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30.06.2011

Un été portes ouvertes

Je suis prise à la gorge par l’actualité des villégiatures. Les parties de campagne se succèdent et je n’arrive pas à suivre. Souvent elles ne se ressemblent pas et des fois si.

Dimanche dernier, le 25 de juin 2011, il faisait hyper-beau.

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direction la grotte.JPGEt j’ai retrouvé, pour une journée portes-ouvertes dans un jardin de Versailles, la fine équipe, constituée par Boistine et Jean-Michel Chesné, que j’avais rencontrée à Malakoff le samedi 14 mai au lieu-dit La Grotte.

Leur partenaire avait changé. Le principe de ces réjouissances c’est de marcher sur 3 pattes. Trois artistes qui montrent leurs boulots, leurs collections, leurs hospitalités, dans un contexte champêtre, intimidant pour personne. Dimanche 25 c’était Chamoro

chamorro

samedi 14 Catherine Ursin

Catherine Ursin

Je ne sais pas quelle garden-party j’ai préféré. Du côté Versailles, c’est clean et calme. Le jardin de Boistine sent le jasmin et bruisse de rires d’enfants.

Boistine
Du côté de Malakoff c’est plus touffu.

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Le jardin de mosaïques de Chesné monte et descend, tourne et vire. Il se la joue mystérieux mais ludique.

jean-michel chesné

Je ne sais plus si c’est chez l’un ou chez l’autre que je me suis gavée de brioche et de jus d’orange mais ce que je peux dire c’est que je me suis donné du mal pour photographier les œuvres en évitant la foule qui arrive par paquets chez Chesné, en chapelets chez Boistine : «coucou, c’est nous!». Bien entendu, j’ai mes petites préférences. Je vous les dirai pas.

Mais enfin, j’ai été plutôt agréablement bluffée par le côté architecte-singulier de Jean-Michel.

jean-michel chesné

jean-michel chesné

Ses dessins, plus cérébraux, ne me le laissaient pas présumer. Il a un sens pratique de l’environnement spontané qui lui vient peut-être des cartes postales qu’il se plaît à ramasser. Il en a mis quelques unes entre mes mains et ça n’a pas été le plus mauvais moment de la journée.

jean-michel chesné

De Boistine, j’aime certaines trouvailles où elle se montre capable de flirter avec ce qu’elle appelle «la barbarie».

boistine

boistine

Mais sa pente l’entraîne vers un certain bonheur (why not?) qui la porte vers le registre décoratif. J’espère un jour avoir l’occasion de plancher sur ses bijoux. En attendant, je me suis offert un de ses pendentifs en argent qu’elle balade dans une vitrine de poche parmi les coccinelles.

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Plus inquiet, plus tourmenté peut-être, l’état d’esprit qui préside aux travaux de Catherine Ursin! Suspendus dans les arbres de Malakoff, ses calicots sanglants ont de l’allure.

catherine ursin

Elle tourne douloureusement autour de thèmes sacrificiels féminins. M’intriguent les réseaux de lignes rouges striant ses installations.

catherine ursin

Je les ai retrouvées dans deux gouaches réalisées sur des cartons à boutons du temps de nos grand-mères. Elles marchaient si fort ensemble que je les ai achetées.

catherine ursin

Vous allez me dire que je suis folle. Que Chesné, Boistine, Ursin sont des gens cultivés. Cultivés en art brut. Mais l’art brut aujourd’hui n’est-il pas une influence qui s’exerce comme une autre? C’est intéressant de se demander comment ces trois-là sauront (ou ne sauront pas) s’en dépatouiller (ou s’en accommoder).

23:47 Publié dans Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Imprimer | | Pin it! |

24.06.2011

Laduz ou la clef des songes

Avis à la population animulienne avide de plan détente aux trémolos des p’tits oiseaux!

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Oniric rubric.jpgSi vous cherchez un point de chute à la campagne pour le ouikène ou une thébaïde pour une retraite studieuse, afin de rédiger votre mémoire qui n’avance pas sur Paris, allez faire de beaux rêves au Musée de Laduz.

