08.12.2014
Baptiste Brun et les brutes attitudes
Je partirai de la maison rouge. On va dire que j’y suis toujours fourrée. Mais je voulais pas rater la conférence de Baptiste Brun qui planchait le 4 décembre dernier sur le conditionnement du regard et l’art brut aujourd’hui.
Assistance fournie. Fallu brancher la clim.
J’ai pas tout noté. Il fut question de Podesta «performer», des polaroïds de Horst Ademeit dont on n’est pas sûr «qu’il voulait que ça soit exposé de cette manière là»
du Berger merveilleux qui chatouilla Max Ernst dans le sens du cadavre exquis (voir ma note du 13/06/2007).
Tout un tas de gros mots savants furent prononcés : «critériologie, démon de l’analogie, outil d’ébranlement épistémologique» et, le coolisme du conférencier aidant, tout le monde les dégustait à la petite cuiller.
Même moi, je comprenais! En me tortillant sur mon banc. «Pauvre tache!», je me disais, «tu aurais pu avoir une chaise si tu t’étais inscrite!». J’interrompis mon monologue intérieur pour faire passer le micro à un auditeur. Il regrettait qu’il n’y ait qu’un seul Giovanni Bosco dans l’actuelle expo de la maison.
Il aurait voulu en voir un mur. Le collectionneur, présent dans la salle, le consola en lui disant qu’il aurait aimé avoir de quoi le satisfaire.
«Vous me corrigerez …» répète modestement Baptiste Brun quand il s’aventure dans des analyses. On voudrait bien mais il ne se trompe guère. Et son topo repose sur des exemples précis.
J’aime pour ma part qu’il souligne combien le concept d’art brut «garde une efficacité opératoire malgré le phénomène de mode qui s’en empare». J’ai un peu plus de mal à le suivre quand il parle de «plasticité de la notion».
Mais j’ai trouvé passionnant qu’à propos d’Anarqâq, Baptiste Brun évoque ces cas-limites que Jean Dubuffet, après examen, a écarté de son corpus fondateur : les masques valaisans (voir ma note du 07/01/2007), Somük, artiste mélanésien occasionnel
les bambous gravés kanak (voir ma note du 06/07/2008). Malgré la singularité qui s’y attache pour des amateurs d’art occidentaux un peu tradi, ces productions relèvent en effet de pratiques collectives plutôt que de conduites farouchement individuelles. Anarqâq dont les déroutants dessins ont été récemment montrés dans l’exposition L’Art Brut dans le monde ayant transcrit par exemple ses visions chamaniques pour des ethnologues.
Notons à ce propos qu’un même esprit de commande aurait présidé aux crayons de couleurs anonymes de l’Angola qui sont montrés dans l’exposition Art brut, Collection abcd-Bruno Decharme. La plupart d’entre eux figuraient déjà l’année dernière dans l’expo Charles Ratton, l’invention des arts primitifs au Musée du quai Branly (voir ma note du 11/08/2013).
Maureen Murphy, l’auteur de la notice consacrée à ces dessins dans le catalogue du musée, indique qu’ils furent réalisés par «les garçons du village de Lubani (…) sans doute à l’intention des Européens (…)». Raison pour laquelle, elle est loin d’être catégorique à leur propos : «s’agit-il d’art naïf, d’art primitif ou d’art brut ?».
La question que j’aurais aimé poser -mais la conférence touchait à sa fin- c’est comment ces dessins d’enfant dont l’un (du même genre) fut offert par Ratton à Dubuffet, ont pu en un an devenir BRUTS pure laine en passant du bord de Seine au Port de l’Arsenal?
23:55 Publié dans art brut, Expos, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, baptiste brun, maison rouge, horst ademeit, giovanni bosco, anarqâq, somük, charles ratton, maureen murphy, bruno decharme | | Imprimer | | |
11.07.2013
BaBaBa BaBa Babel c’est toi qu’on aime !
Temps des vacances. Voici revenu le moment de s’ensauvager on the road again. Carte postale électronique d’une vaillante Animulienne. De retour de la Fabuloserie, «tout à coup» (je cite) «une fulguration! Nous avons découvert le jardin virevoltant d’un monsieur italien : une Babel de girouettes!». Diables d’Italiens! Toujours ardents à la création du bord de nos routes. «Babel», c’est peut-être un peu excessif pour cette ronde de vire-vent dans un ciel pommelé.
