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22.07.2008

« Irregolari » : 8 créateurs d’art brut siciliens

couv livre Irregolari.jpgEnfin, ça y est, je l’ai reçu. Je commençais à bouillir parce que, depuis sa sortie, fin mai 2008, je faisais des pieds et des mains pour me procurer : Irregolari. Merci à Kalos, son éditeur palermitain. Il a eu pitié de votre petite âme errante et lui a propulsé cet ouvrage d’Eva di Stefano dans sa boîte aux lettres et à malices réunies. Irregolari, c’est pas trop dur à traduire, je pense, pour les Animuliens francophones qui sont familiers des «indomptés», des «indisciplinés» et autres «inspirés». Et pour ceux qui auraient la comprenette difficilette, le sous-titre du bouquin de l’historienne (et critique) d’art italienne est assez limpide : Art Brut e Outsider Art in Sicilia. O.K., vous captez le truc ? La monographie de la Signora di Stefano comble une lacune. A partir d’un socle théorique que j’ai sauté pour le moment car j’attends d’avoir un bon dico, elle s’attaque à cette «terra matta», la Sicile. Avec sa longue tradition pleine de mythes, d’archéologie, de drames et d’immigrations  (très tendance en ces temps unionistes et méditerranéens) cette île fascinante devait fatalement recéler son lot de «visionari, illetterati, eccentrici» adeptes d’un art spontané, vivace et irrépressible.

Filippo Bentivegna.jpgEva di Stefano a eu la bonne idée de se borner à nous en présenter 8, choisis parmi les cas les plus intéressants. Tous des hommes, nés pour la plupart dans les 30 premières années du 20e siècle.

Si j’excepte Filippo Bentivegna dont vous avez déjà pu visiter le Castello incantato le 21 mai 2008 sur mon considérable blogue, je vous recommande également :
Francesco Cusumano qui a commencé l’art par une sculpture qu’il avait vue en rêve

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Rosario Santamaria et ses chiens de pierre, pour qui, selon Eduardo Rebulla «l’arte aveva una funzione eminentemente autoremunerativa»

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Francesco Giombarresi, dandy aux géométries piranésiennes

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Sabo (pseudo de Salvatore Bonura) et son univers pictural peuplé de sortilèges sensuels qui apparaît à Michel Thévoz, dans une lettre à Eva di Stefano de mars 1982, «come la proiezione drammatica di un mondo interiore tormentato»

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Gaetano Gambino, ses paysages préhistoriques et son monde plus pétrifié que celui de Max Ernst

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Giovanni Abrignani qui ne dessine pas comme un enfant mais est plutôt à l’écoute de l’enfant qui est en lui

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Giovanni Cammarata et sa «casa degli elefanti» a Maregrosso, un faubourg de Messina

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Bien entendu, il y a une foule d’autres pistes à suivre dans les Irréguliers d’E. di Stef. Comme elle a déjà écrit des tas de choses sur l’art européen des 19e et 20e siècles et sur l’avant-garde en Sicile, sa documentation tient la route, tant sur le plan culturel que «contre-culturel» (pour aller vite). Et puis, dans une dédicace à son père Guido di Stefano, «storico dell’arte e siciliano elegante», elle nous confie, en petits caractères très discrets : «Dedico questo libro, che per molti motivi a me è il piu caro (…)».

Toutes les photographies sont empruntées à l'ouvrage : Irregolari 

16.05.2008

Arts pathogènes, arts contaminés

275830744.jpgExpédition des affaires courantes. Les vacances c’est joli mais si tu crois, ma pauvre Ani, que ça va durer ! Ta boîtolettres a profité de ton absence pour engraisser et tu croules sous les i-mêles de ta copine Sophie. Heureux tout de même qu’il y a les messages animuliens mais que de news à traiter alors que t’as pas déballé ta valise !
D’abord, pour les fidèles de ma note du 21 octobre 2007 relative à Pierre Della Giustina, un petit tour en Auvergne pour vous animuler de source sûre que cet artiste trop rare sera présent le mardi 20 mai 2008 à la Galerie Arkos de Gérard Gubbiotti (25, rue du Port à Clermont-Ferrand) pour le vernissage de son expo qui sera visible jusqu’au 21 juin.

