12.03.2012
Le printemps vient, l’art brut pousse
C’est trop la mauvaise période pour un blogounet comme le mien ce printemps des musées d’art brut qui s’annonce! A Lille, à Lausanne, à Paris, voilà que ça crépite en expos, en conférences, en séances de ciné diverses et variées.
A tout seigneur, tout honneur, je commence par la Maison mère : la CAB de l’Avenue des Bergières, située à 10 mn chrono de La Riponne. L’institution (entre guillemets) lausannoise donne la parole à celui qui 25 ans durant (1975-2001) fut son conservateur. J’ai nommmmmmé (comme on dit au catch) Michel Thévoz. Ce sera le 29 mars à 19 h. Attention, on manquera de chaises! Le titre de sa causerie : Le Miroir onaniste ne laisse guère de doute sur l’angle d’attaque. Il s’agit bien sûr de l’œuvre de Josef Hofer dont le côté zizi-panpan gêne aux entournures de distingués commentateurs soucieux de la rendre présentable aux amateurs d’art dit-contemporain (voir mon post du 2/12/2011)
Le carton de l’expo Josef Hofer et le miroir (qui se terminera le 13 mai 2012) enfonce le clou : «la sexualité est au cœur de la représentation et constitue l’unique thème, central et obsessionnel de l’œuvre». Point barre.
Du côté de Villeneuve d’Ascq, les Animuliens feraient pas mal d’orienter leur GPS en direction du LaM et de son expo «Théma Art Brut» Collectionneur de mondes . Date de mort : 13 mai 2012, ça laisse de la marge. Cette expo présente 250 œuvres sur les 5000 rassemblées par les collectionneurs suisses Korine et Max E. Anmann. On nous promet de l’art brut, de l’art naïf, du folk art, des singuliers. Le tout enrôlé sous la bannière de l’«art différencié». Du moins si j’en crois le gros livre qui accompagne cette expo déjà montrée en 2011 à la Chartreuse d’Ittingen en Suisse.
Merci à l’Animulien sympa qui me l’a rapporté de là-bas. Ce bouquin pèse son poids avec ses nombreuses repros en couleurs! Selon lui, l’art différencié serait un terme «relativement neutre» permettant de parler, en plus des catégories citées plus haut, «d’art populaire, d’images réalisées par des personnes handicapées mentales et d’autres phénomènes marginaux de la production artistique (…)».
Ce qui nous vaut des rencontres surprenantes avec une tonalité brute en fond de sauce. Allez-y voir, la place me manque. Les «mondes» du titre font référence à 7 divisions (Hommes et émotions, progrès et machine, enchevêtrement de lignes et ivresse de couleurs etc.) rendant compte de la «richesse prolifique» de la collection qu’on aurait souhaitée cependant plus concentrée.
Il semble qu’on se donne un mal de chien en ce moment pour éviter d’employer le mot «art brut».
Aussi l’expo de la Halle Saint-Pierre qui commence le 22 mars 2012 (vernissage avec invit) s’appellera Banditi dell’arte et non «L’Art brut italien» bien qu’il y soit question de ça et que son emblème soit ce «Nouveau monde» de Francesco Tosi dont je vous ai déjà touché deux mots dans mes Notes d’art brut du 7 juillet 2010.
Le ouikène du 24-25 mars, des films seront projetés dans l’auditorium de la HSP, sur Podesta, Ghizzardi, Buffo, Barbiero, Bosco notamment. Cerise sur le gâteau : la présence de Lucienne Peiry est promise dans ce fief de Martine Lusardy.
23:55 Publié dans art brut, Expos, Miscellanées | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, art brut italien, michel thévoz, josef hofer, collection de l'art brut, lam, korine et max e. anmann, halle saint pierre, francesco tosi, lucienne peiry, martine lusardy | | Imprimer | | |
22.01.2012
L’OAF de NYC fête ses 20 ans
Des fois la vie vaut d’être vécue. Par exemple quand je reçois dans ma boîte aux lettres le catalogue de la prochaine vente de Martine Houze qui aura lieu à l’Hôtel Drouot le mardi 7 février 2012 (salle 1).
Je passe un bon moment à le feuilleter en rêvassant sur les milliers d’objets petits et grands qu’il contient, rassemblés en séries dont la simple énumération est un poème bachelardien : «la poterie de terre … le feu et la lumière… couture, parure et écriture etc». Peu de choses pour moi cette fois-ci. Cette page peut-être avec une statuette d’homme nu en fer oxydé du XVIe ou XVIIe siècle.
