23.08.2009
Poupées Show sur la RD 7
Maison de poupées version Gardanne. J'sais pas trop si les lecteurs d'Ibsen apprécieront.
Par une chaleur calhorrifique, j'ai obligé mon chéri à me conduire là sur la RD 7 en direction de Luynes et sur la foi d'une brève dans la Provence insolite et secrète de Jean-Pierre Cassely.
Ai bravé pour lui (et surtout pour vous) les risques du trafic intense à cet endroit pour vous ramener quelques photos de ce conglomérat de bébelles et de nounours noircis dans leur jus qui montent inexorablement à l'assaut d'une maison fâcheusement située en bord de route.
Quant au macho de service qui m'a crié au passage des insanités concernant mon amour de petit chapeau, qu'il sache bien que je l'animoule à pied, à cheval et en voiture, lui et son bolide.
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10.05.2009
En voyage vers Brouage
Avant de vous gratifier des graffiti de Brouage, un ready-made-aidé aux huîtres pour commencer. Un «ready-made» vous savez ce que c’est, duchampistes que vous êtes. Un bidule trouvé tel quel dans le panorama et élevé par vos soins au rang d’œuvre d’art. Des fois, on donne un coup de pouce et c’est alors un ready-made «aidé». Quand c’est des huîtres qui le donnent le coup de pouce, comme c’est le cas de ce vélo qui participe de la déco d’un caboulot du port de Chatressac dans l’estuaire de la Seudre, c’est un «ready-made-aux-huîtres-aidé».
Tout ça pour vous dire que j’ai été me goberger de coquillages, de soles, de bars et de soupes de poissons en regardant l’île d’Oléron au fond des yeux. A Grand-Village-Plage dans ladite île, je serais bien allé visiter la Maison paysanne de la coiffe et du costume. Hélas, ça ouvre qu’en juin et encore pour les groupes. La municipalité a pas l’air d’en faire une priorité. J’ai donc abandonné les randonnées en forêt et le phare de Chassiron pour re-filer sur Marennes, patrie de … l’huître.
A hauteur de Champagne, avant St-Agnant, la très émouvante rencontre sur la D733 d’un témoignage de dévotion populaire d’aujourd’hui a calmé le jeu. Pour «David, Elodie, Gaëlle, Adrien et Fabien» jeunes victimes de la route, un portique de bois latté a été dressé contre un arbre et constellé de fleurs artificielles, de guirlandes, de teddy bears et d’inscriptions : «Je t’M», «I love you», «Je t’aime, maman».
Si j’avais le temps, je me livrerais au recensement de toutes les antiquités de graffiti que je rencontre mais je doute de suffire à la tâche. Heureusement, je ne suis pas la seule à faire ça. Au wifi-café de Saint-Palais-sur-mer,
non loin de Chez Lolo, le roi du Bulot,
j’ai découvert en twistant sur Internet qu’Eliane Larus faisait la même chose.
19:58 Publié dans Glanures, Images, Sites et jardins, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : graffiti, ready made, brouage | | Imprimer | | |
05.05.2009
Génie populaire des Canaries
12:49 Publié dans Ailleurs, Glanures, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : iles canaries, art populaire, fontaines, rocailles, cierges | | Imprimer | | |
16.03.2009
Des lectures pour tous
D’une marmotte à Pierre Jain, il n’y a qu’un pas. Permettez que votre petite âme errante le franchisse. La marmotte c’est celle de la boutique autrichienne de la rue Gay Lussac. Une marmotte aux ailes déployées qui m’a rappelé les hybrides du château d’Oiron dans les 2 Sèvres dont je vous entretintint le 10 mai 2007 dans mon post Curios & Mirabilia, mes doux animulous.
Or donc, battant le pavé parisien samedi dernier de mes bottines à bouts vernis, je laissais derrière moi le si superflu beffroi de l’Institut océanographique pour m’égayer en direction de la Galerie Pierre-Michel où j’escomptais voir les lavis entremêlés de Simone Picciotto. Hélas, 3 fois hélas, c’était tout décroché ou pas encore accroché puisque l’expo dure jusqu’au 4 avril et j’ai pas pu me faire une idée.
