22.01.2011
Un Joli Cœur brut fait Surface en Chine
Aujourd’hui : des chinoiseries. J’ai beau être une grande fille toute simple, on dit que je me la pète, que mon tour de tête c’est 62, bref que je suis snob un max. Allez donc lutter contre ça! Alors j’avoue : oui, j’ai des lectures de femme de milliardaire mais tant qu’à faire de milliardaire chinois. J’ai découvert récemment, chez Artcurial ou ailleurs, un magazine auquel je ne comprends rien (sauf les titres en anglais) n’ayant jamais poussé mes études linguistico-sinologiques au dlà des bars où l’on sert du mandarin-curaçao.
Surface qu’il s’appelle. Bon, c’est branché surtout sur la mode et le design hyper-class et je crois pas que vous fréquentiez (de + en + nombreux, merci) Animula Vagula pour ça.
Seulement, surprise!, est encarté dedans Surface un supplément de 32 pages intitulé Beautiful Heartet consacré, devinez à quoi? A l’art brut…Bingo!
Ce qui prouve encore une fois la justesse de mon théorème: Art brut ami partout toujours. On peut maintenant le raper dans la langue de Liu Xiabo. Invités d’honneur occidentaux : le photographe suisse Mario del Curto avec une photo des cabanes du Québécois Richard Greaves et le galeriste alsacien Christian Berst avec une image de Giovanni Bosco.
Parti de chez moi, il y a un peu plus de deux ans seulement, voilà ce créateur sicilien arrivé dans l’Empire du milieu. Géant! Mais tout ça, on connaît.
Le must c’est que ce cahier-surface en bonus qui peut se consommer à part (avis aux collectionneurs) contient aussi des repros de dessins réalisés dans des contextes psychiatriques.
Du moins, si j’en crois un des rares titres en anglais perdu dans un océan de chinois : The mentally ill should not be the scapegoat.
Que les «malades mentaux» ne soient pas «des boucs émissaires», ça me paraît un bon programme et peut-être la preuve que la Chine n’est pas la dernière à se poser les bonnes questions.
Question art brut, on reste un peu sur notre faim avec ces images mais je vais essayer d’en savoir plus. Et comme on dit dans les Shadoks : «c'est tout pour aujourd'hui» à la semaine prochaîîîne!.
15:24 Publié dans Ailleurs, art brut, Gazettes, Images | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, art brut chinois, surface magazine, giovanni bosco | | Imprimer | | |
16.01.2011
Akram Sartakhti, une singulière Iranienne
Dimanche dernier, je me suis bourrée de gâteaux nippons, suaves comme un sofa, au finissage de l’expo L’art brut japonais qui voulait pas désemplir.
Je suis retournée aujourd’hui à la Halle Saint-Pierre pour voir s’il en restait encore.
Je suis tombée sur le commençage de l’accrochage des peintures d’Akram Sartakhti sur les cimaises de la cafète pleine de bobos et de bébés. Je devrais pas vous en parler déjà. Mais puisque cet événement de la «galerie» débute bientôt et qu’il durera que jusqu’au 13 février 2011, je mets mes scrupules dans ma pochette et mon mouchoir en dentelle par dessus.
J’ai donc looké avec un poil d’avance ces aquarelles d’une dadame iranienne qui s’est mise à peindre à l’âge où l’on devient grand-mère, sans savoir, sans culture puisque, promise très jeune (9 ans) à un mari peu soucieux de son instruction, elle est demeurée illettrée. Visiblement sa vie n’a pas été drôle.
Photo : Tooba Rahimi
Les infos qui nous parviennent, notamment par l’intermédiaire de Rokhsareh Ghaemmaghmi, réalisatrice de films documentaires sur son travail, nous la décrivent confrontée depuis longtemps à l’arbitraire conjugal. Tourments, jalousies, violence ont, semble-t-il, été son lot. A Dieu -une sorte de maître supplémentaire en plus consolant- elle a demandé quelque chose et ce quelque chose a été la peinture.
