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02.07.2014

Fauves dans un jardin breton

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Soudain trois tigres blancs dans un coin de mon pare-brise. Des tigres blanc sur une haie. A la sortie d’un bourg comme tous les bourgs. Sur la route qui mène à Tréguier.

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Et tout un peuple de peluches au dessus de la barrière d’hortensias. Qui fait donc ça ? Cette femme rouge là bas ? Non : la présence de ce leurre, qui surveille les curieux que nous sommes, tempère ce que la gentillesse de ces jouets peut avoir de conventionnel.

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Transposés du supermarché  dans ce jardin mi-rural, mi-banlieusard d’un pavillon aux allures bretonnes, ces objets de consommation courante ont l’air artistiquement dépaysés. Impression qu’accentue leur exposition au soleil et à la pluie qui les déréalise.

environnements populaires

Sans qu’on puisse ici parler d’art brut puisque le travail s’est borné à une installation de trouvailles méditées, l’auteur de ce rassemblement peu ordinaire s’est laissé guider par un goût très personnel des volumes et des mélanges.

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C’est au début de notre siècle désœuvré qui vit le triomphe définitif de la mondialisation industrielle galopante sur les vestiges de la civilisation rurale et laborieuse que cette mise en scène dérisoire mais résolue a été entreprise par la propriétaire de ce petit domaine.

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Annick (appelons-là Annick) renouvelle et améliore sans cesse sa création avec l’aide des voisins qui lui proposent de nouvelles peluches quand leurs enfants sont trop grands pour jouer avec. Elles les mêle à des mannequins qu’elle perruque et habille.

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Composant des tableaux où elle représente un orchestre familial

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le cycliste Bernard Hinault

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la marine en goguette, des joueurs de cartes peu cézanniens

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Même les gendarmes jettent en passant un œil favorable à l’installation d’Annick. Famille d’accueil à elle seule depuis que son mari est mort, Annick se réjouit que ses protégées trouvent dans la contemplation et l’usage de son installation un motif d’occupation agréable.

Cela donne naturellement à cette installation un autre sens que celui qui pourrait être le sien si, d’aventure, elle était née dans un autre lieu. Un musée, par exemple. Ou une exposition d’art contemporain. Car rien n’est impossible dans notre monde d’inversion des valeurs.

29.06.2014

A la recherche de l’Héritière perdue

AVIS DE RECHERCHE.

A Trélévern L’Héritière a disparu.

Beaucoup moins connue que la Vénus de Quinipily de Baud (Morbihan) dont elle a été parfois rapprochée

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La Penheres (L’Héritière, en breton) est une imposante statue à la rudesse impressionnante. Dernier domicile connu : le parc de Kergouanton, un manoir discret du côté est de la baie de Perros-Guirec. Seul portrait en circulation : une carte postale 1900 dont la reproduction ne court pas le net.

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Selon le témoignage d’une autochtone recueilli par votre petite âme errante, l’auteur du cliché a fait son possible pour suggérer des dimensions colossales. En réalité le beau moustachu cravaté qui est censé donner l’échelle n’est pas sur le même plan que La Penheres. Astuce de photographe. L’Héritière n’était sans doute «pas si grande que ça». Environ 1 mètre 72. Comme mon informatrice qui a eu l’occasion de se mesurer à elle. tete detail 4.jpgLe nez « cassé par des gamins » aurait été remplacé par du plâtre. Origine : rien ne prouve que La Penheres témoigne d’un culte ancien. Les visiteurs ont vite fait en Bretagne de voir des déesses celtiques partout.

832845188.jpgIl pourrait tout aussi bien y avoir parfum d’art brut là dessous. Le «Jeu d’un artisan primitif?» comme se le demande le noir Guide de la Bretagne mystérieuse paru chez Tchou au temps de la Révolution Culturelle (1966). 

