi ramasser en premier.
Au hasard donc et puisque les mariages de la carpe culturelle avec le lapin brut sont à la mode, je manquerai pas La Folie au féminin / Waanzin is vrouwelijk, une exposition du Musée Dr Guislain à Gand/Gent en Belgique.
D’abord parce que vous n’avez plus que jusqu’au 28 janvier pour y fourrer le museau et surtout parce que vous y verrez des œuvres de femmes issues de la Collec Prinzhorn soi-disant «confrontées» avec des œuvres d’artistes femmes contemporaines qui n’ont visiblement en commun avec les premières que leur appartenance au beau sexe.
L’art brut est un lapin agile
la culture une grosse carpe de Fontainebleau
00:20 Publié dans Expos, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut | | Imprimer | | |