28.10.2007
Tiercé gagnant rue de Fleurus
En sortant de l’expo Arcimboldo où j’ai dû ruser («c’est pour ma p’tite nièce!») pour me procurer le livret-jeux distribué uniquement aux «nains» sur présentation de leur bonne mine de petits «pervers polymorphes» de moins de 14 ans, je suis tombée dans la boutique du Musée du Luxembourg où ce qu’on vend des tas de légumes en carton permettant de se faire une tronche potagère.
Au rayon livres, une affaire à suivre : un nouveau livre sur Le Jardin de Bomarzo avec un texte de Jessie Sheeler (traduit de l’anglais par Christine Piot) et des photos de Mark Edward Smith. Malheureusement, y’avait trop de monde. Est-ce que votre petite âme errante a une tête à faire la queue? C’est paru chez Actes Sud, je tâcherai de le choper ailleurs.
A travers le parc, j’ai rejoint la rue de Fleurus en direction de l’arrêt du 83. Là, au 1 précisément, il y a une petite vitrine dont le propriétaire, pour la pure et simple distraction des passants, monte des installations d’objets divers, réunis avec un sens certain de l’insolite et sans délivrance de message évident.
C’est un lieu modestement magique bien connu des vieux Parisiens et c’était fatal que mon daddy me le fasse découvrir. Ce jour-là, au milieu d’un tas de jolies cartes avec des dessins abstraits et/ou primitivesques, qu’est-ce que j’avise pas? Une photo de groupe avec Michel Thévoz. Si, si, je vous jure! M.T. himself! Au milieu d’une bande de copains dont un jovial moustachu qui pourrait bien être l’auteur de l’installation.
Comprenant que Vagamay, le petit dieu de l’art brut veillait sur son Ani en cette froide et soleilleuse après-midi, j’ai musardé dans les librairies du coin juqu’à ce que je trouve une occase. A l’intérieur d’une Histoire illustrée de la psychiatrie et la psychanalyse (10 € au lieu de 275 F à sa parution en 2000) publiée par Hazan sous le titre Au delà du conscient, il y avait cette photo d’un monsieur, vêtu de dignité candide et chapeauté de feuillages artistiques, qui m’attendait et vous aussi, chers lecteurs, par conséquent. Je sais pas qui c’est, ni d’où il sort, ce dandy.
La pancarte qu’il tient à la main proclame en belle calligraphie : «Le Sauveur, fils adoptif du Divin Créateur qui est sur la Terre pour protéger tous les peuples de l’univers et délivrer tous ces peuples du joug des oppresseurs».
Le trio de psys auteurs du livre : Pierre Morel, Jean-Pierre Bourgeron, Elisabeth Roudinesco pourraient peut-être nous en dire plus, le cliché provenant de leurs collections.
17:45 Publié dans Expos, Glanures, Images, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Giuseppe Arcimboldo, Michel Thévoz | | Imprimer | | |
21.10.2007
Pierre Della Giustina, du Manège à la Boucherie
Ce que le monde peut-être décevant! Je croyais avoir trouvé un nouveau bouquin sur Pierre Avezard, le vacher poète de la mécanique et puis non. Celui qui vient de sortir n’est que la ressucée d’un ouvrage déjà paru à la Fabuloserie en 1995. Pour les besoins du lifting, on a musclé un peu le titre. Le manège de Petit Pierre est devenu fabuleux en 2007. A part ça, pour le contenu, grosso modo, c’est kif-kif. On a ajouté une ragonnade au début parce que Le Fabuleux manège… sort chez Albin Michel et que Michel Ragon est un auteur de la maison. HT le malgré son nouveau look et retrouvez l’histoire du remontage de cette œuvre majeure.
Votre petite âme errante en profite pour filer un coup de projo sur l’un des principaux sauveteurs: “Pierre, jeune peintre graveur et guide à la Fabuloserie”.
Le temps a passé et Pierre Della Giustina –puisqu’il s’agit de lui– sans être vieux n’est plus un minot.
C’est un artiste confirmé de la plus pure espèce qui soit. Je veux dire un de ces cabochards qui n’en finissent pas de se colleter avec la matière, de refuser les facilités, de chercher, pieds et mains nus, à escalader les montagnes.
