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03.10.2010

Regards d’automne

bourriche-belon.jpgBellon, Bellon, Bellon, «à ce prix là, vous m’en mettrez une bourriche!».

C’est ce que vous pouvez dire à votre soldeur si, comme moi vous avez la chance de croiser sa librairie en allant acheter votre salade.salade_verte.jpg

Franchement, ce serait bête de se priver de ce bô bouquin d’Eric le Roy sur la photographe Denise Bellon(1902-1999) qui fut proche du Mouv Surr. Quand il est sorti en 2004 aux Editions de la Martinière, il coûtait plutôt bonbon (55 €), ce qui n’est pas choquant pour un album de cette qualité, reproduisant je ne sais combien de photos avec des entrelardages biographiques, éclairants mais pas pesants.

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Aujourd’hui, il en arrive un petit stock sur le marché et vous pouvez vous en goinfrer sans mettre en péril votre budget d’étudiant ou de retraité de plus de 67 ans.

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Cela tombe pile pour la dernière ligne droite (jusqu’au 18 octobre 2010) de l’expo Denise Bellon, Regards d’artistes sur le quai de la station St-Germain-des-prés.

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Avec Denise Bellon, on entre dans une famille comprenant la comédienne Loleh, la réalisatrice Yannick (ses filles) et Jaime Semprun (fils de Loleh) qui vient de disparaître et qui fut l’âme de L’Encyclopédie des nuisances, «seul surgeon vivace» de l’aventure situ, selon l’article nécro de Jean-Luc Porquet dans Le Canard enchaîné du 11 août 2010.

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Denise Bellon, son chemin croisa, au gré des reportages, une mariée gitane, de pauvres petites putes du quartier «réservé» de Casablanca, une danseuse de Côte d’Ivoire aussi bien que Salvador Dali, Marcel Duchamp, Joan Miro. Elle est aussi la belle sœur du cinéaste Jacques Brunius (voir mon post du 10 septembre 2005 : Violons d’Ingres). C’est surtout à ce titre qu’elle m’intéresse, obsédée par mon petit bout de lorgnette brute que je suis. Parce qu’elle a réalisé une centaine de clichés du Palais idéal du facteur Cheval en préparation du film de Jacques Brunius sur celui-ci. Cela se passait en 1936 et ses images, «largement publiées, contribueront à la notoriété du lieu». Vous en trouverez deux dans l’ouvrage d’Eric Le Roy. Je vous les reproduit pas pour vous inciter à l’acheter.

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Comme il me reste un peu de place, j’en profite pour zoomer sur un livre d’un certain Christian Colas qui vient de sortir chez Parigramme. Intitulé : Paris graffiti, les marques secrètes de l’histoire, il nous offre pour pas cher (14 €) quantité de repros d’écrits furtifs et de figurations spontanées chinés dans des recoins-coins obscurs de la capitale.

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Certains sont très anciens. Tous témoignent d’un besoin impérieux d’expression populaire, voire d’une pulsion artistique sincère qui se donne d’autant mieux libre cours qu’elle s’exerce en catimini. Attention : beaucoup de ces graffiti sont coton à prendre et il ne faut pas toujours s’attendre à une grande netteté de lecture mais l’auteur-photographe a rudement bien fait de ne pas écarter le diaphane au profit du pittoresque.

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Dernière minute : vous vous souvenez du post Akkisuitok, Gérard Cambon dont votre petite âme errante vous avait régalé le 16 mars 2010? Et bien, voici que Regard, la petite revue d’art de Marie Morel consacre son n°109 (sept. 2010) à cet artiste chouchouté par la Galerie Soulié.

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29.09.2010

Hey! passe le cap du n°3

Hey! passe bien le cap. Le cap du n°3. C’est généralement à ce stade qu’on attend une revue au tournant. Au n°1 on s’interroge, au 2 on se montre un peu distraite et au 3 on abandonne… ou bien on se réveille, suivant la qualité de la bête 

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Avec cette troisième mouture, Hey! nous sort de notre torpeur. Hey! nous joue de la vuvuzela. Hey! confirme certaines qualités que les fées de l’art moderne et de la pop culture avaient soufflées sur son berceau. Par «art moderne», il ne faut pas entendre un art prout prout prise de tête ou néo-dada dopé à l’outsider. Par «pop culture», il ne faut pas comprendre post-warholisme sur le retour d’âge.

