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01.01.2006

Simon Leys, un idiosyncratique

 
 
Tout le monde peut pas comme Google engager un castor pour souhaiter la bonne année, alors il faudra vous contenter, mes chers petits animuliants et animuliantes, de Simon Leys. Votre petite âme errante a terminé l'année 2005 avec Les Idées des autres, son bouquin de citations «idiosyncratiquement» ( sic ) «compilées pour l’amusement des lecteurs oisifs». Comme je vois bien que vous venez de vous réveiller avec un grave mal aux cheveux après la teuf d’enfer que vos voisins vous ont infligée pour la Saint-Sylvestre, je me contenterai de vous en prescrire une dose homéopathique. A la rubrique MALADRESSE, cette pensée picturale d’un sage chinois (Gong Xian) : « Ce que je redoute par dessus tout, c’est que ma peinture puisse paraître habile ».
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21.12.2005

Opicinus de Canistris

Opicinus est ressuscité.
Opicinus de Canistris. Opi pour les dames. Rien à voir avec les Hopis du désert de l’Arizona. Opi vient au monde près de Pavie en 1296. Il occupe le même job (scribe) de 1330 à sa mort en 1351. Jusque là, rien d’extraordinaire, à part son nom qui a de la gueule. En ce temps là les papes sont en Avignon. Opicinus qui a eu une jeunesse agitée s’y fixe et y trouve un terrain d’élection pour son festival. Quand il y arrive en 1329, il est plutôt destroy et miné par les privations. C’est qu’il sort d’une dérive qui a duré plusieurs années du fait de l’excommunication qui le frappe. Accusé de délit simoniaque, lui qui était prêtre. La simonie c’est pas une perversion sexuelle comme vous l’imaginez, bande de polissons. D’après mon Petit Robert, cela signifie que l’Opi s’était livré à des trafics de choses spirituelles. De quoi faire désordre à une époque où François d’Assise s’efforce de faire le ménage dans l’Eglise à grands coups de stigmates.
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Mais, je m’égare. Revenons en Avignon, au Palais des papes, en l’an 2000, où votre petite âme errante se souvient d’avoir vu 4 parchemins d’Opicinus dans une salle ayant dû servir de prison si on en croit les graffiti sur les murs : «c’est la faute d’une vache si je suis ici, vive l’Anarchie».
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Moi, qui était là pour une dégustation de vins de Provence, je suis restée le kiki serré devant ces dessins fantastico-cosmiques à base cartographique où l’auteur anthropomorphise les continents en interprétant leurs contours. Opicinus est considéré par Muriel Laharie comme «le premier paraphrène connu de l’histoire de la psychiatrie». Je sais pas ce que ça veut dire mais, dans le cas d’Opi, ça signifie qu’après un sévère déjantage, il se met grosso modo à se prendre pour Dieu et à vouloir être pape.
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En résultent deux importants manuscrits conservés à la Bibliothèque vaticane qui sont périodiquement l’objet de la curiosité des décrypteurs. Ces temps-ci sort aux Editions Le Léopard d’Or un bouquin de 60 €, 484 pages et 8 planches sur le sujet. Son titre ? Opicinus de Canistris, prêtre, pape et christ ressuscité. Son auteur ? Guy Roux, «neuropsychiatre libéral». Celui-ci aurait déjà écrit autre chose sur Opi mais j’ai dû manquer un épisode.

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13.12.2005

Le triomphe d'un choqué

Permettez moi un moment de remonter le temps. Votre petite âme errante voudrait rebondir sur vos commentaires à propos de La vie de toutes les couleurs et de Sur la route de Pontoise. C’est que vous n’avez pas l’air de vous rendre compte, mes beaux messieurs Lanoux et Infatigable que la pauvre Violette n’a pas encore retrouvé l’usage de sa guibole. Avec son plâtre graffité, elle ne peut pas encore courir les librairies pour feuilleter tous les bouquins dont vous avez la bouche pleine et qu’elle ne trouve pas toujours sur Internet.
medium_jardin.jpg Alors, pour son seul plaisir et celui de quelques uns et unes j’espère, je me suis décarcassée pour dénicher la citation de Jeanne Tripier extraite du premier livre de Gérard Macé et un poème d’Edmund Mach, le type de Gugging édité par Harpo &.
Les voici l’un après l’autre :


«
Dis-moi donc quelle est la production de Zèbre antique. – Il est fait du pur destin anatomique. C’est un joli cheval zébré, et qui ressent parfois sa femelle, sans qu’ils soient rapprochés l’un de l’autre. Mais en réalité cet animal est constitué de manière à ressentir ce qui se passe au loin, dans les régions polaires. Il s’habitue mal aux scènes scandaleuses des Terriens » Jeanne Tripier la Planétaire.

