15.11.2006
Demis naïfs et quarts de brut
Les choses bougent à une vitesse! Le temps de la clandestinité pour l’art brut est révolu. L’art brut et toute une création jadis souterraine qui explose à la surface comme une taupe, chauffée par la canicule (ça recommence, j’ai failli crever dans mon nouveau duffle-coat). On peut plus ouvrir un canard sans qu’une info singulière vous saute à la goule.
La semaine dernière, La Gazette de l’Hôtel Drouot délaissait un peu le livre des records pour nous offrir une balade en Limousin. Et là qu’est ce que je vois? Un petit visage moustachu coiffé à la gallo-romaine, à l’intérieur d’une sorte de chapeau de Napoléon.
J’ai reconnu Masgot, le village de François Michaud, paysan et tailleur de pierres de la Creuse et une de ses sculptures en granit local dont cet autodidacte de l’art orna le portail d’entrée d’un potager du 19e siècle.
Un peu plus tard, triant de vieux papiers à mon daddy qui garde tout, la chance a voulu que je tombe sur un vieux numéro tout noir de Canal datant de mars-avril 1978.
J’étais minote en ce temps-là et j’ignorais qu’un monsieur Durozoi (Gérard) avait écrit déjà un article sur Jules Leclercq : Délire et création. Par exemple : J.L.
Je le signale pour verser un peu d’huile sur un récent débat qui risquerait de s’enliser dans des questions de dosage : brut de brut / brut naïf / naïf de chez brut / naïvement brut / brutalement naïf ? J’avoue que je suis trop brûlée ce soir pour trancher la question.
Avec mes petits yeux qui se ferment tout seuls, j’aurais tendance à vous dire, en étouffant un bâillement, que j’ai pris un pied égal -quoique différent- à fréquenter les œuvres de Michaud et de Leclercq. Et ça, ça compte aussi, n’est-ce-pas?
00:40 Publié dans art brut, art naïf, Gazettes, Glanures, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : françois michaud, jules leclercq, art brut | | Imprimer | | |
22.10.2006
Les rêves de pierre d’un jardinier lyonnais
Avec l’été indien qui s’éternise, votre petite âme errante a déserté son écran 17 pouces pour hanter les dernières brocantes. Bien lui en a pris puisque d’une pile de magazines tous plus rasoirs les uns que les autres elle a exhumé le n°18 d’une mince revue intitulée Créations qui contient 4 pages sur Les rêves de pierre d’un jardinier lyonnais, qui n’est autre que le cher Charles Billy de Civrieux d’Azergues au sujet duquel vous pouvez déjà consulter un petit album d’images-maison.
Créations est une publication de l’Ecole Moderne (Pédagogie Freinet) et ce n°18 date de juillet 1984, ce qui a son importance quand on sait la nécessité de retourner aux origines des environnements d’art. Si l’on compte la couverture, l’article contient 13 photos (en noir, en couleurs et de ton thé) de Annie Dhénin qui avec d’autres compères âgés de 15 ans à l’époque (Franck et Olivier) a recueilli les propos de l’aimable Billy.
J’ai extrait pour vous quelques morceaux de cette juvénile interview
«Quand j’ai quitté l’école, j’avais 12 ans ½ ; je n’étais pas mauvais en dessin, je faisais des croquis. A l’orientation professionnelle, on m’a dirigé comme marbrier (à l’époque le marbrier c’était un sculpteur). Mais il fallait tout le temps être dehors et je crains énormément le froid à cause d’une maladie des mains ; ils ont dit : vous allez être dessinateur. mais je transpire beaucoup des mains, ça gâche. (…) J’ai bricolé un peu partout, j’ai fait un peu de tout ; j’observais bien, partout où je passais ; ça m’a servi plus tard. (…) Je prends partout ce que je vois. L’an passé, je suis allé voir les jardins de l’Alhambra, je n’en ai rien tiré à faire, je reste au point où j’en étais. Mais c’est magnifique. (…) Je suis devenu un plongeur parce que j’avais des copains qui plongeaient du Pont du Change à Lyon ; malgré la trouille, je leur ai dit : je monte !.. et j’ai plongé (…) Quand je commence quelque chose, il faut absolument que je le finisse…Que ce soit une C… ou pas ! (…) Quand je commence, je ne sais jamais ce que je vais faire, je fais des croquis, je ne sais rien ; et puis, au moment où je commence à donner le premier coup (…) j’ai le marteau, j’ai le burin…Alors, à ce moment-là, ça vient, et je continue (…). »
18:25 Publié dans Gazettes, Jadis et naguère, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Charles Billy, art brut | | Imprimer | | |
30.08.2006
Fernand Chatelain. Avant. Après.