Mais ça fait rien, l’art populaire ça me repose. J’ai l’impression –peut-être à tort– que c’est un domaine bien peinard sur lequel les vieux renards de l’art contemporain, les jeunes loups de l’art-thérapie ou les lionceaux de l’art singulier (sans parler des autruches du grand n’importe quoi) ne se donnent pas rendez-vous pour se faire les dents.
Mais ne crachons pas dans la soupe à Dubuffet. Tout tiraillé qu’il soit dans tous les sens et sommé de rendre gorge à tous les coins de colloques, l’art brut conserve son charme. Celui de s’inviter chaque année à l’Outsider Art Fair de New York qui aura lieu cette fois-ci du 27 au 29 janvier.
Trente deux galeries au menu de cette version 2012. Impossible de les énumérer toutes. Allez donc sur le site officiel de l’OAF et cliquez, cliquez, cliquez de vos petits doigts animuliens sur celles qui vous branchent.
J’ai noté pour ma part, en vitesse, la présence du Creative Growth Art Center, celle de l’Outsider Folk Art Gallery de Philadelphie (parce que ma copine Boistine expose dedans) et celle –côté France– d’une galerie du boulevard Haussmann à Paris (Les Singuliers) qui va de l’avant sous le drapeau d’une «ruée vers l’art débridée» des années 80 dont «les principaux mentors» sont Bazooka et les artistes de la Figuration libre sétoise. Ce qui nous emmène un peu loin!
Je me suis laissé dire d’ailleurs que, en ce 20eanniversaire de l’OAF, les débats ne manquaient pas outre-atlantique sur la spécificité du champ d’application de la Foire et sur sa «marchandisation» un peu trop voyante. On en aura sans doute un reflet dans la quantité de parlotes qui accompagneront cette OAF 2012 et dont vous trouverez la liste ci-dessous.
Nos petites voix européennes y seront bien représentées. Le 28 janvier notamment, Sarah Lombardi, la nouvelle directrice ad interim de la CAB panellisera avec Barbara Safarova d’abcd tandis que Bruno Decharme et James Brett, leader du Museum of Everything converseront sur l’obsession collectionneuse.
Pour terminer sur une note encourageante cette chronique commencée de même, je signalerai le retour, dans le rôle de modératrice des principaux échanges, de Valérie Rousseau dont les activités «indisciplinées» subissaient une éclipse depuis quelque temps. Valérie avec un accent sur le é comme il sied à une Québécoise, même quand elle est newyorkisée.
12:20 Publié dans Ailleurs, art brut, Encans, Expos, Miscellanées, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : martine houze, art populaire, art brut, outsider art fair, sarah lombardi, collection de l'art brut, barbara safarova, bruno decharme, abcd, james brett, museum of everything, valérie rousseau | | Imprimer | | |
30.11.2011
Une nouvelle mission pour Lucienne Peiry
Le hasard veut qu’au moment où je reçois le 23e numéro des fascicules de l’Art Brut, la nouvelle du départ de Lucienne Peiry tombe sur mon téléscripteur. Merci à la généreuse Animulienne qui a propulsé ce diamant vert dans ma boîte aux lettres même si j’ai dû prendre un ouvre-boîte pour l’extraire (cher facteur, évitez à l’avenir de coincer mon courrier). Vous êtes une mère pour moi, madame la donatrice de si précieux cadeau! D’autant que votre lettre d’accompagnement se terminait par un «bien à vous ma chère»!. Evidemment, on m’avait menti. La couverture du 23 n’est pas vert pomme comme je le croyais (voir ma note du 15 octobre) mais sous sa robe émeraude qui a l’air de sortir de chez La Fée Maraboutée, il est très bien quand même.
Avec tous les téléphones portables qui vous couinent dans les tuyaux, je n’ai pas pu le lire dans le métro. Aussi suis-je incapable de vous livrer mes réactions que «vous seriez ravie de connaître». Je n’ai pu que le feuilleter et admirer les beaux portraits de créateurs qui «entent» (comme dirait André Breton) chacun des articles. C’est une innovation qui n’a l’air de rien mais qui nous entraîne sur une pente de personnalisation bien propre à l’époque.
J’ai choisi de vous parachuter Guo Fengyi dont la Collection de l’Art Brut montre depuis le 18 novembre dernier et jusqu’au 29 avril 2012 plusieurs dizaines d’étendards poétiques.
