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28.09.2011
Rococo brut
C’est un endroit où poussent des champignons. Quelque part en France, un lieu touffu avec des passerelles sur une petite rivière.
Quand on sort du bois où il fait bon se promener, on suit la route montante qui longe un maquis en surplomb. Il fait chaud en cet automne nouveau-né. Il y a des bibites comme ils disent, les Québécois. A peu près à l’endroit où l’on s’arrête pour souffler, on distingue, si on a un œil de lynx, des formes caillouteuses en camaïeu de blancs ou de couleurs glaise.
Mon informatrice me l’avait bien dit, il y a là un environnement d’art, du plus authentique qui soit. Ce que m’avait caché par contre cette Animulienne adepte de la recherche de terrain, c’est qu’il faudrait me battre avec des araignées en écartant les branches.
J’ai horreur des araignées. La plus chétive me rend hystérique. Et trouver un moyen de faufiler le museau de mon kodak au travers du grillage qui protège ce jardin lapidaire arcimbolodo-tatinesque, ce n’est pas de la tarte non plus.
Quant à mon caméscope, allez donc vous tenir en équilibre sur la pointe des pieds pour balayer comme une malade la surface de l’espèce de temple inconnu qui s’offre à moi par dessus un portail fermé par une chaîne!
Mon chéri a beau m’empêcher de tomber, j’oublie toujours que le micro enregistre et : «zut, crotte, vache de zoom !!!», je jure comme une charretière.
Heureusement, il n’y a pas beaucoup de voisins dans les parages et ceux en vis-à vis sont très loin, le long d’une route parallèle séparée de celle où nous sommes par un herbage large comme un terrain de football.
Un peu de recul, le temps d’admirer comment le propriétaire des lieux a su astucieusement utiliser la porte de son garage pour suggérer une entrée monumentale et je remonte à l’assaut. Non sans ébahissement pour la scénographie architecturale qui superpose en plans alternatifs une colonie de grotesques, mollusquoïdes et aberrants.
Aucune volonté de faire joli, un goût vif pour la gueule-cassée, la tronche-pas-possible, le monstrueux tempéré par le dérisoire, voire les intentions comiques.
Quelque chose de baroque, d’italien peut-être. Un Tivoli sauvage. Noyées dans la haie, les sculptures de l’enceinte ont des faux-airs de villa Palagonia.
Ajoutée à cela une tendance au coucou/caché, peut-être due à l’abandon ou à l’organisation volontaire d’un mystère.
La technique d’assemblage des morceaux de pierre choisies pour leurs formes fait penser à celle de Marcel Landreau. En moins minutieux bien sûr. Une certaine rudesse de façon est visiblement recherchée.
Elle se marie avec la végétation exubérante et le terrain étroit, bancal, en pente dont le créateur de ce lieu magique s’accommode. Aurais-je l’occasion de le rencontrer? Existe-t-il encore? Je compte bien retourner sur place pour en apprendre plus. Mais en attendant, j’avais ma dose.
A la terrasse du café du village, distant de 2 kms, je me suis refroidi les tempes avec mon verre de soda glacé. En levant par hasard les yeux, j’ai découvert ce chien en ciment qui monte la garde en haut d’un mur. Heureux pays !
01:37 Publié dans art brut, Sites et jardins, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | | |
25.09.2011
LaM : un an après
Les années se suivent et elles ne se ressemblent pas. L’année dernière c’était une avalanche de papiers dans la PQR nordiste pour cause d’inauguration du LaM. On n’en finissait plus de s’extasier sur la finalisation du bâtiment «en résille de béton fibré» arrimant la main de l’Art brut au grand corps malade de l’Art contemporain perché sur les épaules de son grand frère moderne. Cette année, autre chanson. L’événement date un peu et les gazettes locales sont retournées aux choses sérieuses : le V’lille, la braderie et les animaux de compagnie.
Ne se trouvera-t-il donc personne pour célébrer ce premier araciniversaire?
Heureusement Animula Vagula est là et son ch’tiot service de documentation aussi.