Il a travaillé pour le théâtre et honoré des commandes publiques : si vous passez aux Martres de Veyre, dans le Puy de Dôme, allez voir le mur de zinc peint qu’il a conçu pour la Bibliothèque Alexandre Vialatte.
Il en est pas moins un farouche partisan de la solitude quand le travail créateur le nécessite. Espèrons que j’aurai l’occase de vous reparler de lui.
Artiste complet, son travail de peintre, où les images résultent d’un travail de morcelage, de décapage et de couture, a évolué dans une voie plus expressionniste.
Ses dernières expos montraient des “androïdes sans muselières et de bois tendre”, sculptures composées par assemblage de matériaux fossiles.
Della ne fait pas mystère de son intérêt pour l’art brut même s’il a toujours su s’abstenir de le singer.
A l’origine de son travail, il y a ces gravures réalisées à 23 ans pour Boucherie à la une, un livre expérimental, un ouvrage de pure générosité, un véritable réservoir d’images pour un artiste qui ne cesse de les remettre en cause et de les capturer.
Ah j’oubliais… Il est auvergnat.
19:15 Publié dans De vous zamoi, Images | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Pierre Avezard, Pierre Della Giustina | | Imprimer | | |
03.10.2007
Aux frontières de l’étrange
Et maintenant un peu de révision. Vous vous souvenez, attentifs lecteurs et fidèles lectrices, de ma rencontre avec un bonhomme en zinc sur une route d’Ile et Vilaine l’été dernier (cf. Iznogoud et le magicien d’Oz, ma note du 16 août 2007) ?
Et bien, je viens de trouver son petit frère qui figurera bientôt (le mardi 23 octobre) dans une vente publique à Drouot-Richelieu, joliment intitulée Aux frontières de l’étrange et plus étonnamment sous-titraillé Art Brut – Art Naïf – Art Populaire.
Je sais pas trop où il faut ranger ce «heaume de chevalier» qui figure sous le n° 171 dans le catalogue effeuillable sur le site de l’expert(e) Madame Martine Houze mais je m’aperçois que ce genre de rejeton de violon d’Ingres est plus courant que je ne le croyais chez nos amis les artisans zingueurs. Art populaire donc plutôt, mais de l’art pop encore vivant, ce qui ne gâte rien.
A part ça, la vente de Martine Houze comportera encore 3 ou 4 matières à rêver pour les Animuliens.
Un «cheval fantastique» (n° 181), objet de grève légèrement resculpté et plâtré façon ready-made-aidé,
des scieurs de long (n° 228) qui sont pas sans faire penser aux machines d’Emile Ratier.
Achetez la Gazette de l’Hôtel Drouot, vous les verrez photographiés.
Et aussi : une valise de conscrit (n° 275).
Et enfin : 5 «jouets» de Pierre Petit (n° 247) dont l’essentiel de l’œuvre n’est pas sorti (à ma connaissance) du Musée du Berry où elle se trouve conservée, depuis la fin novembre 1991.
Pour vous récompenser de m’avoir suivie jusque là, je vous offre cette cerise : l’image (assez collector) d’une affiche de Frédéric Chudeau pour une expo saumuroise du vivant de Pierre Petit, ce sculpteur berrichon si folichon, qu’il ne faut pas confondre -ça va de soi- avec le petit Pierre (Avezard) du manège bien qu’ils soient tous deux représentés à la Fabuloserie.
Pierre Petit
22:35 Publié dans Gazettes, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Pierre Petit, art brut | | Imprimer | | |
23.09.2007
Robert Tatin en album et en video
L’album Tatin promis à la rentrée est arrivé sur mon petit blogounet.
En prime, une video (suivez le lien)
J’parie que vous devinerez jamais en quelle langue est lu le commentaire !
20:47 Publié dans Ecrans, Images, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Robert Tatin | | Imprimer | | |
12.09.2007
Objets trouvés et discrets créateurs
Puisqu’on en est à la distribution des images, voici celle-ci ramenée du Musée des Alpilles de St-Rémy de Provence. C’est une enluminure d’Augustin Gonfond, un peintre paysan saint-rémois de la fin du 19e siècle.
Le Musée des Alpilles, qui a été entièrement relooké, est voué à l’ethnologie et aux «créateurs discrets» (le mot est joli) enrôlés depuis peu dans «les arts modestes».