Est-elle pas mimi? On dirait une framboise des bois. On croirait pas que si petite dame puisse être l’auteur de si amples compositions.
Le texte que ce portrait chapeaute est de Lucienne Peiry. Nous y revoilà car je vous sens bouillir d’impatience. Sachez donc que les aventures de Lucienne Peiry s’enrichissent d’un épisode supplémentaire.
Lucienne s’en va, Lucienne nous abandonne, Lucienne Peiry «quitte la direction du musée de l’art brut» comme nous l’apprend 24heures.ch, journal numérique. Occultation momentanée en fait, rassurez vous, puisqu’elle se voit confier par la municipalité lausannoise un poste d’ambassadrice de la Collection.
Je n’ai pas tout bien compris mais d’après la presse, madame Peiry accèdera au poste d’attachée culturelle, dans un contexte de concurrence accru avec les nouvelles institutions (?) qui s’occupent du même sujet en Europe et celui d’une extension du marché de l’art brut.
Elle «sera ainsi la porte-voix de la collection, chargée d’enrichir son catalogue, de concert avec la direction et de stimuler la recherche scientifique» nous dit Marco Danesi dans Le Temps du 29 novembre 2011.
Cela nous promet de l’animation et à Lucienne Peiry du pain sur la planche. Elle va devoir retrousser ses manches et je lui souhaite de ne pas les tremper dans le café!
Le poste de direction de la Collection de l’Art Brut sera mis au concours. En attendant que quelqu’un soit recruté c’est Sarah Lombardi qui assurera l’intérim. Bon courage Sarah! Au boulot, madame Peiry! On vous en souhaite tant et tant.
00:37 Publié dans art brut, De vous zamoi, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, lucienne peiry, sarah lombardi, collection de l'art brut | | Imprimer | | |
15.10.2011
L’art brut se met au vert
Semaine granny en perspective. Elle commencera bien, dans une tonalité vert pomme. Car tout d’abord, qu’est-ce-que j’apprends? Le 23e Cahier de l’Art brut pointe son museau. A force j’y croyais plus. Le dernier en date remontait à perpète (2007). «Cahier» bien sûr est un abus de langage. C’est «Publications de la Collection de l’Art brut» qu’il faut dire, bien que maintenant -innovation- ce numéro vert soit publié par InFolio, éditeur suisse spécialisé dans l’archéo, l’archi, l’hist-art ou la photo.
On avait eu toute la palette de la tranche napolitaine avec ces cahiers depuis leur début, du temps où mon daddy était minot (1964). On a eu le bon goût de ne pas changer la maquette de la couverture avec le titre en écriture à la Dubuffet. La seule excentricité est dans la couleur qui change à chaque fois. Et cette fois-ci, elle est d’un vert «granny Smith» appétissant.
Le contenu est mondialiste et transchronique. Les œuvres abordées sont celles de créateurs européens, américains et asiatiques découverts il y a longtemps (Guillaume Pujolle, Laure Pigeon) ou plus récemment (Alexandre Lobanov, George Widener, Guo Fengyi), etc. Allons-y voir. Pour 48 Francs suisses, on va se régaler!
Il y a aussi, ça va de soi, Gregory Blackstock qui n’en finit pas d’inventorier les fouets
les oiseaux
les cafards du monde
Je vous avais parlé de ce gaillard là, il y a des lustres (voir mon post du 3 novembre 2006, Art brut ami, partout, toujours)
La Maison mère de Lausanne lui consacre une expo.
La «première en Europe».
Ce n’est pas parce qu’elle dure juqu’au 19 février 2012 qu’il ne faut pas prendre votre billet pour y aller. Les grands ouikènes approchent et les pauvres morts de la guerre de 14-18 ne vous en voudront pas si vous préférez la visite du Château Beaulieu à la dépose de chrysanthèmes sur la tombe de poilus inconnus.
Toujours côté vert mais avec des reflets roses cette fois, vous trouverez bien, dans votre garde robe un petit haut et un petit bas pour faire bonne figure au vernissage de la rue Haute (312-314) pour la nouvelle expo d’art & marges (économisons les parenthèses) à Bruxelles le jeudi 20 octobre 2011.
C’est qu’il ne faut pas plaisanter avec ça, les filles! ARTHUR BISPO DO ROSARIO c’est du lourd question ART BRUT.