On dit «Ladu» et c’est dans l’Yonne. Vous le savez bien car c’est pas la première fois que je vous cause de cet adorable musée rural des arts populaires. Des arts et pas des «traditions» car la maison n’est pas confite dans le folklore.img 720.jpg

Si Raymond et Jacqueline Humbert ont passé plus de 30 ans à rassembler les milliers de témoignages des activités, des rêves et du sens esthétique des gens d’autrefois, c’est pour que ça serve à ceux d’aujourd’hui qui ne sont pas tous des bourriques.

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La preuve, Jacqueline Humbert vient de prêter des objets de sa collection aux Morceaux exquis, une expo que je vous ai signalée pas plus tard qu’au début du mois de juin, petits veinards que vous êtes. Raymond Humbert n’est plus de ce monde mais sa présence bienfaisante plane toujours sur le beau jardin du musée où il aimait peindre et où les arbres, quand ils poussent de travers, reçoivent le secours de tuteurs et d’attelles comme on le fait au Japon.

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Dans une salle à part meublée de stalles du 18e siècle, rescapées de l’autodafé où elles étaient destinées par leur église, une exposition des peintures sur papier de Raymond Humbert est organisée par son épouse du 26 juin au 18 septembre 2011. Le vernissage de cette exposition intitulée Paysages est prévue pour samedi, le 25 juin 2011 à partir de 18 h à Laduz.

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Une occasion rêvée de vous offrir une nuit au musée, du moins dans sa chambre d’hôtes. Car, vraiment, je vous assure, ce n’est pas «foutage de gueule» de ma part, on peut maintenant dormir dans cette maison enchanteresse.

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Dans une aile adjacente, deux pièces à l’étage, superbement poutrées,

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un petit escalier avec une rampe en forme de harpe en fer forgé vous attendent.

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Et, jouxtant l’entrée du musée proprement dit,

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une petite cuisine avec des carreaux bleus et des confitures.

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L’Usage du monde de Nicolas Bouvier sur une table

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Un tableau en laine de Marie-Rose Lortet accroché dans la bibliothèque.

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Un coffre paysan à décor gravé, des galoches à châtaignes sur une armoire

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quelques beaux objets ou ustensiles populaires fixés au mur ou suspendus.

Et un p’tit déj bio au soleil le dimanche matin car il y en aura.

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Avouez qu’il y a pire!

21.06.2011

L’appel du 18 juin à la Fabu

18 juin 2011 : pierre blanche dans les annales de la Fabu.

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des hurlements.jpgNon seulement parce que Francis Marshall dédicaçait son recueil de réclamations ou parce que café et chouquettes étaient au rendez-vous des retardataires du matin. La CrAB Rencontre à la fabu.jpg

 

 

 

 

Mais parce que cette journée d’étude et de fun organisée par le CrAB fut tout simplement une sacrée bonne chose à glisser dans l’armoire aux souvenirs.

 

Ils étaient venus, ils étaient tous là. Même ceux du sud de l’Italie, même ceux de Rives dans l’Isère.

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Pourtant le ciel menaçait la tour de Pierre Avezard. J’eus beau exécuter ma danse de conjuration de la pluie, le temps nous la joua jusqu’au bout schtroumpf grognon.

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Ce qui divisa l’assistance en deux groupes distincts.

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Le camp des enragés optimistes qui s’installent dehors pendant les pauses et celui des gens prudents qui s’abritent sagement dans l’atelier spacieux d’Alain Bourbonnais, le héros du jour.

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Heureusement, les projections, les visites, les causeries et les performances réconciliaient tout le monde dans un joyeux brouhaha de chaises remuées et les zims et les zoums de mon kodak numér-hic (votre petite âme errante n’ayant pas craché sur le gentil vin blanc de Bourgogne).

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On se refit tout le toutim de la collection avec des ho! et des ha! aux retrouvailles et aux découvertes. Devant les machines de Monchâtre, Roberta Trapani faillit pousser la canzonette.

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Catherine Ursin, dans ses jolies pompes bleues, était captivée par les masques de Nedjar.

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Fanny Rojat, dans une attitude favorite, jouait les mystérieuses au stand Ratier.

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Je mitraillais pour ma part dans le groupe d’Agnès B (comme Bourbonnais) car les photos exceptionnellement étaient permises.