De rage, je suis allée me jeter dans une des nombreuses librairies à l’ancienne qui résistent à la mondialisation dans ce quartier un peu province d’allure. Et là, sur une pile de vieux gri-grimoires, il était là qui m’attendait, le chéri. En me voyant, il a crié : «maman!» et pour même pas 5 thunes je l’ai emporté avec un sourire de hyène qui vient de dénicher sa proie. Quoi qu’est-ce ? Mais le numéro de décembre 1900 de Lectures pour tous. Du moins le présume-je car la couverture a été carrément scalpée par un précédent propriétaire.
Bon, si je l’ai pris c’est pour l’article Sur la planète Mars qui parle surtout du médium Hélène Smith mais qui contient aussi une repro de la Maison du prophète Elie par Victorien Sardou : un genre d’Institut océano-machin jupitérien.
En le feuilletant dans l’autobus 84, j’ai eu la bonne surprise de découvrir dans un autre papier sur Les Petits Métiers à l’Exposition (la grande, l’universelle) une très intéressante photo d’un sabotier «sculpteur sur bois» des environs d’Alais (Alès). Super intéressante même puisqu’elle semble avoir été prise exprès pour nous montrer la porosité de la frontière entre art populaire et art brut.
Pour celles et ceux qui en douteraient encore, je conseillerais une visite au catalogue de la vente de l’étude Ferri du 18 mars 2009 où, avec le concours avisé de Madame Martine Houze, seront dispersés Important Art populaire et Curiosité. Satisfaction garantie : c’est fastoche à feuilleter en ligne.
A côté d’un sacré tas de merveilles genre boîtes à missel, casses-noisettes anthropomorphes, sellettes de dentellière, quenouille en bois fruitier, secouettes à tabac, moines érotiques, vous pouvez pas manquer le n° 267 : une tête attribuée à Pierre Jain, le Breton d’art brut de Kerlaz révélé en 1977 par Pierre et Renée Maunoury dans le fascicule 10 de L’Art brut (celui où il ya Albino Braz, Jules Doudin, Louise Fisher, excusez du peu).
23:55 Publié dans Images, Lectures, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, art populaire, pierre jain | | Imprimer | | |
08.03.2009
Itinéraire expogéographique
Avec tout ce qu’il y a à voir à Paris dans le genre «apparenté à l’art brut», votre petite âme errante a dû se faire un programme pour être sûre de rien oublier.
A la réflexion, elle a pensé que ça pouvait vous servir aussi.
Alors imprimez vite cet itinéraire et collez-le sur la porte de votre réfrigérateur comme ça vous y penserez quand vous irez rapiner un de ces délicieux petits pots au chocolat belge à 53 % de cacao qui calment si bien vos mini angoisses nocturnes.
Et puis surtout, attention au timing. Le plus urgent c’est Marilena Pelosi à la Galerie Objet trouvé (24, rue de Charenton, 12e) : ça se termine le 14 mars 2009, à moins que Christian Berst ne nous offre un p’tit chouïa de rab.
Ensuite, par ordre d’urgence, il y a les Ex-voto contemporains du Mexique (Alfredo Vichis Roque), Galerie Frédéric Moisan 72, rue Mazarine, métro Odéon. C’est juqu’au 29 mars 2009.
Béatrice Soulié, qui bosse fort et depuis longtemps sur le terrain des singuliers de qualité, nous laisse juqu’au 4 avril 2009 pour visiter les Univers intérieurs de Joël Lorand en sa Galerie située au 21 dans l’étroite et art-africanophile rue Guénégaud dans le 6e arrondissement.
Last but not the least, la Galerie impaire, 47 rue de Lancry, nous donne à voir les œuvres d’un ténor brut du Creative Growth Art Center : Donald Mitchell (à noter les tout nouveaux totems) et les œuvres d’un Monsieur David West dont j’ignore à peu près tout. Dead line : le 5 avril 2009.