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Hey! relève plutôt de l’air du temps en ce qu’il emprunte aux mangas, à l’art de rues, aux tatouages, aux fanzines sérigraphiés, aux photo-montages, à l’esthétique trash, aux pièces montées en polyuréthane, aux scoubidous, aux décors de planches à roulettes et à ce que plus gentiment on appelle de l’art modeste, aux peintures populaires traditionnelles aussi, un peu cucul mais pas si naïves.

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Dans ce joyeux mélange, palpitant comme la vie, l’art brut trouve d’autant mieux sa place que la maquette est ludique, que la lecture s’organise dans tous les sens, que textes et images se la jouent en liberté futuriste. Rapprochées dans ce n°3 d’une très belle section sur les ex-votos mexicains (ô Frida Kahlo!)

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les très belles repros sur fond noir des sculptures hérissées de Sawada Shinichi (Art brut au Japon) ont beaucoup moins l’air de s’ennuyer qu’un Adolf Wölfli colocataire malgré lui d’un Marcel Duchamp dans le récent catalogue d’une récente expo d’un récent musée triplex.

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Mais laissons là les comparaisons.
kanaval.jpgLe clou du 3 de Hey!, le morceau de bravoure de ce numéro dont la réalisation graphique est due à Guillaume Suard et où tout le staff montre de l’entrain, c’est pour moi Voodo Childs, un article qui présente les photos de Leah Gordon sur l’un des derniers carnavals traditionnels d’Haïti, celui de Jacmel.

Bien entendu, cette ville côtière du sud-est n’a pas été épargnée par le séisme de janvier dernier et il est d’autant plus frappant de respirer l’ambiance de poudre et de sueur, de haillons et de frissons, de terreur évoquée à l’état brut que ses habitants savaient imprimer à leur ville quand il carnavalaient encore. Leah Gordon est un photographe britannique qui depuis 15 ans a développé une relation intime avec Haïti. Son éthique autant que le matériel qu’elle utilise lui imposent de ne prendre les gens que s’ils sont volontaires.

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Certains refusent mais avec avec le temps, beaucoup la connaissent et on la laisse travailler. Comme un ethnologue, elle rétribue ses «modèles».

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Ceux-ci adoptent sans problème les poses saisissantes qui font partie des personnages qu’ils incarnent. Elles participent du truc comme leurs déguisements, leurs masques, le jus bitumeux dont ils s’enduisent…

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Un grand art venu du fond d’une pure révolte qui tord le cou de la misère.

23:49 Publié dans Gazettes, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ex-votos, art brut, carnaval vaudou, haïti | |  Imprimer | | Pin it! |

14.09.2010

Hassan, designer brut à Barcelone

L’inconnu de Barcelone. Encore de l’art brut et encore un nouveau cas révélé sur les ondes d’Animula. Un dessinateur. Africain. A l’air libre. Une œuvre. Discrète mais pas mâtinée cochon d’Inde, façon «art tribal en bandoulière» ou «artisanat cauries-raphia» pour touristes (15 % de naïveté et 85 % de beaux-arts mal digérés). Non, non. Un créateur brut de chez brut. Avis à la populace!

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J’emprunte cette injonction musclée à l’affiche du  Critérium Sauvage des Cascades qui roule ma poule ce dimanche 19 septembre 2010. J’aime la rue des Cascades. J’y ai déjà glané des graffiti que j’ai collé sur mon post du 4 novembre 2007 : Calaveras.

Ses habitants y suspendent des chaises dans le ciel.

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On y croise des artistes, des petites filles qui s’appellent Violette et des garçons qui vont au pain en souriant comme Razibus Zouzou, le pote à Bibi (Fricotin).

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venelle fernand raynaud.jpgLes soirs d’été je vais y boire des coups à La Fontaine d’Henri IV, micro-troquet posé comme une fleur au pied des escaliers de la venelle Fernand Reynaud.

J’y donne des RDV à mes fidèles lecteurs car Bellevill’Montant est un vivier d’Animuliens bien informés.

Parmi ceux-ci, un dénommé Eric, le découvreur de l’œuvre de Hassan, le fameux inconnu échoué à Barcelone «avec l’Afrique dans sa tête».