Parmi toutes les supercalifragiliscexpialidélicieuses déclarations qui furent faite à l’époque du côté de Villeneuve d’Ascq, j’ai retrouvé celle de Nord Eclair, publiée le 26 septembre 2010, à propos de l’architecte de l’extension qui s’est ajoutée à l’édifice d’origine pour en faire un musée à 3 volets équivalents : «Manuelle Gautrand a réussi à s’imposer, là où il le faut, et contre les avis du cahier des charges et de l’architecte des bâtiments de France qui réclamaient un édifice distinct de l’œuvre initiale». Et le canard de citer une «justification» de l’architecte : «J’ai pris en compte une demande plus impérieuse, celle de la conservatrice en chef de l’époque (Joëlle Pijaudier-Cabot, ndrl) qui souhaitait une fluidité du parcours».
Voilà qui n’est pas banal! «Plus impérieuse» est grand, «plus impérieuse» est noble, «plus impérieuse» est définitif. «Plus impérieuse» est cexpiadélilicieux. Moi qui croyait qu’un cahier des charges c’était sacré, j’en suis restée «sardine» comme dirait Gaston Chaissac.
18:16 Publié dans art brut, De vous zamoi, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | | |
22.09.2011
Sefolosha Salvatica
Des forêts, des sous-bois, on a besoin de ça. Des végétaux, des jardins. En ce début d’automne, ça peut pas faire de mal. Surtout si ce sont ceux de Christine Sefolosha. Véridiques, crépusculaires, oniriques et byzantins comme des bijoux baudelairiens, des souvenirs nervaliens ou des encres hugoliennes.
Mystérieux et pleins de bruissements d’ailes. De songes et de chuchotements. Odeurs de mousse et de champignons qu’on mangera en omelette à la ferme-auberge (ou à la ferme-galerie). C’est à Assens dans le canton de Vaud, village suisse jumelé avec les Deux Eglises de Colombey. Faut-il vous faire un dessin pour savoir comment vous y rendre? Dimanche, on nous promet du soleil jaune comme la paille, jaune comme le vin.
L’occasion rêvée, ce 25 septembre 2011 à 11 h de rencontrer l’artiste à l’Espace culturel, route du moulin. Elle y fera découvrir sa nouvelle série de monotypes réalisée avec le concours de l’Atelier Ratmond Meyer, imprimeur à Lutry.
L’exposition, qui est collective, s’intitule Salvatica et c’est délicieux de pas bien savoir ce que ça veut dire. Je dis ça pas que pour les Suisses. Les Français sont invités à passer la frontière.
23:55 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christine sefolosha | | Imprimer | | |
18.09.2011
Le Matriarche di Sabo e Moro
J’arrive sans doute comme les carabiniers d’Offenbach pour Le Matriarche de Gibellina. La Sicile ce n’est pas à côté, même pour une exposition sur le principe féminin.
Un peintre et un sculpteur, Sabo et Moro, voisinent au Museo Civico d’Arte Contemporanea, en ce mois de septembre 2011. Pour combien de temps encore ? Pas beaucoup, j’en ai peur. L’un et l’autre, à des degrés divers, campent à la frontière de l’art brut.
Salvatore Bonura (1916-1975), dit Sabo, était fait pour la peinture sans le savoir. Peu apte à la vie pratique et à une activité laborieuse continue, c’est à l’équinoxe des 50 ans qu’il découvrit son art en autodidacte.Encouragé par un artiste puis par un mécène à partir de 1968, il a produit des centaines de toiles.
Salvatore Bentivegna (1923-2002), dit BSD Moro, vécut un naufrage. Pêcheur analphabète, presque sans abri ou habitant dans une cabane sans fenêtre, il se tenait à l’écart de sa famille bien que père de 10 fils.
Les portraits du photographe Fausto Giaccone en disent long sur lui.
Ces deux Salvatore ont ici la même marraine : Eva di Stefano, commissaire de l’exposition.
