10.05.2009
En voyage vers Brouage
Avant de vous gratifier des graffiti de Brouage, un ready-made-aidé aux huîtres pour commencer. Un «ready-made» vous savez ce que c’est, duchampistes que vous êtes. Un bidule trouvé tel quel dans le panorama et élevé par vos soins au rang d’œuvre d’art. Des fois, on donne un coup de pouce et c’est alors un ready-made «aidé». Quand c’est des huîtres qui le donnent le coup de pouce, comme c’est le cas de ce vélo qui participe de la déco d’un caboulot du port de Chatressac dans l’estuaire de la Seudre, c’est un «ready-made-aux-huîtres-aidé».
Tout ça pour vous dire que j’ai été me goberger de coquillages, de soles, de bars et de soupes de poissons en regardant l’île d’Oléron au fond des yeux. A Grand-Village-Plage dans ladite île, je serais bien allé visiter la Maison paysanne de la coiffe et du costume. Hélas, ça ouvre qu’en juin et encore pour les groupes. La municipalité a pas l’air d’en faire une priorité. J’ai donc abandonné les randonnées en forêt et le phare de Chassiron pour re-filer sur Marennes, patrie de … l’huître.
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A hauteur de Champagne, avant St-Agnant, la très émouvante rencontre sur la D733 d’un témoignage de dévotion populaire d’aujourd’hui a calmé le jeu. Pour «David, Elodie, Gaëlle, Adrien et Fabien» jeunes victimes de la route, un portique de bois latté a été dressé contre un arbre et constellé de fleurs artificielles, de guirlandes, de teddy bears et d’inscriptions : «Je t’M», «I love you», «Je t’aime, maman».
Si j’avais le temps, je me livrerais au recensement de toutes les antiquités de graffiti que je rencontre mais je doute de suffire à la tâche. Heureusement, je ne suis pas la seule à faire ça. Au wifi-café de Saint-Palais-sur-mer,
non loin de Chez Lolo, le roi du Bulot,
j’ai découvert en twistant sur Internet qu’Eliane Larus faisait la même chose.
19:58 Publié dans Glanures, Images, Sites et jardins, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : graffiti, ready made, brouage | |
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05.04.2009
Claude Massé chez Victor Grazzi
Massé chez Grazzi c’est à Montpellier. Ne m’en demandez pas plus, j’ai eu beau surfer comme une malade, j’ai pas trouvé mieux comme date que «actuellement». Mais enfin, comme l’info que j’ai est tirée du Midi Libre en date du 26 mars 2009, ça doit encore être valable. Cette expo a le mérite de rapprocher un créateur brut de l’espèce «bâtisseur oublié» et un plasticien-collectionneur-écrivain assez connu dans le monde estampillé «singuliers de l’art».
Victor Grazzi, que l’on surnommait Garibaldi à cause de sa barbe, est un maçon italien (lombard pour être précise). En 1977, Bernard Lassus a consacré 7 pages et 12 photos à cet «habitant-paysagiste» qui, à partir des années cinquante, a construit, à la périphérie de Montpellier, un château en béton constitué de châteaux à des échelles diverses, de «nombreuses tourelles, (…) micro-paysages plus ou moins miniaturisés, (…) sapins de ciment bleu (…)» Je cite, en le charcutant un brin, Bernard Lassus mais il faut lire sa notice où il met parfaitement en valeur cet édifice qui progressait sur le principe des «rimes plastiques».
J’emprunte à B.L. la bobine de monsieur Grazzi. Le bon maître me le pardonne!
Et à Catherine Devreux une ou deux des nombreuses images que vous pouvez voir sur son blogue.
Voir aussi les photos ensoleillées de Petit-Patrimoine.
Acquis par la mairie après la disparition de son créateur, le château Grazzi a semble-t-il végété doucement et failli disparaître avant d’être racheté par un galeriste de la ville sous condition qu’il devienne un lieu culturel.
La culture invitée par l’art brut c’est mieux que l’inverse.
Surtout si c’est pour exposer 70 lièges et une quinzaine de collages de Claude Massé qui est tombé dans la marmite de l’art brut quand il était petit.
Son papa, l’écrivain catalan Ludovic Massé (1900-1982), que soutenait Henri Poulaille, le chef de la «littérature prolétarienne», a été très copain avec Jean Dubuffet en 1940.