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921380657.gifCôté Genève, c’est déjà samedi 17 mai, de 14 à 18 h, la conférence : Relations et contaminations entre art contemporain et art outsider à la salle Ajuriaguerra du Domaine de Belle Idée, 2 chemin du Petit Bel Air (1225 Chêne Bourg). C’est dans le cadre de Follie Italiane, une expo dont je vous ai dit du bien le 23 janvier 2008.

Parmi les conférenciers Teresa Maranzano, Elisa Fulco, Rhomas Röske et Bénedicte Merland du MAD de Liège. «Contaminations» me paraît pas le mot idéal en ces temps d’OGM mais pourquoi pas jouer avec l’idée de maladie.

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Qui est l’agent pathogène de «l’art contemporain» et de «l’art outsider»? On serait tenté de s’en tamponner le coquillard puisque l’un n’est qu’une variété de l’autre mais je sens mes griffes pousser quand je lis dans la présentation de la conférence que «L’art brut est resté longtemps enfermé dans l’enceinte rassurante des définitions établies par Jean Dubuffet et Michel Thévoz».

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«Rassurante», mon œil ! L’art brut, puisqu’il est finalement question de lui, c’est comme l’inconscient, il a apporté la peste et il a pas fini.

Alors, pour ma part, je préférerais parler de «capillarité», surtout parce que l’art con (j’abrège pour aller vite) et son compère l’art out (ou ce qui se donne pour tel) se gênent pas pour jouer les éponges avec le sang neuf de l’art brut. La réciproque étant infiniment moins vraie.
Enfin, c’est égal, ça fait plaisir de voir des gens réfléchir sur le statut de l’art brut dans un contexte bien différent de celui de sa création. Même si la notion de «décloisonnement» autour de laquelle rôdent ces hardis explorateurs me paraît bien mince pour la complexité du problème et, pour tout dire, un retour à la case-départ.

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A Paris, Chaissac a droit à la couverture d’un luxueux catalogue de vente publique. Livres, dessins et autographes de deux collectionneurs : François Jolivet et Ivan Bonnefoy, expertisés par Claude Oterelo. Beaucoup de choses par ci par là pour les Animuliens parmi lesquelles128 lettres du Gastounet à Dubuffet.
Une phrase parmi d’autres : «Ce matin j’ai confectionné deux statuettes avec les souches que Pierre Giraud et moi avions rapportées» m’amène, par capillarité sans doute, à vous inciter à l’achat de Paris, mon pote, le nouveau livre de Robert Giraud paru chez Le Dilettante même si Le Copain de Doisneau vous en a déjà parlé.

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19.04.2008

Regard, une revue à cent pour cent

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Ce n’est pas parce que l’on a 100 ans qu’on ne pourrait pas faire la teuf !

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Marie Morel n’a pas 100 ans mais son petit Regard arrive à son 100e numéro.

Pour les celles et les ceux qui ne le sauraient pas encore, Marie Morel, non contente d’être la fille de son père (l’éditeur) et de sa mère, la géniale maquettiste Odette Ducarre, est un peintre qui a 2 expos sur le gaz. Au Musée Faure, à Aix-les-Bains (18 avril-16 juin 2008) et chez Paul Gauguin, à Pont-Aven, à la Galerie B (31 mai-27 juin 2008).

992736442.jpg    Et figurez vous que ce peintre édite depuis des… 496535063.jpgun amour de petite revue à glisser dans la poche intérieure de son kangourou quand vous partez on the road again vous refaire des mollets d’acier et perdre les fatals kilos de trop gagnés à vous gaver du cake aux olives concocté par votre copine Sophie.

Regard accompagne votre vie durant les mornes stations de métro qui séparent votre nid d’amour du lieu de vos exploits bureautiques.

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Regard est surprenant comme un bonbon sous un papier qu’on défroisse. Régalant souvent, décevant parfois, suivant que vous vous intéressez plus ou moins aux artistes dont MM fait pour vous la rencontre, un par un, chaque numéro traitant un cas de ses attachantes figures qui forment sa tribu.