C’est le très cool Julien Raffinot qui est le D.J. de ce gentil espace du 10e arrondissement et je lui fais coucou parce que j’aimerais vraiment qu’il se souvienne de mon nom : A.N.I.M.U.L.A V.A.G.U.L.A, «sans rivale», comme dirait Séraphine.
Pour terminer faut pas que j’oublie de vous pointer que vous seriez rien bigornauds de pas vous procurer le catalogue Manœuvres de désenvoûtement (Breaking the hex) qui accompagne l’expo Marilena Pelosi et qui vivra sa vie ensuite comme font les crus honnêtes. Et même, puisque vous êtes comme moi, amoureux des beaux bouquins sur nos petits dadas, je vous conseille de vous offrir la version collector puisqu’il y en a une cinquantaine avec en bonus un vrai dessin (pas une repro) de Marilena Pelosi. Pour la valeur de même pas 3 catalogues ordinaires, vous aurez une œuvre originale sans mettre votre banquier sur la paille.
00:06 Publié dans Expos, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, marilena pelosi, donald mitchell, joël lorand, alfredo vilchis roque | | Imprimer | | |
28.12.2008
Road movie en Maine-et-Loire
De nouveau sur le bord des routes, je vous écris de mon local technique de fin d’année situé dans la chambre rouge d’un hôtel de charme.
De ce P.C. de campagne, installé dans un ancien chai où l’on prend le petit-déj dans un foudre de chêne, j’organise des road-movies sur les bords de Loire avec mon chéri que j’ai.
On s’amuse comme des p’tits fous. On grattouille la glace sur le pare-prise.
On s’fait des safaris-photos /poules.
On prend l’apéro dans des bistrots grands comme des cabines de bateaux.
Rescapés de l’autoroute qui nous a crachés près de La Flèche, dans une petite ville qui porte le nom d’un personnage de Joris-Karl Huysmans (non ce n’est pas «Des Esseintes», grands décadents que vous êtes!), nous avons eu le bonheur de retrouver intact sur la route départementale 18 qui mène à Baugé, le charmant petit site de La Promenade
avec son Mitterrand fleuri,
son Pierrot à pois
et sa petite meuf à la robe bleue et aux «avantages» avantageux, comme dirait Boby Lapointe.
Sur une assez belle longueur et pour l’agrément de quelques automobilistes pressés, ce jardin propose en outre : hérons, cigognes, chats noirs, minous tachetés à profusion (enfin : en assez grand nombre).
Des escargots aussi et des jambes de femmes, également en ciment peint, qui du bout du pied élegamment supportent des nids d’oiseaux. Au lieu de me faire défiler égoïstement ces images, prélevées par moins 5 degrés avec mon petit Lulu (Lumix) que j’ai eu pour Noël, j’ai décidé de vous en faire profiter, chanceux que vous êtes.
16:27 Publié dans Glanures, Sites et jardins, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut | | Imprimer | | |
24.11.2008
Des minous et des livres
Vialatte, Lévi-Strauss, Caradec et les autres : week-end-lecture pour votre petite âme errante. J’étais partie errer dans les rues glacées du côté de la Sorbonne qui est devenue un lieu de pèlerinage pour les cousins de province («mais voui, c’est là que ça se passait…») lorsque j’ai bifurqué vers les thermes de Cluny où se tient l’expo Celtes et scandinaves, rencontres artistiques VIIe-XIIe siècle que je voulais voir.
Hélas, le Musée National du Moyen-âge m’est apparu un peu rébarbatif avec sa porte défendue par un gardien qui n’a rien de Georges Clooney.
Et puis, j’en ai eu vite marre de faire le poireau devant des chiottes, installées dans un module de chantier qui défigure une cour vénérable, alors je suis allée photographier un minou du Poitou qui fait un tabac dans une librairie de la rue Saint-Jacques, voisine du Vieux Campeur.
De minou en minou, je suis allée lécher la vitrine du Dilettante où j’ai repéré les Chroniques de l’année 1968 d’Alexandre Vialatte qui viennent de sortir chez Julliard avec une préface de Philippe Meyer. Pour celles qui, comme moi, ont fait depuis longtemps des papiers du grand Alexandre leur livre de chevet, il n’y a peut-être rien à apprendre.
