30.08.2009
C’était bien, chez Lolo !
Lolo Mauron de Saint-Rémy-de-Provence c'est un autre bon tuyau du guide Provence insolite et secrète.
Merci à toi Jean-Pierre, son auteur, d'avoir permis à Animula de mettre le cap sur son Mas de la Pyramide.
J'aime bien St-Rémy, surtout sa partie ancienne qui cache des coins ignorés de la déferlante touris-tique.
C'est une petite ville pleine de 2 CV bleues où l'on aperçoit, au détour des ruelles, des têtes connues.
Quand on s'approche on voit que la créativité affichiste autodidacte y bat son plein.
Je rate jamais d'aller faire un tour au musée des Alpilles (ethnologie et arts modestes) où cet été on chauve-souriait.
Y'a des ex-votos, des santons, de naïfs spectacles taurins.
Même une litho romantique montrant une vue des anciennes carrières, ce qui nous ramène chez Lolo puisque c'est là qu'est son domaine troglodyte.
L'endroit a à peine changé depuis parce que Joseph Mauron qui appartient à une vieille famille saint-rémoise, y veille depuis 150 ans au moins.
Sauf que dernièrement, il a planté, avec le concours de Maurice Chaine, un de ses amis du pays, une flopée d'oliviers que Van Gogh aurait adorés.
Quand vous irez visiter sa piaule au Vincent dans le monastère à vocation psy qui l'abrita, laissez devant vous Saint-Paul-de-Mausole. Engagez vous sur la droite par une petite route de + en + en pente. Avec un peu de chance vous tombez chez Lolo et ses 8 ou 9 chiens horriblement sympas.
Quel dommage, se dit-on, que monsieur Mauron ne soit pas un auteur d'art brut ! Le lieu se prête si bien à l'expansion infinie de l'esprit. C'est pourtant un artiste sans le savoir. Un esthète de l'accumulation. Joseph Mauron est un collectionneur et un sauveteur d'objets mécaniques et agricoles dont, pour l'essentiel, il néglige d'indiquer au visiteur à quoi ils pouvaient servir. Comme il néglige de vous indiquer ce qu'il a mis dans la succulente omelette noire qu'il vous invite à partager avec lui sur le coup de midi après le pastis, dans son abri sous roche anti-canicule.
Lolo possède le plus beau musée du monde dans les grottes où il prétend que les Romains logeaient leurs esclaves.
Dans cet endroit magique, il sait jouer de l'ombre et de la lumière filtrante pour métamorphoser en sculptures des trieurs à grains, des herses, des pressoirs, des charrettes, des batteuses etc. Il a eu l'intelligence de les laisser dans leur jus. Un peu cassées, un peu rouillées, dépourvues de valeur. Telles que trouvées.
De temps en temps, son copain Maurice qui sait tout faire (il a même, dans sa jeunesse, été la doublure équestre de notre Halliday national pour le film «camarguais» D'où viens-tu Johnny ?) remet en état une vieille Traction avant. Puis il nous raconte des chasses de 34 bécasses et nous montre sa photo avec Sylvie Vartan.
Lolo Mauron, quant à lui, a déjà ajouté son propre portrait dans la galerie d'ancêtres qu'il fait figurer dans son mas près de jolis petits objets paysans.
Comme il n'est plus un gamin, il a décidé que son domaine reviendra plus tard à la municipalité de St-Rémy qui lui témoigne respect. On n'est pas pressé! Mais j'espère que le jour venu, les édiles locaux sauront préserver intact l'esprit du lieu et de l'homme et que les éventuelles rationalisations nécessaires n'altéreront pas le savoureux et inimitable capharnaüm de la collection.
20:32 Publié dans De vous zamoi, Glanures, Jadis et naguère, Poésie naturelle, Sites et jardins, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : lolo mauron, maurice chaine, johnny halliday, st rémy de provence, mas de la pyramide, sylvie vartan, alpilles, vieux outils, ethnologie et arts modestes, site troglodytique | | Imprimer | | |
30.11.2008
La Tombe à la Fille
La Tombe à la Fille sort de l’ombre à l’occasion du Guide Bretagne insolite et mystérieuse édité par Christine Bonneton. Ce haut lieu d’un culte pour ainsi dire «vaudou à nous» -parce que très peu contaminé par le formatage monothéiste européen en dépit de son vernis catho de surface- votre petite âme errante aurait pu vous en parler depuis longtemps déjà. Et attirer votre attention sur l’installation populaire qui va de pair.