Depuis, les Côtes du Nord sont devenues d’Armor, le manoir a été vendu et son dernier propriétaire d’origine (aujourd’hui défunt) aurait emporté la statue. Aux dernières nouvelles elle aurait été vue dans les parages de Pleumeur-Bodou, non loin de Saint-Uzec et de son menhir de 7 m de haut dont la christianisation naïve n’est bizarrement pas une catastrophe.

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«Un peu abandonnée, dans une haie» m’avait-on dit et j’avais cru comprendre que c’était sur une voie parallèle au chemin de la corniche qui serpente entre Trébeuden et Trégastel. Mais j’ai eu beau explorer les parages de cette arrière-côte en face de l’Île Grande, je n’ai trouvé nulle trace de la mystérieuse Penheres.

La piste s’arrête là et pour reprendre l’enquête, il me faudrait de nouveaux indices. Aux lecteurs de mon blogounet, je lance donc à la mer cette bouteille : QUID DE LA PENHERES ?

la vénus de quinipily de baud,la penheres de kergouanton,art brut,art populaire,bretagneFormidable ! Yaka demander ! Laurent Jacquy des Beaux Dimanches passait par là et ce dénicheur de rares images m’envoie une autre carte postale où figure en tout petit (mais quand même) la Penheres. La flèche rouge est de lui. Cliquer pour agrandir.

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Bravo à son œil de lynx et bonjour au Facteur Cheval de Bernard Bras (voir le post du 29 juin sur son blogue).

27.06.2014

Les gargouilles de Loc Envel

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Rothéneuf? Non : Loc-Envel. Un village perché à l’orée de la Forêt de la nuit (Koat an noz). Quatre bornes aux sud de Belle-Isle en Terre où veille depuis 1910 une Marianne de grande allure populaire avec son sein en artichaut et la tristesse d’avoir perdu son nez.

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Loc-Envel et son église pur jus breton dédiée à deux saints frangins qui masquent peut-être le souvenir lointain de jumeaux druidiques.

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Ambiance mystère-gagnant à l’intérieur. Grosses dalles au sol : on imagine le bruit des sabots. Petites ouvertures pour les lépreux.

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Jubé très XVIe comme une préface à l’heroic fantasy qui se déploie à l’intérieur sur les poutres du plafond.

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Dragons et petits cochons, personnages grotesques, drôles de gueules plus ou moins sacrées.

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Le tout coloré dans l’ombre. On peut faire de la lumière en mettant une thune dans un bastringue près de l’autel mais il faut se farcir alors un commentaire qui prend la tête du pauvre visiteur.

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Cette espèce de rude magie se prolonge en pierre à l’extérieur. Avec des gargouilles à vous donner la colique. M’est avis que dans les temps, on devait pas trop se promener la nuit autour.

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C’est l’une de ces créatures « sauvages » qui m’a fait penser aux rochers sculptés de l’Abbé Fouré. Tant il est vrai qu’en Bretagne, on a l’impression que, depuis les hommes préhistoriques, les créations rustiques se superposent au travers des siècles, aussi facilement que les feuilles d’un artichaut.

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L’impression seulement. Pour revenir à la réalité, je vous invite à noter que le samedi 28 juin 2014, l’Asso Les Amis de l’œuvre de l’Abbé Fouré tiendra son AG annuelle à la Maison de Quartier de Rothéneuf. A 10 heures du mat c’est un peu tôt pour moi parce mon Trégor c’est pas la porte à côté. Mais si vous naviguez dans les parages de la cité malouine, c’est dans vos possibilités.

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Bon maintenant je vous quitte parce que je dois faire mon ragoût de mouton à l’irlandaise. Et les navets, il n’y a pas que dans les films que c’est long à éplucher.

00:18 Publié dans De vous zamoi, Glanures | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : gargouilles et engoulants, loc envel, bretagne, marianne | |  Imprimer | | Pin it! |

25.06.2014

Ma zi koant et son vaisseau de pierre

Il siffle doucement et les fourmis s’abstiennent de grimper aux murs de sa jolie maison (zi koant en breton).

