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27.02.2008

Lucien Henry, 20 ans déjà

1546985894.jpgJ’ai déjà mentionné son nom quand je vous ai parlé (le 13 novembre 2005) des "auras" de Boris Bojnev mais les occasions de parler de Lucien Henry, le galeriste-poète de Forcalquier, sont trop rares pour que je n’improvise pas une petite danse techno quand il revient dans notre actualité. Donc voilà votre Petite Ame Errante qui remue son derrière comme Gloria, l’hippopotame du film Madagascar en chantant :  «I like to move it, move it».

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C’est que la chose en vaut la peine. Lucien Henry a trop à voir avec l’art brut. Il appartient trop à la race de ces passeurs qui ont su mettre celui-ci en correspondance, et même en résonnance, avec d’autres formes estimables de la poésie, voire de la culture (par exemple : les confitures pour le Livre de recettes qu’il préfaça) pour que je passe sous silence le beau papier qu’Alain Paire vient de lui consacrer sur le site de sa galerie-librairie d’Aix-en-Provence.
Lucien Henry, tous ceux qui l’ont connu le regrettent. Lulu, pour les amis  (il avait le don de vous traiter très vite comme tel, paraît-il), envoyait des invitations ponctuées de mots essentiels : «on fait, on croit, on dit».

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Comment se soustraire à un tel programme, surtout énoncé avec cet air intelligent, malicieux et franciscain qui le caractérisèrent jusqu’à ce que soit mis brutalement un terme à son sourire de barbe à papa.

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Lucien Henry - Photo Patrick Box

Le titre du texte d’Alain Paire, Le Seigneur de Forcalquier, répète celui d’un article que ce critique d’art devenu galeriste a donné au Provençal le 1er janvier 1989, au lendemain de la mort d’Henry.

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Personnellement, je n’en suis pas folle parce que Lulu avait une bouille vraiment trop dépourvue de grands airs comme on peut s’en rendre compte sur cette photo de Bruno Montpied publiée en mai 89 dans le N° 37 du bulletin rose bonbon de l’Asso des Amis de François Ozenda.

L’était autant du genre à fréquenter les zonzons que les châteaux, Lulu.

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1564104936.jpgIl l’a relaté magnifiquement dans Les Petites fenêtres (sa Geôle de Reading à lui) publié par son ami Robert Morel dont la fille Marie confectionnait régulièrement des enveloppes décorées pour le Centre d’Art Contemporain de Forcalquier. Mais si vous voulez connaître l’ambiance de celui-ci, lisez Alain Paire.

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Carte postale association Boris Bojnev

Il vous dira tout sur Lulu, ce personnage, assez universel pour que Bernard Buffet lui file de temps en temps un coup de mains alors qu’il mettait dans sa collec Louis Pons, Gilbert Pastor ou Bedarride. Une asso Boris Bojnev organise parfois des expos dans le Centre à Lulu aujourd’hui. Sa collec appartient maintenant à la ville mais comme je peux tout de même pas être toujours fourrée dans les Alpes de Haute-Provence, je me suis cassé le nez la dernière fois que j’y suis passée.

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Deux choses encore avant de vous lâcher la grappe.
Si quelque Animulien pouvait me dire où me procurer En Roulotte et à pied en Haute-Provence à travers la montagne de Lure (Plon, 1984) de Marie Mauron, ça me ferait plaisir. Il est question de Lulu là-dedans.
Et pour finir sur une note joviale, lookez donc la photo de ce Barbu Muller que Lucien Henry envoya à mon daddy en septembre 1989.

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Il est «maintenant au su et au vu de tous», lui écrivait-il, «Il étoffe la collection, il lui donne raison».

Selon une indication de Lucien Henry, au verso du cliché, il proviendrait de chez Henri-Pierre Roché.

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24.02.2008

L’Entre-Deux d’Yves Bélizaire

0f4f53f2eed50c6ecd4f734df01dcd5a.jpgEn ce monde de division, la Réunion est un beau mot, n’est-ce-pas ? Aussi me suis-je jetée comme une bête sur le n°345 du magazine Géo (novembre 2007) qui consacre un dossier à l’île du même nom.