Châteaux, châteaux, châteaux, c’est écœurant ce qu’il y a de châteaux. Tous ces châteaux indiqués sur les routes, moi forcément ça m’a fait penser à Chatelain, Fernand du prénom, et à son fameux jardin de sculptures toujours en proie à un relookage d’enfer.
Votre petite âme errante a donc pointé le museau de Bijou, sa Toyota éborgnée, en direction d’Alençon. A Fyé dans la Sarthe où je suis passée en coup de vent, je n’ai guère eu le loisir de m’extasier sur la restauration. Celle du bistrot Canebière, dont les sandwiches géants m’ont paru un brin trop «nourrissants», celle du site occupé par les créations de Chatelain qui m’est restée sur l’estomac.
Disparu le lapin avec le petit baigneur sur le nez, l’Anglais avec le Times. Où sont passés le Concombre masqué, Nicolas et Pimprenelle ? On tremble pour eux. Vont-ils nous revenir et sous quel maquillage?
Nulle pancarte pour indiquer aux «promeneurs» (que Chatelain aimait à voir s’arrêter devant chez lui) l’état et la nature des travaux. De ce qui reste, une partie non négligeable est passée déjà entre les mains laborieuses des acharnés réhabiliteurs. Heureusement, quelques œuvres de Chatelain demeurent encore dans leur état naturel et le moins que l’on puisse dire c’est que les rides leur vont bien. Ne craignez donc pas d’emprunter la Nationale 138, même si nos amis camionneurs l’affectionnent.
Si vous voulez savoir qui était Fernand Chatelain, avoir une idée de ce qu’était son incroyable univers créatif, précipitez vous à Fyé, sans tarder. Bientôt il sera trop tard.
Pour mieux vous permettre de vous faire une idée personnelle, j’ai obtenu du graphiste Jean-Charles Rousseau qu’il me confie, à fin de comparaisons utiles, certains de ses clichés (voir Album) qui ont été réalisés récemment ou en 1969.
Je dis bien
MILLE NEUF CENT SOIXANTE NEUF.
18:40 Publié dans art brut, De vous zamoi, Jadis et naguère, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : fernand chatelain, art brut | | Imprimer | | |
16.08.2006
La petite chapelle de frère Déodat
Aux amateurs de maisons bleues, aux fondus de Dives-sur-mer, aux da Costistes convaincus ainsi qu’à tous les Raymondisidoriens, tous les Robertvasseuriens, tous les amoureux des mosaïques en vaisselle cassée ou en coquillages, ces clichés de la Petite Chapelle de Guernesey où que ça fait déjà longtemps que votre petite errante rêve d’aller et qu’elle n’a jamais pu voir.
Pour en savoir plus, achetez donc le dernier numéro (55, summer 2006) de Raw Vision. Il y a un article de Céline Muzelle là-dessus avec des photos de Deidi von Schaewen (ci-dessous).
16:50 Publié dans Ailleurs, Gazettes, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : frère déodat, art brut, guernesey, céline muzelle | | Imprimer | | |
04.07.2006
Gabriel, du jardin au ciné
23:40 Publié dans Ecrans, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut | | Imprimer | | |
08.05.2006
Une visite à Belvert
Belvert existe, je l’ai rencontré. C’est pour ça que votre petite âme errante vous a abandonnés, mes chers zanimuliens.
Belvert est une jungle séparée par un mini-grillage de la gendarmerie voisine. On y entend le clairon, la sirène et les «P’tiiit t’es cuiiiit» des merles moqueurs. Les merles ici sont gros comme des poulets, le couple Valière les gavant de gâteau aux framboises du dimanche.
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En échange, ces reconnaissants volatiles enfouissent dans leur jardin des noyaux enrobés d’humbles fientes qui deviennent des cerisiers. C’est ainsi que tout pousse dans le jardin de Belvert. Michel et Michèle (appelons-la Mimi pour éviter la répétition) ne s’occupent de rien. Ils sont bien trop occupés à saluer, depuis leur balcon, les défilés de vieilles Deu-Deuch qui passent devant leur portail les jours fériés. Quand ils ne participent pas à de tels rallyes ou qu’ils ne répètent pas un pas de danse folklorique, Michel et Mimi chaussent leurs mocassins en buffle du Poitou ou leurs espadrilles basques et ils vont visiter l’atelier du peintre Pascal Audin en compagnie de Parisiens blasés dans le genre de mon chéri et moi. Au passage, ils cueillent leur amie l’ethnologue Isabelle Laurent qui connaît toutes les fleurs par leur nom et qui a collaboré au best-seller de Michel Valière : Amours paysannes. Ensemble, cela fait 5 paires d’yeux qui s’écarquillent en se tordant le cou pour suivre le ballet du peintre qui brandit ses tableaux du haut de sa loggia. Comme il va de plus en plus vite et que sa grande maison (une ancienne boulangerie) est pleine à craquer d’œuvres très colorées (totems, casseroles enluminées, dessins), on se repose un peu en regardant les fresques cobraïsantes et enfantines qui ornent la cour. Survient un orage de grêle pour refroidir notre réflexion. Pas sûr que Pascal Audin soit un «artiste Art Brut» comme l’écrit un certain Dumoulin sur une notice qui traîne dans la maison. N’appartient-il pas plutôt à un courant autodidacte tombé trop brutalement de l’arbre fécond de la Figuration Libre ?
