Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18.03.2008

Brute de caricature !

536219070.2.jpgAu rayon des convergences possibles entre l’art tout court et l’art brut, en voici une digne de figurer en tête de gondole. Cette extraordinaire image qui représente un moustachu dressé devant un monstrueux crapaud dont chaque pustule est une tête hurlante m’a littéralement envoyée par terre quand je l’ai découverte. Elle fait la une du catalogue d’une vente d’objets, tableaux et archives qui aura lieu à l’Hôtel des Ventes des Salorges à Nantes le samedi 29 mars 2008.


1721336396.jpg

Bravo à ce monsieur Eric Séguineau expert qui a su la choisir dans les affaires d’Aristide Briand sur le point de subir le feu des enchères. Reproduire cette lithographie de Jean Véber plutôt qu’une médaille de la chambre des députés, chapeau, il fallait le faire !
Cette caricature délirante m’a immédiatement fait penser à un dessin d’Edmund Monsiel. Où, sinon là, se trouver confrontée à un tel fourmillement glauque de regards?

69050263.jpg

Bien sûr les palpitantes prunelles viennent chez Monsiel de l’intérieur de l’âme, tandis que l’orateur dans la litho de Véber) a devant lui les venimeux gros yeux d’adversaires extérieurs, ceux de ses chers collègues de l’Assemblée nationale.
L’étrange talent du peintre et dessinateur Jean Véber (1864-1928), qui bossait pour les journaux satiriques type Assiette au beurre, nous rappelle qu’il y a quelque chose à chercher du côté de la caricature parce qu’elle ne fait pas barrage aux forces obscures de l’inconscient dans ses meilleurs moments. Et puis c’est à l’Aristide -assez Briand pour avoir décroché le Prix Nobel de la Paix en 1926 – que l’on doit la Loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905. Cela mérite que vous vous chargiez les neurones de son nom, mes chers Animuliens. De son nom, de celui de Jean Véber qui mourut en 1928 d’avoir trop respiré les gaz de la guerre de 14-18. Pour le crapaud j’ignore comment il s’appelle.

17:16 Publié dans Gazettes, Images | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : edmund monsiel, jean véber, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

14.03.2008

Perdere la testa a Alessandria

1796068115.jpgPuisque je tresse en ce moment des couronnes aux postiers, j’en profite pour vous dire qu’un bel objet est tombé dans ma boîte aux lettres animulienne et sous sa jaune enveloppe matelassée, il m’est apparu comme Cendrillon dans sa pantoufle de vair.
1185651315.jpgJe vous en ai déjà touché 2 mots puisque c’est l’ouvrage qui accompagne la Mostra du Museo del Cappello Borsalino d’Alessandria (jusqu’au 4 mai 2008). Si j’en remets une louche aujourd’hui ce n’est pas seulement pour souligner que le concept de cette expo va encore plus loin que ce que son titre et son sous-titre en ont l’air.

1925368659.jpg

Perdere la Testa. Il cappello tra moda e follie s’élève en fait, par dessus le chapeau, jusqu’à interroger les rapports de la mode et de la folie («Che relazioni si possono stabilire tra moda e folia?») car il y a certainement un dandysme brut comme votre Petite Ame Errante s’est cassé la nénette à vous le glisser dans le tuyau de l’oreille à plusieurs reprises.

919881309.jpg

Ici, il s’y sont mis en 4 pour vous en administrer la preuve : Elisa Fulco et Teresa Maranzano, historiennes d’art, Marco Pedroni, sociologue, Giovanni Foresti, psy. Que du beau monde et qui écrit une langue claire mais évidemment tout ce qu’il y a d’italienne. Il faudra donc vous munir de votre petit lexique si vous vous procurez cet objet de collection (infos sur http://www.edizionidipassaggio.it). Vous n’en aurez l’air que + intelligent(e)s. Et puis ça peut pas nuire pour vos futures vacances dans la péninsule. Donc, discutez pas, procurez-vous-le, j’vous dis. Caressez votre libraire dans le sens du poil pour qu’il le fasse venir sur ses rayons.