Et voilà-t-il pas qu’au milieu des fougères géantes, des cascades paradisiaques et des paysages volcaniques à la Jules Verne, je tombe sur le Jardin des Rêves d’Yves Bélizaire qui habite le village de L’Entre-Deux.

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Et oui, que voulez-vous ? n’en déplaise à de récents clichés touristiques, La Réunion n’est pas seulement terre de Miss France, c’est aussi un haut-lieu de l’art libre, de l’art vivant et naturel. En un mot : de l’art brut.

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C’est à M. Bélizaire qu’elle le doit. «Le regard clair, aimant le contact, quelque peu habité, Yves Bélizaire s’exprime beaucoup en créole». J’emprunte ces lignes à une carte postale (en bois) expédiée de là-bas par Violette que j’avais envoyée en mission sur les traces de ce créateur exceptionnel. 

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Entrée du jardin des rêves 

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Entrée de la Jungle  

Elle m’a ramené une série de photos de ce site nouveau, prises par son fils Olivier pendant qu’elle faisait son possible -elle qui ne parle que le français métropolitain- pour ne pas perdre une miette de ce que lui racontait Bélizaire sur ses sculptures embâchées, plastifiées, ligaturées, noyées dans un décor végétal, amalgamées à des clous, du bois mort, des bouts de tôles, des matériaux divers.
 
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Impossible de soustraire cette installation grouillante au contexte de L’Entre-Deux. Jadis refuge pour les esclaves en fuite, ce village garde du temps où il était à l’écart du développement côtier, une authenticité indéniable.
Le Jardin des rêves et La Jungle qui va avec, sont aménagés près de l’église, au dessus de la case (la maison) d’Yves Bélizaire.

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A l’exception d’oiseaux  de couleurs dans les arbres, le blanc domine dans les sentiers balisés.

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De fausses caméras de surveillance reliées à des écrans de télé H.S. semblent nous inviter, en dépit de leur aspect sauvagement dérisoire, au respect des lieux, peuplés de rudes oratoires, de Vierges à l’enfant, de Joseph et de Marie, de Notre-Dame de Lourdes rustiques et modernes à souhait.

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Si M. Bélizaire met en avant aujourd’hui cette «magie» blanche , c’est que des événements récents l’ont conduit à un changement de palette. J’ai appris qu’en septembre 2007, il avait dû, à l’invitation du voisinage, sacrifier par le feu son précédent Jardin des épouvantails en raison du Chikungunya. La lutte pour la destruction des gîtes larvaires commandait cette mesure.

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Dommage, bien sûr, puisque dans ce site, référencé dans le Guide du Routard, proliféraient des créatures bariolées, improbables ou monstrueuses qu’il n’était pas recommandé de visiter la nuit car ça faisait vraiment peur.

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A la place de M. Bélizaire beaucoup se seraient découragés. Lui, sans se plaindre, s’est remis aussi sec au boulot, changeant sagement de thématique, par égard pour son entourage, mais restant intraitable sur la technique, ne cédant rien de ce qui fait l’attrait puissant de son expressionnisme allusif et hasardeux au sens noble du terme.

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Après Bélizaire 1 d’avant le Chik, Bélizaire Le Retour vaut le détour.

23:20 Publié dans Ailleurs, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, yves bélizaire | |  Imprimer | | Pin it! |

18.02.2008

Derniers souvenirs de Chaïm Kac

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Sur ce blogue naviguant au fil des rencontres, il a été assez souvent question de bateaux (voir les notes du 6 juin 2007, 2 juillet 2007, 7 octobre 2007) pour que je n’hésite pas à ajouter, de retour de l’exposition Derniers souvenirs au Musée du Mémorial de la Shoah, celui de Chaïm Kac à cette flottille.

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Certes, ce cadeau, réalisé pour une petite fille par son père interné à Beaune-la-Rolande dans le Loiret en 1942, ne peut être considéré comme une œuvre d’art brut.

Cet objet fabriqué dans un des ateliers du camp serait seulement une honnête production d’art populaire, n’était la charge d’émotion qui s’y attache.

Mais même s’il était possible de faire abstraction de celle-ci, il y a dans cette superposition du paquebot à un poisson étrangement représenté à une semblable échelle, quelque chose de l’espoir d’une nage assez véloce pour échapper aux mailles du filet. Espoir bien mince si l'on considère le poids qui lui pèse sur les écailles.