Fasciné très jeune par l’architecture d’Antoni Gaudi, Claude Massé a découvert et/ou soutenu ensuite des créateurs du genre Jean Pous, François Baloffi, Pépé Vignes, Fernand Michel. Touskon M!
Lookez un peu le catalogue de la donation qu’il a faite en 1999 au Musée de la Création Franche à Bègles. Pour l’expo actuelle de Claude Massé, à la Villa aux cent regards (c’est comme ça que ça s’appelle chez Victor Grazzi), il y aurait aussi un catalogue. Si quelqu’un peut me dire comment on peut se le procurer, je suis preneuse. A bon entendeur, Animuliens montpelliéreins (je sens que je vais me faire corriger l’orthographe).
L’adresse de la demeure de Grazzi où se tient l’expo Massé : 1000, rue de la Roqueturière dans le quartier des Aiguelongues.
21:37 Publié dans Expos, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : victor grazzi, claude massé | |
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28.12.2008
Road movie en Maine-et-Loire
De nouveau sur le bord des routes, je vous écris de mon local technique de fin d’année situé dans la chambre rouge d’un hôtel de charme.
De ce P.C. de campagne, installé dans un ancien chai où l’on prend le petit-déj dans un foudre de chêne, j’organise des road-movies sur les bords de Loire avec mon chéri que j’ai.
On s’amuse comme des p’tits fous. On grattouille la glace sur le pare-prise.
On s’fait des safaris-photos /poules.
On prend l’apéro dans des bistrots grands comme des cabines de bateaux.
Rescapés de l’autoroute qui nous a crachés près de La Flèche, dans une petite ville qui porte le nom d’un personnage de Joris-Karl Huysmans (non ce n’est pas «Des Esseintes», grands décadents que vous êtes!), nous avons eu le bonheur de retrouver intact sur la route départementale 18 qui mène à Baugé, le charmant petit site de La Promenade
avec son Mitterrand fleuri,
son Pierrot à pois
et sa petite meuf à la robe bleue et aux «avantages» avantageux, comme dirait Boby Lapointe.
Sur une assez belle longueur et pour l’agrément de quelques automobilistes pressés, ce jardin propose en outre : hérons, cigognes, chats noirs, minous tachetés à profusion (enfin : en assez grand nombre).
Des escargots aussi et des jambes de femmes, également en ciment peint, qui du bout du pied élegamment supportent des nids d’oiseaux. Au lieu de me faire défiler égoïstement ces images, prélevées par moins 5 degrés avec mon petit Lulu (Lumix) que j’ai eu pour Noël, j’ai décidé de vous en faire profiter, chanceux que vous êtes.
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31.08.2008
Art top, art-bois, coquill’art
Art top, art-bois, coquill’art… Le menu fretin de vacances, c’est trop bien. Sur les bords de la Charente, de la Vienne, entre l’Or et l’Argent, puis au long de la Loire, sur les routes vertes entre Saumur et le Thoureil, quelques rencontres frétillantes, indignes sans doute d’une campagne de pêche réellement brute mais bonne encore assez pour l’épuisette animulienne.
Pas loin du zoo de Doué-la-Fontaine où l’on entend rugir le soir (Hic sunt leones !), un ancien employé communal, sur la D 69 qui va vers Les Verchers, cultive, en léger surplomb à l’intersection de deux rues, un petit jardin topiaire sur la base d’un jeu de mots. Une croix de Lorraine et 2 églises en buis taillés sur lesquelles reposent 2 oiseaux en porcelaine blanche et le tour est joué : Colombey-les-deux-églises ! Monsieur Hubert, le génie du lieu a commencé dans les années 60.
Ce serait un gars de Martigné qui lui aurait donné l’idée mais j’ai pas eu le temps de savoir qui. Son installation, aussi aimable que lui même et son épouse, comprend également une chope, un panier, deux gros oiseaux. Le tout disposé autour d’un personnage en petits pots de terre emboîtés figurant un buveur attablé devant sa bouteille.
A Nieuil, à mi-distance de La Rochefoucauld et Confolens, là où la D 60 fait la bise à la D 739, non loin du gentil resto La Cassotte qui m’a donné accès à son Internet et à son Pineau rouge, voilà-t-il pas que j’avise une rangée de bonshommes en bois.