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Pas mécontente de revoir le mobilier de Podesta

Giovanni Battista Podestà

l’épouvantail du tunnel

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la vache de Landreau

marcel landreau

Question conférences, j’avoue que je me suis dissipée un peu. C’était rigolo d’essayer de capter Déborah Couette qui planchait à contre-jour sur L’Atelier Jacob. Heureusement, elle agite sa chevelure au fur et à mesure qu’elle progresse dans son sujet!

Déborah Couette

On s’entassa ensuite dans la beaucoup plus sombre salle de projection pour «Il avait un côté campagne», le laïus de Baptiste Brun sur Alain Bourbonnais et le petit monde de l’art des année soixante.

baptiste brun

Seules la faim et l’arrivée inopinée de la racaille des Turbulents (qui s’échappèrent bientôt en direction du lac) eurent raison du conférencier qui charmait la galerie.

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Avant de poursuivre le programme scientifique avec la séance médianimique du Sâr J.-L. Lanoux qui évoqua les mânes de Simone Le Carré-Galimard

Simone le Carré-Galimard

on se rua sur le pique-nic. Pauline Goutain mit au service de la collectivité des talents insoupçonnés de découpeuse de terrine .

pauline goutain

emilie champenois,jano pessetPour finir Jano Pesset pointa sa belle barbe de Père Noël que l’on aperçoit ici derrière le franc sourire d’Emilie Champenois.

La présence réelle de Michel Ragon fut attestée par le biais d’un entretien filmé chez lui par les soins de Débo et d’Agnès.

caroline bourbonnais

 

 

Maintenant, si Caroline B veut me donner la recette du délicieux flan qu’elle tient à la main, qu’elle ne se gêne surtout pas!

29.05.2011

Fernand Chatelain en 1976

Fernand Chatelain,Pierre Lebigre

Des nouvelles de Fernand Chatelain. Des nouvelles fraîches qui se parent des plumes du passé. Des fois je me dis que si Animula Vagula n’existait pas il faudrait l’inventer. C’est que, grâce à ses visiteurs, une nouvelle jeunesse est offerte à certains de ces chers «habitants-paysagistes» disparus que votre petite âme errante se plait à ressusciter.

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Ainsi Fernand Chatelain, l’auteur du jardin de Fyé en bordure de la montante et très-passante RN 138 près Bourg-le-Roi, un petit bled à une douzaine de Kms au sud d’Alençon. Vous avez l’occasion aujourd’hui de regarder dans les yeux cet ex-agriculteur qui fit de la fin de sa vie un feu d’artifice de création.

Fernand Chatelain,Pierre Lebigre

Mon blogounet venait à peine de sortir de l’œuf que je me penchais déjà sur le merveilleux cas de cet «homme du commun à l’ouvrage» dont l’œuvre abandonnée commençait à être l’objet d’une restauration qui reste controversée. C’était -funérailles que l’temps passe!- le 4 novembre 2005 dans une note Sur Fernand Chatelain qui ne fut pas sans provoquer des commentaires. Parmi ceux-ci, celui, très instructif, de Sébastien Mittig que j’invitais alors à m’envoyer des témoignages. Plusieurs années après, il vient de répondre à ma demande en m’adressant un bouquet d’images datant de l’été 1976 (12 ans avant la disparition de Chatelain).

Fernand Chatelain,Pierre Lebigre

 Nicolas

Fernand Chatelain,Pierre Lebigre

Pimprenelle

C’est comme ça sur Animula! Une fois le débat ouvert, il ne se referme pas. Et je deviens petit à petit une banque d’archives à moi toute seule! «il y a quatre magnifiques portraits de Fernand Chatelain, et qq belles vues de son jardin, dont certaines inédites à ma connaissance» m’écrit Sébastien Mittig.

Fernand Chatelain,Pierre Lebigre

Fernand Chatelain,Pierre Lebigre

C’est récemment qu’il a obtenu ces précieux clichés parmi lesquels celui de «cet hallucinant personnage en feuilles de palmier».

Fernand Chatelain,Pierre Lebigre

S.M. qui a sauvé de la décharge des morceaux de sculptures chatelaines, cherche toujours à se documenter. Par exemple, sur une pièce en forme de «cariatide au ventre en cible» dont malheureusement j’ignore tout. Les photos qu’il me fait parvenir ont été prises par l’ancien directeur des Beaux-Arts de Caen, Pierre Lebigre.