C’est en ce sens peut-être que le bateau de Chaïm et celui d’Auguste Forestier nagent dans la même mer.

Un nom à retenir : CHAÏM KAC.

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Chaïm Kac au centre avec son bateau, 18 mai 1942
 

 

Derniers souvenirs, objets des camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande, 1941-1942.

Mémorial de la Shoah, 1, rue Geoffroy-l'Asnier, Paris 4e.

Jusqu'au 23 mars.
 

23:22 Publié dans Expos, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Chaïm Kac | |  Imprimer | | Pin it! |

16.02.2008

San Lazzaro de 1895 à 1985

c992a171dbb788333cf9eaf5242310db.jpgCerise sur le gâteau, j’ai gardé pour vos fines bouches le catalogue de l’expo de l’hosto psy San Lazzaro de Reggio Emilia. Je le trimballais dans mon sac en (fausse) autruche en attendant de trouver le temps de vous en causer. ecc4863c728279694a952142fd319bed.jpgC’est pas le genre «bling-bling» avec débauche de thune à la clé. C’est une publication sobre quoique bien illustrée mais attention, y’a du contenu ce qui veut pas dire que c’est un casse-croûte.
Le texte principal, dû à Teresa Maranzano, nous tire en douceur au-dessus des pâquerettes. Loin d’être une brodeuse laborieusement descriptive comme on en lit trop souvent, cette signora-là a le don des formules justes qui n’ont l’air de rien mais qui font tilt.

d7a000aaeed92eb430311e4927b4e9a6.jpgJe cite : «ce qui étonne dans ces productions, c’est la capacité des auteurs de bouleverser les traditions représentatives avec si peu de moyens, d’introduire l’inattendu et l’imprévisible dans leurs figurations, bref de se jouer de la normalité».
En quelques mots, des choses subtiles et contradictoires sont prises en compte. Mame Maranzano a l’esprit clair et elle est documentée.

Ce n’est pas comme votre Petite Ame Errante qui oublie de vous rappeler que ce que Follie italiane propose à l’Espace Abraham Joly à Genève, c’est une sélection de 80 œuvres de 10 créateurs différents réalisées entre 1895 et 1985.

La Collection San Lazzaro est un exemple en Italie pour la qualité et la quantité des pièces parvenues en bon état jusqu’à nous.

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San Lazzaro vers 1900-1910 

T.M. cependant ne s’endort pas sur cette constatation. Elle se pose la question de savoir si un label "Made in Italy" pourrait être attribué à ces «œuvres de la folie». Elle scrute au fond des yeux la difficulté que l’on éprouve à les situer dans un contexte historico machin chose. «Dans la plupart des cas», nous serine-t-elle judicieusement, «ce n’est pas aux sources officielles que nous devons faire appel, mais à une mémoire visuelle plus assoupie et moins influencée par le formatage médiatique propre aux Beaux-Arts. (…) Ce n’est donc pas uniquement à la culture bourgeoise que l’on doit se référer pour lire ces œuvres, mais aussi à la culture paysanne et populaire.».
Nom d’une Hourloupe, c’est chouette à entendre ! Cela nous change des tentatives visant à faire rentrer absurdement le pied de Cendrillon brut dans la grosse grolle du mainstream. Teresa Maranzano est une affaire à suivre et j’espère pour les Animuliens qu’elle va brûler les étapes.

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Je sais déjà qu’elle travaille du chapeau pour le Musée de la Fondation Borsalino à l’occasion de l’expo Perdere la testa (La mode dans l’art outsider). Vernissage le 24 février.

Je blablate et le temps me manque pour vous en tartiner un max sur les vedettes de Follie italiane :

Federico Saraceni,

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Giuseppe Righi,

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Clarenzio Spadoni,

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Radmila Peyovic,

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Ernesto Cacciamani,

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Giuseppe Fornaciari

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Crédit photos :

Etc., etc. Leurs images parleront très bien d’elles mêmes. Et puis je compte sur vous pour aller dévorer les notices bio du catalogue FI qui est publié par La Baconnière et les Hôpitaux Universitaires de Genève (Hug).