Eric pousse un peu ma théière pour étaler, sur le guéridon du café, les panneaux de bois tracés à la règle et subtilement colorés que je vous montre à mon tour. Choc positif. Emue comme me voilà, j’envoie planer d’un geste maladroit l’i-phone d’Eric sur le trottoir.

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«On rentre pas dans son monde» me disait-il à propos d’Hassan. Machiniste de théâtre de son métier, Eric n’a pas l’habitude de garder ses yeux dans sa poche. Il dispose de la bienveillance nécessaire à l’approche des plus farouches créateurs de rue. Même si, comme Hassan, ils paraissent «très perdus dans l’alcool et les joints». Loin de ses Cascades, Eric a donc zoomé, un jour de vacances, sur ce jeune garçon sénégalais recroquevillé le long d’une palissade de la capitale barcelonaise.

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Il avait aperçu les dessins sur planchettes de caisses à vin dispersées près du jeune homme. L’auteur de ces dessins, d’une inspiration géométrique qu’on peut seulement rapprocher de celle d’Hélène Reimann,

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  Collection abcd

affectionne les encoignures, la proximité des poubelles, les lieux sévèrement taggués, l’ombre mitée.

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Il en a fallu à Eric de la patience pour parvenir à rencontrer son regard!

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Le paradoxe est que ce créateur homeless, qui s’accommode de l’inconfort le plus total et qui vit dans le dénuement, ne semble rêver qu’à du mobilier fonctionnel et à des maisons à toits plats à la déco en damier.

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Bauhaus du pauvre sur lequel un grand oiseau semble vouloir se percher.

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  Des outils aussi, qui font écho au petit matériel qu’Hassan transporte dans une toile roulée et  qu’il déballe sur le trottoir pour travailler : crayons de charpentier, marteaux, pieds à coulisse.

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Humble matos avec lequel ce designer du type «clochard céleste» sertit élégamment (souvenir de quelle forge de village?) l’émouvant petit poinçon en cuivre qui lui sert de marque de fabrique ou de signature.

03.09.2010

Animula : une valeur sûre depuis 5 ans !

Ne pas oublier… que ça fait 5 ans déjà que votre petite âme errante fait profiter le ouaibe de son jus de cervelle. Donc inscrire dans la partie en pointillés de ce rouge pense-bête, inspiré d’une gravure du XVIIe, la mention Anniversaire d’Animula en jolis caractères de civilité si possible.

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J’emprunte au Tampographe Sardon ce «très utile» support mnémotechnique que me signale ma copine Sophie avec des gloussements de plaisir dans le clavier : «un truc sommes-toutes (sic) assez rafraîchissant même si c’est très mauvais goût».
Et d’une impertinence très lucide, ajouterais-je (faut toujours que j’ajoute) comme toute la production originale de ce fabricant de tampons qui s’achète à boire avec les sous quand il en vend.

Maman Brigitte.jpgSophie me signale «une affection» particulière pour «Maman Brigitte», un tampon «dans une splendide boîte faite à la main» visible sur le site du Tampographe Sardon en compagnie de quantité d’autres que j’ai collés sous le nez de mon chéri et de mon daddy, dès fois qu’ils veuillent me faire un cadeau pour me récompenser des 600 posts et des que j’ai collés sur mon blogounet depuis septembre 2005.

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Posada.jpgMoi, bien sûr, j’ai un faible pour la Boîte «Usage de faux Dubuffet» et je déteste pas non plus le Coffret Posada.

 

Mail-Art.jpgJe kiffe grave aussi «LE MAIL-ART C’EST DE LA MERDE» et le coffret «Tampons vulgaires».

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Ainsi que le resplendissant : «J’EN AI RIEN A FOUTRE» que j’utiliserais volontiers comme ornement frontal de certaine caboche prétendument subtile.

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Le Tampographe, au mois d’octobre 2010, sera l’invité (pour une journée seulement) du Centre Pompidou (des sous!) pour un impromptu (relututu) durant lequel ses maudits tampons seront mis gratuitement à la dispo du public. En attendant il reçoit en son atelier. Son jour c’est le vendredi de 15 h à 19 h, si j’ai bien compris. Son affiche est sérigraphiée par Le Dernier Cri et «la grande dessinatrice Caroline Sury a fait quatre magnifiques tampons» pour lui.