Fernand Chatelain,Pierre Lebigre

Et c’est avec l’accord de Madame Jeanne Lebigre, la veuve de Pierre, que, cherchant un moyen de les diffuser, il a choisi la voie d’Ani. «Je ne voulais pas les garder pour moi seul mais partager un peu de l’émotion et de la joie qu’a pu susciter ma découverte de cet univers(…)».

Fernand Chatelain,Pierre Lebigre

Madame Lebigre, qui me permettra de la remercier aussi, me précise que son mari étant «très intéressé par l’art brut et les différentes formes d’art populaire, avait pris contact avec M. Chatelain, celui-ci étant très content de l’intérêt porté à son travail. Il racontait à cette occasion que des cartes postales lui servaient souvent de base à sa documentation, M. Chatelain ne voyageant qu’en imagination».

Fernand Chatelain,Pierre Lebigre

Pierre Lebigre (1932-2000), natif d’Honfleur comme Alphonse Allais et Erik Satie est un artiste dont je ne saurais vous dire mieux que le beau site officiel qui lui est consacré.

Pierre Lebigre

20:53 Publié dans art brut, Jadis et naguère, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Imprimer | | Pin it! |

15.05.2011

Un geste pour Gabriel Albert

C’est le genre de bouquin qu’on feuillette de retour de la plage, à la Maison de la presse, où on s’est isolée pour échapper à sa marmaille qui s’envoie des doubles cornets fraise-pistache au glacier du coin.

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C’est aussi un bel album photos qui dans quelques années d’ici, quand le jardin de Gabriel Albert sera retourné au néant, témoignera de cette œuvre majeure d’un des plus talentueux «habitants-paysagistes» de notre pays, trop pauvre pour préserver de telles merveilles mais assez riche encore pour financer des publications qui en donnent l’illusion. 

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Tout est fait pour qu’il atterrisse sur la table de nos charmants gîtes ruraux du sud-ouest. Pas trop grand, pas trop lourd, couverture qui en jette sans plus. Même le prix est light : 18 €. A feuilleter comme une revue. Mais avec du texte informé et compétent, qui ne prend pas la tête, tant il privilégie les phrases courtes.

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Ajoutés à cela, des plans, des cartes, des vues aériennes pour ceux qui aiment. Quelques repros de documents anciens. Tout pour plaire par conséquent! Aussi je ne saurais trop vous harceler pour que vous vous le procuriez avant qu’il s’épuise comme les petits pains de ma boulangère.

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D’où vient cependant que votre petite âme errante soit un chouïa sur la réserve avec ce livre? Certes, ça l’agace que ces 104 pages soient baignées dans une flaque indélébile de lumière saintongeaise. Que les ciels limpides dominent. On dirait qu’il ne pleut jamais à Nantillé. Qu’il ne fait jamais moche Chez Audebert. Que c’est l’éternel été dans ce produit trop visiblement destiné à un public d’estivants.

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Mais là n’est pas le problème. Ce qui lui pose question à la PAE, c’est ce dénombrement descriptif hyper-minutieux qui forme la majeure partie du volume. Non seulement le jardin du Gaby y a été passé au peigne fin mais il y est découpé en tranches d’andouille vendéenne. Le Jardin de Gabriel de Geste éditions y passe en revue les diverses statues en les incorporant dans des catégories d’un prosaïsme tellement élémentaire qu’il ruine le mystérieux effet d’ensemble  pourtant souligné par le sous-titre : L’univers poétique d’un créateur saintongeais. L’introduction a beau insister davantage sur la ronde des relations, entretenues par les statues au sein des groupes qu’elles forment, c’est cet «inventaire» qui constitue le cœur du livre pour ses concepteurs. Toute la maquette est faite pour en faciliter l’accessibilité. Cela ne manquera pas d’inviter les visiteurs du jardin de Gabriel à se livrer à l’inepte petit jeu de reconnaissance par lequel la culture touristique désamorce n’importe quelle œuvre d’art. «C’est qui, tante Ani, ce monsieur à la pipe?» - «C’est Georges Brassens, mon enfant!».