19:35 Publié dans Glanures, Jeux et ris, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : michel valière | | Imprimer | | |
30.04.2006
Roger Ouellette, un vrai patenteux
Sans vouloir vous infliger une piqûre de rappel (votre petite âme errante n’a rien d’une infirmière), il faut que je revienne sur L’esprit de la forêt à la Halle Saint-Pierre. Dans ma note précédente du 7 avril, j’ai oublié de vous parler de Roger Ouellette. Comme je peux pas m’empêcher de chipoter, je ne me gêne pas pour râler parce que, sur le carton d’invitation, son nom est inscrit à côté de celui de Richard Greaves mais que, bernique de son site dans l’expo de la sainte Halle ! Dommage, j’aurais bien aimé savoir comment l’œil du photographe Mario del Curto avait caressé cette œuvre majeure d’un des plus fameux créateurs populaires québécois. Elle fait partie de la riche collecte glanée il y a plus de 30 balais maintenant chez nos cousins canadiens par trois courageuses têtes chercheuses encouragées par le climat de contre-culture alors assez vivace là-bas comme ici : Grobois (de), Lamothe et Nantel.
Les Patenteux du Québec (1974 puis 1978), bouquin de ce trio de Louise, Raymonde et Lise, fait figure de monument historique sur les rayonnages des bibliothèques sur le sujet.
L’année dernière, le Musée de Charlevoix (région à Ouellette), à La Malbaie, a consacré une expo à Roger Ouellette. Provoquer le temps qu’elle s’appelait, in english : Stirring Up Time. La commissaire c’était Valérie Rousseau de la Société des arts indisciplinés. Malheureusement, pas de catalogue dans cette exposition charlevoixeuse.
Rien que l’impressionnante image du cheval bleu sur le carton d’invitation. Décidément, j’en ai d’la misère avec Ouellette. Pour remédier à ça, j’ai puisé dans mes photos de vacances et piqué, pour faire bon poids, quelques clichés en provenance de la S.A.I. Résultat des courses, un dodu diaporama à vous mettre sous le regard, chanceux que vous êtes! L’intérieur de la maison, le parterre autour, le musée-grange «de la civilisation» et la montagne «de la fée» : une visite du domaine de Roger Ouellette comme s’il était toujours de ce monde.
22:25 Publié dans Ailleurs, Images, Sites et jardins, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : roger ouellette, art brut | | Imprimer | | |
07.04.2006
Esprit de la forêt
Ne lisez pas cette note si vous trouvez que je vous prends la tête avec Greaves mais si vous loupez l'occasion d'aller voir en live les photos de Mario Del Curto à la Halle St-Pierre de Paris 18, votre petite âme errante vous raye de la map pour au moins 24h. C'est pas seulement les constructions déjantées du (dé)bâtisseur québécois que vous pourrez admirer au pied de la Butte, vous découvrirez aussi les cabanes inouïes que de rustiques Finlandais, aux noms imprononçables (Elis Sinistö, Veijo Rönkkönen, Alpo Koivumäki), se sont aménagés au creux de leurs forêts où il fait jour à minuit.
L'Esprit de la Forêt, c'est le thème de l'expo et peu importe que son concept hésite entre exhibition sylvestre et show Mario DC. Cela nous permet d'étendre notre champ de conscience de l'art brut et de voir dans les vitrines les petits animaux ébouriffés (cerfs, oiseaux, sangliers) d'Ulrich Bleiker ou de Jakob Müller (je sais plus), le Museum suisse im Lagerhaus ayant été mis aussi à contribution. Dans la salle noire en bas, on est bluffée par le cochon en pommes de pin d'Anne Kinnunen de Finlande mais on est surtout frappée par l'installation des «silvesterklaüse», mannequins ruraux suisses (carnavaleux) dénommés «Beaux-Hideux».
