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25.01.2009

Castellammare del Golfo honore Giovanni Bosco

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Photo : ZEP

Giovanni Bosco sort de l’ombre. L’œuvre de ce grand créateur d’art brut sicilien aussi. Giovanni Bosco, dessinateur et muraliste d’exception, dont votre petite âme errante est fière de vous avoir révélé l’existence un soir de mai 2008 (le 25 pour être précise). Grâce à Boris Piot, l’un de ses fidèles lecteurs, qui l’avait mise sur la piste de Castellammare del Golfo.

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Car je peux bien vous l’avouer maintenant c’est cette pittoresque bourgade balnéaire située non loin de Palermo qui est la patrie de Giovanni. C’est donc sous le patronage de la Municipalité de Castellammare et de la Province de Trapani que va se tenir une exposition Bosco dont on parlera dans les chaumières italiennes, françaises, suisses et… animuliennes.

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Bosco émerge, du moins sa main, couverte de peinture rouge et brandissant une brosse, sur la couverture du catalogue et sur l’affiche qui nous informe des dates assez resserrées de l’événement : 31 janvier -7 février 2009. Le 31 janvier c’est le jour dédié au saint local : un certain San Giovanni Bosco, homonyme de notre peintre. Comme il est très populaire là bas, notre Giovanni Bosco à nous devra vaincre une forte concurrence pour se voir indexé sur Google.

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Castellammare del Golfo : mur peint et corso Garibaldi

Il reste à souhaiter par conséquent que cette exposition castellammarienne (qui est doublée par un colloque sur l’Actualité de l’art brut) soit suivie de plusieurs autres initiatives pro-Bosco. Un soutien attentif et respectueux a été apporté sur place ces derniers mois au peintre, qui n’a pas été épargné par la vie et dont la santé n’est pas des meilleures, grâce à l’action conjuguée d’Eva di Stefano, coordinatrice des différentes facettes de l’opération et de l’organisation ZEP (Zéro Euro Production).
Eva di Stefano, vous la connaissez. Elle est l’auteur du livre sur l’art brut et l’outsider art sicilien, intitulé : Irregolari. Je vous en ai parlé dans ma note du 22 juillet 2008.

Les ZEP, c’est une société d’étudiants de la ville qui réalise des vidéos.

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Un de leurs films, Giovanni Bosco dottore di tutto, figure au programme.


L’exposition sera abritée dans une salle (Aula consiliare) du Palais Crociferi. Les participants au colloque : Eva di Stefano, Lucienne Peiry, Michel Scognamillo, Teresa Maranzano et Domenico Amoroso (directeur du Musée d’Art Contemporain de Caltagirone où une section est consacrée aux artistes outsider siciliens) se réuniront au Teatro Apollo dans le même palais.

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Tout ce beau monde se retrouvera peu ou prou dans le catalogue. On attend du soleil et 15° Celsius. Aux commandes de l’avion, 3 pilotes dont on attend beaucoup : la ZEP, l’Observatoire Outsider Art de l’Université de Palerme et la Fondation Orestiadi di Gibellina.

Link : Per i nostri amici italiani.

couv création franche.jpgDernière nouvelle : le hasard veut qu’au moment où nous mettons sous presse, le n°30 de la revue Création Franche se décide à sortir (merci Anne, merci Sophie, merci Gérard) avec 7 reproductions couleurs accompagnant un texte de Jean-Louis Lanoux, intitulé Giovanni Bosco au cœur de l’art brut.

 

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13:24 Publié dans Ailleurs, Ecrans, Ecrits, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, giovanni bosco, castellammare del golfo, création franche | |  Imprimer | | Pin it! |

20.01.2009

Outsider Art Fair 2009 : y a pas photo

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obama pele mele.jpgL’Outsider Art Fair 2009, ce sera pour une autre fois. On peut pas compter sur les Américaines en ce moment. Elles n’en ont que pour Obama. Avec le nouveau président qui s’avance toutes dents en avant et sourire hamburger aux lèvres, impossible de leur faire penser à autre chose.
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J’avais réussi à en décider une à négliger un moment le couronnement de la nouvelle idole des foules pour me faire un petit reportage photo sur l’O.A.F. qui a quitté cette année le Puck Building, épicentre de downtown, pour le carrefour 5e avenue/34e rue mais la date limite du 11 janvier est largement passée et je n’ai toujours pas reçu le moindre petit bout de fichier images sur cette manifestation quasi rituelle du New York brut.