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Acidulé et divers, Regard poursuit opiniâtrement son bonhomme de chemin car on sent chez sa maman quelque chose d’inaltérable, d’inflexible même. Certains diront qu’on ne lui connaît pas d’ennemis. Elle doit bien en avoir pourtant, comme tous les gens qui osent manifester des choix, dire leurs préférences, mais elle préfère les ignorer.

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Les créateurs qu’elle interroge avec une sorte de naïveté charmante et désarmante aux faux-airs de zazie en première communiante, n’appartiennent pas tous à la famille nombreuse de l’art brut, éloignés cousins et arrières-cousines compris.

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Comme Marie a beaucoup d’amis, elle peut se permettre de jouer avec les nerfs du lecteur.

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Marie nous enchante, Marie nous désespère, au fur et à mesure que nous trouvons ou non chez elle notre tasse de Lapsang Souchong. On s’abonne, on faiblit, on oublie, puis on se bonne et rabonne à Regard.

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Si comme votre petite âme errante, vous avez un peu perdu le fil du Regard, c’est le moment d’une bonne piqûre de rappel.

A la Halle Saint-Pierre (on ne présente plus) le jeudi 24 avril 2008 de 18 h 30 à 21 h 30, vous pourrez compléter votre collec de Regard, vous en prendre pour 10 ans, vous faire dédicacer les anciens numéros par certains des artistes regardisés, avoir une pensée pour ceux qui nous ont quittés mais dont les ombres danseront joyeusement le rock’n roll dans le show qui ce soir là réunira musicos, glapisseurs de micro, émules de David Copperfield (pas le vrai, le magicien), gugusses et clowns blancs (il y en a toujours à la HSP), acrobates (c’est haut de plafond), poètes et papouètes.

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Photo : Théatre onirique 

Car faut-il prendre une sono pour vous le dire : chez Saint Pierre, c’est la fête à Marie, c’est la fête à Regard !

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P.S. ouaf, ouaf ! (lu et approuvé) mais la P.A.E. oublie de vous dire qu’il y a un bouquin sur Regard qui sort à cette occasion.

Il y aura du canigou.

 

Signé : Louping

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08.03.2008

Les finances de ma belles mère ...

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J’aurai pu m’en apercevoir avant puisque le livre portant ce titre a été imprimé sur les presses d’Harpo & à l’automne 2006 et que mon blogounet existait déjà mais y’a des fois, je suis distraite. Quand on s’appelle Harpo &, on pense aux Marx Brother et ça ne peut pas être mauvais, même si ce petit éditeur, à l’origine de ce recueil de 16 lettres inédites de Gaston Chaissac, habite Marseille et non Hollywood, chemin du Mauvais Pas précisément.

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Sous une couverture qui imite une enveloppe timbrée, l’ouvrage en question marie le sable d’une plage (pour les pages de texte) et le bleu du ciel vendéen (pour les notices de Nadia Raison entrelardées dedans).
C’est Annie Chaissac et les Gautrot (Marcelle et Jean-Edouard), par ailleurs libraires de chics beaux anciens bouquins, rue de Seine, qui ont permis la publication de ces lettres au Dr Périgord, à René Mendès-France, au maire de Martigné-Briant, au Directeur des Nourritures Terrestres, à Jean Vodaine et à Iris Clert.

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Sacré Chaissac ! Au milieu des détails oiseux, savoureux comme une omelette aux œufs de condor, au milieu des évocations de la visite de Guy Selz pour le journal Elle, des Inspirés et leurs demeures de Gilles Ehrmann, le voilà-t-il pas qu’il décoche, en vrai Comanche de la peinture, son trait acéré.
550763220.jpgC’est pendant son séjour à Vence, chez Dubuffet. Chaissac s’est déjà farci «les Picasso, du musée d’Antibes, le moulin à Huile du pont des loups, à Cagnes-sur-mer, le sympathique village perché du Coursegoules, etc». Sans oublier (il fait semblant de s’en souvenir subitement) : «la chapelle du Rosaire à Vence, qui avec ses matisseries semble être la réalisation d’un gamin de l’école Freinet, à qui la Vierge serait apparue non point dans un champ de luzerne mais au lavatory».