Mais je ne saurais en vouloir à Roberta Trapani, ma correspondante, l’une des têtes chercheuses du Collectif de Réflexion autour de l’Art Brut, si elle déborde d’enthousiasme. C’est qu’elle est plongée dans son sujet : celui des bâtisseurs italiens d’univers insolites. Joignant la pratique à la théorie, elle donne en ce moment un sérieux coup de main pour une exposition estivale qui se tiendra sur le site de Jean Linard.
Avec ses amis du PIF (Patrimoines Irréguliers de France), elle remet en état des salles délabrées pour accueillir les œuvres de Joseph Barbiero
Luigi Buffo (voir aussi mon album)
Joseph Donadello
et des photographies d’environnements de Giovanni Cammarata (en Sicile)
Luigi Lineri (en Vénétie)
et Bonaria Manca (dans le Latium)
La signorina Trapani m’avait touché deux mots de ce projet lors de la brillante (et très courue) soutenance de thèse de son camarade Baptiste Brun le 25 juin 2013 à l’INHA. Maintenant elle nous invite, mon chéri et moi, au vernissage, samedi 13 juillet 2013.
«Le climat est agréable, le Sancerre très doux, autant de bonnes raisons de se promener dans le Berry», paraît-il. Hélas, le chantier de ma nouvelle cuisine a pris du retard et je serai obligée de laisser mon auto au garage car j’attends les menuisiers.
Mais cette invitation est valable aussi pour vous! Et pour tutti quanti, naturalmente. Vous pourrez même, en soirée, vous offrir un «dîner babélique». Roberta a l’air de savoir cuire la pasta!
Cette expo made in France + made in Italy de créations dont les auteurs sont (ou ont été) italiens durera jusqu’au 31 juillet 2013 puis sera visible en septembre pendant les ouikènes.
Elle emprunte son titre : Costruttori di Babele au livre de l’anthropologue Gabriele Mina.
Une tour de Babel dans une cathédrale c’est empiler les images bibliques selon le principe des poupées-gigognes.
Ne pourrait-on nous lâcher les basquettes avec les références judéo-chrétiennes?
Ne peut-on penser qu’à l’ombre de la croix? Ou sous l’œil sévère d’un Yahvé ?
Je ne vois, pour ma part, nulle raison d’entraîner les «bâtisseurs italiens» dans une direction mystique. Je doute même de la volonté utopiste de leur démarche car je ne crois pas que leur façon de monter «à l’assaut du ciel» soit si présomptueuse que ça.
C’est pourquoi au «babélisme», je préfère de beaucoup, le concept d’hétérotopie (localisation physique de l’utopie). Il vient de Michel Foucault. Roberta Trapani a raison de s’en servir. Elle ferait même bien d’en abuser.
20:27 Publié dans art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut italien, roberta trapani, baptiste brun, crab, joseph barbiero, luigi buffo, joseph donadello, giovanni cammarata, luigi lineri, bonaria manca, gabriele mina, michel foucault, hétérotopie | | Imprimer | | |
25.09.2012
Le Musée imaginaire de Jean Dubuffet
On le croisait dans nos campagnes fabulosiques. Lancé à pleine vitesse sur des engins cyclistes dans nos espaces urbanistiques. Dispensant sa science dans des écoles louvresques. Fréquentant de vénérables librairies à la recherche de L’Homme du commun à l’ouvrage.
On le voyait dans le RER en route vers les grandes banlieues de l’art. Accueillant l’orage comme le soleil dès lors qu’il s’agissait de cueillir une information sur un Barbu Müller des familles. Conférençant à droite, à gauche. Un jour à Dijon, l’autre à Annecy. Emporté par ses chères études et le train pour Lausanne.
A force on le croyait perdu dans les greniers de la Collection de l’Art brut. Et bien, pas du tout. Baptiste Brun nous revient sur le blogue du CrAB avec un chouette article sous le bras qui montre que sa thèse avance à grande vitesse et que bientôt il sera docteur.
J’ai tort de plaisanter car allez lire cet article qui figure in extenso et en ligne dans le n°1 des Cahiers de l’Ecole du Louvre, vous verrez que c’est du sérieux. Et du sérieux dans une langue claire, ce qui ne gâte rien. Comptez pas cependant sur ma cervelle de piaf pour vous faire un compte-rendu de ce travail de Réflexions sur la documentation photographique dans les archives de la Collection de l’Art Brut.