914882978.jpg

 

900041429.jpg

C’est du nanan pour happy-few car c’est pas tiré à des millions d’exemplaires et ça va s’épuiser vite, foi d’Animula. C’est en effet le genre de message qui va droit au cœur des amoureux du beau bouquin. Il ne pouvait venir que du pays du grand designer Bruno Munari, dont on sent l’heureuse influence sur la maquette.

1748217741.jpg

On aimerait, de ce côté des Alpes, feuilleter de tels catalogues à surprises typographiques. Il est sorti tout droit de la tête d’Elisa Fulco en charge de l’expo et de celle de Mari Conidi, graphiste milanaise. C’est à cette dernière que l’on doit toutes les inventions qui l’enrichissent. Inventions dont mon pauvre petit scan des familles ne vous restitue qu’une faible part.

68451664.jpg

Impossible par exemple de vous donner une idée valable de la couverture qui se déplie comme une affiche sur une image de Silvano Balbiani. Triple hourra (les choux sont gras!) pour l’imprimeur (Grafiche Omnia, Milano) qui a su donner corps à tous ces télescopages féconds entre des images de la mode et les œuvres des créateurs de l’Atelier di Pittura Adriano e Michele, San Colombano al Lombro (MI) dont l’époustouflant Curzio di Giovanni qui m’en bouche toujours un fameux coin.

1638036195.jpg

 

00:05 Publié dans Ailleurs, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : curzio di giovanni, silvano balbiani, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

08.03.2008

Les finances de ma belles mère ...

1123128809.jpg
 

J’aurai pu m’en apercevoir avant puisque le livre portant ce titre a été imprimé sur les presses d’Harpo & à l’automne 2006 et que mon blogounet existait déjà mais y’a des fois, je suis distraite. Quand on s’appelle Harpo &, on pense aux Marx Brother et ça ne peut pas être mauvais, même si ce petit éditeur, à l’origine de ce recueil de 16 lettres inédites de Gaston Chaissac, habite Marseille et non Hollywood, chemin du Mauvais Pas précisément.

162626715.jpg

Sous une couverture qui imite une enveloppe timbrée, l’ouvrage en question marie le sable d’une plage (pour les pages de texte) et le bleu du ciel vendéen (pour les notices de Nadia Raison entrelardées dedans).
C’est Annie Chaissac et les Gautrot (Marcelle et Jean-Edouard), par ailleurs libraires de chics beaux anciens bouquins, rue de Seine, qui ont permis la publication de ces lettres au Dr Périgord, à René Mendès-France, au maire de Martigné-Briant, au Directeur des Nourritures Terrestres, à Jean Vodaine et à Iris Clert.

528289442.jpg

Sacré Chaissac ! Au milieu des détails oiseux, savoureux comme une omelette aux œufs de condor, au milieu des évocations de la visite de Guy Selz pour le journal Elle, des Inspirés et leurs demeures de Gilles Ehrmann, le voilà-t-il pas qu’il décoche, en vrai Comanche de la peinture, son trait acéré.
550763220.jpgC’est pendant son séjour à Vence, chez Dubuffet. Chaissac s’est déjà farci «les Picasso, du musée d’Antibes, le moulin à Huile du pont des loups, à Cagnes-sur-mer, le sympathique village perché du Coursegoules, etc». Sans oublier (il fait semblant de s’en souvenir subitement) : «la chapelle du Rosaire à Vence, qui avec ses matisseries semble être la réalisation d’un gamin de l’école Freinet, à qui la Vierge serait apparue non point dans un champ de luzerne mais au lavatory».

873354037.jpg

Une phrase à verser sans doute au dossier de l’art patenté et de l’art patenteux, son cousin et son envers. 