Des hommes utiles
(Brauchbare Menschen)
 
 
 
 
Parfois les hommes utiles sont
dans les usines et travaillent
parfois ils vivent désespérement
certains ont avec eux des brioches,
des brioches qu’ils mangent eux-mêmes.

Ils sont parfois un peu justes
car les inutiles
prédominent

Par diverses déterminations
ils attendent le devoir,
devoir sur devoir.

 

(La traduction est de Lilian Birnbaum).

 

00:15 Publié dans Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : jeanne tripier, edmund mach, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

09.12.2005

Varda, Wajcman, collection

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Hein ? Quoi ? Pardon. J’étais plongée dans mes lectures. La brochure du symposium Rauw-Raw-Brut qui s’est tenu au Museum du Dr Guislain à la fin novembre à Gand en Belgique. Ce Dr Guislain a de drôles d’idées : «présenter l’art outsider» (vilain mot) «dans un dialogue ouvert avec la culture et l’art contemporain». Bigre. «découvrir ce que ces œuvres signifient aux yeux d’artistes, curateurs» (vilain mot) «et historiens de l’art … » Fichtre. «Comment gérons-nous» (quel vilain mot !) «aujourd’hui cette fascination pour l’autre ?» Sans oublier : «nous poserons ce type de questions à un nombre de spécialistes» (vilain mot) «fascinés et d’artistes inspirés originaires de divers pays européens». Pas étonnant si Reinette, que j’avais envoyée en éclaireuse en België, a trouvé ça un peu «casse-croûte».
Cette mauvaise langue a été cependant impressionnée par la conférence de Gérard Wajcman. Au point de me rapporter Collection, l’essai de cet écrivain et psychanalyste paru chez NOUS en 2003. Cela parle de collection, comme de juste. «Pas des collectionneurs, pas des collections non plus, de la collection tout court, en général» dit la 4e de couv. C’est du genre trapu, ça fait réfléchir «à ce que c’est : mettre des objets ensemble». Avec ma petite tête, j’ai compris que des bribes, style : «… il n’y a rien de plus universel que la singularité».
Surtout, ça m’a évoqué le docu d’Agnès Varda Ydessa, les ours et etc. parce qu’on voit bien que Gérard et Agnès veulent en venir à la même chose.
Agnès Varda, en filmant l’envahissante accumulation de photos représentant des gens avec des ours en peluche exposée par Ydessa Hendeles sur les murs d’une galerie, mène sa caméra jusqu’à cette pièce restée vide par contraste où un dérisoire Hitler en résine est agenouillé.

Gérard Wajcman, en faisant progresser son lecteur de thèses en thèses toujours plus subtiles, l’amène progressivement jusqu’au seuil de «ce lieu où la pensée a sombré», Auschwitz. Plus précisément devant cet endroit, bizarrement nommé Canada, d’où, selon lui, «tout amoncellement d’objets, aujourd’hui, remonte, invinciblement» et où les nazis regroupaient les vêtements et objets dont ils dépouillaient leurs victimes.

00:25 Publié dans Ecrans, Ecrits, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : agnès varda | |  Imprimer | | Pin it! |

19.11.2005

Burnat-Provins, La revenante

La Suisse est pleine de villages assoupis où flotte une odeur de foin sec et où de vieux hommes sages boivent sans se presser un verre de vin blanc frais à l’auberge.

A Gingins, l’un de ces villages, je me souviens d’avoir vu, il y a 2 ans, une belle expo sur Marguerite Burnat-Provins : De l’Art nouveau à l’art hallucinatoire. Burnat-Provins, c’est cette artiste dont Dubuffet a failli mettre les dessins dans sa collec d’art brut avant de s’apercevoir que leur auteur était une pro de l’art, appartenant au cercle des peintres valaisans. Deux coups de tonnerre dans sa vie.
L’un à 34 ans, en 1906, quand elle tombe raide amoureuse d’un jeune homme, sans souci de sa réputation, ni de son mari, un notable de Vevey. L’autre le 2 août 1914, dans l’Ariège, où au premier coup de tocsin de la mobilisation débutent ses hallucinations.

