24.07.2014
Des branches, des racines et des herbes de bison
Et maintenant… Le clin d’œil d’un artiste russe du vingtième siècle à un art brut ? Ce monstre préhistorique en boule de bois trouvé et légèrement amélioré.
C’est Evgueni Ratchev (1906-1997), grand illustrateur de livres d’enfants natif de Sibérie, qui l’a inventé.
On trouve ici d’autres sculptures de Ratchev faites à partir de racines ou de branches.
Elle se laissent regarder, surtout avec une petite vodka à l’herbe de bison à la fraîche.
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11.07.2014
Rococo brut saison 2
Vu que j’étais dans le revival, j’en ai profité pour aller jeter un coup d’oeil à mon «Tivoli sauvage» et secret. Revival Rococo caillouteux. Rococo brut 2 puisque mon premier post sur ce toujours mystérieux environnement d’art date déjà de près de 3 ans. Mon chéri faisait sa tête de cochon de devoir retourner sur nos pas.
D’une voix rocailleuse, il grommelait qu’on aurait mieux fait, avec la flotte qui tombait, de rester dans notre gîte rural pour jouer aux Milles bornes. Mon chéri adore se vautrer dans les jeux de société qui sont laissés à la dispo des moutards dans les locations de vacances. Moi, j’en avais soupé des 7 Familles, du Monopoly et des Petits chevaux et les échecs me font bailler car je suis pas Marcelle Duchamp.
Et puis je voulais vérifier (même sous un parapluie) que cet ensemble architecturo-sculptural était toujours en place et indemne. Et bien : bingo ! oui ! et même Oui-Oui comme dirait la chanson.
C’était toujours la même impression de temple exotique perdu dans la jungle tropicale.
Dans mon souvenir je voyais ça plus blond. «Sans doute la pluie qui accentue cette couleur de glaise» me dis-je (je me dis beaucoup). Mais non : à la comparaison, il n’y avait pas de différences. L’auteur des lieux avait joué subtilement des masses et des teintes des impressionnantes caillasses agglomérées dans ces compositions. On trouve ce genre de choses aux alentours, j’ai pu le constater. Tout encore était fermé dans ce château au bois dormant.
Je n’ai donc pu cette fois-ci encore visiter l’intérieur du domaine. Le créateur de cette demeure de rêve (à supposer que ce soit lui qui l’habite) reste inconnu. Restait donc à se passionner pour de captivants détails. Est-ce que ce chapeau rouge était là la dernière fois?
Je ne me souvenais pas de semblable poële à frire. Ce buste à la fois si romain et si barbare, comment s’était-il envolé de mon esprit?
Et ces terribles sabots d’un des personnages situés sous une gouttière comme il résonnaient maintenant!
Cette tête de vache qui fixait mon objectif, était-elle jusqu’alors cachée sous la frondaison?
Et cette coquille Saint-Jacques ready made? N’était-elle pas la parure de plumes minérale d’un crâne votif?
L’ensemble, à vrai dire, m’a semblé être l’objet d’une conservation attentive plutôt que d’un développement. Et c’est déjà pas mal.
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25.06.2014
Ma zi koant et son vaisseau de pierre
Il siffle doucement et les fourmis s’abstiennent de grimper aux murs de sa jolie maison (zi koant en breton).
Eugène Bornet a de ces dons qu’il garde modestement pour lui. Eugène s’auto-guérit en posant la main sur ses vieilles douleurs. Eugène parle aux 200 oiseaux de son jardin : «Pinson, approche, je ne te vois pas…Pinson, chante maintenant!».
Cela suffirait presque à son bonheur, lui dont les épreuves de la vie n’ont pas entamé la douceur. Mais il y a ce grand vaisseau de pierre qu’il a installé en figure de proue de son jardin sous le regard bienveillant de la mairie de son village situé près de Belle-Isle en Terre.
Terrien, Eugène Bornet a beau l’être, c’est à la mer qu’il a voué son parterre. Sa défunte épouse était d’Audierne, voyez-vous. Avec les cailloux des champs et des rivières il a donc bâti, à côté de son trois-mâts, l’abri du marin (sa boîte aux lettres)
un phare miniature
un rocher-chapelle «comme dans tous les ports»
Un portail aux mouettes aussi. Les «habitants-paysagistes» nous ont familiarisé avec ces volatiles en ciment armé.