C’est mieux que les nains de jardins de la supérette mais à la réflexion ça me rappelle le chapitre Musée de la Forêt d’un petit bouquin de Franck Chauvet (La France insolite) assez largement diffusé dans nos campagnes par France Loisirs.
Dans les parages de Saint-Jean d’Angély, baigné par La Boutonne, arrêt-culture à l’Office de tourisme pour me procurer l’affiche avec les sculptures de Gabriel Albert signalée le 25 août par l’ethnoblogue Belvert.
En sortant, comme j’ai les crocs et que je me dirige vers le resto du Centre, cuisine des saisons, pour y déguster les sardines marinées, je croise, dans les parages, la Vierge aux oiseaux, les têtes de chat en fleurs et les naïfs tableaux qui se laissent apercevoir dans une cour-jardin.
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Quant aux coquillages… est-ce à Ruffec en Charente ou à Saumur qu’à la boutique Emmaüs j’ai enrolé, dans mon escadron d’amazones animuliennes, cette petite soeur romantique ?
Je ne sais plus. Le MIAM de Sète consacre en ce moment une expo à ce genre de petits travaux balnéaires, ça ne vous a pas échappé, j’espère. A moi non plus.
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12.08.2008
La maison de Polina Raïko
En Ukraine aussi, l’art inventif fait un malheur et dans la région de Kherson, à Tsyuryupinsk exactement, votre p’tite fouineuse d’âme errante a repéré une merveille de chez merveille : la maison de Polina Raïko
Polina Raïko, si j’ai bien compris, c’est une grand-mère qui a transformé les 4 dernières années de sa vie en feu d’artifice pictural.
Comme elle est morte en 2004, ça fait que ces années-là sont aussi les premières du 21e siècle, Polina ayant vu le jour en 1928. Un début de siècle –même idiot comme le nôtre– c’est pas mal
Polina, si j’en crois ce que j’ai lu sur Internet à son sujet, avait mené une vie de patachon avant de se lancer dans la peinture. Notamment du fait d’un malheureux alcoolique de fils qui finit en colonie pénitentiaire après avoir vendu tous les meubles de sa mère.
Les sous de sa retraite, Polina les dépensait pour son art, couvrant les murs et les plafonds de sa maison de fresques pleines de fleurs et d’oiseaux, plutôt que de regarder la télé qu’elle n’avait plus.
Toutes les surfaces libres y passaient, y compris les miroirs. Après sa disparition, ce fut moins 2 que cet univers de création qui fait penser à Pirosmani, à Grandma Moses, à Ivan Generalich ou à Maud Lewis ne passe à la trappe.
Grâce à des bons génies canadiens qui auraient racheté la maison de Polina Raïko et à une asso locale, le Centre d’Initiatives pour la Jeunesse Totem, celle-ci serait aujourd’hui visitable.
Si des fois, il y avait dans l’assistance des Animuliens qui pigent le cyrillique, qu’ils ne se gênent pas pour nous dire plus !
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24.05.2008
Une journée au Jardin de Gabriel
Levez-vous, magique saison des brocantes! Il est revenu le temps de brûler l’or noir sur les routes pour le transmuer en brimborions enchanteurs qui feront les délices iconoclastes de vos petits neveux quand ils viendront de leurs petits doigts confiturés tripoter vos collections.
Bonjour les sujets en coquillages, salut les bateaux en bouteille, entrez ici petites croûtes anonymes où passent le génie fugace du peintre improvisé!
A Dieu ne plaise que j’oublie de vous signaler, Animuliens du canton de Saint-Jean d’Angély et d’ailleurs, qu’à Varaize, c’est jour de fête le 25 mai avec brocante au programme.
C’est le moment de penser à vos mères et aux Sophie dont c’est aussi le jour. C’est d’ailleurs en l’honneur de ma copine du même nom, qui trouve que j’écris trop mal dans le genre relâché du vocabulaire, que je m’efforçouille aujourd’hui de pasticher le Chateaubriand sauce Outre-tombe.
Mon amour des bonshommes de paille dressés aux croisées des chemins par des émules de Virgile, soucieux d’embellir nos campagnes, m’a conduit, via Internet, jusqu’à celui qui trône, sur la voie romaine, au carrefour des bonnes cités d’Aulnaye, de Varaize et de Saintes, en aimable signal de la sus-dite brocante.