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De ses visions fantastiques, qu’elle transpose rapidement à l’aquarelle, naîtra un cycle de portraits plutôt zarbis qui fichent la trouille mais qui sont plutôt beaux.

Marguerite Burnat-Provins nous revient aujourd’hui grâce aux Editions Zoé à Carrouge-Genève. Ces Zoé-là ont la bonne idée de publier un joli bouquin réunissant une nouvelle et un récit de voyage de M.B.-P. qui était aussi écrivain. C’est mince, élégant, pas cher, bien imprimé sous couverture avec autoportrait de la Marguerite. Dans le format des Editions Mille et une nuits mais sur meilleur papier. Le volume s’intitule : Une nuit chez les Aïssaouas, mais je vous recommande surtout la nouvelle La Revenante. Catherine Dubuis, dans sa postface, souligne le charme de l’écriture décadente. On y sent affleurer, derrière les éléments autobiographiques, une étrangeté qui prouve combien les deux facettes de la personnalité artistique de M. B.-P. communiquent. Démenti à ceux qui pensent qu’il est facile de trier dans son œuvre ce qui appartient à la culture de l’Art nouveau et ce qui tend irrésistiblement vers l’art brut.


14:10 Publié dans Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marguerite burnat-provins, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

13.11.2005

Les "auras" de Boris Bojnev

Rien comme le hasard pour collaborer avec votre Animula. J’étais sortie pour acheter Votez Field !, la traduction par Sylvain Goudemare, parue aux Editions Cartouche, du programme électoral pour la présidentielle U.S., publié en 1940 par l’acteur comique W.C. Fields, quand je suis tombé sur B.B. (Boris Bojnev). Bien qu’il écrive des trucs du genre : «Mon cousin Haverstraw a épousé une femme tatouée pour le seul amour de l’art», le grand W.C. n’a rien à voir avec l’art brut.
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Boris Bojnev un peu plus. Son œuvre a été défendue par de bons connaisseurs du genre : Frédéric Altmann, dans les années 70, à Flayosc, Lucien Henry à Forcalquier, dans les années 80, la Galerie Chave à Vence depuis toujours. C’est justement dans un catalogue d’une expo récente (avril-juin 2005) de cette galerie que je l’ai retrouvée. Où ? Mais aux Autodidactes, la bien-nommée librairie parisienne du 53 rue du Cardinal Lemoine dans le 5e.
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Il y a un petit rayon sur l’art brut et c’est là que j’ai déniché pour vous ce catalogue avec les reproductions de 52 tableaux photographiés par Michel Graniou. Intitulé Les Auras de Boris Bojnev, c’est à ma connaissance la plus riche publication sur ce créateur (mes images n'en donnent qu'une petite idée, mon scan m'ayant lâchée). Exilé russe qui vivait dans le Midi de la France, peintre, poète et inlassable chineur de petites peintures naïves, Boris Bojnev (1898-1969) a construit une œuvre très originale à partir de cette collection.
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Ne se contentant pas de nettoyer et de restaurer ses trouvailles, B.B. intervenait sur elles, les rectifiait, les détournait, y ajoutant souvent (le p’tit coquin) des femmes nues esquissées à pleine pâte. Mais l’essentiel n’est pas là. L’essentiel réside dans ses «auras», ces encadrements très personnels qu’il concevait pour chaque tableau afin d’en prolonger l’atmosphère.
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Dédaignant, comme il le dit dans son autobiographie, «l’ancien quadrilatère doré et plus ou moins baroque d’un cadre classique», Bojnev, qui était pauvre, a élaboré pour chacun de ses naïfs ready-made améliorés un encadrement dont le luxe et la justesse décorative sont empruntés aux matériaux les plus dérisoires : morceaux de dentelle, écorces, bois brûlés, plumes, ferrailles, vieux tissus, papiers lacérés que l’on dirait empruntés au Nouveau-Réalisme. Bref, tout ce qu’on aime.