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Eugène Bornet a de ces dons qu’il garde modestement pour lui. Eugène s’auto-guérit en posant la main sur ses vieilles douleurs. Eugène parle aux 200 oiseaux de son jardin : «Pinson, approche, je ne te vois pas…Pinson, chante maintenant!».

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Cela suffirait presque à son bonheur, lui dont les épreuves de la vie n’ont pas entamé la douceur. Mais il y a ce grand vaisseau de pierre qu’il a installé en figure de proue de son jardin sous le regard bienveillant de la mairie de son village situé près de Belle-Isle en Terre.

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Terrien, Eugène Bornet a beau l’être, c’est à la mer qu’il a voué son parterre. Sa défunte épouse était d’Audierne, voyez-vous. Avec les cailloux des champs et des rivières il a donc bâti, à côté de son trois-mâts, l’abri du marin (sa boîte aux lettres)

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un phare miniature

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un rocher-chapelle «comme dans tous les ports»

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Un portail aux mouettes aussi. Les «habitants-paysagistes»  nous ont familiarisé avec ces volatiles en ciment armé.

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Amoureux des fleurs naturelles, Eugène Bornet se montre plus original dans la confection de bouquets minéraux dont il orne son mur d’enceinte. Les règnes végétaux et minéraux se superposent sans peine pour lui.

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Les créatures vivantes aussi, comme ces crapauds qu’il affectionne et qu’il réalise avec un reste de ciment ou dans une pierre grêlée, trouvée telle quelle et à peine retouchée.

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La rigidité de la pierre, il ne viendrait pas à l’idée d’Eugène d’en regretter l’ingratitude. Lui qui a éprouvé dans ses bras les terribles raideurs d’une sévère ankylose qui l’a soustrait à 45 ans à son travail de maçon, il a su faire avec. Et reconquérir par le travail artistique sinon la pleine santé du moins son autonomie.

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Pour éviter la paralysie puisque le chirugien lui avait dit de «faire des bricoles». Ainsi armé de son courage et de sa souriante bonne volonté, Eugène Bornet, avec cet innocent dandysme qui caractérise les bons jardiniers, répond volontiers à la curiosité des visiteurs de passage.

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A ceux qu’il sent vraiment intéressés par son petit domaine et ses créations (car il devine les gens et les choses), il confie : «moi, j’adore la pierre, c’était mon métier!».

21.06.2014

Josefa Tolrà : un fluide vital

C’est toujours au moment de partir qu’on trouve une raison de rester. J’avais déjà un pied dans ma VW de location quand Pascal Hecquer, le libraire de la Halle Saint-Pierre a mis entre mes mains un livre (ou un catalogue ?) sur Josefa.

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Mon petit cœur a fait boum boum devant la ligne serpentine des dessins que j’ai aperçus du coin de l’œil. Mais dehors mon chéri s’impatientait de tailler la route du grand ouest. Je me suis dit que ce serait bien le diable si je ne retrouvais pas les œuvres de cette créatrice médiumnique sur le Net. Aussi à peine mes valises posées dans mon gîte rural sous le vent, à peine mon wifi installé, je me suis offert une dérive virtuelle à la recherche de Josefa Tolrà.

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Et je suis allée de bonnes surprises en émerveillement. Un bienfaiteur de l’humanité brute du nom de Farinagaleta a eu la bonne idée de poster sur Youtube une vidéo. Elle nous balade, au son d’une envoûtante musique soufi (?), dans une exposition de dessins de celle que ses contemporains appelaient volontiers Pepeta Cabrils.

Car la merveilleuse Josefa, dont l’activité artistique couvre les années 1942-1959, habitait Cabrils. Vous savez : une localité située au dessus de Barcelone après Badalona et son camping où vous échouâtes une nuit, faute de place dans les hôtels de la capitale catalane.

Ne remettez pas à plus tard le visionnage de ce film. Zappez plutôt votre boulot. Oubliez d’aller chercher vos enfants à l’école. Il vous en dira plus que je ne saurais vous dire sur la fluidité, l’électricité, le charbonneux lacis des entrelacs, les écailles veloutées des parures de Josefa Tolrà (1880-1959).