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Sur la tête de mon daddy que j’ai la rage ! Mais je peux pourtant pas vous planter là sans nouvelles alors je vous invite à aller vous faire une petite virée sur l’article plutôt synthétique de Roberta Smith publié dans le New York Times du 8 january : Where Outsiders Come in From the Cold sans oublier de cliquer sur More photos pour vous goinfrer d’images.

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00:22 Publié dans Gazettes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, amos ferguson, bill traylor | |  Imprimer | | Pin it! |

14.01.2009

Halle St Pierre : fromage ET dessert

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Y’a des jours où l’art brut c’est kiff-kiff l’art de la table. Pas de panique ! Je vais pas vous la refaire avec mes succulents mollusques, répugnants à voir comme des fesses de hyène (voir ma note du 15.10.2008 : Mangez brut!) ni avec la cuisine paléolithique du cher Joseph Delteil (19.09.2005 : Caramba encore raté!).

martini.jpgCe dont je veux vous entretenir -deux points, ouvrez les guille-mets- comme dirait la marquise de Sévigné, c’est de la brutalité des mœurs de notre siècle sans cœur qui fait poireauter une dadame de mon calibre devant son dry Martini en attendant son rendez-vous d’affaires qui ne vient pas. Et quand le dit RDV est un costard-cravate assez avenant et encore à l’âge de votre petit frère, avouez, chères lectrices, que la pilule est plus dure à avaler que l’olive du Martini.

Ce qu’on peut avoir l’air bécasse à regarder sa table en attendant que son cellulaire vibre, mes sœurs! C’est votre petite âme errante qui vous le dit.
table_ronde.jpgDes tables, j’ai pu constater dans le resto où je faisais tapisserie qu’il y en a de toutes sortes. Des petites carrés sympas et des grandes rectangulaires prétentieuses. Même une ovale pour les plats. Mais rien ne vaut bien sûr notre bonne vieille table ronde. La table ronde du roi Arthur. En attendant que celui-ci revienne pour mettre de l’ordre dans le pastis qui nous sert de monde, il faudra vous contenter de celle de la Halle Saint-Pierre. Régulièrement celle-ci, qui est une mère pour nous, organise une Table ronde sur des sujets divers avec des maîtres-coqs qui viennent nous faire goûter leurs «spécialités».
gril.jpgSamedi prochain, le 17 janvier 2009, par conséquent, c’est l’équipe qui a écrit l’ouvrage Débridé(e)s, à propos des ateliers de La Pommeraie, qui se collera aux fourneaux de 15 à 17 heures. Cela va chauffer autour de l’art-thérapie, c’est clair! bain marie 2.jpgParmi les «chefs» habituels : l’incontournable Laurent Danchin (dont le saint patron finit sur un gril) et Alain Bouillet (un nom prédestiné à la cuisson comme dirait l’autre).

 


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On note aussi la présence de toques nouvelles : Carine Fol et Teresa Maranzano, pour m’en tenir aux «quilles à la vanille». Le modérateur (à feu doux) sera Jean-Yves Mesguisch. Il arbitrera la rencontre entre tradition et nouvelle cuisine, chacun défendant le bout de gras qu’il a développé dans le livre. Bon, pis allez, comme je suis pas vache et pour vous montrer que je ne conserve aucune dent contre les hommes, ces poseurs de lapins,

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je vous donne en amuse-bouche, le nom des deux garçons qui viendront également tchatcher samedi. C’est le galeriste Christian Berst et Bruno Gérard, artiste chargé de l’atelier Pommeraie. Ils ont intérêt à être à l’heure. On les attend de pied ferme pour signer leur bouquin.

C’est compris dans le menu.