23:55 Publié dans Ecrits, Images, Poésie naturelle, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gaston chaissac | |  Imprimer | | Pin it! |

13.02.2008

Vente de la Saint Valentin

2c9ad42426494b6e6610746a97cd166f.jpg

Friedrich Schröder Sonnenstern

Heureuseument que vous êtes là pour me rafraîchir la mémoire, mes petites Animuliennes! J’avais noté le 14 février sur mon agendada mais je croyais que c’était pour me rappeler de la Saint Valentin comme toutes les amoureuses du monde. Et bien, non. J’avais oublié que c’était aussi le jour de la vente Tajan, à l’Espace Tajan, rue Tajan (non je déconne : c’est rue des Mathurins dans le 8e) à Paris, la ville où les taxis passent sans nous voir.

e9d168b84b0d20075bcd8c9fa6bc7a63.jpgL’Empereur Tajan, comme tous les six mois environ, partage en deux son luxueux catalogue pour faire voisiner des choses qui lui paraissent aller ensemble. De l’Art brut (1e partie) et de l’Art naïf (seconde manche).
Sans une correspondante vigilante qui m’a remonté les bretelles depuis l’autre bout du monde (c’est un comble !) je manquais à tous mes devoirs d’information. Il faut dire que j’ai peut-être des excuses. Cette cuvée Tajan-là ne m’a pas paru bouleversante-bouleversante en ce qui concerne les pièces d’art brut proposées.

Parmi quatre Scottie pas ravageurs, un Fusil russe d’André Robillard qui en fait regretter d’autres,

6b5e4c833c49a78f1fab64e06c552b8a.jpg

des Germain Van der Steen en nombre, j’ai noté un intéressant Friedrich Schröder-Sonnenstern impudique, une Promenade dans un paysage fantastique de Madge Gill,

cfc91c96887fcc13f033eed96f37c644.jpg

un Crabe de Mose Tolliver,

f5ec2d95daca2b097c0e3d4d2adfb78c.jpg

plusieurs Boix-Vives qui se laissent regarder dont une procession d’Insectes verts assez coruscants.

ad34d27ad81926537717b6e989cab423.jpg

Et puis, mais sont-ils à leur place ici ? deux Roger Chomo. Une aquarelle et feutre sur papier du genre de celle que l’ermite de la forêt de Fontainebleau cédait assez volontiers en souvenir aux visiteurs de son domaine d’Achères

48be9eb3c5de968c63a7aab8db4e391a.jpg

 et une huile sur toile (c’est plus rare).

4ac70b82a96b7398ae6d913d36070f50.jpg

 

Rendez-vous demain dans la salle pour se chauffer au feu des enchères.

10.01.2008

Bill Anhang guest star

f7da389d7c53262aeb25680b0059a0c3.jpgMa boîte aux lettres se prend pour Pifou.

«Pas glop, pas glop !» a t-elle gémi lorsque j’ai arraché de ses entrailles une lettre du Canada estampillée de cette fière devise postière : «De partout… jusqu’à vous/From anywhere…to anyone».403e6e54801454da073ff38b9b06c6d1.jpg

 

Elle voulait garder pour elle les vœux de Bill Anhang contenus dans la missive.
 «Glop, glop !» a susurré mon computer en engloutissant gloutonnement le DVD que m’envoyait Bill pour le nouvel an. Il faut du culot pour s’emparer des chefs d’œuvre qui ont défrayé la chronique médiatique et les enrober de sa confiture perso.