00:05 Publié dans Expos, Jeux et ris, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Silvesterklaüse, art brut | | Imprimer | | |
04.04.2006
AG de printemps (suite)
Alors, il faut que je vous dise : après la matinée-découverte, on s’est tous retrouvé au restaurant Le Centre à St-Hilaire de Villefranche. Ce que ça faisait des longues tables, c’est rien de le dire ! Quelqu’un a proclamé que ça lui rappelait les noces d’autrefois. Votre petite âme errante était dans ses petits souliers de randonnée parce qu’elle est timide quand elle connaît pas les gens. Heureusement le sort l’a placée en face de la frangette et des yeux gris-bleu de madame Michèle (Gardré-Valière) dont la voix douce sortait de son joli pull montant rose. On a causé merveilles, blogues, des enfants qui sont à droite à gauche et bien sûr de Gabriel, la vedette de la journée. Le petit rosé aidant, j’ai entamé une bavette avec un monsieur chef d’orchestre, fait connaissance avec Valérie Mazouin qui s’occupe d’un Centre d’Art à Saint-Gaudens, interrogé Véronique Molinié, une ethnologue du CNRS., sur ce qu’elle appelle le «processus d’artification». Sans oublier Alain Galteau qui a eu la gentilesse de m’offrir son livre sur St-Hilaire de V. et ses environs (Collection Pays et terroirs, 1991) qui contient une page et 2 belles photos du jardin de Gabriel Albert «artiste sculpteur».
Sur les photos de M. Galteau, les créatures de Gabriel ont encore bien des couleurs. Elles font plus grise mine aujourd’hui comme on a pu s’en rendre compte durant la courte visite que nous avons rendu au jardin le matin après l’apéritif à la salle des fêtes. Je vous en parlais pas parce que figurez vous que c’est ce moment là qu’un gros nuage a choisi pour crever au dessus de nos têtes. On s’est donc réfugiés dans la maison et dans l’atelier de Gabriel Albert avec les maires (l’actuel et le précédent qui était là aussi) et c’est avec émotion que votre petite Animula a découvert dans un coin la clarinette du sculpteur et sur l’un des murs de sa salle à manger la reproduction de l’Angélus de Millet dont elle vous invite à voir les images maintenant.23:45 Publié dans Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : gabriel albert, art brut | | Imprimer | | |
03.04.2006
AG de printemps chez Audebert
J’avais fauché pour vous des gâteaux saintongeais à la salle des fêtes de Chez Audebert où je suis allée pour la matinée-découverte du Jardin de Gabriel mais je les ai mangés dans la voiture sur la route du retour à Paris. Gabriel, «ça plaît où ça ne plaît pas mais c’est de l’art» nous a déclaré d’emblée monsieur Michel Mazouin, le président de l’Office de Tourisme de St Jean d’Angély et Saint Hilaire de Villefranche avant de passer la parole à Michel Valière, plus gros nounours que jamais avec son chat dans la gorge (il s’était levé à 5 heures du mat pour venir) et sa chemise bleue.
A la tribune, près de lui, monsieur Merlet, le maire de Nantillé, puissance invitante, s’était chargé d’accueillir l’assemblée assez fournie réunie là, ce lundi 3 avril, par un petit soleil aigrelet. Certains venaient de loin, quelques uns s’étaient perdus. Votre petite âme errante, pour sa part, avait eu du mal à comprendre que St-Jean d’Y sur les panneaux indicateurs c’était kif-kif Saint-Jean d’Angély. Pendant le mini-débat qui a suivi le speech enjoué de notre ethnologue préféré, j’ai feuilletté plusieurs de ses livres qui figuraient sur une table de littérature.
J’ai donc perdu un peu le fil des «protections institutionnelles», «patrimoine en déshérance», «architectes des monuments historiques» qui fusaient de ci de là pour me plonger dans la lecture diagonale de : Paroles d’or et d’argent (contes populaires), Nous n’avons pas fini de marcher (Migrances et partages), Le Conte populaire (Approche socio-anthropologique).
Je ne saurais donc trop vous dire ce qui est sorti d’une telle discussion. Tout ce que j’ai pu comprendre c’est que c’est d’abord une histoire de thune, le sauvetage du jardin aux sculptures à Gabriel, pour une petite commune et qu’il faudrait bien plus gros qu’elle pour s’en occuper. Peut-être bien qu’une asso de sauvegarde va se constituer pour aider à la recherche de solutions. La suite à bientôt.
23:55 Publié dans Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : michel valière, gabriel albert, art brut | | Imprimer | | |