Il ne relève pas du noble sport de l’art brut ? D’accord ! Il ne vaut pas l’Inuksuk de Marnay que je vous ai présenté sur ma note du 14 novembre 2007. Encore d’accord. Mais il est bien sympathique quand même car il est associé, sur le blogue de Bernard M. où je l’ai trouvé à un événement beaucoup plus dans mes cordes. J’ai nommé la Journée des Jardins du dimanche 1er juin 2008 au cours de laquelle l’ethnologue Michel Valière sortira de son cabinet de travail où, lui et son épouse Michèle, également ethnologue, réalisent livres et articles, pour descendre sur un terrain qui m’est cher, puisque je vous en ai déjà moult fois parlé, à savoir le Jardin de Gabriel.
Michel et Michèle, les pilotes de l’ethnoblogue de Belvert vous accueilleront (dites que vous êtes Animuliens!) de 15 à 18 heures. Monsieur Valière se chargeant de guider la visite de sa belle voix de basse «occitanienne» (pour revenir au vicomte).
15:37 Publié dans Glanures, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : gabriel albert, michel valière, art brut | |
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21.05.2008
Au «Castello incantato» de Filippo Bentivegna
Si vous pouviez voir mon fond d’écran! Je me suis installé les gratte-ciel de Filippo Bentivegna. Le skyline que cet infatigable créateur-excavateur a peint sur les murs de sa maisonnette sans fenêtre, après son retour des U.S.A où il avait émigré au début du 20e siècle.
Vous pensiez pas qu’en Sicile, je m’étais contentée de glaciers et de temples ?
A peine arrivée, j’ai foncé vers Sciacca (ça se prononce «Chaca» que je répète pour le plaisir d’évoquer la scène du Minotaure dans le Satyricon de Fellini).
Direction les 5000 têtes sculptées par Bentivegna, surnommé «Filippu di li testi», alors que de son vivant on lui donnait de «l’Eccellenza», à cause peut-être du mélange de trouille et de respect qu’il inspirait.
Très vite, dans les fresques du petit Chicago intime de l’ancien émigré sicilien, des têtes, plutôt grimaçantes, sont apparues. Elles se sont multipliées tout autour, dans le jardin de cailloux que Filippo s’est acheté en 1935 en dehors du village.Cela ne s’était pas très bien passé en Amérique. F.B. n’avait appris que quelques mots d’anglais, refusé la naturalisation. Une histoire de violence liée à un amour malheureux par dessus le marché. De retour chez lui F.B. ne choisit pas la voie de la facilité mais celle d’une entreprise artistique inouïe dans son contexte social.
Le terrain de Bentivegna avec ses oliviers descend de la montagne par paliers vers la mer. Quand on l’aborde de la route escarpée qui mène à lui, on le gravit en soufflant et en se confrontant à des vagues successives de visages, plus ou moins grossièrement taillés, qui frappent par la tristesse qu’ils dégagent.
Même si les murets de protection installés par la commune, aujourd’hui propriétaire et gardienne des lieux, rationalisent un peu cet espace sauvagement personnel. Cela vous déboussole, vous fout le tournis. «Totale prise de tête !» résume ma copine Léa avec son humour dévast-auteur.
Le malaise culmine quand on arrive aux murs crênelés, ondulés à la Gaudi, mais boursouflés de têtes, à peine émergentes ou proéminentes qui vous lorgnent de leurs yeux torves comme si on était hallucinogénées.
C’est trop pour certains visiteurs et c’est encore rien car on arrive maintenant au sommet où sont les grottes.
C’est au seuil de celles-ci que Dominique s’est arrêtée. On n’a pas pu la forcer, la pauv’ chérie.
Intrépide comme je suis, je me suis engouffrée là-dedans en serrant les … et en essayant de deviner les figures de cauchemar bubonnant dans les parois, à la lumière de mon téléphone portable.
C’est magique et terrible à la fois, d’autant qu’à l’intérieur la couleur rouge a tenu sur ces visages dantesques. Trop formidable, limite à gerber, comme quand on monte pour la première fois dans un hélico alors qu’on a le vertige.
Dans ce dédale de passages étroits où le corps se coince dans des alvéoles, Bentivegna, au prix d’un travail colossal, nous fait cotoyer des chocottes quasiment préhistoriques.