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Bien sûr, je suis pas idiote, je comprends bien qu’on a voulu faire d’une pierre deux coups. Que cette opération de rationalisation, qui traite les processus de création sur le modèle industriel de simples transformations de matières premières, n’a été mené que dans le souci de favoriser la protection des pouvoirs publics. Mais du train où vont les choses, c’est précisément où le bât blesse.

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Il n’est qu’à lire la dernière phrase de la première partie de ce livre: «Saurons-nous le préserver et le valoriser?» ou celles qui terminent l’avant-propos de la Présidente de la Région Poitou-Charentes qui figure sur le rabat de la couverture : «Ce beau livre donne à voir la profusion créatrice de Gabriel Albert (…). J’espère de tout cœur qu’il incitera les autorités compétentes à lui accorder la protection juridique qu’elle mérite (…)» pour comprendre qu’on se contente de vœux pieux.

Et ce n’est pas le récent arrêté de protection au titre du patrimoine qui changera quelque chose à ce sentiment. Car le temps que les choses bougent, les carottes seront cuites pour Gabriel Albert.

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Mais je ne demande qu’à me tromper.

20:56 Publié dans art brut, Ecrits, Images, Lectures, Sites et jardins, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : gabriel albert, jardin de gabriel | |  Imprimer | | Pin it! |

11.03.2011

Le temps du Maroc

Merci, chers Animuliens, d’être restés fidèles à mon dernier post. Je sors victorieuse d’un baston avec mon petit mac adoré un peu réticent à se laisser coller la nouvelle version du renard de feu (firefox in inglische). Je vous passe les détails mais ce que j’en ai bavé pour installer Rosetta, rectifier les erreurs de Norton et ouvrir Microsoft au démon, c’est rien de le dire.

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Pendant ce temps là, je regardais passer la concurrence qui me suçait la roue effrontément. C’est que le Maroc -sur la tête de mon daddy!- est à la mode depuis que j’en ai parlé. Du moins de ce certain côté de la blogosphère qui se flatte de subtilité à la pointe de l’arme blanche. Suivez mon regard… Vous voyez ce que je veux dire… Pas bien ? Ce n’est pas grave. Le sujet, j’en conviens, ne mérite pas un gramme de votre attention.

Sachez seulement qu’allant au plus pressé, on n’hésite pas, du côté de mon imitateur préféré, à dégainer le plus évident : les peintres d’Essaouira. Le plus ignare des cicerones de tour operator ne peut plus ignorer leur existence depuis que, dans le cadre du Temps du Maroc en France, grande manifestation culturelle maroco-française organisé en 1999, ils se sont baladés un peu partout dans notre pays.

Singuliers d'Essaouira,autodidactes marocains

A Strasbourg, à Barbizon (comme dit la chanson), à Bourges, La Rochelle, Lyon, Paris, Saint-Etienne et Pezenas, patrie de Bobby Lapointe. Edité par la Galerie d’Art Frédéric Damgaard à Essaouira (Avenue Oqba Ibn Nafiâa), il y a un beau catalogue qui présente 15 artistes dont Ali Maimoune que j’ai déjà évoqué le 20 mars 2010,

Boujemâa Lakhdar

 

 

Boujemâa Lakhdar : «Magicien de la terre»,

 

 

Mohamed Tabal : «peintre de l’errance et de la transe»

Mohamed Tabal,art brut marocain

Hamou Aït Tazarin

hamou Aït Tazarin,ecole d'Essaouira,art brut marocain

Said Ouarzaz : «L’immédiateté (sic) en peinture», Mostapha Assadeddine :  «Surréalisme africain (re-sic)», Fatima Ettalbi

 fatima Ettalbi,école d'essaouira,art brut marocain

Photos Essaouira : Youssef Regragui

C’est une autre Fatima que mon « émule», évoqué plus haut, a sorti comme un joker. Il attribue au fameux pifomètre d’un de ses «correspondants» la révélation d’un «environnement» marocain qu’il qualifie un peu rapidement d’«étrange». Monsieur mon honorable « concurrent» devrait sortir un peu de son hexagone de temps à autre au lieu de chercher à profiter de mon audience.