Même si le leporello d’invitation en trois langues se croit obligé de nous prendre pour des pommes en nous assénant que ABDR «est une figure incontournable de l’art contemporain brésilien» («is een sleutelfiguur voor de hedendaagse Braziliaanse kunst»).
Saluons à ce propos l’effort soutenu de Carine Fol, co-commissaire de cette expo qui promet et promettra juqu’au 15 janvier 2012. En quelques années, elle aura réussi à se débarrasser de ce vilain petit concept d’art brut qui faisait tache dans les soirées mondaines bruxelloises ;-) . On n’est pas obligés de suivre son exemple mais réjouissons nous en, mes sœurs et mes frères : l’art brut n’est jamais plus lui-même que quand on ignore son nom.
17:51 Publié dans Ailleurs, art brut, De vous zamoi, Ecrans, Expos, Miscellanées, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, gregory blackstock, arthur bispo do rosario, art & marge musée, carine fol, collection de l'art brut, lucienne peiry | | Imprimer | | |
08.05.2011
Turin, Lausanne, Gugging : un trio d’expos
Je cause, je cause, souvent pour ne rien dire. Je ferais mieux de garder un œil sur le calendrier plutôt que de tchatcher. Voilà que j’ai loupé le vernissage de la Galleria Rizomi. Même si je ne pouvais vraiment pas être à Turin vendredi dernier, j’aurais pu vous le signaler pour le cas où. Enfin, vous avez jusqu’au 5 juin pour aller vous baigner dans l’ambiance tout à fait «mortelle» de Giovan Battista Podesta. J’emploie cet adjectif à cause du beau carton d’invitation mais il y aurait beaucoup d’autres choses à dire à propos de ce peintre-modeleur-décorateur dont les hippies des années de jeunesse à mon daddy aimaient les couleurs vives et les messages de vieux sage.
Par exemple, ce commentaire que j’emprunte au dit carton et qui nous éclaire sur le goût des costumes chamarrés de Podesta quand il accompagnait, à leur dernière demeure, ses concitoyens récemment décédés : «Fermato dai passanti incuriositi da barba e capelli lunghi, dal bastone scolpito con le stazioni della sua vita e da una cravatta decorata con becchini (squelettes) e scheletri (fossoyeurs) Podestà si preparava ad accompagnare ogni defunto di Laveno nel giorno della sua dipartita».
Pour rester dans le domaine italo-inspiré et parce que je suis encore dans les temps, je vous rappelle -parce qu’étourdis comme vous êtes vous l’avez peut-être oublié- que jeudi 12 mai 2011 à la Maison-mère sise à Lausanne c’est le vernissage du Colonel Astral, autrement dit Fernando Oreste Nannetti dont je vous ai déjà tout dit le 15 novembre 2009. Ce «diariste extravagant», comme l’appelle le dépliant invitatoire de la Collection de l’Art brut, a créé toute une épopée murale à la pointe d’une boucle.
Ces textes gravés qui font penser à de l’écriture étrusque seront présentés avenue des Bergières juqu’au 30 octobre 2011. On n’a pas pu transporter la cour de l’hosto psy de Volterra en Toscane où Nannetti a œuvré dans les salles de Château Beaulieu mais il y aura des fragments en fac-sim et des photos. Un catalogue contiendra un panorama de 7 mètres montrant le toutim et I graffiti della mente, le film de Pier Nello Manoni, le réalisateur-photographe à l’origine de cet hommage. Parmi les auteurs des textes, mon curseur s’est arrêté sur les noms de Lucienne Peiry, de l’écrivain Antonio Tabucchi et sur celui de Vincent Capt du collectif de recherche dénommé CrAB.
Pour compléter ce bouquet d’expos recommandables -animulatiquement parlant- comment se priver d’une floraison viennoise? Gaston Chaissac ! (avec un point d’exclamation s.v.p.) montre au Gugging Museum, jusqu’au 25 septembre 2011, une grosse centaine de dessins, collages, peintures, sculptures et totems du peintre-épistolier. «Zeitlebens war Chaissac nicht in der Lage, seinen Lebensunterhalt durch sine Kunst zu bestreiten» nous dit le dépliant qui présente cette expo. Grosso modo : «Durant toute son existence, Chaissac n’a pas été en mesure de gagner sa vie avec son art». C’est peut-être aller un peu vite et ne pas tenir compte des efforts de ses marchands, Iris Clert et Cordier-Ekstrom notamment.