Mais ça fait jamais de mal de relire Vialatte et j’ai revisité avec plaisir certaines allusions au Facteur Cheval, certaines petites phrases sur Dubuffet et Jean Paulhan : «Dubuffet se grise de trottoirs, de bitumes et de macadams. Il a fait un portrait de Jean Paulhan en bitume. Les trente-deux dents (…) sont faites en vrai gravier de trottoir (…)».
Après ce joyau rouge, mon choix s’est porté sur un bijou noir, imprimé en bleu et édité par L’Herne. Ce petit bouquin de Claude Imbert s’intitule Lévi-Strauss, Le passage du Nord-Ouest.
Pour celles qui prennent soin de leur beauté, il a l’avantage de contenir la traduction en français (par Mark R. Anspach) d’un article de C. L.-S. parut en anglais dans dans le 1er n° de V.V.V. créée par André Breton, alors réfugié aux U.S.A, en 1941. Il s’agit de Indian Cosmetics, cette troublante cosmétique des indiens Caduvéo du Brésil que les habituées du chapitre XX de Tristes Tropiques connaissent bien. «Les femmes caduvéo ont une réputation érotique qui est solidement établie sur les deux rives du Rio Paraguay», nous dit Lévi-Strauss qui fête ses 100 ans vendredi. Avis à mes lectrices ! Comment les messieurs, emplumés ou non, ne craqueraient-ils pas devant ces parures de lèvres dessinées au jus bleu-noir d’un fruit du nom de genipapo.
C’est d’un sourire pareil que je souhaiterais saluer la sortie discrète de François Caradec, auteur (entre autres) de la désopilante et érudite Encyclopédie des Farces et attrapes et des mystifications, parue en 1964 chez le malicieux Jean-Jacques Pauvert. Des Arts incohérents aux fausses peintures du Tassili, de la Vierge à surprises de Notre-Dame du Mur de Morlaix à Glozel, on y serpente sur maints chemins de traverse qui croisent les sentiers de l’art brut.
Que toutes ces voies mènent au paradis des Christophe et des Allais, ça me paraît évident. Pas vous ?
23:27 Publié dans Ecrans, Ecrits, In memoriam, Lectures, Vagabondages, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : claude lévi-strauss, alexandre vialatte, louis wain, jean dubuffet, françois caradec | | Imprimer | | |
09.11.2008
Jet Set Tour Brut
Pirosmani, Waldau, Miyawaki, Art en marge… Vézelay, Kyoto, Genève, Bruxelles.Y’a des fois, j’aimerais faire partie de la jet set. Je prendrais des avions et je brûlerais du kérozène mais je passerais mon temps à voir les expositions qui m’attirent. Pas vous ?
Sachant qu’il ne me reste plus que jusqu’au 10 novembre 2008, je me propulserais au Musée Zervos de Vézelay où sont montrées 17 toiles de Niko Pirosmanachvili (autrement dit : Pirosmani), le grand peintre autodidacte géorgien, qui avait commencé par peindre des enseignes avant de fasciner les membres de l’asso d’avant-garde La Queue d’âne (Le Dentu, Malevitch, Tatline).
Billet de banque à l'effigie de Pirosmani
De là, je m’envolerais vers Odessa où l’on signale à la Gare Maritime la présence d’Yvon Taillandier.
Non sans faire un détour d’abord par la Maison des Arts de Châtillon pour une expo de cet artiste prolixe, qui fut critique d’art avant de passer à la peinture pour y élaborer, avant la Figuration Libre, un monde sinueux et luxuriant, narratif et bigarré que certains (notamment la galeriste Ceres Franco) ont senti comme fraternel à cet art brut qui avait déjà pris sa vitesse de croisière.
Ensuite, je filerais vers le Japon, en faisant un crochet par Bruxelles/Brussels pour une étape, rue Treurenberg, au Centre Culturel Hongrois où se tient Meetings on the margin, une expo dont je sais pas plus que ça mais montée avec le concours d’Art en marge, c’est tout dire.