Si vous crachez pas sur les santons, si les ex-votos vous font pas bailler, allez-y et profitez-en pour traîner vos sandalettes à l’expo Objets trouvés qui a le mérite de porter un méta-regard sur l’histoire de la constitution de la collection du musée sous la houlette de Pierre de Brun, conservateur jusqu’en 1942 et grand rassembleur de pièces archéologiques oubliées, retrouvées, recyclées.
Objets trouvés, évidemment ça vous fait penser à une galerie parisienne du même nom (mais sans les s) et j’en vois déjà qui tournent leur regard vers la rue de Charenton, où s’organise Une rentrée hors-les-normes dans un esprit de «résistance» au «conditionnement culturel».
C’est international et ça dure jusqu’au 27 octobre. Attention le vernissage d’Objet trouvé (au singulier) c’est jeudi déjà. Le 13, je vous dis.
Si d’aventure vous étiez à Genève le même soir, vous pourriez croquer La Sardine, du moins l’expo que cette galerie de la rue des Bains (on reste dans l’aquatique) consacre à Djeynaba Ndiyae, une artiste autodidacte et sénégalaise dont votre petite âme errante sait pas grand chose.
Vous, qui êtes avides de nouvelles expériences, vous lui raconterez !
12:00 Publié dans Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Djeynaba Ndiyae, art brut | | Imprimer | | |
11.09.2007
Pussy cat
21:55 Publié dans Images | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Enrico Baj | | Imprimer | | |
13.07.2007
La danse macabre des 7 péchés capitaux
Ce soir que faire d’autre que de feuilleter
La danse macabre des 7 péchés capitaux
de Raymond Reynaud ?
Voici donc quelques images de cet album publié il y a bientôt 10 ans par Pakito Bolino et Caroline Sury.
Il est introuvable aujourd’hui et Raymond lui-même a disparu, nous laissant son sourire au cœur.
22:50 Publié dans Images, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Raymond Reynaud, Pakito Bolino, Caroline Sury | | Imprimer | | |
09.07.2007
Une police de caractère
Méga-thé dimanche soir avec un tas de chouettes perruches dans une brasserie de Montparnasse. Le genre d’endroit enfumé où l’on distribue gratos ces cartes postales publicitaires qu’on prend toujours et dont on ne fait jamais rien. Je fais une exception pour celle-là parce qu’il suffit que la loi me regarde dans les yeux pour que je me sente coupable. Coupable de quoi? Mais de ne pas vous avoir tout dit sur le bateau d’Agostini (maçon de son métier, pas marin) dont je vous ai parlé dans ma note du 2 juillet (Surréalisme turbin …) et qui vogue déjà sur d’autres blogues. Me voilà obligée de me mettre à table.
Sachez donc que c’est dans une méchante brochure de Félix Benoit, assistant au Labo de police technique de Lyon que je l’ai trouvée.
Ce qui prouve qu’on dégote son miel partout. Ladite brochure, parue en 1938, s’intitule :
Le Dessin et la main-d’œuvre artistique des malfaiteurs (j’en vois qui salivent).
Comme j’ai un faible pour la police scientifique parce qu’elle sert parfois à disculper des innocents, je souligne que ces 22 pages (22, je vous jure!) de F. Benoit font partie de la Bibliothèque de la Revue internationale de criminalistique, dont le Dr Edmond Locard était rédac-chef.
Ce bateau, nous dit F.B., «est issu de croisements étranges. En biologie nous hésiterions à le classer comme hybride plutôt que comme métis». Intellectuel, non?
La petite étude de Benoit est pauvre en illustrations. Je vous colle quand même un dessin de la prison Saint-Paul. L’auteur le rapproche curieusement d’un tableau de Rouault.
Il est beaucoup plus généreux en descriptions et je vous fais volontiers Animulien(ne) de première classe si vous trouvez des images des œuvres qu’il évoque : la «guillotine en mie de pain», la «collection de grandes oreilles polymorphes, sculptées dans du bois», le «chandail d’homme couvert de broderies décoratives» exécuté par un détenu qui «avait fièrement reproduit, sur ce vêtement, les tatouages qu’il portait incrustés dans la peau».
