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31.10.2011
Ubiquité de Gaston Chaissac
Une virée dans les beaux quartiers? Il ne vous manque qu’un prétexte? Le voici tout trouvé avec le show Chaissac dans le 8e. Un artiste…deux lieux, ce sont deux belles expositions complémentaires que vous pouvez vous mettre dans l’œil jusqu’au samedi 19 novembre 2011 boulevard Malesherbes et avenue de Messine. Deux bonnes voisines, les galeries Brame & Lorenceau et Louis Carré & Cie vous invitent.
Ne faites pas vos timides sous prétexte de la majesté des lieux. On vous laissera regarder en paix et même qu’on vous fera des sourires! C’est un article de Lydia Harambourg dans la Gazette qui a attiré mon attention. Moi, j’ai visité ça trop vite, à l’heure du déjeuner parce que j’ai jamais le temps. Quelques pièces maîtresses de la fin des années quarante chez Carré.
Sonnez sous la voûte monumentale, on vous ouvrira ou apportez votre trampoline pour jeter un, deux, trois coups d’œil depuis le dehors, la grande salle possèdant plusieurs fenêtres.
J’ai trainaillé davantage (mais pas assez) chez Brame & Lo qui est une bonbonnière du dehors. Le bonjour à un grand totem à l’entrée et moquette gris-perle dans l’escalier qu’il faut grimper pour tomber dans une successions de petites salles et gentils corridors, littéralement bourrés de choses diverses et variées des années 50 à 64. J’ai noté une tôle à la bouche rieuse et une bassine avec une petite face chapeautée à la South Park. Ce petit visage au nez de travers n’est pas la seule pièce émouvante.
Vous rencontrerez aussi le gars aux yeux vairons exécuté d’après un dessin d’enfant (1961) et une énorme tête de 1962. Saluez de ma part le Personnage en robe fantaisie (HST de 1963) et le Personnage rieur (HSP de 1963) replié du pied.
J’en passe et des meilleures en regrettant de ne pas être critiqueuse d’art pour vous faire sentir les nuances. Mais quoi, faites votre boulot d’amateurs d’art, quoi! Cela vaut la peine. Il y a deux catalogues.
J’ai préféré le jaune citron de Brame & Lo qui contient notamment de rigolotes photos des correspondants et amis du Gastounet. J’adore pour ma part le portrait de Michel Ragon jeune avec une chevelure presque à la banane qui sent un peu son zazou.
23:55 Publié dans Expos, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gaston chaissac | | Imprimer | | |
28.10.2011
Aloïse en noir et blanc
Aloïse en noir et blanc. C’est L’art brut à Cery. Une émission médicale provenant des Archives de la Télévision Suisse. Dans la série : Progrès de la médecine. Animateur : Alexandre Burger. Un Jacques Chancel suisse. On radioscopise aussi des dessins de Jules Doudin en compagnie d’un psychiatre qui a des faux-airs de Jean-Jacques Pauvert. Radiateurs, micros, cameras, interrupteurs, téléphones… tout est gros. Un peu d’indulgence : on est en 1965. Dame TV est encore balbutiante. Le commentateur fait ce qu’il peut avec les «patients psychiatriques» qu’on lui présente. Des dames dessinatrices. Mais il n’est pas à l’aise. Quant à la blouse blanche, elle s’obstine à ne voir dans les églises représentées que des «bâtiments»! Observez au passage l’agitation du stylo dans un coin de l’image quand le psy déplace la créatrice de mouettes qui a tendance à se coller devant l’objectif. M’est avis qu’elle lui porte un peu sur les nerfs avec sa «science» qu’elle ramène quand il l’interroge. Le toubib aimerait mieux qu’elle lui dise que c’est un aigle. Point barre. La télé est là, c’est plus le moment de délirer. Cliquez!
23:21 Publié dans Ecrans, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, aloïse corbaz | | Imprimer | | |
23.10.2011
Une araignée dans la gorge
La raison de mon silence? Non ce n’est pas que je médite un changement d’orientation. Genre : Rives et dérives de l’art contemporain. Ou «comptant pour du beurre», l’art brut ayant tendance à faire tache aujourd’hui pour les institutions qui l’exposent (pardon pour celles qui dérogent à la règle).
Non, non, c’est simplement que je me traînasse ma première grosse crève de l’année. Que je tousse comme une perdue.
