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29.06.2014

A la recherche de l’Héritière perdue

AVIS DE RECHERCHE.

A Trélévern L’Héritière a disparu.

Beaucoup moins connue que la Vénus de Quinipily de Baud (Morbihan) dont elle a été parfois rapprochée

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La Penheres (L’Héritière, en breton) est une imposante statue à la rudesse impressionnante. Dernier domicile connu : le parc de Kergouanton, un manoir discret du côté est de la baie de Perros-Guirec. Seul portrait en circulation : une carte postale 1900 dont la reproduction ne court pas le net.

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Selon le témoignage d’une autochtone recueilli par votre petite âme errante, l’auteur du cliché a fait son possible pour suggérer des dimensions colossales. En réalité le beau moustachu cravaté qui est censé donner l’échelle n’est pas sur le même plan que La Penheres. Astuce de photographe. L’Héritière n’était sans doute «pas si grande que ça». Environ 1 mètre 72. Comme mon informatrice qui a eu l’occasion de se mesurer à elle. tete detail 4.jpgLe nez « cassé par des gamins » aurait été remplacé par du plâtre. Origine : rien ne prouve que La Penheres témoigne d’un culte ancien. Les visiteurs ont vite fait en Bretagne de voir des déesses celtiques partout.

832845188.jpgIl pourrait tout aussi bien y avoir parfum d’art brut là dessous. Le «Jeu d’un artisan primitif?» comme se le demande le noir Guide de la Bretagne mystérieuse paru chez Tchou au temps de la Révolution Culturelle (1966). 

Depuis, les Côtes du Nord sont devenues d’Armor, le manoir a été vendu et son dernier propriétaire d’origine (aujourd’hui défunt) aurait emporté la statue. Aux dernières nouvelles elle aurait été vue dans les parages de Pleumeur-Bodou, non loin de Saint-Uzec et de son menhir de 7 m de haut dont la christianisation naïve n’est bizarrement pas une catastrophe.

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«Un peu abandonnée, dans une haie» m’avait-on dit et j’avais cru comprendre que c’était sur une voie parallèle au chemin de la corniche qui serpente entre Trébeuden et Trégastel. Mais j’ai eu beau explorer les parages de cette arrière-côte en face de l’Île Grande, je n’ai trouvé nulle trace de la mystérieuse Penheres.

La piste s’arrête là et pour reprendre l’enquête, il me faudrait de nouveaux indices. Aux lecteurs de mon blogounet, je lance donc à la mer cette bouteille : QUID DE LA PENHERES ?

la vénus de quinipily de baud,la penheres de kergouanton,art brut,art populaire,bretagneFormidable ! Yaka demander ! Laurent Jacquy des Beaux Dimanches passait par là et ce dénicheur de rares images m’envoie une autre carte postale où figure en tout petit (mais quand même) la Penheres. La flèche rouge est de lui. Cliquer pour agrandir.

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Bravo à son œil de lynx et bonjour au Facteur Cheval de Bernard Bras (voir le post du 29 juin sur son blogue).

25.06.2014

Ma zi koant et son vaisseau de pierre

Il siffle doucement et les fourmis s’abstiennent de grimper aux murs de sa jolie maison (zi koant en breton).

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Eugène Bornet a de ces dons qu’il garde modestement pour lui. Eugène s’auto-guérit en posant la main sur ses vieilles douleurs. Eugène parle aux 200 oiseaux de son jardin : «Pinson, approche, je ne te vois pas…Pinson, chante maintenant!».

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Cela suffirait presque à son bonheur, lui dont les épreuves de la vie n’ont pas entamé la douceur. Mais il y a ce grand vaisseau de pierre qu’il a installé en figure de proue de son jardin sous le regard bienveillant de la mairie de son village situé près de Belle-Isle en Terre.

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Terrien, Eugène Bornet a beau l’être, c’est à la mer qu’il a voué son parterre. Sa défunte épouse était d’Audierne, voyez-vous. Avec les cailloux des champs et des rivières il a donc bâti, à côté de son trois-mâts, l’abri du marin (sa boîte aux lettres)

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un phare miniature

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un rocher-chapelle «comme dans tous les ports»

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Un portail aux mouettes aussi. Les «habitants-paysagistes»  nous ont familiarisé avec ces volatiles en ciment armé.