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C’est pour moi une référence

23:55 Publié dans Blogosphère, De vous zamoi, Images, Jeux et ris | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : le tampographe sardon, caroline sury | |  Imprimer | | Pin it! |

22.08.2010

Nous, ceux de la parole toujours en marche

Impossible de quitter Lausanne sans vous expédier les cartes postales Giovanni Bosco proposées à l’accueil de la Collection de l’Art brut. Les deux premières qui représentent des œuvres feutrales sur papier ou vulgarus cartonus ont été photographiées par Arnaud Conne.

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La troisième est un cliché de Lucienne Peiry herself d’après une peinture murale à Castellammare del Golfo en Sicile, patria du créateur-fétiche d’Animula Vagula.

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Ces C.P. émanent de l’Associazione Outsider Art Giovanni Bosco et de la Collec de l’Art brut de Lausanne réunies.
Elles vous parviennent au moment où ça bouge en Italie du côté de ce peintre qui reste la plus belle découverte récente en matière d’art brut. Son travail «extraordinaire» figurera en compagnie de ceux de 5 autres créateurs «hors normes» dans une expo collective à Gênes du 3 septembre au 3 octobre 2010. Si j’en crois le carton d’invitation au vernissage du vendredi 3 septembre qui a privilégié une tête-cœur graffitée par Bosco, c’est l’œuvre de celui-ci qui fait office (ça ne m’étonne pas) de locomotive à cette exposition qui se tiendra au Musée-Théâtre de la Commenda di Pré.

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Joli nom pour un lieu destiné à recevoir voyageurs, pélerins et pélerines. Un lieu ouvert «pour relier peuples et cultures». Bravo aux Gênois et à la province de Gênes, bravo à la région ligure qui défend de telles valeurs un peu méprisées de notre côté des Alpes. Nous, ceux de la parole toujours en marche, titre de l’exposition, sonne pour nous Français comme une agréable manifestation de tolérance envers l’errance expressive en cet été 2010 synonyme d’imbécile ostracisme d’état.
Ce titre rappelle à mon daddy ces Voix d’en bas, une anthologie de poètes-ouvriers du XIX ème siècle, concoctée en des temps héroïques (1979) par Edmond Thomas, éditeurfan de typographie bien propre sur elle.

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C’est pas idiot, sauf que là c’est plutôt le sous-commandant Marcos qui a donné le titre de l’expo gênoise faisant un clin d’œil (pas facile avc un passe-montagne) à une petite poésie de l’anti-leader mexicain : «Nous les sans voix, nous les sans visage».

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Evitez de vous couvrir la figure mais passez les frontières, animuliens suisses, français et autres de passage dans la botte pour vous rendre à cette expo où Giovanni Bosco est en bonne compagnie. Notamment celle de Oreste Fernando Nannetti, champion de la boucle de ceinturon dont mon ravissant petit blogue vous a déjà parlé le 15 novembre 2009.

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Les autres participants, dont Melina Riccio,

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je les connais pas plus que ça, donc le mieux c’est d’aller faire un tour sur le dossier de presse de l’expo. Vous y verrez que  Noi, quelli della parola che sempre càmmina a pour commissaire un danseur du nom de Gustavo Giacosa, épris de scénographie-installation et d’écritures anonymes.

11.08.2010

Ne manquez pas Bonaria Manca!

Ne manquez pas Bonaria Manca! Carte postale de Roberta Trapani qui butine le miel d’Aubagne. A tous les Animuliens non tout à fait absorbés par le bar de la plage, elle adresse ce beau portrait de Bonaria récemment pris dans la maison du peintre à Tuscania, dans le Latium.

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C’est en 1951 que Bonaria Manca s’est installée sur cette terre étrusque. Un drame familial et la nécessité d’éviter une vendetta l’ayant arrachée dès 1948 (elle avait alors 23 ans) à son pays natal : Orure en Sardaigne. Née dans une famille de bergers, Bonaria menait la vie des siens, gardant le troupeau, fabriquant les fromages, filant, tissant, aidant sa mère à élever les petits frères. Elle s’est mariée tard et n’a pas eu d’enfants. C’est à 55 ans qu’elle a ressenti le besoin de s’exprimer de façon artistique, chantant l’amour de la campagne et peignant la vie des bergers.