Amoureux des fleurs naturelles, Eugène Bornet se montre plus original dans la confection de bouquets minéraux dont il orne son mur d’enceinte. Les règnes végétaux et minéraux se superposent sans peine pour lui.
Les créatures vivantes aussi, comme ces crapauds qu’il affectionne et qu’il réalise avec un reste de ciment ou dans une pierre grêlée, trouvée telle quelle et à peine retouchée.
La rigidité de la pierre, il ne viendrait pas à l’idée d’Eugène d’en regretter l’ingratitude. Lui qui a éprouvé dans ses bras les terribles raideurs d’une sévère ankylose qui l’a soustrait à 45 ans à son travail de maçon, il a su faire avec. Et reconquérir par le travail artistique sinon la pleine santé du moins son autonomie.
Pour éviter la paralysie puisque le chirugien lui avait dit de «faire des bricoles». Ainsi armé de son courage et de sa souriante bonne volonté, Eugène Bornet, avec cet innocent dandysme qui caractérise les bons jardiniers, répond volontiers à la curiosité des visiteurs de passage.
A ceux qu’il sent vraiment intéressés par son petit domaine et ses créations (car il devine les gens et les choses), il confie : «moi, j’adore la pierre, c’était mon métier!».
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26.05.2014
Portraits de famille entre Mikado et Medrano
Au chapitre des mauvaises idées, je me suis frité avec ma BAL où un postman avait coincé un paquet de bouquins. 3/4 d’h de boulot à la fourchette à escargot que j’ai fini par me planter dans la mimine.
Amère victoire : un livre esquinté. C’est dommage puisque cet Essai sur le Collectionnisme (1921) d’un certain Dr Henri Codet contient un chapitre sur Le Collectionnisme des aliénés et les entassements absurdes.
Exemple, cette dame âgée: «Tout chez elle était minutieusement rangé, étiqueté, en vue d’une utilisation possible (…). Elle en était arrivé à ce point que l’on trouva dans ses tiroirs (…) un paquet portant la mention : Petits bouts de ficelle ne pouvant servir à rien».
Comme dit Dubuffet dans une lettre à Chaissac (12 mai 1947) : «Ce qui est agréable c’est les gens qui font de l’art sans le vouloir et sans le savoir».
Je ne crois pas que ce soit le cas d’Antoine Gentil. J’ai déjà eu l’occasion de vous signaler les contributions de ce garçon à l’organisation des expos du Musée Singer-Polignac (Ste-Anne s’émancipe – La Fabu entre à Ste-Anne). Mais mettre en scène n’interdit pas de faire preuve d’intuition.
Votre petite âme errante sachant saluer une bonne idée lorsqu’elle se présente (sur le boulevard Rochechouart, au 57 bis, entre l’ex-Mikado et l’ex-Médrano) s’en voudrait de ne pas vous signaler la petite dernière du jeune et barbu Gentil. Son installation est impressionnante sans être prétentieuse. Vous tombez dessus en descendant de la Halle Saint-Pierre ou du Sacré-Coeur.
Dans une vieille boutique, une accumulation sans cesse mouvante de photographies issues d’albums familiaux. On s’agenouille devant. On y brasse, on y nage «comme Picsou dans son trésor» me fit remarquer un visiteur porteur d’une petite croix au veston. Sur ce, il cassa le parapluie sur lequel il prenait appui pour scruter les visages d’inconnus qui s’offraient à nous sur le sol.
Pour une somme symbolique, on choisit une photo en souvenir. Antoine Gentil vous tire alors le portrait en compagnie de votre acquisition.
Vu le nombre de curieux qui se scotchent devant la vitrine (et qu’Antoine photographie aussi) ça m’étonnerait pas que cette expo parisienne (qui durera tout le mois de juin 2014) devienne tendance.
Elle aurait pu figurer dans ce drôle de Jean-Pierre Magazine, un ouvrage collectif conçu en mars 2001 par Hans Peter Feldmann pour une expo au Centre National de l’Estampe et de l’Art Imprimé à Chatou.