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Amoureux des fleurs naturelles, Eugène Bornet se montre plus original dans la confection de bouquets minéraux dont il orne son mur d’enceinte. Les règnes végétaux et minéraux se superposent sans peine pour lui.

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Les créatures vivantes aussi, comme ces crapauds qu’il affectionne et qu’il réalise avec un reste de ciment ou dans une pierre grêlée, trouvée telle quelle et à peine retouchée.

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La rigidité de la pierre, il ne viendrait pas à l’idée d’Eugène d’en regretter l’ingratitude. Lui qui a éprouvé dans ses bras les terribles raideurs d’une sévère ankylose qui l’a soustrait à 45 ans à son travail de maçon, il a su faire avec. Et reconquérir par le travail artistique sinon la pleine santé du moins son autonomie.

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Pour éviter la paralysie puisque le chirugien lui avait dit de «faire des bricoles». Ainsi armé de son courage et de sa souriante bonne volonté, Eugène Bornet, avec cet innocent dandysme qui caractérise les bons jardiniers, répond volontiers à la curiosité des visiteurs de passage.

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A ceux qu’il sent vraiment intéressés par son petit domaine et ses créations (car il devine les gens et les choses), il confie : «moi, j’adore la pierre, c’était mon métier!».

21.06.2014

Josefa Tolrà : un fluide vital

C’est toujours au moment de partir qu’on trouve une raison de rester. J’avais déjà un pied dans ma VW de location quand Pascal Hecquer, le libraire de la Halle Saint-Pierre a mis entre mes mains un livre (ou un catalogue ?) sur Josefa.

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Mon petit cœur a fait boum boum devant la ligne serpentine des dessins que j’ai aperçus du coin de l’œil. Mais dehors mon chéri s’impatientait de tailler la route du grand ouest. Je me suis dit que ce serait bien le diable si je ne retrouvais pas les œuvres de cette créatrice médiumnique sur le Net. Aussi à peine mes valises posées dans mon gîte rural sous le vent, à peine mon wifi installé, je me suis offert une dérive virtuelle à la recherche de Josefa Tolrà.

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Et je suis allée de bonnes surprises en émerveillement. Un bienfaiteur de l’humanité brute du nom de Farinagaleta a eu la bonne idée de poster sur Youtube une vidéo. Elle nous balade, au son d’une envoûtante musique soufi (?), dans une exposition de dessins de celle que ses contemporains appelaient volontiers Pepeta Cabrils.

Car la merveilleuse Josefa, dont l’activité artistique couvre les années 1942-1959, habitait Cabrils. Vous savez : une localité située au dessus de Barcelone après Badalona et son camping où vous échouâtes une nuit, faute de place dans les hôtels de la capitale catalane.

Ne remettez pas à plus tard le visionnage de ce film. Zappez plutôt votre boulot. Oubliez d’aller chercher vos enfants à l’école. Il vous en dira plus que je ne saurais vous dire sur la fluidité, l’électricité, le charbonneux lacis des entrelacs, les écailles veloutées des parures de Josefa Tolrà (1880-1959).

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bordados-josefa-tolra.jpgLes figures mystérieuses de cette autodidacte qui commença à dessiner à 60 ans après la perte de deux de ses enfants, intéressèrent en leur temps le poète Joan Brossa, le psychiatre Joan Obiols et le peintre Antoni Tapiès.

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Sa production comprend aussi des châles brodés de toute beauté

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des peintures,

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des poèmes et des livres

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Josefa, qui se croyait médiatrice d’un monde spirituel, mélange les scènes imaginaires, les souvenirs populaires, les visions sacrées et cosmiques.

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Après des années de silence, certaines de ses œuvres, préservées par sa fille parce que «données» à sa mère par des «anges de lumière», sont réapparues récemment aux yeux du public.

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Lors d’une exposition à Mataro qui présentait des pièces venues du fonds du Musée Reina Sofia de Madrid et de celui du MACBA (Musée d’Art Contemporain de Barcelone).

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Le premier d’entre vous qui me dira, devant les créations de Josefa Tolra qu’il y retrouve un petit air de Madge Gill ou (parfois) la structure filamenteuse des encres de Laure Pigeon et bien… je ne lui donnerai pas tort.