Pour une drôle d’indienne comme moi, Hug(h)! est un bon mot de la fin.

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Hugh ! 

 

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Hug 

15.02.2008

Le ciel est bleu, Der Himmel ist blau

37d88dfe31488a4cb518abc92fdd6f32.jpgRetour chez nos petits Suisses adorés qui chôment pas, c’est le cas d’le dire, foi d’Animula. Je vous ai déjà parlé de Totor à l’Hermitage, de la Sardine collée au mur de Genève et de San Lazzaro la Belle-Idée. Sur cette dernière expo, je m’étalerai bientôt because je viens de recevoir (merci) le catalogue, d’une avenante couleur qui me rappelle le saumon à l’oseille, un de mes plats préférés.
20faeaf2a3f4558fce2e9047ab16e226.jpgTout de suite, faut que j’vous dise que ça crépite aussi du côté de l’ours de Berne, au Kunstmuseum pour rien vous cacher. Ce Musée des Beaux-Arts de la capitale helvétique présente (en binôme avec le musée psychiatrique de la Waldau) une sélection inédite d’œuvres issues de la Collection Morgenthaler.
f2c69ba539125cc76de5a922685c2922.jpg Walter Morgenthaler, vous savez bien, c’est ce petit malin qui occupa la pole position en 1921 devant tonton Prinzhorn avec son livre sur un Geisteskranker als Kunstler (malade mental et artiste) appelé à une renommée internationale : Adolf Wölfli, s’il vous plait !

Psy-chef à la Waldau de 1913 à 1920, Morgenthaler ne se contenta pas d’encourager l’œuvre de ce grand peintre «coiffé des grelots» pour m’exprimer comme Dubuffet (je me refuse rien). Il rassembla plusieurs milliers d’œuvres réalisées dans le contexte Waldausien.

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C’est un panorama sélectif de cette Collection, d’une importance comparable à celle de de la Sammlung Prinzhorn d’Heidelberg, que le Kunstmuseum de Berne propose à nos yeux ébahis sous l’enseigne de Le Ciel est bleu. Ce titre est emprunté à Constance Schwartzlin-Berberat qui créait exclusivement des lettres. 

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Si vous me croyez pas allez voir le fascicule 19 des Publications de l’Art brut.

Pour les organisateurs, cette phrase quelque peu Georges-Bataillienne symbolise l’infinitude du monde mental car l’accent est mis (c’est une bonne chose) sur la diversité des mondes créatifs.
Sachez que vous avez loupé le début du film, l’expo a ouvert ses portes le 1er février, mais ça va durer juqu’au 18 mai 2008.

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Parallèlement une rétrospective Wölfli occupe aussi les cimaises : Adolf Wölfli Universum, qu’elle s’appelle même.
Selon les infos dont je dispose, il y aurait un catalogue en allemand seulement. L’HT quand même.

Autre motif d’allégresse (Hourra, Cornes au culs, Vive le Père Dubu !), le Musée d’Ethnographie de Genève a mis sur orbite une expo sur un sujet insensé : Le Vodou, un art de vivre. Le lancement s’est effectué le 5 février mais nous aurons jusqu’au 31 août 2008 pour nous approcher avec infiniment de respect, beaucoup d’admiration et sans malsain voyeurisme, de la chose dont on sait peu, si ce n’est les caricatures zombiques proposées depuis des décennies par le cinéma.

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Le catalogue que j’ai déjà entre les mains est une merveille. Il faut saluer le travail du photographe Jonathan Watts dont les prises de vues, les éclairages ne sacrifient pas le mystère au profit de l’âpre beauté et réciproquement. L’impression, la mise en page, la typo sont super-chiadés. Presque trop des fois : certains textes en blanc sur brun sont traités pour évoquer l’ombre de l’illustration en face de laquelle il sont placés. Cela ne facilite pas vraiment la lecture mais c’est un parti-pris esthétique compréhensible dans un si bel objet.