Tout ce que je peux vous dire c’est que je suis reconnaissante à Mr Brun de n’avoir pas abandonné à la critique rongeuse des souris ce joli tas de photos grâce auxquelles Papa Dubuffet documentait ses recherches. On n’a pas toujours le temps d’aller vérifier à la Maison Mère et Baptiste l’a fait tranquillement pour nous!
J’apprécie aussi le parallèle comparatif qu’il dresse entre le Musée imaginaire de Malraux et ce qu’il appelle «le Musée imaginaire de Jean Dubuffet». Et je trouve éminemment jouissif aussi que Baptiste Brun fasse état d’une lettre de Dubuffet à Picasso à propos d’Auguste Forestier. Elle est datée du 21 mai 1945 comme la lettre adressée sur le même sujet à Raymond Queneau par Jean Dubuffet.
Voir sur ce point la notice Suisse ou France dans l’ouvrage abcd une collection d’art brut paru en l’an 2000. Douze ans après ce livre, l’article de Baptiste Brun confirme bien que, contrairement à certaines légendes, les recherches systématiques de Jean Dubuffet concernant l’art brut, commencèrent en France avant de prendre leur essor en Suisse. Depuis le temps que je me tue à le faire remarquer, ça fait plaisir!
00:05 Publié dans art brut, Gazettes, Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : baptiste brun, jean dubuffet, crab, ecole du louvre | | Imprimer | | |
28.05.2012
Crème de CrAB
Que se mettre sous la dent en ce mois de juin 2012 qui s’avance?
La crème du CrAB évidemment. Je vous l’avais dit depuis le début que ce collectif de jeunes chercheurs constitué pour gratter autour de l’art brut avait du pied (ou de la patte) dans la chaussure.
Ceux de mes lecteurs qui auraient manqué une étape n’ont qu’à, pour s’en convaincre, jeter un œil sur ma note baptismale du 18 décembre 2010 : le CrAb en pince pour l’art brut. De l’eau a coulé depuis dans l’océan d’informations qui nous parvient tous les jours au sujet de cet art brut où j’ai du mal à reconnaître mes petits.
Mais la crème du CrAB a porté ses fruits. Au fur et à mesure que ses membres mûrissaient, ce collectif de sympathiques crustacés s’est imposé comme le principal pôle de production de matière grise française, suisse et savoyarde sur l’art brut. Déjà on les envie, déjà on les imite, déjà on les courtise.
Mais les têtes chercheuses du CrAB, si elles se sont dépouillées de leurs enveloppes juvéniles, n’en continuent pas moins leur petit bonhomme de chemin savant en déblayant, sans en avoir l’air, une quantité de plages impressionnante.
Aussi ont-elles bien fait d’accepter l’invitation de la galerie abcd à venir jouer dans son bac à sable de Montreuil-les-Pins, rue CrABoltaire, métro CrABespierre (Monteuil-sous-bois, 12 rue Voltaire, métro Robespierre, vous aurez rectifié vous-mêmes ).
Faut-il que la crème de CrAB ait des vertus revigorantes pour qu’une collection de l’importance de celle de Bruno Decharme lui ouvre ainsi la possibilité de jouer avec ses jouets! Car -et c’est à ma connaissance là que réside l’inédit- ce sont les membres du CrAB eux-mêmes qui se chargeront de la conception et de l’accrochage de l’exposition qui se déroulera chez abcd du 2 juin au premier juillet 2012. Pourvu qu’ils ne deviennent pas CrABêcheurs après ça!
Le vernissage aura lieu le samedi 2 juin à 17h 30 mais comme le CrAB a le don d’ubiquité vous aurez pu avant aller écouter Fanny Rojat qui planchera sur les missives d’Henri Bessaud Narboux (un «écrituriste» brut révélé par Michel Thévoz) à l’Institut de Théologie Protestante (77 bd Arago) dans le cadre du séminaire de Lise Maurer.
Il est tentant aussi d’aller se goinfrer au brunch abécédien en accès libre qui suivra le 16 juin la huitième session du séminaire CrAbique à l’INHA.
Les accros à la crème de CrAB pourront aussi venir à Montreuil chaque week-end du mois de juin où des membres du collectif les chouchouteront et les pinceront gentiment s’ils s’assoupissent pendant que Pauline Goutain leur interprétera sa chanson du grand Wölfli
que Vincent Capt leur fera la lecture ou que Baptiste Brun les initiera à la broderie bigoudenne qui vient de Mandchourie.