Et que mon chéri-que-j’ai profite de ma faiblesse pour me faire avaler des litres de sirop des Vosges sous prétexte que j’aurais une araignée de Louise Bourgeois dans la gorge.
Selon lui c’est depuis que j’ai lu, dans le dépliant de l’expo Objets secrets au Collège des Bernardins, cette thèse (pour le moins digne de Nos amies les bêtes) suivant laquelle les œuvres de Judith Scott «résonneraient profondément» avec les objets sculptés par ladite Loulou of New York. Raisonnement de tambours! Idéal pour couvrir ma quinte! Non, je vous l’dis : «ça sent le sapin!».
Je n’ai même pas pu me traîner à la FIAC pour aller voir sur le stand de la Galerie Le Minotaure, les œuvres d’Anton Prinner, une artiste «contemporeine» d’exception celle-là. J’ignore pourquoi (à cause peut-être de la radicale façon dont elle interrogeait, dans son comportement, la différence sexuelle)– on ne parle jamais d’elle. En dépit des méritoires efforts de Benoît Decron que j’ai déjà eu l’occasion de signaler dans mon post du 25 janvier 2008 (Déplacement à l’Abbaye Sainte-Croix).
Libération du jeudi 20 octobre 2011
Pour rare qu’il soit, le cas d’Anton Prinner n’est pas le seul à se tenir éloigné des petites bourgeoiseries à la mode. Pas plus tard que récemment, j’ai eu l’occasion de vous rafraîchir la mémoire au sujet de Lucy Vines et d’Etienne-Martin.
Si écho de l’art brut il y a, c’est dans l’œuvre de tels artistes, sincères, discrets et concentrés sur eux-mêmes avant d’être soucieux de notoriété, qu’il faut le chercher. Ma p’tite idée sur la question c’est que la fréquentation de leurs œuvres nous servira bien plus dans notre approche de l’art brut que le commerce avec les people de la planète art-contemporanéiste qui tourne éternellement autour de deux trois nombrils décorés.
Bon, je retourne à mon sirop! Non sans vous signaler deux expos de jeunes artistes contemporains qui méritent bien qu’on parle d’eux.
Celle de Christine Sefolosha à Strasbourg et celle de Pierre Della Giustina dans son atelier de Saint-Rémy-sur-Durolle en Auvergne.
Merci au carton d’invitation de l’expo Della, organisée de concert avec la photographe Rafaèle Normand.
Il me fournit ma conclusion : «une virée dans les sapins pour la Toussaint?»
20:32 Publié dans De vous zamoi, Expos, Miscellanées, Nos amies les bêtes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christine sefolosha, pierre della giustina, judith scott, anton prinner, fiac, lucie vigne, etienne-martin, rafaèle normand, art contemporain | | Imprimer | | |
15.10.2011
L’art brut se met au vert
Semaine granny en perspective. Elle commencera bien, dans une tonalité vert pomme. Car tout d’abord, qu’est-ce-que j’apprends? Le 23e Cahier de l’Art brut pointe son museau. A force j’y croyais plus. Le dernier en date remontait à perpète (2007). «Cahier» bien sûr est un abus de langage. C’est «Publications de la Collection de l’Art brut» qu’il faut dire, bien que maintenant -innovation- ce numéro vert soit publié par InFolio, éditeur suisse spécialisé dans l’archéo, l’archi, l’hist-art ou la photo.
On avait eu toute la palette de la tranche napolitaine avec ces cahiers depuis leur début, du temps où mon daddy était minot (1964). On a eu le bon goût de ne pas changer la maquette de la couverture avec le titre en écriture à la Dubuffet. La seule excentricité est dans la couleur qui change à chaque fois. Et cette fois-ci, elle est d’un vert «granny Smith» appétissant.
Le contenu est mondialiste et transchronique. Les œuvres abordées sont celles de créateurs européens, américains et asiatiques découverts il y a longtemps (Guillaume Pujolle, Laure Pigeon) ou plus récemment (Alexandre Lobanov, George Widener, Guo Fengyi), etc. Allons-y voir. Pour 48 Francs suisses, on va se régaler!
Il y a aussi, ça va de soi, Gregory Blackstock qui n’en finit pas d’inventorier les fouets
les oiseaux
les cafards du monde
Je vous avais parlé de ce gaillard là, il y a des lustres (voir mon post du 3 novembre 2006, Art brut ami, partout, toujours)
La Maison mère de Lausanne lui consacre une expo.
La «première en Europe».