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M’est avis que son énigmatique informateur lui a refilé un tuyau crevé. Tout le petit monde vacancier qui visite les Gorges du Dadès sait que l’endroit le plus pittoresque se signale par les amusants mannequins (qui ont plus à voir avec une innocente démarche publicitaire qu’avec l’art brut) par lesquels Madame Fatima signale son petit commerce d’antiquités et de tissus.

Gorges du dades,doigts de singe,chez Fatima

madame fatima et moi.JPG On la voit ici en compagnie d’une de ces voyageuses avec lesquelles elle ne répugne pas à se faire photographier. Comme beaucoup de touristes, lecteurs de guides, je l’ai rencontrée en 2004. Il faut vraiment mal connaître les Berbères ou appartenir à la catégorie des ethnocentristes indécrottables pour s’imaginer qu’elle puisse être la «tenancière» d’un «bistrot».

 

Rendez-lui visite. Avant toute chose, elle vous offrira (peut-être) un morceau d’excellent pain trempé dans l’huile d’argan. Noblement. Le mari de Fatima serait l’auteur de la petite kasbah, sans doute la réalisation la plus intéressante de ce parterre en bord de précipice.

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30.01.2011

Le livre d’or de l’abbé Fouré

sculpture bois.jpgPauvre Adolphe-Julien! On a perdu son lit à Montreuil. On lui attribue une statue à Villeneuve d’Ascq. On cherche désespérément à retrouver ses sculptures sur bois disparues.

Quand on en déniche une, on crie illico au miracle même s’il n’y a vraiment pas de quoi se relever la nuit. Fouré a beau être abbé, son petit «bouquet de roses» de 1904, récemment redécouvert, n’a rien de miraculeux. Il a plutôt l’air… je ne dirai pas de quoi, par égard pour la vieille dame qui le gardait en souvenir.

Mais enfin si l’ermite de Rothéneuf n’avait fait que ça, je pourrais tout de suite passer à un autre sujet. Par exemple au gros livre sur Saint-Malo-Rothéneuf au temps des Rochers sculptés qui vient de sortir aux Editions Cristel dans la cité des corsaires. Il fallait un Jéhan pour s’occuper de la chose et c’est lui qui s’y est collé. Imprimé sur 3 colonnes et sur 222 pages, vous pensez bien que je n’ai pas eu le temps encore de me farcir ce gros bouquin avec lequel l’auteur vient de décrocher son bâton de maréchal fouerrant. Mais je vous conseille de le lire.

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Attention, c’est touffu. Normal puisque l’auteur bosse depuis 25 ans sur le sujet. Et puis, le format à l’italienne, s’il met en valeur les images du site rothéneufien et les documents anciens qui accompagnent le texte, ne facilite pas la consultation. Si vous pensiez le parcourir dans le métro, c’est râpé! Votre petite âme errante vous recommande donc de fonctionner au GPS pour vous aventurer dans ce jardin d’érudition luxuriant, d’autant qu’il n’y a pas d’index.

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 Avant de partir, visiter le sommaire et les remerciements est aussi indispensable que de vous coltiner le mode d’emploi de votre nouveau téléphone portable. Vous comprendrez très vite que le livre de Jean Jéhan –c’est sa richesse mais son tendon d’Achille aussi– emboîte plusieurs ouvrages comme une poupée gigogne. Un album photo où l’auteur a recueilli ses meilleurs clichés réalisés depuis 30 ans. Une biographie proprement dite. Une histoire de la Côte d’Emeraude et des bains de mer à la Belle Epoque.

St Malo

côte d'emeraude.jpgLe mémoire de DEA de Valérie Baudoin, une de ses valeureuses fourmis. La préface-fleuve d’un expert en fourétitude du nom d’Alain Bouillet. Une expérimentation façon numéric art par Véronique Hénaff et Jean-François Barrière. Ajoutez à ça des centaines de notes, 6 pièces en annexe et une biblio. On sort de là rassasiés. L’auteur a un appétit de Gargantua mais il peine forcément à digérer toute cette matière rédactionnelle et iconographique.

Il est donc permis d’entrer dans son travail par des chemins buissonniers et se précipiter en priorité sur les fac-simile (ou repros intégrales) qu’il nous offre. Celui du Guide du musée de l’Ermite de Rothéneuf de 1919.