La crème du CrAB, comme la manne, sera par ailleurs distribuée à droite et à gauche en ce printemps. A Fontainebleau, à Annecy, à Bruxelles, à Cergy-Pontoise. Pour plus de détails, voir la newsletter du CrAB de mai 2012. Vous verrez que, outre les crabes déjà cités, Emilie Champenois, Céline Delavaux, Déborah Couette, Roberta Trapani n’auront pas volé leurs vacances d’été. Ils auront bien mérité de Gaston Dufour et des autres.
16:22 Publié dans art brut, De vous zamoi, Ecrits, Expos, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, crab, fanny rojat, pauline goutain, vincent capt, baptiste brun, emilie champenois, céline delavaux, déborah couette, roberta trapani, adolf wölfli, emmanuel le calligraphe, gaston duf, bruno decharme | | Imprimer | | |
17.03.2012
La Chine et la Corée exposent leur « art brut »
Vous connaissez le Nanjing Natural Art Center?
Et le Korea Art Brut de Séoul?
Et bien moi non plus!
Je viens de découvrir en bidouillant sur le net que le premier était une institution chinoise toute récente (novembre 2011), dédiée –paraît-il– à l’art brut et située à Jiang Xin Zhou (du diable si je sais où c’est).
œuvre de Monsieur Li
Le second est un organisme social créé en 2008 et dirigé par un Professeur du nom de Tongwon Kim, auteur d’un livre sur l’Art brut coréen dont j’ignore tout.
Tous deux «à but non lucratif», le NNAC et le KABS ont pour mission d’encourager la création de personnes mentalement différentes des pékins ordinaires que nous sommes et de suspendre des passerelles entre les premières et les seconds.
Pour la première fois chez nous, des œuvres provenant des collections de ces deux centres vont être exposées du 19 au 30 mars à Lyon. Et dans 3 lieux, svp! L’Alliance Française où aura lieu le vernissage le 19 mars à 20 h, la Mairie du 7e et la Bibliothèque U Chevreul.
Ceci à l’initiative d’un Collectif des mardis bruts, réunion de 9 étudiants (ça me rappelle quelque chose) de l’Université Lumière Lyon II, originaires de 6 pays différents dont la Chine et la Corée du Sud of course. Ce sera le premier bal du Lybr, autrement dit Lyon brut. Le soir de l’inauguration, une Table ronde, modérée par le chevalier Baptiste Brun, planchera vers les 18h30 sur la diffusion de l’Art brut au delà de l’occident.
Quelques jours plus tard, on retrouvera Monsieur Brun, plus du tout lyonnais mais dijonnais. Cet homme passe autant de temps dans le TGV qu’un preux du Cycle arthurien sur son palefroi! Il officiera de bon matin le mardi 27 mars 2012 à la Nef de Dijon, place du Théâtre. Son intervention intitulée Du Populaire au Brut s’insérera (et ri et ra) dans une Journée d’étude sous l’égide de la Biennale organisée par l’asso Itinéraires Singuliers.
Consultez le programme pour zyeuter les noms des intervenants parmi lesquels j’ai noté au vol : Denis Humbert de Laduz, Bruno Gérard de La Pommeraye, Karine Fol of Bruxelles et Barbara Safarova(bcd) de Paris.
J’avoue qu’à la lecture de l’intitulé de la journée : «Brut, populaire, contemporain : faites vos jeux!». Penser l’art hors catégories, j’ai failli grimper dans les tours.
Je fulminais toute seule devant mon kir bien frais (apéritif d’ambiance) que, nom d’une Hourloupe, l’art brut ne pouvait pas être réduit à une vulgaire catégorie comme les autres. Que c’était un concept, une philosophie, une rage de vivre. Et patati et patata.
Mais le soufflé est retombé très vite à la lecture du préambule, probablement inspiré par Céline Delavaux, une des têtes pensantes de ce colloque : «L’art brut détient la capacité de dépasser des catégories aussi disparates et périmées qu’art des fous, art médiumnique ou art populaire, aussi floues qu’art autodidacte ou art spontané. Aujourd’hui encore, cette expression, que Dubuffet a finalement élaborée en concept, nous permet de penser (…) l’art dans son rapport à la société».