J’aurais pu vous raconter comment, après la lecture de l’article de Joël Bigorgne dans Ouest France des 18-19 août 2007, je me suis aventurée bravement, en compagnie de mon couteau suisse et de deux copines qui n’en menaient pas large, dans la forêt épaisse et humide (l’été était pourri) de Teillay à la recherche de l’arbre où fut pendue, il y a 200 ans et des, une victime des guerres civiles révolutionnaires.
La jeune Marie Martin,18 ans, torturée par les Chouans pour n’avoir pas balancé les bleus, selon la légende qui court à la limite de l’Ille-et-Vilaine et de la Loire-Atlantique.
Si j’ai préféré me taire, si je n’ai pas pissé de la copie sur les sentiers hasardeux qui mènent au sanctuaire de Sainte-Pataude (autre nom de la martyre), où on n’est guidée que par des chiffons accrochés aux branches par les fidèles, c’est que cet endroit saturé d’ex-votos ready-made m’est apparu d’une authenticité à tomber.
Et chacun sait que la médiatisation peut nuire gravement à la santé de tels lieux «magiques» où la ferveur se combine si bien au fétichisme des déchets qu’elle se transforme sans peine en art collectif.
Il y a donc des cas où il vaut mieux pas se vanter d’être la première sur un sujet. La Tombe à la Fille pouvait prétendre à un répit, je m’en serais voulu de ne pas le respecter. Mais permettez maintenant que j’ouvre ma goule.
A la différence de Joël Bigorgne qui prenait soin de citer les propos d’Yvon Mellet le maire de Teillay : «Les gens du coin entretiennent le lieu. Ils ont peur que, si l’endroit se dégrade, un malheur s’abatte sur eux», le commentaire inodore et sans saveur de Béatrice Magon, auteur du sus-nommé guide, n’a pas un mot de mise en garde pour ses lecteurs.
Il est vrai que cette dame voit de l’insolite dans une librairie-salon de thé et du mystère dans une saint-sulpiciarde statue de Jean-Paul II ! Quant à ses titres, il vont des comparaisons éculées : «Une BD de pierre» (Les rochers sculptés de Rothéneuf), aux calembours beauf : «Ici on fait l’andouille de père en fils» (Guéméné).
Le moyen d’éviter après cela que les touristes aillent saucissonner sur les lieux de culte sauvages où se pratique un art d’autant plus art qu’il ignore son nom !
20:40 Publié dans Gazettes, Glanures, In memoriam, Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, dévotion populaire, ex-voto | | Imprimer | | |
10.09.2008
Ovartaci : poète aussi
Des fois que l’accélérateur de particules nous fasse un trou noir dans la nuit, je m’empresse d’ajouter un petit bonus à ma note sur Ovartaci en vous présentant ses «Poems to the future» publiés par la Fondation O (Ovartaci Fonden) sous le titre Ovartaci’s secrets. Car Ovartaci était aussi poète. Un échantillon :
Come !
See
This World
In twilight
And incoherent as the night
In the beginning.
Where the mad and the wise women
Are outside time.
Johannes Nielsen, qui préface le recueil publié en 2006, ignore quand Ovartaci a écrit ses poèmes. Dans les années 40 ou 50 du siècle dernier, probablement. Et en espagnol, langue qu’O, qui avait séjourné en Argentine, pratiquait. Malheureusement Nielsen ne nous donne pas la version originale.
Pourquoi «secrets» ?
Parce que ces poèmes ont été retrouvés par hasard, 14 ans après la mort de leur auteur, dans la caboche ovoïde de l’une de ses sculptures pendant une restauration.
A ce que j’ai compris – mais le texte de Nielsen n’est pas des plus clairs – une autre créature d’Ovartaci, camouflée en paysanne sous une robe-kimono, abritait aussi à la place de son cerveau, un joli petit mécanisme avec courroies, rouages et mots magiques sur bristol.
Encore une citation avant l’irruption de l’anti-matière (?)