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14.05.2008
Bâtisseurs de Sicile
Coucou, me revoilou. Si votre petite âme errante a manqué à ses devoirs animuliens ces jours derniers, c’est qu’elle a fait comme les copines. Elle a profité du ouikène 8 mai-lundi de Pentecôte pour tailler la route, les doigts de pieds en éventail sur le tableau de bord et le nez dans sa crème solaire.
Direction la Sicile où elle s’est fait une indigestion de granite de limone et de temples grecs avec Reinette, Dominique que sa fille appelle tout le temps sur son portable et Lea qui est Romaine et bonne comme la salade du même nom.
Parties pour Segeste sous un soleil trop top, nous nous sommes retrouvées sous l’orage devant le théâtre antique. Trois feuilles de figuier pour s’abriter à 4, je vous dit pas le concours de T-shirts mouillés !
Voilà ce qui arrive quand on se vautre dans l’hellenisme.
Pour que le ciel nous pardonne nous avons pris le chemin de Mazara del Vallo où le Routard 2008/2009 signale «l’œuvre d’un Facteur Cheval sicilien».
Bon, d’accord, il exagère un brin, le Tardrou mais la maison de Giovanni S vaut quand même un coup d’œil puisque vous m’avez suivie jusque là.
«Vous pouvez pas la manquer», dit le pompiste quand il vous abreuve Bijou, la petite Fiat de location, à l’essence sans plomb et sans reproche. C’est sur la gauche quand on va vers Marsala.
En effet, comment la manquer avec ces crénelages à la grosse, ses seaux en plastique bleu, ses assiettes, ses miroirs, ses bombonnes, ses montants de lit en fer embourbés dans un ciment taloché sans précautions inutiles ?
L’essentiel du travail de ce bâtisseur de désastres volontaires se trouve là, dans ces prèlevement opérés brutalement dans la réalité (ou pour mieux dire : dans ses déchets).
On approche par un chemin de terre qui poudre la carrosserie et on repart de même après avoir demandé l’autorisation de tourner autour de la maison à deux maraîchers qui bossent au jardin.
Impossible de voir dedans au travers des portes surmontées d’images de Padre Pio (un nouveau saint très à la mode) mais ça sent le chaos choisi dans la cour intérieure.
Sur le pignon de la maison, un décor de cailloux alignés, avec le nom du propriétaire qui, trop vieux peut-être habite maintenant en ville. L’indication «vendesi» indique que la maison est à vendre. Son propritaire et ornementateur a-t-il voulu la faire remarquer de la route voisine. Allez donc savoir !
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06.05.2008
Voyage de Rate-jolie à Rothéneuf
Des boni, pas des boniments!
Comme je sais parfaitement que vous me regardez d’une oreille distraite pour cause de longs ouikènes printaniers avec soleil soudain qui deshydrate (rate-jolie pour celles et ceux qui connaissent leur Robert Tatin par cœur), je me contenterai de quelques zimages pour en rajouter une cuillère à café sur 2 de mes bavardages récents.
D’abord, pour vous dire que notre Anatole Jakovsky chéri s’est montré un poil rapide dans son étude sur Les mystérieux rochers de Rothéneuf (Encre, 1979) quand il affirme : «Hormis un méchant articulet paru au mois de juin 1907 dans Les lectures pour tous sous le titre : Excentriques confrères de nos artistes (…) on ne trouve plus de trace imprimée de l’abbé Fouré jusqu’à la publication, en 1952, d’une espèce de guide des Rochers sculptés, rédigé par M. H. Brebion, propriétaire des lieux (…)».
Voici un poème sur les Pêcheurs bretons dont l’auteur est un Poirier (Joseph-Emile). Cela crève les yeux, même si la repro est à chier, qu’il est illustré d’une vue photographique des Rochers sculptés.
On est en 1913 et c’est dans l’Annuaire des Bretons de Paris et de la Seine.
Et puis pour mettre un peu de couleurs dans votre bonus, voici une amusante Décalcomanie imprimée rue Lepic à Paris chez un Marcel, Guillen du nom. Je sais pas de quand elle date mais elle a pas l’air d’hier. Comme j’ai ôté le papier protecteur pour vous la scanner, il ne me reste plus qu’à la tremper dans la flotte, «à faire glisser le décor par une légère pression des doigts» pour le transférer sur la couverture du carnet qui me sert à noter les bêtises que j’entends (et que je dis) dans les vernissages.