12:41 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | | |
16.09.2011
Coco girls et Gentils tatoués
Mon daddy est en ébullition. La grande prêtresse du protest-song est à La Courneuve. En plus de Nicola and Bart et Joan Baez, c’est le 140e anniversaire de la Commune de Paris. Il se souvient d’avoir fumé la moquette en l’honneur du centième dans sa jeunesse folle, mon daddy. Moi ça m’a fait plutôt rigoler le flyer de la Fête de l’Huma avec son petit look tatoué mâtiné réaliste-socialiste.
J’aurais mieux fait quand même de répondre présente à la soirée d’invitation au vernissage de l’expo des artistes qui squatteront l’Agora de l’Huma pendant la teuf coco du ouikène des 16, 17 et 18 septembre 2011.
Au lieu de ça, j’ai voulu me pointer au vernissage de la nouvelle expo Hey! de la Halle Saint-Pierre mais là, bernique, je n’ai pas pu entrer.
C’était l’émeute dans la rue Ronsard. Le quartier était saturé de gentils tatoués et de mamies gothiques venus avec chiens, vélos et lardons à totottes punk.
Faut dire que Paris avait bien fait les choses. Un gratuit surprise venait juste d’être distribué dans le tromé avec un papier sur l'expo.
Heureusement qu’on se décarcasse pas autant pour l’art brut aux affaires culturelles! Il serait vite pop-ularisé dans le sens tendance du terme. Ceci dit, pourquoi je vous cause de l’expo du grand show de l’Humanité ? Mais parce que j’ai eu la bonne surprise de constater que, parmi les plasticiens invités, il y a Sandra Martagex et Yvon Taillandier.
18:05 Publié dans Expos, Gazettes, In memoriam, Zizique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : commune de paris, fête de l'humanité, joan baez, halle saint pierre, revue hey! | | Imprimer | | |
14.09.2011
Travellings bruts
INHA + HLN = WE à 100 %. Derrière cette formule sybilline, se cache une réalité impitoyablement speed : ça va être du sport, samedi prochain, 17 de septembre 2011!
First, en début de matinée, je vais m’user le tempérament à attendre le réparateur de four à micro-ondes car ce dernier s’est offert une rébellion domestique pendant les vacances (c’est trop la mauvaise période). Puis, je courirai au pressing chercher ma blouse en nylon.
Ensuite je sauterai dans la Simca 1000 (immatriculée dans le Puy-de-Dôme) de mon tonton Fernand de passage à Paris.
Il me déposera rue Vivienne pour les causeries de l’Institut National de l’Histoire de l’Art où je dois retrouver ma copine Jeannette avant qu’elle ne s’éclipse pour l’anniversaire de sa petite fille.
Comme il n’a pas de GPS (mon tonton Fernand, suivez, quoi!) je manquerai peut-être la prestation de Bruno Montpied qui planchera aux aurores (9h45) sur la découverte des premiers environnements spontex mais je compte rattraper madame Magliozzi à 10h15 dans son labyrinthe litnianskiesque.
Au pire je me pavanerai, après la pause café de 11h, dans le jardin muscaté de Michel Valière. Si tout ça n’est pas limpide, cliquez ici pour lire la présentation claire de ce séminaire organisé par Roberta Trapani.
Céline Delavaux lui donnera un coup de main pour la table ronde. Après ladite table, mon timing sera serré. Comment passer près de la Galerie Vivienne sans jeter un œil dans la Librairie-Galerie de Catherine Aubry? Comme elle ouvre en début d’aprèm, avec un peu de chance je choperai un taxi en sortant.
Pour dévaler la rue des P’tits Champs et la rue Etienne Marcel pour tomber comme une balle dans le passage des Gravilliers où se déroulera, à partir de 14h30 un événement de taille : le Festival de films sur et autour, à la Galerie Berst. Sur et autour de l’art brut bien sûr.