«Ma vieille Ani, tu t’es fait avoir!» me suis-je dit. «Ce titre là c’est du teasing et tu es tombée dans la provoc».
11:23 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos, Miscellanées, Ogni pensiero vola, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, art brut chinois, art brut coréen, nanjing natural art center, korea art brut, tongwon kim, lybr, art populaire contemporain, itinéraires singuliers, baptiste brun, céline delavaux | | Imprimer | | |
21.06.2011
L’appel du 18 juin à la Fabu
18 juin 2011 : pierre blanche dans les annales de la Fabu.
Non seulement parce que Francis Marshall dédicaçait son recueil de réclamations ou parce que café et chouquettes étaient au rendez-vous des retardataires du matin.
Mais parce que cette journée d’étude et de fun organisée par le CrAB fut tout simplement une sacrée bonne chose à glisser dans l’armoire aux souvenirs.
Ils étaient venus, ils étaient tous là. Même ceux du sud de l’Italie, même ceux de Rives dans l’Isère.
Pourtant le ciel menaçait la tour de Pierre Avezard. J’eus beau exécuter ma danse de conjuration de la pluie, le temps nous la joua jusqu’au bout schtroumpf grognon.
Ce qui divisa l’assistance en deux groupes distincts.
Le camp des enragés optimistes qui s’installent dehors pendant les pauses et celui des gens prudents qui s’abritent sagement dans l’atelier spacieux d’Alain Bourbonnais, le héros du jour.
Heureusement, les projections, les visites, les causeries et les performances réconciliaient tout le monde dans un joyeux brouhaha de chaises remuées et les zims et les zoums de mon kodak numér-hic (votre petite âme errante n’ayant pas craché sur le gentil vin blanc de Bourgogne).
On se refit tout le toutim de la collection avec des ho! et des ha! aux retrouvailles et aux découvertes. Devant les machines de Monchâtre, Roberta Trapani faillit pousser la canzonette.
Catherine Ursin, dans ses jolies pompes bleues, était captivée par les masques de Nedjar.
Fanny Rojat, dans une attitude favorite, jouait les mystérieuses au stand Ratier.
Je mitraillais pour ma part dans le groupe d’Agnès B (comme Bourbonnais) car les photos exceptionnellement étaient permises.
Pas mécontente de revoir le mobilier de Podesta
l’épouvantail du tunnel
la vache de Landreau
Question conférences, j’avoue que je me suis dissipée un peu. C’était rigolo d’essayer de capter Déborah Couette qui planchait à contre-jour sur L’Atelier Jacob. Heureusement, elle agite sa chevelure au fur et à mesure qu’elle progresse dans son sujet!
On s’entassa ensuite dans la beaucoup plus sombre salle de projection pour «Il avait un côté campagne», le laïus de Baptiste Brun sur Alain Bourbonnais et le petit monde de l’art des année soixante.
Seules la faim et l’arrivée inopinée de la racaille des Turbulents (qui s’échappèrent bientôt en direction du lac) eurent raison du conférencier qui charmait la galerie.
Avant de poursuivre le programme scientifique avec la séance médianimique du Sâr J.-L. Lanoux qui évoqua les mânes de Simone Le Carré-Galimard
on se rua sur le pique-nic. Pauline Goutain mit au service de la collectivité des talents insoupçonnés de découpeuse de terrine .
Pour finir Jano Pesset pointa sa belle barbe de Père Noël que l’on aperçoit ici derrière le franc sourire d’Emilie Champenois.
La présence réelle de Michel Ragon fut attestée par le biais d’un entretien filmé chez lui par les soins de Débo et d’Agnès.
Maintenant, si Caroline B veut me donner la recette du délicieux flan qu’elle tient à la main, qu’elle ne se gêne surtout pas!
23:55 Publié dans art brut, De vous zamoi, Jeux et ris, Parlotes, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : la fabuloserie, art hors les normes, alain bourbonnais, caroline bourbonnais, agnès bourbonnais, art brut, les rencontres du crab, francis marshall, pierre avezard, roberta trapani, françois montchâtre, catherine ursin, nedjar, fanny rojat, giovanni battista podesta, marcel landreau, déborah couette, baptiste brun, jean-louis lanoux, simone le carré galimard, pauline goutain, jano pesset, emilie champenois | | Imprimer | | |
18.12.2010
Le CrAB en pince pour l’art brut
Lorsque le CrAB paraît, le cercle de l’art brut applaudit à grands cris.