21:25 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, josefa tolrà | |  Imprimer | | Pin it! |

25.05.2014

Marie à travers le Miroir

Le printemps s’impose. Je surveille à la jumelle les arbres de ma cour qu’un jardinier improvisé a cru bon de scalper. Je compte les feuilles qui reviennent malgré tout. Une feuille, deux feuilles, je feuillette à donf.

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Pareil dans les vide-greniers qui avec le printemps se sont mis aussi à éclore un peu partout. Caressant hier d’un doigt distrait un tas de vieux papiers plus ou moins corrosifs pour mon vernis Chanel, j’ai sorti du lot le numéro 83 du 3 octobre 1931 du Miroir du monde, un hebdo qui faisait la part belle à la photo. Peut-être à cause de son image en faisceau de projecteur.

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Bien m’en a pris. Car vlatipas qu’à l’intérieur, je tombe (page 412) sur un article d’un certain René Jaubert intitulé L’art chez les aliénés. Bingo! Inconnu de mes services! Il est centré, figurez vous, sur le Dr Auguste Marie et sur l’exposition des toiles de ses malades en 1928 «où elles firent l’admiration de toute la gent picturale» (entendre par là «les jeunes fauves montparnassiens»).

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Notons au passage que ce papier rectifie par l’image une erreur commise jadis (en octobre 1905) par le journal Je sais tout quand il avait publié l’article du Docteur Marie sur Le Musée de la folie. Le barbu à nœud papillon et mains dans les poches figurant dans les deux publications est correctement identifié dans Le Miroir du monde comme le Docteur Lombroso de Turin.

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L’article de Jaubert est accompagné en outre de quatre reproductions photographiques. Deux que je connaissais déjà représentant Marie aux côtés d’une «curieuse panoplie» qui fait penser avec trente ans d’avance à l’accumulation d’un Nouveau-Réaliste.

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Une autre représentant un paysage qui rappelle Barbizon au journaliste mais qui a tout l’air d’un Helen Smith.

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Une autre encore restituant la Vision d’une course de lapins montés par des jockeys lilliputiens où «l’on discerne (…) deux énormes chiens prêts à sortir de l’eau, un homme tenant une sorte de longue lyre à la main et, au loin, une foule de spectateurs sous des ombrages à la Corot».

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Cette étrange composition serait l’œuvre d’un toxicomane. Toutes ces images sont, bien sûr, en noir et blanc mais je ne vais tout de même pas vous les coloriser comme la télé le fait des films d’avant le technicolor. 

16:29 Publié dans art brut, Ecrits, Gazettes, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, dr auguste marie, dr cesare lombroso, le miroir du monde | |  Imprimer | | Pin it! |

09.05.2014

Scottie Wilson à l’université

Au chapitre des re-découvertes, il faut signaler le début d’une exposition Scottie Wilsonnienne à Ottawa le 12 mai 2014. Hé oui, on vernit le lundi au Canada! Ce qu’on nous promet? Des «œuvres inédites» conservées dans les collections du pays. L’occasion, paradoxalement, pour les commissaires, Jill Carrick et Pauline Goutain de montrer là-bas comment le grand Scottie fut chouchouté en Europe par les surréalistes et Dubuffet.

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art brut,scottie wilson,pauline goutain,jill carrick,ottawaPauline Goutain, on la connaît bien. C’est un membre du CrAB. L’expo ottawouaise durera jusqu’au 7 septembre 2014. C’est dire que vous pourrez très bien la visiter pendant vos vacances d’été, surtout si vous êtes Québécois.

Elle se tient au Cuag (Carleton University Art Gallery). Cuag, c’est rigolo comme nom. Et c’est facile à stocker dans une mémoire. Même une mémoire de piaf comme la mienne.

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16:13 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, scottie wilson, pauline goutain, jill carrick, ottawa | |  Imprimer | | Pin it! |

16.03.2014

Allô, quoi, allô, répondez Armand Schulthess !