Elle se sert avec bonheur de ce cadeau, ressuscitant des souvenirs d’enfance, évoquant des légendes religieuses, des récits folkloriques. Sans misérabilisme. Avec la gaieté des couleurs vives, des scènes animées et compartimentées.
Ce n’est pas naïf à fond, c’est parfois plutôt brut, limite dessins puérils. Cela peut ressembler à Boix-Vives en moins nuancé, en plus statique. C’est touchant, séduisant, narratif. Un peu élémentaire aussi. Les fonds ne la préoccupent guère. De la teinte pure et puis voilà. Elle a visiblement plaisir à déployer son bestiaire, ses personnages, ses bibelots.
Des chameaux dans la nuit étoilée
de beaux oiseaux de paradis terrestres, des filles en costumes ethniques.
Souriantes et en larmes. Voilées et menacées par des diables un peu dérisoires, des monstres enflammés mais bouffons.
L’inommable est tenu à distance. L’artiste a peut-être trop souffert. Elle se cantonne à la surface de sa souffrance et le spectateur en reste un peu interdit de séjour. Parfois pourtant, l’angoisse, la vraie, submerge tout sous la couche de gentillesse ou d’ironie. Ainsi va ce tableau où une tête de requin rose mord la trompe d’une créature tachetée sans défense, sous les yeux, vides, effarés ou idiots d’une bande d’oiseaux inutiles.
Des œuvres d’Akram sont au musée à Téhéran. Son fils a montré son travail à des connaisseurs ce qui lui a valu une première exposition. A cette médiatisation, elle a gagné une certaine émancipation. Elle a participé à une sorte de festival d’art outsider. Son mari, de 20 ans son aîné, est devenu dépendant d’elle.
Puisque Akram Sartakhti est venue en France, rendons lui visite! L’accompagner dans cette escalade de liberté, ne peut qu’être un plaisir.
13:10 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : akram sartakhti, art brut iranien, iran, halle st pierre | | Imprimer | | |
07.01.2011
Guo Fengyi vous donne encore 8 jours
J’étais bien décidée à coincer la bulle et à me faire une soirée-télé avec mon chéri que j’ai et le nouveau coffret Pierre Etaix qu’il m’a offert pour le nouvel hi-han mais, ânesse que je suis, je suis tombée sur Paris Art et voilà que mes plans sont pertubés. C’est que je sais bien que je n’ai pas eu l’occasion d’en faire des tonnes sur Guo et qu’il ne vous reste plus que 8 jours pour rendre visite à cette Fengyi là.
Pensez donc si j’ai sauté sur l’article consacré à cette Chinoise brute du Marais que j’avais seulement effleurée dans ma récente et enfièvrée chronique sur les folles soirées de la Galerie Berst! Je l’ai dévoré en le trouvant pas mal du tout et comme la note que j’aurais pu bricoler sur le sujet ne serait pas arrivé à la cheville de ce papier, je n’ai aucun scrupule à vous envoyer dessus. J’avais pas vu tout d’abord qu’il était de Céline Delavaux mais à la relecture ça m’étonne pas.
Encore du Crab, me direz-vous! Et vouiii. Ils sont partout. Tant mieux, je vais pouvoir me reposer. J’aurai plus qu’à recopier ce qu’ils pondront. Aujourd’hui, avant d’aller dormir, je glisse dans mon armoire à citations la phrase que C.D. a déposée au bout de son texte comme une pointe à la fin d’un sonnet baroque
L’art brut permet de continuer à penser l’art, là où il nous échappe
00:05 Publié dans art brut, Ecrits, Expos, Gazettes, Images, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guo fengyi, art brut, galerie christian berst, céline delavaux, pierre etaix, le crab | | Imprimer | | |
27.12.2010
Les territoires de l’art modeste
Fatal. C’était fatal que j’allais vous en parler. De mes cadeaux de Noël, badame! Pas des cado-bonux, attention. Du lourd de chez Di Rosa pour commencer. En attendant de m’offrir un petit ouikène à Sète pour explorer Les territoires de l’Art modeste(y’a pas l’feu, l’expo dure jusqu’en octobre 2011), mon chéri m’a glissé sous le sapin le super coffret contenant les 12 catalogues réunis pour l’occase du 10e anniversaire du M.I.A.M.