Heureusement qu’il y a les marchands pour me ramener à l’art brut! Je l’avais un peu perdu de vue dans mes notes précédentes. Ce fffffesssstivallll se poursuivra le samedi 24 septembre mais moi je mise tout sur le 17 parce qu’il y a des choses qui me retiennent davantage : Raphaël Lonné par Gazet et Danchin, André Robillard par C. and C. Prévost et un nouveau truc sur Henry Darger. Allez voir le programme complet là aussi, sur le site de Christian Berst qui pique et qui nous prend par la main comme une mère ses lardons.
Profitez de cette «matinée» cinéma qui durera jusqu’à 17 h pour vous faire aussi l’expo HLN (rentrée hors-les-normes 2011) si vous n’étiez pas (la honte!) au vernissage, samedi dernier le 10 septembre. Moi, j’y étais mais je vous dis pas tout.
Un petit parfum new-age flotte autour des œuvres présentées. Anibal Briuzela a vu une soucoupe volante.
Eric Benetto pratiquait la méditation.
Melvin Way est trop matheux pour moi, il faut que je m’habitue.
Mais j’étais contente aussi de parler avec Loïc Lucas qui a coupé sa barbe et qui s’exprime maintenant en noir et blanc (ça lui va bien).
Bien sûr, il faudrait gratter tout ça. Et bien grattez, chers Animuliens !
23:55 Publié dans art brut, Ecrans, Expos, Parlotes, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : crab, bodan litnianski, anibal briuzela, eric benetto, melvin way, loïc lucas, roberta trapani, céline delavaux, marielle magliozzi, bruno montpied, michel valière, galerie christian berst, art lbrut | | Imprimer | | |
11.09.2011
Vaudou de chez Cartier
Vaudou de chez Cartier, ce n’est pas mon nouveau parfum. Vaudou c’est pas doux. C’est le titre de l’expo de la Fondation Cartier que vous feriez bien de vous dégrouiller de voir (si ce n’est fait) parce qu’elle se termine le 25 septembre 2011.
Choisissez pour cela une de ces journées étouffantes dont nous gratifient cette arrière-saison parisienne. Rien de tel qu’une atmosphère tropicale pour ajouter au mystère de ce rendez-vous avec un ensemble exceptionnel de sculptures bocio provenant des collectes du grand collectionneur et «expert autodidacte» Jacques Kerchache lors de ses voyages en Afrique de l’ouest.
Cliquez dans l'image pour voir le film tiré des archives de Jacques Kerchache
Dans l’actuel Bénin (ex-Dahomey), berceau du vaudou, culte et tradition philosophico-magique ancienne. J’ai conscience de vous imposer là encore un écart par rapport à mon thème de prédilection mais quand je lis que Mawu, le plus grand des dieux vaudou, s’appelle parfois Mawu-Lisa car il est à la fois masculin et féminin, comment voulez-vous qu’Animula Vagula ne se sente pas concernée?
Bocio signifie «cadavre qui a des pouvoirs». Et ces statuettes en bois, faites d’une accumulation d’éléments (ossements, cauris, fibres végétales, cheveux, machoires d’animaux, cordes, cadenas, argile, huile séchée, patine sanglante sacrificielle demeurée secrète) sont des objets-passeurs entre le monde des humains et celui des esprits.
Même sans leur poison ou leur substance-médecine, jadis contenus dedans, elles restent détentrices d’une force respectable qui n’est pas sans rappeler celle que nous rencontrons en fréquentant de grandes œuvres d’art brut. Avec cette force psychique, un autre monde fait irruption. La violence du choc nous frappe au cœur, de sa masse pétrifiante. C’est pas de la rigolade. Les ligatures sont là pour nous rappeler que, dans des sociétés qui n’ont pas -comme la nôtre- cantonné la sorcellerie à un rôle folklorique, on peut réellement claquer le beignet à un méchant.