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Roberta Trapani qui a eu carte blanche pour l’accrochage de ses tableaux au Festival aubagnais vous racontera ça mieux que moi : “Elle utilise d’abord la broderie et les travaux d’aiguille pour se fabriquer des vêtements, en se libérant peu à peu des formes d’expression traditionnelles sardes. Les images qui apparaissent dans ces travaux minutieux de broderies sont ensuite transposées dans la peinture : d’abord sur des toiles, puis, les toiles venant à manquer, sur des murs.(…) Peu à peu toute la maison se couvrira de fresques murales donnant forme à ses souvenirs et à ses visions ».

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Je reprends la parole et quitte à regret mon rhum-coca pour vous signaler que c’est cette partie in situ de l’œuvre de Madame Manca qui me paraît la plus intéressante mais vous êtes pas obligés de me croire. Mario del Curto a photographié l’intérieur de la maison de Tuscania en avril 2010. Certains de ces clichés sont présentés à Aubagne, en compagnie d’un documentaire de Marie Fanulicki à propos de Bonaria Manca («pas un film sur elle mais avec elle»).

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© Stella Production

Bonaria volontiers paie de sa personne. Au vernissage d’Aubagne, elle était là et elle a chanté.

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Roberta Trapani nous rappelle que des œuvres de Manca ont figuré dans une expo de 1999 au Musée de Stadshof de Zwolle en Hollande et que le Museum Dr Guislain en Belgique possède 3 œuvres de cette créatrice.

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«J’envisage (nous dit Roberta) de diriger la rédaction d’un petit ouvrage consacré à l’œuvre de Bonaria Manca. Ce livre, dont les textes seront en français, anglais et italien, permettra de mettre en valeur et diffuser son œuvre extraordinaire -qui reste largement méconnue en Italie et ailleurs- même si certains médias (journaux, télévision) se sont parfois amusés de son personnage pittoresque de «pastora pittrice».

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05.08.2010

Sous les volcans, les Aoûtsiders

Pouchkine à Strasbourg, Doisneau à Chalon, Sefolosha sous les volcans. Aux quatre vents des vacances, quelques expos à signaler pour les dispersé(e)s de l’été.

Pouchkine, je vous en parle pas. C’est un peu loin de mon sujet. Quoique. Cela fait un moment que ça me démange de vous montrer les fantômatiques illustrations de Marie Egoroff qui ornent une édition du poème Rouslane et Ludmila (traduit du russe par Véra Starkoff) paru en 1898 à la Librairie de l’Art indépendant.

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Je les trouve tellement curieuses que j’ai fait réparer mon exemplaire qui était en loques par un relieur. Je profite de l’occasion qui m’est offerte par le BNU de Stras pour vous les mettre sous le nez.

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La Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg présente en effet jusqu’au 19 septembre 2010 une expo consacrée au grand écrivain russe, dans le cadre de l’année France-Russie. Elle présente un vaste panorama d’œuvres illustrées. J’ignore si les images de Marie Egoroff y figurent mais avouez qu’elles le mériteraient.

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Sur Marie Egoroff, on a beau fureter, on trouve rien mais mon petit animulidoigt me dit qu’elle devait être bien frottée de médiumnité.
Au Musée Nicéphore Niepce et jusqu’au 19 septembre 2010 aussi, Robert Doisneau, Les tatouages du milieu, ça plaît toujours. Et c’est réalisé avec le soutien de l’Atelier R.D. et du Centre National des Arts Plastiques.

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Une chapelle sous les volcans, c’est Marmontel qu’elle s’appelle. Curieux pour une chapelle ce nom de pote à Voltaire. Mais enfin c’est à Mauriac (rien à voir avec François) dans le Cantal (15200) où sont les bons fromages.

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L’expo qui s’y déroule jusqu’au 5 septembre 2010 s’intitule Outsiders. Comme ce n’est pas très original, la P.Q.R. a déjà baptisé les artistes qui y figurent : «aoûtsiders». Comme je suis bon public, je trouve ça rigolo. Le flyer (qui joue le mystère du noir) reproduit une œuvre du sculpteur Jean-Yves Gosti.

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Parmi les noms des 15 participants, j’ai noté vite fait 3 artistes présentés par le Musée de l’Art en Marche : Carles-Tolra, Kurt J. Haas, François Montchâtre et un Michel Nedjar par la Galerie Susi Brunner. Je ne saurais (comme disent les Belges) citer tout le monde mais sachez qu’il y a aussi Joël Lorand dont je vous ai déjà parlé un peu et Christine Sefolosha (cha, cha, cha!) qui vaut le détour.