Bon, tous m’intéressent pas au premier chef mais chacun a son charme. La place me manque pour vous les présenter dans le détail mais, à part La Petite histoire de l’épopée du M.I.A.M. racontée par Bernard Belluc (incontournable!)
j’ai bien gobé : Robert Combas présente Maurice Chot (autant pour sa couvrante que pour les B.D. autodidactes de l’intérieur),
PQ Ville de Michel Gondry (décor de ciné en rouleaux de papier-toilette + lunettes anaglyphiques génération Pif Gadget).
Je kiffe aussi bien fort : Bamoun Picasso (dessins du Cameroun présentés par Antonio Ségui)
et la Collection Artaud la nuit(tapettes à mouches, trous, moules, marteaux) couplée à la Collection Chevrot (cordels).
Mais mes amis, çui que j’préfère c’est le catalogue Cinq outsiders singuliers (enrobé dans une repro du Jean de Florette à Raymond Reynaud). Même si son sur-titrage m’en bouche un coin. Pourquoi donc : Aux marges de l’art brut alors que 2 au moins de ces créateurs -Emile Ratier et Marcel Storr- baignent dedans jusqu’au cou ?
Comprenne qui pourra. L’étonnant Storr en particulier dont les cathédrales utopiques, destinées à la reconstruction d’un Paris imaginairement détruit par la bombe atomique, me paraît parfaitement digne du label brut bien que la soixantaine d’œuvres laissées par lui n’aient pas rejoint encore l’une des Mecques de la catégorie.
Soyons reconnaissants à Bertrand et Liliane Kempf, les découvreurs et protecteurs de cette oeuvre d’exception, de lui faire prendre l’air de temps à autre. Le Catalogue du M.I.A.M. énumère ses sorties, depuis 2001 (à la Halle Saint Pierre) mais avec une petite erreur. En 2005, ce n’est pas à la mairie du 19e arrondissement de Paris que L’Œuvre du cantonnier Storr a été montrée mais à la mairie du 9e. En face de l’Hôtel Drouot.
Dommage que Laurent Danchin, l’auteur du catalogue, (qui fait maintenant dans l’expertise de vente publique) ne s’en soit pas rendu compte. Mais félicitons-le pour son choix qui comprend aussi les Ripolin «pop art naïf et brut» de ce Germain Tessier dont il défend (avec raison) les créations depuis toujours.
Sans trop le chipoter au passage pour la présence de ce sympathique mais clinquant Mister Imagination, innocente concession, selon moi, à la contre-culture à paillettes américaine.
00:09 Publié dans Ecrits, Expos, Images, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, art modeste, miam, sète, hervé di rosa, bernard belluc, robert combas, maurice chot, michel gondry, antonio ségui, raymond reynaud, emile ratier, marcel storr, germain tessier, bertrand et liliane kempf, laurent danchin | | Imprimer | | |
26.12.2010
Le CrAB rectifié
Rectification promise. C’était fatal avec le CrAB de commencer par marcher de travers. Voir mon commentaire au post du 18 décembre. Voici donc le véritable crabe à Sury, pas piqué des hannetons non plus.
13:35 Publié dans De vous zamoi, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : crab, caroline sury | | Imprimer | | |
28.11.2010
Palermo : l’observatoire de «la creazione differente» présente son nouveau site
Je ne sais pas si je vais me la faire monter en bague ou me la suspendre autour du cou mais je vais sûrement faire quelque chose avec la «mappa murali Bosco a Castellammare».