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bordados-josefa-tolra.jpgLes figures mystérieuses de cette autodidacte qui commença à dessiner à 60 ans après la perte de deux de ses enfants, intéressèrent en leur temps le poète Joan Brossa, le psychiatre Joan Obiols et le peintre Antoni Tapiès.

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Sa production comprend aussi des châles brodés de toute beauté

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des peintures,

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des poèmes et des livres

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Josefa, qui se croyait médiatrice d’un monde spirituel, mélange les scènes imaginaires, les souvenirs populaires, les visions sacrées et cosmiques.

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Après des années de silence, certaines de ses œuvres, préservées par sa fille parce que «données» à sa mère par des «anges de lumière», sont réapparues récemment aux yeux du public.

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Lors d’une exposition à Mataro qui présentait des pièces venues du fonds du Musée Reina Sofia de Madrid et de celui du MACBA (Musée d’Art Contemporain de Barcelone).

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Le premier d’entre vous qui me dira, devant les créations de Josefa Tolra qu’il y retrouve un petit air de Madge Gill ou (parfois) la structure filamenteuse des encres de Laure Pigeon et bien… je ne lui donnerai pas tort.

21:25 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, josefa tolrà | |  Imprimer | | Pin it! |

20.06.2014

Les marcheurs du Trégor

Le Trégor est un trésor. Cette province bretonne est pleine de clochers qui ressemblent à des poissons-scie. On s’arrête (sans jeu de mots) parce que ça gargouille dans les nuages.

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Le temps de photographier une bande de singes de pierre qui ont l’air d’engueuler les fleurs du parvis.

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On en oublierait presque ce drôle de paroissien qui s’achemine vers l’église sur ses longues jambes bleu-ciel.

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N’était son air  farouche, on lui demanderait bien qui a fait son gilet rouge et son chapeau noir traditionnel réalisé avec une ardoise plate et un pot en plastique.

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C’est le jardinier de la commune, l’auteur de cette sculpture si judicieusement mise en scène.

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Je tiens l’information d’une de ses concitoyennes qui promène son chien. «Mais c’est surtout un bon jardinier!» croit-elle bon d’ajouter. Cette remarque un tantinet restrictive suffit à me lancer dans une enquête de terrain, au grand dam de mon chéri qui préférerait aller boire une petite bière Philomenn bien fraîche.

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Que l’art rustique et coloré du jardinier-sculpteur interloque ses contemporains me confirme dans l’idée de son talent natif.

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En cherchant bien, j’ai découvert sur un rond-point à la sortie du bourg, une autre pièce du même type.

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Même sens du mouvement. Même habileté à tirer parti de la forme naturelle d’une branche.

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Même physionomie presque timide due à un traitement savoureusement « primitif » de la gouge.

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Aux dernières nouvelles le créateur de ces « marcheurs » aurait œuvré aussi à l’école. Si j’en apprends davantage, je vous tiens au courant.

22:34 Publié dans art brut, Glanures, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art du bord des routes, bretagne | |  Imprimer | | Pin it! |

01.06.2014

Les civilisations d’Ody Saban

J’apprends avec plaisir par un mail-invitation officiel que la Galerie Claire Corcia qui, depuis plusieurs années déjà (voir mon post du 10 avril 2010 Haude et Ody rêvent d’Eros) travaille d’un cœur vaillant à la promotion de l’œuvre d’Ody Saban, consacre à cette artiste une exposition in-di-vi-du-elle du 4 juin au 19 juillet 2014. Sur le thème odysabanesque des Civilisations de la forêt inondée. Cela s’annonce moite et flexible. Souple comme liane et métamorphique. En dérive sur des fleuves non impassibles. Fort bien.

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Mais pourquoi faut-il alors que Claire Corcia se croit obligée d’en rajouter une louche en dossardisant ainsi la pauvre Ody : «artiste ART BRUT de renommée internationale»? CC serait-elle gagnée par la pompidolisation rampante?