Mais le Gastounet n’était pas toujours, sans le faire exprès, des plus coopératif. En bonus, au Novomatic salon (?), on nous promet une cinquantaine de travaux sur papier encore inédits car provenant d’Annie Chaissac. Parallèlement à la Galerie Gugging est annoncée aussi une «Einladung» où Chaissac est associé à d’autres artistes qui n’ont en commun que d’être français.
Organisée avec le concours de 3 galeries, respectivement parisienne, anglaise et suisse. Le vernissage est le 26 mai et elle durera juqu’au 2 octobre 2011. Elle s’intitule : Vive la France !
Bon, je vous quitte car ça me fait penser à mes pommes de terre frites.
17:05 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, giovanni battista podesta, fernando oreste nannetti, gaston chaissac, gugging, galleria rizomi, collection de l'art brut | | Imprimer | | |
21.02.2011
Electric pencil et autres Smürtz
Petit bonus sur l’OAF mais non des moindres : The Electric Pencil. C’est seulement maintenant que j’ai pu mettre la main sur le catalogue de la foire. En couverture, un dessin de ce pensionnaire d’un asile de Nevada dans le Missouri dont je vous avais déjà signalé le surprenant travail dans ma note du 17 octobre 2010.
A l’intérieur un poétique passage d’oiseaux pour illustrer la page de la galerie qui les expose. Elle s’appelle aussi : The Electric Pencil.
Le surnom qui a été donné à ce créateur anonyme semble provenir du dessin 197. C’est vrai que son auteur a plutôt écrit : «ECTLECTRC» mais on va pas chipoter pour si peu. Electric, c’est plus commercial.
Les 280 dessins réalisés recto/verso sur de grandes feuilles de registre hospitalier ont été décousus de l’album fait main en cuir et tissu où ils étaient réunis. C’est ainsi plus facile à vendre.
Dans ma boîte aux lettres, est arrivé aussi le leporello nouveau de la Collection de l’Art brut à Lausanne. Si vous savez pourquoi on a donné le nom du serviteur de Don Giovanni à ce type de dépliant, merci de me le dire. C’est égal, celui-ci est fort beau. Avec un fond noir superbe, sur lequel j’ai hélas promené mes doigts poisseux car je venais de m’en servir pour consommer une de ces sucettes géantes qu’on appelle «couille de mammouth» dans les cours de récré.
Le leporello de Lausanne s’ouvre sur un Aloïse à tomber mais c’est surtout le petit texte introductif qui a retenu mon attention. Pourquoi? mais parce qu’à la question rituelle : «Qu’est-ce que l’art brut ?», il répond sans énumérer des vieilles formules mises sur orbite par Dubuffet il y a 40 ans. Un véritable effort définitionnel a été fait et ce n’est pas si simple. Si on avait voulu recadrer la notion d’art brut et lui restituer son sens à un moment où elle est trop souvent diluée dans des discours confusants, on ne s’y serait pas mieux pris.
Aussi j’applaudis et je passe à la soirée Art et Médiumnitéqui se tiendra le mercredi 23 février 2011 dans le cadre de l’expo Henriette Zéphir à la Galerie Christian Berst (entrez par la rue Chapon et engagez vous dans le passage des Gravilliers, maintenant vous êtes grands, n’ayez pas peur).
L’occasion est trop rare d’entendre Bertrand Méheust, philosophe du genre épistémologue et historien de la métapsychique. Qui s’intéresse d’un peu près à la médiumnité et/ou à l’automatisme mental tombe forcément un jour sur les 2 gros pavés de sa thèse intitulée Somnambulisme et médiumnité (1998).
Ils se lisent comme un roman parce qu’émanant d’une pensée claire et bourrés de faits et d’anecdotes. L’auteur étant hyper-bien documenté. A intervalles réguliers, je déguste pour ma part un article qu’il a donné dans la revue de l’Institut Métapsychique International (décembre 2003) à propos des créateurs comme Augustin Lesage, Marguerite Burnat-Provins, Raphaël Lonné. Un Schmürz dans le monde de l’art, c’est le titre de cet article. Laurent Danchin apportera son expertise puisqu’il est aussi de la partie ce soir là.
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19.12.2010
De nouveaux Pujolle à la Collection de l’Art Brut
Une fois n’est pas coutume, je vous la fais à la paresseuse, ma note. Un joli petit lot d’œuvres inédites d’un créateur d’art brut appartenant au premier cercle des découvertes de Jean Dubuffet, ça se laisse pas passer sans un gentil coup de clairon de votre petite âme errante.