Elle est trop belle avec ses tons de bleu et ses touches de rouge qui indiquent les murs peints par mon peintre sicilien favori. On peut la télécharger sur le nouveau site de l’Osservatorio Outsiderart de l’Universita di Palermo dirigé par Eva di Stefano.
Il suffit pour ça de cliquer «Sicilia» puis «I Luoghi» dans la colonne de gauche du tableau de bord de ce bel engin avec lequel il faudra compter maintenant dans l’espace brut européen.
Avec ce bolide palermitain, l’Italie rattrape définitivement son retard dans la compétition outsider et trouve sa place dans la nébuleuse des relations internationales.
Bravo au comité scientifique où l’on note la présence de Domenico Amoroso dont je vous ai déjà parlé.
L’O.O.U.P. ne va pas tarder à devenir un gisement d’informations et d’idées sur l’art brut et consorts. Du moins si on en croit son contenu inaugural qui recèle des découvertes : Salvatore Bentivegna (1923-2002), sculpteur de pierres de Sciacca (comme son homonyme Filippo)
ou Attilio Penzo, veneto et accumulateur-coloriste de l’ère du plastique totalitaire.
Avec le site, on nous propose la Rivista, une newsletter semestrielle.
Pour celle-ci, Teresa Maranzano renforce l’équipe dirigeante et puisque cette Sicilienne de Genève est aussi francophone, cela permet peut-être de voir se dessiner un axe sicilo-franco-suisse prometteur. A ce numéro un, Roberta Trapani, autre sicilienne bilingue (de l’espèce parisienne) contribue d’ailleurs avec une relation de la dernière Biennale d’Aubagne.
Les autres contributeurs pilotent des musées ou sont de dignes universitaires tendance «psy».
Lucienne Peiry nous fait le plaisir d’affirmer que, si on l’interroge sur l’existence ou non de l’art brut, elle n’a pas de meilleure réponse à faire que de préconiser une visite à la Collection de l’Art brut de Lausanne. «Oppure rispondo che un viaggo a Castellammare s’impone» ajoute-t-elle, pour inciter au voyage dans la patrie de Giovanni Bosco.
Cette première rivista de l’Osservatorio de Palermo regroupe certaines des interventions à un colloque organisé dans cette ville au printemps 2010. Voir ma note du 9 mars L’Echo des colloques. Cela donne à la chose un ton un peu trop sérieux qui conviendrait mieux à une publication savante sur papier. Mais la mise en page aérée qui ménage plusieurs niveaux de lecture, la lisibilité, l’importance donnée aux illustrations compense cet inconvénient relatif. Et puis j’adore le double filet bleu d’une élégance toute transalpine en encadrement.
Souhaitons cependant qu’à l’avenir les textes s’adaptent mieux encore aux contraintes du support. Et au public, nécessairement plus large sur la toile. Pensez aussi, signore e signori de l’O.O.U.P. que des gens qui comprennent mal l’italien vous lisent. Continuez à nous écrire dans votre belle langue mais n’oubliez pas, s’il vous plait, de nous offrir quelques phrases simples ou de courts résumés en tête de vos articles. Personnellement, je pourrai ainsi en parler mieux et plus vite!
16:11 Publié dans Ailleurs, art brut, Ecrits, Gazettes, Images | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : osservatorio outsiderart, palerm so, eva di stefano, lucienne peiry, teresa maranzano, roberta trapani, art brut, giovanni bosco, salvatore bentivegna, attilio penzo | | Imprimer | | |
07.11.2010
Images du Bellevue Hospital en 1938
Je pourrais vous dire que j’ai feuilleté ce magazine chez le coiffeur mais vous ne me croiriez pas. Il faut dire que le magazine en question date pas d’hier. Comme j’ai effectivement passé 4 heures chez le coiffeur afin de figurer dignement dans le trombinoscope du bureau, ça m’a bouffé tout mon samedi et j’ai pas eu le temps de vous pondre grand chose comme note. Alors dans la gamme psychiatrique, voici ce petit bout de reportage issu du numéro de Life du 24 octobre 1938.