6ad97b998b870ac3b2115c2b7ea9d2ba.jpg

Et bien, ce culot, Bill Anhang, beau comme un rabbin de Rembrandt sous sa calotte étoilée, n’en manque pas.
C’est pourquoi il sera la guest star animulesque du mois de janvier.
2cceaf9de9dfa1183e9557fbf52e35dd.jpg L’auteur du «Van Gogh à la Bill Anhang» s’est attaqué cette fois-ci à Gustav Klimt en ajoutant ses guirlandes électriques à Adèle Bauer, flanquée d’un paon pour la circonstance («Adèle with peacock»).

d95b7f4d58f61575761ffecc5baa7978.jpg

Merveilleux pour se vautrer dans la couleur et pour remonter en douceur aux sources de cette Mittel Europa dont Bill est toujours un peu orphelin.
b05eaad5a2d8ba7f28e86ffa9c00acc5.jpg Il y a des chances que ce fameux tableau n’ait pas été choisi au hasard. Le portrait d’Adèle (qui était le modèle de Klimt) s’est trouvé au centre d’une bataille juridique entre la dernière descendante de la famille Bloch-Bauer et l’état autrichien qui se fit tirer l’oreille pour restituer aux Bauer la toile qui avait été fauchée en 1938 par les nazis à cette famille viennoise qui avait, à leurs yeux, l’avantage d’être riche et le tort d’être juive.

23:55 Publié dans Ecrans, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Bill Anhang | |  Imprimer | | Pin it! |

06.01.2008

Autodidactes sur les écrans québécois

Et à l’horizon janvier 2008 au Québec ?

Que se passe-t-il (l’espiègle)?

6713500cefa2aa630d8246bd43be6a91.jpg

Il se passe que Pascale Ferland, une jeune réalisatrice de notre chère Belle Province met la dernière main à un Adagio pour un gars de bicycle, un film consacré à un cinéaste autodidacte inclassable : René Bail.
Adagio, selon Jean-Pierre Lefebvre (voir : Hors Champ) «parle avant tout de survivance, raconte la force d’un homme qui a survécu, physiquement et moralement, à un terrible accident de moto en 1972 qui l’a défiguré et rendu handicapé».

2e5ec8cd57a9b5033041ad42cff3e330.jpg

René Bail est l’auteur d’un long métrage de fiction, Les Désœuvrés, tourné à la fin des années 50, mis au placard pendant plus de 40 ans, puis finalisé peu de temps avant la disparition de son auteur en octobre 2007. Donnant la parole à des acteurs non-pros s’exprimant dans le langage populaire d’un patelin de là-bas, ce film précurseur faisait le portrait de la jeunesse de cette époque.

90c65c67ec1ee0d0d9a0928d9302dff7.jpg

Adagio pour un gars de bicycle est le 3e volet d’un triptyque qui vise à nous familiariser avec des démarches créatrices pas communes et plutôt pas piquées des hannetons.
Auparavant, en 2005, il y a eu L’Arbre aux branches coupées, un film de 80 mn centré autour de 2 vieux patenteux russes qui survivent avec l’aide de la peinture dans un pays en plein recyclage, pas tendre pour les retraités. Tous deux ont connu la guerre, l’un est même un ancien colonel.

d3d8f90f76d2ba8fe6b0a9b526ef936d.gif
a286ab660bd04ad8577d8b07511be995.jpg

Alexei Ivanovitch Kantsurov est obsédé par la peur de perdre le peu qui lui reste et cette vulnérabilité transpire dans ses personnages et ses paysages.

dbd717cb3632bb768493cb4d0824251d.gif
82e35cb7d1410a6c9c597def26ca688f.jpg

Alexei Yakovlevitch Sizov est plutôt un naïf pur laine mais ça ne l’empêche pas de joindre à ses tableaux, des lettres de protestation qu’il adresse au gouvernement.

4875129333b752086826fa3682dce401.jpgQuand en 2001 (l’année de L’Odyssée de l’espace), j’ai connu Pascale Ferland, alors fraîchement diplomée de l’UQAM en arts plastiques, elle préparait un documentaire sur les principaux créateurs québécois «indisciplinés» de Montréal, du Bas Saint-Laurent, de la Gaspésie et du Charlevoix dont j’ai déjà eu l’occasion de vous parler sur mon blogounet : Léonce Durette, Palmerino Sorgente, Roger Ouellette notamment.

Ce docu, PF l’a réalisé en 2003.