23:55 Publié dans Ecrits, Gazettes, Images | Lien permanent | Commentaires (2) | | Imprimer | | |
05.07.2007
Raymond Reynaud fait Salon
M’étonnerait pas que cet objet provienne encore du Museon Arlaten d’Arles, ce qui nous ramène à la Provence et à Raymond Reynaud par voie de conséquence. Je désespère pas de lui rendre visite à la fin d’août. Je trouverai peut-être chez Raymond et Arlette ce catalogue que Gérard Nicollet (alias là) s’offrait, sur son blogue, à tenir à ma dispo (qu’il soit remercié de cette intention) dans un commentaire à sa note du 3 avril 2007 : Art singulier et invention d’instruments.
Je ne suis pas folle, on s’en doute, du terme «singulier» et je crois même que Raymond Reynaud pourrait fort bien s’en passer. Au lieu de «Raymond Reynaud, peintre singulier», on dirait : «Raymond Reynaud, le peintre».
Point barre.
Il n’est qu’à voir la belle photo d’Hervé Nahon qui orne le carton d’invitation de la prochaine expo du sage de Senas pour comprendre ce que je veux dire.
Le photographe a eu l’heureuse idée de se passer du trop médiatique côté face (sourire et dents du bonheur) de Raymond. On surprend le peintre de dos, absorbé en plein travail dans sa carapace de gros pull, de casquette et de foulard.
Comment dire mieux que Michel Thévoz que «les peintures de RR me donnent un sentiment de chaleur, de rayonnement, d’expansivité jubilatoire et communicative. (…) il s’exprime si bien lui-même, si finement, si chaleureusement… avec des mots colorés, un accent musical et un rythme engageant, sans se laisser impressionner par aucun modèle savant, mais en laissant parler sa sensibilité propre, et en lui inventant le langage qui lui convient (…)».
Fêtez le 14 juillet au Château de l’Emperi à Salon-de-Provence. La nouvelle expo Raymond Reynaud commence ce jour-là et vous aurez jusqu’au 29 septembre 2007 pour la voir. Vernissage le 13 juillet à 19 heures.
23:55 Publié dans De vous zamoi, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Raymond Reynaud, Michel Thévoz, art brut | | Imprimer | | |
02.07.2007
Surréalisme turbin et far breton
Harassant samedi de soldes! Votre petite âme errante s’est mis les basquettes en compote en arpentant les boutiques Champs-Elyséennes. Où qu’on aille pourtant, l’art vous rattrape. Je m’apprêtais à faire la queue devant un célèbre bagagiste, lorsque dans la perspective de l’avenue George 5, j’ai découvert la maison qui fond.
Elle fait courir les Parisiens avec sa mollesse à la Dali. Je doute qu’il s’agisse de «surréalisme urbain» comme on nous le rabâche. D’abord parce que «surréalisme» et «urbain» c’est du pareil et puis parce que je ne vois pas là cette étincelle subversive qui - on a tendance à l’oublier – court comme le furet dans le mouvement d’André Breton. Cependant, c’est amusant, même si ça sert surtout à faire de la pub au groupe foncier qui (merci, messieurs) mécène ce bidule. Grâce à Athem, constructeur de sites éphémères qui a habillé le chantier de ce futur siège social, on se paye une bonne tranche d’illusion. Si vous me croyez pas, allez donc voir ici où on vous donne les détails.
Et puisque vous avez entamé avec moi votre partie de ping-pong-blogues, allez donc vous prélasser aussi sur Terribuleska Spazoïde d’Arnaud Le Gouefflec. Il propose un choix scotchant de chansons zarbies et de sauvageon rock’n roll. Ce frère ne dédaigne pas Jules Leclercq et il accompagne sa note du 1er juin 2007 (à propos d’une compil inspirée par le grand nord canadien) d’une drôle de créature.
Pour rester dans la note bretonne, je suis allée goûter dimanche chez ma copine Maïwenn qui m’a fait son fameux far et m’a passé les Frères Morvan (Ar Vreudeur Morvan).
En rentrant j’avais un peu honte d’avoir délaissé mes amis du Poitou, alors pour me faire pardonner, j’ai décidé de leur offrir ce bateau d’un certain Agostini, fait en 1936 à la prison Saint-Paul de Lyon.
Il accompagnera ceux que Belvert a glissé dans son billet du 1er juin 2007.
23:55 Publié dans Glanures, Images, Zizique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut | | Imprimer | | |