Quelques dessins pas trop terribles de patients d’un hosto psy américain (U.S. Government and Bellevue Hospital de N.Y.C.) et surtout quelques photos d’ambiance d’un atelier de dessins au sein de l’institution. Ce n’est pas si courant.
D’autant qu’on est avant la guerre, dans la période de l’Anschluss. Dans le même magazine, on témoigne comment des commerçants autrichiens ont été contraints, dans leur pays, à fermer boutique parce qu’ils sont juifs. Ceci pour situer le contexte historique.
17:07 Publié dans Ailleurs, art brut, Gazettes, Images, Jadis et naguère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, art-thérapie | | Imprimer | | |
01.11.2010
Les petites maisons de Juqueri
Décidément, on me lâchera jamais la grappe!
Je m’étais organisé une petite journée pénarde favorable à la méditation du 1er novembre et puis patatras, c’était compter sans le brain trust d’élite constitué par mes lecteurs. L’un d’entre eux, après mon post du 17 octobre 2010, m’avait mailé pour me dire que l’une des images de cette note
lui faisait penser à un petit dessin «qui est à Sainte Anne et qui a été dans le catalogue de la Clé des Champs».
Comme vous êtes très musclés du bulbe, je vous rappelle pas ce que c’est que le centre hospitalier Sainte-Anne of Paris. Mais pour les Animuliens distraits qui l’auraient oublié, La Clé des Champs c’était le titre d’une fameuse expo de 2003 à la Galerie Nationale du Jeu de Paume où ce qu’on avait pu voir une expo Bispo do Rosario pas piquée des hannetons. L’auteur du dessin reproduit page 108 du catalogue de La CdC est un Brésilien du nom de José Theofilo R.. Et ce dessin a dû paraître bien fort aux concepteurs graphiques du catalogue (Sign-Bruxelles) puisqu’ils l’ont utilisé aussi en camaïeu de jaune et brun-rouge pour la couverture.
Les choses en étaient restées là et j’avais laissé planer en attendant que mon correspondant savant (qui s’étonnait de la «provenance Nevada» indiquée par Raw Vision) m’en dise plus. Il ne pouvait pas chercher très rapidement mais il était sûr de trouver la référence dans le livre de Volmat. Aujourd’hui, c’est chose faite et je suis en mesure de vous dire que «le livre de Volmat» en question c’est celui des P.U.F. paru en 1955 quand mon daddy était encore en maternelle. L’art psychopathologique que ça s’appelle ce classique et avec un peu de chance ça se trouve chez les bouquinistes. C’est un joli gros pavé plein de renseignements qui accompagnait la méga-expo internationale au 1er congrès mondial de psychiatrie.
Ouf, ouf. Effectivement quand on va à la page 15 de cette œuvre volmatique, qu’est ce qu’on lit? la notice reprise dans le catalogue de La Clé des Champs.
A savoir qu’il s’agit de «José T. R., mulâtre, paysan, 31 ans, schizophrénie catatonique. Dessins stéréotypés : traits géométiques, faits à l’aide d’une boîte d’allumettes, employée comme tire-ligne. Il n’y a pas dans l’infinité des maisons et des églises qu’il dessine, deux modèles semblables. L’ensemble est stéréotypé : villes développées en plan, maisons et édifices géométriquement juxtaposés. Sa production est un exemple de style schizophrénique dans toute sa pureté».
C’est un peu sec, comme le sont les observations des toubibs de ces années là mais cela a le mérite d’exister. Le dessin de Ste Anne provient de la Collection du Dr Mario Yahn qui bossait à l’hosto de Juqueri près de São Paulo.