Ce n’est pas parce qu’elle dure juqu’au 19 février 2012 qu’il ne faut pas prendre votre billet pour y aller. Les grands ouikènes approchent et les pauvres morts de la guerre de 14-18 ne vous en voudront pas si vous préférez la visite du Château Beaulieu à la dépose de chrysanthèmes sur la tombe de poilus inconnus.
Toujours côté vert mais avec des reflets roses cette fois, vous trouverez bien, dans votre garde robe un petit haut et un petit bas pour faire bonne figure au vernissage de la rue Haute (312-314) pour la nouvelle expo d’art & marges (économisons les parenthèses) à Bruxelles le jeudi 20 octobre 2011.
C’est qu’il ne faut pas plaisanter avec ça, les filles! ARTHUR BISPO DO ROSARIO c’est du lourd question ART BRUT.
Même si le leporello d’invitation en trois langues se croit obligé de nous prendre pour des pommes en nous assénant que ABDR «est une figure incontournable de l’art contemporain brésilien» («is een sleutelfiguur voor de hedendaagse Braziliaanse kunst»).
Saluons à ce propos l’effort soutenu de Carine Fol, co-commissaire de cette expo qui promet et promettra juqu’au 15 janvier 2012. En quelques années, elle aura réussi à se débarrasser de ce vilain petit concept d’art brut qui faisait tache dans les soirées mondaines bruxelloises ;-) . On n’est pas obligés de suivre son exemple mais réjouissons nous en, mes sœurs et mes frères : l’art brut n’est jamais plus lui-même que quand on ignore son nom.
17:51 Publié dans Ailleurs, art brut, De vous zamoi, Ecrans, Expos, Miscellanées, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, gregory blackstock, arthur bispo do rosario, art & marge musée, carine fol, collection de l'art brut, lucienne peiry | | Imprimer | | |
09.10.2011
Rude semaine pour les Animuliens
Rude semaine en perspective. Elle culminera avec une escapade automnale au pays d’Alain Bourbonnais le samedi 15 octobre 2011. Prévoir une petite laine pour remettre le couvert à l’occasion de cette deuxième journée d’étude où malheureusement je ne pourrai pas aller.
Les nombreux Animuliens que ça intéresse peuvent consulter le programme ici. Je compte sur eux pour nous dire si l’ambiance, sous la houlette de Débo, atteint celle du précédent show Fabuloso-CrABichesque. Voir sur ce point mon post du 21 juin 2011 : L’Appel du 18 juin à la Fabuloserie.
Ceux qui ne pourraient pas être en Bourgogne ce samedi là et que leurs activités retiendraient dans le sud-ouest de la France seraient bien avisés de se rendre à Villeneuve-sur-Lot. Les Chercheurs d’Art, une asso locale, y montrant, au Pôle de mémoire du Moulin de Gajac, un documentaire inédit sur l’œuvre d’André Labelle, un jardinier devenu peintre sans éprouver le besoin de changer de tête.
A noter que Pascal Rigeade, directeur du Musée de la Création Franche de Bègles y conférencera. Cette info en elle-même constitue un scoop, la précédente direction dudit Musée s’étant plutôt fait un principe du confinement dans le passé.
Rude semaine qui promet aux Parisiens des transports difficiles le mardi 11 octobre 2011 pour cause de grève. Manque de bol, c’est ce jour là que débute au Collège des Bernardins, l’exposition Judith Scott, Objets secrets.
Faire des pieds et des mains quand même pour se véliber, se co-voiturer ou se propulser cum jambis au vernissage (à partir de 18 h). C’est d’une nécessité absolue pour tout Animulien qui se respecte! C’est pas tous les jours en effet qu’on peut se mettre sous la dent une réunion d’œuvres de la petite mère Judith.
A la rigueur, une attestation de votre présence au même moment à Oakland (Californie) pour les Latitudes (Self taught Artists from France and New Zealand) pourrait avoir valeur de mot d’excuse de vos parents mais n’en abusez pas!
L’autre morceau de bravoure de cette rude semaine, ce sera la déjà nouvelle expo de l’entreprenante Galerie Christian Berst qui vernira deux jours après le jeudi 13 octobre 2011.