6994a2af779130542e97b327422258b1.jpg

Ce premier volet du triptyque : L’immortalité en fin de compte s’occupe aussi du cas très intéressant de Lionel Thériault à qui les autorités de sa région faisait alors des misères à cause des drapeaux (souvent rouges, il est vrai) que ce pacifique agriculteur -au truck rustique comme son savoureux parler- aime à faire flotter sur sa ferme, pourtant située dans un espace très isolé.

45019a42a17d3232afc392a24ea90ac9.jpg

 

b946a3a334d9012e079609d77f9cf12d.jpg

Pour vous récompenser de m’avoir suivie jusque là, quelques images du domaine de Thériault et pourquoi pas bientôt un album ?

13.12.2007

Pierre Honoré, artiste-paysan

Pierre Honoré. Avec un pareil nom, allez donc chercher sur l’ami Gougueule ! Il vous en sert des tonnes avec généalogies en pagaille. Et quand ce patronyme est suivi de la mention «artiste-paysan», c’est pas mieux. Comment ? Un sculpteur autodidacte dans le bocage ?

On a beau savoir que la Mayenne cultive l’anticonformisme, on soupçonnerait presque une supercherie.

49c78ccabe2d1d5673db4aaaded1bd71.jpg

Pourtant, il faut se rendre à l’évidence, de très sérieuses institutions comme le conseil de la Mayenne (grade : général), mademoiselle l’Europe et le C.C.V. (Communauté de Communes de Villaines-la-Juhel) ont uni leurs efforts pour que naisse aux Editions Siloé, une maison créée à Laval en 1982, un bouquin blanc comme un morceau de sucre dont l’auteur est un certain Jacques Dubois (pas pratique non plus les investigations gougeuliennes avec un blaze si françois) et le photographe Bertrand Bouflet qui a travaillé (tiens, tiens…) avec le sculpteur Louis Derbré, bien connu à Ernée et dans le monde entier. Le bouquin s’intitule, vous avez compris, fines mouches animuliennes, Pierre Honoré, artiste-paysan et ça vient de sortir en novembre 2007.

6b2e974c8573231a85f8c7212baad960.jpg

Cela fait des dizaines d’années que Pierre Honoré sculpte et modèle son domaine «oriental» et sa maison situés dans le creux d’un vallon dominé par le mont des Avaloirs aux confins de la Mayenne et de l’Orne. Et on ne le savait pas. Son œuvre, constituée de statues en grès ou en granit, de pièces en bois de madriers, de mosaïques à belles alanguies accuse un fort (trop fort parfois) penchant pour les divinités khmères.

64299e347225533295a4da803d5c27f0.jpg

C’est que son goût de la lecture l’a entrainé, lui qui, à 13 ans, a dit bye bye à l’école, vers les récits d’explorations, le journal L’Illustration et les images de l’ex-colonisation. Il s’égare parfois dans des Egyptomanies assez fades puis se reprend de belle façon dans des bustes et des têtes que l’on dirait du meilleur style «grotesque» façon 18e siècle. Il ferait presque penser alors à une espèce de Barbu Müller par sa capacité à s’accommoder de l’ingratitude du matériau.

55973e9bb681514f8fb5c4f3835bf2ae.jpg

Ce qui le sauve, c’est les grosses poitrines de ses femmes sculptées manifestant un tranquille érotisme. Je sais pas si le papier couché de l’édition y est pour quelque chose mais la repro des photos est pas formidable et même carrément sombre sur celle offrant le portrait du créateur sous un grand chapeau de paille qui lui mange la figure. On se prend à se demander (tiens, tiens …) si c’est pas fait exprès. La crainte d’une mise en scène nous effleure à nouveau mais il y les logos de l’Europe, du C.G., du C.C.V. etc. Pour vous faire votre idée, HT le livre et consultez la plaquette Prisme.