Pendant que je suis dans les sacrifices et pour venir rebondir sur le face à face Edmund Monsiel/Jean Véber, amorcé le 18 mars 2008 dans mon post Brute de caricature, j’ai à moitié désossé Surfanta, une pauvre petite revue italienne (turinoise exactement) post-surréaliste de 1964 afin de capturer cette tête d’yeux, intitulée Voyage, de Steen Colding de Copenhague.
Tout autre chose pour finir : cette extraordinaire photo empruntée à un site qui se décarcasse pour les travaux anonymes des «excentriques confrères». Photo d’un lieu de détention allemand, dirait-on. Y’ a pas d’explications mais il y a plusieurs clichés.
Allez-y voir, ça vaut le détour.
00:05 Publié dans Ecrits, Gazettes, Glanures, Images, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, abbé fouré, anatole jakovsky, robert tatin | |
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24.02.2008
L’Entre-Deux d’Yves Bélizaire
En ce monde de division, la Réunion est un beau mot, n’est-ce-pas ? Aussi me suis-je jetée comme une bête sur le n°345 du magazine Géo (novembre 2007) qui consacre un dossier à l’île du même nom.
Et voilà-t-il pas qu’au milieu des fougères géantes, des cascades paradisiaques et des paysages volcaniques à la Jules Verne, je tombe sur le Jardin des Rêves d’Yves Bélizaire qui habite le village de L’Entre-Deux.
Et oui, que voulez-vous ? n’en déplaise à de récents clichés touristiques, La Réunion n’est pas seulement terre de Miss France, c’est aussi un haut-lieu de l’art libre, de l’art vivant et naturel. En un mot : de l’art brut.
C’est à M. Bélizaire qu’elle le doit. «Le regard clair, aimant le contact, quelque peu habité, Yves Bélizaire s’exprime beaucoup en créole». J’emprunte ces lignes à une carte postale (en bois) expédiée de là-bas par Violette que j’avais envoyée en mission sur les traces de ce créateur exceptionnel.
Entrée du jardin des rêves
Elle m’a ramené une série de photos de ce site nouveau, prises par son fils Olivier pendant qu’elle faisait son possible -elle qui ne parle que le français métropolitain- pour ne pas perdre une miette de ce que lui racontait Bélizaire sur ses sculptures embâchées, plastifiées, ligaturées, noyées dans un décor végétal, amalgamées à des clous, du bois mort, des bouts de tôles, des matériaux divers.
Impossible de soustraire cette installation grouillante au contexte de L’Entre-Deux. Jadis refuge pour les esclaves en fuite, ce village garde du temps où il était à l’écart du développement côtier, une authenticité indéniable.
Le Jardin des rêves et La Jungle qui va avec, sont aménagés près de l’église, au dessus de la case (la maison) d’Yves Bélizaire.
A l’exception d’oiseaux de couleurs dans les arbres, le blanc domine dans les sentiers balisés.
De fausses caméras de surveillance reliées à des écrans de télé H.S. semblent nous inviter, en dépit de leur aspect sauvagement dérisoire, au respect des lieux, peuplés de rudes oratoires, de Vierges à l’enfant, de Joseph et de Marie, de Notre-Dame de Lourdes rustiques et modernes à souhait.
Si M. Bélizaire met en avant aujourd’hui cette «magie» blanche , c’est que des événements récents l’ont conduit à un changement de palette. J’ai appris qu’en septembre 2007, il avait dû, à l’invitation du voisinage, sacrifier par le feu son précédent Jardin des épouvantails en raison du Chikungunya. La lutte pour la destruction des gîtes larvaires commandait cette mesure.
Dommage, bien sûr, puisque dans ce site, référencé dans le Guide du Routard, proliféraient des créatures bariolées, improbables ou monstrueuses qu’il n’était pas recommandé de visiter la nuit car ça faisait vraiment peur.
A la place de M. Bélizaire beaucoup se seraient découragés. Lui, sans se plaindre, s’est remis aussi sec au boulot, changeant sagement de thématique, par égard pour son entourage, mais restant intraitable sur la technique, ne cédant rien de ce qui fait l’attrait puissant de son expressionnisme allusif et hasardeux au sens noble du terme.
Après Bélizaire 1 d’avant le Chik, Bélizaire Le Retour vaut le détour.
23:20 Publié dans Ailleurs, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, yves bélizaire | |
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