20:20 Publié dans Expos, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : boris bojnev, art brut, lucien henry | |  Imprimer | | Pin it! |

27.10.2005

Petit Pierre et son manège

Mention spéciale du jury Animula décerné par elle à un superbe bouquin sur Le manège de Petit Pierre qui vient de paraître chez Albin Michel.
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Votre petite âme errante l’a déniché dans le rayon jeunesse de la librairie Livre-Sterling, avenue Franklin-D. Roosevelt (49 bis) où elle vous invite à fouiller avant de lécher les vitrines de fringues des Champs-Elysées. Si vous n’avez pas de nains (héritiers de votre couronne, petits cousins, filleuls, petits-fils ou filles de tout poil), adoptez en un d’urgence pour le lui offrir. Et si la procédure vous paraît trop longue, offrez le au grand enfant que vous êtes. C’est un livre d’artiste qui étonnera davantage vos amis sur la table basse du salon que le gros pavé de l’expo Dada dont tout le monde fait étalage en ce moment. Il raconte la vie de Pierre Avezard, l’auteur du manège qui a été remonté à la fin des années 80 à la Fabuloserie, avec le concours du peintre Pierre Della Giustina. Les mots sont de Michel Piquemal, les images de Merlin (l’enchanteur, sans doute ?), les photos de Jean-François Hamon. La poésie, les couleurs, le rythme et la respiration de la mise en page transmettent le message d’espoir de cette «biographie» d’un petit gars «né mal fichu, tout bancal, tout tordu, le visage de travers, sans même un trou pour les oreilles». Un être disgracié qui est parvenu à désamorcer la curiosité malsaine et la méchanceté craintive de ses semblables en construisant, lui le petit vacher, un chef d’œuvre de métal découpé, de rouages grinçants et de petits moteurs qui n’a rien à envier aux machines de Jean Tinguely.
medium_manege.3.jpgSans jamais faire dans le misérabilisme, ce livre plein de vie évoque en douceur des sujets graves, tels que l’injustice de la nature, la discrimination et même les solutions finales préconisées par «certains» à l’égard des handicapés pendant la guerre. Tout ça -c’est là le miracle- sans faire la leçon. A aucun moment, on a l’impression d’être à l’école. Surtout, le (jeune) lecteur n’est pas convié à l’imitation. Jamais les auteurs ne le prennent par la main pour lui dire : «toi aussi, tu devrais faire comme Pierre Avezard». Ce que c’est reposant !

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22.10.2005

La lettre-mélancolie

 
A tous ceux qui croient que l’art brut est tombé de la dernière pluie, il faut raconter l’histoire d’une amazone. Elle s’appelle Théroigne et c’est une héroïne de la Révolution française. Charles Baudelaire, qui était un peu macho, la disait «amante du carnage».
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Il est vrai que cette nana n’avait pas froid aux yeux. Le 10 août 1792, elle participe à l’assaut des Tuileries où l’on zigouille à cœur joie les conjurés royalistes. Cela ne l’empêche pas le 15 mai 1793 d’être lynchée à son tour par des mégères jacobines. Elle est sauvée de justesse par le camarade Marat qui ne peut lui épargner la flagellation publique, pan-pan cul-cul. Elle ne se remet jamais vraiment de ce viol. Son frère, pour lui épargner la guillotine, n’a pas de mal à la déclarer folle quand la Terreur s’installe. Elisabeth Roudinesco a raconté tout ça dans un bouquin en 1989 : Théroigne de Méricourt. Une femme mélancolique sous la Révolution (Seuil, Fiction et Cie). Dernièrement, un autre livre, paru à Lagrasse (11220) chez Verdier/L’Ether vague, remet sous le projecteur cette aventurière d’exception qui restera internée jusqu’à la fin de sa vie en 1817. Intitulé La Lettre-mélancolie, il transcrit un extraordinaire document écrit par Théroigne de Méricourt en mars 1801. Cette lettre, adressée à Danton, pourtant mort 7 ans auparavant, est un chef d’œuvre d’écrit brut. Non seulement parce qu’elle trahit l’expression grandiose d’un délire mais parce qu’elle frappe par la singularité radicale de la forme. Un fac simile nous présente ce torrent d’éloquence révolutionnaire où deux, voire trois messages sont constamment superposés ne laissant plus deviner que des bribes fulgurantes. Il faut saluer le travail de romain que leur décodage total constitue. Il est l’œuvre de Jean-Pierre Ghersenzon. Un texte de Jackie Pigeaud, qui signe l’ouvrage, l’accompagne.