22684b1f42830929728896e895c81031.jpg

1e9e51d598a7b3764a3b08a5fe789ce3.jpgDans les temps (juin-août 1997, le n°13 de la Revue Maine Découvertes a parlé aussi de Pierre Honoré, Le paysan orientaliste, né en 1925, qui a conservé tout ce qu’il a fait depuis qu’il s’est mis à l’art dans les années 50 du siècle 20. Ancien conseiller municipal, il a créé une asso d’artistes amateurs : le Club des Artistes de l’Ouest.

23:55 Publié dans Images, Lectures, Sites et jardins, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, pierre honoré | |  Imprimer | | Pin it! |

09.12.2007

Art en marge reçoit Richard Greaves

f9bc05959fd4b14d43fb551a64ab13cc.jpgFlotte, flotte, flotte et reflotte. Vous pensez qu’avec un temps pareil votre PAM (petite ame errante) est restée devant son Lady Grey ?

ea280c208d369fd24c5ae3456d9d7d17.jpg

 Et bien non. Prête à se mouiller pour aller chercher l’information, elle n’a pas hésité, droite dans ses bottes lacées, à affronter les pavés glissants de la capitale belge.

C’est que l’événement vendredi soir était rue Haute, au 312, puisque la tournée européenne de Richard Greaves y faisait escale chez Art en Marge pour y mouiller jusqu’au 16 février.

 

25b06eb2a5f71a82e37239d9d228a740.jpg
09264fbdc471bffebd05f108134512c3.jpg

881ef319118927050b54e068b8a5d17d.jpg

 

Bruxelles est une ville formidable où l’influence de la Sécession viennoise se fait sentir, pas seulement dans les expos du Musée d’Architecture / Museum voor Architectur et ce que j’ai admiré d’abord en arrivant dans la galerie AEM, c’est les jeux de damiers sur le sol.

 

Faut dire que c’est pile poil ce qu’il faut pour une expo de photos, ça fait penser à de la pelloche perforée sur les bords. Au lieu de nous faire lécher des murs blancs en suivant un morne défilé d’images posées les unes à côté des autres, l’accrochage a privilégié le léger, le mouvant, le labyrinthique, le bifaçadisme. De simples câbles d’acier tombés du plafond supportent des panneaux dont les photos de Mario del Curto occupent recto et verso.

c96df12f4ed549293ae68786bc784c05.jpg

Le visiteur peut ainsi circuler au milieu de ces captivantes images, passer d’un gros plan à une vue d’ensemble, apercevoir les yeux de Richard Greaves (ou tout autre détail) qui se profile dans les entre deux.

b6b828c363807c618f382f0d5b1ae0c4.jpg

Les légers chocs (inévitables les soirs de vernissage) qu’il leur imprime au passage les fait osciller comme sous l’effet d’une brise. Tout est fait pour offrir une transposition abstraite des impressions que l’on éprouve réellement lorsqu’on se promène sur le territoire de Greaves, dans cette Beauce à cent mille lieux du Jeu de Balle.

ede03660cc961229222fa9eb66bf288c.jpg

En sourdine, sous la rumeur des langues qui vont de bon cœur, des bruits de la forêt québécoise viennent accentuer subtilement cette transposition.
podcast
Le vent qui souffle à nos oreilles semble provenir des photos de MDC qui possèdent leur respiration propre, large, profonde et sereine.
Quand on sort de là-dedans, on est mûre pour tremper son manteau à fronces de cuir et col emmitouflant acheté à New York dans la tempête qui secoue l’Europe.

ad24b39ed300dcc4d643f7c23eccd9b3.jpg

Rien ne pourrait nous empêcher de prendre à travers les vitrines quelques clichés d’ambiance artenmargesque pour tous les Animuliens, muliennes resté(e)s au chaud dans leurs sweet homes. Avant de filer au CIVA, 55 rue de l’Ermitage (à une encablure du Musée d’Architecture) où R.G. (non, pas Hergé !) a tissé, sur une terrasse plantée d’un mini-bois, une nouvelle toile. Sont venus s’y prendre des tas de vieux jouets colorés, ce qui va plaire à vos enfants quand vous les emmènerez voir ça. Et à moi si j’ai le temps de revenir car mon Thalys, hélas, m’attendait déjà à la Gare du Midi.