23:21 Publié dans Parlotes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

11.01.2009

In good we trust

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John Martin : Good cop

C’est le genre de phrase qui me fait bicher.

Y’a qu’au Pays de l’art brut qu’on peut lire des choses comme ça : «Je n’ai pas de héros mais j’aime regarder les canards nager» Et le Pays de l’art brut, cette semaine ira de la rue de Lancry à Oakland : «I don’t have any heroes but I like to watch the ducks swim». C’est Teri Bowden, l’auteur de cette formule carrée comme la pensée d’un philosophe oriental. Et Teri Bowden avec 12 autres créateurs du Creative Growth Art Center verra ses œuvres exposées à Paris par la Galerie impaire du 15 janvier au 16 février 2009 :

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Il y a dans cette liste des noms qu’on connaît déjà pas mal : Dan Miller, Aurie Ramirez, William Scott par exemple et plein d’autres à découvrir comme Louis Estape :

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James Farrell :

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Valerie Tribble, William Tyler :

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Olga Bielma :

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and ainsi de suite. Découvertes à la clé, naturellement. Vernissage jeudi 15 janvier de 18 à 21 heures. L’exposition joue sur les mots et -ce qui est plus malicieux encore- sur la devise fameuse des U.S.A. : In good company we trust, c’est son titre. Amusante façon de rappeler que le CGAC est avant tout un collectif, un collectif de création groupant créateurs révélés et encadrement révélateur.

Une bonne compagnie vraiment et dont l’invitation sait trouver les mots qui nous chatouillent agréablement les tympans : «L’esprit innovateur et l’idée révolutionnaire de Jean Dubuffet, existe toujours et continue de se développer». Je ne sais pas si c’est vraiment vrai de chez vrai mais c’est tellement super à entendre que je vous le refais en anglais : «The innovative spirit and revolutionnary ideas of Jean Dubuffet, founder of the first collection of art brut, still exist and continue to thrive».

10.01.2009

Arte, Genio, Follia, frères siennois

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Buon anno nuovo a tutti di voi !

Si je vous présente mes vœux animuliens en italien c’est que le balancier brut est en train de pencher vers la botte de nos chers voisins.

Piazza del Campo 2.jpgEt tout d’abord vers la bonne ville de Sienne où votre petite âme errante se souvient du cappucino qu’on boit à la terrasse des bistrots de la Piazza del Campo. Mais ce n’est pas sur cette célébrissime place en forme de coquille St-Jacques que je vous entraîne mais bien Piazza del Duomo, au n° 2, là où se trouve le Complesso Museo Santa Maria della Scala.

veduta del Santa Maria della Scala su piazza Duomo.jpgEn quel honneur ? Ben tiens, pour une expo qui s’y prépare, mes cousins! Arte Genio Follia, c’est le nom de cette expo-poupée-gigogne. Allusion à Cesare Lombroso, bien sûr. Montée à partir d’une idée du critique d’art Vittorio Sgarbi dont vous pouvez apprécier le style sur les vidéos proposées sur le site officiel (chapitre Multimedia), elle va se positionner bravement à la lisière du champ artistique et psychiatrique pendant 4 mois (31 janvier-25 mai 2009).

poupees 4.jpgSi je la traite de poupée-gigogne c’est qu’elle va emboîter ensemble 8 «sezione» distinctes traitant chacune un aspect différent du vaste et passionnant sujet tricéphale choisi : les rapports entre l’art, le soit-disant génie et la folie. Les œuvres proviennent des plus importants musées d’Italie et d’Europe et chaque poupée a été confiée à un commissaire approprié. Faut-il que je vous énumère chacune de ces sections ? Oui, au risque d’être barbante. Chacun pouvant y trouver son boire et son manger suivant qu’il en pince pour l’histoire :

Section 1 : La Scena della Follia (parcours chronologique de la période médiévale à Lombroso)

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Jérôme Bosch

Genio e Follia al tempo di Nietzsche (section 3)

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Ernst Ludwig Kirchner

le point de vue artistique moderne ou contemporain (sections 3 et 8)