A Kyoto, j’aurais jusqu’au 14 décembre 2008 pour me rendre à la Galerie Miyawaki faire un tour dans l’expo perso de Gene Mann (Tendres humains), un peintre qui n’est pas à enrégimenter dans l’art brut mais dont j’ai déjà eu l’occasion de signaler le livre en accordéon dans ma note du 27 juillet 2008 intitulée L’Art outsider à la pompe. Gene Mann, qui vient de découvrir mon blogounet, pense à ses frères et sœurs de création «hors bords» dans l’invitation qu’elle m’adresse. Le mot est joli. Il mérite d’être relevé pour sa tentative de sortir des ornières terminologiques.
L’intention ne l’est pas moins (jolie) car c’est rare de voir les zartisses s’occuper du nombril des autres. Celle-ci, dans son atelier ou dans la nature où elle dessine sur la mousse, ne craint pas de se colleter avec la matière et que voulez-vous, moi j’aime ça. Il n’y a que ses cheveux qu’elle rassemble en touffe sur sa tête (ce qui la fait ressembler toute entière à un pinceau) qui restent à l’abri des couleurs. Gene Mann qui est d’origine française mais qui vit en Suisse me ramène à Genève où Une Sardine collée au mur montre les travaux de 5 créateurs de l’Atelier artistique de l’hôpital de la Waldau.
«Loin d’être insensées, ce sont des œuvres qui parlent de la délicate condition de l’être humain» nous dit délicatement le carton d’invit.
18:13 Publié dans Expos, Images, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, pirosmani, yvon taillandier, gene mann | | Imprimer | | |
06.09.2008
Ovartaci : Brut et Danois
Ovartaci, super créateur d’art brut Danois, comptait Asger Jorn parmi ses inconditionnels. Son œuvre n’en demeure pas moins méconnue. Aussi devant son nom, aperçu dans le dernier numéro de Raw Vision (64, autumn 2008, p. 69), j’ai poussé un «glop-glop» de plaisir.
La lecture de la brève de John Maizels, relative au bouquin de Johannes Nielsen : Ovartaci, Pictures, Thoughts and Visions of an artist, m’a rappelé mes vacances 2003 au Danemark où j’étais grimpé pour mettre mon daddy à l’abri de la canicule.
Je vous ferai une autre fois le récit de mes rencontres brutes dans la lumineuse fraîcheur du Jutland, sachez seulement qu’à Århus, en excursionnant au musée de l’hopital psy, j’ai eu le choc de ma vie (enfin, l’un des chocs) en rencontrant les insidieuses, longilignes, félines, inquiétantes et sexuelles créatures d’un peintre, sculpteur schizophrène qui demeura là 56 ans, chouchouté par une équipe soignante qui admirait son travail artistique.
A l’époque de ma visite, la version en anglais du livre de Nielsen, le psychiatre d’Ovartaci, n’existait pas. L’auteur m’avait gentiment dédicacé la version originale mais j’avais dû me contenter, par ignorance danistique, d’en lire le titre : Ovartaci, En kunstners billeder tanker og visioner.
Dommage pour vous ! J’aurais pu vous en parler plus tôt. Il est vrai que je vous cause d’un temps où votre petite âme errante n’existait pas ! Imaginez le monde sans Animula Vagula… Fermons la parenthèse.
J’aurais pu vous dire le frisson fantastique que c’était de découvrir ces peintures et ces sculptures terribles et ce non moins étrange mobilier peint où dominent les thèmes ésotériques à base de métamorphoses femme-animal.
J’aurais pu vous parler de ces foules tout en flammes où crépite le feu ardent de la psychose, de ces cauchemardesques et fascinantes scènes en abîme, peuplées d’entités femelles à la taille de guêpe, aux ailes de libellule et aux yeux égyptien-reptilien.
On vit plus d’une vie avec Ovartaci. Lui-même voyageait sans arrêt au gré des réincarnations dont il se souvenait. Dans cette vie, il s’appelait Louis Marcussen de son vrai nom, avait vécu en Argentine, était calé en bouddhisme. Longtemps yogi, son désir de maîtrise sur son corps l’avait sans doute conduit à une automutilation qu’il évoque dans un chapitre du livre de Nielsen, en commentant l’un de ses tableaux : Naked bathing girls.