252fc9ab0da00ab187efa39696593117.jpg

 

 

23:55 Publié dans Ailleurs, Expos, Images, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, richard greaves, mario del curto | |  Imprimer | | Pin it! |

08.11.2007

Soirée photos au Vin des rues

44fa77576079dd3a2c468bd1f6bc5783.jpg

On me demande à moi, Animula l’incollable, si je connais «les graffiti marins de Saint-Simon (Charente)» (voir commentaires récents sur ma calavéreuse note précédente).

Bien sûr que oui, cher lecteur ! Si vous cliquiez de temps à autres sur "toutes les archives " (pratique pour retrouver quelque chose) vous verriez s’afficher la liste de mes tags avec le mot-clé graffiti. Encore un p’tit clic sur ce mot magique et toutes les fois que j’ai causé de ces fleurs de murs s’afficheraient devant vos yeux.

7a9283a88d80d5ec745928485d179b3f.jpg

C’est dès mes débuts, le 6 septembre 2005 précisément, que j’ai allusionné à propos des gabariers des bords de la Charente. Je vous ai même gratifiés d’une image de voilier qui naviguait sur un mur chouettement moussu. Si j’ai pas osé vous en donner plus, c’est que je trouvais mes photos à chier. Cependant, puisque vous insistez, je vous colle du rabiot.

7272d17b058f22cc1752e16223a156fc.jpg


D’ailleurs, c’est tout ce que je peux faire parce que je me remets à peine du vernissage Bob Giraud en noir et blanc au Vin des rues. (Bon anniversaire, Olivier!). C’est pas si fréquent d’aller boire dans un livre qu’on aime, du moins dans un bistrot qui porte le titre d’un livre etc. J’ai donc eu léger mal aux cheveux pour avoir abusé de l’aimable blanc pétillant – un plus qu’honnête Vouvray je crois – que l’on m’a offert.

0d7e9d4f1628484a8dbcd8898edd5bc7.jpgAutour de moi, c’était la joyeuse presse des lichetronneurs de vin rouge, si bien que je craignais pour le gentil sweat blanc que j’avais traîné dans ce haut lieu de la commémoration giraudienne. Epinglé sur les murs, le héros du jour nous souriait en compagnie de l’écrivain Robert Sabatier, du commissaire Jacques Delarue et du photographe Robert Doisneau mais il fallait être fortiche pour voir ces clichés étant donné le monde autour du zinc du 21 rue Boulard (14e).
e6b4688d554fa6879712023eff1e9c9b.jpg J’avais pas mon Kodak. Heureusement car j’aurais rien pu prendre. Malheureusement parce que l’image de la fine canne sculptée d’un des buveurs aurait fait bien sur mon blogounet.
J’ai eu un mal de chien pour m’approcher du photographe Colagrossi (Daniel, il me semble) et l’arracher à une interlocutrice aux boucles rousses. Il m’a signé son livret avec le portrait photo (vintage) de  Robert Giraud que vous pourrez peut-être vous procurer encore mais dépêchez-vous, chers collectionneuses car il n’en a tiré que 20 exemplaires qu’il garde dans les poches de sa veste.

da66d75a6cec91bc75a0ef3dcc314bc1.jpg

Tant pis pour ceux qu’étaient pas là. L’ambiance contribuait si bien à faire revivre Robert Giraud que je suis pas sûre de ne pas l’avoir croisé parmi tous les inconnus du Vin des rues. Pour ceux qui doutent que j’y sois allée, je parlerai de ces merveilles : les verrines au jambon rustique et le boudin tiède aux pommes sur tranche de pain grillé.