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Une phrase à verser sans doute au dossier de l’art patenté et de l’art patenteux, son cousin et son envers. 

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25.01.2008

Déplacements à l’abbaye Sainte-Croix

On a bô dire, on a bô faire, on peut pas être partout. Malgré tous les dons dont la nature l’a gratifiée, votre P.Â.E. est dépourvue de celui de l’ubiquité. Elle regardait la Normandie au fond des yeux et pendant ce temps la Vendée fait des siennes. 60a626f8097d425e9bfc82564857790b.jpgJe repasserai donc pour assister à la journée de Lectures de Serge Fauchereau qui aura lieu demain, samedi 26 janvier 2008 au Musée de l’Abbaye Sainte-Croix! Mais les celles et les ceux qui se trouveraient en villégiature dans la région peuvent remettre leur excusion à l’île de Ré et courir fissa à la salle de conférence de cet incontournable carrefour de l’art des Sables d’Olonnes.

Animé par Benoît Decron, son conservateur, le Musée de l’Abbaye de Sainte-Croix n’a qu’un inconvénient : celui de crécher un p’tit peu loin de ma tanière parisienne.

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Le MDASC. possède à son actif quelques expos peu banales sur des artistes trop méconnus malgré la force et l’originalité de leur œuvre, Anton Prinner par exemple.

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En ce moment, il s’y tient la première rétrospective sur le surréaliste roumain Ghérasim Luca, auteur du Vampire passif, cet ovni littéraire paru en 1945 quand l’art brut était au biberon.

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On attend avec impatience que les blogs surr se décident à nous en parler.
Moi, pour en revenir à mes sujets chouchous, je vous invite à looker le portrait de Serge Fauchereau par Alexeï Vassiliev qui orne l’invitation à la Table Ronde sable-dolonnesque de samedi (14 h).

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Ecrivain et critique d’art, Fauchereau, comme vous le savez, a plusieurs livres sur Gaston Chaissac a son actif. Super-accroc de la région où, encore ado, il rencontra le Gastounet, il a choisi –c’est ça le scoop- de faire don au MDASC. de ses archives, de sa doc, de ses bouquins et d’un ensemble d’œuvres d’art.
On comprend qu’à cette occasion des orateurs comme Bernard Rancillac, Jean-Claude Marcadé, etc. se soient déplacés. Prévue aussi Mme Joëlle Pijaudier-Cabot que les Animuliens connaissent parce qu’elle fut le conservateur en chef du MAM Lille-métro de Villeneuve d’Ascq avant de diriger les musées de Strasbourg.

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A 5 p.m. (17 h en Céfran standard), avis aux chasseurs d’autographes, séance de dédicace avec Serge Fauchereau qui se fera un plaisir de mettre votre nom sur son livre édité par André Dimanche à Marseille : Gaston Chaissac. A côté de l’art brut, un essai de bonne et mauvaise humeur.

16.12.2007

L'art brut saisi par l'esthétique

5b181bbd12c8ca79d092dd3f5d4fe707.jpegC’est comme dans la chanson de Berthe Sylva, on devrait m’appeler «la dénicheuse». Je débusque les revues confidentielles, plus camouflées que des oisillons dans une haie.

Cette fois, c’est une savante publication que je ramène dans ma gibecière de braconnière de chez Tati (pas le cinéaste dont je salue le centenaire).

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Recherches en Esthétique - c’est son nom - est l’organe du C.E.R.E.A.P. Ce que signifie ce sigle, j’en sais que couic. Ce que je peux vous dire c’est que REE est publiée avé des concours martiniquais et guadeloupéen : IFUM et DRAC. Cela vous fait une belle jambe ? D’ac mais le truc c’est que le n°13 de Recherches en Esthétique est placé sous l’enseigne de La Relation au lieu, ce qui nous vaut deux papiers sur des créateurs d’art brut.

L’un hyper-connu : Arthur Bispo do Rosario et l’autre pas étranger aux Animuliens : Adrien Martias.

Les articles en français sur Bispo sont trop peu nombreux pour que je signale pas celui de Anne Dallier-Popper bien qu’il soit pas illustré. Il s’intitule : A l’écart de la vie et du monde de l’art : A.B. do R. Ce titre reprend celui d’une expo de 1982 organisée à Rio de Janeiro, par le critique brésilien Frederico Morais : A Margem da vida.