Reste que José Theofilo R. est né en 1920 et que le papier sur lequel a été exécuté le dessin reproduit dans Raw Vision 70 aurait été fabriqué avant 1910.
Troublant, non ? S’agit-il, finalement, du même créateur ou d’une rencontre fortuite entre deux créateurs différents? Je suis perplexe.
16:59 Publié dans art brut, Ecrits, Gazettes, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | | |
30.10.2010
Art brut et Neuve invention : résultats de la vente
«Si j’étais pétée de thune, je me ferais bien un gros bordereau dans la vente Tajan!». C’est ce que je me suis dit en feuilletant internetiquement puis, sur papier aidant, le trop beau catalogue de la vacation du 25 octobre 2010 dans l’espace égypto-art-déco de la rue des Mathurins.
Puis je suis allée à l’expo et j’ai commencé à avoir des réserves. Est-ce parce que ledit espace ressemble à une belle piscine des années trente et que l’emplacement du bassin était occupé par une exhibition de bijoux qui ont distrait mon attention? Toujours est-il que je me suis mise à me demander ce qui valait vraiment le coup là-dedans.
Beaucoup de vedettes : Madge Gill, Janko Domsic, Augustin Lesage, Joseph Crépin, Anselme Boix-Vives, Donald Mitchell, Dwight Mackintosh, Anna Zemankova, Paul Duhem, Alexandre Lobanov… mais pas forcément représentées par des pièces de premier plan.
Des noms vraiment pas courants dans les salles de vente, tels que ceux de Zdenek Kosek, Yassir Amazine, Fernand Desmoulin mais des œuvres pas toujours figurant dans le Top 50 de leurs productions.
Le très rare Jaime Fernandes (n° 75 du catalogue) et le très miniaturiste Chiyuki Sakagami (n° 84) m’ont laissé sur ma faim. J’ai eu l’impression d’en avoir vu (je ne sais plus où) de plus bizarres autant qu’étranges mais c’était peut-être dû à ma fièvre rhino-pharyngitale commençante.
Le délire aidant je me suis mise à regarder les Madge Gill présents d’un œil torve, à trouver pâlichon le 57 B (Aloïse), à froncer le museau devant les Scottie tardifs occupant les numéros 16 et 17. «Tout de même, y’en a qui ont de la chance de se séparer de ces créations» me suis-je dit in petto.
«Car ça prouve qu’ils ont mieux!» me suis-je ajouté en pensant aux collectionneurs chanceux qui s’allègeaient ainsi de quelques tout de même belles choses.
Un des mérites du catalogue c’est qu’il divisait nettement la marchandise proposée : Art brut/Neuve invention. Un autre de ses mérites c’est qu’il en faisait des tonnes sur la traçabilité. Un pedigree impressionnant accompagnait certaines œuvres. Trop des tonnes parfois puisque pour le Kurt Haas (n°143)
et l’Ody Saban (144), la provenance indiquée : «Musée de la Création Franche, Bègles» était rectifiée le jour de la vente en «Collection particulière». Chacun sachant que les œuvres entrées dans ce musée demeurent inaliénables. Pour finir, je me serais bien voté un budget de : 40 700 € (sans les frais) pour m’acheter les numéros 20 (Ratier)28 (Domsic)
39 (Podesta)51 (Lesage), 60 (Boix-Vives)
125 (Chaissac)
et pourquoi pas 153 (Carmeil)
On peut rêver, non? Pour le détail des prix, consulter les résultats officiels ou demander à l’Animulien qui a assisté pour moi à la vente. Il m’a dit que plusieurs de mes lecteurs et lectrices assistaient au spectacle et que certains ont poussé bravement leurs enchères. Selon lui, malgré les vigoureux encouragements de menton prodigués à l’assistance par la commissaire-priseuse, c’est surtout les téléphones qui marchaient et comme il n’est pas très à l’aise dans ce genre de manifestations, il n’est pas certain que tout ait été réellement adjugé.