00:20 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, Collection Morgenthaler, Constance Schwartzlin-Berberat, Adolf Wölfli | |  Imprimer | | Pin it! |

13.02.2008

Vente de la Saint Valentin

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Friedrich Schröder Sonnenstern

Heureuseument que vous êtes là pour me rafraîchir la mémoire, mes petites Animuliennes! J’avais noté le 14 février sur mon agendada mais je croyais que c’était pour me rappeler de la Saint Valentin comme toutes les amoureuses du monde. Et bien, non. J’avais oublié que c’était aussi le jour de la vente Tajan, à l’Espace Tajan, rue Tajan (non je déconne : c’est rue des Mathurins dans le 8e) à Paris, la ville où les taxis passent sans nous voir.

e9d168b84b0d20075bcd8c9fa6bc7a63.jpgL’Empereur Tajan, comme tous les six mois environ, partage en deux son luxueux catalogue pour faire voisiner des choses qui lui paraissent aller ensemble. De l’Art brut (1e partie) et de l’Art naïf (seconde manche).
Sans une correspondante vigilante qui m’a remonté les bretelles depuis l’autre bout du monde (c’est un comble !) je manquais à tous mes devoirs d’information. Il faut dire que j’ai peut-être des excuses. Cette cuvée Tajan-là ne m’a pas paru bouleversante-bouleversante en ce qui concerne les pièces d’art brut proposées.

Parmi quatre Scottie pas ravageurs, un Fusil russe d’André Robillard qui en fait regretter d’autres,

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des Germain Van der Steen en nombre, j’ai noté un intéressant Friedrich Schröder-Sonnenstern impudique, une Promenade dans un paysage fantastique de Madge Gill,

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un Crabe de Mose Tolliver,

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plusieurs Boix-Vives qui se laissent regarder dont une procession d’Insectes verts assez coruscants.

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Et puis, mais sont-ils à leur place ici ? deux Roger Chomo. Une aquarelle et feutre sur papier du genre de celle que l’ermite de la forêt de Fontainebleau cédait assez volontiers en souvenir aux visiteurs de son domaine d’Achères

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 et une huile sur toile (c’est plus rare).

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Rendez-vous demain dans la salle pour se chauffer au feu des enchères.

12.02.2008

Bullez avec l’art brut

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C’est la gloire pour les ch’tiots Picards et pour notre A.C.M national en particulier qui se retrouve dans le New York Times du 25 janvier 2008 en plein cœur d’un article de Ken Johnson sur l’Outsider Art Fair : Visionaries in a Bubble, Safe From Convention.
Après avoir fait son possible pour comprendre ce qui rapproche les créateurs logés à l’enseigne de la bulle brute «
You could call them bubble artists, because they are somehow protected within their own psychological spheres from influences that might otherwise discourage their improbable pursuits», K.J. se penche sur le cas-limite d’A.C.M., non sans se mélanger un peu les crayons dans l’ordre des initiales.

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Collection abcd 

On lui pardonne et on l’écoute : «Some works in the exhibition blur the line between outsider and insider. If you saw the amazing constructions by a French artist who goes by the initials A.M.C. (sic) in another context, you would not necessary take them for outsider art. (They’re at J. P. Ritsch-Fisch). Made from parts of computer, typewriters and other mechanical devices and populated by tiny, semi-abstract Dr Seuss-like figures, A.M.C.’s miniature architectural fantasies might be mistaken for the works of an ingenious Brooklynite with a master of fine arts degree».

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 Collection abcd

Pour ceux que cet artiste intéresse (A.C.M. maintenant l’est devenu à part entière) pour sa position originale qui le conduit à camper dans le no man’s land situé entre art brut et art tout court, je dirais que le Dr Seuss est un auteur pour la jeunesse ayant influencé le cinéaste Tim Burton. Il est bien connu aux States pour ses contes cruels et ironiques, ses textes naïfs et poétiques qu’il accompagne de dessins.

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Des œuvres (plus anciennes) d’A.C.M., on en retrouve dans la video de James Kalm qui nous fait visiter la Foire au petit pas de sa caméra vadrouilleuse. C’est marrant, ça donne l’ambiance comme si on y avait été. Et puis la diction un peu essouflée et respectueuse de Mr Kalm (le bien nommé) n’est pas stressante. Idéal après le boulot ! Même mon bougon chéri apprécie !