Abbé Fouré,ermite de Rothéneuf,Guide du musée,1919

 Celui du Livre d’Or de l’Abbé Fouré, totalement inédit.

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Comme ça, on saura qu’une visiteuse de l’époque se croyait «transportée au pays des fées». Et c’est loin d’être négligeable. Sans vouloir ajouter un angle supplémentaire à l’approche de Jéhan qui en comporte déjà beaucoup, je vous quitte pas sans vous signaler L’Ermite de Haute Folie, le petit dernier des Contes du Korrigan, une bédé de Ronan Le Breton (scénariste), Stéphane Créty et Vicente Cifuentes (dessinateurs) qui met en scène notre bon vieil «abbé Fouéré».

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25.12.2010

Noël au coin coin du feu

Noël au coin du feu. Du feu animulien s’entend. Re-Noël et re-coin puisque celui-ci est le sixième que votre petite âme errante passe en compagnie des petits jésus que vous êtes, mes chers visiteurs.

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aiguillettes canard abricots.jpgAiguillettes de canard accompagnées d’une poêlée d’abricots et de marrons au menu du réveillon. yvette et pierre darcel.JPG

Avec pour invités-surprise (mais une narratrice imaginaire de mon espèce peut bien s’autoriser ce genre de fantaisie) Pierre et Yvette Darcel qui doivent avoir illuminé leur parterre de rêve comme ils le font chaque fin d’année dans leur Bretagne mystérieuse et jolie.

 recoins-coin.jpgJ’écris ceci alors qu’un nouvel article de fond vient d’être consacré à leur fragile, rustique et raffiné palais en coquillages. Son auteur n’a rien d’imaginaire puisqu’il s’agit d’un enragé partisan des folies environnementistes populaires.

J’ai nommé : Bruno Montpied. Procurez vous le numéro 4 de la revue Recoins où figure son papier, ne serait-ce que pour découvrir presque terminée la vache de Pierre dont je vous avais montré ici même en son temps (le 24 mai 2009) les débuts prometteurs.

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Photo Bruno Montpied in Recoins n°4

 

Et comme dit la pub Orange : «Merci Ani ! Bon Noël Ani !».

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01:00 Publié dans art brut, De vous zamoi, Gazettes, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, pierre darcel, bruno montpied, recoins | |  Imprimer | | Pin it! |

24.05.2010

Le jardin de pierres de monsieur Esfandiarpou

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Photo Atousa Taghavi

Du brut d'Iran ? Mais bien sûr, y'a qu'à demander ! Là comme ailleurs, l'art brut creuse son trou. On se demande pourquoi un si ancien et si beau pays en aurait été indemne sous prétexte que ses dirigeants ont tendance à gaver le pauvre monde avec leur très personnelle culture autoritaro-religieuse.

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Photo Fardad Ghanei

Certes, ce n'est pas en Iran que les Athéniens s'atteignirent, ni que les Satrapes s'attrapèrent par la barbichette de la démocratie mais c'est évidemment là que les Perses se percèrent, la suite le démontre.

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Balvard map.jpgLà, c'est dans le village de Balvard à 45 kms de Sirjan dans la province de Kerman au sud-est du pays. En Iran comme ailleurs, il y a (il y avait) des bergers qui gardent leurs chèvres dans des déserts.

A la fin des années 60 du siècle précédent, ils avaient pas de i-pod ni même de transistor et puis en plus ils étaient sourds et muets de naissance parfois. C'est le cas de Darvich Khan Esfandiarpou, un habitant de Balvard.

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Photo Atousa Taghavi

Rien d'autre à faire que de regarder les pierres qui tombent du ciel et de gambader comme un cabri tout autour. La chance c'est qu'un cinéaste du nom de Parviz Kimiavi croisa la route sinueuse de ce grand créateur d'installations de bois mort et de caillasses percées associés. Il en résulta 2 films. Un de 1976 où l'on voit Darvich Khan improviser avec grâce et vélocité des danses soufies de sa composition au cours desquelles il embrassait ses œuvres au passage.


Un autre de 2004, une vidéo réalisée peu de temps avant la mort de Darvich Khan. Le vieil homme a toujours une allure folle même s'il s'appuie maintenant sur une canne.