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Disons, pour simplifier, que l’article de Mme Popper s’emploie à mettre en évidence les motivations différentes qui singularisent les œuvres de Bispo (accumulations, installations ou «psycho-objets», étendards, vêtements) lorsqu’on les compare à celles des courants artistiques contemporains dont on les rapproche souvent : duchampisme, Nouveau-Réalisme, Arte Povera.

Adrien Martias, pour sa part, fait l’objet d’un traitement attentif par Béatrice Steiner. Celle-ci, sous le titre un peu chinois de La Grande muraille d’Adrien Martias y développe la notice dont elle nous avait offert la primeur le 9 février 2007.

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Faute de données biographiques bien certaines, B.S. est amenée à se poser des questions, sur l’ancrage de Martias dans «les mythes de sa culture», voire dans le «culte Vaudou». Plus décisives me paraissent ses envolées sur le thème de l’enfermement : «L’enfermement met en scène un fantasme très archaïque, celui d’un risque de fusion avec un corps Autre. Menace immatérielle réveillant la crainte, bien réelle, d’un magma engluant, semblable à ce que l’on ressent dans les cauchemars.» Bien jeté, non ?

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Aussi bien que Mme Popper qui nous dit que le «travail acharné» de Bispo «peut se définir comme une sorte de reconstruction de la vie dont il est éloigné, voire (…) un sanctuaire de vie à préserver». 

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Arthur Bispo do Rosario statufié dans sa région 

Bravo les filles ! Ceux et celles que branchent cette popperisation et/ou steinerisation feront bien de noter que Recherches en Esthétique est diffusée par Jean-Michel Place et qu’on la trouverait chez Tschann à Paris, chez A Plus d’un titre à Lyon, chez Le Chercheur d’art à Rennes.

Ciao, ciao !

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13.12.2007

Pierre Honoré, artiste-paysan

Pierre Honoré. Avec un pareil nom, allez donc chercher sur l’ami Gougueule ! Il vous en sert des tonnes avec généalogies en pagaille. Et quand ce patronyme est suivi de la mention «artiste-paysan», c’est pas mieux. Comment ? Un sculpteur autodidacte dans le bocage ?

On a beau savoir que la Mayenne cultive l’anticonformisme, on soupçonnerait presque une supercherie.

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Pourtant, il faut se rendre à l’évidence, de très sérieuses institutions comme le conseil de la Mayenne (grade : général), mademoiselle l’Europe et le C.C.V. (Communauté de Communes de Villaines-la-Juhel) ont uni leurs efforts pour que naisse aux Editions Siloé, une maison créée à Laval en 1982, un bouquin blanc comme un morceau de sucre dont l’auteur est un certain Jacques Dubois (pas pratique non plus les investigations gougeuliennes avec un blaze si françois) et le photographe Bertrand Bouflet qui a travaillé (tiens, tiens…) avec le sculpteur Louis Derbré, bien connu à Ernée et dans le monde entier. Le bouquin s’intitule, vous avez compris, fines mouches animuliennes, Pierre Honoré, artiste-paysan et ça vient de sortir en novembre 2007.

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Cela fait des dizaines d’années que Pierre Honoré sculpte et modèle son domaine «oriental» et sa maison situés dans le creux d’un vallon dominé par le mont des Avaloirs aux confins de la Mayenne et de l’Orne. Et on ne le savait pas. Son œuvre, constituée de statues en grès ou en granit, de pièces en bois de madriers, de mosaïques à belles alanguies accuse un fort (trop fort parfois) penchant pour les divinités khmères.

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C’est que son goût de la lecture l’a entrainé, lui qui, à 13 ans, a dit bye bye à l’école, vers les récits d’explorations, le journal L’Illustration et les images de l’ex-colonisation. Il s’égare parfois dans des Egyptomanies assez fades puis se reprend de belle façon dans des bustes et des têtes que l’on dirait du meilleur style «grotesque» façon 18e siècle. Il ferait presque penser alors à une espèce de Barbu Müller par sa capacité à s’accommoder de l’ingratitude du matériau.