Guillaume Pujolle - Buffalo Bill, 16.06.1947 - Collection de l’Art Brut, Lausanne.
Alors comme je raffole de Pujolle, je ne vous dirai pas bonsoir sans vous inviter à vous ruer dare dare sur le site de la Collection de l’Art Brut à Lausanne qui marque, en cette fin d’année, un sacré point et à qui j’emprunte pour la nécessité de l’information son image Buffalo Billiène (avec 2 LL comme GuiLLaume PujoLLe).
23:09 Publié dans Ailleurs, art brut, De vous zamoi | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, guillaume pujolle, collection de l'art brut | | Imprimer | | |
05.10.2010
En direct du LAM
Encore une bêtise d’Animula.
Dans la série ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît, votre étourdie de petite âme errante a oublié d’attirer votre attention sur cette hénaurme et définitive déclaration de madame Véronique Petitjean, directrice de la communication du LaM, devant micros et caméras de Grand Lille TV le 27 septembre 2010 : «On est finalement le seul musée -d’où ce côté très très unique en fait, très spécifique aussi- qui présente désormais une collection d’art brut, en France, en Europe et même dans le monde, je crois.»
Avouez que cette petitejeannerie mérite de passer à la postérité!
La Bourgogne (Fabuloserie), l’Helvétie (Collection de l’art brut à Lausanne) et la Germanie (Sammlung Prinzhorn) vont sûrement l’aimer très fort.
Si tel n’était pas le cas, ces trois contrées pourraient toujours se cotiser pour offrir à la dircom du musée à 3 casquettes de Villeneuve d’Ascq de petits cours de rattrapage. Après tout, celle-ci n’a eu que 4 petites années (durée des travaux de rénovation et d’agrandissement) pour étudier ses petits dossiers.
22:25 Publié dans De vous zamoi, Ecrans, Nos amies les bêtes | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : art brut, lam, villeneuve d'ascq, la fabuloserie, collection prinzhorn, collection de l'art brut | | Imprimer | | |
22.08.2010
Nous, ceux de la parole toujours en marche
Impossible de quitter Lausanne sans vous expédier les cartes postales Giovanni Bosco proposées à l’accueil de la Collection de l’Art brut. Les deux premières qui représentent des œuvres feutrales sur papier ou vulgarus cartonus ont été photographiées par Arnaud Conne.
La troisième est un cliché de Lucienne Peiry herself d’après une peinture murale à Castellammare del Golfo en Sicile, patria du créateur-fétiche d’Animula Vagula.
Ces C.P. émanent de l’Associazione Outsider Art Giovanni Bosco et de la Collec de l’Art brut de Lausanne réunies.
Elles vous parviennent au moment où ça bouge en Italie du côté de ce peintre qui reste la plus belle découverte récente en matière d’art brut. Son travail «extraordinaire» figurera en compagnie de ceux de 5 autres créateurs «hors normes» dans une expo collective à Gênes du 3 septembre au 3 octobre 2010. Si j’en crois le carton d’invitation au vernissage du vendredi 3 septembre qui a privilégié une tête-cœur graffitée par Bosco, c’est l’œuvre de celui-ci qui fait office (ça ne m’étonne pas) de locomotive à cette exposition qui se tiendra au Musée-Théâtre de la Commenda di Pré.
Joli nom pour un lieu destiné à recevoir voyageurs, pélerins et pélerines. Un lieu ouvert «pour relier peuples et cultures». Bravo aux Gênois et à la province de Gênes, bravo à la région ligure qui défend de telles valeurs un peu méprisées de notre côté des Alpes. Nous, ceux de la parole toujours en marche, titre de l’exposition, sonne pour nous Français comme une agréable manifestation de tolérance envers l’errance expressive en cet été 2010 synonyme d’imbécile ostracisme d’état.
Ce titre rappelle à mon daddy ces Voix d’en bas, une anthologie de poètes-ouvriers du XIX ème siècle, concoctée en des temps héroïques (1979) par Edmond Thomas, éditeurfan de typographie bien propre sur elle.
C’est pas idiot, sauf que là c’est plutôt le sous-commandant Marcos qui a donné le titre de l’expo gênoise faisant un clin d’œil (pas facile avc un passe-montagne) à une petite poésie de l’anti-leader mexicain : «Nous les sans voix, nous les sans visage».