Le CrAB, ça vient de sortir. C’est une asso fondée en septembre 2010. Elle faisait ses premiers pas jeudi 16 décembre à la Galerie Christian Berst,puissance invitante de la cérémonie de baptême.
Derrière le logo rigolo de cet aimable crustacé c’est tout un collectif de réflexion qui s’avance, l’œil brillant et le sourire aux dents. De réflexion «autour de l’art brut» bien sûr! Sinon je vous demande un peu ce que votre petite âme errante aurait été faire là avec son 38° de fièvre. La réflexion pour une fois ne montrait pas son visage de vieille barbe blanchie sous le harnois des épopées hourloupéennes, préludiennes, lausanniques et singulier-de-l’artdesques. La moyenne d’âge naviguait plutôt autour de 30.
«78!» proclamait une blonde crabeuse, en lançant comme une provocation son année de naissance. «Moi aussi!» lui faisait écho sa brune voisine. Ecœurant spectacle pour une femme de mon âge! Mais que voulez-vous, faut s’y faire : cette soirée historique marque l’arrivée en masse d’une nouvelle génération de cervelles sur le marché. Pour le moment cette «masse» est composée de 7 filles et de 2 garçons, tous chercheurs décidés à mettre leurs œufs dans le même panier bien que provenant d’horizons divers : histoire-de-l’art beach, marina pieds-dans la littérature, patrimoine-bay, muséologie-plage, les sables de psychanalyse etc.
Me demandez pas pourquoi le nom du CrAB mélange minuscule et capitales. Sans doute pour mimer la marche de l’animal. Chacun sait en effet que c’est de biais (et non par une attitude frontale d’effronté «spécialiste») qu’on aborde le mieux le sujet de l’art brut.
Me demandez pas non plus ce qui s’est dit pendant le discours de présentation. J’étais arrivée en retard après qu’un vélib ait failli me crabouiller à l’angle des rues du Temple et Pastourelle. Mal placée, j’ai rien entendu mais vous retrouverez tout le toutim des objectifs du CrAB sur son site.
D’où j’étais, je voyais que les mouvements oratoires de Baptiste Brun. Sous son verbe, la salle crépitait du flash et besognait en sourdine les cahuettes de l’apéro. Les figures vibrionnantes et hiératiques de Guo Fengyi veillaient sur les autres membres du collectif, groupés comme des poussins noirs dans leurs atours de vernissage
Dans son coin, Christian Berst avait l’air du papa qui s’étonne que la teuf des enfants soit si sage.
Fort heureusement, à tout baptême, il faut une fée et celle qui se penchait sur le berceau, c’était Caroline Sury, l’auteur du logo rigolo. Impossible d’arracher à celle-ci l’adresse de son marchand de bas roses mais elle contribua à mettre de l’entrain dans le festival off, qui s’installa après les déclarations «officielles».
Crabichous et crabichettes de se partager alors l’assistance pour nous communiquer –visiblement plus décontractés– leurs projets en vrac : séminaire périodique ouvert au public, journées d’études, colloques, publications etc. Je tombai pour ma part sous la houlette de Deborah Couette qui rit comme un oiseau bat des ailes. Il fut question de Fabuloserie et de parties de campagne. Affaire à suivre.
M’est avis que les crabes, à moins qu’ils ne veuillent seulement impressionner leurs professeurs, auraient intérêt à pimenter leur trop sérieux programme de quelques récréations dûment improvisées. Comme j’ai pris ma carte de membre (car on peut, pour quelque thune, faire partie du CrAB), je ne manque pas de le leur suggérer.
Pour finir, un photographe eut l’idée de mettre les crabes en vitrine et tout le monde s’empara de son idée moi y comprise.
Voici donc, dans une ambiance « sortie de boîte» : Vincent Capt, Roberta Trapani, Pauline Goutain, Baptiste Brun, Emilie Champenois, Deborah Couette, Céline Delavaux, Fanny Rojat. Manque à cette brochette : Aurélie Linxe qui n’avait pu venir mais était présente dans les propos de ses ami(e)s.
Car au nombre des muses sont les crabes.
23:55 Publié dans art brut, De vous zamoi, Expos, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, crab, vincent capt, roberta trapani, fanny rojat, baptiste brun, emilie champenois, deborah couette, céline delavaux, pauline goutain, aurélie linxe, galerie christian berst | | Imprimer | | |