Son esprit toujours occupé de migration d’un sexe dans l’autre, Ovartaci parle volontiers de lui-même comme d’une petite fille. Il se décrit aussi comme un «virul», le représentant d’un 3e sexe.
Sa façon de tout ovartaciser séduisit Jean Dubuffet qui s’intéressa à son cas grâce à son copain Asger Jorn.
Asger Jorn et Jean Dubuffet en 1961
Photo : Musée de Silkeborg
Ce grand artiste Cobra-Situ, fit cadeau de deux pièces d’Ovartaci à la Collection de l’Art Brut de Lausanne.
A ma connaissance, on ne les y montre pas. Est-ce parce qu’en 1979 Ovartaci participa à l’Exposition Outsidere au trop fameux centre d’art contemporain de Louisiana ?
Si c’était le cas, le temps ne serait-il pas venu de rectifier le tir ?
21:39 Publié dans Gazettes, In memoriam, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ovartaci, art brut, asger jorn, jean dubuffet | | Imprimer | | |
31.08.2008
Art top, art-bois, coquill’art
Art top, art-bois, coquill’art… Le menu fretin de vacances, c’est trop bien. Sur les bords de la Charente, de la Vienne, entre l’Or et l’Argent, puis au long de la Loire, sur les routes vertes entre Saumur et le Thoureil, quelques rencontres frétillantes, indignes sans doute d’une campagne de pêche réellement brute mais bonne encore assez pour l’épuisette animulienne.
Pas loin du zoo de Doué-la-Fontaine où l’on entend rugir le soir (Hic sunt leones !), un ancien employé communal, sur la D 69 qui va vers Les Verchers, cultive, en léger surplomb à l’intersection de deux rues, un petit jardin topiaire sur la base d’un jeu de mots. Une croix de Lorraine et 2 églises en buis taillés sur lesquelles reposent 2 oiseaux en porcelaine blanche et le tour est joué : Colombey-les-deux-églises ! Monsieur Hubert, le génie du lieu a commencé dans les années 60.
Ce serait un gars de Martigné qui lui aurait donné l’idée mais j’ai pas eu le temps de savoir qui. Son installation, aussi aimable que lui même et son épouse, comprend également une chope, un panier, deux gros oiseaux. Le tout disposé autour d’un personnage en petits pots de terre emboîtés figurant un buveur attablé devant sa bouteille.
A Nieuil, à mi-distance de La Rochefoucauld et Confolens, là où la D 60 fait la bise à la D 739, non loin du gentil resto La Cassotte qui m’a donné accès à son Internet et à son Pineau rouge, voilà-t-il pas que j’avise une rangée de bonshommes en bois.
C’est mieux que les nains de jardins de la supérette mais à la réflexion ça me rappelle le chapitre Musée de la Forêt d’un petit bouquin de Franck Chauvet (La France insolite) assez largement diffusé dans nos campagnes par France Loisirs.
Dans les parages de Saint-Jean d’Angély, baigné par La Boutonne, arrêt-culture à l’Office de tourisme pour me procurer l’affiche avec les sculptures de Gabriel Albert signalée le 25 août par l’ethnoblogue Belvert.
En sortant, comme j’ai les crocs et que je me dirige vers le resto du Centre, cuisine des saisons, pour y déguster les sardines marinées, je croise, dans les parages, la Vierge aux oiseaux, les têtes de chat en fleurs et les naïfs tableaux qui se laissent apercevoir dans une cour-jardin.
Quant aux coquillages… est-ce à Ruffec en Charente ou à Saumur qu’à la boutique Emmaüs j’ai enrolé, dans mon escadron d’amazones animuliennes, cette petite soeur romantique ?
Je ne sais plus. Le MIAM de Sète consacre en ce moment une expo à ce genre de petits travaux balnéaires, ça ne vous a pas échappé, j’espère. A moi non plus.
23:55 Publié dans Expos, Lectures, Sites et jardins, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (1) | | Imprimer | | |