Women of perspicacity
See
That the world
Is merely a place
For experiences
And denial .
They are granted
Nothing more.
Everything in the world will end
In emptiness and facade.
23:55 Publié dans Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ovartaci, art brut | | Imprimer | | |
24.03.2008
Barcelona repetita
Evidemment, l’inconvénient avec Barcelona c’est que cette ville hyper-captivante baigne à mort dans la culture tout ce qu’il y a de plus culturante. Bon, ça a son charme d’accord. Et puis à tous les carrefours on se cogne à un art de rue, ma foi plutôt comestible.
En cherchant un peu on atterrit dans ce Museu Frederic Marés que j’adore. Une grande maison pleine à craquer de salles empilées et d’objets incroyablement accumulés. Demeure d’un sculpteur et d’un enragé collectionneur.
Moules à osties, globes de mariées, bénitiers, bretelles, chromos, ex-votos, alphabets brodés, étiquettes publicitaires … On se croirait chez 10.000 André Breton, chez un Alexandre Jacowsky à la puissance 16. Le musée a été fondé en 1946 mais il nous replonge dans une muséographie de papa, peut-être pas trop préoccupée de lisibilité mais d’une générosité sans rivages
Imaginez : des milliers de choses à voir, groupées par genre, ne différant parfois les unes des autres que par des nuances. Le pied. A chaque fois j’y passe des heures et je n’en viens jamais à bout. J’ai toujours faim avant. Il faudrait amener son sac de couchage et se laisser enfermer dans cette caverne d’Ali Baba
Cette fois j’ai repéré sur le toit d’une vitrine un drôle de jouet à roulettes, rugueux comme la branche d’où il a été tiré.
Comme j’étais encore en manque du fait de mon addiction au style brut, je me suis offert le détour obligatoire par le parc Güell avec ses faux-airs de Palais du Facteur Cheval.
Mais pourtant, la vraie découverte de ce voyage-éclair c’est CosmoCaixa, au pied du Tibidabo. Un musée de la science tout ce qu’il y a de récent et de pas chiant, ce qui est un exploit pour ce genre de truc.
Même les enfants des agrégées de lettres s’y amusent, c’est vous dire que l’on s’y émerveille et que l’on s’y instruit (en bonus). Les bébés de 2 ans, que laissent indifférents le fonctionnement du pendule de Foucault, adoreront faire tourner les tabourets métalliques.
Quant aux esthètes raffinés sexagénaires qui connaissent déjà le mouvement des marées reconstitué en labo, les plus blasés s’extasieront sur la grandiose installation du mur géologique, beau comme un tableau de Tapiès géant ou sur les moiteurs de la forêt amazonienne reconstituée avec anaconda en live.
Vous autres, Animuliens pur jus, vous y découvrirez une collection d’insectes emprisonnés dans l’ambre de leur vivant d’avant le déluge, des objets improbables genre ready-made bio, des agrégats géologiques mystérieux comme des sculptures médiumniques.
C’est que cette réalisation muséale d’avant-garde parvient à nous convaincre des tendances artistiques de la nature. Et de cela il faut lui dire : gracias.
23:20 Publié dans Ailleurs, Expos, Glanures, Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ex-voto | | Imprimer | | |
08.03.2008
Les finances de ma belles mère ...
J’aurai pu m’en apercevoir avant puisque le livre portant ce titre a été imprimé sur les presses d’Harpo & à l’automne 2006 et que mon blogounet existait déjà mais y’a des fois, je suis distraite. Quand on s’appelle Harpo &, on pense aux Marx Brother et ça ne peut pas être mauvais, même si ce petit éditeur, à l’origine de ce recueil de 16 lettres inédites de Gaston Chaissac, habite Marseille et non Hollywood, chemin du Mauvais Pas précisément.
Sous une couverture qui imite une enveloppe timbrée, l’ouvrage en question marie le sable d’une plage (pour les pages de texte) et le bleu du ciel vendéen (pour les notices de Nadia Raison entrelardées dedans).
C’est Annie Chaissac et les Gautrot (Marcelle et Jean-Edouard), par ailleurs libraires de chics beaux anciens bouquins, rue de Seine, qui ont permis la publication de ces lettres au Dr Périgord, à René Mendès-France, au maire de Martigné-Briant, au Directeur des Nourritures Terrestres, à Jean Vodaine et à Iris Clert.