23:45 Publié dans Expos, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, A.C.M. | |  Imprimer | | Pin it! |

09.02.2008

Nippons delicatessen

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Photo : Lucienne Peiry 

Pour Sophie et sa potesse Virginie qui ont décidé de se faire la Collection de l’Art Brut en vélo (attention, Lausanne ça grimpe !), cette image d’Eijiro Miyama qui se balade à l’intérieur de l’invitation dépliante au vernissage de l’expo Japon le 22 février 2008 à la maison mère.
Ce nouveau show qui ne s’éteindra que le 28 septembre se présente sous l’égide d’un volatile sans ailes, au cou épineux et aux pattes plombées, d’une austère grandeur.

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Takashi Shuji

Il regroupe 12 créateurs autodidactes japonais. Certains : Obata Masao, Sawada Shinichu (ou Masao Obata et Shinichu Sawada puisqu’au pays du levant soleil tout le monde s’appelle Chaissac Gaston) ne sont pas étrangers aux Animuliens-Cœurs-Fidèles puisque votre P.A.E. a déjà eu l’occasion de vous les présenter quand elle vous a parlé le 3 novembre 2006 (ce que le temps file!) de la Bordeless Art Gallery No-Ma de Shiga dans sa note intitulée : Art brut ami, partout, toujours.

ART BRUT AMI, PARTOUT, TOUJOURS

est une formule que vous devriez broder sur vos T-shirts, mes petites Animuliennes (et p’tits Animuliens pour ceux qui n’ont pas honte de tirer, tirer l’aiguille). Oui, l’art brut est toujours là et même un peu là. Oui, l’art brut est partout.

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La source est pas près de s’tarir comme le prouve la centaine d’œuvres présentées à Lausanne avec un catalogue en français, jap, anglais, bourré de textes de Yoshiko Hata, Tadashi Hattori, Sarah Lombardi et Lucienne Peiry (39 CHF ou 65 le pack contenant aussi des films de Lespinasse Philippe et Alvarez Andress).


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 Masao Obata

Je sais bien que c’est dur mais il faut mémoriser les noms des auteurs de ces «productions-peintures, dessins et sculptures- (qui) témoignent d’une richesse et d’une diversité étonnantes», selon le carton lausannois : Takanori Herai, Mitsuteru Ishino, Moriya Kishaba, Hidenori Motooka, Satoshi Nishikawa, Takashi Shuji, Yoshimitsu Tomizuka, Yuji Tsuji, Toshiaki Yoshikawa.

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 Hidenori Motooka

Tous, «dérogent à la tradition et conçoivent des univers uniques». Ce qui n’empêche pas le rédacteur de la notice-invitation de s’élever, c’est tout à son honneur, à une réflexion contradictoire : «chacune de ces pièces porte l’empreinte de la délicatesse et du raffinement attachés à la culture nippone.

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Toutefois l’emprise de la culture japonaise a très peu d’impact sur ces créateurs».

La seule chose qu’on puisse lui reprocher à ce rédacteur ou cette rédactrice, c’est d’abuser un peu du mot «délicatesse» qui revient à propos de la méthode utilisée par l’opérateur des films, modestement crédité d’«interventions sobres ( ?????)».

Car enfin, la délicatesse et la raffinerie au Japon, il ne faudrait pas oublier qu’elles passent aussi par le vent du sabre et par l’esthétisation de la mort volontaire chez le peuple le plus décoratif de la terre.

 

            Shinichi Sawada 

 

Crédit photos : Onishi Nobuo 


20:25 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, eijiro miyama, shinichi sawada, hidenori motooka, masao obata, takashi shuji | |  Imprimer | | Pin it! |

08.02.2008

En revenant de l’Outsider Art Fair

C’est pas mon habitude de vous passer les plats quand la table est desservie mais là j’ai des excuses, j’attendais que Brigitte rentre de NewYork avec son chien Louping pour vous parler de l’Outsider Art Fair.

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Si NYC est une Grosse Pomme, Louping est un scottish terrier hyper gambadeur. Au resto, Louping gîte sous la table en gémissant d’un air impérialiste au fil de la conversation.

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A l’heure de la soupe aux pois, Louping se tient coi pendant que sa maîtresse fait le tour d’horizon en feuilletant l’amour de petit livret lilas qui présente les 34 participants.

«Pas très phasant, beaucoup de classiques…» dans cette 16e édition de la foire.