15. Edvard Munch - Murder.JPG

Edvard Munch

La Guerra nello sguardo degli artisti (regard des artistes sur une folie collective)

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Otto Dix

La Lucida follia nell’arte del XX secolo (Unica Zürn et Henri Michaux, Surréalisme, Actionnisme viennois)

39. Victor Brauner - Le ver luisant, 1933.jpg

Viktor Brauner

l’art brut (respectivement section 5, 6, 7) : Omaggio ad Hans Prinzhorn

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Franz Karl Bülher

Art brut proprement dit (curator : Lucienne Peiry)

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Giovanni Batista Podesta

Due casi emblematici : Antonio Ligabue e Carlo Zinelli

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Antonio Ligabue

Je traduis pas, vous avez compris. Cette exposition confronte à sa façon les œuvres des créateurs de l’art brut et celles des meilleurs artistes modernes et contemporains : Van Gogh, Munch, Strindberg, Kirchner, Ernst, Masson, Brauner, Messerschmidt etc. Mais à la différence de la plupart de celles qui se sont essayé -avec un succès relatif- à ce rapprochement périlleux, elle s’ordonne selon une structure souple qui semble autoriser cet exercice. Chaque section participe à l’ensemble et conserve son autonomie. Cela paraît fastoche mais il faut le faire ! Espèrons que ça tiendra la route. Un catalogue accompagnera l’expo AGF, on y verra sans doute explicité son concept original.

18:09 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, franz karl bülher, giovanni battista podesta, antonio ligabue | |  Imprimer | | Pin it! |

08.01.2009

Vernis sages et Fous vernis

vernissages couv.jpgC’est fou ce que Vernissages disparaît vite dans les kiosques!

J’avais aperçu sa couverture noire sur la table basse de je ne sais plus quelle galerie et les mots «ART BRUT» en gras blanc, chapeautés du vocable «DECRYPTAGE» en petites caps, m’avaient sauté aux yeux. Mais après, j’avais beau le demander dans les beaux quartiers, on me répondait qu’il n’y en avait plus, qu’on venait de vendre le dernier, que ça c’était arraché comme des petits pains. J’ai donc dû m’aventurer dans des quartiers tellement pouraves qu’il n’y poussera jamais la moindre galerie pour en localiser un dans une survivante maison de la presse des confins glacés du périphérique (brrr…). Qu’est ce que je ferais pas pour l’art brut!

RER sous la neige.jpgIl était tard et la marchande allait fermer mais j’avais l’air tellement en manque qu’elle a accepté de courir le risque de louper son RER qui la rapatriait dans sa banlieue enneigée (brrr..) pour me dépanner. Serrant contre mon cœur les 146 pages de Vernissages qui me protégeait du vent mauvais (brrr…), je suis rentrée dans ma tanière pour lire l’article de Christian Berst.

Car c’est encore lui qui s’y colle (ce garçon là n’arrête pas) en 5 pages sur 2 colonnes vachement bien illustrées de 6 repros couleurs visiblement choisies pour montrer au public des images auxquelles il n’est pas habitué. Pas de Wölfli, pas d’Aloïse, pas de Lesage, pas de facteurs chevaux mais un petit Zinelli (Carlo), un grand Domsic (Janko), un Plny (Lubos)

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et un Fusco (Sylvain) -qu’on voit si peu d’ordinaire-

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en bref : la bande des «O» à laquelle il faut ajouter un StOffers (Harald) au réseau de 1000 lignes minuscules et un Steffen (Charles) que personnellement je kiffe pas des masses (d’ailleurs il n’a pas de ô dans son nom).

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Intitulé De l’art des fous à l’art brut, le texte, plutôt optimiste en ces temps gla-gla-déprime, part du constat que, à un an de l’ouverture en France du musée de Lille-Métropole, «le XXIe siècle paraît mûr pour offrir à l’art brut la place qui lui revient». Selon Christian Berrrrrst, «la pratique de la collection de l’art brut était jusque là réservée à des initiés». Mais du fait de la reconnaissance publique, d’une tendance à la quête de sens et de l’adoubement du marché, «il apparaît que de plus en plus de jeunes collectionneurs cultivés, lassés du dogme de l’art officiel, sont frappés par l’invention formelle et la richesse conceptuelle inhérente à ces productions (d’art brut)».