JPM réunissait plusieurs choses dignes d’animulité. Des stocks d’images constitués par Bruno Richard
des écritures silencieuses, journaux intimes trouvés par Maxime Sigaud sous le concept De l’anonymat considéré comme un des beaux-arts
Quelques fragments du Livre de l’historien (et ex-enfant caché) Fred Kupferman (1934-1988), étonnant recueil de dessins, collages et textes («La demoiselle d’Avignon sent un peu l’aïl, beaucoup l’oignon») constitué dans l’ombre à partir de 1970.
16:13 Publié dans Glanures, Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : antoine gentil, musée singer-polignac, hans peter feldmann, fred kupferman, maxime sigaud | | Imprimer | | |
08.05.2014
Versailles : le Rose et le Noir
Encore Versailles. La poésie naturelle fleurit partout. Pourquoi pas à Versailles? A la mairie, par exemple : ce billet rose trouvé par un de mes émérites correspondants au guichet de l’Etat-civil. Un petit texte un peu sinistre rédigé d’une main légère, presque fantômatique.
Tombé de quel porte-cartes? Tout piqueté d’aiguille fine comme un talisman. «Bien sûr, ce n’est pas moi qui ai tenté de corriger l’orthographe des derniers mots dont le double sens m’enchante» souligne mon informateur.
C’est au verso d’un papillon officiel qui ne date pas d’hier que ce document autographe, digne de figurer dans mon reliquaire électronique, a été réalisé. J’espère qu’il vous plaira autant qu’il me plait, selon le souhait de l’Animulien sagace qui le découvrit
12:28 Publié dans De vous zamoi, Glanures, Ogni pensiero vola, Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | | |
25.03.2013
Art brut : la réalité dépasse les fictions
Maintenant que j’ai mis le nez dedans, impossible d’en sortir. Dans quoi? Mais dans la collection des «Cahiers» de l’Art Brut, badame. Elle tabasse tout cette collection! On y revient toujours au hasard des méandres de l’actualité.
Samedi prochain (30 mars 2013), par exemple, l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA) ouvrira de 9h30 à 13h sa salle Walter Benjamin au séminaire du CrAB consacré à Des fictions d’art brut parmi lesquelles il y a Juva.
L’occasion de se replonger corps et âme, pour réviser un peu avant, dans le n°21 des «Cahiers» évoqués plus haut. Cahier qui nous dit tout sur le cas de ce prince austro-russe, collectionneur de camées et de vases en cristal de roche, converti au silex dont il aime la matière au point de la sublimer en sculptures retouchées, peintes et soclées par ses soins.
Jean Dubuffet consacra très tôt (en 1948) à cette œuvre née d’un cache-cache avec la science préhistorique, à cette œuvre révélatrice du pur langage des formes, un texte qu’André Breton compara à «un tube d’escalier en vis sans fin». Et une exposition au sous-sol de la Galerie René Drouin.
A propos de «sous-sol», notons que Les Statues de silex de M. Juva, le texte de Dubuffet, se termine en boîtant sur ce mot. «Peu de gens», prophétise Dub, prendront garde aux statues de Juva mais «si quelques-uns pourtant se sentent ici touchés (…) par ce vent venant pour une fois non des points indiqués par la rose [des vents] mais de sous les pieds et de sous-sol (sic) – alors tant mieux».
C’est naturellement «de dessous le sol» qu’il faut lire. Dubuffet, dans l’édition originale ronéotée, a rectifié l’erreur à la main.
Celle-ci a été corrigée dans la version imprimée parue à l’été 1948 dans Les Cahiers de la Pléiade, revue dirigée par Jean Paulhan mais non -curieusement- dans le tome 1 de Prospectus et tous écrits suivants (1967) formaté par Hubert Damish.
Pinaillage, me direz-vous, mais c’est en pinaillant sur le sol et aux bords des rivières qu’Antonin Juritzky découvrait ses «pierres-à-figures» pour emprunter un terme à Boucher de Perthes (1788-1868), le père de la Préhistoire dont les théories, mélangeant vérités et divagations, donnèrent tant à rêver aux autodidactes.