Le charme de Saban c’est de s’approcher de certaines formes d’art : orientalistes, brutes, surréalistes, cloches (jadis) tout en les tenant à distance par sa peinture même qui les avale, qui les digère, qui les régurgite parfois. Au profit de son propre programme, violenteur de syncrétisme.

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Alors pourquoi ce clin d’œil appuyé à la cantonade privée et institutionnelle, si ce n’est que l’on cherche à transformer celle-ci en acheteuse? Je ne connais rien au business mais il me semble que c’est d’abord par la mise en valeur des qualités propres à un peintre qu’on risque de lui gagner un public pécunieux. Et non en l’inscrivant, plus ou moins judicieusement dans ce qui est devenu aussi un phénomène de mode.

20:26 Publié dans De vous zamoi, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ody saban, galerie claire corcia | |  Imprimer | | Pin it! |

28.05.2014

Les CQFD de La Voix du Nord

On ne sait plus où on en est avec l’art brut. Tout le monde en fait. Tout le monde en est. Tout le monde en parle. Heureusement il y a des gens qui se décarcassent pour expliquer quoi que c’est. Pas plus tard que récemment Savine Faupin, «conservatrice en chef du musée du LaM, à Villeneuve d’Ascq» a donné, selon La Voix du Nord qui a relaté l’événement le 22 mai 2014, une conférence sur ce sujet qui nous passionne à l’unité de psychiatrie de Denain.

Hélas, elle a eu beau dégainer ses diapositives pour faire découvrir toutes les beautés de la chose à ses auditeurs, il semble qu’elle ait été mal comprise. Puisque, poursuit la VDN, « tout le monde a été bluffé par les magnifiques sculptures réalisées par un pensionnaire de l’unité Pierre-Janet et exposées dans le hall de l’établissement ». En voici un exemple !!!

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20:44 Publié dans Gazettes, Nos amies les bêtes | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Imprimer | | Pin it! |

26.05.2014

Portraits de famille entre Mikado et Medrano

Au chapitre des mauvaises idées, je me suis frité avec ma BAL où un postman avait coincé un paquet de bouquins. 3/4 d’h de boulot à la fourchette à escargot que j’ai fini par me planter dans la mimine.

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le collectionnisme.jpgAmère victoire  : un livre esquinté. C’est dommage puisque cet Essai sur le Collectionnisme (1921) d’un certain Dr Henri Codet contient un chapitre sur Le Collectionnisme des aliénés et les entassements absurdes.

Exemple, cette dame âgée: «Tout chez elle était minutieusement rangé, étiqueté, en vue d’une utilisation possible (…). Elle en était arrivé à ce point que l’on trouva dans ses tiroirs (…) un paquet portant la mention : Petits bouts de ficelle ne pouvant servir à rien».

Comme dit Dubuffet dans une lettre à Chaissac (12 mai 1947) : «Ce qui est agréable c’est les gens qui font de l’art sans le vouloir et sans le savoir».

DSC00148.jpgJe ne crois pas que ce soit le cas d’Antoine Gentil. J’ai déjà eu l’occasion de vous signaler les contributions de ce garçon à l’organisation des expos du Musée Singer-Polignac (Ste-Anne s’émancipeLa Fabu entre à Ste-Anne). Mais mettre en scène n’interdit pas de faire preuve d’intuition.

Votre petite âme errante sachant saluer une bonne idée lorsqu’elle se présente (sur le boulevard Rochechouart, au 57 bis, entre l’ex-Mikado et l’ex-Médrano) s’en voudrait de ne pas vous signaler la petite dernière du jeune et barbu Gentil. Son installation est impressionnante sans être prétentieuse. Vous tombez dessus en descendant de la Halle Saint-Pierre ou du Sacré-Coeur.