Puisse-t-il avoir raison, ce monsieur Berst, car c’est, plus largement, à toutes les nouvelles consciences qui s’éveillent au monde de l’art brut que votre petite âme errante aime s’adresser plutôt que de réserver sa corrida aux seuls afficionados blanchis sous le harnois!

23:55 Publié dans Gazettes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, sylvain fusco, lubos plny | |  Imprimer | | Pin it! |

03.01.2009

Sabatrion, un prince du néant

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En 2008 qu’avez-vous fait de votre seconde supplémentaire? Moi, pendant cette goutte de temps ajoutée à notre sirop existentiel pour compenser le ralentissement de la rotation de la Terre, j’ai pensé au Goéland.

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Le Goéland, les Bretons connaissent. C’est un journal d’art et de poésie publié pendant 20 ans (1936-1956) par son fondateur, le poète Théophile Briant (1891-1956) dans son moulin de Paramé en plein pays malouin.

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Théophile Briant est le 2e personnage assis de G à D
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Pourquoi je vous parle de lui ? Parce que, non content d’être un ami de Max Jacob et de Saint-Pol Roux et d’avoir encouragé un tas de plumes du genre de celles de Marcel Béalu, René Guy Cadou, Jean Vodaine, il est l’auteur d’un petit bouquin visionnaire que je réédite si je gagne au loto.

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Sabatrion, c’est son titre. Un nom de jeu-vidéo. De l’extérieur pourtant ça n’a pas l’air en avance : une pauvre brochure lie-de-vin au look symboliste avec son serpent typo. 40 ans de retard pour la forme, on croirait une production Rémy de Gourmontesque ou Alfred Jarrysque. Mais l’intérieur a de quoi faire dresser les oreilles situationneuses et les poils des sacripants art-brutistes en diable.

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Je prononce ce mot parce qu’il en est question dans cette nouvelle, publiée en 1938, que l’auteur présente curieusement comme un pamphlet dédié «Aux tyrans qui se croient des dieux, aux esclaves qui se croient des maîtres». En bref, comme dirait Pépin, l’action se passe en juillet 1914 dans un asile d’aliénés du nord de la France. Un patient dangereux, qui occupe la chambre 666 (tiens, donc), se prend pour le Démon, zigouille salement une infirmière puis disparaît à son tour dramatiquement. Point barre ? Non. Sabatrion (le «malade aigu», c’est lui) a laissé un manuscrit que le narrateur va laisser dormir pendant 22 ans. A partir de là, la nouvelle qui progressait gentiment selon les règles conventionnelles du récit fantastique s’élève soudain à la hauteur d’une hallucinante vision prophétique.

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Sabatrion, «Prince du néant» harangue les scientifiques : «Inventez, surinventez, éventrez, étripez, décervelez». Il prédit une «grande charognerie noire et pestilentielle» au cours de laquelle «on tuera sans voir». Des rencontres entre «la viande à canon et la viande à plaisir» où l’on fabriquera des enfants «pour que ça continue».
Dans ce climat de démolition généralisé, le Diable «cuisinera» les cerveaux : «Je leur inventerai le confort et les loisirs pour les chloroformer. Je dirigerai la grande presse d’information. Je ferai alterner sur l’écran les criminels et les turlupins, les maquereaux et les grands seigneurs. J’obligerai les producers à penser public et le public à penser stupide». Dans son «cabanon de série», l’homme «cherchera fièvreusement de nouveaux stupéfiants (…). Il entendra des chefs d’état (…) cracher des menaces et il écoutera ces hurlements de mort d’une oreille distraite en sirotant des portos».

Pas mal, non, pour de la littérature aliénée, même simulée ? Moi, ça m’a fait penser à l’indigne chasse au «schizophrène» par quoi s’est terminée l’année dans les medias de notre malheureux pays.

20:55 Publié dans Ecrits, Lectures | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : théophile briant | |  Imprimer | | Pin it! |