Antonin Juritzky adopta le pseudo de Juva lorsque la science officielle l’expulsa de son délire pseudo-scientifique. Lui qui créait des «faux» qui ne dérivaient pas d’originaux fut convaincu de faire, en quelque sorte, des ready-made aidés et non des ready-made tout court! C’est arrivé à d’autres, à Robert Garcet notamment.
Le CrAB serait bien inspiré de se tourner vers ces exemples significatifs plutôt que de nous en faire des «schizomètres» avec une blague pataphysicienne déguisée en calembour lacanien qui, au fur et mesure qu’elle dure, perd tout son sel.
Bonus : Antonin Juritzky est l’auteur d’un ouvrage publié en anglais par un musée hollandais qui, contrairement à ce qu’avance Jacqueline Roche-Meredith dans le N°21 (p. 70) des Publications de l’Art Brut, existe bien (depuis 1939) et ne relève donc pas d’un soi-disant «délire mythomane» de Juva.
J’emprunte à cet ouvrage quelques photos et une introduction qui suggère une piste enfantine à la base des observations de Juva : «Walking in the spring of 1946 along a group of allotment gardens I was struck by a most charming scene. Playing children has marked off a kind of enclosure on the border of the field with little sticks, and inside this square they had laid a stone which was to represent an ox. Indeed, the stone -a flint- had the shape of a buffalo’s head (fig.1)».
19:15 Publié dans art brut, Parlotes, Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, crab, collection de l'art brut, jean dubuffet, juva, antonin juritzky, jacques boucher de perthes, robert garcet, emile fradinjacqueline roche-meredith, schizomètre | | Imprimer | | |
12.12.2012
Gallinacés et Sciuridés de Sainte-Hélène
A chaque époque son totem. L’année dernière, je célébrais l’oie, cette année la grosse poule qui se prenait pour un arbre dans un paysage très «peinture de Pont-Aven» bien qu’on soit dans le Morbihan, du côté de Sainte-Hélène-sur-mer.
Poule d’un côté, écureuil de l’autre, à vrai dire. On s’en rend compte sur ces clichés anciens. Une performance à l’état pur. Toute dans l’œil de la première Ani qui passe.
Evidemment, j’aurais beau me prévaloir de mon avant-propos (à relire de temps en temps !) où j’annonce la couleur en ce qui concerne «la poésie naturelle», on va me dire que je m’écarte encore de mon sujet. Que je me vautre dans le surréalisme. Et la «brigade du bon goût» (voir commentaire de Matthieu du 11.12.2012) sera «PT de rire» (traduction) une nouvelle fois.
C’est égal, je me demande ce que cette grosse poule-écureuil est devenue. Elaguée ou abattue ? J’aimerais savoir. Donc si des fois un Animulien, passant dans ce coin de criques et de pointes, reconnaît l’endroit, qu’il nous le dise!
Je dédie cette note fantaisiste et nostalgique à l’Auvergnat qui, sans façons, courait après ses poules avec une épuisette pour les faire rentrer au bercail. Il se reconnaîtra.
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06.08.2012
Rackham de muraille
Retour à Avignon où l’on croise de drôles de bad guys après le Festival. Exemple ce Rackham sur fond luciférien. Je l’emprunte à Michel Benoit parce que celui-ci est plus près du mur des offrandes que moi.
Votre petite âme errante a beau avoir cessé momentanément de traîner ses plumes en Provence, elle n’en garde pas moins un œil (chaussé de nouvelles lunettes d’opticien-créateur) sur les petits nids votifs de l’ancienne prison Sainte-Anne. La manière dont le lieu évolue mérite en effet notre attention.
En franglais : un work in progress collectif avec un turn over de plus en rapide.
En clair : une création continue où tout un chacun apporte le grain de sel de son ex-voto en remplacement de celui d’un autre.
Souhaitons bon courage à qui voudrait faire l’inventaire, à fin de classement (on peut rêver !), de ce «monument historique» de notre temps. Avec ce processus jamais figé, avec ce lieu en évolution perpétuelle, Avignon a peut-être inventé la métaphore du site artistique anonyme et populaire, résolument réfractaire aux petites cases de la patrimonialisation.