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25.06.2010

7 dessins du prince Youssoupoff

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L'Envie

Youssoupoff c’est du post post. Pas seulement parce que Félix Youssoupoff ça nous ramène à de l’histoire ancienne, à un temps d’avant Poutine, Brejnev et même Staline.

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diamant.jpgAu temps des tsars exactement où les princes russes qui n’avaient pas la chance comme le beau Félix d’emmener un gros diamant en exil se retrouvaient chauffeurs de taxis à Paris.

Post post, mon post d’aujourd’hui car c’est avec un mois de retard que je chrommunique au sujet des époustouflantes aquarelles du Prince Youssoupoff rencontrées l’avant dernier jour de mai 2010 en la Galerie L’Arc-en-Seine. invit st germain des prés 2010.jpgC’est à l’occasion de la 12e édition d’Art Saint-Germain des Prés que je trainai mes guêtres rue de Seine ce jour-là et je frôlai la syncope en apercevant dans la vitrine de la galerie cette assez petite mais très dense trogne intitulée Le Doute.

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De loin comme ça, j’avais cru que c’était un portrait hallucinant de Marguerite Burnat-Provins. De près, je pensais au comte (noblesse oblige) de Lautréamont. «Le Canard du doute», vous pigez?

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Le Doute

Sinon, allez chez Wiki et renseignez vous aussi auprès du camarade Gougueule à propos de l’auteur de ce dessin visonnaire. Pour les allergiques du clic superflu, je dirai rapidement que Félix Youssoupoff (1887-1967) c’est, avec d’autres conjurés, l’exécuteur de Raspoutine, le gourou crado et partouseur qui avait hypnotisé la Tsarine de l’époque.

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Le Flegme

Je vous passe les détails sordides de la mort de Raspou, un costaud de chez costaud sur lequel il fallut s’acharner. Ce terrible événement, par lequel Youssoupoff crut sauver la Sainte Russie, l’obséda toute sa vie d’autant que les journalistes n’arrêtaient pas de le questionner là-dessus. Et ça explique peut-être que 12 ans après ce meurtre, en 1929, il se soit trouvé atteint d’une fièvre art-brutifère.

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L'étonnement

Alors qu’il villégiature en Corse, Youssoupov se sent soudain pris d’une violente envie de dessiner. La manière dont il relate la chose ne fait guère de doute. C’est bien à une crise impérieuse d’automatisme qu’il cède : «Mon travail s’exécutait comme en dehors de moi-même. Je ne savais pas ce que j’allais faire». Et encore : «Je me suis adonné à la peinture comme si j’avais été ensorcelé. Mais ce que je créais étaient des visions de cauchemar plutôt que des créatures de rêve. Moi qui n’aimais que la beauté sous toutes ses formes, je ne pouvais créer que des monstres. (…) Un jour j’ai arrêté de dessiner aussi subitement que j’avais commencé. Le dernier dessin eut pu être le portrait de Satan».

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Pour cette expo de Sept dessins par Le Prince Félix Youssoupoff, la Galerie L’Arc-en-Seine a pondu un catalogue or et noir qui complète celui sur papier saumon de la Baltique qu’elle avait publié (avec un texte de Edmonde Charles-Roux) lors d’une précédente présentation en 1988 de ces dessins qui, pas plus que maintenant, n’étaient à vendre.

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19.06.2010

Visages de l’art brut

plouf.jpg«Animula c’est Animula!..» Cette énigmatique affirmation m’a été récemment servie dans un vernissage, avec un sourire au coin de la moustache, par un de mes malicieux lecteurs. Elle m’a plongée (plouf) dans un abîme de réflexions. Bien que proférée sur le ton de la plaisanterie, elle n’en était pas moins grosse d’implications philosophiques, pour ne pas dire métaphysiques.

fil en aiguille.jpgQui étais-je ? pour qu’on m’adresse pareille tautologie calquée sur la boutade de Dubuffet : «L’art brut, c’est l’art brut etc.». Où allais-je? et dans quelle étagère finirais-je?