Sacré Chaissac ! Au milieu des détails oiseux, savoureux comme une omelette aux œufs de condor, au milieu des évocations de la visite de Guy Selz pour le journal Elle, des Inspirés et leurs demeures de Gilles Ehrmann, le voilà-t-il pas qu’il décoche, en vrai Comanche de la peinture, son trait acéré.
C’est pendant son séjour à Vence, chez Dubuffet. Chaissac s’est déjà farci «les Picasso, du musée d’Antibes, le moulin à Huile du pont des loups, à Cagnes-sur-mer, le sympathique village perché du Coursegoules, etc». Sans oublier (il fait semblant de s’en souvenir subitement) : «la chapelle du Rosaire à Vence, qui avec ses matisseries semble être la réalisation d’un gamin de l’école Freinet, à qui la Vierge serait apparue non point dans un champ de luzerne mais au lavatory».
Une phrase à verser sans doute au dossier de l’art patenté et de l’art patenteux, son cousin et son envers.
23:55 Publié dans Ecrits, Images, Poésie naturelle, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gaston chaissac | | Imprimer | | |
19.01.2008
De Nostromo à la Môme Moineau
Bon sang ce que les cartes de vœux me gonflent !
On a peur d’oublier celle pour Tata Irma. Elle ne me le pardonnerait pas. Et puis, celles qu’on reçoit sont trop pouraves avec leurs paysages badigeonnés au canon à neige.
Pourtant, cette année y’en a une qui sort du lot. C’est celle de Nostromo (« tout ce qui s’écrit »). Nostromo c’est le vaisseau dans Alien, c’est aussi une agence de com écrite, drivée par 3 savants fous de langage.
En 2008 ils font fort. Ils nous «surbillent une année maguirante, sigeoleuse, pleine d’épiclattes».
Si, comme moi, vous kiffez ce genre de choses, vous irez lire, dans le catalogue d’une vente publique du vendredi 25 janvier 2008, la mortelle lettre d’amour de la Môme Moineau, une chanteuse à succès des années 20 qui débuta comme vendeuse de fleurs au Fouquet’s où le grand couturier Paul Poiret la remarqua en 1925.
Cette femme-là n’a pas sa pareille pour vous tirebouchonner l’orthographe. Je cite : «Tu sai mon Bob que j’embrasse ta photo tout les soir quand je me couche je te mais à côté de moi et ment dort toute en pensent à toi mon Bob (…) Je rêve que tu es à côté de moi et que je t’embrasse sur ta bouche que j’adore et sur ton corps que j’aime mais voilà quand je pensé que tout les jours que tu me repoussait avec mépris si tu savais à quel point que tu me fessait soufrire».
Quittant l’ingrat Bob, je me suis tournée vers le gentil Damouré, l’acteur, l’informateur, le compagnon et l’ami du regretté Jean Rouch.
Jean Rouch, Damouré Zika en 1977 - Photo Philo Bregstein
Sur la tête de mon daddy, son Journal de route le long du fleuve Niger en 1948-1949 est un régal ! Damouré Zika est plutôt décomplexé du style. Maître pêcheur, chasseur d’hippopos, infirmier de santé, il a appris à lire contre son gré. Il «écrit tout naturellement, au fil de la plume» disait Rouch, «c’est simplement un Africain qui raconte ses aventures dans un français qui est une traduction très proche de la langue parlée». Comme c’est paru aux Editions Mille et Une Nuits et que ça coûte que 3 € vous seriez impardonnables de pas vous l’HT.
En tête du volume, Eric Dussert (celui qui fait l’Alamblog), a concocté cette édition et repris Les Aventures de Mekoy, l’histoire du petit tirailleur noir qui figurait en 1949 dans l’Anthologie de la Poésie naturelle de Camille Bryen et Alain Gheerbrandt. En compagnie de textes de Gaston Chaissac, Jean-Paul Brisset, Ferdinand Cheval et (entre autres) d’Auguste Boncors.