00:22 Publié dans Images, Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : mur des offrandes, avignon, michel benoit, rackham le rouge | | Imprimer | | |
10.01.2012
Animula à la loupe
Cette fois ci, je l’ai pas loupé. Les circonstances étaient propices : pas de pluie, assez de lumière, j’avais mon petit kodak, même mon iphone je l’avais pas oublié. J’aurais pu lui tirer deux fois le portrait à cette loupe de mon quartier qu’un arbre un peu exubérant s’emploie à faire grossir d’année en année.
Dernièrement un petit malin l’a customisée dans le genre arcimboldesque léger; et j’ai trouvé ça revigorant, ce ready made naturel aidé.
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11.11.2011
La muraio dis óufrèndo : espousicioun foutougrafico
Vous me connaissez, je résiste pas à un bon mot. Alors quand j’ai croisé Espousicioun c’était fatal que je m’y intéresse. Espousicioun, c’est pas sorcier, c’est exposition en langoustique avignonnaise. Exhibition for our english friends visiting the city of the popes. Une espou (en abrégé) à signaler aux Animuliens de tous les pays.
Celle de l’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse qui, jusqu’au mercredi 30 novembre 2011, expose une série de photos grandes et petites relatives au mur votif de la prison Ste-Anne dont je vous ai encore touché deux mots pas plus tard que pendant les vacances d’été. Voir mon post du 18 août 2011 : Adieu prison, bonjour palace.
Je vous incite maintenant à un rendez-vous sur l’Avignon blog du graphiste Michel Benoit, réalisateur de cette exposition et grand organisateur de tentatives de sauvetage dudit mur.
Ceux qui ne seraient pas convaincus par son décarcassage en faveur de ce fragile petit patrimoine en apprendront plus en allant sur la video de Felip Hanula qui s’y trouve. Tournée apparemment le jour du vernissage de l’espousicioun, elle en propose un panorama (c’est pas une raison pour vous dispenser d’y aller, hein!). Panorama entrelardé d’entretiens de Michel Benoit, à l’enthousiasme jovial : «lieu exceptionnel!, Phénomène d’art!, Valeur symbolique! » et du photographe Philippe Rabstejnek dont j’aime bien le cri du cœur : «un mur actif!». Les autres interviewé(e)s appartenant plutôt au giron de l’Alma Mater.
Parmi ceux et/ou celles-ci, de sympathiques étudiantes hyper-sérieuses et la bouche pleine de «communication». Elles se dépensent bravement pour promouvoir l’éventuelle conservation future de ce morceau de bravoure d’art et de dévotion populaires qu’elles viennent de découvrir. Même si elles admettent bien volontiers que le mur est actuellement «peu utilisé, peu décoré» (Sarah) ou «pas au meilleur de sa forme», selon Marion dont je kiffe les grosses lunettes d’intellectuelle.
On ne peut malheureusement pas leur donner tort car c’est toujours quand les carottes sont cuites pour ce genre de créations collectives à la limite de l’art brut que l’université s’intéresse à elles.
Heureusement que la blogosphère n’a pas attendu quant à elle pour rodailler autour du mur votif d’Avignon qui renoua si spontanément avec la tradition des ex-votos, si vivace en Provence. Le blogue de Michel Benoit en énumère une dizaine d’autres qui depuis 2007 ont documenté la chose. Animula Vagula s’honore d’être dans cette liste, même si ses communications sur le sujet sont relativement récentes (2010 et 2011).
En tous cas, votre petite âme errante n’est pas peu fière d’être la seule à avoir construit un «espace de communication» (pour m’exprimer comme Emmanuel Ethis, le président de l’Université d’Avignon) entre l’extérieur et l’intérieur de la prison. Les clichés des fresques peintes par les prisonniers que je donne ici et là sont évidemment un écho aux offrandes restées logées dans le mur d’enceinte.
19:26 Publié dans Blogosphère, Ecrans, Expos, Gazettes, Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art populaire, avignon, le mur des offrandes, la muraio dis oufrendo, ex-votos, prison sainte-anne | | Imprimer | | |