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20.06.2014

Les marcheurs du Trégor

Le Trégor est un trésor. Cette province bretonne est pleine de clochers qui ressemblent à des poissons-scie. On s’arrête (sans jeu de mots) parce que ça gargouille dans les nuages.

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Le temps de photographier une bande de singes de pierre qui ont l’air d’engueuler les fleurs du parvis.

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On en oublierait presque ce drôle de paroissien qui s’achemine vers l’église sur ses longues jambes bleu-ciel.

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N’était son air  farouche, on lui demanderait bien qui a fait son gilet rouge et son chapeau noir traditionnel réalisé avec une ardoise plate et un pot en plastique.

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C’est le jardinier de la commune, l’auteur de cette sculpture si judicieusement mise en scène.

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Je tiens l’information d’une de ses concitoyennes qui promène son chien. «Mais c’est surtout un bon jardinier!» croit-elle bon d’ajouter. Cette remarque un tantinet restrictive suffit à me lancer dans une enquête de terrain, au grand dam de mon chéri qui préférerait aller boire une petite bière Philomenn bien fraîche.

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Que l’art rustique et coloré du jardinier-sculpteur interloque ses contemporains me confirme dans l’idée de son talent natif.

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En cherchant bien, j’ai découvert sur un rond-point à la sortie du bourg, une autre pièce du même type.

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Même sens du mouvement. Même habileté à tirer parti de la forme naturelle d’une branche.

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Même physionomie presque timide due à un traitement savoureusement « primitif » de la gouge.

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Aux dernières nouvelles le créateur de ces « marcheurs » aurait œuvré aussi à l’école. Si j’en apprends davantage, je vous tiens au courant.

22:34 Publié dans art brut, Glanures, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art du bord des routes, bretagne | |  Imprimer | | Pin it! |

17.02.2014

Des gens ordinaires au Festival de l’imaginaire

Recette du jour. On prend des gens ordinaires, on ajoute des univers imaginaires, on saupoudre d’art brut et d’art populaire. Une cuiller à soupe d’expressions hors-normes. Une poignée d’environnements sur canapé. Et ça fait un festival de films tout à fait présentable. Du moins faut-il l’espèrer.

logomcmquadri.jpgRésultat les 26 et 27 avril 2014 à la Maison des Cultures du Monde. Dans le cadre du Festival de l’imaginaire seront projetés alors une vingtaine de films programmés par l’Association Hors-Champ.

 

Au menu : improbables machines, matériaux de récupération, maisons et/ou jardins de rêve, métamorphose du quotidien, «œuvres d’internés psychiatriques et leurs visions du monde». De quoi mettre l’eau à la bouche.

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L’inconvénient c’est qu’on reste sur sa faim quand on va sur le site du Festival. Car, que l’on télécharge le dossier de presse ou la brochure, ce sont exclusivement des visuels correspondant à des œuvres de Nek Chand qui nous sont proposés. Nek Chand j’ai rien contre. Rien pour non plus d’ailleurs. Je suis pas très fan des faces de lune de ses personnages. Trop moulées à la louche.

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Mon opinion au sujet de leur manque d’expressivité n’a pas varié depuis 7 ans (voir ma note du 29 mars 2007 : Poil au Nek !). Si je tire mon chapeau devant le travail, je reste assez insensible à l’aspect performance sérielle de l’installation de Chandigarth. La quantité de sculptures ne m’impressionne pas. Je la trouve même un peu rasoir. Leurs alignements systématiques les prédisposant au phénomène d’appropriation collective dont ils ont été les victimes avec le temps.

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Parc à touristes que l’on chouchoute plus ou moins bien en en faisant reluire les céramiques : Rock Garden. Toutes proportions gardées, l’œuvre de Nek Chand me procure le même vague malaise que le jardin disneyrisé de Fernand Chatelain. Là aussi, ça commence bien et ça finit mal. D’une sincère impulsion autodidacte à la reprise en main par une société qui officialise et industrialise sous prétexte de conserver, restaurer et rentabiliser, il y a un gouffre.