14:04 Publié dans art brut, Encans, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : art brut, neuve invention, jaime fernandes, chiyuki sakagami, kurt haas, emile ratier, janko domsic, anselme boix-vives, gaston chaissac, louis carmeil, giovanni battista podesta, tajan | | Imprimer | | |
17.10.2010
20 ans après ... la création franche cataloguée
Franchement, ça créationne dans tous les coins. A gauche, à droite, au nord et dans le sud-ouest. Dans les manifs, comme nous le prouve cette image de Pierre-Alain que j’emprunte à une note Le Post.fr du 16 oct. 2010.
Sur Raw Vision dont le dernier numéro (70) nous révèle, sous la plume de Lyle Rexer, un superbe ensemble de dessins du début du XXe siècle provenant d’un asile de Nevada dans le Missouri.
A Bègles où le MMCF (Musée Municipal de la Création Franche) nous offre la vitamine C de son grand catalogue orange couvrant la période 1989 à 2010.
On feuillette les 228 pages et c’est comme si on retrouvait un tas d’amis disparus : François Baloffi, Thérèse Bonnelalbay, Paul Duhem, Martha Grünenwaldt, Jean-Paul Henry, Simone Le Carré-Galimard, Alexandre Lobanov, Gaston Mouly, François Ozenda, Emile Ratier, Hélène Reimann, Raymond Reynaud, Pépé Vignes etc.
Paul Duhem
D’autres bien vivants, que l’on apprécie à des titres divers : Ignacio Carles-Tolra, Natasha Krenbol, Eliane Larus, François Montchâtre, Marie Morel, Michel Nedjar, Marilena Pelosi, André Robillard, Ody Saban etc., etc. Pardon pour ceux que j’oublie. 377 créateurs en tout, c’est presque trop. Beaucoup d’entre eux appartiennent à cette «collection annexe», voire «très annexe» (selon mon opinion) qui gravite autour du noyau brut (trop réduit à mon goût) de la collection proprement dite.
Gaston Mouly
Ce catalogue a l’avantage d’être une synthèse en images. Il a aussi le mérite paradoxal de nous montrer combien il faudrait resserrer le propos (il n’est pas trop tard) pour accroître la cohérence fondamentale de l’entreprise bèglaise. Cela supposerait que ses animateurs acceptent de durcir un peu leurs critères de choix et qu’ils aient le courage de s’interroger vraiment sur cette notion par trop vague de «création franche» qui n’est pas parvenue à s’imposer au delà de son lieu d’origine.
Natasha Krenbol
l
C’est peut-être à quoi les préfaciers du catalogue ont commencé -mine de rien- à s’employer. Noël Mamère, le député-maire de la ville, soutien indéfectible du site de la CF, parle d’«un lieu qui s’est imposé dans le monde de l’art brut et de ses apparentés». Pascal Rigeade, le directeur, évoque «l’homme du commun à l’ouvrage de Dubuffet». Gérard Sendrey rappelle que «la direction du musée se réserve le droit d’accepter ou de refuser les propositions de dons, même émanant de créateurs confirmés, si elles ne leur paraissent par choisies par les donateurs avec suffisamment de soin».
Alexandre Lobanov
On a envie de leur dire : «Encore un effort, camarades, l’heure de la retraite n’a pas encore sonné!». Vous avez peut-être eu tort dans le passé de céder sur votre désir d’art brut sous prétexte que Lausanne prétendait s’en réserver le label. Aujourd’hui que celui-ci n’est plus ostracisé par personne, qu’on assiste même à son institutionalisation (à ses dépens), des structures comme la vôtre peuvent jouer un rôle bénéfique pour défendre et préserver sa vraie nature. A condition de vous recentrer sur lui.
19:26 Publié dans Ecrits, Images | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : création franche, art brut, raw vision, alexandre lobanov, natasha krenbol, gaston mouly, paul duhem | | Imprimer | | |