A propos de ce dernier, qui se voulait le sauveur du lyrisme et qui fut repéré par Robert Desnos et Louis de Gonzague-Frick, votre petite âme errante n’est pas peu fière de vous montrer un portrait, arraché de haute lutte, aux enchères. Il complète les 3 photos reproduites pp. 944, 946 et 947 par André Blavier dans Les Fous Littéraires, version de l’an 2000.
23:55 Publié dans Ecrans, Ecrits, Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Auguste Boncors, Jean Rouch, Damouré Zika | | Imprimer | | |
03.06.2007
A la Dame maman
Ce chameau-là est tombé sur un obscur Bulletin de la Société Anonyme des Amateurs (texto, sur la tête de ma mère !) datant de 1997 et servant de catalogue à une expo, Stigmates, du Centre d’Art Contemporain de Rueil-Malmaison.
C’est tout juste si elle m’a laissé scanner une des illustrations d’un article d’Emmanuelle Gall sur les Tatouages du milieu parce qu’elle était «scotchée» par les portraits agrémentant un petit Musée criminel constitué par des photos d’archives du Petit parisien, prises entre 1920 et 1945 et retouchées manuellement.
J’ai donc dû me contenter de cette lettre «à la Dame maman», écrite par un certain Joël sur un méchant bout de papelard dentellisé et vaguement décoré.
Comme vous aurez du mal à le lire sur l’image, votre petite âme errante, qui est une mère pour vous, vous le transcrit :
Je te remercie de m’
avoir bien soigne
et j’en te remercie et
t’aime encore
plus si sai possible
car tu ai bien
gentille aussi comme
j’ai du papier et
un crayon j’en
profite pour t’crire
et surtout te rem-
ercier de m’avoir
soigne et d’avoir
fatigue, pauvre
petite chéri de
maman je t’en
remerci beaucoup
et je t’assure que
si tu ete malade
se que j’espere bien
que non je te soignera
fort bien, pardonneme
tout je ce t’ai
fait
Je
fort tembrasse.
Pour celles à qui ça suffirait pas, je leur conseille de se brancher sur le site des gars du New York Naked Ukulele Ensemble qui leur interpréteront Sunny afternoon.
19:50 Publié dans Glanures, Poésie naturelle, Zizique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut | | Imprimer | | |
19.04.2007
Votez fou !
Filez tout de suite au fond avant le couloir aux CD, c’est là que j’ai dégotté le bouquin de Bruno Fuligni, indispensable en ces temps de prise de chou électorale.
Votez fou ! qu’il s’appelle et il ne s’agit (quel repos!) ni de Spirou, ni de Chabichette, ni du Neuneu, ni du Bouffon, encore moins de la Peste et du Choléraciste.
Non, l’auteur a eu la bonne idée de réunir tous les «candidats bizarres, utopistes, mystiques, marginaux, farceurs et farfelus» qui se sont illustrés de 1848 à nos jours. C’est aux Editions Horay et c’est paru en février 2007.
Je vous en parlerais pas si ça se contentait de traiter de Coluche, de Mouna, de Maurice Mercante ou même du trop fameux Ferdinand Lop mais c’est plein de repros d’introuvables documents franchements croquignolets : bulletins de vote excentriques, professions de foi exaltées ou farfelues, programmes malicieux, déclarations en vers et contre tout.
Et puis il est question (page 27) de Xavier Cotton dit Fulmen-Cotton, «curé défroqué, clochard schismatique, fou à lier» dont le Dr Rogues de Fursac, en 1905, dans un des premiers bouquins scientifiques traitant de l’art des aliénés, Les Ecrits et les dessins dans les maladies mentales et nerveuses, reproduisait les dessins-affiches plébiscitaires et pontificaux.
01:55 Publié dans Ecrits, Jadis et naguère, Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Fulmen Cotton, Rogues de Fursac, art brut | | Imprimer | | |
12.04.2007
Pop médecine au Museon Arlaten
C’est la honte en short ! J’étais partie pour vous faire un topo complet sur le Museon Arlaten ousque je suis allée le vendredi saint mais Belvert au regard subtil m’a coupé le pissenlit sous la racine. Depuis plusieurs jours les langues s’activent à propos du musée d’Arles sur cet ethnoblogue que vous connaissez comme votre poche et votre petite âme errante n’est pas la dernière à y mêler son grain de sel.