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Mais ce gouffre, on ne peut ignorer qu’il ait été franchi depuis longtemps sur le site de Rock Garden. C’est pourquoi j’ai du mal à comprendre que la direction bicéphale de la Collection de l’Art brut à Lausanne ait choisi d’installer un couple nekchandien à l’entrée du Château Beaulieu. Il y a beau temps que ses sculptures ne peuvent plus prétendre à jouer le rôle de figure de proue de l’art brut.

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Espèrons donc que Univers imaginaires de gens ordinaires, le festival de films cité plus haut (dont on trouvera le programme sur le site de la Halle Saint-Pierre) saura piquer notre curiosité avec d’autres visuels témoignant de la présence dans cette manifestation de créateurs aussi estimables que Nek Chand. Messieurs les organisateurs, il vous reste du temps pour cela !

00:18 Publié dans art brut, Ecrans, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, nek chand, festival de l'imaginaire | |  Imprimer | | Pin it! |

27.12.2013

Musées d’art brut : les jeunes pousses

Inaugurations ici et là. En cette fin 2013, les musées d’art brut poussent comme branches de houx sur bûche de Noël.

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A Zurich, Le Musée visionnaire.

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Près de Crémone, le Mai Museo. Peu d’infos, peu d’images pour le moment. On verra plus tard ce que ces p’tits nouveaux ont dans le ventre.

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A noter quand même que ça commence dur au MAImu avec une expo Armand Schulthess jusqu’au 31 janvier 2014.

Les Tessinois de 1972 qui ont ratatiné le jardin messagé de ce savant polyglotte et autosuffisant créateur vont se mordre les doigts.

06.10.2013

Lanoux chez le Facteur Cheval

Un chiffre qui en dit long sur l’art brut aujourd’hui. 2 520 000 visiteurs pour l’épisode 3 (saison 11) de Louis la Brocante.

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 « Quelle merveille !» s’exclame Maryvonne (Evelyne Buyle) pendant sa visite au Palais.

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Victor Lanoux s’intéresse aussi à François Michaud de Masgot.

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16.09.2013

Les oliviers du Paradis

Pas d’oliviers chez M. Truc? J’ai voulu vérifier subito presto si cette inquiétude, manifestée récemment par Martine dans son commentaire tout gorgé de succulents souvenirs d’enfance, était fondée.

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Je suis donc aller tourner autour de ce Paradis qui a perdu sa première lettre mais qui est toujours si charmant quand même.

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Et bien, tenez vous bien. Non seulement des oliviers il y en a sous le soleil radieux du jardin de Léopold Truc mais j’ai aperçu dans mon zoom un bébé cerisier et un pitchot de pêcher avec un mini fruit dessus.

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Un peu comme si Monsieur Truc s’était octroyé de longues vacances et qu’il était revenu s’occuper en catimini de son domaine.

P1070053.JPGUn petit tour et puis s’en va, j’ai cliché de loin quelques pierres d’élection de Léopold Truc.

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Caroline Sury qui les avait remarquées lors d’un précédent et bref passage me les avait chaudement recommandées. Preuve du regain d’intérêt à propos de l’œuvre trucienne, cette émérite graphiste marseillaise a pondu de mémoire et sur la base des portraits du créateur, vus sur Animula Vagula dans ma note du 14 juillet 2012 (Léopold Truc, un paradis non truqué), un souvenir de visite réelle et imaginaire en forme de bd.

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21:24 Publié dans art brut, Images, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, léopold truc, caroline sury | |  Imprimer | | Pin it! |

21.05.2013

L’abbé Fouré passe à l’Ouest

A peine quelques jours qu’un Animulien de bonne volonté nous signalait, par un commentaire, la sortie de l’ouvrage de Joëlle Jouneau sur L’Ermite de Rothéneuf dans la Collection L’Esprit du lieu éditée par les Nouvelles Editions Scala.