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Ce qui le sauve, c’est les grosses poitrines de ses femmes sculptées manifestant un tranquille érotisme. Je sais pas si le papier couché de l’édition y est pour quelque chose mais la repro des photos est pas formidable et même carrément sombre sur celle offrant le portrait du créateur sous un grand chapeau de paille qui lui mange la figure. On se prend à se demander (tiens, tiens …) si c’est pas fait exprès. La crainte d’une mise en scène nous effleure à nouveau mais il y les logos de l’Europe, du C.G., du C.C.V. etc. Pour vous faire votre idée, HT le livre et consultez la plaquette Prisme.

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1e9e51d598a7b3764a3b08a5fe789ce3.jpgDans les temps (juin-août 1997, le n°13 de la Revue Maine Découvertes a parlé aussi de Pierre Honoré, Le paysan orientaliste, né en 1925, qui a conservé tout ce qu’il a fait depuis qu’il s’est mis à l’art dans les années 50 du siècle 20. Ancien conseiller municipal, il a créé une asso d’artistes amateurs : le Club des Artistes de l’Ouest.

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29.10.2007

Sublime Spaces et Visionary Worlds

La mondialisation est une belle chose.

Imprimé à Singapour, publié à l’occasion d’une méga expo à Sheboygan dans le Wisconsin, un gros bouquin vient de tomber dans ma  bibliothèque pantruchienne  en provenance de New York, porté par les bras fragiles de ma copine Lucette.

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Harcelez d’urgence votre libraire pour qu’il vous fasse venir fissa les 427 pages de ce Sublime Spaces et Visionary Worlds car, croyez-en votre petite âme errante, c’est pas de la daube ! Coédité par la Princeton Architectural Press (NYC) et par le Joan Michael Kohler Arts Center de Sheboygan, Sublimes spaces… a pour principal auteur Leslie Umberger, conservateur du JMKAC. Rien que son sous-titre est matière à gamberge : Built environments of vernacular artists. Je garde pour la soif cette notion de «vernaculaire» qu’on applique chez nous à la langue. Non le jargon des grosses têtes en col blanc mais la tchache en basquettes de tous les jours.
Cela fait déjà 35 piges que le JMKAC s’esquinte le tempérament à la préservation des environnements d’art issus de la création autodidacte. C’est dire s’il a de l’expérience. 22 de ces environnements sont présentés dans ce livre avec une icono impressionnante qui mêle repro de documents anciens et clichés en couleurs de qualité. Certains toujours intacts et d’autres qui ont été démantelés.

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Impossible de les énumérer mais sachez que vous trouverez Eugene Von Bruenchenhein (1910-1983) et ses photos de Marie que vous connaissez peut-être déjà,

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Tom Every qui fait la couverture et des vedettes comme Sam (j’ai toujours cru que c’était Simon) Rodia.

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Pour ma part, je me focaliserai sur le cas de Emery Blagdon (1907-1986) que j’ai eu la chance de rencontrer quand son œuvre a été montrée à la 4e Biennale de Lyon en 1997. 70182b6c7b82845665ad85e212ecc7af.jpgNé dans un petit bled du Nebraska, après des années de vagabondage et de recherche de l’or californien, Blagdon s’installe sur la ferme paternelle.

Tate Archive - Photo M. Kinley

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Tate Archive - Photo B. Adilon

 

A la fin des années 50, il commence à monter un  dispositif, à base de fils de fer et de feuilles d’alu, pour canaliser les courants électriques de la terre et les employer pour guérir cancer (sa mère est morte de ça) et autres maladies.

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Après sa mort, son domaine est vendu aux enchères.

Par chance les 400 pièces qui composaient sa machine guérisseuse (Healing Machine) sont sauvées et préservées aujourd’hui dans la Collec de l’Art Center.
 

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Quand on voit combien chez nous il est difficile d’obtenir la préservation d’environnements d’art brut ou populaires majeurs, comme le Jardin de Gabriel Albert à Nantillé, on regretterait presque, sacrebleu, de ne pas être Américains.