De fil en aiguille, je me suis mise à chercher le visage de l’art brut qui s’est superposé dans ma rêverie au visage (idéal) d’Animula. Ou l’inverse, je ne sais plus. Et j’ai trouvé ceci :

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Vous en avez deux pour le prix d’un.
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Ces inéluctables visages proviennent du catalogue d’une exposition dont je vous ai déjà parlé à la fin de l’année dernière (le 6 décembre pour être précise), dans ma note : Espagne, 70 ans d’art en hôpital psychiatrique. Ce copieux et richement imagé catalogue est maintenant entièrement consultable sur le net. Page après page, on peut le feuilleter électroniquement avec un bruit de papier froissé très rigolo.

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Comment ne pas s’arrêter aussi sur ces photos des murs du Manicomio Provincial de Murcie, prises dans les années trente?

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17:21 Publié dans Blogosphère, Expos, Glanures, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, manicomio, hôpital psychiatrique, murcia, espagne, graffiti | |  Imprimer | | Pin it! |

08.05.2010

Art brut et alentours ...

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Art brut et alentours .... Vous avez reçu le carton de cette expo qui se tient à la grande petite Galerie Chave jusqu'à la fin juin 2010? Elle a commencé le 27 mars mais Vence c'est pas la porte à côté. Faut trouver du temps pour y aller. Raison pour laquelle je ne l'ai pas vue. C'est dommage. vence_galerie_chave1.jpg

J'aime bien la Galerie Chave, grande par son histoire et par ses trois étages et petite par son abord toujours modeste de boutique de village.

 

J'attendais le catalogue pour vous en parler. Le voilà.

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C'est un objet qui fleure bon l'épicerie d'enfance dont parle Jean Follain, celle où on emballait les choses, dans la jeunesse folle de mon daddy, avec du gros papier chamois. C'est du papier de ce style qui a servi à réaliser ce catalogue sauf que là c'est plutôt l'encre qui lui a communiqué son parfum, vu qu'il est imprimé «sur des feuilles intercalaires appelées macules, utilisées dans des ateliers de lithographie depuis une centaine d'années pour les tirages de chromolithographies, d'images pieuses, de cartes postales, d'affiches de Carnaval, de tickets de rationnement ... et plus récemment d'estampes originales d'artistes contemporains». catalogue 59.jpg

En voilà une idée qu'elle aurait plu à Dubuffet! Cela tombe à pic puisque le catalogue 2010 des Chave la joue discrétement «cinquantenaire» de l'expo historique de la Galerie Les Mages : Alphonse Chave présente l'art brut, qui vit Dubuffet relancer grâce à A.C. sa collection chérie. Aussi ne jetez pas votre catalogue Art brut et alentours à la poubelle, sous prétexte qu'il contient des pages à traces, à plis, à manques marginaux. C'est fait ek-se-près!

Cela l'empêche pas de redonner la lumineuse préface du Jeannot que vous feriez bien de copier 100 fois si vous la connaissez pas par cœur. Au moins les deux premières phrases : «Le parti de l'art brut c'est celui qui s'oppose à celui du savoir, de ce que l'occident nomme (un peu bruyamment) sa culture. C'est le parti de la table rase».

L'expo Chave de mai-juin 2010 montre les œuvres de 36 créateurs autodidactes dont certains (Aloïse, Jacqueline B., Marthe Isely, François Ozenda, Francis Palanc) figuraient déjà dans l'expo de la fin 1959. Mais là, y'en a en a un tas en plus que vous découvrirez en allant vous balader sur le site chavounet ou directement dans le catalogue orné de repros-couleurs collées sur la page-support.

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Jean Deldevez

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Jacqueline B

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Jules Godi

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Francis Palanc

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Thomas Grégoire

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François Ozenda

Je vous donne en prime une page noire qui chapeaute le tout.

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Toutes les reproductions d'œuvres sont extraites du catalogue - ©Galerie Chave

En ces temps de confusions généralisées où l'on mélange l'art brut avec n'importe quel pastis, le court texte de présentation de M. et P. Chave paraît rafraîchissant dans le genre remise des pendules à l'heure. Vous serez pas plus de 300 happy-few à posséder cet ouvrage parce que son tirage est limité et numéroté. Alors, soyez pas des cavounets et grouillez vous de l'acheter. C'est que 20 € et l'euro baisse.

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12:25 Publié dans Expos, Images, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, galerie chave | |  Imprimer | | Pin it! |