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Et déjà l’actualité nous rappelle au souvenir de ce diable d’abbé Fouré, l’ermite créateur des rochers sculptés. L’ermite et non l’hermite comme l’indique par étourderie le site de La Procurequi doit penser que l’art sacré s’écrit avec une hache.

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Soutane à part, l’œuvre de Fouré n’a pas plus à voir avec l’art sacré qu’avec les histoires de pirates dont la légende locale affubla ses rochers. C’est une belle et bonne vieille création d’art brut tout à fait impressionnante par son ampleur. Les deux pieds dans la matière ingrate du rocher. Ce qui ne l’empêche pas d’être fort visitée.

Aujourd’hui comme hier (du vivant même du sculpteur de tempêtes, avant 1910), par des promeneurs en quête de curiosités et de bons bols d’air. Une exposition des cartes postales éditées au début du vingtième siècle en témoigne jusqu’au 29 juin 2013 à la Bibliothèque municipale de Brest.

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Dans le cadre d’un «festival» intitulé L’Art brut à l’ouest où sont montrées aussi des sculptures de Pierre Jaïn et, parallèlement, des photos de Gilles Ehrmann à l’Artothèque que j’écrirais bien l’Artaud-thèque pour rigoler.

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Mais les rochers sculptés ce n’est pas de la rigolade et une asso se remue joliment pour la bonne cause de la falaise érodée par les marées, les fréquentations touristiques, les belles histoires sans fondement véridique et, depuis peu, par de romantiques lieux communs sur «la poésie des ruines».

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Un article récemment paru dans le journal numérique de Libération (18 mai 2013), sous le clavier de Bernadette Sauvaget, envoyée spéciale à Saint-Malo vous en dit plus. C’est de loin le meilleur papier que j’ai lu sur le sujet dans un quotidien depuis longtemps. Ironie du sort, la journaliste est en charge des sujets religieux à Libé. Non d’une rubrique artistique.

Bien documentée, elle n’en mène pas moins de front une présentation vivante et accessible de l’histoire de l’abbé, un aperçu précis sur l’œuvre et une enquête sur l’état actuel des problèmes posés par ce site indisciplinable. L’angle qu’elle a choisi pour intéresser ses lecteurs : le travail de proximité de l’association de protection et d’information.

joelle jouneau.jpgElle a, ce faisant, le mérite de brosser le portrait de l’animatrice de cette asso : Joëlle Jouneau elle-même.

Portrait qui manquait jusqu’alors.

 

07.05.2013

Recreation avignonnaise

Avignon, du coin de l’œil me regarde. On peut dire que j’aime ça. J’y traîne mes savates comme dans une photographie ancienne.

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A l’écart du pittoresque karchérisé des rues à touristes, c’est une ville qui vous fait signe à sa façon d’aujourd’hui et de toujours. Ici, où Melpomène et Thalie règnent en maîtresses une partie de l’année, tout est permis aux muses et elles ne s’en privent pas.

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Muse des rêveurs-bâtisseurs comprise. J’emprunte cette image à l’un d’eux qui agrémenta de personnelle façon le mur d’enceinte de sa maison.

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Avignonnaise façon de procéder! Avec sa ceinture de remparts et son cercle flâneur formé par les rues Joseph Vernet, Henri Fabre et des Lices, la festivalière cité des papes est un cœur emboîté comme une poupée gigogne. De cet intra-muros historique, de cette pelote urbaine ensoleillée s’échappe, du côté où le Rhône ne s’y oppose pas, tout un réseau de fils et d’artères qui s’en vont faire des nœuds aux noms de quartiers : St-Véran, La Croisière, St Jean, Pont des Deux Eaux.

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C’est dans l’un d’eux qu’Antonio, un maçon italien, est venu pour le travail dans les années cinquante du siècle dernier. C’est là que lui, qui parlait à tout le monde, a édifié pour son plaisir et pour celui des passants son mur d’images, décoré autant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

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P1060353.jpgC’est là que vit encore -princesse en son potager- sa veuve Tina dont les beaux yeux ne se fatiguent jamais de contempler les têtes brutes, amusantes et grotesques de cette clôture historiée qui fait de sa demeure une modeste et moderne villa Palagonia. Là, c’est-à-dire dans une impasse.