17.10.2007

Le Décimo nouveau est arrivé

4b772c155b475f9c5bf7f8581cc49b7e.jpgAlerte rouge sur le front de l’art brut. Le Décimo nouveau vient de sortir. Votre petite âme errante vous avait déjà signalé fin 2006 l’imminence de ce bouquin intitulé Les Jardins de l’art brut.
C’te fois-ci, il est signalé en chair et en os (c’est à dire en 288 pages et en 270 zimages couleurs et N/B, sous reliure s.v.p.) chez son éditeur, Les Presses du Réel.
Comme L.P.R. précise qu’il s’agit d’une «édition française», je me demande s’il y a de la version in english sous roche. On verra bien.

En attendant achetons les yeux fermés cet «essai sur la naissance et le devenir de l’art brut» assorti d’un parcours imagé hors les musées donc plus près des muses.

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Faire confiance à priori à Marc Décimo, au nom prédestiné puisque lingouiste et sémiotichien autant qu’historien (histo-bien aussi), ne me paraît pas chose impossible.
Le monsieur a fait ses preuves dans le délicat domaine des «fous littéraires».
Trouver la thune (26 €) pour mettre sur vos rayons de petits butineurs et/ou petites abeilles intellos ce livre, où il est, paraît-il, beaucoup question de la bisbille entre le Raymond (Queneau) et Dédé des Amourettes, ça ne devrait pas être trop sorcier, j’espère.
De toutes façons, vous avez quelques jours devant vous pour taper votre mamie ou votre daddy, le temps qu’il faudra pour qu’il apparaisse sur les gondoles des supermarchés du papier.

22:45 Publié dans Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : marc décimo, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

19.09.2007

Verheggen et les indisciplinés

e1da2cff32b90f30f4f4fdb66efbfc03.jpgSi je vous dis que je louche, ça vous étonnera pas. Un œil sur Bruxelles dont j’ai arpenté, ce ouikène, les pavés, en basquettes chromées achetées passage de la Reine et un œil sur Montréal d’où j’ai reçu un accordéon de pensées brutes.
A Bruxelles, les garçons de café vous demandent en anglais ce que vous voulez. La langoustique françoise heureusement se porte mieux du côté de Jean-Pierre Verheggen (prononcez «Veur» et non «Vèr»).

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Pour accompagner l’expo Un Bug sur la langue de Chantal Maes, une jeune artiste photographeuse, ce grand et fort poète wallon a donné en 2005 une préface et un texte au fil desquels il lui arrive de cligner de l’œil à Chaissac.

9dd9dccd5dfbdd82755dab0b766e7a99.jpgRéuni dans un coffret avec des écrits de Christian Dotremont et un DVD de «logopédie», l’ensemble, publié par l’Asso Jeunesse et Arts plastiques, célèbre les vertus du bafouillage qui est à la tchache ordinaire ce que la main gauche est au dessin d’un droitier.

Décalage et sagesse oblique sont aussi au rendez-vous des bons mots empruntés à la crème des créateurs québécois par le dépliant de la Société des arts indisciplinés. Créateurs selon notre cœur puisqu’on trouve réunis là Roger Ouellette, Léonce Durette, Arthur Villeneuve,

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Palmerino Sorgente,

Richard Greaves, Charles Lacombe «Je suis un sculpteur sans fin comme une vie sans fin»,

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Emilie et Adrienne Samson.

Tous noms qui devraient dire quelque chose aux Animuliens qui lisent fidèlement les élucubrations de leur petite âme errante.
Ce beau monde dont les images défilent le long des 8 volets du document vient nous rappeler le lancement d’une nouvelle publication des Editions du Musée Canadien des Civilisations.

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Ce bouquin est l’œuvre de Valérie Rousseau, chercheuse associée à cette prestigieuse baraque et directrice de la SAI. Basé sur des entretiens avec les créateurs, Vestiges de l’indiscipline (c’est son titre) nous offre un tour d’horizon précis sur les Environnements d’art et anarchitectures de la Belle Province. «Vin et bouchées seront servis» à la Cinémathèque québécoise à cette occasion lors du colloque L’Objet à l’œuvre.

En vous grouillant un peu vous pouvez encore vous y pointer. C’est boulevard de Maisonneuve Est, au 335. Par le tromé  : Berri-UQAM.

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