Le cahier olivâtre qu’on distribue à l’entrée de l’expo contient la liste des œuvres montrées. On n’est donc jamais obsédé par les cartels quand on visite les bocio d’en haut (troncs d’arbres sculptés disposés en cercle comme dans la cour d’un village) et ceux de la salle du bas (statues plus petites alignées sur des supports carrés et protégées par des cubes transparents. Un peu à l’écart, le Chariot de la mort, un bocio biface, qui se reflète dans un bassin, est relié par des chaînes à des crânes de crocodiles. De quoi figer le sang!
La très élégante scénographie d’Enzo Mari a le mérite de servir la lisibilité. Mais son parti pris d’esthétisation (conforme à l’esprit Kerchache), s’il révèle la sauvage beauté des objets, met un peu à distance la force dont je parlais plus haut. De ce point de vue, j’avais été plus impressionnée par l’expo plus bordélique de Genève, il y a 3 ans (voir mon post Au pays des zombies du 3.07.2008). L’ambiance fouettait davantage même si les œuvres étaient moins remarquables. Si vous avez pas 49 € pour le catalogue, raflez les documents pour les enfants. Ils sont beaux, bien faits et on peut les mettre entre les mains d’un adulte.
C’est dire si la Fondation Cartier n’infantilise pas son jeune public. C’est assez rare de la part d’une institution muséale pour que ça soit souligné.
Les photos des œuvres de la collections Anne et Jacques Kerchache sont extraites du dossier de presse de l'exposition.
©Yujy Ono
23:52 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : arts premiers, vodou, jacques kerchache, bocio, bénin, dahomey, mawu-lisa | | Imprimer | | |
10.09.2011
« Lastarac » expose « l’art brut »
Depuis que l’art brut est à la mode, un vent de folie ravage la PQR. De quoi venir gonfler la montgolfière de ma rubrique intitulée : Nos amies les bêtes. Parmi le nombre de perles qui s’égrènent sur le Net, j’ai choisi celles-ci, accumulées dans un court article de La Dépêche du Midi du 9 septembre 2011
La Star Ac, sa sainteté Vassily Kandinsky, avouez qu’il fallait l’inventer! Pour ceux qui l’ignoreraient, le «chantre» de l’art brut, Jean Deschamps (sic) est l’immortel auteur de L’Air de la cambrousse, Aspergeante culture et de L’Hourloupe aux choux.
Le Laïus prend sa source sur le territoire de Laguian-Mazous (je n’invente rien), ce qui explique peut-être qu’on soit fort sur la tchatche dans cette commune du Gers. Si vous êtes dans le coin, courez donc demain dimanche 11 septembre à l’église de Laguian-Mazous. Vous me direz si monsieur Martine est un talentueux rigolo ou un authentique naïf car moi j’hésite.
16:02 Publié dans art brut, Expos, Gazettes, Nos amies les bêtes | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | | |
09.09.2011
Le sculpteur Etienne-Martin affronte La Cohue
Même si vous êtes des happy-few, La Cohue est faite pour vous. La Cohue c’est un musée, situé dans cette charmante Vannes bretonne qui mérite une révérence spéciale parce que jusqu’au 2 octobre 2011 elle abritera l’œuvre d’un artiste digne d’intéresser les afficions de l’art brut sans du tout appartenir à celui-ci.
Il s’agit d’Etienne-Martin dont l’œuvre reste incompréhensiblement sous-estimée.
Je le connaissais pour ces Demeures, étonnantes sculptures habitables qu’on n’a pas souvent l’occasion de rencontrer.
Mais le beau catalogue de l’expo que j’ai sous les yeux nous révèle bien d’autres choses.
Notamment cet époustouflant manteau qui ne pourra que vous donner du bonheur, si comme je le crois, vous avez le cœur animulien.
Personnellement, je n’ai rien contre l’art contemporain quand il s’élève ainsi aux sommets de l’art brut. D’accord, ce n’est pas souvent mais raison de plus pour le claironner quand ça arrive. Dans une époque où l’art brut est trop volontiers mis à nu par ses célébrateurs même, qui s’emploient à le fourrer, avec le tout venant de l’art contemporain, dans le même sac institutionnel, il est hautement nécessaire de mettre en relief les véritables convergences que nous révèle l’œuvre puissante et émouvante d’Etienne-Martin.