Un coin de campagne dominé par une barre d’immeubles. Ce fleuron, perdu dans un lacis où les rocades et les avenues sont métissées de routes et de chemins, n’est pas simple à trouver. Même un GPS s’y casse les dents en tombant sur des fourchettes. «Tournez à droite» vous dit-il et ce sont trois voies qui s’offrent à vous.

Mieux vaut donc un cicerone. Tant qu’à faire, j’ai eu recours au meilleur qui soit : l’impénitent blogueur et l’aimable connaisseur es-choses avignonnaises, Michel Benoît. C’est lui qui m’avait filé le tuyau. Mais pour être déjà venu, il n’en était pas blasé. C’est d’un sourire intact qu’il a salué le Gepetto qui lui rappelait un masque de son enfance.

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Antonio, pour ses moulages en plâtre, affectionnait de telles choses. J’ai fait, pour ma part, un bisou au portrait d’une chanteuse populaire (je vous laisse deviner laquelle) dont la famille voisina jadis avec le maçon.

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Les chats, les barbus, les fantômes étaient un peu trop haut pour pareilles effusions. Divers collages d’objets manufactés aussi. J’aime trop aussi les visages aux yeux d’agate, «tout en pierres récupérées aux décharges» comme me le dit la signora Tina de son bel accent  calabrais. 

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00:49 Publié dans art brut, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (4) | |  Imprimer | | Pin it! |

16.02.2013

Un cri passage du Mississipi

La lasagne contemporaine au canasson roumain vous dégoûte? Alors : Jambalaya, crawfish pie, fillet gumbo! C’est la saison sud. Faut en profiter.

Sud, sud, sud : gros arrivages en ce moment! Sud des Etats-Unis s’entend. Les autres c’est pas class. Sud, sud, sud, même l’art brut s’y met. Il ne m’est art brut que du sud. Il n’est bon bec brut que du sud. Le sud, le sud, toujours renouvelé. Le sud, vous dis-je. Bon, c’est un peu agaçant ces campagnes promotionnelles. Sud par ci, sud par là, sud arrive, sud est là…

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Quand tout le monde est poussé à regarder dans la même direction, on a envie de se faire une sortie de route. Mais on ne peut pas s’empêcher de suivre la musique quand même.

 

Et la musique, la musique du sud, est bonne chez Christian Berst. C’est la seule chose dont le galeriste ne parle pas sur son site super bien documenté, à propos de son exposition des œuvres de Mary T. Smith (jusqu’au 2 mars 2013). Elle prend pourtant dans ses bras consolants le visiteur qui franchit la porte du 3/5 passage des Gravilliers (75003).

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Ce n’est pas la première fois à Paris que nous voyons ces tôles ondulées et ces panneaux de bois, bichromes ou monochromes mais toujours peints avec une autorité fervente qui semble venir d’un fond de lucidité sauvage, d’une histoire de labeur et de douleur où se conjuguent surdité, misère, ostracisme et expressivité.

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Christian Berst lui-même en avait déjà présentées en 2009 dans American Outsiders I, une exposition collective. Et Mary T. Smith, aux belles robes très «peinture», figurait déjà dans Art Outsider et Folk Art des Collections de Chicago à la Halle Saint-Pierre en 1998.

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J’emprunte à la biographie de cette créatrice, établie à cette occasion par Martine Lusardy et Laurent Danchin, ces lignes significatives : «Aujourd’hui, et depuis longtemps, il ne reste rien du musée en plein air de Marie T. Smith : le succès et les nombreux amateurs sont passés par là, obligeant même vers la fin cette étonnante artiste improvisée à produire sur commande des travaux de plus petit format, parfois le temps d’une simple visite et en présence du destinataire».

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Je les emprunte pour souligner un mérite de l’exposition actuelle de la Galerie Christian Berst. C’est que, non seulement elle crée l’ambiance en nous berçant dans le blues feutré et enveloppant mais elle n’occulte pas ce fait essentiel : les productions de Mary T. Smith, loin de relever d’un art de chevalet, sont les pièces orphelines d’un véritable environnement d’art brut.