Je me contenterai donc, pour éviter de me répéter, de vous offrir quelques images des objets de magie (ou de médecine si on préfère) populaire collectés par le Dr Emile Marignan (1847-1937), un pote à Mistral (Frédéric), le papa du musée de cette ville «où sont les Alyscamps».
Et zoom sur les pattes de taupes pour le mal de dents des bébés, zoom sur les talismans contre le mauvais œil, les salamandres porte-bonheur, les œufs de l’éclipse.
J’aurais aimé vous montrer le sachet d’os de mort, le garde-lait pour les nourrices, les pierres à mettre sous les paupières, les fleurs d’étain fondu pour la divination mais les photos sont pas autorisées dans le musée et on ne trouve pas tout dans les publications que l’on vend à l’accueil.
Pour faire bon poids et pour contrecarrer un peu ceux qui vont dire que je m’éloigne encore de mon sujet, j’attire votre bienveillante attention sur de jolis graffiti pastoraux et autres travaux de bergers, tel ce «mirù de pochi» (miroir de poche) de 1828 dont je suis tombée raide dingue.
Je veux le même pour mon anniversaire avec son couvercle coulissant orné de cœurs, de pentacles, de croix, de lauriers et feuilles de cannabis (ou de palmiers) autour du profil d’un gus qu’on m’assure être Napoléon.
Bonjour chez vous et surtout prenez garde «à la douceur des choses».
00:51 Publié dans Expos, Jadis et naguère, Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (4) | | Imprimer | | |
20.12.2006
Le petit livre vert d'Allen S. Weiss
J'en ai soupé de me traîner au boulot chaque jour au lieu de m’animuser à vous pétiller des chroniqueuses élucubrutations.
J’ai beau dormir que 5 h par nuit comme les Japonais dont Lucienne Peiry nous révèle les curieuses mœurs conférencières (accroupis sur tatamis) dans une série d’émissions de Radio-Suisse-Romande, j’ai tendance à oublier des trucs.
C’est ainsi que j’ai laissé passer l’expo-vente Slavko Kopac organisée par Mme Kopac et son fils Laurent dans l’atelier du peintre. Je me serais donné des baffes, pour me réveiller car je dors dans le métro comme une nippone d’automne. Comment voulez-vous après ça que je vous mitonne des petites maximes du genre :
L’art brut n’est ni un parti ni une religion, c’est une cause gagnée d’avance.
Non vraiment, j’ai pas le temps, en plus j’m’en voudrais de vous prendre le chou, mes petites «denrées» (hello René Fallet).
A propos de chou, et dans la droite ligne de ma note précédente, je vous signale le petit livre vert d’Allen S. Weiss, un écrivain né dans le South Bronx de parents ayant fuit la Hongrie du fait des persécutions des gros nazes que l’on sait. Il fréquente l’Aubrac et les restos grands et petits.
Sa passion pour le chou farci de sa maman l’a amené à entrelarder les feuilles de son ouvrage gastronomo-littéraire de considérations sur Antonin Artaud. Nous remémorant la «canne transformée en croix, plantée dans la terre, et habillée d’immenses feuilles de chou» inspirée au poète par la comptine de Roudoudou
Roudoudou n’a pas de femme,
Il en fait une avec sa canne,
Il l’habille en feuilles de chou,
Voici la femme de Roudoudou
Weiss nous cite un passage d’une lettre envoyé par Artaud à la même époque (oct. 1943) à Ferdière qui l’avait branché sur ce sujet : «On apprend dans la tradition occulte que le chou est la forme que prend le néant pour se manifester à la conscience humaine… Il paraîtrait que Satan, le hasard issu de l’inexistant, se serait servi de cette forme pour composer l’organe sexuel féminin…».
Le cabinet de curiosité d’Allen S. Weiss contient aussi : une poupée de Michel Nedjar, des ex-voto en alu, une pierre paysagée chère à Roger Caillois, la photo «du graffiti d’une tête de diable souriant, prise dans l’ancien Barrio Chino de Barcelone».
23:10 Publié dans Ecrits, Ogni pensiero vola, Poésie naturelle, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : antonin artaud, art brut | | Imprimer | | |