Je suis sur des charbons ardents de voir ce que C.B. va nous sortir de l’œuvre charnelle et fragmentée de Pietro Ghizzardi, créateur italien compulsionnel, que j’avais stockée dans ma petite cervelle d’oiselle. Ce, depuis que j’avais vu ses drôles de femmes aux bustes et visages cloisonnés dans la sélection de la Collection Charlotte Zander exposée à la Halle Saint-Pierre avant les vacances. Il y a gros à parier que l’expo de Christian Berst va décaper les derniers oripeaux d’art naïf dont on avait cru intelligent jadis d’affubler Ghizzardi, ce qui avait sans doute contribué à le dérober aux regards des amateurs de cet art brut auquel il appartient légitimement.
Ah, j’oubliais, en vous débrouillant bien vous pourriez être le lendemain, vendredi 14 octobre 2011, au Musée de Cahors où sera inaugurée à 18 h l’expo Marie Espalieu, l’esprit des branches qui durera jusqu’au 31 janvier 2012.
21:39 Publié dans art brut, Expos, Miscellanées | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : alain bourbonnais, la fabuloserie, crab, andré labelle, pascal rigeade, judith scott, pietro ghizzardi, marie espalieu | | Imprimer | | |
02.10.2011
L’univers peu connu d’Adolf Wölfli
Comme mauvaise langue, votre petite âme errante se pose là! A peine venait-elle d’écrire que l’anniversaire du LaM était passé à l’as que paraissait dans La Voix du Nord un commémoratif entretien avec Sophie Lévy, la directrice-conservatrice de ce «musée familial».
Tous ceux qui voudront rabattre le caquet d’Ani sont invités à s’y reporter car il mérite de faire date. On y apprend notamment que «Wölfi» (sic) est «un artiste d’art brut peu connu». Faisons grâce de l’erreur de transcription du nom à madame Lévy. La rédaction de La Voix du Nord n’a pas eu suffisamment l’occasion de se familiariser avec le patronyme par trop suisse de cette icône de l’art brut : Adolf Wölfli. Rien qu’une exposition d’envergure sur son «univers» qui s’est tenu à Villeneuve d’Ascq pendant seulement 3 mois (avril à juillet 2011).
Faisons grâce mais arrêtons nous sur cet abracadabrantesque «peu connu». Etonnant de la part de quelqu’un qui avait pourtant salué «l’œuvre sinueuse et magique du grand Wölfli» dans la préface qu’elle avait donnée au catalogue de la susdite expo! On peut certes être «grand» sans être «connu» mais dans le cas d’espèce, on est fondé à trouver que les deux termes sont fâcheusement contradictoires. Si l’œuvre de Wölfli reste confidentielle, alors Ferdinand Cheval est un petit nouveau et Aloïse une jeune starlette. Walter Morgenthaler qui a révélé Wölfli au monde en 1921 doit se retourner dans sa tombe et les commissaires de l’expo Adolf Wölfli Univers n’ont plus qu’à se faire hara-kiri.
On a envie de conjurer Sophie Lévy de relire d’urgence sa préface et de lui demander respectueusement ce qui d’avril à octobre a pu produire dans ses propos un tel retour du naturel. Sans anticiper sur la réponse qu’elle pourrait apporter à cette question, j’ai envie de l’encourager à faire plus confiance à l’art brut. Et pour cela d’en accepter vraiment la spécificité. Non, madame Lévy, l’art brut n’est pas une simple variété à la bonne-franquette de l’art contemporain. L’art brut croise parfois (nuance!) le chemin de certaines réalisations des arts contemporains. Ceci sur un mode décalé qu’il nous appartient de mettre en évidence par un travail qui ne se réduit pas à une simple juxtaposition.
De ce point de vue, je crois rêver quand je vous entends suggérer que, dans votre musée polyvalent, «les salles d’art brut» participent simplement à la création d’une «nouvelle ambiance» susceptible de faire avaler la pilule amère du snobisme qui s’attache (vous le reconnaissez) à votre «art contemporain». Depuis sa conception, le LaM, contre toute logique, s’efforce de créer la confusion entre cette eau pure et ce gaz soporifique. La tâche est difficile, votre communication le prouve.
Pour finir sur une note gaie, je conseille à mes lecteurs de se distraire avec les statistiques de fréquentation du LaM complaisamment étalées dans La Voix du Nord le 25 septembre 2011 : «65 % d’individuels, 35 % de groupes et 30 % de jeune public». 65 + 35 + 30, ça fait 130 % sur ma calculette!
20:24 Publié dans art brut, De vous zamoi, Gazettes, Nos amies les bêtes | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : art brut, adolf wölfli, sophie lévy, lam | | Imprimer | | |