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03.10.2005

Chaissac d'attaque

J’en vois déjà qui disent qu’Animula est un blog trop parisien. C’est même pas vrai. Sachez que votre petite âme errante a des antennes un peu partout. La preuve : j’ai le plaisir de vous signaler la soirée de présentation du Livret-découverte Gaston Chaissac le samedi 8 octobre 2005 au musée de l’Abbaye Sainte-Croix des Sables d’Olonne. Ce document est fait pour permettre aux «nains» de 8 à 12 ans (je cite le carton d’invitation) «de découvrir l’œuvre de l’artiste de manière éducative et ludique».
J’en entends déjà qui disent : «je croyais qu’Animula était comme W.C. Fields qui détestait les enfants». Oui, mais là c’est pas pareil. D’abord Gaston Chaissac habitait une école où il graffitait la porte des cabinets, ensuite il lui arrivait de prendre des dessins d’enfants comme base de départ de ses tableaux. Retour donc à l’envoyeur.
Expliquer aux mômes ce qu’ils ont été les premiers à initier, c’est rigolo. On ne dira d’ailleurs jamais assez les mérites des éducateurs et des éducatrices. Mademoiselle Guignepied, par exemple, châtelaine des environs d’Avallon, «qui interdisait l’usage de la gomme et préconisait l’exploitation de l’imprévu», selon Claude Allemand-Cosneau (Chaissac, Autobiographie artistique).medium_d_attaque.13.jpg
Chaissac aimait à rappeler qu’il avait bénéficié de son enseignement.
Il ajoutait même que Dubuffet aussi.
Le jeudi 20 octobre 2005 à 18 h 30, la salle de conférence de l’Abbaye Sainte-Croix abritera la lecture en avant-première du livre d’Eric Chevillard, D’Attaque, paru aux éditions Argol. Il est précisé que D’Attaque «est une fiction littéraire nourrie de Gaston Chaissac». Lui qui montrait un certain penchant pour l’anorexie, ça lui aurait sans doute fait plaisir. Moi aussi, j’ai hâte de déguster ce morceau de chaissacologie.

23:10 Publié dans Expos, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gaston chaissac, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

02.10.2005

Les histoires de Teulé

Vous aimez les histoires ?
Vous aimerez celle d’Edwige qui se confectionne des habits de fée pour aller faire ses cours à l’université de Paris VIII à Saint-Denis. Vous vous attendrirez sur celle de Dolly qui propose ses charmes et montre ses tableaux à la fenêtre d’une maison du quartier Schaerbeek, près de la gare du nord à Bruxelles. Vous resterez scotchés devant la soucoupe volante que Jean-Claude Ladrat, menuisier et paysan à Germignac en Charente maritime, a construit dans son jardin afin d’offrir à sa mère une retraite heureuse sur l’étoile Altaïr où la vie est trop belle.
Les éditions ego comme x ont eu la bonne idée de rééditer Gens de France et d’ailleurs de Jean Teulé qui regroupe 40 de ces histoires décalées de gens hors du commun, dont 18 nouvelles. Un beau bouquin qui mélange gaiement bandes dessinées, textes et photos aquarellées dans une mise en page avec des tas de flèches en rappel, histoire de se mettre un peu en travers de la lecture sans vous faire décrocher pour autant.
 
Jean Teulé, c’est ce journaliste artiste un peu agaçant avec son air narquois du genre Till l’Espiègle. On peut lui reprocher ses airs de dessalé à qui on ne la fait pas mais c’est un as du photo reportage dessiné. Dans ses approches-limites de personnages plutôt en rupture, il était fatal qu’il croise l’art brut, même si ce n’est pas son cœur de cible.
Je voudrais bien connaître ce couple Noegelin de L’Isle-sur-le Doubs, dont Teulé montre les drôles de petites sculptures érotiques en coquillage collés. Quand à l’autoportrait de Claude C., pensionnaire de l’ H.P. de Privas, qui le représente avec un cercueil en train de pousser dans son ventre, je suis sûre que je vais en rêver cette nuit.

22:55 Publié dans Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut | |  Imprimer | | Pin it! |