23:24 Publié dans Expos, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : etienne-martin, vannes, sculpture, la cohue, manteau | | Imprimer | | |
04.09.2011
Loulou et moi, 6 ans après
«Wo es war, soll ich werden». Y’ a des moments où je m’demande si j’ai un inconscient! Heureusement, la PQR est là pour m’en tenir lieu. D’une édition charentaise de Sud Ouest, en date du 17 août 2011, j’ai eu l’émotion de voir surgir de mon passé monsieur Loulou (André) Degorças, «sculpteur cagouillard».
Quelle reviviscence! Rappelez-vous. C’était au début septembre 2005. Je n’étais pas encore la «Grande Timonière» que je suis devenue. Celle dont Mr Alain Bouillet, dans le n°34 de la revue Création Franche (mai 2011), dit que son blogue est –je cite– «bien connu des amateurs d’art brut». La gloire ne poudrait pas encore les ailes de votre Petite âme errante et ses chevilles n’étaient pas enflées. J’étais rien qu’une âmelette nouvelette, mal assurée sur ce qui lui tenait lieu de jambes sous sa mini-robe. Elles ont grandi depuis, grâce à vous, chers lecteurs et lectrices, qui m’avez fortifiée de votre attention et de vos informations. Elles m’ont portée jusqu’à mon sixième anniversaire que j’ai le plaisir de placer aujourd’hui sous les auspices de Loulou de Genté, petit bourg situé près de Segonzac. Loulou c’est le genre de gars qui ne demande rien à personne et qu’on découvre par hasard. Leur création mérite d’être protégée et leur tranquillité respectée. C’est pourquoi j’avais évité de le localiser en 2005 quand j’en parlé pour la première fois.
Je m’imaginais que les stakhanovistes du bord des routes, qui traquent le «singulier de l’art» comme l’orpailleur de Guyane ses pépites, finiraient par le trouver. Mais non. Mes photos étaient trop petites. Alors, à l’occasion de mon sixième anniversaire, c’est moi qui vous fait un cadeau en les élargissant un peu.
Place d’abord à ces personnages en ciment teinté, grandeur nature, qui veillent à l’entrée de la maison de la mère de Loulou.
Il y en a 4 dont une représente «sa» Sheila, chanteuse dont Loulou est fan depuis qu’elle l’a invité à la teuf donnée pour ses 20 ans. Elle chante Ecoute ce disque.
Un maçon (Loulou ?), sur le pilier symétrique, présente ses outils.
Loulou aimait trop l’invention pour en rester là. Son brevet pour une taloche en plastique trône chez lui sous une vitrine. Dans sa cour, il a vu un soir des extra-terrestres, «petits et transparents».
Et il s’est bricolé un petit musée de science-fiction avec des comètes peintes sur des bâches noires et une ronde d’aérolithes sur tiges de métal.
Au supermarché du coin, il cherche des idées dans les revues sur les soucoupes volantes.
Au rayon des viandes limousines, il achète des bas morceaux pour «son drôle», un vieux chien pour lequel il a conçu une rampe d’accès pour monter au premier étage de sa maison.
Sans doute Loulou n’entretient-il avec l’art brut que des parentés assez lointaines. Il fabrique des souvenirs pour les mariages, de petites stèles avec visages de profils d’après photo.
Ce qu’il voudrait c’est en réaliser pour des hommes politiques auxquels il voue une innocente considération. Mais les ministres ne se bousculent pas pour venir se faire portraiturer au fotomaton local pour lui. Cela ne fait rien, on l’aime bien quand même et je suis heureuse d’avoir, il y a 6 ans, commencé par lui et par son copain Lucien Favreau à qui il avait conseillé «de mettre de la couleur».
18:37 Publié dans art brut, De vous zamoi, Gazettes, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, environnements bruts et spontanés, andré degorças dit loulou, loulou le cagouillard, sheila, anniversaire | | Imprimer | | |