Il est bon parfois d’en remettre une couche comme il est bon de relire des livres qui nous ont fait rêver. Et puisque l’occasion m’est donnée de revenir rôder dans Le Labyrinthe poétique d’Armand Schulthess je ne m’en prive pas. Même si je vous en ai parlé pas plus tard qu’à Noël. Je pointais à l’époque vers le futur d’une exposition à Neuchâtel, la patrie de ce bouleversant créateur. Et le futur nous y sommes.

Affiche expo Schulthess.jpgL’expo Schulthess, «la plus grande jamais consacrée» à son œuvre, aura bien lieu du 30 mars au 3 août 2014 au centre Dürrenmatt. Avec le concours de la Collection de l’Art Brut de Lausanne. Lucienne Peiry, l’une des têtes dirigeantes de la Maison mère, étant commissaire. Les chanceux qui naviguent au bord du lac (de Neuchâtel) pourront sans doute lui demander un autographe dès le samedi 29 mars à 17 h, jour du vernissage. migros berne 2.jpg

Ils s’y feront peut-être rôtir un poulet ou ils dégusteront sur le pouce un de ces plats bernois en boîte acheté à la Migros.

Comme Armand Schulthess, de son vivant, le conseillait aux visiteurs de son île-jardin utopique. On peut rêver.

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J’emprunte ces détails croustillants à l’article de Hans-Ulrich Schlump (La Seconde vie d’Armand Schulthess) paru, sous couverture bleu Klein, dans le fascicule 14 des Publications de la Collec de L’art Brut. Ce texte raconte une histoire qui a tout pour plaire à la petite âme romantique que je suis restée malgré tout.

maison n&b.jpgPour une femme inconnue qu’il appelait de ses vœux mais qui ne vînt jamais Armand Schulthess avait aménagé un pavillon sur le terrain de sa résidence de campagne près de Locarno dans le Tessin.

Dès la cinquantaine, il s’était retiré là. Vivant de petits pains et de lait. Distribuant sa science encyclopédique aux arbres du jardin.

Il couvrait ceux-ci de messages philosophoco-scientifiques calligraphiés en cinq langues sur des rondelles de métal ligaturées avec du fil de fer.

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art brut,armand schulthess,hans-ulrich schlump,lucienne peiry,ingeborg lüscher,centre dürrenmatt de neuchatelMais il se cachait quand il venait du monde. Il aurait préféré qu’on le joigne au téléphone.

Sur l’un de ces appareils qu’il disposait le long de son réseau compliqué de chemins, d’escaliers, de passerelles aménagé au fil du temps dans son domaine.

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Mais les sonneries étaient en panne. Les fils avaient beau courir, les téléphones ne fonctionnaient que dans sa pensée. Et combien riche était sa pensée! Elle abritait des volumes et des volumes réalisés à la main. Ils venaient surcharger sa bibliothèque.

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Près de milliers d’objets et de papiers chinés dans les décharges car ils pourraient servir. Une sédimentation d’albums remplis de photos naturistes. Écologiques pin-up, vous partîtes en fumée quand son site magique et chaotique fut détruit après sa mort accidentelle.

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 A 72 ans, même un pionnier ne résiste pas à deux nuits dans le froid après une chute. Et sans doute est-ce bien ainsi. Mais le monde parallèle de ce doux original (ou schizophrène qui sait ?) comme il manque au nôtre ! Et comme inconsolable, je serais de lui s’il n’y avait l’expo de Neuchâtel pour nous en restituer quelque chose.

BONUS

 

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Paru à Cologne en 1972, l’année de la disparition d’Armand Schulthess.

Le livre d’Ingeborg Lüscher (dont l’époux est Harald Szeeman).

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17.02.2014

Des gens ordinaires au Festival de l’imaginaire

Recette du jour. On prend des gens ordinaires, on ajoute des univers imaginaires, on saupoudre d’art brut et d’art populaire. Une cuiller à soupe d’expressions hors-normes. Une poignée d’environnements sur canapé. Et ça fait un festival de films tout à fait présentable. Du moins faut-il l’espèrer.

logomcmquadri.jpgRésultat les 26 et 27 avril 2014 à la Maison des Cultures du Monde. Dans le cadre du Festival de l’imaginaire seront projetés alors une vingtaine de films programmés par l’Association Hors-Champ.