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Des parties d’une œuvre globale qui leur donnait plus de force encore d’être inaliénable, c’est-à-dire non consommable dans l’acception commerciale du terme. C’est pourquoi j’ai trouvé beaucoup d’intérêt à visionner le diaporama qui passe en boucle sur grand écran dans la berstienne galerie.

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Surtout avec mon séant (les petites âmes errantes en ont aussi) mollement enfoncé dans le canapé blanc antonionesque de ce vaste lieu. On y saisit au vol bon nombre d’images de cet univers de plein air si personnel, au temps où il fonctionnait à son plein régime.

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C’est à dire à son usage exclusif. Pour ceux et celles qui aiment les souvenirs, ils ou elles pourront emporter le catalogue où cette impression se prolonge par plusieurs clichés.

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19.12.2012

Sur la route de Plouhinec

Bientôt Noël et à Noël on illumine. Dans son micro-jardin de Riantec, Marie-Louise allume son lampadaire aux gargouilles. «Allume» ou «allumait» : on est toujours dans le Morbihan et encore en 1996.

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Les vieilles photos me disent que sur la route de Plouhinec, avant le croisement avec la rue de la Fontaine, protégé par une clôture dont les piliers étaient ornés de tortues renversées, il était un triangle fleuri où évoluaient de petites créatures de ciment peint. Une dame et son chien (premier sujet réalisé dans les années soixante)

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une laitière et son pot au lait, un meunier, le pêcheur à la ligne, l’incontournable sirène,

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un cavalier, un chasseur.

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Et puis des animaux, bien sûr. Les créateurs ruraux, du genre de cette petite dame frêle, originaire de l’île de Kerner, aiment les animaux.

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«100 % gauchère», obstinée bien que «ça ne soit pas un travail de femme», Marie-Louise avait petit à petit façonné le cheval pommelé, une chèvre, un daim, le fennec en souvenir de celui que son fils avait ramené vivant du Sahara.

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Le paon, dernier en date, qu’elle avait réalisé «avant la mort de sa mère» (c’est ainsi qu’elle datait) neuf ans auparavant. Puis sa vue avait baissé. Marie-Louise, qui ne s’appelait pas Marie-Louise mais qui n’aimait pas son prénom proustien d’Albertine, avait «presque honte» de dire que c’était elle qui avait ainsi agrémenté son environnement. Mais, que voulez-vous? Elle était «douée pour ça».

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Et cette Bretonne douce, fragile, «maladive» selon son propre aveu, faisait ce qui lui plaisait. Même si son entourage s’inquiétait quand elle en faisait trop. Une bonne raison à cela : quand elle était préoccupée par un sujet à réaliser, elle ne pouvait pas dormir, «tout était programmé» dans son cerveau.

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Ce programme ne l’entraînait cependant pas à de grandes choses. Marie-Louise bornait son inspiration aux dimensions de ses statues. Sans doute se croyait-elle géante auprès de ces Liliputiens.

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Le vent lui était commode prétexte à modestie. «On est très éventé ici» disait-elle. Plus hauts, ces personnages auraient dûs être arrimés. La brume parallèlement «empoisonnait» ses hortensias. Des rigueurs de la nature, elle déduisait sans peine une esthétique : «Je les trouve plus jolis à même le sol».

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Timide dans ses sabots (à 80 ans elle avait «refusé» FR3), Marie-Louise était contente tout de même «qu’on s’intéresse». Vite pour la photo, elle était allé chercher le parasol qui manquait à une élégante assise sur son banc.

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18.12.2012

Jardin de Gabriel-novembre 2012

Gabriel Albert. Sans commentaire, cette photo de JL Bouteloup que j’emprunte au Journal d’une élue de la Région Poitou-Charentes.

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Sans commentaire mais non sans lien à ma note du 15 mai 2011 : Un geste pour Gabriel Albert.