Evitez de vous couvrir la figure mais passez les frontières, animuliens suisses, français et autres de passage dans la botte pour vous rendre à cette expo où Giovanni Bosco est en bonne compagnie. Notamment celle de Oreste Fernando Nannetti, champion de la boucle de ceinturon dont mon ravissant petit blogue vous a déjà parlé le 15 novembre 2009.
Les autres participants, dont Melina Riccio,
je les connais pas plus que ça, donc le mieux c’est d’aller faire un tour sur le dossier de presse de l’expo. Vous y verrez que Noi, quelli della parola che sempre càmmina a pour commissaire un danseur du nom de Gustavo Giacosa, épris de scénographie-installation et d’écritures anonymes.
17:00 Publié dans Ailleurs, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, giovanni bosco, collection de l'art brut, oreste fernando nannetti, melina riccio, gustavo giacosa, edmond thomas, editions plein champ | | Imprimer | | |
17.08.2010
Ataa Oko à tombeaux ouverts
C’est le tombeau ouvert de l’affiche pour l’expo Fabuleux cercueils du Ghana et d’Angleterre qui m’a séduite. La mort en Rolls Royce sortie des mains d’un menuisier africain, ça vous a un look d’enfer, même s’il faut aller à Besançon (Doubs).
Hélas, cette bonne ville franc-comtoise la joue plutôt dur pour l’automobiliste de passage. Le voyageur sur 4 roues est impitoyablement craché vers l’extérieur. Quand au parking en plein air, point de départ vers la Citadelle où l’expo se tient, il faut de la patience pour y trouver place. Le bus-navette pour le sommet est gratuit mais le billet pour la visite est global de chez global!
Comme elle n’avait pas envie de se farcir les fortifs de Vauban en bonus, l’Auvergnate que je suis a refusé de casquer les 10 euros et 25 cents réclamés par la fonctionnaire du tourisme local. Je me suis contentée de la vidéo et des images du dossier de presse mais vous n’êtes pas obligés de faire pareil : l’expo dure jusqu’au 4 septembre 2010. Avis aux cyclotouristes!
De rage, j’ai mis le cap sur Lausanne pour voir l’expo Ataa Oko (nettement plus facile de parquer et seulement 7,50 euros l’entrée).
Non sans me perdre auparavant dans des dédales de petites routes plus ou moins montagneuses où l’on croise parfois (près de Lons-le-Saunier) de timides tentatives artistico-rurales des bûcheurs de la région
ou des musées du jouet (à Moirans-en-Montagne) avec des transistors Philips bricolés par de petits Africains qui rêvent de technologies nouvelles.
Même si ses réalisations sont beaucoup plus impressionnantes, le Ghanéen Oko Addo (il signe ainsi) est le grand frère de ces autodidactes en herbe. Le grand frère ou l’arrière grand-père car, si ça ne fait que 7 ans qu’il est tombé dans le dessin, il a tout de même 90 ans d’âge.
Créateur de cercueils figuratifs personnalisés depuis 1945 (année d’invention de l’art brut), ses volailles pour l’au-delà sont de merveilleux jouets pour les défunts et leurs familles.
J’aurais pu vous en parler plus tôt mais puisque l’expo de ses œuvres à la Collection de l’Art brut est prolongée jusqu’au 30 janvier 2011, un p’tit rappel peut pas faire de mal.
Ataa Oko a ceci de particulier qu’il est passé d’une activité artisanale étroitement dépendante de la commande à un univers plus personnel où les emblèmes des autres ont fait place aux signes de son «commerce» intime avec les esprits.
Du moins est-ce ainsi que l’expo et le chouette album qui l’accompagne nous présentent la chose. Mais on peut se demander si le désir de l’ethnographe qui a encouragé Ataa Oko à dessiner, alors qu’il était inactif et à la retraite, n’a pas simplement pris le relais de l’ancienne demande collective, joyeuse et funèbre.
Peut-être bien qu’il en subsiste quelque chose dans ces excès de montres et de métamorphoses qui font certes l’attrait de la production récente de l’ex-menuisier-artiste mais qui ont l’air un peu sur-jouées en face de l’innocente fraîcheur des dessins où il se souvient de ses cercueils d’autrefois
13:02 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : ataa oko, collection de l'art brut, fabuleux cercueils, besançon, ghana | | Imprimer | | |