 

Au menu : improbables machines, matériaux de récupération, maisons et/ou jardins de rêve, métamorphose du quotidien, «œuvres d’internés psychiatriques et leurs visions du monde». De quoi mettre l’eau à la bouche.

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L’inconvénient c’est qu’on reste sur sa faim quand on va sur le site du Festival. Car, que l’on télécharge le dossier de presse ou la brochure, ce sont exclusivement des visuels correspondant à des œuvres de Nek Chand qui nous sont proposés. Nek Chand j’ai rien contre. Rien pour non plus d’ailleurs. Je suis pas très fan des faces de lune de ses personnages. Trop moulées à la louche.

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Mon opinion au sujet de leur manque d’expressivité n’a pas varié depuis 7 ans (voir ma note du 29 mars 2007 : Poil au Nek !). Si je tire mon chapeau devant le travail, je reste assez insensible à l’aspect performance sérielle de l’installation de Chandigarth. La quantité de sculptures ne m’impressionne pas. Je la trouve même un peu rasoir. Leurs alignements systématiques les prédisposant au phénomène d’appropriation collective dont ils ont été les victimes avec le temps.

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Parc à touristes que l’on chouchoute plus ou moins bien en en faisant reluire les céramiques : Rock Garden. Toutes proportions gardées, l’œuvre de Nek Chand me procure le même vague malaise que le jardin disneyrisé de Fernand Chatelain. Là aussi, ça commence bien et ça finit mal. D’une sincère impulsion autodidacte à la reprise en main par une société qui officialise et industrialise sous prétexte de conserver, restaurer et rentabiliser, il y a un gouffre.

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Mais ce gouffre, on ne peut ignorer qu’il ait été franchi depuis longtemps sur le site de Rock Garden. C’est pourquoi j’ai du mal à comprendre que la direction bicéphale de la Collection de l’Art brut à Lausanne ait choisi d’installer un couple nekchandien à l’entrée du Château Beaulieu. Il y a beau temps que ses sculptures ne peuvent plus prétendre à jouer le rôle de figure de proue de l’art brut.

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Espèrons donc que Univers imaginaires de gens ordinaires, le festival de films cité plus haut (dont on trouvera le programme sur le site de la Halle Saint-Pierre) saura piquer notre curiosité avec d’autres visuels témoignant de la présence dans cette manifestation de créateurs aussi estimables que Nek Chand. Messieurs les organisateurs, il vous reste du temps pour cela !

00:18 Publié dans art brut, Ecrans, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, nek chand, festival de l'imaginaire | |  Imprimer | | Pin it! |

26.01.2014

Sainte-Anne : + de 60 ans d’art psychopathologique

Les dattes c’est important.

Avec deux t c’est nourrissant.

Avec un t c’est historique.

Les dattes (ou les dates) sont souveraines contre le jeûne et contre l’oubli.

régime 2.jpgAussi votre petite âme errante aimerait vous en offrir un régime. Encore faut-il une occasion pour ça. Un grand journal du soir nous la fournit.

Dans son édition électronique d’un article de Philippe Dagen en date du 23 janvier 2014, on relève, à propos de l’exposition de Sainte-Anne dont je vous ai claironné les mérites dès le 11 décembre 2013, cette affirmation péremptoire : «Le Centre lui-même y a été fondé [à Sainte-Anne] il y a trente ans (…)». Il est question ici, vous l’aurez compris, du Centre d’Étude de l’Expression, organisateur de l’exposition Un autre regard.

«Trente ans» : après une estimation à la louche, ça nous ramène à 1984. Et ça ne fait pas le compte! Ce n’est pas parce que beaucoup d’entre vous n’étaient alors pas nés, qu’il faut, mes chers Animuliens, jouer avec l’histoire. Car, ou bien je raisonne comme un pruneau ou bien la date est fausse.

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Crachons le noyau : c’est en 1974 qu’apparaît l’expression Centre d’Étude de l’Expression. Ce CEE correspond à un élargissement du Centre d’Expression Plastique, issu lui-même du regroupement (en 1969) d’un département d’art psychopathologique (fondé par Robert Volmat en 1954) et d’un Centre international de documentation concernant les expressions plastiques (CIDEP) créé par Claude Wiart en 1963. Vous vous y perdez? Moi aussi. C’est fou ce que c’est embrouillé avec ces psychiatres !