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Brigitte s’est tout même emballée pour les «quatre Soutter à tomber à genoux» des Berlinois Fischer Kunsthandel 

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 et, sur le stand de la Henry Boxer Gallery,pour «deux magnifiques Scottie aérés»
 
 
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f7b2ef910b6772c54c0676325d598977.jpg«Sans compter, de très beaux Ramirez chez Ricco/Maresca et William Hawkins, l’autre must …» pense Louping en reniflant l’odeur de la tranche de rosbeef qui s’approche. Piquant un roupillon quand BriBri se lance dans les potins : le stand minuscule de Raw Vision, Jennifer Pinto Safian «qui parle un français excellent», la perruque verte de Judy Saslow, la galeriste de Chicago chez qui Brigitte a remarqué les trains rézoteurs de James Allen,

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cfef545aee1a787e1c856364a52275c6.jpgLouping s’éveille quand il sent la moutarde monter dans les tours de sa maîtresse. Elle n’a rien vu d’extra à la Galerie der Künstler.

D’ailleurs ça la gonfle de voir Gugging dans la foire, «ça lui enlève de son mystère». Que tout le monde ait sorti ses Jimmy Lee Sudduth parce que ce créateur vient de disparaître, ça la vénère aussi.

Le toutou soupire d’aise quand Brigitte, inversant la vapeur, se met à positiver à mort :

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«oh, le one man show Michail Paule à la Galerie Susanne Zander, oh l’incontournable Darger du booth 28 (Andrew Edlin Gallery),

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Whaô, le Damian Michaels de chez Bourbon-Lally, la galerie haïtienne, c’est très beau Hiroyuki Doi chez Phyllis Kind,

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Minnie Evans chez Luise Ross et Kunizo Matsumoto c’est pas mal non plus (malgré le phénomène de mode) chez le Japonais Yukido Koide».

b20477125592d9855f6db0e0f1447dcb.jpgA ce stade, Louping étouffe ses jappements. 030e4b11f444de692cb5f9d8752d45d7.jpgIl doit patienter, la mousse au chocolat venue, pour entendre l’éloge de la dizaine d’Emery Blagdon Chez Cavin-Morris Gallery et celui du Minnie Evans de la Luise Ross Gallery.

Mais il grogne carrément comme un ours quand BriBri nous colle sous la soucoupe les découvertes que cette petite fûtée a faite dans les cartons de The Ames Gallery : les dessins déjantés de Deborah Barrett

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et les hybrides dessins-collages de Chris Dalton Powell.

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J’aurais voulu vous en dire plus mais Louping tirait sur sa laisse pour aller faire pipi dehors.

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03.02.2008

La chambre de Darger

Bon aujourd’hui, je vous propose de me suivre dans la chambre de Darger. La vraie, telle qu’elle a été photographiée par Michael Boruch.

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Regardez-la bien : personne ne peut plus la voir car le 851 de la rue Webster à Chicago -domicile du créateur 40 ans durant- ne l’abrite plus. Le contenu de cette chambre a déménagé en l’an 2000 sur la Milwaukee Avenue (756 N) de la même ville. C’est le siège de l’Intuit, c’est-à-dire le Center for Intuitive and Outsider Art. Sous la houlette de Jessica Moss, «Curator of the Henry Darger Room Collection», cet Intuit a la bonne idée de nous offrir, jusqu’au 28 juin 2008, une exposition du «home» dargergeois. Voici une image de cette installation (le cliché est de John Faier).

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«Installation» et non reconstitution ou restauration car l’Intuit a la bonne idée de ne pas nous proposer ce travail, pourtant minutieux dans l’exactitude, comme la réplique d’une réalité du passé. Je vous propose, Animuliens de la terre, d’applaudir de toutes vos mimines à ce décalage assumé parce qu’il a l’avantage, en ne cédant pas à un illusoire réflexe revival, de respecter le créateur et de pousser le public à la réflexion sur sa création, non au fétichisme à propos de sa personne.

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Après tout, Henry Darger n’organisait pas de visites guidées de son laboratoire. Il est bon de ne pas l’oublier.

19:34 Publié dans Expos, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : art brut, Henry Darger | |  Imprimer | | Pin it! |