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Photo Ahmad Nadalian

Il entretient encore son Jardin de pierres (titre du film) commencé dans sa jeunesse après avoir été témoin de la chute d'une météorite. Son coup de génie (ou son coup de folie) ce fut d'accrocher cette météorite aux branches d'un arbre mort.

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Photo Yashar

Il a continué tout naturellement ensuite, porté par une inspiration mystique et par les gens de son village qui le prenaient pour un prophète.

Darvich Khan et son bâton photo CHN .jpeg

CHN Photo Agency Hasan Ghafari

Creusait-il des trous dans les pierres ou choisissait-il des cailloux transpercés par Mère Nature? Je l'ignore mais son truc ce fut de récupérer des fils métalliques ou des fils de lignes téléphoniques pour ligoter les caillasses et les pendre comme des fruits minéraux dans des arbres  à jamais improductifs.

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CHN Photo Agency

Le résultat est étonnant et d'un contemporain à tomber à la renverse.

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J'ai envie de faire pareil avec la magnifique pierre trouée que m'a offert en cadeau un ramasseur de champignons berrichon. Comme je n'ai pas d'arbre sous la main, je vais accrocher ce ready made en forme de visage à la balustrade de mon balcon avec un solide câble d'acier pour les cas de tempête.

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19.05.2010

Camille Renault inédit à la BnF

Je reviens de la BnF avec du nouveau sur Camille Renault. C'est pas tous les jours que ça arrive, l'environnement de ce fameux créateur d'art brut ayant été ratiboisé. Il ne reste que des miettes par ci par là, à Lausanne, du côté de L'Aracine, dans la Collection abcd. Camille Renault, maintenant il a sa notice Wiki donc je me fatigue pas pour vous dire qui c'est.

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Il refait timidement surface à l'occasion d'une exposition à la Galerie des donateurs qui se prolongera jusqu'au 20 juin 2010. Son titre : La Collection Alain et Jacqueline Trutat (livres et manuscrits). Les fans de notre Johnny Hallyday national pourront y voir une photo du rockeur bébé. Le père de celui-ci, un certain Léon Smet, comédien belge évoluant dans les cercles surréalistes (il a tourné un Fantômas en 1937 avec Ernst Moerman) fut en effet le premier mari de Jacqueline. Le père de Johnny est mort en 1989 et son parrain qui n'était autre que Alain Trutat, le deuxième époux de Jacqueline, disparut en 2006. atelier_de_creation_radiophonique.jpgAlain Trutat, pour aller vite est un homme de radio, l'un des fondateurs de France Culture et le papa de l'ACR (Atelier de Création Radiophonique). paul-and-nusch-eluard-1944.jpgLui et Jacqueline se sont trouvé mêlés à la vie de Paul Eluard après la mort de Nusch (28 novembre 1946).

C'est eux qui dissuadèrent le poète de se flinguer et qui firent des pieds et des mains pour lui remonter le moral après la disparition subite de son amour.

Nusch et Paul Eluard en 1944

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Paul Eluard encadré par Jacqueline et Alain Trutat

A force de se balader dans la bibliothèque de Paul Eluard, ils eurent envie de collectionner les beaux livres et les écrits. C'est cette collection que Jacqueline Trutat vient de donner à la grande dame du Quai François Mauriac. Je furetais pendant le vernissage de l'expo (qui présente ici quelques uns des fleurons de la collec du couple), en me demandant si je pourrais pas trouver des traces de ce roi d'Auguste Forestier que Paul Eluard avait juché sur sa cheminée, quand je suis tombée sur Camille Renault. Pour préciser, deux petites photos prises vraisemblablement par Jacqueline lors d'une visite au Jardin des suprises à Attigny un jour de 1951 en compagnie d'Alain et d'Emmanuel Peillet, grand manitou du Collège de Pataphysique et auteur d'une petite monographie sous pseudo sur le Camille.

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Deux photos ça vous paraitra pas beaucoup mais, vu qu'elles sont inédites, qu'elles font sans doute partie d'une série existante et que les documents d'époque sur le jardin de Camille Renault sont hyper rares, ça vaut le coup de courir à la BnF pour les voir. Malheureusement, je ne peux pas les reproduire mais croyez-moi pour sur parole si vous voulez faire preuve de positive animulattitude.