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Retenez seulement ces dates : 1974, 1969, 1963, 1954, pour vous convaincre que cela fait beaucoup plus de «trente ans» que la recherche sur «ces formes très difficilement explicables de création» qu’on appelait jadis «art des fous» a débuté au sein de l’hôpital Sainte-Anne. Retenez aussi qu’il ne faut pas croire tout ce qu’il y a dans les journaux dont on enveloppe les dattes.

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25.01.2014

Des cercueils sous le Siège d’Arthur

Sombre jour. D’ordinaire, je mets pas mon nez dans les cérémonies mortuaires mais là : une amie à soutenir dont le grand-père vient de perdre son combat en 15 rounds contre la maladie. Tout de même je m’ennuyais ferme en écoutant les histoires de l’oncle saint-paul tomber cahotiquement (et catholiquement) de l’accent polonais du curé.

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 Mon esprit s’envolait pour retomber dans le memento mori. Je pensais à l’art brut qui aurait intérêt à s’enterrer pour échapper aux inopportunes dévotions dont il est l’objet.

arthur’s seat coffins,edimbourg,national museum of scotland,burke et hare,sorcellerie,art brut

Les petits cercueils du National Museum of Scotland ont alors refait surface dans ma petite âme errante.

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De retour dans mon laboratoire animulien, j’ai rouvert mon dossier sujets-à-traiter. Ils attendaient là, sur le site de l’écossais musée, que je m’occupe d’eux.

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Sont-ils pas mimi avec leur 95 mm de long ces coffins contenant de petits corps rudement sculptés et vêtus?

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Il n’en resterait plus que 8 aujourd’hui mais ils étaient 17 en 1836 quand une bande de gamins chasseurs de lapins tomba dessus.

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Empilés en trois couches avec un solitaire sur le dessus, ces cercueils étaient enfouis dans une grotte proche du Siège d’Arthur (Arthur’s Seat), une colline de légende de la ville d’Édimbourg.

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Diverses théories ont été émises à leur propos.

arthur’s seat coffins,edimbourg,national museum of scotland,burke et hare,sorcellerie,art brutLa plus pittoresque voudrait que ces cercueils et leurs contenus évoquassent les 17 victimes de Burke et Hare. Deux joyeux drilles accusés d’avoir en 1828 zigouillé des gens pour vendre leurs corps comme matériel de dissection à un toubib du coin.

coffins détail.jpgPlus probablement, ce pourrait être des statuettes conjuratoires ou des objets de sorcellerie.

La sorcellerie c’est souvent à touche-touche avec l’art brut. Du point de vue formel au moins.

En l’absence d’informations précises, je ne saurais cependant affirmer que ces productions de l’époque romantique sont de l’art brut.

En tout cas c’est mieux que bien des choses qu’on nous présente aujourd’hui comme tel, n’est-ce-pas ?

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17.01.2014

Jean Smilowski exposé à Saint-Pry

L’art brut à la Poterne! C’est le moment de béthuner!

chapelle st pry.jpgCe soir à 18h, vernissage de l’exposition Infiniment Jean Smilowski au musée d’ethnologie régionale, c’est à dire à la chapelle Saint-Pry, témoignage du renouveau architectural après la première guerre mondiale dans le Pas de Calais.

C’est Béthune qui invite mais c’est toujours l’association la Poterne qui veille sur l’œuvre de cet émouvant créateur dont je vous ai déjà dit beaucoup dans ma note du 28 février 2010 rédigée à l’occasion d’une précédente expo.

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smilowski jean portrait.jpgPériodiquement, grâce aux bonnes volontés poternistes et au concours d’institutions hospitalières nordistes, Smilo ressort de l’ombre. 

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Espèrons que son passage au MER de Béthune favorisera de futures initiatives, sur le plan national cette fois, car cette œuvre abondante (qui a échappé à l’Aracine et par conséquent au LaM) le mérite.

Infiniment Jean (…) sera visible du 18 janvier au 8 juin 2014 et question thune, c’est entrée libre.

11:31 Publié dans art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, jean smilowski | |  Imprimer | | Pin it! |