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Dans une vieille boutique, une accumulation sans cesse mouvante de photographies issues d’albums familiaux. On s’agenouille devant. On y brasse, on y nage «comme Picsou dans son trésor» me fit remarquer un visiteur porteur d’une petite croix au veston. Sur ce, il cassa le parapluie sur lequel il prenait appui pour scruter les visages d’inconnus qui s’offraient à nous sur le sol.

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Pour une somme symbolique, on choisit une photo en souvenir. Antoine  Gentil vous tire alors le portrait en compagnie de votre acquisition.

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Vu le nombre de curieux qui se scotchent devant la vitrine (et qu’Antoine photographie aussi) ça m’étonnerait pas que cette expo  parisienne (qui durera tout le mois de juin 2014) devienne tendance.

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Elle aurait pu figurer dans ce drôle de Jean-Pierre Magazine, un ouvrage collectif conçu en mars 2001 par Hans Peter Feldmann pour une expo au Centre National de l’Estampe et de l’Art Imprimé à Chatou.

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JPM réunissait plusieurs choses dignes d’animulité. Des stocks d’images constitués par Bruno Richard

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des écritures silencieuses, journaux intimes trouvés par Maxime Sigaud sous le concept De l’anonymat considéré comme un des beaux-arts

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Quelques fragments du Livre de l’historien (et ex-enfant caché) Fred Kupferman (1934-1988), étonnant recueil de dessins, collages et textes («La demoiselle d’Avignon sent un peu l’aïl, beaucoup l’oignon») constitué dans l’ombre à partir de 1970.

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25.05.2014

Marie à travers le Miroir

Le printemps s’impose. Je surveille à la jumelle les arbres de ma cour qu’un jardinier improvisé a cru bon de scalper. Je compte les feuilles qui reviennent malgré tout. Une feuille, deux feuilles, je feuillette à donf.

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Pareil dans les vide-greniers qui avec le printemps se sont mis aussi à éclore un peu partout. Caressant hier d’un doigt distrait un tas de vieux papiers plus ou moins corrosifs pour mon vernis Chanel, j’ai sorti du lot le numéro 83 du 3 octobre 1931 du Miroir du monde, un hebdo qui faisait la part belle à la photo. Peut-être à cause de son image en faisceau de projecteur.

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Bien m’en a pris. Car vlatipas qu’à l’intérieur, je tombe (page 412) sur un article d’un certain René Jaubert intitulé L’art chez les aliénés. Bingo! Inconnu de mes services! Il est centré, figurez vous, sur le Dr Auguste Marie et sur l’exposition des toiles de ses malades en 1928 «où elles firent l’admiration de toute la gent picturale» (entendre par là «les jeunes fauves montparnassiens»).

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Notons au passage que ce papier rectifie par l’image une erreur commise jadis (en octobre 1905) par le journal Je sais tout quand il avait publié l’article du Docteur Marie sur Le Musée de la folie. Le barbu à nœud papillon et mains dans les poches figurant dans les deux publications est correctement identifié dans Le Miroir du monde comme le Docteur Lombroso de Turin.

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L’article de Jaubert est accompagné en outre de quatre reproductions photographiques. Deux que je connaissais déjà représentant Marie aux côtés d’une «curieuse panoplie» qui fait penser avec trente ans d’avance à l’accumulation d’un Nouveau-Réaliste.

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Une autre représentant un paysage qui rappelle Barbizon au journaliste mais qui a tout l’air d’un Helen Smith.

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Une autre encore restituant la Vision d’une course de lapins montés par des jockeys lilliputiens où «l’on discerne (…) deux énormes chiens prêts à sortir de l’eau, un homme tenant une sorte de longue lyre à la main et, au loin, une foule de spectateurs sous des ombrages à la Corot».

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Cette étrange composition serait l’œuvre d’un toxicomane. Toutes ces images sont, bien sûr, en noir et blanc mais je ne vais tout de même pas vous les coloriser comme la télé le fait des films d’avant le technicolor. 

16:29 Publié dans art brut, Ecrits, Gazettes, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, dr auguste marie, dr cesare lombroso, le miroir du monde | |  Imprimer | | Pin it! |