01:33 Publié dans Expos, Images, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Robert Giraud, Graffiti | |  Imprimer | | Pin it! |

04.11.2007

Calaveras rue des Cascades

d50b6b60f4713b4ae78b56569961c602.jpg

Martin Ramirez par Mary Altaffer/AP Photo 

J’étais partie pour vous parler de cette nouvelle qui doit mettre en ébullition tous les collectionneurs d’art brut : on vient de retrouver un paquet de dessins inconnus de Martin Ramirez, quand la rue des Cascades s’est jetée en travers de ma route.

a00a338eabd7d52241bb7fe1d75db9cb.jpg

Gravure par Kristin Meller 

En cette fin de journée à lumière parisienne propice je me dirigeais, bras dessus bras dessous avec mon petit kodak, en direction d’une galerie du 20e arrondissement où Le jour des mort au Mexique était évoqué par un autel à offrandes et par des calaveras dans l’atelier de l’Association pour l’estampe et l’art populaire.9186ed72ae9fc6a877f33c0f3eb8bca8.jpg

e0cbf0b34f13aacef58ad76ee12d1d83.jpg

a27cca4bd9f5eafec48d874b98021769.jpg La rue des Cascades est une drôle de voie serpentine ainsi nommée -j’imagine- parce qu’on y captait des sources et qu’on y croise encore des «regards», édifiés pour surveiller icelles.

3b108f36d685bfa3896a050d529de90e.jpg

J’allais atteindre le 49 bis où ce que crèche l’asso en question lorsque, non loin de la maison utilisée par Jacques Becker comme décor pour son Casque d’Or, je suis tombée sur une cascade de graffiti sculptés comme on n’en fait plus.

ae8ccd79daa8aba84e371d768e7574fc.jpg

C’est à l’exact coin de la dégringolante rue des Savies et de sa cascadeuse voisine. Un morceau aux allures furieusement provinciales qui fait tout son possible pour oublier les rénovations à prétentions modérées ambiantes sans pour autant tomber dans le musée à touristes.

be8606ce6d1598abaf71d7bf5dc061d3.jpg

Vous mordez le truc ? Là, sur un mur de jardin de curé couronné de plantes mal peignées, comme une page de croquis griffonnés sans fignolage, de drôles de têtes se bousculent, pas de la même main on dirait.

2bbede426defe55fba45dd85a7d01587.jpgLa proximité d’un Espace Louise Michel (où les glandeurs du dimanche étaient invités, par voie d’ affichette rétro, à une expo sur L’Espagne et ses républicains pour témoins) explique sans doute qu’à des têtes de mort, l’un des sculpteurs anonymes du mur des Cascades ait cru bon d’ajouter des messages adaptés à l’histoire du quartier :

cb084fb3301778f384e9a252172a2ff7.jpg«Anarchie»,

«Vive la Commune»b07778bf72ad0e09634b1f8d13f9582d.jpg

 

 

 

 

 

Une rapide enquête de votre petite âme errante lui a permis de savoir que cette œuvre lapidaire, urbaine en diable, avait été attribuée à un «artiste-ouvrier» qui a nié en être l’auteur.

c3beeb4c00ca39d1572b9f5553fc7d38.jpg

C’est vrai, qu’à côté de figurations sauvages, on croit discerner dans ces graffiti une certaine élégance de trait qui pourrait  être la marque d’un artiste pure laine.

d1d8ef69c196c19ba90cce89ef31c3fa.jpg

Un gus en tous cas qui serait au parfum de Brassaï et qui n’aurait pas craint, à cause de ça, de recourir au grattage, une technique plutôt négligée en nos jolis temps pressés comme lavement.

calaveras,graffiti,martin ramirez,art brut

C’est en songeant à tout ça, qu’au bout de la rue des Cascades, j’ai rencontré, près d’un kébab, la Sirène de Ménilmontant .

23:55 Publié dans Expos, Images, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : calaveras, graffiti, martin ramirez, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |